Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
La ministre de la diplomatie publique, Galit Distel Atbaryan*, en remet une couche et annonce que “la guerre pour la vérité ne fait que commencer”
Les attaques de la ministre de la diplomatie publique Galit Distel Atbaryan contre la presse internationale “pourraient mettre en danger les reporters en Israë”, a déclaré jeudi l’Association de la presse étrangère en réponse à une vidéo du ministère décriant les “fausses” informations des médias internationaux.
« Le terme "fake" pour décrire la presse est souvent utilisé par des gouvernements peu démocratiques dans le monde entier », a déclaré l’Association de la presse étrangère, qui représente des centaines de correspondants étrangers en Israël, dans un communiqué, affirmant que l’utilisation d’un tel langage « sape les valeurs de la démocratie et d’une presse libre ».
Dans une vidéo publiée sur les comptes Twitter et Youtube du ministère de la diplomatie publique, qui semble avoir été produite en collaboration avec le service de presse du gouvernement, Lital Shemesh, présentatrice du journal télévisé de la chaîne 14, a accusé certains des plus importants journalistes et médias internationaux d’avoir une couverture biaisée et de diffuser délibérément de fausses informations sur Israël.
"Fight the fake : a quick guide in reading the news about Israel"
Distel Atbaryan
avait demandé aux porte-parole des agences de sécurité israéliennes et des
ministères de partager la vidéo de relations publiques, ce qui a suscité des
réactions négatives de la part des fonctionnaires qui travaillent en étroite
collaboration avec la presse.
Les membres de l’unité des porte-parole de Tsahal ont réagi furieusement, avec
des commentaires très critiques dans un groupe WhatsApp utilisé pour coordonner
les messages en cas de crise, écrivant qu’il était inacceptable que des
porte-parole affiliés à des organismes de sécurité ou à des ministères qui
travaillent avec ces mêmes médias et journalistes soient invités à “partir en
guerre contre les médias internationaux”.
Un porte-parole ayant reçu le message de la ministre a déclaré à Haaretz
: « Il est ahurissant que quelqu’un utilise un canal comme celui-ci pour
nous faire dire au monde que Christiane Amanpour est une menteuse et que la BBC
et le New York Times ne font pas de journalisme ».
Dans sa déclaration, l’Association de la presse étrangère s’est dite « profondément
préoccupée par le fait que le GPO [Bureau de presse du gouvernement],
qui facilite notre travail en Israël, joue un rôle dans cette vidéo » et
que, bien que l’organisation accueille favorablement les “critiques équitables”, « les
exemples de titres rectifiés dans la vidéo ne font qu’illustrer l’engagement de
ces médias en faveur d’une couverture équitable ».
Demandant le retrait de la vidéo des médias sociaux, l’organisation a déclaré
qu’elle « serait heureuse de rencontrer la ministre Distel Atbaryan pour
discuter de notre travail ».
En réponse à la demande de l’organisation, Distel Atbaryan en a remis une couche,
déclarant : « la vidéo ne sera pas retirée et ma guerre pour le
déluge de vérité [sic] ne fait que commencer ».
« Israël est un pays démocratique qui sanctifie la liberté d’expression et
d’opinion. Mais en tant que ministre de l’information, je ne laisserai pas la
couverture biaisée qui est faite dans notre arrière-cour exister sans une
réponse appropriée », a-t-elle gazouillé.
Depuis leur retour au pouvoir, les alliés du Premier ministre Benjamin
Netanyahu ont préconisé un certain nombre de mesures visant à faire pression
sur les médias indépendants en Israël.
Au début de l’année, le ministre des communications Shlomo Karhi, qui avait
menacé de mettre fin au financement public de la publicité dans Haaretz,
a annoncé son intention de fermer le radiodiffuseur national Kan - un projet
qui a récemment été suspendu pendant que le gouvernement se concentre sur le
système judiciaire.
Entre-temps, Boaz Bismuth, député du Likoud, qui a travaillé auparavant comme
rédacteur en chef du tabloïd gratuit pro-Netanyahou Israel Hayom, a
déposé un projet de loi visant à interdire la publication d’un enregistrement
contenant des informations “sensibles” ou “personnelles”.
Une telle loi aurait empêché la publication d’un enregistrement récent du
ministre des finances Bezalel Smotrich qualifiant le premier ministre de “menteur
fils de menteur” et aurait, selon les critiques, un effet dissuasif sur la
capacité des médias à s’engager dans le journalisme d’investigation, en
particulier sur les personnes occupant des postes de pouvoir.
Les deux propositions ne font plus l’objet d’une promotion active.
Une vidéo plus ancienne de Mrs. Galit contre une exposition de l’ONU sur la Palestine à New York
NdT
Mme Galit Distel Atbaryan, née en 1971 de parents iraniens, ancienne pilote de l’armée de l’air, vit dans la colonie illégale de Kfar HaOranim près de Modi’in, où elle tenait une boutique de vêtements appelée “Ma sœur”. Membre du Likoud, elle a d’abord été nommée ministre de l’Information dans le gouvernement de coalition formé en décembre 2022, puis est devenue titulaire du nouveau ministère pour la Diplomatie publique, créé en janvier 2023, dont les tâches étaient auparavant assurées par le ministère des Affaires stratégiques. Les médias israéliens se sont demandé durant les premiers mois de son ministère à quoi il allait servir. C’est désormais clair : à faire de la hasbara as usual, de la propagande, en ciblant les grands médias anglophones. Mais, dans ce rôle, la concurrence est acharnée entre les 40 ministres et sous-ministres (un effectif pléthorique pour satisfaire les 6 partis de la coalition) du panier de crabes qu’est le 37ème gouvernement israélien, dans lequel chacun et chacune tire dans les pattes de son voisin ou sa voisine. Mais Galit a de la ressource : elle a expliqué en 2021 sur une chaîné de télévision que “l’autisme, ça n’existe pas” : quand son fils avait 3 ans, a-t-elle raconté, elle lui a tiré les cheveux, l’a enfermé dans une chambre, ne lui donnant ni à boire ni à manger, jusqu’à ce qu’il se décide à parler. Heureusement pour eux, ni les Palestiniens ni les grands médias anglophones ne sont autistes.