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30/10/2025

Tucumán, Argentine : la pieuvre sioniste étend ses tentacules dans toutes les directions, de la communauté juive aux institutions de l’État

 Rubén Kotler, 30/10/2025

Rubén Kotler (né en 1974) est un historien argentin, juif antisioniste, spécialiste de l’histoire récente de Tucumán, cofondateur de l’Association d’Histoire Orale de la République argentine et coadministrateur du Réseau latino-américain d’Histoire Orale. Il est aussi coscénariste et responsable de la recherche historique du documentaire El Tucumanazo (sur les révoltes ouvrières et étudiantes de Tucumán). https://www.deigualaigual.net/

L’historien israélien Ilan Pappe définit un lobby comme « l’influence exercée pour modifier la politique gouvernementale d’un pays ou altérer l’opinion publique ». Dans son récent ouvrage[1], il analyse l’histoire du lobby sioniste entre les USA et le Royaume-Uni. La pénétration sioniste en Amérique latine plonge ses racines dans la première moitié du XX siècle ; elle est essentielle au soutien de l’État dIsraël et de ses politiques de génocide, de nettoyage ethnique, dapartheid, de colonialisme, dexpansionnisme, de racisme et d’islamophobie — les colonnes vertébrales sur lesquelles s’édifie cet État juif autoproclamé au détriment du peuple palestinien.
Ce dispositif colonial est soutenu par les communautés judéo-sionistes du monde entier. On le constate aisément, à la loupe, dans des communautés comme celle de Tucumán, en Argentine.
 



La plus petite province d’Argentine abrite une petite mais influente communauté judéo-sioniste, mêlant héritages ashkénaze et séfarade. On y trouve diverses institutions : synagogues, écoles, un club nommé Unidad Sionista, et un cimetière.
L’école principale de la communauté — celle où moi-même j’ai étudié — offre une double scolarité ; sa formation judéo-sioniste constitue un pilier central du soutien à Israël. Les programmes d’enseignement juif, loin de l’orthodoxie religieuse, visent à forger une identité sioniste très marquée. On y célèbre avec un même enthousiasme les fêtes nationales argentines et les fêtes juives, les deux étant enveloppées d’un récit nationaliste comparable à celui enseigné dans les écoles de la colonie israélienne elle-même.
La pénétration sioniste dans le monde juif religieux est telle que, dans certaines communautés réformées, on a ajouté une prière demandant à Dieu de protéger l’armée israélienne.

 

Photos d’une cérémonie scolaire de “patriotisme israélien” à Tucumán
(Archives de l’auteur)

Un système de bourses finance des voyages initiatiques vers l’État juif autoproclamé — comme un pèlerinage à Disneyworld — et toutes les institutions locales entretiennent une identité soudée autour de la défense d’Israël, considéré tantôt comme seconde patrie, tantôt comme refuge eschatologique face à la crainte d’un nouvel « holocauste ».

Les attentats contre l’ambassade d’Israël (1992) et contre l’AMIA (1994) à Buenos Aires ont nourri cette peur. Depuis 1994, les institutions judéo-sionistes argentines maintiennent des murs anti-voitures piégées ; depuis trente ans, la communauté attend son « troisième attentat » comme le Messie.
Le serment des soldats israéliens à Masada, jurant que Sion ne tombera plus, est reproduit dans les écoles judéo-sionistes avec la même ferveur.

La DAIA (Délégation des Associations israélites d’Argentine) est une institution de lobbying prosioniste dont la mission initiale était de protéger les intérêts juifs en Argentine ; elle défend en réalité les intérêts sionistes et propage la confusion entre antisionisme et antisémitisme.


Le kirchnériste José Jorge Alperovich (1955) a été trois fois gouverneur de la province de Tucumán entre 2003 et 2015. En novembre 2019, il a fait l'objet d'une plainte pénale et a été inculpé pour abus sexuels. En 2024, il a été condamné à 16 ans de prison pour abus sexuels et a été déchu à vie de ses droits civiques.

Mais revenons à la pénétration du sionisme dans la province de Tucumán ces dernières années, en tant que soutien d'une cinquième colonne qui justifie et accompagne le génocide. Les différents gouvernements provinciaux depuis 2003 ont maintenu des liens économiques, culturels, politiques et sociaux solides avec Israël. 

L'élection du gouverneur José Alperovich, fils d'une famille judéo-sioniste de Tucumán appartenant à une élite commerciale économiquement puissante, s'est avérée paradigmatique dans un pays dont la religion officielle majoritaire est le catholicisme romain. L'élection d'Alperovich était novatrice, tout comme l'étaient ses alliances avec le sionisme à l'échelle mondiale. Ces alliances existaient déjà avant cette élection, mais elles ont été renforcées par l'inclusion dans le cabinet provincial de membres de la communauté juive locale. Des membres éminents de la communauté ont embrassé le péronisme comme parti où ils ont ancré leur influence politique et ont lié l'État provincial à l'État d'Israël par le biais de divers accords économiques.

