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20/06/2024

ANNA RAJAGOPAL
Pas besoin de “valeurs juives” dans la lutte pour la Palestine

Anna Rajagopal, Mondoweiss, 13/6/2024
Traduit par Layân Benhamed, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

Anna Rajagopal, 24 ans, est une auteure usaméricaine de père blanc chrétien et de mère hindoue, convertie au judaïsme à l’âge de 11 ans et une stratège en médias vivant à Houston, au Texas. Anna a obtenu son diplôme avec distinction en recherche et créations artistiques, ainsi qu’avec mention honorable, de l’université Rice en 2023, où elle a reçu une licence en anglais et écriture créative. Anna est une poétesse et une auteure de non fiction publiée, et son travail a été publié localement, nationalement et internationalement. L’ensemble du travail d’Anna se concentre sur les géographies de l’identité de la communauté colonisées par l’empire et en résistance Anna est une coordinatrice de médias numériques qualifiée avec une expérience dans la gestion de médias pour des publications, des institutions et des marques de célébrités. Elle a fait l’objet de violentes campagnes de dénigrement de la part d’une obscure organisation sioniste la qualifiant, évidemment d’ “antisémite”. @annarajagopal

Les Juifs n’ont pas besoin d’invoquer les “valeurs juives” pour justifier leur travail en faveur de la libération palestinienne. En fait, le faire renforce l’idéologie même que nous cherchons à démanteler.

La lutte populaire juive pour la libération palestinienne est souvent qualifiée par une invocation des « valeurs juives ». « Mes valeurs juives m’obligent à m’opposer au génocide » (ou des variantes) est une phrase populaire utilisée dans des discours, des déclarations et des slogans — donnant un sceau d’approbation juif légitime à ce qui suit.

« Le génocide n’est pas une valeur juive » : Des militants lors d’une manifestation contre le chanteur pro-israélien Matisyahu à Philadelphie, le 22 mars 2024. (Photo : Joe Piette/Flickr)

C’est ce que disent les fondateurs et les représentants d’organisations juives comme If Not Now, Independent Jewish Voices, Na’amod et Jewish Voice for Peace. C’est ce que disent des politiciens comme politicians such as Alexandra Ocasio-Cortez. Ainsi disent des tweets viraux et des vidéos populaires.

Que ce soit intentionnel ou non, ces organisations, individus et sentiments ont un point commun qui les aligne avec les groupes et mouvements sionistes populaires : un appel à la suprématie juive.

Quelles sont exactement les valeurs juives ? Bien sûr, les valeurs juives, comme celles de toute religion, couvrent un large spectre allant du libérateur au répressif. Mais si vous demandiez à Jonathan Greenblatt, directeur de l’Anti-Defamation League, il dirait probablement que cette notion abstraite de « valeurs juives » se résume à la nécessité de défendre la communauté juive en promouvant une politique pro-israélienne face à la montée des mouvements propalestiniens, ou qu’elle se résume à soutenir le sionisme lui-même. Si vous demandiez aux dirigeants militaires israéliens, ils diraient probablement que même l’attaque génocidaire contre Gaza a été guidée par les valeurs juives.

18/06/2024

REEM HAMADAQA
La nuit où Israël a tué ma famille

Dans la nuit du 2 mars, Israël a éliminé quatre générations de ma famille. J'ai à peine survécu au massacre. Il m'incombe désormais de raconter leur histoire.

Reem A. Hamadaqa, Mondoweiss, 13/6/2024
Traduit par Layân Benhamed, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

Reem A. Hamadaqa, 24 ans, est assistante d'enseignement à l'Université islamique de Gaza et traductrice. Elle écrit pour et sur la Palestine. Vous pouvez la suivre sur X @reemhamadaqa et instagram reemhamadaqa

La nuit du 2 mars 2024, Israël a anéanti quatre générations de ma famille en une seule nuit. Une frappe israélienne vers minuit a tué 14 membres de ma famille. Cela a emporté l'essence même de ma vie, mes êtres les plus chers, et m'a marquée comme une survivante.

Reem Hamadaqa, à l'extrême droite, avec ses parents Sahar et Alaa', et ses deux sœurs, Heba, 29 ans, et Ola, 19 ans. Ces quatre membres de la famille de Reem sont tombés en martyrs avec 10 autres membres de la famille lors d'une attaque israélienne le 2 mars dans le sud de la bande de Gaza.

