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27/02/2025

RAMZY BAROUD
L’“arabe” perdu : Gaza et l’évolution du langage de la lutte palestinienne


Ramzy Baroud, Middle East Monitor, 26/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala 

La langue a son importance. Outre son impact immédiat sur notre perception des grands événements politiques, y compris la guerre, la langue définit également notre compréhension de ces événements à travers l’histoire, façonnant ainsi notre relation avec le passé, le présent et l’avenir.


Mohammad Sabaaneh, 2018

Alors que les dirigeants arabes se mobilisent pour empêcher toute tentative de déplacer la population palestinienne de Gaza, frappée par la guerre - et aussi de la Cisjordanie occupée d’ailleurs-, je ne pouvais m’empêcher de réfléchir à la langue : quand avons-nous cessé de parler de « conflit israélo-arabe » pour commencer à utiliser l’expression « conflit israélo-palestinien » ?

Outre le problème évident que les occupations militaires illégales ne devraient pas être décrites comme des « conflits » – un terme neutre qui crée une équivalence morale – le fait de retirer les « Arabes » du « conflit » a considérablement aggravé la situation, non seulement pour les Palestiniens, mais aussi pour les Arabes eux-mêmes.

Avant de parler de ces répercussions, de l’échange de mots et de la modification de phrases, il est important d’approfondir la question : quand exactement le terme « arabe » a-t-il été supprimé ? Et tout aussi important, pourquoi avait-t-il été ajouté en premier lieu ?

La Ligue des États arabes a été créée en mars 1945, plus de trois ans avant la création d’Israël. La Palestine, alors sous « mandat » colonial britannique, a été l’une des principales causes de cette nouvelle unité arabe. Non seulement les quelques États arabes indépendants comprenaient le rôle central de la Palestine dans leur sécurité collective et leur identité politique, mais ils percevaient également la Palestine comme la question la plus cruciale pour toutes les nations arabes, indépendantes ou non.

Cette affinité s’est renforcée avec le temps.

Les sommets de la Ligue arabe ont toujours reflété le fait que les peuples et les gouvernements arabes, malgré les rébellions, les bouleversements et les divisions, étaient toujours unis par une valeur singulière : la libération de la Palestine.

La signification spirituelle de la Palestine s’est développée parallèlement à son importance politique et stratégique pour les Arabes, ce qui a permis d’ajouter une composante religieuse à cette relation.

L’attaque à la bombe incendiaire perpétrée en août 1969 contre la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem occupée a été le principal catalyseur de la création de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) plus tard dans l’année. En 2011, elle a été rebaptisée Organisation de la coopération islamique, bien que la Palestine soit restée le sujet central du dialogue musulman.

Pourtant, le « conflit » restait « arabe », car ce sont les pays arabes qui en ont supporté le poids, qui ont participé à ses guerres et subi ses défaites, mais qui ont aussi partagé ses moments de triomphe.

La défaite militaire arabe de juin 1967 face à l’armée israélienne, soutenue par les USA et d’autres puissances occidentales, a marqué un tournant. Humiliées et en colère, les nations arabes ont déclaré leurs fameux « trois non » lors du sommet de Khartoum en août-septembre de la même année : pas de paix, pas de négociations et pas de reconnaissance d’Israël tant que les Palestiniens seront retenus captifs.

Cette position ferme n’a cependant pas résisté à l’épreuve du temps. La désunion entre les nations arabes est apparue au grand jour, et des termes tels qu’Al-’Am al-Qawmi al-’Arabi (la sécurité nationale arabe), souvent axés sur la Palestine, se sont fragmentés en de nouvelles conceptions autour des intérêts des États-nations.

Les accords de Camp David signés entre l’Égypte et Israël en 1979 ont approfondi les divisions arabes - et marginalisé davantage la Palestine – même s’ils ne les avaient pas créées.

C’est à cette époque que les médias occidentaux, puis le monde universitaire, ont commencé à inventer de nouveaux termes concernant la Palestine.

Le terme « arabe » a été abandonné au profit de « palestinien ». Ce simple changement a été bouleversant, car les Arabes, les Palestiniens et les peuples du monde entier ont commencé à établir de nouvelles associations avec le discours politique relatif à la Palestine. L’isolement de la Palestine a ainsi dépassé celui des sièges physiques et de l’occupation militaire pour entrer dans le domaine du langage.