Juan Luis Manzur (1969), le fonctionnaire le plus riche de l’administration nationale

Son successeur, le gouverneur Juan Manzur, qui entretenait des liens étroits, voire affectifs, avec une partie de la communauté judéo-sioniste - Chabad Lubavitch-, a poursuivi cette ligne de soumission au sionisme. Manzur a rapidement conclu des accords commerciaux avec Israël dans l'un des domaines où l'enclave coloniale excelle, à savoir la sécurité. Vers la fin de l'année 2018, le gouvernement provincial a acheté 4 000 pistolets semi-automatiques Jericho 9 millimètres avec un cadre en polymère, développés par la société IMI (Israel Military Industries), privatisée en 2018 et intégrée à Elbit Systems. L'accord conclu pour un montant de neuf millions de dollars a permis à la province d'acquérir ces armes et d'autres utilisées notamment dans la répression des Palestiniens en Cisjordanie. L'une de ces armes, utilisée par la police de Tucumán, a tué Luis Espinoza dans le contexte répressif de la pandémie, lorsque la police de Tucumán est intervenue lors d'une réunion sociale le 15 mai 2020, réunion au cours de laquelle Espinoza a été enlevé et a disparu pendant sept jours, jusqu'à ce que son corps sans vie soit retrouvé dans une autre province.

Mais les accords ne s'arrêtent pas là. Deux ans avant la disparition suivie du décès de Luis Espinoza, le 13 août 2018, l'Orchestre symphonique de Jérusalem donnait un concert dans l'un des principaux théâtres de la province, sous l'égide du gouvernement provincial lui-même. Ce que j'ai alors intitulé « Un concert de mitraille » rendait compte de la manière dont on embrassait l'État sioniste à travers un événement culturel qui normalisait l'oppression du peuple palestinien. La normalisation de la structure coloniale par le biais de la culture et du sport sont des caractéristiques distinctives de ce type d'alliances et de cette pénétration à l'échelle mondiale. Je pourrais remonter beaucoup plus loin dans le temps, mais ces faits relatés sur l'influence sioniste suffisent à illustrer mon propos. Surtout dans ce qui a suivi, avec une série d'accords commerciaux et autres, qui n'ont fait que renforcer ces liens avec le lobby sioniste dans la province.

Les péronistes, alliés des sionistes

Aujourd'hui, on évoque le gouvernement d'extrême droite de Javier Milei, allié stratégique du sionisme et partisan du génocide palestinien, mais avec beaucoup d'hypocrisie, une partie des péronistes se taisent ou regardent ailleurs lorsqu'il s'agit des accords entre l'État et l'entité sioniste. Les voyages en Israël des fonctionnaires argentins se répètent d'un gouvernement à l'autre. Au niveau provincial, les accords signés tant par le gouvernement local que par les autorités universitaires se répètent d'une administration à l'autre.

Il faut rappeler que le premier voyage à l’étranger du président péroniste Alberto Fernández, dans les mois qui ont précédé la pandémie, l'a conduit en Israël pour serrer la main du criminel de guerre Netanyahu ; et rappelons que c'est l'un de ses ministres, Wado de Pedro, fils de disparus pendant la dernière dictature civilo-militaire en Argentine, qui a fait venir l'entreprise israélienne Mekorot en Argentine pour contrôler une ressource stratégique comme l'eau. De Pedro ne pouvait ignorer les accusations internationales qui pèsent sur l'entreprise israélienne dans le cadre du régime d'apartheid contre les Palestiniens dans le contrôle des ressources en eau de la Palestine occupée. Ces accords sont aujourd'hui renforcés grâce aux tentatives du gouvernement ultralibéral de Milei de privatiser Agua y Saneamiento Argentino - AYSA. Est-ce Mekorot qui bouffera AYSA ? C'est très probable.

Le 13 octobre 2021, alors que la pandémie de Covid-19 sévissait encore, le ministère provincial de la Santé a signé un accord avec le « Réseau de santé Hadassah » d'Israël. L'accord a été signé par la ministre de la Santé de l'époque, Rossana Chahla, aujourd'hui mairesse de la capitale provinciale, et dont nous parlerons dans le dernier chapitre de cette saga de capitulation de la province face au sionisme. Mais pour en revenir à l'accord de « coopération » avec l'institution israélienne, celui-ci n'a pas été suffisamment diffusé. Selon le site web du ministère provincial de la Santé, « cet accord a pour objectif de partager les connaissances médicales développées à l'hôpital Hadassah Medical Center en Israël afin de donner accès à des formations, des ateliers, des journées médicales animées par des professionnels, ainsi qu'à la coopération et à l'intégration des hôpitaux et des centres de santé de Tucumán au réseau de santé Hadassah, afin que les professionnels puissent bénéficier des connaissances les plus modernes et les plus qualifiées ».

L'objectif est clairement énoncé : partager les informations de la province avec l'entité coloniale israélienne, ce qui est sans précédent dans un domaine aussi sensible que la santé publique. Il est également précisé que la relation entre le gouvernement provincial et le réseau Hadassah remonte à plus de 15 ans, précisément à l'époque du gouvernement Alperovich.

Le milieu universitaire local renforce le discours sioniste

Le discours sioniste a besoin de scribes. La « Hasbara »[1] déploie toute une série de ressources allant du financement des médias de masse à l'inondation des réseaux sociaux par des personnalités qui instaurent un sens commun, entre autres. Comme l'a récemment déclaré le criminel Netanyahou, Israël doit acheter Tik Tok. Mais dans ce schéma où la Hasbara cherche à toucher tous les domaines possibles, le monde universitaire joue un rôle fondamental. Les accords conclus entre les universités publiques argentines et des institutions sionistes ou prosionistes sont remarquables.


