Il vaut mieux qu’Israël, en ce
moment difficile, regarde en lui-même, enfin, pour voir son propre portrait.
Enfin, la justice ; les tout
premiers signes du début d’une justice tardive, partielle, mais tout de même un
peu de justice.
Il n’y a aucune joie à voir son Premier
ministre et son ministre de la Défense devenir wanted dans le monde
entier, mais il est impossible de ne pas ressentir une certaine satisfaction
face à l’amorce d’une certaine justice.
Dans la complaisance et la
victimisation des Israéliens, dans les interminables débats bien-pensants à la
télévision, dans les cris sur un monde antisémite et l’injustice de l’amalgame
entre Israël et le Hamas, il manque une question fondamentale et fatidique :
Israël a-t-il commis des crimes de guerre à Gaza ? Personne n’ose aborder cette
question essentielle et critique : Y a-t-il eu, oui ou non, des crimes ?
Si des crimes de guerre ont été
commis, des massacres et une famine, comme l’a suggéré le courageux procureur
Karim Khan (à la nomination duquel Israël a participé en coulisses, ayant
trouvé sa prédécesseure Fatou Bensouda suspecte), alors il y a des criminels
qui en sont responsables. Et s’il y a des criminels de guerre, il est du devoir
du monde de les traduire en justice. Ils doivent être déclarés wanted et
arrêtés.
Si le Hamas a commis des crimes de
guerre - et il ne semble pas y avoir d’argument à ce sujet - ses criminels
doivent être traduits en justice. Et si Israël a commis des crimes de guerre -
et il ne semble pas y avoir d’argument à ce sujet dans le monde, sauf dans l’Israël
suicidaire qui se trompe lui-même - les responsables de ces crimes doivent
également être traduits en justice.
Le fait de les regrouper n’implique
pas une symétrie morale ou une équivalence juridique. Même si Israël et le
Hamas étaient accusés séparément, Israël aurait soulevé un tollé contre le
tribunal.
Le seul argument entendu aujourd’hui
en Israël est que le juge est un fils de pute. Le seul moyen suggéré pour
empêcher sa condamnation sévère est de nuire à la Cour pénale internationale de
La Haye.
Convaincre des nations amies de ne
pas respecter ses décisions, imposer des sanctions (!) à ses juges. C’est ainsi
que pense tout criminel, mais un État n’a pas le droit de penser ainsi. Les
deux tribunaux internationaux devant lesquels Israël et les Israéliens sont
jugés méritent le respect de l’État et non son mépris. L’outrage au tribunal de
la part d’Israël ne fera qu’allonger la liste des accusations et des soupçons
qui pèsent sur lui.
Il vaut mieux qu’Israël, en ce
moment difficile, regarde en lui-même, enfin, pour voir son propre portrait.
Mieux vaut qu’il se reproche quelque chose, n’importe quoi, plutôt que de
blâmer le monde entier. Comment en sommes-nous arrivés là, telle devrait être
la question, plutôt que de se demander comment ils en sont arrivés là.
Quand assumerons-nous enfin la
responsabilité de quoi que ce soit, de quelque chose fait en notre nom ? Les
106 députés qui ont signé la pétition contre la CPI et les zéro députés qui ont
signé la pétition inexistante contre les crimes de guerre israéliens sont un
triste reflet du pays : unis contre la justice, unis dans un éternel sentiment
de victimisation, sans droite ni gauche, un chœur céleste. Si Israël est un
jour reconnu coupable de crimes de guerre, il faudra se souvenir que 106
députés ont voté pour blanchir ceux de Benjamin Netanyahou et de Yoav Gallant.
La bande de Gaza est en ruines, ses
habitants sont tués, blessés, orphelins, affamés, démunis, alors que la plupart
d’entre eux étaient innocents. Il s’agit clairement d’un crime de guerre. La
famine est considérée par tout le monde en Israël comme un moyen légitime, qu’on
le soutienne ou le combatte, tout comme les massacres intentionnels. Comment
peut-on affirmer qu’il n’y a pas eu de famine ou de massacre intentionnel ?
Le jour d’après la CPI, Israël doit
se regrouper pour procéder à une introspection nationale, ce qu’il n’a jamais
fait auparavant. Chaque Israélien doit se poser la question suivante : « Comment
en sommes-nous arrivés là ? » Il ne suffit pas de blâmer Netanyahou,
le principal coupable, ni d’étouffer l’affaire avec des arguments évasifs sur
la hasbara, des conseils juridiques erronés et des remarques extrêmes de la
part de responsables israéliens.
