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29/01/2023

LUIS PORTILLO
La grève du prisonnier politique sahraoui Abdallahi Elouali Lakhfawni et la dérive scandaleuse des socialistes espagnols
Lettre au ministre des A.E. José Manuel Albares

 Luis Portillo Pasqual del Riquelme, Mouvement pour les Prisonniers Politiques Sahraouis (MPPS), 24/1/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

M. le Ministre des Affaires étrangères, de l'Union européenne et de la Coopération
Plaza de la Provincia
28012 Madrid

Madrid, le 23 janvier 2023

Objet : La grève du prisonnier politique sahraoui Abdallahi Elouali Lakhfawni et la dérive scandaleuse des socialistes espagnols

Monsieur le Ministre,

C'est la 52e  lettre que nous vous adressons depuis votre arrivée au ministère le 10 juillet 2021. Dans tous ces cas, le Mouvement des Prisonniers Politiques Sahraouis (MPPS) a dénoncé la situation dégradante et cruelle des prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines et a demandé votre intervention pour contribuer à leur libération ou, au moins, pour humaniser leurs conditions de détention et les protéger des abus auxquels ils sont soumis. Jusqu'à présent, cependant, nous n'avons pas connaissance qu'une telle action ait été entreprise.  

Abdallahi Elouali Lakhfawni (né en 1974), condamné à la prison à vie pour son implication dans le camp de protestation de Gdeim Izik (novembre 2010)

Aujourd'hui, nous souhaitons attirer votre attention en particulier sur le prisonnier politique sahraoui Abdallahi Elouali Lakhfawni, membre du groupe de Gdeim Izik, détenu à la prison centrale de Kenitra, au nord de Rabat. La Ligue pour la protection des prisonniers sahraouis dans les prisons marocaines a informé de la grève de la faim d'avertissement entreprise par Abdallahi pour dénoncer la politique de discrimination raciale et la négligence médicale à laquelle il est soumis (il souffre de maladies chroniques) par la délégation générale de l'administration pénitentiaire marocaine, ainsi que pour protester contre les obstacles à sa capacité à terminer ses études à l'Université Ibn Tufail dans la ville de Kenitra.[1]

La grève de la faim est le dernier recours des prisonniers politiques sahraouis pour donner de la visibilité à leur situation et faire valoir leurs droits ; avec les effets néfastes conséquents sur leur santé, déjà très détériorée par les conditions épouvantables d'emprisonnement et les mauvais traitements auxquels ils sont soumis.

Comme vous le savez, en 1884, l'Espagne a conclu un accord à l'amiable avec les tribus sahraouies vivant sur la côte du Sahara occidental. Par cet accord, la population sahraouie s'engageait à permettre la présence espagnole - principalement intéressée par les ressources halieutiques - en échange de la protection de l'Espagne contre d'autres puissances.

C'est ainsi que commence la pénétration pacifique de l'Espagne dans ce que la dictature franquiste transformera plus tard en sa “Province 53”[2]. Aujourd'hui, c'est le Maroc qui contrôle militairement la majeure partie du territoire sahraoui qu'il appelle par euphémisme les “provinces du Sud”. Dans les deux cas, il s'agit de la même colonie, la dernière colonie d'Afrique. L'Espagne se l'est appropriée par le biais de cet accord pacifique - qu'elle oubliera progressivement - tandis que le Maroc l'a simplement envahie et occupée dans le sang et le feu après l'abandon irresponsable de l'Espagne, en violation de ses obligations internationales. Juan Carlos de Bourbon lui-même promettra cyniquement de protéger la population civile sahraouie lors de son voyage éclair à El Ayoun en 1975, peu avant l'abandon du territoire par l'Espagne, habilement mis en scène par les accords tripartites illégaux de Madrid. [3]

En vertu du droit international, et malgré l'occupation militaire illégale d'une grande partie du territoire sahraoui par le Maroc, l'Espagne reste la puissance administrante de jure du Sahara occidental et est donc tenue de protéger la population civile sahraouie en général et les prisonniers politiques sahraouis en particulier.