Revenons à Tucumán. Le 23 juillet dernier, la faculté de droit de l'université nationale de Tucumán a accueilli une activité de hasbara dans le but clair de renforcer le discours sioniste. Il s'agissait de la présentation du livre d'Ariel Gelblung, « Antisémitisme : définir pour combattre ». Gelblung est directeur du controversé Centre Simon Wiesenthal, partisan du discours sioniste. De plus, l'activité a été soutenue par la DAIA locale et les autorités universitaires et judiciaires de la province, puisque des membres de la Cour suprême de justice de Tucumán, Claudia Sbdar et Daniel Posse, le journaliste du principal quotidien local, La Gaceta, Álvaro José Aurane, et les fonctionnaires du gouvernement provincial Raúl Albarracín et Hugo Navas y ont participé. Il convient de souligner que la présentation des travaux de Gelblung s'inscrivait dans le cadre des activités du diplôme de troisième cycle sur le génocide et les crimes contre l'humanité, dispensé par la faculté de droit elle-même, et dans lequel le génocide contre le peuple palestinien n'est pas mentionné.

Le 25 juillet, une conférence a également été organisée pour les étudiants de la province, au cours de laquelle il a également été fait référence à l'association entre antisémitisme et antisionisme. Dans une interview accordée au journal local, Gelblung a déclaré que « nous vivons actuellement la pire période d'antisémitisme dans le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le conflit au Moyen-Orient, dont nous ne parlons pas ici, a mis en danger les communautés juives qui vivent dans chacune de ces régions. Le fait de ne pas séparer certaines choses et d'avoir laissé tomber certains masques en se rangeant dans certains cas du côté du terrorisme est vraiment dangereux ».

Pour ce propagandiste, « sionisme n'est pas un mot péjoratif. Le sionisme est le mouvement d'autodétermination nationale du peuple juif sur sa terre ancestrale. Et personne ne peut venir dire : « Je suis d'accord avec l'autodétermination de tous les peuples du monde sauf un ». C'est vraiment de la discrimination. On ne peut donc pas dire : « Je ne suis pas antisémite, je suis antisioniste. C'est une erreur ». Pour le directeur du Centre Wiesenthal, comme pour toute la communauté judéo-sioniste, il n'y a pas de génocide en cours à Gaza, contrairement à ce qu'affirment les rapports sur le sujet élaborés par des organismes de défense des droits hiumains d'Israël même, tels que B'Tselem. Ni Gelblung, ni les autorités de l'université ou du pouvoir judiciaire de la province n'ont manifestement lu le rapport intitulé « Notre génocide » et, se faisant l'écho de la définition de l'antisémitisme de l'IHRA, ils assimilent ce terme à l'antisionisme. Rien n'est plus fallacieux que cela. De plus, depuis un certain temps, surtout après le 7 octobre 2023, ils répètent haut et fort que nous assistons à une recrudescence de l'antisémitisme dans le monde entier, augmentation qui n'est pas vérifiée dans les faits. Dire Gaza ou mentionner la Palestine transforme le dénonciateur en antisémite, quel que soit le contexte ou la forme. En Argentine, des députés nationaux ont même été poursuivis pour avoir mentionné le génocide en Palestine, accusés d'antisémitisme, comme cela a été le cas pour la députée du Front de gauche et des travailleurs Vanina Biassi.



Rossana Chahla (1966), mairesse de Tucumán, justicialiste (péroniste/kirchnériste)

Le dernier chapitre de l'alliance entre Tucumán et le sionisme

L'un des derniers chapitres de l'alliance entre Tucumán et le sionisme est à nouveau écrit par Rossana Chahla. Aujourd'hui mairesse de la capitale, San Miguel de Tucumán, elle a signé un accord de coopération en matière de sécurité avec l'agence israélienne Mashav pour la formation du personnel municipal en matière de sécurité. Malgré les protestations de l'organisation « Tucumán por Palestina » (Tucumán pour la Palestine), la municipalité a poursuivi cet accord ignoble. En plein génocide, la mairesse, médecin de profession et d'origine syro-libanaise, renforce ses liens avec le sionisme.

Selon le site web de la municipalité elle-même, « pendant le cours, qui est dispensé en espagnol et se déroule sur le campus de l'Institut à Beit Berl, près de Tel Aviv, des thèmes clés sont abordés, tels que la coordination entre les municipalités et les forces de police, la création de corps de police communautaires, la gestion des urgences, le travail avec les jeunes en situation de risque et la coordination avec les établissements d'enseignement, les organisations communautaires et le secteur privé ». Ce genre d’ accords est signé à travers tout le continent, renforçant ce que le journaliste Antony Loewenstein a appelé « le laboratoire palestinien », pour rendre compte de la manière dont Israël montre au monde « ses avancées technologiques » en matière de sécurité et de guerre grâce au fonctionnement de ses systèmes répressifs sur le peuple palestinien. Il convient de rappeler ici qu'Israël est l'un des principaux États dont l'industrie de l'armement et de la sécurité s'étend à travers le monde entier, négociant même avec des dictatures.


Un fantôme hante Tucumán : celui du génocide

Le groupe Tucumán por Palestina, composé d'un ensemble hétérogène comprenant notamment des Palestiniens, des Juifs antisionistes, des artistes, des militants politiques et syndicaux, des universitaires, dénonce depuis des années le sionisme et expose les crimes commis par l'État d'Israël contre le peuple palestinien. Cela ne leur a pas valu une seule ligne dans le principal quotidien de Tucumán. En revanche, chaque fois que la communauté judéo-sioniste est descendue dans la rue ou a organisé une activité, le média lui a consacré d'importants espaces de diffusion hasbaratique. En général, à quelques exceptions près, les médias locaux ne couvrent pas les activités de dénonciation menées avec une persistance militante dans la capitale. 

Il est clair que la pénétration sioniste dans la province s'étend aux trois pouvoirs de l'État, à la presse locale hégémonique, à différents membres du monde universitaire, entre autres. En tant que fils de cette communauté juive, je réitère mon opposition au sionisme et au génocide. Je fais entendre ma voix chaque fois que je le peux, comme le font mes camarades de Tucumán por Palestina. La pénétration de ce fantôme appelé génocide a des noms et des prénoms dans la province, dont beaucoup sont des descendants de Syro-Libanais, comme la mairesse de la capitale de Tucumán. 

