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08/08/2022

AVI BAR-ELI
Le seul résultat prévisible de l'opération de Gaza : un budget militaire israélien plus important

 Avi Bar-Eli, Haaretz, 8/8/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

Lorsqu'un système politique instable est confronté à une menace grave pour la sécurité, le résultat immédiat est généralement un chèque en blanc pour l'establishment de la défense.

Des chars israéliens se rassemblent à la frontière de la bande de Gaza le 4 août 2022. Photo : Eliyahu Hershkovitz

Il n'est pas du tout clair que les événements militaires dans la bande de Gaza constituent une "opération". On ne sait pas pourquoi une opération a été annoncée, on ne sait pas quels sont ses objectifs, on ne sait pas qui a lancé la campagne, et le public n'a été informé d'aucun élément déclencheur qui justifierait une guerre.

En outre, aucune préparation inhabituelle n'a été constatée au sein des forces terrestres, il n'y a pas eu d'appel significatif aux réservistes et le message qu'Israël envoie est qu'il recherche le calme, pas l'escalade.

En d'autres termes, il ne s'agit pas d'une nouvelle guerre comme celles de mai 2021 ou de l'été 2014. Et tant que le Hamas reste à l'écart de la flambée sécuritaire du jour à Gaza, cela peut rester un incident limité - le genre qui n'a pas de conséquences budgétaires, le genre que l'armée est censée financer sur son budget ordinaire, même si pour une raison quelconque, elle a qualifié l'incident d'"opération".

Si le Hamas décide de se joindre aux combats, le tableau serait clairement différent. Mais pour l'instant, cette guerre ne semble pas impliquer 100 à 200 interceptions du Dôme de fer par jour ou la dépense de 200 millions de shekels (58 millions €) pour des milliers d'heures de vol, des armements et des paiements aux réservistes.

Dans ce contexte, le système politique a également adopté une position d'attente pour le moment. Le parti travailliste et le Likoud doivent tenir des primaires cette semaine, mais n'ont pas encore annoncé de changement de plan - ils attendent de voir ce qui se passe.

Mais s'il est prématuré de dire quoi que ce soit de précis sur les tactiques militaires ou politiques, peut-on déjà conclure quelque chose sur ce qui s'est passé dans la bande de Gaza depuis vendredi ? L'expérience passée montre que lorsqu'un système politique instable est confronté à une menace aiguë pour la sécurité, le résultat immédiat est généralement un chèque en blanc pour l'establishment de la défense, puisque « nous ne marchandons pas la sécurité ».

En d'autres termes, il n'y a pas de meilleur moment que celui d'aujourd'hui, avec un gouvernement intérimaire - ou avec un premier ministre qui a été élu peu après une opération militaire, comme ce sera le cas pour celui qui sera élu en novembre - pour soumettre des demandes budgétaires liées à la défense. En effet, dans ces circonstances, il n'y a aucune somme d'argent qu'un nouveau premier ministre n'acceptera pas de payer pour se protéger un peu des menaces extérieures jusqu'à ce qu'il parvienne à stabiliser sa situation intérieure.

07/08/2022

GIDEON LEVY
Opération « Aube naissante » contre Gaza : encore et toujours la même politique d'Israël

Gideon Levy, Haaretz, 7/8/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Voilà ce qu'a écrit la présidente du parti travailliste israélien Merav Michaeli, quelques minutes après qu'Israël eut une nouvelle fois lancé un assaut criminel sur la bande de Gaza, un instant avant le meurtre du premier nourrisson palestinien, qui ne sera pas le dernier : « Les résidents d'Israël méritent de vivre en sécurité. Aucun État souverain n'accepterait qu'une organisation terroriste assiège ses résidents. ... Je soutiens les forces de sécurité ».


Benjamin Netanyahou n'avait pas encore réagi, Itamar Ben-Gvir ne s'était pas réveillé, Yoav Gallant n'avait pas encore menacé la tête du serpent, et déjà la lideure de la gauche sioniste s'aligne sur la droite, salue les militaires et soutient une guerre qui n'avait même pas commencé. Cette fois, elle a même fait plus fort que Shimon Peres.

On ne peut pardonner à Michaeli son incroyable manque de sens moral : après quatre jours de bouclage partiel volontaire dans le sud, la lideure de la gauche déclare qu'aucun État n'accepterait un « siège ». Sans sourciller, aucun État. Une membre du gouvernement qui est responsable d'un siège horrible de 16 ans ose être choquée par un bouclage partiel volontaire de 2 minutes. Au lieu de soutenir la retenue momentanée du gouvernement, qui a duré l'éternité de la vie d'un papillon (le temps passe, les élections approchent), le parti travailliste soutient une fois de plus une guerre choisie insensée, comme l'ont fait tous ses prédécesseurs. La gauche sioniste applique une fois de plus le deux poids-deux mesures. Peut-être qu'au moins maintenant, les partisans du centre-gauche vont comprendre : Il n'y a pas de réelle différence entre eux et la droite. Israël ne peut même plus prétendre qu'il n'a pas commencé cette guerre - dont le nom infantile, Operation Breaking Dawn, lui a été donné à la naissance - ou qu'il n'avait pas le choix. Cette fois-ci, ils ont même renoncé aux bruits de bottes préalables et sont allés droit au but : l'arrestation d'un chef du Jihad islamique en Cisjordanie, dont ils savaient à l'avance qu'elle provoquerait une réponse sévère, et l'assassinat d'un commandant dans la bande de Gaza, après lequel ils savaient qu'il n'y avait pas de retour possible, et Israël mène déjà une "guerre défensive", la guerre juste d'un État à qui tout est permis. Le pays pacifique qui ne veut que la sécurité de ses habitants - quel innocent. L'État qui a tout sauf la dissuasion : Il n'y a rien ni personne pour dissuader Israël d'attaquer Gaza.