Lors de son 16ème  Congrès qui s'est tenu récemment (13-17 janvier) à Dakhla, dans les camps de réfugiés sahraouis, le Front Polisario [4] a appelé la communauté internationale à agir pour accélérer la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis détenus dans les prisons marocaines et pour mettre fin immédiatement au pillage intensif des ressources naturelles sahraouies par le Maroc. [5]

Par ailleurs, à moins que le monarque marocain ne procède à de nouveaux reports capricieux, un sommet de haut niveau (RAN) entre les gouvernements espagnol et marocain se tiendra à Rabat au début du mois de février. A cette occasion, trois organisations humanitaires (la Ligue espagnole des droits de l'homme, la Fédération espagnole des droits de l'homme et la Fédération internationale des droits de l'homme-Espagne) ont envoyé une lettre au président Pedro Sánchez suggérant que deux questions liées à la défense des droits de l'homme et à la cause du peuple sahraoui soient incluses dans l'ordre du jour de la réunion : 1) que le harcèlement judiciaire du Royaume du Maroc contre le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, victime d'espionnage par le programme malveillant Pegasus, cesse[6] et 2) que tous les prisonniers sahraouis soient libérés et que la violation des droits de l'homme du peuple sahraoui cesse. [7]

 

Baby Hamday Boujemaa

À cet égard, les organisations susmentionnées rappellent au président Sánchez que la Ligue espagnole des droits de l'homme a déjà déposé une plainte contre le Royaume du Maroc pour l'assassinat du citoyen sahraoui-espagnol Baby Hamday, et que c'est précisément l'actuel ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, qui, dans une ordonnance judiciaire, en tant que président de la chambre pénale de l'Audience nationale, en avril 2014, a transformé une enquête préliminaire en une mise en examen pour crimes contre l'humanité et génocide. [8] Dans cet ordre, le statut de l'Espagne en tant que puissance administrante du Sahara Occidental a été affirmé et la prétendue compétence du Royaume du Maroc pour administrer la justice dans un territoire qui ne lui appartient pas a été niée, comme établi dans les résolutions de divers organismes internationaux et de l'ONU elle-même. 9]

Dans ce contexte, et suite à l'inqualifiable volte-face du président Sánchez qui a fait siennes les revendications alaouites concernant le territoire non autonome du Sahara occidental, en attente de décolonisation, l'Association espagnole des professeurs de droit international et de relations internationales (AEPDIRI), dans une déclaration soutenue par 600 juristes, a dénoncé publiquement a dénoncé publiquement la “violation du droit international” que le gouvernement espagnol commet en soutenant le plan d'autonomie marocain pour le Sahara occupé, niant ainsi l'exercice du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, contribuant à blanchir l'occupation marocaine du territoire, empêchant une solution juste au conflit et prolongeant la souffrance du peuple sahraoui. [10]

Pour sa part, la prestigieuse Revista Española de Derecho Internacional (REDI) a consacré, dans son dernier numéro, une section monographique au virage unilatéral du président Sánchez. Sous le titre « Le gouvernement espagnol et la proposition d'autonomie pour le Sahara occidental », plusieurs experts juridiques critiquent la décision unilatérale du Premier ministre. [11]

Le président sahraoui lui-même, Brahim Ghali, l'a fait savoir dans les médias espagnols, à l'occasion du 16e congrès du Front Polisario qui s'est tenu la semaine dernière dans les camps de réfugiés sahraouis : « Le gouvernement espagnol, a déclaré Gali, a commis la deuxième trahison du peuple sahraoui en moins de 50 ans »[12].

Après tout ce qui a été dit jusqu'à présent, au moment où nous écrivons ces lignes, nous avons reçu la nouvelle embarrassante que les eurodéputés socialistes espagnols se sont honteusement soumis aux demandes alaouites - transmises par le ministre marocain des Affaires étrangères à son homologue espagnol - de voter contre une enquête surle Maroc au Parlement européen pour le Marocogate, sous la menace marocaine de faire dérailler la tant vantée RAN qui doit se tenir en février. [Et comme le ministre marocain l'avait demandé, les députés socialistes espagnols ont voté comme le Maroc le souhaitait, les laissant seuls aux côtés d’une douzaine de députés de l'extrême droite de Le Pen. Je suis dégoûté et honteux de ce scandale socialiste qui ne fait que soulever de plus en plus de remous. [14]

Malgré la dérive réactionnaire du président du gouvernement et de ce ministère des Affaires étrangères par rapport à la cause sahraouie, en se soumettant continuellement aux exigences alaouites, je continue à attirer votre attention, Monsieur le Ministre, sur la situation du prisonnier sahraoui Abdallahi Elouali Lakhfawuni, dans le cadre de la demande faite par les trois organisations des droits humains mentionnées ci-dessus et par le 16ème congrès du Front Polisario. Et je réitère la même demande que le Mouvement pour les prisonniers politiques sahraouis vous a fait dans des lettres précédentes : que fassiez preuve de la même sensibilité que vous avez montré avec une telle efficacité apparente envers le peuple ukrainien, à l’égard du peuple sahraoui, lui aussi en guerre et envahi.