Briser le récit, faire autant de bruit que possible et convaincre les membres des communautés juives du monde entier qu'Israël ne représente pas le judaïsme dans aucune de ses variantes religieuses ou culturelles peut contribuer à affaiblir l'enclave. Le fait de lui retirer le soutien de la communauté, comme le font différentes organisations juives antisionistes ou propalestiniennes, peut contribuer à la chute d'un régime qui, depuis plus d'un siècle, mène la guerre, commet des crimes contre l'humanité, soutient un génocide et un nettoyage ethnique dans la Palestine historique et dans d'autres points tout aussi stratégiques du Moyen-Orient. 

Notes

[1]  Ilan Pappé,  Le lobby sioniste des deux côtés de l'Atlantique, Ethos 2025
[2] Hasbara ou « explication » en hébreu, est l'appareil propagandiste utilisé par Israël pour redorer le blason du régime et instaurer un discours qui présente l'État sioniste comme la seule démocratie du Moyen-Orient, démontre que son armée est la « plus morale du monde » et que toutes les actions militaires contre les pays de la région sont des actions de « défense ».


Tucumán, Argentina: el pulpo sionista extiende sus tentáculos en todas direcciones (desde la comunidad judía hasta las instituciones del Estado)

 Rubén Kotler, 30-10-2025

Rubén Kotler (1974) es un historiador argentino, judío antisionista, especialista en la historia reciente de Tucumán, cofundador de la Asociación de Historia Oral de la República Argentina y coadministrador de la Red Latinoamericana de Historia Oral, coguionista y responsable de la investigación histórica del documental El Tucumanazo (sobre las revueltas obreras y estudiantiles de Tucumán). https://www.deigualaigual.net/

El historiador israelí Ilan Pappe sostiene que un lobby es “la influencia desplegada para cambiar la política gubernamental (de un país) o alterar la opinión pública”.[1] En el libro de reciente aparición analiza la historia del lobby sionista entre USA y el Reino Unido. La penetración sionista en América Latina hunde sus raíces en la primera mitad del Siglo XX y es fundamental en el sostenimiento del Estado de Israel y sus políticas de genocidio, limpieza étnica, apartheid, colonialismo, expansionismo, racismo e islamofobia, como columnas vertebrales sobre las que se edifica el Estado autoproclamado judío en detrimento del pueblo palestino. Todo este andamiaje colonial es sostenido por las comunidades judeo-sionistas en todo el orbe. Es lo que podemos observar cuando, lupa mediante, anclamos nuestra mirada en comunidades como las de Tucumán en Argentina.



La provincia más chica de Argentina alberga una pequeña pero importante comunidad judeo-sionista. En ella cohabitan herencias del mundo tanto ashkenazi como sefardí. Sus instituciones van desde distintas sinagogas, escuelas, un club denominado “Unidad Sionista” y un cementerio. La principal escuela de la comunidad, en la que yo mismo me he formado en mis años del tránsito escolar, mantiene una doble escolaridad y su formación judeo-sionista es pieza clave en el sostenimiento y refuerzo comunitario hacia Israel. Los programas escolares de formación estrictamente judía, lejos de la ortodoxia religiosa, demarcan una tendencia a la generación de una identidad sionista muy profunda. Se celebran con igual énfasis las fechas patrias argentinas como las fechas judías, dotándolas de un relato nacionalista que nada tiene que envidiar a la escolaridad en el mismo enclave colonial de Israel. La penetración sionista en el mundo judío religioso ha sido de tal magnitud que incluso en los oficios religiosos de las comunidades reformistas se ha incluido una oración para pedirle a dios la protección del ejército israelí.

 

Imágenes de un acto escolar “patrio israelí” en Tucumán
(Archivo del autor)

Al mismo tiempo, un sistema de becas para viajes iniciáticos al Estado autoproclamado judío, como si fuera un viaje a Disneyworld, sumado a un férreo sostenimiento identitario compartido por todas las instituciones locales, refuerzan un sentimiento de defensa de Israel como segunda nación, y en algunos casos, como nación imaginada que se convierte en refugio para un futuro apocalíptico que podría repetirse en un segundo holocausto judío. Los atentados a la Embajada de Israel en Buenos Aires en 1992 y a la Asociación Mutual Israelita Argentina (AMIA) en 1994, reforzaron la teoría del posible “holocausto” en Argentina. Desde 1994 las instituciones de la comunidad judeo-sionista sostienen un paredón extramuros para “evitar la explosión de coches bomba”. Desde hace 30 años que la comunidad judeo-sionista de Argentina espera como al mesías el “tercer atentado”.

La promesa que los soldados del ejército más criminal del mundo hacen en la fortaleza de Masada, en la Palestina ocupada, en la que juran y perjuran que Sión no volverá a caer, se replica en las escuelas judeo-sionistas con la misma intensidad.

En Argentina además existe una institución de lobby prosionista nefasta, como lo es la Delegación de Asociaciones Israelitas de Argentina (DAIA), cuyo propósito inicial era el proteger los intereses judíos en Argentina. Nada más lejos de la realidad, la DAIA defiende los intereses sionistas en el país. Es además una de las propulsoras de la equiparación de antisionismo con antisemitismo, como veremos más adelante.


El kirchnerista José Jorge Alperovich (1955) fue tres veces gobernador de la provincia de Tucumán entre 2003 y 2015, En noviembre de 2019 fue denunciado penalmente e imputado por abusos sexuales. En 2024 fue condenado a 16 años de prisión por abuso sexual y fue inhabilitado a ejercer cargos públicos de manera perpetua.