Les Palestiniens se sont battus avec acharnement pour obtenir la position légitime et méritée de gardiens de leur propre combat. Bien que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) ait été créée à la demande de l’Égypte lors du premier sommet arabe au Caire en 1964, les Palestiniens, sous la direction de Yasser Arafat du Fatah, n’en ont pris la tête qu’en 1969.

Cinq ans plus tard, lors du sommet arabe de Rabat (1974), l’OLP était collectivement considérée comme le « seul représentant légitime du peuple palestinien », et devait plus tard se voir accorder le statut d’observateur aux Nations unies.

Idéalement, un leadership palestinien véritablement indépendant devait être soutenu par une position arabe collective et unifiée, l’aidant dans le processus difficile et souvent sanglant de la libération. Les événements qui ont suivi ont toutefois témoigné d’une trajectoire bien moins idéale : Les divisions arabes et palestiniennes ont affaibli la position des deux camps, dispersant leurs énergies, leurs ressources et leurs décisions politiques.

Mais l’histoire n’est pas destinée à suivre le même schéma. Bien que les expériences historiques puissent sembler se répéter, la roue de l’histoire peut être canalisée pour aller dans la bonne direction.

Gaza, et la grande injustice résultant de la destruction causée par le génocide israélien dans la bande de Gaza, est une fois de plus un catalyseur pour le dialogue arabe et, s’il y a assez de volonté, pour l’unité.

Les Palestiniens ont démontré que leur soumoud (résilience) suffit à repousser toutes les stratagèmes visant à leur destruction, mais les nations arabes doivent reprendre leur position de première ligne de solidarité et de soutien au peuple palestinien, non seulement pour le bien de la Palestine elle-même, mais aussi pour celui de toutes les nations arabes.

L’unité est désormais essentielle pour recentrer la juste cause de la Palestine, afin que le langage puisse, une fois de plus, évoluer, en insérant la composante « arabe » comme un mot essentiel dans une lutte pour la liberté qui devrait concerner toutes les nations arabes et musulmanes, et, en fait, le monde entier.


26/09/2022

RAMZY BAROUD
D’Exodus à Marvel : brève histoire de la justification des crimes de guerre israéliens par Hollywood

Ramzy Baroud, Middle East Monitor, 24/9/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

L'introduction d'une agente du Mossad israélien comme personnage du prochain film de Marvel dépasse les bornes, même du point de vue des normes morales médiocres d'Hollywood. Cependant, la super-héroïne israélienne, Sabra, doit être comprise dans le contexte de la progression logique de l'israélisation d'Hollywood, un phénomène étonnamment nouveau.

Sabra est un personnage relativement ancien, datant du comic Marvel The Incredible Hulk en 1980. Le 10 septembre, cependant, il a été annoncé que le personnage israélien serait inclus dans un prochain film de Marvel, Captain America : New World Order.

                                                 La nouvelle Sabra de Marvel...

  ...sera interprétée par l’actrice israélienne Shira Haas (Shtisel, Unorthodox) dans le film prévu pour 2024

Comme on pouvait s’y attendre, de nombreux militants pro-palestiniens aux USA et dans le monde sont furax. C'est une chose d'introduire un personnage israélien ordinaire dans le seul but de normaliser Israël, un État d'apartheid implacable, aux yeux du jeune public impressionnable de Marvel. Mais il est beaucoup plus sinistre de normaliser une agence de renseignement d'État, le Mossad, connue pour ses nombreux assassinats sanglants, sabotages et tortures.

En ajoutant Sabra à son casting de super-héros, Marvel Studios a montré son mépris total pour la campagne massive menée par des millions de fans à travers le monde qui, en 2017, ont protesté contre l'inclusion de l'ancienne soldate israélienne Gal Gadot en tant que Wonder Woman de Marvel. Gadot est une fervente partisane du gouvernement et de l'armée israéliens.

En réponse à cette info, beaucoup de personnes ont souligné à juste titre le parti pris inhérent à Hollywood, à commencer par le film Exodus d'Otto Preminger dans les années 1960, avec Paul Newman comme acteur principal. Le film fournissait une justification pseudo-historique de la colonisation de la Palestine par les sionistes. Depuis, Israël a été élevé, célébré et inclus dans un contexte toujours positif par Hollywood, tandis que les musulmans, les Arabes et les Palestiniens continuent d'être vilipendés.