Le problème est bien plus profond : depuis 57 ans*,
Israël maintient un régime malfaisant et répréhensible, et aujourd’hui, enfin,
le monde se réveille et commence à agir contre lui. Est-ce que cela sera
également en mesure de réveiller au moins quelques Israéliens de leur sens de
la justice je-m’en-foutiste et scélérat ?
NdT
*En bon Israélien l’auteur fait débuter le parcours criminel d’Israël en 1967.
C’est son choix.
Israël n’est pas la Russie et les sanctions
occidentales auront un impact sur tous les aspects de la vie ici ■ Une enquête de l’Institut d’études de sécurité nationale montre que la confiance du public dans les
déclarations du
porte-parole des FDI est en train de s’éroder.
Carlos Latuff
La demande du procureur général de la Cour pénale
internationale de délivrer un mandat d’arrêt à l’encontre du Premier ministre
et du ministre de la Défense d’Israël, ainsi que de trois dirigeants du Hamas,
place Israël dans une réalité diplomatique à laquelle il n’’a jamais été
confronté auparavant.
À court terme, et pour la première fois, elle met les dirigeants israéliens
face à une véritable menace internationale suite à leur décision de poursuivre
la guerre à Gaza. À long terme, si les mandats d’arrêt sont délivrés, nous
risquons de nous retrouver face à une avalanche diplomatique, avec de possibles
effets considérables sur les relations économiques, scientifiques et
commerciales, ainsi que dans d’autres domaines.
Ces mesures prises à l’encontre d’un pays démocratique [sic] en
pleine guerre sont sans précédent et mettent Benjamin Netanyahou et Yoav
Gallant en danger d’extradition s’ils se rendent dans des pays membres de la
Cour.
Les responsables israéliens ont
critiqué à juste titre [sic]
la décision de mettre dans le même sac Netanyahou, Gallant et Yahya
Sinwar, Mohammed Deif et Ismail Haniyeh, les chefs d’une organisation
terroriste dont les membres ont commencé la guerre par un massacre de civils
israéliens.
Cependant, on peut soupçonner que l’ordre des démarches du procureur
général était inversé. Il a cherché à traduire les dirigeants israéliens en
justice pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Les dirigeants du
Hamas ont été ajoutés à la demande afin de créer une fausse représentation d’équilibre
impartial dans le processus.
Contrairement aux premières prévisions, l’enquête du procureur général,
Karim Khan, ne vise que des hommes politiques. Aucun officier de l’armée n’est
inclus à ce stade. Les allégations se concentrent sur les mesures prises à l’encontre
des habitants de Gaza, principalement la privation
de nourriture des civils comme méthode de guerre.
Cela indique probablement que Khan sait que l’affirmation selon laquelle
les forces de défense israéliennes tuent délibérément de nombreux civils ne
tient pas la route. Il est apparu récemment que des organisations
internationales ont commencé à mettre en doute les données qu’elles ont reçu du
Hamas, qui tentait de faire valoir un taux particulièrement bas de combattants
palestiniens par rapport aux civils parmi les personnes tuées.
La démarche de M. Khan est susceptible d’éclairer la Cour internationale de
justice de La Haye, qui délibère sur une décision appelant à la fin de la
guerre. Le refus de Netanyahou d’accepter cette décision risque de mettre
Israël sur la voie de sanctions internationales, si le Conseil de sécurité des
Nations unies commence à discuter de la question. Israël
n’est ni la Russie ni l’Iran, c’est un pays démocratique qui dépend entièrement de
ses relations avec l’Occident.
Cette situation ne dérange probablement pas les dirigeants d’extrême droite
du gouvernement, mais un danger potentiel est en train de se développer qui
pourrait avoir un impact négatif sur la vie de nombreux citoyens israéliens. On
peut imaginer que Sinwar et Deif sont moins gênés par la perspective de ne pas
pouvoir se rendre en Europe.
Comme beaucoup d’autres incidents dans cette guerre, il semble que ce
développement découle en partie non seulement du deux poids deux mesures de la communauté
internationale à l’égard d’Israël, mais aussi de la conduite insensée des
dirigeants israéliens.