Pero vayamos a la penetración del sionismo en la provincia de Tucumán en los últimos años, como sostén de una quinta columna que justifica y acompaña el genocidio. Los distintos gobiernos provinciales desde 2003 a la fecha, mantuvieron firmes lazos económicos, culturales, políticos y sociales con Israel. La elección del gobernador José Alperovich, hijo de una familia judeo-sionista tucumana como parte de una elite comercial económicamente poderosa, resultó paradigmática en un país cuya religión oficial mayoritaria es el catolicismo romano. Fue novedosa la elección de Alperovich como fueron novedosas sus alianzas con el sionismo a escala global. Alianzas que preexistieron a esta elección pero que se vieron reforzadas con la inclusión en el gabinete provincial de miembros de la comunidad judía local. Destacados miembros comunitarios abrazaron al peronismo como partido donde anclaron sus influencias políticas y vincularon al Estado provincial con el Estado de Israel por medio de distintos acuerdos económicos.


Juan Luis Manzur (1969), el funcionario más rico de la administración nacional

Quién continuó esa línea de sumisión al sionismo fue el gobernador Juan Manzur, de fuertes lazos, incluso afectivos, con una parte de la comunidad judeo-sionista como Jabad Lubavitch. Manzur rápidamente hizo negocios con Israel en una de las ramas que el enclave colonial mejor domina como es el de la seguridad. Hacia finales de 2018 el gobierno de la provincia adquirió 4.000 pistolas semiautomáticas Jerichó 9 milímetros con armazón de polímero desarrolladas por la empresa IMI (Israel Military Industries), privatizada en 2018 e incorporada a Elbit Systems. El acuerdo cerrado por nueve millones de dólares trajo a la provincia estas y otras armas usadas incluso en la persecución a los palestinos en Cisjordania. Una de esas armas usada por la policía tucumana, asesinó a Luis Espinoza en el contexto represivo de la pandemia, cuando la policía tucumana intervino en una reunión social el 15 de mayo de 2020, reunión de la que fue secuestrado, desaparecido Espinoza durante siete días, hasta la aparición de su cuerpo sin vida en otra provincia.

Pero los acuerdos no terminan aquí. Dos años antes de la desaparición seguida de muerte de Luis Espinoza, el 13 de agosto de 2018, la Orquesta Sinfónica de Jerusalén daba un concierto en uno de los principales teatros de la provincia al amparo del propio gobierno provincial. Lo que en su momento titulé como “Un concierto de metrallas”, daba cuenta de la forma de abrazar al Estado sionista a través de un hecho cultural en el que se normalizaba la opresión al pueblo palestino. La normalización de la estructura colonial por medio de la cultura y el deporte son rasgos distintivos de este tipo de alianzas y de esta penetración a escala global. Podría ir mucho más lejos en el tiempo, pero para botones de muestra, estos hechos narrados sobre la influencia sionista, bastan. Sobre todo, en lo que vino después, con una serie de acuerdos comerciales y de otra índole, que no hizo más que fortalecer estos nexos con el lobby sionista en la provincia.

El peronismo como aliado del sionismo

Hoy se menciona al gobierno del ultra derechista Javier Milei en alianza estratégica con el sionismo como sostenedor del genocidio palestino, pero con mucha hipocresía una parte del peronismo calla o mira a otro lado cuando de los acuerdos del Estado con el ente sionista se trata. Los viajes a Israel por parte de funcionarios argentinos se repiten de un gobierno a otro. Desde la provincia los acuerdos firmados tanto por el gobierno local como por las autoridades universitarias se repiten de gestión en gestión.

Recordemos que el primer viaje internacional, en los meses previos a la pandemia, del presidente peronista Alberto Fernández, fue a Israel para estrechar las manos del criminal de guerra Netanyahu; y recordemos que fue uno de sus ministros, Wado de Pedro, hijo de desaparecidos durante la última dictadura cívico-militar en Argentina, quien trajo a la empresa israelí Mekorot a Argentina para el control de un recurso estratégico como el agua. No podía de Pedro desconocer las denuncias internacionales que pesan sobre la empresa de agua israelí en el esquema de apartheid contra los palestinos en el control de los recursos hídricos de la Palestina ocupada. Estos acuerdos hoy se ven profundizados gracias a los intentos del gobierno ultra liberal de Milei de privatizar Agua y Saneamiento Argentino - AYSA.   ¿Será Mekorot quien se quede con AYSA? Es muy probable.

El 13 de octubre de 2021, aún durante la pandemia del Covid 19, el ministerio de salud de la provincia firmó un convenio con la “Red de Salud Hadassah” de Israel La firma fue rubricada por la entonces ministra de Salud, Rossana Chahla, hoy intendenta de la ciudad capital y sobre la que daremos cuenta del último capítulo en esta saga de entreguismo al sionismo por parte de la provincia. Pero volviendo al acuerdo de “cooperación” con la institución israelí, el acuerdo no fue lo suficientemente difundido. Según el sitio del propio ministerio de Salud de la provincia “este convenio tiene como objetivo compartir conocimientos médicos desarrollados en el Hospital Hadassah Medical Center de Israel para brindar acceso a capacitaciones, ateneos, jornadas médicas dictadas por profesionales, además de la cooperación y la incorporación de hospitales y centros de salud de Tucumán a la Red de Salud Hadassah y que los profesionales puedan gozar de los más modernos y calificados conocimientos.” El objetivo se explicita sin rubores: compartir información de la provincia con el ente colonial israelí, algo inédito para un área sensible como es la de salud pública. También se explicita que la relación entre el gobierno de la provincia y la Red Hadassah lleva más de 15 años, desde los tiempos del gobierno de Alperovich justamente.