Bien qu'Israël ait été représenté de manière positive par des cinéastes hollywoodiens, les Israéliens eux-mêmes ont été assez marginaux dans le processus de création de contenu. Jusqu'à récemment, la construction israélienne était principalement fabriquée pour le compte d'Israël, et non par Israël lui-même. « Les choses ont commencé à changer en 1997 », a écrit Brian Schaefer dans Moment Magazine. C'est alors que la division du divertissement de la Fédération de Los Angeles et l'Agence juive ont lancé le projet, la Master Class, qui : « Pendant près de 15 ans... a amené d'innombrables acteurs, réalisateurs, producteurs, agents, gestionnaires et cadres supérieurs des studios et des réseaux en Israël, en introduisant beaucoup d'entre eux dans le pays pour la première fois, et a enseigné aux Israéliens comment présenter leurs projets. »

L'endoctrinement des acteurs et cinéastes usaméricains à travers ces visites et l'introduction de nombreux acteurs et cinéastes israéliens à Hollywood ont donné des dividendes, conduisant à un changement majeur dans le récit sur Israël. Au lieu de simplement communiquer Israël à des publics usaméricains et internationaux en utilisant des références à la victimisation historique, à l'association positive ou même à l'humour, les Israéliens ont commencé à faire valoir leur cause directement à Hollywood. Et, à la différence du caractère bordélique des messages passés – bon Israël, méchants Arabes – les nouveaux messages sont beaucoup plus sophistiqués, adaptés autour d'idées spécifiques et conçus en pleine conscience de la politique de chaque époque.

Le film de Steven Spielberg Munich (2005) est sorti dans le contexte culturel de l'invasion usaméricaine de l'Irak dans le cadre de la soi-disant « guerre contre le terrorisme » de Washington, où les droits humains ont été violés à l'échelle mondiale. Munich était un récit "historique" sélectif des choix soi-disant difficiles qu'Israël, à savoir le Mossad, devait faire pour mener sa propre “guerre contre le terrorisme”. C'était l'époque où Tel-Aviv soulignait inlassablement son affinité avec Washington, maintenant que les deux pays étaient prétendument victimes des « extrémistes islamiques ».

À la différence de Munich, la populaire série télévisée Homeland n'était pas seulement un argumentaire pro-israélien qui justifiait les guerres et la violence israéliennes. La série elle-même, l'une des émissions islamophobes les plus racistes à la télévision, était entièrement calquée sur la série israélienne HaTufim. L'écrivain et réalisateur de la série israélienne, Gideon Raff, a été intégré dans la version usaméricaine, servant de producteur exécutif.

Le changement de propriétaire du récit peut sembler superficiel – car la propagande pro-israélienne d'Hollywood est remplacée par la propagande israélienne organique. Néanmoins, cela n’est pas le cas.

L'agenda pro-israélien du passé – la romantisation qui a suivi la création d'Israël en 1948 – n'a pas duré longtemps. La défaite des armées arabes par Israël en 1967 – grâce au soutien militaire massif des USA à Tel-Aviv – a remplacé l'image d'Israël naissant et vulnérable par celle de l'armée israélienne courageuse, capable de vaincre plusieurs armées ennemies à la fois. C'est alors que les soldats israéliens ont visité les collèges et les écoles usaméricaines, parlant de leur héroïsme sur le champ de bataille. L'invasion israélienne du Liban et les massacres qui ont suivi, comme ceux de Sabra et de Shatila, ont forcé à repenser les choses.

Tout au long des années 1980 et 1990, Israël a largement existé à Hollywood comme un exutoire comique, à partir de spectacles comme Friends, Frasier et, plus récemment, The Big Bang Theory. Les références à Israël sont souvent suivies de rires – un moyen intelligent et efficace de lier Israël à des associations positives et heureuses.

La « guerre contre le terrorisme », à partir de 2001, associée à la création du projet Master Class, a permis à Israël de revenir dans l'univers hollywoodien, non pas comme une référence occasionnelle, mais comme un élément de base, avec des séries israéliennes ou des productions conjointes USA-Israël, définissant un tout nouveau genre : celui des choix difficiles à faire pour lutter contre le terrorisme et finalement sauver le monde.

L'exploitation des femmes israéliennes sur les couvertures de magazines, par exemple, Maxim, était un tout autre business louche, visant un public différent. Les filles à moitié nues de l'armée israélienne ont réussi, dans l'esprit de beaucoup, à justifier la guerre par des images sexuelles. Ce genre est devenu particulièrement populaire après les guerres sanglantes d'Israël contre Gaza, qui ont fait des milliers de morts.

L'influence croissante d'Israël sur les films Marvel est une combinaison de tous ces éléments : la sexualisation de la femme soi-disant forte et autonomisée, la normalisation de ceux qui commettent des crimes israéliens – Gadot, la soldate, Sabra, l'agente du Mossad – et l'injection directe des priorités israéliennes dans la réalité usaméricaine quotidienne.