Les accusations de famine sont entendues précisément au moment où Israël
autorise une large distribution de l’aide humanitaire à Gaza et où la situation
s’est améliorée dans de nombreuses régions. Mais au début de la guerre, le
gouvernement a pris des mesures délibérées pour rendre la vie difficile à la
population palestinienne et a coupé toutes les voies d’approvisionnement entre
Israël et la bande de Gaza. C’est ainsi que la crise actuelle a été créée, et
elle a été aggravée par des commentaires extrêmes et étranges de ministres et
de membres de la coalition.
Netanyahou a attaqué l’enquête de M. Khan lundi et a reçu un soutien
relativement large de la part des hommes politiques israéliens, depuis le
président jusqu’aux rangs les plus élevés. Aujourd’hui, un effort tardif est
fait pour enrôler l’administration usaméricaine afin qu’elle menace la CPI.
Ils se tournent vers l’administration et le président mêmes que les
ministres et les députés israéliens ont régulièrement dénigrés. Amir Tibon a
rapporté dans ces pages dimanche que le conseiller usaméricain à la sécurité
nationale, Jake Sullivan, a informé Netanyahou que les USA lui fourniraient
bientôt le texte intégral de l’accord
usaméricano-saoudien en cours d’élaboration, dont une partie porte sur la
normalisation entre Riyad et Jérusalem.
Netanyahou devra décider s’il l’adopte, y compris une déclaration sur le
principe de l’établissement d’un Etat palestinien à l’avenir. Pour l’instant,
il semble que le Premier ministre répondra par la négative, malgré la
dépendance à l’égard des USA sur la scène internationale et la nécessité
croissante de mettre fin à la guerre à Gaza et à la frontière libanaise.
À ce stade, on ne sait pas encore comment la bombe lâchée à La Haye
affectera les bombes qui continuent de tomber sur Rafah. L’opération militaire
est plus importante que ce que l’on dit au public. La 162edivision s’est
emparée de plus de la moitié de la route de Philadelphie, le long de la
frontière égyptienne, et progresse lentement jusqu’à la périphérie de Rafah.
Des combats ont déjà lieu autour de la première ligne de maisons du camp de
réfugiés de Brazil, dans la partie la plus occidentale de la ville. En outre,
les responsables des FDI ont l’impression que l’opposition tranchée des USAméricains
à l’entrée d’Israël à Rafah s’affaiblit.
Cela se produit en partie parce que la principale revendication usaméricaine
contre l’opération n’a pas eu lieu. Quelque 1,4 million de civils palestiniens
s’étaient rassemblés dans la ville et ses environs après que l’armée eut
conquis d’autres régions. Israël a déclaré pouvoir évacuer la plupart d’entre
eux en cinq semaines et les USAméricains
ont estimé que cette promesse était sans fondement. Après deux
semaines, entre 800 000 personnes (selon l’UNRWA) et 1 million (selon l’armée)
ont quitté les lieux, s’installant dans des abris temporaires et surpeuplés.
Au sein de l’establishment de la défense, les avis sur la poursuite de l’opération
sont partagés. Les partisans de la conquête de Rafah estiment qu’Israël doit
vaincre la dernière brigade régionale du Hamas et ses quatre bataillons.
Cependant, même eux admettent que cela ne signifiera pas la défaite du
Hamas, mais nécessitera plutôt la poursuite des combats dans d’autres parties
de Gaza pendant de nombreux mois. Les opposants à l’opération estiment qu’il
faut s’efforcer de parvenir à un accord sur les otages et mettre fin à la
guerre sur les deux fronts, même s’il faut pour cela admettre qu’Israël n’a pas
atteint son objectif et n’a pas complètement démantelé le régime du Hamas.
Les deux parties s’opposent à la solution la plus radicale présentée par Netanyahou
et ses ministres d’extrême droite : la préparation de l’établissement d’une
administration militaire prétendument temporaire à Gaza. Gallant a réitéré son
opposition à cette idée lundi devant un public hostile, la délégation du Likoud
à la Knesset. Il a prévenu que l’armée n’avait pas assez de soldats pour
remplir une telle mission et qu’elle serait obligée d’étendre le service
obligatoire des combattants à quatre ans.
Quiconque connaît l’état
d’esprit des soldats et de leurs parents sait qu’il serait très difficile de mettre en œuvre
une telle mesure. Pour l’instant, Netanyahou adopte la ligne militante, mais il
reste à voir si le danger personnel qu’il court à La Haye aura un impact sur
ses considérations.
