Enrico
Campofreda, 17/10/2024
L’auteur est un journaliste et écrivain italien
Traduit
par Fausto Giudice, Tlaxcala
Le puzzle d’horreur
avec lequel les forces de défense israéliennes d’abord, et en cascade à
leur suite divers sites ouèbe et par conséquent les médias en ligne, ont examiné
les dents et les oreilles d’un cadavre excellent (qui n’est pas différent des
milliers qu’Israël a semés le long des 42 kilomètres de la bande de Gaza en une
année de massacres) et découvert qu’il pouvait s’agir du chef militaire du Hamas
Yahya Sinwar, offre à Netanyahou une dose supplémentaire de lymphe vitale. Elle
corrobore son goût macabre pour la tuerie, investi qu’il est du rôle de grand
vengeur, et peu importe si pour frapper un ennemi juré, on entasse des cadavres
plus ou moins mutilés, plus ou moins identifiables.
Peu importe au gouvernement actuel, mais aussi à une bonne partie des concitoyens qui cautionnent une guerre d’extermination comme celle en cours. Peu importe au grand vieillard d’outre-Atlantique qui termine son mandat et n’a rien fait pour arrêter les mises à mort aveugles, non pas celle du monstre Sinwar, mais celles de civils sans défense Cela n’a aucune importance pour la ligne de politique étrangère des USA au Moyen-Orient, qui restera inchangée après les élections de novembre, avec Harris ou Trump dans le bureau ovale. Car Washington a décidé de remodeler la région selon la volonté israélienne, avec Tel Aviv comme pilier de l’alliance interarabe qui passe par Ryad, Le Caire, Abou Dhabi jusqu’aux frontières jordaniennes et après avoir détruit un Liban déjà en ruine.
Tout cela en
préparation de l’assaut contre l’Iran, qui est depuis des semaines dans le
collimateur d’une punition « éducative », même si elle est de taille moyenne,
comme l’a souhaité la Maison Blanche. Mais à côté de la macro-géopolitique
régionale, absolument mouvante, avec des inconnues et des évolutions à
vérifier, prévaut le goût avec lequel Israël prend plaisir à semer la mort. Une
mort généralisée, même lorsqu’il prétend punir ses ennemis par des assassinats
ciblés, sachant qu’il y aura des « dommages collatéraux » de deux et cinq ans -
tout à fait négligeables, alors que lorsque ces années appartiennent à ses
enfants, l’horreur et la réprobation sont totales. Il n’en va pas de même pour
les misérables Palestiniens, qui méritent tous les châtiments.
En tuant Sinwar, Israël pourrait s’estimer
heureux et « victorieux », surtout après avoir éliminé Haniyeh et des dizaines
de personnalités du Mouvement de la résistance islamique Ce ne sera pas
le cas, puisque son choix stratégique est d’anéantir non pas un État
palestinien inexistant, mais son peuple, en le rendant esclave de sa volonté
politique, des plans d’anéantissement méthodique de la guerre, de la
persécution de la communauté et de l’individu. L’abaisser à une communauté
démantelée et humiliée, réduite à vivre au milieu de décombres amoncelées, de
fuites aliénantes, de peurs constantes, de déprédations périodiques... C’est la
volonté de la « seule démocratie du Moyen-Orient » -louée soit-elle - qu’une
partie du monde devrait accepter et ne peut pas accepter Tout comme ce qui
reste du Hamas et les Palestiniens avec lesquels ce groupe est lié par
choix mutuel ne l’acceptent pas.
Ayyash,
Shehadeh, Yassine, Rantissi, Abu Selmeya, Jamila Al-Shanti, Al-Arouri, la
mémoire de ceux que les habitants de Gaza, et pas seulement les miliciens vêtus
de vert, appellent des martyrs est vivante, comme en témoignent, décennie après
décennie, tous les chroniqueurs qui sont passés par ces lieux. Après Haniyeh et
Sinwar, il s’en trouvera d’autres pour stimuler le désir de punition de la part
du Dieu Israël. Assassins et victimes se condamnent réciproquement.
➤ Lire l'interview du général de brigade (ER) Yuval Bitton, le meilleur connaisseur (des dents) de Yahya Sinwar, dont il s'est occupé comme dentiste pénitentiaire...