Il y a un côté positif à cela. Pendant des décennies, Israël s'est caché derrière de fausses notions historiques romantisées, faisant valoir son point de vue auprès des USaméricains et d'autres publics occidentaux, souvent indirectement. Les guerres à Gaza, la croissance exponentielle du mouvement palestinien de boycott et la prolifération des médias sociaux ont cependant forcé Israël à se cacher.

Le nouvel Israël hollywoodien est maintenant un guerrier, souvent contraint de faire des choix moraux difficiles, mais il est, comme son homologue usaméricain, en fin de compte une force pour le bien. La capacité d'Israël à maintenir cette image dépendra de plusieurs facteurs, notamment de la capacité des communautés propalestiniennes à contrer cette supercherie et cette hasbara [propagande, NdT].

16/09/2022

RAMZY BAROUD
40 ans après le massacre de Sabra et Chatila, les plaies restent béantes

Ramzy Baroud, Middle East Monitor, 12/9/2022
Traduit par

Le 16 septembre marque le 40e anniversaire du massacre de Sabra et Chatila. Environ 3 000 réfugiés palestiniens ont été tués par des milices phalangistes libanaises opérant sous le commandement de l’armée israélienne.


Affiches commémoratives dans le cimetière du massacre de Sabra et Chatila [Photo Ferdous Al-Audhali/Middle East Monitor].

Quatre décennies se sont écoulées, mais les survivants du massacre et les parents des victimes n’ont reçu aucune mesure de justice. Beaucoup sont morts et d’autres vieillissent en portant les cicatrices de leurs blessures physiques et psychologiques, dans l’espoir que, peut-être, de leur vivant, ils verront les bourreaux derrière les barreaux.

Cependant, bon nombre des commandants israéliens et phalangistes qui ont ordonné l’invasion du Liban et orchestré ou exécuté les massacres odieux dans les deux camps de réfugiés palestiniens en 1982 sont déjà morts. Ariel Sharon, qui a été mis en cause par la commission officielle israélienne Kahan un an plus tard pour sa « responsabilité indirecte » dans les macabres massacres et viols, a ensuite gravi les échelons pour devenir le premier ministre d’Israël en 2001. Il est décédé en 2014.

Même avant le massacre de Sabra et Chatila, le nom de Sharon a toujours été synonyme de meurtres de masse et de destruction à grande échelle. C’est lors de l’opération Shoshana, menée dans le village palestinien de Qibya en Cisjordanie en 1953, que Sharon a acquis sa réputation. Après l’occupation israélienne de Gaza en 1967, le général israélien a été surnommé « le bulldozer » ; après Sabra et Shatila, il est devenu « le boucher ».

Le Premier ministre israélien de l’époque, Menachem Begin, est également mort. Il n’a manifesté aucun remords pour le meurtre de plus de 17 000 Libanais, Palestiniens et Syriens lors de l’invasion du Liban par Israël en 1982. Sa réponse nonchalante aux meurtres perpétrés dans les camps de réfugiés de Beyrouth Ouest résume l’attitude d’Israël à l’égard de toutes les tueries et de tous les massacres perpétrés contre les Palestiniens au cours des 75 dernières années : « Les Goyim tuent les Goyim », a-t-il dit, « et ils accusent les Juifs ».

Les témoignages de ceux qui sont arrivés à Sabra et Chatila après les jours de massacre dépeignent une réalité qui nécessite une profonde réflexion, non seulement chez les Palestiniens, les Arabes et, surtout, les Israéliens, mais aussi dans l’humanité tout entière.

La regrettée journaliste américaine Janet Lee Stevens a décrit ce dont elle avait été témoin : « J’ai vu des femmes mortes dans leur maison, la jupe remontée jusqu’à la taille et les jambes écartées ; des dizaines de jeunes hommes abattus après avoir été alignés contre le mur d’une ruelle ; des enfants égorgés, une femme enceinte au ventre ouvert, les yeux encore grands ouverts, son visage noirci hurlant silencieusement d’horreur ; d’innombrables bébés et bambins poignardés ou déchiquetés et jetés dans des tas d’ordures. »

30/06/2022

RAMZY BAROUD
Les Palestiniens « ne sont pas des animaux dans un zoo » : Kanafani et la nécessité de redéfinir le rôle de l’ « intellectuel victime »

Ramzy Baroud, Palestine Chronicle, 29/6/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

À la mémoire de Ghassan Kanafani, leader palestinien emblématique et intellectuel engagé qui a été assassiné par le Mossad israélien le 8 juillet 1972


Ghassan Kanafani

Des années avant que les USA n'envahissent l'Irak en 2003, les médias usaméricains ont mis en avant de nombreux nouveaux personnages, les présentant comme des "experts" qui ont contribué à renforcer la propagande usaméricaine, ce qui a finalement permis au gouvernement usaméricain d'obtenir un soutien populaire suffisant pour la guerre.