Les points d’interrogation se multiplient
L’armée subit de plein fouet les conséquences de cette situation. Plus la
guerre à Gaza s’éternise et tant qu’aucune date n’est fixée pour le retour des
habitants du nord dans leurs foyers, plus l’opinion publique s’interroge sur
les chances d’atteindre les objectifs qu’Israël s’est fixés au départ. Dans le
même temps, l’opinion publique perd également confiance dans l’armée.
L’Institut d’études de sécurité nationale de l’université de Tel-Aviv a
réalisé cette semaine un sondage d’opinion. Les résultats sont assez clairs. La
confiance de l’opinion publique s’effrite, qu’il s’agisse de l’annonce faite
à l’armée ou des décisions prises par le chef d’état-major Herzl Halevi.
Depuis le début de la guerre, l’institut a suivi l’évolution de la
confiance du public dans les rapports du porte-parole des FDI. Le point le plus
bas, ce qui n’est pas surprenant, a été atteint la semaine suivant le début de
la guerre : 66 % des Juifs interrogés faisaient alors confiance au
porte-parole. Ce chiffre a atteint 88 % au plus fort de l’opération terrestre,
à la mi-novembre. Il est tombé à 78 % à la mi-avril. Cette semaine, il a encore
chuté à 68%.
Halevi
devrait également s’inquiéter. Les sondeurs ont demandé si le chef d’état-major
avait le mandat de nommer une nouvelle série de commandants au sein de l’état-major
général, comme cela a été fait au début du mois lorsque cinq nominations de ce
type ont été annoncées. Seuls 26 % des personnes interrogées ont répondu qu’il
disposait d’un tel mandat pour procéder à des nominations en fonction de ses
propres considérations, tandis que 34 % ont répondu « uniquement les
nominations nécessaires » et 23 % ont déclaré qu’il ne disposait pas d’un
tel mandat.
Halevi a décidé de nommer le général de brigade Shlomi Binder à la tête du
renseignement militaire au sein de l’état-major général, en remplacement du
général de division Aharon Haliva, qui prenait sa retraite, mais il a choisi de
procéder à trois autres nominations (et d’en promouvoir une cinquième, Avi
Blut, pour remplacer Yehuda Fuchs à la tête du commandement central).
Une grande partie des critiques à l’encontre de Halevi sont politiques et
visent à lui faire porter l’entière responsabilité des échecs
du 7 octobre, afin de couvrir la responsabilité de Netanyahou.
Cependant, le chef de cabinet devrait prêter attention aux conclusions : le
large soutien du public à son égard, malgré l’horrible massacre, était basé en
grande partie sur l’hypothèse que son mandat était limité dans le temps et qu’il
avait l’intention de prendre sa retraite.
Une longue série de nominations soulève des questions. Il en va de même du
sentiment que la guerre n’atteint pas ses objectifs. Il s’agit là d’un problème
croissant pour l’armée, qui s’ajoute aux difficultés que le Premier ministre et
ses messagers lui imposent.
Hoy presento solicitudes de órdenes de detención
ante la Sala de Cuestiones Preliminares I de la Corte Penal Internacional en la
situación en el Estado de Palestina.
Yahya Sinwar, Mohammed Diab Ibrahim
Al-Masri (Deif), Ismail Haniyeh
Sobre la base de las pruebas recogidas y
examinadas por mi Oficina, tengo motivos razonables para creer que Yahya SINWAR
(Jefe del Movimiento de Resistencia Islámica ("Hamás") en la Franja
de Gaza), Mohammed Diab Ibrahim AL-MASRI, más conocido como DEIF (Comandante en
Jefe del ala militar de Hamás, conocido como Brigadas Al-Qassam), e Ismail
HANIYEH (Jefe del Buró Político de Hamás) son penalmente responsables de los
siguientes crímenes de guerra y crímenes contra la humanidad cometidos en el territorio
de Israel y del Estado de Palestina (en la Franja de Gaza) desde al menos el 7
de octubre de 2023:
·Exterminio como crimen de lesa humanidad,
contrario al artículo 7(1)(b) del Estatuto de Roma;
·Asesinato como crimen de lesa humanidad, contrario
al artículo 7(1)(a), y como crimen de guerra, contrario al artículo 8(2)(c)(i);
·La toma de rehenes como crimen de guerra, en
contra de lo dispuesto en el artículo 8(2)(c)(iii);
·La violación y otros actos de violencia sexual
como crímenes de lesa humanidad, en contra de lo dispuesto en el artículo
7(1)(g), y también como crímenes de guerra, en contra de lo dispuesto en el
artículo 8(2)(e)(vi) en el contexto del cautiverio;
·La tortura como crimen de lesa humanidad,
contrario al artículo 7(1)(f), y también como crimen de guerra, contrario al
artículo 8(2)(c)(i), en el contexto del cautiverio;
·Otros actos inhumanos como crimen de lesa
humanidad, contrario al artículo 7(l)(k), en el contexto del cautiverio;
·Trato cruel como crimen de guerra, contrario al
artículo 8(2)(c)(i), en el contexto del cautiverio; y
·Ultrajes a la dignidad personal como crimen de
guerra, contrario al artículo 8(2)(c)(ii), en el contexto del cautiverio.