La academia local fortalece la narrativa sionista

La narrativa sionista necesita de escribas. La “Hasbará”[2] despliega toda una serie de recursos que van desde el financiamiento de medios masivos de comunicación, la inundación de las redes de personajes que instalan sentido común, entre otras. Como lo dijo recientemente el criminal Netanyahu, Israel debe comprar Tik Tok. Pero en este esquema en el que la Hasbará procura llegar a todos los ámbitos posibles, la academia juega un papel fundamental. Los acuerdos de las universidades públicas argentinas con instituciones sionistas o prosionistas son notables.



Volvamos a Tucumán. El 23 de julio de este año la Facultad de Derecho de la Universidad Nacional de Tucumán albergó una actividad de Hasbará con la clara intención de reforzar el relato sionista. La presentación del libro de Ariel Gelblung, “Antisemitismo: Definir para combatir”. Gelblung es director del polémico Centro Simón Wiesenthal, sostenedor de la narrativa sionista. Además la actividad estuvo sostenida por la DAIA local y las autoridades tanto universitarias como del Poder Judicial de la provincia, toda vez que participaron miembros de la Corte Suprema de Justicia de Tucumán, Claudia Sbdar y Daniel Posse, el periodista del principal diario local, La Gaceta, Álvaro José Aurane, y los funcionarios del gobierno provincial Raúl Albarracín y Hugo Navas. Cabe remarcar que la presentación del trabajo de Gelblung se enmarcó en las actividades de la Diplomatura de Posgrado sobre Genocidio y Delitos de Lesa Humanidad, dictada por la propia Facultad de Derecho y en la que no se menciona el genocidio contra el pueblo palestino. El 25 de julio además se concretó una charla para alumnos de la provincia en el que también hubo una bajada de línea en la asociación del antisemitismo con el antisionismo. En una entrevista con el diario local Gelblung afirmó que “estamos en el peor momento de antisemitismo en el mundo después del fin de la Segunda Guerra Mundial. El conflicto en Medio Oriente, del que no nos referimos en este caso, ha puesto en real peligro a las comunidades judías que viven en cada uno de los lugares. La no separación de determinadas cosas y haber permitido que se caigan determinadas caretas poniéndose en algunos lugares del lado del terrorismo es realmente peligroso”.  Para este propagandista “sionismo no es una mala palabra. Sionismo es el movimiento de autodeterminación nacional del pueblo judío en su tierra ancestral. Y alguien no puede venir y sostener: ‘yo estoy de acuerdo con la autodeterminación de todos los pueblos del mundo menos uno’. Eso es realmente una discriminación. Entonces uno no puede decir yo no soy antisemita, soy antisionista. Es una falacia”. 

Para el director del Centro Wiesenthal como para toda la comunidad judeo-sionista en Gaza no se está cometiendo un acto de genocidio, yendo incluso a contramano de los informes sobre el tema elaborados de organismos de DDHH del propio  Israel como B’Tselem. Ni Gelblung, ni las autoridades de la Universidad o del Poder Judicial de la provincia han leído evidentemente el informe titulado “Nuestro Genocidio” y haciéndose eco de la definición de antisemitismo del IHRA, equiparan el término con antisionismo. Nada más falaz que esto. Además, llevan buen tiempo, sobre todo después del 7 de octubre de 2023, repitiendo a viva voz que estamos en presencia de un incremento del antisemitismo en todo el mundo, aumento que no se verifica en los hechos. Decir Gaza o mencionar a Palestina transforma al denunciante en antisemita, sin importar el contexto o las formas. En Argentina fueron procesados incluso diputados nacionales por mencionar el genocidio en Palestina acusándolos de antisemitas como le ocurrió a la diputada del Frente de Izquierda y de los Trabajadores Vanina Biassi.


Rossana Chahla (1966), intendenta (alcaldesa) de Tucumán, justicialista (peronista/kirchnerista)

El último capítulo de la alianza de Tucumán con el sionismo

Uno de los últimos capítulos en la alianza de Tucumán con el sionismo lo vuelve a escribir Rossana Chahla. Hoy intendenta de la ciudad capital, San Miguel de Tucumán, firmó un convenio de cooperación en materia de seguridad con la agencia israelí Mashav para la capacitación en materia de seguridad del personal del municipio. Pese al reclamo de la organización “Tucumán por Palestina”, el municipio siguió adelante con este vil acuerdo. En pleno desarrollo del genocidio, la intendenta, médica de profesión y de origen sirio-libanés, refuerza sus lazos con el sionismo.

Según el sitio del propio municipio, “durante el curso, que se dicta en idioma español y tiene lugar en el campus del Instituto en Beit Berl, cerca de Tel Aviv, se abordan temas clave como la coordinación entre municipios y fuerzas policiales, la creación de cuerpos de policía comunitaria, la gestión de emergencias, el trabajo con jóvenes en situación de riesgo y la articulación con instituciones educativas, organizaciones comunitarias y el sector privado.” Este acuerdo como otros del rubro se firman a lo largo y ancho de todo el continente reforzando lo que el periodista Antony Loewenstein nombró como “El laboratorio palestino”, para dar cuenta la forma en cómo Israel muestra al mundo “sus avances tecnológicos” en materia de seguridad y guerra con el funcionamiento de sus sistemas represivos sobre el pueblo palestino. No está de más recordar aquí que Israel es uno de los principales Estados cuya industria armamentística y en materia de seguridad recorre todo el orbe negociando incluso con dictaduras.