Certes, on ne peut pas attendre grand-chose de votre gestion à cet égard, compte tenu de la dérive honteuse entreprise par le président du gouvernement, imitant le suprémaciste Donald Trump dans les soubresauts de son mandat présidentiel. [15] [Mais cela ne signifie pas que nous cesserons de dénoncer et de récriminer contre ce comportement réactionnaire par lequel le PSOE s'est placé du mauvais côté de l'histoire. Et nous continuerons à exiger le respect des droits inaliénables du peuple sahraoui.

Notes

[1]El preso político saharaui Abdallahi Elouali Lakhfawni inicia una huelga de hambre de advertencia”, SPS RASD Info, 16/01/2023, https://www.spsrasd.info/news/es/articles/2023/01/16/43658.html

[2]Provincia 53”, https://www.provincia53.com/#/

[3] “El Acuerdo Tripartito de Madrid y la traición española a los saharauis”, SPS RASD Info, 12/11/2022, https://www.spsrasd.info/news/es/articles/2022/11/12/42772.html

– Carlos Ruiz Miguel: “Los Acuerdos de Madrid, inmorales, ilegales y políticamente suicidas”, La Ilustración Liberal nº 26, https://www.clublibertaddigital.com/ilustracion-liberal/26/los-acuerdos-de-madrid-inmorales-ilegales-y-politicamente-suicidas-carlos-ruiz-miguel.html

[4] Carlos Ruiz Miguel, “El Frente Polisario. Desde sus orígenes hasta la actualidad, Ed. Almuzara, Madrid 2022, https://almuzaralibros.com/fichalibro.php?libro=6177&edi=1

[5]“Frente Polisario pide a la comunidad internacional que actúe para la liberación de todos los presos políticos saharauis”, Por Un Sahara Libre (PUSL), 16/01/2023, https://porunsaharalibre.org/2023/01/16/frente-polisario-pide-a-la-comunidad-internacional-que-actue-para-la-liberacion-de-todos-los-presos-politicos-saharauis/

[6]Ante el acoso de Marruecos a Ignacio Cembrero”, Periodistas-es, 08/01/2023; https://periodistas-es.com/ante-el-acoso-de-marruecos-a-ignacio-cembrero-164050,

– “El apabullante silencio de los socialistas españoles ante el acoso judicial de Marruecos a un periodista”, El Confidencial, 12/01/2023, https://blogs.elconfidencial.com/espana/tribuna/2023-01-12/silencio-socialistas-espanoles-acoso-judicial-marruecos-periodista_3555347/

[7]Organizaciones de derechos humanos solicitan a Pedro Sánchez que incluya la libertad de los presos saharauis en la próxima cumbre hispano marroquí”, Mundo Obrero, 13/01/2023, https://www.mundoobrero.es/2023/01/13/organizaciones-de-derechos-humanos-solicitan-a-pedro-sanchez-que-incluya-la-libertad-de-los-presos-saharauis-en-la-proxima-cumbe-hispano-marroqui/

[8]DILIGENCIAS PREVIAS 309/10, TRANSFORMADAS EN «SUMARIO 4/2014» (Caso Baby Hamday – AkdeimIzik)”, Centro de Estudios sobre el Sáhara Occidental (CESO), Universidad de Santiago de Compostela, https://www.usc.gal/es/institutos/ceso/Caso-Hamday.html

[9]La Audiencia Nacional avala la jurisdicción española sobre el Sáhara Occidental”, El Correo, 23/03/2022, https://www.elcorreo.com/politica/audiencia-nacional-avala-20220323195736-ntrc.html

[10]DECLARACIÓN SOBRE EL SAHARA OCCIDENTAL Y EL DERECHO INTERNACIONAL”, https://www.aepdiri.org/index.php/actividades-aepdiri/declaracion-sahara