Mi Oficina sostiene que los crímenes de guerra
alegados en estas solicitudes se cometieron en el contexto de un conflicto
armado internacional entre Israel y Palestina, y un conflicto armado no
internacional entre Israel y Hamás que se desarrolló en paralelo. Sostenemos
que los crímenes de lesa humanidad imputados formaban parte de un ataque
generalizado y sistemático contra la población civil de Israel por parte de
Hamás y otros grupos armados en aplicación de políticas organizativas. En
nuestra opinión, algunos de estos crímenes continúan en la actualidad.
Mi Oficina sostiene que hay motivos razonables
para creer que SINWAR, DEIF y HANIYEH son penalmente responsables de la muerte
de cientos de civiles israelíes en ataques perpetrados por Hamás (en particular
su brazo militar, las Brigadas al-Qassam) y otros grupos armados el 7 de
octubre de 2023 y de la toma de al menos 245 rehenes. En el marco de nuestras
investigaciones, mi Oficina ha entrevistado a víctimas y supervivientes,
incluidos antiguos rehenes y testigos presenciales de seis lugares principales
de los ataques: Kfar Aza; Holit; la ubicación del Festival de Música Supernova;
Be'eri; Nir Oz; y Nahal Oz. La investigación también se basa en pruebas como
grabaciones de circuito cerrado de televisión, material de audio, fotografía y
vídeo autentificado, declaraciones de miembros de Hamás, incluidos los
presuntos autores antes mencionados, y pruebas periciales.
En opinión de mi Oficina, estas personas planearon
e instigaron la comisión de los crímenes el 7 de octubre de 2023 y, mediante
sus propias acciones, incluidas las visitas personales a los rehenes poco
después de su secuestro, han reconocido su responsabilidad en dichos crímenes.
Sostenemos que estos crímenes no podrían haberse cometido sin sus acciones. Se
les acusa como coautores y como superiores en virtud de los artículos 25 y 28
del Estatuto de Roma.
Durante mi propia visita al kibutz Be'eri y al
kibutz Kfar Aza, así como al lugar donde se celebró el Festival de Música
Supernova en Re'im, vi las devastadoras escenas de estos ataques y el profundo
impacto de los crímenes inconcebibles que se imputan en las solicitudes
presentadas hoy. Hablando con los supervivientes, escuché cómo el amor dentro
de una familia, los lazos más profundos entre un padre y un hijo, fueron
contorsionados para infligir un dolor insondable mediante una crueldad
calculada y una insensibilidad extrema. Estos actos exigen responsabilidades.
Mi Oficina también afirma que existen motivos
razonables para creer que los rehenes secuestrados en Israel han sido
mantenidos en condiciones inhumanas y que algunos han sido objeto de violencia
sexual, incluida la violación, mientras permanecían en cautividad. Hemos
llegado a esa conclusión basándonos en historiales médicos, pruebas
documentales y de vídeo contemporáneas y entrevistas con víctimas y
supervivientes. Mi Oficina también sigue investigando las denuncias de
violencia sexual cometida el 7 de octubre.
Deseo expresar mi gratitud a los supervivientes, y
a las familias de las víctimas de los atentados del 7 de octubre, por su
valentía al presentarse para proporcionar sus relatos a mi Oficina. Seguimos
centrados en profundizar en nuestras investigaciones de todos los delitos
cometidos en el marco de estos atentados y continuaremos trabajando con todos
los socios para garantizar que se hace justicia.
