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08/10/2021

GIANFRANCO LACCONE
Le marché de l'immunité

Gianfranco Laccone, Comune-Info, 5/10/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala


Gianfranco Laccone est un agronome italien, membre de la présidence de l'ACU - Associazione Consumatori Utenti (Association Consommateurs Usagers) . @GianfrancoLacc1

 

Tout vaccin, comme tout médicament et tout produit en vente, est soumis aux règles du marché : règles nationales (car la vaccination - c'est-à-dire la chaîne de vaccination - est lancée selon les règles que chaque pays se fixe) et règles internationales. En effet, la disponibilité des vaccins dépend de l'offre des fabricants, de leurs politiques et des contrats qu'ils ont signés avec chaque pays, ainsi que du système de stockage et d'auto-approvisionnèrent que chaque pays a mis en place ; comme on peut le constater, ces conditions dépendent du marché international.

Ainsi, le vaccin et son utilisation sont le résultat de l'intersection entre les stratégies de protection de la santé mises en œuvre par chaque pays, et en leur sein par les individus, et les stratégies de marché qui, à leur tour, impliquent de multiples facteurs dépendant des producteurs, des détenteurs de brevets, de la chaîne d'approvisionnement et, finalement, des "consommateurs" du vaccin. Tous les acteurs de cette affaire semblent avoir des rôles clairement définis : l'offre est assurée par les multinationales, la demande est constituée par les citoyens, avec la médiation des États. Mais à y regarder de plus près, ces rôles sont moins bien définis qu'il n'y paraît : pour tenter de "choisir" le vaccin ou de faire des choix contre son utilisation, le rôle des citoyens, mais surtout celui des États, peut se situer non pas du côté de la demande, mais plutôt du côté de l'offre (comme dans le cas des USA ou de l'Inde) ou pencher vers un ou plusieurs producteurs (comme au Royaume-Uni), et le comportement de tous les acteurs peut changer.

 


Vaccinationalisme, par Rodrigo de Matos, Portugal

La question du comportement, qui est aujourd'hui centrée de manière presque obsessionnelle sur le vaccin dans les pays les plus riches, concerne en réalité surtout la masse des habitants de la planète (plusieurs milliards d'individus) qui se trouvent en dehors de cette zone, qui ne disposeront pas de vaccins, qui échappent au système de contrôle efficace des États (et je ne parle pas ici des citoyens de l'UE ou des grands pays industrialisés), qui continueront à vivre en utilisant des stratégies de survie alternatives en présence d'une épidémie dont les taux réels de propagation ne seront même pas connus dans ces cas.

Nous sommes encore loin d'appréhender cet aspect, mais la propagation de la pandémie a été et sera de nature à remettre en cause les structures du marché mondial, notamment telles qu'elles ont été construites au cours des trente dernières années. L'exemple de l'Inde est frappant : grand producteur de vaccins anti-Covid-19 (qu'elle exporte dans le monde entier), elle a subi une résurgence de la pandémie, avec un nombre de victimes particulièrement élevé. La stratégie de développement économique théorisée par l'OMC, qui veut que la clé de l'amélioration économique et sociale d'un pays soit l'augmentation des transactions commerciales (c'est-à-dire la suppression de tous les obstacles qui peuvent les ralentir), se heurte à la nécessité pour chaque pays de protéger avant tout sa population, en l'occurrence en limitant les transactions commerciales, même si elles sont très favorables d'un point de vue économique.