– “Profesores de Derecho Internacional ven una «grave violación» del derecho internacional con el Sáhara”, El Confidencial, 24/03/2023, https://www.elconfidencial.com/espana/2022-03-24/profesores-derecho-internacional-moncloa-sahara-marruecos_3397586/

– “Expertos en Derecho Internacional y RRII advierten a Pedro Sánchez de la «grave violación» que comete en Sáhara Occidental y la inviabilidad del plan marroquí”, SPS RASD Info, https://www.spsrasd.info/news/es/articles/2022/03/24/38861.html

– “600 especialistas en Derecho Internacional denuncian la ilegalidad de la política antisaharaui del Gobierno español”, Rebelión, 03/10/2022, https://rebelion.org/600-especialistas-en-derecho-internacional-denuncian-la-ilegalidad-de-la-politica-antisaharaui-del-gobierno-espanol/

[11] Revista Española de Derecho Internacional (REDI), Vol. 47/2022, Num. 2 (Julio-Diciembre): “EL GOBIERNO ESPAÑOL Y LA PROPUESTA DE AUTONOMÍA PARA EL SÁHARA OCCIDENTAL”:

– Alcaide Fernández, “Nota Introductoria”, pp. 427-429.

– González Vega, J.A., “¡Triste España!: los aspectos formales y contextuales del cambio de posición español”, pp. 431-446.

– Yturriaga Barberán, J. A., “Giro copernicano de Sánchez en el conflicto sahariano”, pp. 447-461

– Soroeta Liceras, J., “Por qué la integración en Marruecos (la autonomía) no es la forma de resolver el conflicto (la descolonización) del Sáhara Occidental”, pp. 463-471.Disponible en Internet, en edición pre-print, bajo el título “Sáhara Occidental: apoyando la autonomía marroquí, España viola una vez más sus obligaciones ante la ONU”, piensa Chile, 04/10/2022,https://piensachile.com/2022/10/04/sahara-occidental-apoyando-la-autonomia-marroqui-espana-viola-una-vez-mas-sus-obligaciones-ante-la-onu/

– Aznar Gómez, M.J., “Consecuencias territoriales marítimas de la (presunta) cesión en el Sáhara”, pp. 473- 480.
[12] Brahim Ghali, Front Polisario : « Le gouvernement espagnol a commis la deuxième trahison du peuple sahraoui en moins de 50 ans »
Interview sur TVE (Télévision espagnole)

<<Brahim Gali, líder del Frente Polisario: “España ha repetido una traición en el Sáhara”>>, El País, 18/01/2023,  https://elpais.com/internacional/2023-01-18/brahim-gali-lider-del-frente-polisario-espana-ha-repetido-una-traicion-en-el-sahara.html

[13]Marruecos pidió a Albares que los eurodiputados del PSOE votaran contra la investigación de la UE”, Voz Pópuli, 19/01/2023, https://www.vozpopuli.com/espana/marruecos-pidio-albares-eurodiputados-psoe-votaran-contra-investigacion-ue.html

– “Diecisiete eurodiputados socialistas españoles votan en contra de la resolución que condena a Marruecos por violación de los derechos humanos y reprimir a los periodistas”, Contramutis, 19/01/2023,  https://contramutis.wordpress.com/2023/01/19/ddhh-el-parlamento-europeo-condena-a-marruecos-con-el-voto-en-contra-del-psoe/ 

– “El PSOE ordena a sus eurodiputados votar contra la condena a Marruecos en el Parlamento para salvar la cumbre”, El Periódico de España, 20/01/2023,  https://www.epe.es/es/politica/20230120/psoe-eurodiputados-votar-condena-marruecos-parlamento-europeo-salvar-cumbre-rabat-81421926

– “Parlamento Europeo pide a Marruecos respeto a la libertad de expresión y prensa”, Por Un Sahara Libre (PUSL), 19/01/2023,  Parlamento Europeo pide a Marruecos respeto a la libertad de expresión y prensa – POR UN SAHARA LIBRE .org – PUSL https://mobile.twitter.com/Alilmrabet/status/1616081284047962113

– “El Parlamento Europeo tira de las orejas a Marruecos por no respetar los derechos humanos”, El Español, 19/01/2023,  https://www.elespanol.com/mundo/20230119/parlamento-europeo-marruecos-no-respetar-derechos-humanos/734676964_0.html