Reitero una vez más mi llamamiento para que se
libere inmediatamente a todos los rehenes secuestrados en Israel y se les
devuelva sanos y salvos a sus familias. Se trata de un requisito fundamental
del derecho internacional humanitario.
Benjamin Netanyahu, Yoav Gallant
Sobre la base de las pruebas recopiladas y
examinadas por mi Oficina, tengo motivos razonables para creer que Benjamin
NETANYAHU, Primer Ministro de Israel, y Yoav GALLANT, Ministro de Defensa de
Israel, son penalmente responsables de los siguientes crímenes de guerra y
crímenes de lesa humanidad cometidos en el territorio del Estado de Palestina
(en la Franja de Gaza) desde al menos el 8 de octubre de 2023:
·Matar de hambre a civiles como método de guerra,
como crimen de guerra contrario al artículo 8(2)(b)(xxv) del Estatuto;
·Causar deliberadamente grandes sufrimientos o
atentar gravemente contra la integridad física o la salud, en contra de lo
dispuesto en el artículo 8(2)(a)(iii), o tratos crueles como crimen de guerra,
en contra de lo dispuesto en el artículo 8(2)(c)(i);
·Homicidio intencional contrario al artículo
8(2)(a)(i), o Asesinato como crimen de guerra contrario al artículo 8(2)(c)(i);
·Dirigir intencionadamente ataques contra una
población civil como crimen de guerra contrario al artículo 8(2)(b)(i), o al
artículo 8(2)(e)(i);
·Exterminio y/o asesinato contrarios a los
artículos 7(1)(b) y 7(1)(a), incluso en el contexto de muertes causadas por
inanición, como crimen de lesa humanidad;
·Persecución como crimen de lesa humanidad
contrario al artículo 7(1)(h);
·Otros actos inhumanos como crímenes de lesa
humanidad contrarios al artículo 7(1)(k).
Mi Oficina sostiene que los crímenes de guerra
alegados en estas solicitudes se cometieron en el contexto de un conflicto
armado internacional entre Israel y Palestina, y un conflicto armado no
internacional entre Israel y Hamás (junto con otros grupos armados palestinos)
que se desarrolló en paralelo. Sostenemos que los crímenes de lesa humanidad
imputados se cometieron como parte de un ataque generalizado y sistemático
contra la población civil palestina en aplicación de una política de Estado. En
nuestra opinión, estos crímenes continúan hasta el día de hoy.
Mi Oficina sostiene que las pruebas que hemos
reunido, incluidas entrevistas con supervivientes y testigos presenciales,
material de vídeo, fotográfico y sonoro autenticado, imágenes por satélite y
declaraciones del grupo de presuntos autores, demuestran que Israel ha privado
de forma intencionada y sistemática a la población civil de todas las zonas de
Gaza de objetos indispensables para la supervivencia humana.
Esto se produjo mediante la imposición de un
asedio total sobre Gaza que supuso el cierre completo de los tres pasos
fronterizos, Rafah, Kerem Shalom y Erez, a partir del 8 de octubre de 2023
durante periodos prolongados y, posteriormente, mediante la restricción
arbitraria de la transferencia de suministros esenciales -incluidos alimentos y
medicinas- a través de los pasos fronterizos tras su reapertura. El asedio
también incluyó el corte de las tuberías de agua transfronterizas de Israel a
Gaza -principal fuente de agua potable de los gazatíes- durante un periodo
prolongado a partir del 9 de octubre de 2023, y el corte y la obstaculización
del suministro de electricidad desde al menos el 8 de octubre de 2023 hasta
hoy. Estos actos se produjeron junto con otros ataques contra civiles,
incluidos los que hacían cola para recibir alimentos; la obstrucción de la
entrega de ayuda por parte de organismos humanitarios; y los ataques y
asesinatos de trabajadores humanitarios, que obligaron a muchos organismos a cesar
o limitar sus operaciones en Gaza.
Mi Oficina sostiene que estos actos se cometieron
como parte de un plan común para utilizar la inanición como método de guerra y
otros actos de violencia contra la población civil de Gaza como medio para (i)
eliminar a Hamás; (ii) garantizar la devolución de los rehenes secuestrados por
Hamás, y (iii) castigar colectivamente a la población civil de Gaza, a la que
percibían como una amenaza para Israel.