« Allez vers le sud, sinon nous ferons tomber cette école sur votre tête », ont prévenu les soldats israéliens lorsque nous avons décidé de quitter notre maison dans le nord de Gaza. À ce moment-là, ma famille avait déjà survécu à 40 jours de bombardements, accueillant souvent des dizaines de personnes déplacées chez nous. Après ce message, nous n'avions pas d'autre choix que de fuir.

Notre premier arrêt fut une école voisine de l'UNRWA. C'était notre première tentative pour trouver un semblant de “sécurité”. Nous avons marché pendant plus de six heures sous un soleil brûlant pour atteindre le sud, où, en fin de compte, ma famille a été tuée dans une zone soi-disant “sûre” où l'occupation israélienne nous avait dit d’aller.

Nous avons survécu près de 100 jours chez mon oncle maternel à Khan Younès. Ce n'était pas le meilleur endroit pour trouver de la nourriture ou de l'eau, mais on nous avait assuré que c'était sûr. Sa maison se trouvait dans le bloc 89, désigné par l'occupation comme un bloc “vert”. C'est pourquoi nous sommes restés sur place et n'avons pas fui. Mais nous étions déjà déplacés.

La maison était remplie d'une douzaine de femmes et d'enfants lorsque, le 2 mars, les bombardements intensifs ont commencé vers 22h30.

Environ une heure plus tard, j'ai échangé un dernier regard avec mes parents, mes sœurs, mes cousins, ma grand-mère, et sans le savoir à l'époque, avec toute ma vie. J'ai lu le troisième chapitre d'un roman, j'ai discuté avec mes parents, nous avons appelé ma sœur qui était déplacée à Rafah dans une tente. J'ai taquiné ma sœur cadette. Je me suis endormie, fermant involontairement le dernier chapitre de ma vie.

J’ai été réveillée par des bombardements massifs, des explosions en chaîne qui semblaient interminables.

Terrifiée, je me suis réveillée en hurlant. Mon père et ma mère étaient près de la porte. Heba, ma sœur aînée, était à mes côtés. Nous avons crié. Par la fenêtre, tout ce que je pouvais voir devant la maison était en feu. Ces scènes résonnaient avec l'état de nos cœurs.

« Papa ! N’ouvre pas la porte ! » avons-nous crié. En quelques secondes, la maison était sur nous. J'ai senti les murs et le plafond s'effondrer, la pièce explosait autour de moi. J'ai vu le dos de papa et maman, et j'ai senti Heba à mes côtés, criant. J'ai vu Ola, endormie, insensible à l'explosion massive.

Je me suis réveillée sous les décombres.

C’était la pleine lune. Il faisait si sombre qu’il étaitprobablement minuit, et il faisait si froid. L'hiver ne nous avait pas encore quittés. J'étais seule, coincée sous les décombres, incapable de bouger.

Même après avoir lu des histoires sur la sensation d'être piégé sous les décombres, cela n'avait rien à voir avec ce que j'avais imaginé. Je ne savais pas combien de temps j'étais restée inconsciente. Quand je me suis réveillée, j'ai cru que c'était un rêve, un cauchemar. La douleur était insupportable.

J'ai crié de toutes mes forces, cherchant je ne sais quoi. J'ai retiré les pierres qui pesaient sur mes mains, ma poitrine, mon ventre. Elles étaient lourdes, mais ma respiration l'était encore plus. J'ai attendu l’inconnu.

J'ai entendu mon oncle crier, appelant ses fils, et j'ai entendu un homme fuyant devant les chars appeler mon oncle, venant de derrière. J'étais incapable de dégager mes jambes des décombres. Près d'une heure plus tard, mon frère et mon cousin, qui vivaient dans la maison en face, m'ont trouvé. Miraculeusement, Ahmad m'a sauvé. Il a soulevé des tonnes de pierres qui m'écrasaient.

