La perle du jour

 « Le public n'est plus dupe des mensonges propagandistes qui résonnent dans les médias. Ces lettres ont été écrites par un petit groupe de radicaux, manipulés par des organisations financées par des fonds étrangers dans le seul but de renverser le gouvernement de droite. Ce n'est pas une vague. Ce n'est pas un mouvement. C'est un petit groupe de retraités bruyant, anarchiste et déconnecté, dont la plupart n'ont pas servi [dans l’armée] depuis des années ». C’est ainsi que Netanyahou a réagi aux pétitions qui se succèdent en rafales, émanant de centaines et de milliers de réservistes de l’armée de l’air, du corps médical militaire, de la marine, demandant au gouvernement d’arrêter de bombarder Gaza pour épargner les Israéliens encore captifs [les fameux « otages », qui sont encore une trentaine en vie plus une trentaine à l'état de cadavres]]. Bibi, qui a 75 ans, n’a pas l’intention, quant à lui de devenir un paisible retraité, ni bruyant ni silencieux. Les pilotes signataires de la première pétition seront rayés des cadres de l’armée génocidaire, ce qui est une bonne chose.

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19/11/2021

GIDEON LEVY
Ce que l'armée israélienne fait (ou ne fait pas) aux soldats qui tirent sur des Palestiniens

Gideon Levy et Alex Levac (photos), Haaretz, 18/11/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Dans 18 affaires de fusillade sur lesquelles l'armée israélienne a enquêté, aucun tireur n'a été traduit en justice.

De gauche à droite : Ezedine al-Batash ; Fehmiye Hrub ; Fadi Washaha ; funérailles de Muhammad Khabisa ; le père de Khabisa tient sa petite-fille dans ses bras. Photos : Nasser Nasser / AP, avec l'aimable autorisation de la famille Hrub, ISSAM RIMAWI / Anadolu Agency via AFP, Alex Levac

 

Il y a deux ans, le 11 novembre 2019, Omar Badawi, 22 ans, est sorti de sa maison dans le camp de réfugiés d'Al-Arroub, dans le sud de la Cisjordanie. Il voulait éteindre un petit feu à l'extérieur, qui avait été allumé par un cocktail Molotov que des adolescents avaient lancé sur des soldats qui avaient envahi le camp, et qui avait manqué sa cible. Badawi est sorti avec une serviette, pour éteindre les flammes qui léchaient le mur de sa maison. Ce fut l'erreur de sa vie. Dès qu'il est sorti, des soldats déployés dans une ruelle voisine ont tiré et l'ont tué. Peut-être pensaient-ils que la serviette représentait une menace mortelle ; après tout, ils pensaient que cela justifiait un tir mortel sur un civil innocent. La séquence des événements - la sortie de Badawi de la maison, la serviette, la fusillade - a été filmée par des journalistes présents sur les lieux. C'est un spectacle sinistre, mais sans équivoque dans ce qu'il montre.

Comme le veut la coutume, les Forces de défense israéliennes ont promis de lancer une enquête, à l'issue de laquelle "les conclusions seront transmises à l'avocat général des armées". C'était il y a deux ans. Il y a un an, à l'occasion de l'anniversaire de la fusillade, Haaretz a demandé à l'unité du porte-parole des FDI où en était l'enquête sur la mort de Badawi. Elle n'est pas encore terminée, m'ont-ils répondu. Une autre année a passé, et cette semaine, l'unité du porte-parole des FDI a communiqué les informations suivantes à Haaretz : « L'un des combattants qui assurait la couverture des troupes a repéré un Palestinien dans la ruelle qui tenait un chiffon blanc, que le combattant a identifié comme faisant partie d'un cocktail Molotov qui n'avait pas encore été allumé, et a tiré sur lui. Le Palestinien a succombé à ses blessures. À la suite de l'incident, une enquête de la police militaire a été lancée, et après examen de ses conclusions, il a été constaté que les preuves recueillies ne justifient pas d'engager des poursuites judiciaires ».

Un jeune homme désarmé qui ne met en danger la vie de personne sort de chez lui, un soldat imagine que la serviette qu'il tient servira à fabriquer un cocktail Molotov et décide d'exécuter sur-le-champ l'individu innocent. Rien dans le comportement du bourreau n'a éveillé les soupçons de l'armée quant à la possibilité qu'un délit quelconque ait été commis - ni homicide involontaire, ni même mort par négligence. Tout dans le comportement du soldat était, aux yeux de l'armée, impeccable, standard, peut-être même louable, et la messe était dite. La facilité intolérable avec laquelle la vie d'un Palestinien a été prise ne valait même pas une réprimande aux yeux de cette armée si morale.

Que tous les soldats voient et sachent, afin qu'ils n'hésitent pas à tirer sur des Palestiniens armés de serviettes.