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15/07/2023

GIDEON LEVY
Un soldat israélien a “tiré en l'air”, tuant un Palestinien handicapé

Gideon Levy et Alex Levac (photos), Haretz, 15/7/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Versione italiana: Un soldato israeliano “spara un colpo in aria” e colpisce un palestinese disabile uccidendolo

Mohammed Hasanain était devenu handicapé il y a quatre ans lorsque des soldats israéliens lui ont tiré une balle dans la jambe lors d’une manifestation à Ramallah. Au cours d’une manifestation déclenchée par la récente invasion du camp de réfugiés de Jénine par les forces de défense israéliennes, il a été abattu.


La photo de Mohammed sur une banderole à Ramallah

Un père endeuillé est assis seul dans un appartement neuf et vide d’un quartier aisé de la ville de Ramallah, en Cisjordanie, et se remémore les catastrophes qui l’ont frappé depuis le début de l’année. La voix d’Imad Hasanain, 47 ans, originaire de la bande de Gaza et officier dans les services de renseignement palestiniens, ne laisse transparaître aucune émotion. Cette année a été pour lui « l’année de Job ».

Le 6 février, sa fille Noor Al Houda, âgée de 14 ans à peine, est décédée. Elle avait été complètement paralysée à la suite d’un accident de la route survenu à l’âge de 6 ans et avait été branchée à un respirateur. Au cours des années qui ont suivi, elle a été hospitalisée à l’hôpital de rééducation Reuth à Tel-Aviv et dans plusieurs autres établissements pour enfants en Israël. Son père consacrait la majeure partie de son temps à s’occuper d’elle. Noor Al Houda est décédée chez elle, à Ramallah, des suites de complications respiratoires. Son père nous montre des photos d’elle avant et après l’accident. Trois semaines après la mort de la fille d’Imad, sa grand-mère, Zarifa, 95 ans, est décédée dans le camp de réfugiés de Jabalya, dans la bande de Gaza. Quatre mois plus tard, sa mère, Azaya, est décédée à Jabalya à l’âge de 62 ans. Mais ce n’est pas la dernière perte qu’il a subie.

Imad, affilié au mouvement Fatah, a été coupé de sa famille lorsqu’il a été contraint de fuir Gaza à la suite de la prise de pouvoir du Hamas, et s’est installé à Ramallah. Deux ans plus tard, il a pu faire venir sa femme et ses 11 enfants dans cette ville de Cisjordanie, mais le reste de sa famille élargie est resté dans la prison connue sous le nom de bande de Gaza. Il n’a pas pu assister aux funérailles de sa grand-mère et de sa mère, bien entendu. Il n’a pas foulé son sol natal depuis le 16 février 2007.


La dernière photo de Nour Al Houda

Et puis, la semaine dernière, une quatrième calamité s’est abattue sur Imad - peut-être la plus dure de toutes. Son fils Mohammed, 21 ans, devenu handicapé lorsque des soldats des Forces de défense israéliennes lui ont tiré cinq fois dans la jambe droite en 2019, a de nouveau été abattu par l’armée israélienne - cette fois, mortellement. Il est difficile de croire que le soldat qui lui a ôté la vie n’a pas vu l’état de santé du jeune homme : Mohammed a été tué alors qu’il sautait sur une jambe pour se rendre à sa voiture. Il ne pouvait pas utiliser sa jambe blessée et se déplaçait avec des béquilles ou en sautillant. Aujourd’hui, son père est assis dans le nouvel appartement qu’il a récemment acheté pour sa famille et regarde dans le vide. Un père doublement endeuillé.