Un fantasma recorre Tucumán, el fantasma del genocidio

La agrupación Tucumán por Palestina, integrada por un heterogéneo grupo que incluye palestinas, judíos antisionistas, artistas, militantes políticos y sindicales, académicos, entre otros, lleva años denunciando al sionismo y exponiendo los crímenes el Estado de Israel contra el pueblo palestino. No les valió ni una sola línea en el principal diario de Tucumán. Por el contrario, cada vez que la comunidad judeo-sionista salió a la calle u organizó una actividad, el medio le dedicó importantes espacios de difusión hasbarática. En general los medios locales, salvo honrosas excepciones, no cubren las actividades de denuncia que con persistencia militante se realizan en la capital. Está claro que la penetración sionista en la provincia abarca a los tres poderes del Estado, a la prensa local hegemónica, a distintos miembros de la academia universitaria, entre otros. 

Desde mi posición de hijo de aquella comunidad judía, vuelvo a reiterar mi oposición al sionismo y al genocidio. Levanto mi voz cada vez que puedo como lo hacen los compañeros y compañeras de Tucumán por Palestina. La penetración de ese fantasma llamado genocidio tiene nombres y apellidos en la provincia, muchos de los cuales son descendientes de sirio-libaneses, como la intendenta de la capital tucumana. Romper el relato, hacer todo el ruido posible y convencer a miembros de las comunidades judías en todo el mundo de que Israel no representa al judaísmo en cualquiera de sus variantes religiosas o culturales, puede contribuir a debilitar el enclave. Quitarle respaldo comunitario como lo están haciendo distintas organizaciones de judíos antisionistas o propalestinos, puede ayudar a la caída de un régimen que lleva más de un siglo haciendo la guerra, cometiendo crímenes de lesa humanidad, sosteniendo un genocidio y una limpieza étnica en la Palestina histórica y en otros puntos igualmente estratégicos de Oriente Medio.

Notas

1 - Pappe, Ilan (2025) El Lobby sionista. Una historia a ambos lados del Atlántico, Edit. Akal

2 - Hasbará o “explicación” en hebreo, es el aparato propagandístico que utiliza Israel para lavar la cara al régimen e instalar una narrativa que, de lugar a mostrar al Estado sionista como la única democracia en Oriente medio, demostrar que su ejército es el “más moral del mundo” y que toda acción bélica contra los países de la región es acción de “defensa”.


10/09/2025

RUBÉN KOTLER
Mes amis et collègues ne sont pas antisémites

Rubén Kotler, 7/9/2025
Traduit par Tlaxcala

Rubén Kotler est un historien argentin, juif antisioniste, spécialiste de l’histoire récente de Tucumán, cofondateur de l’Association d’Histoire Orale de la République Argentine et coadministrateur du Réseau latino-américain d’Histoire Orale, coscénariste et responsable de la recherche historique du documentaire El Tucumanazo (sur les révoltes ouvrières-étudiantes de Tucumán). https://www.deigualaigual.net/

 

Le récit sioniste affirme que quiconque ose remettre en question Israël surfe sur la vague de l’antisémitisme global, déguisé en l’occurrence en antisionisme. Selon le narratif du puissant lobby sioniste, l’étiquette « antisémite » s’applique même à ceux qui défendent le droit à l’existence d’Israël tout en critiquant les actions militaires contre le peuple palestinien.
Je me meus dans un monde qui va du militantisme pur et dur à l’académisme en tous genres. En général, le militantisme de gauche brandit l’étendard de l’antisionisme. De nombreuses organisations politiques et sociales comptent parmi leurs rangs des militants d’origine juive.


Clarisa Lita Alberstein, dirigeante du MST, Front de gauche et des travailleurs – Unité, lors d'un rassemblement de solidarité à Tucumán, 30/8/2025

Dans le vaste monde universitaire, surtout latino-américain, il se passe quelque chose de similaire. Avec une présence institutionnelle plus ou moins forte, les voix critiques proviennent souvent, comme dans mon cas personnel, de professionnels d’origine juive qui, au sein même de l’université, disent : pas en mon nom.

Quand je vois des camarades, des amis et des collègues brandir les drapeaux de la Palestine dans des manifestations, activités, etc., ils ne s’attaquent pas au judaïsme en tant que tel, et lorsque j’écoute attentivement leurs discours, je ne trouve pas la moindre trace d’antisémitisme dans ces déclarations ou positions.

Voir de l’antisémitisme dans toute expression de soutien au peuple palestinien ou de critique de l’État d’Israël finit par banaliser la véritable haine antijuive qui existe aujourd’hui mais qui reste marginale. Ceux qui soutiennent aujourd’hui le sionisme et l’État juif  autoproclamé sont des secteurs de l’ultradroite mondiale, autrefois haineuse des juifs, comme les « Liberfachos » argentins, les Vox espagnols, les partisans d’Orbán en Hongrie, etc., etc..

Quand le cauchemar prendra fin, peut-être que les jeunes générations de juifs, nées au sein de familles judéo-sionistes, se réveilleront et rompront leurs attaches pour dénoncer haut et fort la défense d’un peuple comme le peuple palestinien, qui subit depuis plus d’un siècle persécution, oppression et bombardements.

Bien sûr, nous sommes rejetés par un autre secteur académique d’origine juive qui, malgré tout ce que nous voyons chaque jour, soutient et appuie Israël de manière inconditionnelle. Y compris dans certains milieux progressistes.