Bien que l'enthousiasme pour la guerre ait commencé à s'émousser au cours des années suivantes, l'invasion de l'Irak a effectivement commencé avec un mandat populaire relativement fort qui a permis au président George W Bush de revendiquer le rôle de libérateur de l'Irak, de combattant contre le "terrorisme" et de champion des intérêts mondiaux des USA. Selon un sondage CNN/USA Today/Gallup réalisé le 24 mars 2003 - quelques jours après l'invasion - soixante-douze pour cent des USAméricains étaient en faveur de la guerre.

Ce n'est que maintenant que nous commençons à prendre la pleine mesure de l'édifice massif de mensonges, de tromperies et de falsifications qui a servi à façonner le récit de la guerre, et du rôle sinistre joué par les médias grand public dans la diabolisation de l'Irak et la déshumanisation de son peuple. Les futurs historiens poursuivront la tâche de déconstruire la conspiration guerrière pendant de nombreuses années.

En gardant cette tâche à l'esprit, il est également important de reconnaître le rôle joué par les propres "informateurs indigènes" de l'Irak, comme les décrirait le défunt professeur palestinien Edward Said. L'"informateur indigène (est) un serviteur volontaire de l'impérialisme", selon l'influent intellectuel palestinien.

Grâce aux diverses invasions et interventions militaires usaméricaines, ces "informateurs" sont devenus de plus en plus nombreux et utiles, au point que, dans divers cercles intellectuels et médiatiques occidentaux, ils définissent ce qui est considéré à tort comme des "faits" concernant la plupart des pays arabes et musulmans. De l'Afghanistan à l'Iran, en passant par la Syrie, la Palestine, la Libye et, bien sûr, l'Irak, entre autres, ces "experts" ne cessent de répéter des messages taillés sur mesure pour les programmes usaméricano-occidentaux.

Ces "experts" sont souvent présentés comme des dissidents politiques. Ils sont recrutés - que ce soit officiellement par des groupes de réflexion financés par le gouvernement ou autrement - par les gouvernements  occidentaux pour fournir une  description commode des "réalités" au Moyen-Orient - et ailleurs - afin de justifier rationnellement, politiquement ou moralement la guerre et diverses autres formes d'intervention.

14/01/2022

RAMZY BAROUD
Warum Israels Militär seine Regelungen zur Feuereröffnung geändert hat: drei mögliche Antworten

Ramzy Baroud, Politics for the people, 29.12.2021
Übersetzt von
KoPI, herausgegeben von Tlaxcala
Die Entscheidung des israelischen Militärs, seine Richtlinien zur Feuereröffnung im besetzten Westjordanland zu revidieren, erscheint zunächst rätselhaft. Warum sollten israelische Soldaten mehr Palästinenser erschießen dürfen, wenn die bestehenden Armeehandbücher ihnen bereits nahezu völlige Immunität und kaum rechtliche Verantwortung gewähren?

 T-Shirts für Scharfschützen, hergestellt von der Firma Adiv in Tel Aviv

 

„Jede arabische Frau soll wissen, dass das Schicksal ihres Kindes in meinen Händen liegt“.


Blau: Schwangere Palästinenserin mit Scharfschützenvisier auf ihrem Bauch, darunter: 1 Schuss, 2 getötet.
Weiß: Palästinensisches Kind mit der Bildunterschrift: „Je kleiner, desto schwieriger“ (zu zielen)

Die neuen Regeln des Militärs erlauben es israelischen Soldaten nun, mit scharfer Munition auf fliehende palästinensische Jugendliche zu schießen und sie sogar zu töten, weil sie angeblich Steine auf israelische „zivile“ Autos geworfen haben. Dies gilt auch für Situationen, in denen die angeblichen palästinensischen „Angreifer“ zum Zeitpunkt des Schusses keine Steine in der Hand halten.