Au lieu d'ambulances, des tanks

Ahmad m'a soulevée et m'a portée sur son dos en courant. Chaque pas qu'il faisait brisait mon âme de douleur. Il m'a emmené chez lui, à quelques mètres de là. Cette maison aussi avait été touchée. Des éclats de verre et des meubles jonchaient le sol, coupant quiconque entrait. Ahmad m'y a déposée.

15/06/2024

GIDEON LEVY
Israël figure sur la liste noire de l’ONU des pays qui portent atteinte aux enfants, et à juste titre

Gideon Levy, Haaretz, 9/6/2024
Traduit par Layân Benhamed, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

Somalie, Syrie, Myanmar, Boko Haram – et Israël. Ensemble, et pas par hasard. La décision du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, d’ajouter Israël à la liste noire des pays qui portent atteinte aux enfants a insulté et choqué Israël.
Nous et la Syrie dans le même sac ?

Une enfant palestinienne est assise sur des décombres, dans la bande de Gaza, en juin. Photo Mohammed Salem/Reuters

Oui, nous et la Syrie. En Israël, tout le monde s’est lancé dans l’attaque, mais personne n’a demandé : qu’avons-nous pensé pendant que l’armée tuait des milliers d’enfants ? Que le monde resterait silencieux ? Que l’ONU ferait preuve de retenue ? Son rôle est de lancer des cris et c’est ce qu’elle a fait ce week-end .

Lorsqu’il s’agit de massacres d’enfants, toutes les excuses s’envolent, même celles avancées par Israël. Gilad Erdan peut continuer ses numéros grotesques à l’ONU : il a publié hier un enregistrement vidéo de sa conversation avec le secrétaire général, un acte sans précédent en termes de code de conduite diplomatique, le tout destiné aux oreilles du Comité central du Likoud, en prévision de son prochain poste.

Benjamin Netanyahu peut continuer à affirmer que « l’ONU s’est inscrite sur la liste noire de l’histoire ». L’ONU ? Combien d’enfants a-t-elle tué ? L’ armée israélienne en a tué 15 517, selon le ministère de la Santé de Gaza. Quelque 8 000 de ces décès ont été vérifiés par l’ONU. Beaucoup sont encore portés disparus.

13/06/2024

DAHLIA SCHEINDLIN
Une véritable opposition va-t-elle se lever ? Y aura-t-il quelqu’un pour essayer de sauver* Israël de Netanyahou, de la guerre sans fin et de l’isolement ?

 Dahlia Scheindlin, Haaretz, 10/6/2024
Traduit par Layân Benhamed, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le départ sans surprise de Benny Gantz du gouvernement Netanyahou ne renforcera pas l’opposition, car Israël en possède à peine une digne de ce nom. C’est une mauvaise nouvelle pour qui veut mettre fin à la guerre à Gaza et au conflit israélo-palestinien


L’ancien ministre israélien Benny Gantz après avoir annoncé sa décision de quitter le cabinet de guerre du Premier ministre Benjamin Netanyahou, dimanche à Ramat Gan. Photo : Nir Elias/Reuters

Benny Gantz a fait les dernières unes politiques en Israël en annonçant dimanche soir son départ de la coalition d’urgence de guerre, sans surprendre personne.

Le pays est encore sous le choc – cette fois de bonheur – après le sauvetage de quatre otages de Gaza samedi. Les médias israéliens sont occupés à rendre compte du sauvetage triomphal tout en se contorsionnant pour éviter de mentionner que les forces israéliennes ont tué des centaines de Palestiniens lors du raid , dont de nombreux civils. Lundi, l’actualité s’est déplacée vers le projet de loi sur le service militaire pour les Haredim [orthodoxes religieux] et Gantz est devenu un thème de une parmi d’autres,  , distrayant Israël des plus grands dilemmes d’aujourd’hui et de demain.

Gantz voulait rendre les élections inévitables, surtout avant le vote clé sur le projet Haredi de lundi. Il a tenté de déclencher une dynamique politique en appelant le ministre de la Défense Yoav Gallant à se joindre à lui et à se rebeller contre le Premier ministre Netanyahou au sein du Likoud, car le départ de Gantz ne peut à lui seul provoquer des élections anticipées.

Mais même si les factions se rapprochent, cela aura-t-il une quelconque importance ? Si Gantz est l’espoir, il n’y a pas de véritable opposition en Israël aujourd’hui : pas de compétition sur les idées ou les voies pour l’avenir, ni sur les principes du type de pays qu’Israël devrait être.