Los efectos del uso de la inanición como método de
guerra, junto con otros ataques y castigos colectivos contra la población civil
de Gaza son agudos, visibles y ampliamente conocidos, y han sido confirmados
por múltiples testigos entrevistados por mi Oficina, incluidos médicos locales
e internacionales. Incluyen desnutrición, deshidratación, profundo sufrimiento
y un número creciente de muertes entre la población palestina, incluidos bebés,
otros niños y mujeres.
La hambruna está presente en algunas zonas de Gaza
y es inminente en otras. Como advirtió el Secretario General de la ONU, António
Guterres, hace más de dos meses, “1,1 millones de personas en Gaza se enfrentan
a una hambruna catastrófica -el mayor número de personas jamás registrado- en
cualquier lugar y en cualquier momento” como consecuencia de un “desastre
totalmente provocado por el hombre”. Hoy, mi Fiscalía solicita que se acuse a
dos de los máximos responsables, NETANYAHU y GALLANT, como coautores y como
superiores, en virtud de los artículos 25 y 28 del Estatuto de Roma.
Israel, como todos los Estados, tiene derecho a
tomar medidas para defender a su población. Sin embargo, ese derecho no exime a
Israel ni a ningún Estado de su obligación de cumplir el derecho internacional
humanitario. Independientemente de los objetivos militares que puedan tener,
los medios que Israel eligió para alcanzarlos en Gaza -a saber, causar
intencionadamente la muerte, inanición, grandes sufrimientos y lesiones graves
a la integridad física o la salud de la población civil- son criminales.
Desde el año pasado, en Ramala, en El Cairo, en
Israel y en Rafah, he insistido constantemente en que el derecho internacional
humanitario exige que Israel adopte medidas urgentes para permitir de inmediato
el acceso a la ayuda humanitaria en Gaza a gran escala. He subrayado
específicamente que la inanición como método de guerra y la denegación de ayuda
humanitaria constituyen delitos tipificados en el Estatuto de Roma. No pude ser
más claro.
Como también subrayé repetidamente en mis
declaraciones públicas, quienes no cumplan la ley no deben quejarse después
cuando mi Oficina tome medidas. Ese día ha llegado.
Al presentar estas solicitudes de órdenes de
detención, mi Fiscalía actúa de conformidad con su mandato en virtud del
Estatuto de Roma. El 5 de febrero de 2021, la Sala de Cuestiones Preliminares I
decidió que la Corte puede ejercer su jurisdicción penal en la situación en el
Estado de Palestina y que el ámbito territorial de esta jurisdicción se
extiende a Gaza y Cisjordania, incluida Jerusalén Oriental. Este mandato está
en curso e incluye la escalada de hostilidades y violencia desde el 7 de
octubre de 2023. Mi Oficina también tiene jurisdicción sobre los crímenes
cometidos por nacionales de Estados Partes y por nacionales de Estados no
Partes en el territorio de un Estado Parte.
Las solicitudes presentadas hoy son el resultado
de una investigación independiente e imparcial llevada a cabo por mi Oficina.
Guiada por nuestra obligación de investigar por igual las pruebas
incriminatorias y las eximentes, mi Fiscalía ha trabajado concienzudamente para
separar las afirmaciones de los hechos y presentar con sobriedad a la Sala de
Cuestiones Preliminares conclusiones basadas en pruebas.
Como salvaguardia adicional, también he agradecido
el asesoramiento de un grupo de expertos en derecho internacional, un grupo
imparcial que convoqué para apoyar el examen de las pruebas y el análisis
jurídico en relación con estas solicitudes de órdenes de detención. El grupo
está compuesto por expertos de gran prestigio en derecho internacional
humanitario y derecho penal internacional, entre ellos Sir Adrian Fulford PC,
ex Lord Justice of Appeal y ex juez de la Corte Penal Internacional; la
baronesa Helena Kennedy KC, presidenta del Instituto de Derechos Humanos de la
Asociación Internacional de Abogados; Elizabeth Wilmshurst CMG KC, ex asesora
jurídica adjunta del Ministerio de Asuntos Exteriores y de la Commonwealth del
Reino Unido; Danny Friedman KC; y dos de mis asesores especiales: Amal Clooney
y Su Excelencia el juez Theodor Meron CMG. Este análisis de expertos
independientes ha respaldado y reforzado las solicitudes presentadas hoy por mi
Oficina. También he agradecido las contribuciones de varios de mis otros
Asesores Especiales a esta revisión, en particular Adama Dieng y el Profesor
Kevin Jon Heller.