Der Verweis auf „Zivilisten“ im überarbeiteten Armeehandbuch bezieht sich auf bewaffnete israelische jüdische Kolonisten, die das besetzte Westjordanland und Ostjerusalem unter Missachtung des Völkerrechts und der palästinensischen Souveränität kolonisiert haben. Diese Raubsiedler, die oft als paramilitärische Kräfte in direkter Abstimmung mit der israelischen Armee operieren, gefährden das Leben ihrer eigenen Familien, indem sie sich auf besetztem palästinensischem Land niederlassen. Nach Israels verdrehten Maßstäben sind diese gewalttätigen Israelis, die im Laufe der Jahre zahlreiche Palästinenser getötet und verwundet haben, "Zivilisten", die vor steinewerfenden palästinensischen „Angreifern“ geschützt werden müssen.

In Israel ist das Werfen von Steinen ein „schweres Verbrechen“ und Palästinenser, die Steine werfen, sind „Kriminell“, so Liron Libman, Israels ehemaliger oberster Militärstaatsanwalt, in einem Kommentar zu den neuen Vorschriften. Für Israelis sind diese Behauptungen unumstritten, selbst für diejenigen, die die Rechtmäßigkeit der neuen Regeln in Frage stellen. Der Streitpunkt ist laut Libman und anderen, dass „eine Person, die flieht, keine Bedrohung darstellt“, obwohl laut Libman selbst „die neue Politik möglicherweise gerechtfertigt sein könnte“, berichtete die Times of Israel.

RAMZY BAROUD
Pourquoi l’armée israélienne a changé ses règles pour l’ouverture du feu : trois réponses possibles

Ramzy Baroud, Politics for the people, 29/12/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

À première vue, la décision de l'armée israélienne de réviser ses directives pour l’ouverture du feu en Cisjordanie occupée semble déroutante. Quelle logique y aurait-il à donner aux soldats israéliens l'espace nécessaire pour tirer sur davantage de Palestiniens alors que les manuels de l'armée leur accordaient déjà une immunité quasi-totale et peu de responsabilité juridique ?

T-shirts pour snipers fabriqués par l’entreprise Adiv de Tel Aviv 

 
 

Bleu : Femme palestinienne enceinte avec une mire de sniper sur son ventre. Légende : 1 tir , 2 tués
Blanc : enfant palestinien avec la légende : « Plus c'est petit, plus c'est dur » (à cibler)

Les nouvelles règles de l'armée permettent désormais aux soldats israéliens de tirer à balles réelles - voire donc de les tuer - des jeunes Palestiniens fuyant après avoir jeté des pierres sur des voitures « civiles » israéliennes. Cela s'applique également aux situations où les « assaillants » palestiniens présumés ne tiennent pas de pierres au moment du tir.

La référence aux « civils » dans le manuel révisé de l'armée s'applique aux colons juifs israéliens armés qui ont colonisé la Cisjordanie et Jérusalem-Est occupées au mépris du droit international et de la souveraineté palestinienne. Ces colons, qui opèrent souvent comme des forces paramilitaires en coordination directe avec l'armée israélienne, mettent en danger la vie de leurs propres familles en résidant sur des terres palestiniennes occupées. Selon les normes tordues d'Israël, ces Israéliens violents, qui ont tué et blessé de nombreux Palestiniens au fil des ans, sont des « civils" » qui ont besoin d'être protégés des « assaillants » palestiniens lanceurs de pierres.

En Israël, jeter des pierres est un « crime grave » et les Palestiniens qui jettent des pierres sont des « criminels », selon Liron Libman, ancien procureur militaire en chef d'Israël, qui a commenté les nouvelles règles. Pour les Israéliens, il y a peu de désaccord sur ces affirmations, même de la part de qui remet en cause la légalité des nouvelles règles. Le point de discorde, selon Libman et d'autres, est qu' « une personne qui fuit ne représente pas une menace », bien que, selon Libman lui-même, « la nouvelle politique pourrait potentiellement être justifiée », rapporte le Times of Israel.

05/01/2022

RAMZY BAROUD
2021 en Palestina: por fin ha aparecido una nueva generación

Ramzy Baroud, Politics for the People, 3/02/2022
Traducido del inglés por
Sinfo Fernández, Tlaxcala

 Al principio, 2021 parecía ser otro año ordinario de implacable ocupación israelí y continua miseria palestina. Aunque gran parte de esa situación seguía siendo cierta, un sentimiento de unidad popular sin precedentes entre los palestinos, no solo en la Jerusalén Oriental ocupada, Cisjordania y Gaza, sino también entre las comunidades palestinas de la Palestina histórica, desafió la dinámica de la ocupación israelí de Palestina.