– “El PSOE se alinea con los intereses de Rabat pese a la reprimenda de Europa por el Marruecosgate y los derechos humanos”, Público, 19/01/2023,  https://www.publico.es/internacional/psoe-alinea-intereses-rabat-pese-reprimenda-europa-marruecosgate-y-derechos-humanos.html

– “Otra vergonzosa cesión de Sánchez ante Mohamed VI: los eurodiputados del PSOE votan en contra de investigar los sobornos de Rabat para ocultar las violaciones de derechos humanos”, Hispanidad, 20/01/2023, https://www.hispanidad.com/politica/internacional/nueva-cesion-sanchez-marruecos-eurodiputados-psoe-votan-en-contra-denunciar-posible-participacion-rabat-en-trama-sobornos-ganar-peso-politico-en-instituciones-europeas_12039845_102.html

– “El PSOE vota en contra de una resolución del Parlamento Europeo que denunciaba la vulneración de derechos humanos en Marruecos”, El Liberal, 20/01/2023, https://www.elliberal.com/el-psoe-vota-en-contra-de-un-resolucion-del-parlamento-europeo-que-denunciaba-la-vulneracion-de-derechos-humanos-en-marruecos/

– “Escándalo de corrupción MoroccoGate: El Parlamento Europeo pone fin a la impunidad del régimen marroquí”, SPS RASD Info, 20/01/2023, https://www.spsrasd.info/news/es/articles/2023/01/20/43741.html

– “El PSOE vota en contra de una resolución europea que exige libertad de prensa en Marruecos”, La Marea, 20/01/2023, https://www.lamarea.com/2023/01/20/psoe-vota-contra-resolucion-europea-libertad-de-prensa-en-marruecos/

– “El PSOE se queda solo y rompe la unidad de su grupo en la Eurocámara votando contra una resolución crítica con Marruecos”, 19/01/2023, El Mundo, 19/01/2023, https://www.elmundo.es/espana/2023/01/19/63c95d3321efa0247a8b45a4.html

– “El PSOE ordenó desde Madrid no condenar a Marruecos para blindar la cumbre de Rabat: «A veces toca tragar”, El Mundo, 20/01/2023, https://www.elmundo.es/espana/2023/01/20/63caf69221efa0c82a8b4594.html

Entrevista a Ignacio Cembrero: «Pensaba que el PSOE defendía los derechos humanos. Es una vergüenza su voto en contra sobre Marruecos»>>, El Mundo, 21/01/2023, https://www.elmundo.es/espana/2023/01/21/63caf26cfc6c83f4438b4590.html

Una llamada del ministro de Exteriores marroquí al Gobierno forzó el cambio de voto del PSOE en Estrasburgo por los periodistas acosados”, ABC, 21/01/2023, https://www.abc.es/espana/llamada-ministro-exteriores-marroqui-gobierno-forzo-cambio-20230121032923-nt.html

– “Ignacio Cembrero: «El Gobierno quiere tener la mejor de las relaciones con Marruecos a cualquier precio»”, ABC, 21/01/2023,  https://www.abc.es/espana/ignacio-cembrero-gobierno-quiere-tener-mejor-relaciones-20230121174543-nt.html

– “El PSOE se queda solo en Europa en el rechazo a los abusos de periodistas en Marruecos”, ABC, 20/01/2023, https://www.abc.es/espana/psoe-queda-solo-europa-rechazo-abusos-periodistas-20230119182420-nt.html

[14]La última «traición» de Sánchez al Sáhara a favor de Marruecos levanta ampollas en Alicante”, El Español, 19/01/2023, https://www.elespanol.com/alicante/vivir/20230119/traicion-sanchez-sahara-marruecos-levanta-ampollas-alicante/734676765_0.html

[15]Trumpistas supremacistas en el Sáhara Occidental ocupado por Marruecos”, Rebelión, 15/02/2021 ,https://rebelion.org/trumpistas-supremacistas-en-el-sahara-occidental-ocupado-por-marruecos/

 

27/06/2022

Frontières de mort
Éditorial du quotidien El País sur le massacre de migrants à Melilla

Éditorial, El País, 27/6/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Les accords de l'Espagne avec le Maroc stipulent le respect strict des droits humains des migrants.