Hoy subrayamos una vez más que el derecho
internacional y las leyes de los conflictos armados se aplican a todos. Ningún
soldado de infantería, ningún comandante, ningún dirigente civil -nadie- puede
actuar con impunidad. Nada puede justificar que se prive deliberadamente a
seres humanos, entre ellos tantas mujeres y niños, de las necesidades básicas
que requiere la vida. Nada puede justificar la toma de rehenes ni los ataques
contra civiles.
Los jueces independientes de la Corte Penal
Internacional son los únicos que pueden decidir si se cumplen los requisitos
necesarios para dictar órdenes de detención. En caso de que accedan a mis
solicitudes y dicten las órdenes solicitadas, colaboraré estrechamente con el
Secretario en todos los esfuerzos encaminados a detener a las personas
mencionadas. Cuento con todos los Estados Partes en el Estatuto de Roma para
que se tomen estas solicitudes y la subsiguiente decisión judicial con la misma
seriedad que han mostrado en otras situaciones, cumpliendo así sus obligaciones
en virtud del Estatuto. También estoy dispuesto a colaborar con los Estados no
Partes en nuestra búsqueda común de la rendición de cuentas.
Es fundamental en este momento que se permita a mi
Oficina y a todas las partes de la Corte, incluidos sus magistrados
independientes, llevar a cabo su labor con plena independencia e imparcialidad.
Insisto en que deben cesar de inmediato todos los intentos de obstaculizar,
intimidar o influir indebidamente en los funcionarios de este Tribunal. Mi
Fiscalía no dudará en actuar de conformidad con el artículo 70 del Estatuto de
Roma si esa conducta continúa.
Sigo profundamente preocupado por las continuas
denuncias y las nuevas pruebas de crímenes internacionales cometidos en Israel,
Gaza y Cisjordania. Nuestra investigación continúa. Mi Oficina está avanzando
en múltiples líneas de investigación adicionales interconectadas, incluidas las
relativas a informes sobre violencia sexual durante los ataques del 7 de
octubre y en relación con los bombardeos a gran escala que han causado y siguen
causando tantas muertes, lesiones y sufrimiento a civiles en Gaza. Animo a
quienes dispongan de información pertinente a que se pongan en contacto con mi
Oficina y a que envíen información a través de OTP Link.
Mi Oficina no dudará en presentar nuevas
solicitudes de órdenes de detención siempre y cuando consideremos que se ha
alcanzado el umbral de una perspectiva realista de condena. Renuevo mi
llamamiento a todas las partes en el conflicto actual para que cumplan la ley
ahora.
También deseo hacer hincapié en que el principio
de complementariedad, que está en la base del Estatuto de Roma, seguirá siendo
evaluado por mi Fiscalía a medida que adoptemos medidas en relación con los
presuntos crímenes y los presuntos autores antes mencionados y avancemos en
otras líneas de investigación. La complementariedad, sin embargo, exige que
sólo se remita a las autoridades nacionales cuando éstas emprendan procesos
judiciales independientes e imparciales que no protejan a los sospechosos ni
sean una farsa. Requiere investigaciones exhaustivas a todos los niveles que
aborden las políticas y acciones subyacentes a estas solicitudes.
Seamos claros hoy sobre una cuestión fundamental:
si no demostramos nuestra voluntad de aplicar la ley por igual, si se considera
que se aplica de forma selectiva, estaremos creando las condiciones para su
colapso. Al hacerlo, estaremos aflojando los lazos que aún nos mantienen
unidos, las conexiones estabilizadoras entre todas las comunidades e
individuos, la red de seguridad a la que todas las víctimas recurren en
momentos de sufrimiento. Este es el verdadero riesgo al que nos enfrentamos en
este momento.
Ahora, más que
nunca, debemos demostrar colectivamente que el derecho internacional
humanitario, la base fundamental de la conducta humana durante los conflictos,
se aplica a todas las personas y se aplica por igual en todas las situaciones
de las que se ocupan mi Fiscalía y la Corte. Así es como demostraremos, de
forma tangible, que las vidas de todos los seres humanos tienen el mismo valor.