 Palestinos participan en una protesta contra la ocupación israelí.
(Foto: ActiveStills.org, archivo)

Una sensación dominante de cautelosa esperanza ha sustituido por fin al sentimiento absoluto de desesperación de años anteriores. Con ello, se ha registrado en toda Palestina un sentimiento de renovación y voluntad de adoptar nuevas ideas políticas. Por ejemplo, según una encuesta realizada por el Centro de Medios y Comunicación de Jerusalén (JMCC, por sus siglas en inglés), publicada el 22 de noviembre, hay más palestinos de Cisjordania que apoyan la solución de un solo Estado que los que siguen apoyando la solución de dos Estados, prácticamente desaparecida, que dominó el pensamiento palestino durante décadas.

La pandemia pasa factura

Sin embargo, el año comenzó con la atención puesta en algo totalmente distinto: la pandemia de la covid-19. Además de asolar a los palestinos asediados y ocupados, especialmente en la Franja de Gaza, la pandemia comenzó a extenderse entre los presos palestinos.

En febrero, la Autoridad Palestina, junto con grupos y organizaciones internacionales de derechos humanos, criticó a Israel por bloquear el acceso a las vacunas covid-19 en la asediada Franja de Gaza. Las vacunas Sputnik 5 fueron donadas por Rusia, el primer país que contribuyó a la lucha contra la pandemia en Palestina. Con el tiempo, las comunidades palestinas fueron accediendo poco a poco a las vacunas que llegaban del programa COVAX. Sin embargo, la pandemia siguió haciendo estragos en la Palestina ocupada, especialmente porque las autoridades de ocupación israelíes siguieron bloqueando las medidas preventivas palestinas y desmantelando las instalaciones improvisadas de covid-19 en los territorios ocupados. Según el sitio web Worldometer, 4.555 palestinos murieron a causa de la covid-19, mientras que 432.602 dieron positivo en las pruebas de la mortal pandemia.

Elecciones canceladas

Al igual que el año anterior, la crisis política de Israel dominó rápidamente los titulares, ya que la lucha por el poder entre el entonces primer ministro israelí, Benjamín Netanyahu, y sus rivales siguió reforzándose, lo que llevó a las cuartas elecciones de Israel en dos años. Las elecciones de marzo han cambiado finalmente el panorama político israelí gracias a una extraña coalición de gobierno formada por el nuevo primer ministro de Israel, Naftali Bennett, el 13 de junio. La coalición incluía al político árabe Mansour Abbas, cuyo partido político fue decisivo para la formación del gobierno.

Mientras Netanyahu y su partido Likud se retiraban rápidamente a la oposición, poniendo fin a un reinado de más de doce años, los palestinos anticipaban sus propias elecciones, que fueron anunciadas por el presidente de la AP, Mahmud Abbas, el 15 de enero.

12/12/2021

RAMZY BAROUD
Sobre el “gaseamiento de árabes” y otros trastornos: ¿Es Israel una sociedad enferma?

Ramzy Baroud, Politics for the People, 8/12/2021
Traducido del inglés por
Sinfo Fernández, Tlaxcala


Por alguna razón, algunos perciben erróneamente al periódico israelí Haaretz como un medio liberal, progresista e incluso “propalestino”. Por supuesto, nada de esto es cierto. Esta descripción equivocada de un periódico esencialmente sionista y antipalestino [con la excepción de dos grandes firmas, las de Gideon Levy y Amira Hass y algunas otras, NdE] cuenta una historia mucho más amplia de lo confusa que es la política israelí, y de lo igualmente confusos que estamos muchos de nosotros a la hora de entender el discurso político israelí.

El presidente israelí Yitzhak Herzog irrumpe en la mezquita de Ibrahim acompañado por líderes de los colonos y miembros de la Knesset (Foto: vía QNN)


El 28 de noviembre, el recién elegido presidente israelí, Yitzhak Herzog,
irrumpió en la mezquita de Ibrahim de la ciudad palestina de Al-Jalil (Hebrón) con cientos de soldados y muchos colonos judíos ilegales, entre los que se encontraban el quién es quién de los extremistas de Israel.

 

La escena recordaba un suceso similar en el que el difunto primer ministro israelí, Ariel Sharon, había asaltado, junto con miles de soldados y policías, el recinto del Haram Esh-Sharif (Explanada de las Mezquitas/ Monte del Templo) en la Jerusalén Oriental ocupada, en septiembre de 2000. Fue este suceso el que desencadenó el segundo levantamiento palestino o  Intifada (2000-2005), que provocó la muerte de miles de personas.