Manifestation ce dimanche à Barcelone contre les actions des forces de sécurité marocaines à Melilla. Toni Albir (EFE)

La frontière de Melilla avec le Maroc a été le théâtre d'un épisode ignominieux vendredi. Selon les données officielles fournies par le Maroc, au moins 23 migrants sont morts asphyxiés, écrasés ou des suites de blessures subies lors d'une tentative de franchissement de la clôture frontalière impliquant quelque 1 700 migrants ; 133 d'entre eux ont réussi à franchir la frontière et les autres ont été pris au piège dans une souricière. Les images enregistrées et transmises par les ONG humanitaires travaillant dans la région, dont certaines font état d'un bilan plus lourd, permettent de conclure que certains jeunes hommes ont agonisé sans que personne ne leur vienne en aide ou ne leur fournisse les soins qui auraient peut-être pu leur sauver la vie.

Même si les frontières sont inviolables et que l'obligation des forces de sécurité des deux côtés est d'empêcher les pénétrations massives, nous avons assisté à une violation flagrante et cruelle des droits humains. Un principe minimum d'humanité devrait permettre d'éviter des situations aussi déchirantes que la façon dont des dizaines de personnes ont été piégées dans une avalanche mortelle et la façon dont elles ont été traitées par la suite. Ces êtres humains recroquevillés sur le sol, dans pêle-mêle d’ont ne sait combien de corps blessés ou morts, constituent une scène insoutenable.

C'est l'épisode le plus sanglant et avec le plus grand nombre de victimes parmi tous ceux qui se sont produits de tentatives d’entrer en Espagne par Ceuta ou Melilla. Au moins de ceux qui sont enregistrés. Le précédent, le plus tragique, avec 15 morts, a eu lieu en 2014 dans la zone d'El Tarajal à Ceuta, lorsque des agents de la Garde civile ont tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes sur un groupe de migrants qui tentaient d’entrer dans l’enclave par la mer. Le dossier ouvert pour cette action a récemment été clos, mais la conviction que nombre de ces décès auraient pu être évités ne s'est pas éteinte. Ce qui s'est passé vendredi appelle une enquête supervisée par des organismes internationaux. Il est difficile de gérer un tel afflux massif, une telle avalanche humaine, mais l'action de la police, avec son utilisation de gaz lacrymogènes, ses coups de matraque, ses jets de pierres et la négligence des soins de santé à l'égard des migrants blessés et extrêmement affaiblis après des jours sans nourriture, pourrait avoir exacerbé les conséquences.

Le président Pedro Sánchez s'est empressé vendredi, alors que seuls cinq décès avaient été officiellement signalés, de faire l'éloge des actions des forces de police marocaines, et a eu tort samedi d'insister sur cet éloge, alors que des images avaient déjà été vues qui remettaient en question la manière dont l'opération s'était déroulée et le traitement ultérieur des détenus blessés. Il n'échappe à personne que c'était la première fois - après la crise diplomatique puis l'accord - que le pays voisin avait l'occasion de montrer qu'il respectait son engagement à garder sa frontière et à empêcher l'accès massif aux frontières espagnoles de Ceuta et Melilla. Après un bras de fer tendu avec le Maroc, le gouvernement a réussi à rétablir des relations bilatérales essentielles pour l'Espagne. Mais le gouvernement de Sánchez ne peut ignorer la manière dont l'accord est appliqué lorsque des indices de graves violations des droits humains sont constatées. Les pactes ont un prix, mais certains ne peuvent être payés.

05/06/2021

L'affaire du Sahara occidental

 Sebastián Ruiz-Cabrera, El Salto, avril 2021

Traduit par Rosa Llorens

Une série d’articles d’investigation explorant les causes diverses du maintien de la situation d’exceptionnalité dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Cette série a été rendue possible grâce à l'ONG MUNDUBAT et au financement de la mairie de Madrid.

1-Violer la vie

2-Briser le vent

3-La plante du désert

4-La mer indomptable

 

30/05/2021

Espagne 2050, l’ "invasion" de Ceuta et le délire du "Grand Remplacement" : pas d’avenir sans confrontation avec l’histoire

Pablo Elorduy, El Salto, 22/5/2021

Traduit par Fausto Giudice

Pablo Elorduy (Madrid, 1978) est l'un des fondateurs du média espagnol El Salto, il dirige et coordonne la section consacrée à la politique espagnole. Il a étudié l'histoire de l'art.

Le gouvernement de Pedro Sanchez présente son plan pour la future Espagne 2050 au cours d'une semaine où la mémoire du rôle e l’Espagne en Afrique est réapparue le long des clôtures de Ceuta et Melilla.