En dehors de tout cela, la question qui m’assaille immédiatement est : comment l’establishment judéo-sioniste communautaire définit-il l’antisémitisme, et pourquoi, dans tous les cas, refuse-t-il le débat public avec ceux d’entre nous qui avons une vision diamétralement opposée ? Même au sein des communautés islamiques, syro-libanaises, etc. (le monde arabe, musulman, islamique, etc., est aussi vaste que le monde juif ashkénaze ou séfarade), il existe une multitude de positions autour de la question palestinienne qu’il est impossible de cataloguer comme « antisémites », puisque la défense du peuple palestinien est la défense d’un peuple autochtone sémitique.

Pour être francs, ceux qui soutiennent aujourd’hui Israël pratiquent l’islamophobie la plus débridée et associent tout ce qui est musulman, islamique, arabe, etc., au terrorisme. Un drapeau palestinien, pour les caciques du monde occidental et chrétien, est synonyme d’un drapeau « terroriste ».

Je le répète : si le lobby sioniste, qui aime se présenter sous le masque de victime éternelle, veut débattre, qu’il le fasse. Mais qu’il cesse de parler au nom de l’ensemble des juifs et d’amalgamer termes et concepts pour justifier son adhésion au pire génocide du XXIᵉ siècle auquel nous assistons.

Quand le cauchemar prendra fin, peut-être que les jeunes générations de juifs, nées au sein de familles judéo-sionistes, se réveilleront et rompront leurs attaches pour dénoncer haut et fort la défense d’un peuple comme le peuple palestinien, qui subit depuis plus d’un siècle persécution, oppression et bombardements.

RUBÉN KOTLER
Mis amigos y colegas no son antisemitas

 Rubén Kotler, 7-9-2025

Rubén Kotler es un historiador argentino, judío antisionista (A 30 años de Oslo: cómo dejé de ser sionista; Rubén Kotler: “El judío sionista teme verse reflejado históricamente en el soldado nazi del ‘39”), especialista en historia reciente de Tucumán, cofundador de la Asociación de Historia Oral de la República Argentina y coadministrador de la Red Latinoamericana de Historia Oral, coguionista y responsable de la investigación histórica del documental El Tucumanazo (sobre las revueltas obrero-estudiantiles de Tucumán). https://www.deigualaigual.net/  

El relato sionista indica que todo aquel que ose cuestionar a Israel está subiéndose a la ola del antisemitismo global, disfrazado, en este caso, de antisionismo. Aún en aquellas personas que sostienen el derecho a la existencia de Israel y que cuestionan las acciones bélicas contra el pueblo palestino, les cabe, según el relato del poderoso lobby sionista, el mote de antisemitas.

Yo me muevo en un mundo que va desde la militancia pura y dura hasta el academicismo de toda laya. En general la militancia de izquierda levanta la bandera del antisionismo. Muchas organizaciones políticas y sociales tienen entre sus filas militantes personas de origen judío.

Clarisa Lita Alberstein, dirigente del MST, Frente de Izquierda y de Trabajadores – Unidad, durante un acto de solidaridad en Tucumán, 30-8-2025

En el amplio mundo académico sobre todo latinoamericano pasa algo similar. Con mayor presencia institucional o sin ella, las voces críticas en muchos casos provienen, como en mi caso personal, de profesionales de origen judío que, desde dentro de la academia dicen: en mi nombre no. Claro que somos repudiados por otro sector académico de origen judío que, pese a todo lo que vemos a diario, sostienen y apoyan de modo incondicional a Israel. Aún dentro de las filas de cierto progresismo.

Cuando veo que compañeros, amigos y colegas levantan las banderas de Palestina en actos, actividades, etc., no impugnan al judaísmo como tal y cuando presto mayor atención a sus discursos no encuentro el menor atisbo de antisemitismo entre esas declaraciones o posiciones.

Al margen de todo lo anterior, la pregunta que me asalta inmediatamente es cómo define el establishment comunitario judeo-sionista al antisemitismo y porqué, en todo caso, se niegan al debate público con quienes tenemos una mirada diametralmente opuesta. Aún dentro de las comunidades islámicas, sirio-libanesas, etc (el mundo árabe, musulman, islámico, etc es tan amplio como el mundo judío ashkenazí o sefardí) existen una cantidad de posiciones en torno a la cuestión palestina que es imposible catalogarlas de «antisemitas» siendo que la defensa del pueblo palestino es la defensa de un pueblo originario semita.

Esto de ver antisemitismo en toda expresión de apoyo al pueblo palestino o de impugnación al Estado de Israel, termina banalizando el verdadero odio antijudío que hoy existe pero que es marginal. Quienes hoy apoyan al sionismo y al Estado autoproclamado judío son sectores de la ultraderecha global, otrora odiadora de judíos como los Liberfachos argentinos, los Vox españoles, los seguidores de Orban en Hungría, etc etc. Para ser francos, los que hoy apoyan a Israel practican la islamofobia más rampante y asocia todo lo musulmán, islámico, árabe, etc etc con terrorismo. Una bandera palestina para los carcamanes del mundo occidental y cristiano es sinónimo de una bandera «terrorista».

Vuelvo a insistir, si el lobby sionista que gusta de portar el disfraz de víctimas eternas quiere debatir, que lo haga, pero que deje de hablar en nombre de la totalidad de judíos y deje de mezclar términos y conceptos para justificar su adhesión al peor genocidio del S XXI al que estamos asistiendo. Cuando la pesadilla termine, quizás las jóvenes generaciones de judíos que nacieron en el seno de familias judeo-sionistas, despierten y rompan lazos para denunciar a viva voz la defensa de un pueblo como el Palestino que lleva más de un siglo de persecución, opresión y bombardeos.