 

El gesto de solidaridad de Herzog con los colonos de Kiryat Arba fue idéntico al anterior de Sharon, llevado también a cabo para ganarse la aprobación de la floreciente e influyente extrema derecha israelí.

 

Hace solo unos meses, Haaretz había descrito a Herzog como una persona “centrista, de voz suave y sin dramatismos” que, en ocasiones, “se había sentido fuera de lugar en el tormentoso y fracturado campo de batalla político de Israel”. Según Haaretz, Herzog “puede ser exactamente lo que Israel necesita”.

 

Pero, ¿es realmente así? Maravíllense con algunas de las declaraciones hechas por Herzog mientras visitaba un lugar donde veintinueve palestinos  fueron masacrados por un extremista de Kiryat Arba, Baruch Goldstein, y donde muchos más fueron asesinados a tiros por soldados israelíes tras el trágico suceso. No solo fueron muchos los israelíes que celebraron la memoria de Goldstein con un santuario propio de héroes y santos, sino que muchos de los acompañantes de Herzog durante la provocadora “visita” son ardientes seguidores del terrorista judío israelí.

 

“Tenemos que seguir soñando con la paz”, declaró Herzog mientras celebraba la primera noche de la fiesta judía de Janucá dentro del recinto de la mezquita de Ibrahim, que previamente se vació de sus fieles musulmanes. “Condenó, orgullosamente, cualquier forma de odio o violencia”. Mientras tanto, cientos de soldados israelíes aterrorizaban a 35.000 habitantes de la ciudad vieja de Al-Jalil. Estos palestinos, que sufren a diario la violencia de casi 800 colonos judíos armados en Kiryat Arba, junto con un número igual de soldados israelíes, estaban encerrados. Sus tiendas estaban cerradas, su vida en suspenso, sus paredes cubiertas de grafitis racistas.

 

“Si hubiera dado la vuelta a la esquina”, informó el sitio web de noticias israelí 972Mag refiriéndose al presidente israelí, “Herzog podría haber visto las pintadas en las paredes que decían ‘¡Gasead a los árabes!’”

 


“¡Gasead a los árabes!” pintado sobre una escuela palestina en Al Jalil/Hebrón por la Liga de Defensa Judía. Foto Activstills

27/11/2021

RAMZY BAROUD
Pourquoi la voix palestinienne doit occuper une place centrale dans la sphère publique mondiale

Ramzy Baroud, The Palestine Chronicle, 24/11/2021

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Lors d'un récent événement à New York, le président de l'Association de la presse étrangère, Ian Williams, a déclaré, devant un public enthousiaste, qu'il était temps de "récupérer le récit sur la Palestine".

Cette expression - "récupérer le récit" [reclaim the narrative] - est relativement nouvelle dans le discours palestinien. Il y a quelques années, le concept, sans parler de sa mise en œuvre, était tout à fait étranger : la foule proisraélienne refusait, et refuse toujours, de reconnaître que les Palestiniens, leur histoire et leur discours politique ont de l'importance ; certains membres du mouvement pro-palestinien reléguaient les voix palestiniennes comme si elles étaient tout simplement incapables d'articuler un récit cohérent.

Les militants palestiniens de Cheikh Jarrah Mohammed et Mouna El Kurd. (Photo : via Twitter)

Pendant de nombreuses années, avec d'autres intellectuels palestiniens, j'ai lutté contre la mauvaise représentation et la marginalisation de la Palestine et des Palestiniens, non seulement par Israël et ses alliés dans les médias grand public, mais aussi contre l'élitisme qui existait au sein du mouvement palestinien lui-même.

Entendre Williams prononcer ces mots était assez satisfaisant. Le contexte dans lequel ces mots ont été prononcés était plus important. L'événement, intitulé « Distant Voice No More ? Giving Rise to a New Generation of Palestinian Journalists », était organisé par la nouvelle et dynamique organisation Palestine Deep Dive (PDD) et co-organisé par l'Association de la presse étrangère. L'idée derrière la création de PDD est de remettre en question le récit commun qui imprègne les médias capitalistes sur la Palestine et Israël depuis des décennies. Cette nouvelle organisation a accompli un travail impressionnant en un laps de temps relativement court.

Parmi les participants figurait la star internationale du rock Roger Waters qui, au fil des ans, est devenu une icône du mouvement de solidarité internationale avec la Palestine, de la même manière que ses chansons, dont "Another Brick in the Wall", ont symbolisé le soutien mondial au mouvement anti-apartheid en Afrique du Sud.