La pandémie a provoqué un désir de repli sur l'État-nation. L'opinion publique s'est repliée sur elle-même, en partie par deuil ou par incertitude face à l'avenir. L'extérieur génère des doutes, on est plus à l'abri en compagnie de démons familiers, de ce qui est connu. Mais, ce printemps, les sociétés frappées par le plus grand événement mondial de ce siècle - le coronavirus - se sont réveillées avec la réapparition consécutive de deux fantômes restés dans les placards du 20e  siècle : la situation dans les territoires occupés en Palestine et au Sahara occidental.

Il y a quelque chose de l'ancienne normalité dans les violents spasmes du système à Rabat et à Jérusalem. Mais ils sont aussi un avant-goût des prochains chapitres à venir. Dans le cas du conflit israélo-palestinien, les analystes écrivent qu'une nouvelle étape de mobilisation est en train de s'amorcer, marquée également par l'éloignement progressif d'une partie de l'establishment usaméricain de la doctrine selon laquelle « Israël a le droit de se défendre » par laquelle il justifie l'apartheid, les tirs de missiles et les attaques de drones ainsi que les expulsions de la population palestinienne.

La partie de l'histoire qui nous touche est celle relative au Maroc, au Sahara occidental - la 53e  province - à la décolonisation de l'Afrique et à la gestion des frontières extérieures de l'UE. La doctrine consistant à ne rien faire ne résout aucun problème ; le risque est que ces problèmes reviennent à un moment de volatilité et d'anxiété. C'est ce qui s'est passé cette semaine.

26/05/2021

Qui est Ramdane Ould Messaoud, l’homme à l’origine de la plainte pour “génocide” contre le président sahraoui Brahim Ghali ?

 Ali Lmrabet, 26/5/2021

Découverte. La photo de Ramdane Ould Messaoud. Le président de l'ASSADEH (Association sahraouie de défense des droits de l’homme) qui est à l'origine de la plainte pour « génocide » contre Brahim Ghali (plainte déjà rejetée une 1ère  fois en 2020), est un vieux connu. Le monde est petit.


C'est lui, avec d'autres Sahraouis à la solde de la #DST et de la #DGED [services de renseignement marocains], qui en 2005 avait organisé un sit-in violent à Rabat devant le siège de l'Association marocaine des droits humains, l'AMDH qui est une vraie association de défense des droits de l'homme.

L'un des membres de cette structure fantôme, employé à la wilaya d’El Ayoun,, Ahmed Lekhra (Ahmed La Merde) avait été à l'origine de la plainte diligentée par les services secrets contre moi pour m'interdire l'exercice de la profession de journaliste pendant 10 ans.

Coutumier de déclarations fracassantes, Ramdane avait accusé dans le passé le @Polisario_de « financer Al Qaïda avec l'argent de la drogue ». Ce qu'aucun service secret étranger n'a jamais relevé. Pas le moindre soupçon. Comme pour l'affaire du Hezbollah.

Ce que peu de gens se rappellent ou ne veulent pas se rappeler c'est qu'après ses agitations patriotiques pro-marocaines, Ramdane Ould Messaoud décida un beau jour de fuir le Maroc et de s'installer en Espagne, dont il possède la nationalité.

Depuis l'Espagne, il m'avait appelé pour se solidariser avec moi et me raconter comment les services secrets avaient monté toute l'opération contre l'AMDH et moi en 2005. Il commença alors une très dure campagne de dénigrement contre le Maroc et ses institutions.

En Espagne, il tenta aussi de se rapprocher des positions indépendantistes du Front Polisario qui le rejeta par crainte d'une infiltration de la #DGED. Je me rappelle parfaitement que la presse marocaine l'avait accusé d'être retombé dans le « séparatisme ».

Puis, il se passa une chose étrange. Quelque temps après, Ramdane Ould Messaoud fut agressé par des inconnus dans la rue en Espagne. Il accusa dans un communiqué, non pas le Front Polisario mais plutôt les services secrets marocains. Encore une fois tout est dans la presse.

Après, bizarrement, il rentra discrètement au bercail. Il vit actuellement à El Ayoun. Je connais très bien cet oiseau. Je peux vous assurer d'ores et déjà que sa plainte, qui émane de la DGED, terminera dans la poubelle de l'Audience nationale. Je prends les paris.


