Alda Engoian, Courrier international, 6/1/2022
Dans
la nuit du 5 janvier au 6 janvier, le Kazakhstan a connu les
affrontements les plus graves depuis le début des manifestations qui ont
éclaté le 2 janvier après l’annonce de l’augmentation du prix du gaz.
Selon la presse russe, ces événements pourraient déboucher sur un
changement de régime dans le pays.
Lors des émeutes déclenchées par l’augmentation du prix du gaz, à Almaty, au Kazakhastan, le 5 janvier 2022. PHOTO / SPUTNIK / SPUTNIK VIA AFP
“Le gaz liquéfié a fait exploser le Kazakhstan”, titre le quotidien Kommersant (depuis
deux jours, les sites d’information kazakhs sont inaccessibles, seules
les sources russes délivrent des informations pour l’heure). Le jeu de
mots du journal russe reflète fidèlement la situation : les
protestations massives contre le doublement du prix du gaz carburant
pour les voitures (de 12 centimes d’euro à 24 centimes d’euro le litre)
dans la nuit du 1er janvier ont déclenché des émeutes dès le lendemain.
Et le bilan est lourd : selon Kommersant,
des dizaines de manifestants ont été abattus, 13 policiers tués (deux
ont été décapités), un millier de personnes blessées, des bâtiments
administratifs ont été saccagés et la mairie d’Almaty a été incendiée.
C’est
d’abord dans la ville de Janaozen, dans la région pétrolière de
Manguistaou, dans l’ouest du pays, puis à Almaty (trois millions
d’habitants), l’ancienne capitale et “capitale [historique] des protestations”, que les manifestations ont dégénéré en un soulèvement violent, note Kommersant. Les villes d’Aktaou, Aktioubé, Chymkent, Taraz, Taldykorgan et Karaganda se sont également embrasées.
La population réclame le vrai départ de Nazarbaev
“Le problème du prix du gaz n’a été qu’un déclencheur, les revendications sont politiques”, analyse Kommersant. Parallèlement à la “revendication de justice sociale”, les manifestants ont réclamé “que soit mis un terme à la politique de Noursoultan Nazarbaev”. Officiellement “leader à vie de la nation”,
l’ancien chef de l’État de 81 ans est toujours président du Conseil de
sécurité, ce qui lui a permis, après avoir quitté la tête du pays en
2019, de “garder d’importants leviers de pouvoir”.