 

Le deal Maroc-Israël de Trump comporterait «une clause secrète»
Entretien avec le professeur Carlos Ruiz Miguel


Tarek Hafid, Sputnik News, 25/5/2021 

Professeur de droit constitutionnel, Carlos Ruiz Miguel explique dans un entretien à Sputnik les raisons qui ont poussé le Maroc à provoquer une crise migratoire en Espagne. Selon lui, cette pression contre Madrid serait en partie liée à l’engagement pris par le Maroc auprès des États-Unis et d’Israël d’ouvrir une ambassade à Jérusalem.

En normalisant ses relations avec Israël en contrepartie d’une reconnaissante par Washington de sa souveraineté sur le Sahara occidental, le Maroc aurait-il signé un contrat qu’il est aujourd’hui incapable de remplir? C’est la conviction de Carlos Ruiz Miguel, professeur de droit constitutionnel à l’université de Saint-Jacques-de-Compostelle et directeur du Centre d’étude sur le Sahara occidental (CESO).

Dans cette interview accordée à Sputnik, il estime que l’engagement pris en décembre 2020 par le roi Mohamed VI avec le président américain de l'époque, Donald Trump, et le PM israélien Benjamin Netanyahou comportait une clause secrète prévoyant «l’ouverture d’une ambassade marocaine à Jérusalem». Selon lui, mettre en œuvre cet engagement serait inacceptable pour l’opinion publique du royaume, qui reste très attachée au principe de soutien à la cause du peuple palestinien.

Le professeur Carlos Ruiz Miguel assure que le Maroc craint un revirement des États-Unis et d’Israël, et qu’il s’est donc attelé à utiliser la carte de «l’immigration clandestine pour faire pression sur l’Espagne afin obtenir une reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara occidental». La légitimité de l’Espagne- force administrante de ce territoire situé à l’ouest du Maghreb au regard du droit international, serait une victoire diplomatique réelle pour le Maroc.

Auteur de plusieurs ouvrages sur le droit constitutionnel espagnol et marocain ainsi que «Sahara Occidental. Abrégé juridique, 15 énoncés de base sur le conflit», un ouvrage de référence sur le dossier sahraoui, le professeur explique que le Maroc actionne d’autres leviers, notamment «le trafic de stupéfiants», «le terrorisme» et plus récemment la question de «l’édifice volcanique sous-marin Tropic» pour marquer des points dans le dossier sahraoui.

Situé au large des îles Canaries et des côtes du Sahara occidental, ce volcan sous-marin riche en terres rares est l’objet d’un conflit entre Madrid et Rabat, qui le revendique dans le cadre de la délimitation de ses frontières maritimes.

Sputnik: Le Président sahraoui Brahim Ghali est cité à comparaître devant la justice espagnole le 1er juin dans le cadre d’une plainte pour «torture». Une seconde affaire judiciaire est également en cours dans le cadre d’un dossier de «crime contre l’humanité». Est-ce que ces procédures peuvent aboutir?

Carlos Ruiz Miguel: «D'après mes informations il n'y a pas "une seconde affaire en cours dans le cadre d’un dossier de crime contre l’humanité". Il s'agit seulement d'une affaire qui fait suite à la plainte déposée en décembre 2007.

Il faut lire la plainte pour constater que les accusations contre Brahim Ghali sont faibles. Justement, deux supposées victimes disent que Ghali était un des tortionnaires, comme elles auraient pu citer n'importe quel autre nom. On évoque également le supposé témoignage d'une fillette de 2 ans qui avait vu comment un commandant militaire sous la direction de Ghali avait tué sa mère à Tarfaya (Maroc). Il s'agit tout simplement d'introduire son nom parce qu'il était ministre de la Défense [de la République Arabe Sahraouie Démocratique].»

Sputnik: La crise des migrants de Ceuta doit-elle être perçue comme une agression du Maroc, comme l'affirme le gouvernement espagnol? Dans ce cas, comment Rabat en est-il arrivé à agir en totale impunité pour s’imposer face à l’Espagne?

Carlos Ruiz Miguel: «Il s'agit d'une agression. Il s'agit d'une action délibérée pour faire entrer en Espagne des milliers de personnes pour envahir la cité de Ceuta. Pourquoi Mohamed VI agit-il en toute impunité? C'est sans doute l'effet des actions de lobbying auprès de certains gouvernements, notamment les États-Unis et la France.»

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