Gantz s’est présenté lors de cinq scrutins, mais n’a réussi à rien promettre concernant le plus grand problème du pays : l’occupation [des territoires palestiniens depuis 1967] et le conflit israélo-palestinien. Honte à quiconque estime que cela aurait été une erreur stratégique de la part de Gantz de clarifier ses positions au cours de ses cinq années dans la politique israélienne. Personne n’aurait dû avoir besoin de la guerre actuelle pour savoir à quel point c’était une erreur mortelle et impardonnable de « gérer le conflit » et de mettre la question de côté pendant toutes ces années.


Morad Kotkot, Palestine, 2022

Quel est aujourd’hui l’attrait électoral de Gantz auprès du public ? Dimanche, il a déclaré qu’il quittait le gouvernement parce que Netanyahou a donné la priorité à sa survie politique avant le bien du pays et n’a donc pas réussi à prendre les bonnes décisions – ou aucune des décisions fondamentales – en conséquence.

12/06/2024

ALLISON KAPLAN SOMMER
Ces Israéliens qui se mettent le doigt dans l’œil en se réjouissant de la montée de l’extrême droite “pro-israélienne” en Europe

Allison Kaplan Sommer, Haaretz, 10/6/2024
Traduit par Layân Benhamed, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

Les Israéliens feraient bien d’d’écouter des personnalités comme le chef de la Conférence des rabbins européens, le rabbin Pinchas Goldschmidt, qui a écrit à la veille des élections européennes qu’il n’y avait « pas de bons choix » pour les Juifs européens.


Israel Katz, janvier 2023. Photo Olivier Fitoussi

Dans des circonstances normales, les dirigeants et experts israéliens montreraient au moins une certaine détresse en apprenant que les partis d’extrême droite liés au passé nazi et fasciste et aux scandales d’antisémitisme actuels ont dominé les élections au Parlement européen.

Mais, comme pour bien d’autres choses, la guerre contre le Hamas à Gaza et la condamnation mondiale d’Israël ont modifié ce calcul. Après les récentes annonces de l’Espagne, de l’Irlande, de la Norvège et de la Slovénie selon lesquelles elles reconnaîtraient officiellement un État palestinien, la victoire de la droite en Europe a plutôt suscité l’optimisme quant au ralentissement, voire à l’arrêt de la tendance.

Le chef du bureau européen de la chaîne de télévision la mieux notée d’Israël, Elad Simchayoff, a célébré sur X la démission du Premier ministre belge Alexander De Croo , qui avait sévèrement critiqué Israël au cours de la guerre. Les responsables du ministère israélien des Affaires étrangères avaient craint que De Croo ne soit sur le point d’amener la Belgique à suivre les traces des autres pays et à reconnaître un État palestinien.

 Simchayoff a tweeté une vidéo de l’annonce en larmes de De Croo, commentant joyeusement : « Au revoir et prenez soin de vous. Nous nous souviendrons toujours de votre manque de clarté morale et de tact, en voyageant jusqu’en Égypte pour prononcer un discours au passage de Rafah quelques instants avant le passage du premier groupe defemmes et d’ enfants otages de retour en Israël. »

En effet, le 24 novembre, De Croo se trouvait à Rafah avant qu’un accord n’aboutisse à la libération de 13 otages du Hamas. Alors que le Premier ministre belge a salué cette libération et appelé à la libération de davantage d’otages, il a réservé des propos durs à l’égard d’Israël , dénonçant la « violence des colons », la violation du droit humanitaire international, le « meurtre de personnes innocentes » et appelant à un « cessez-le-feu permanent ».

Le ministre de la Diaspora, Amichai Chikli, s’est lui aussi moqué des larmes de De Croo, affirmant :« soutenir le terrorisme ne trouve pas un écho auprès du peuple belge ».


Le Premier ministre belge @alexanderdecroo a pleuré hier lorsque son parti a été vaincu. Apparemment, soutenir le terrorisme ne trouve pas un écho auprès du peuple belge.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, censé être le plus haut diplomate du pays, a publié un tweet extrêmement peu diplomatique en anglais et en espagnol, qui présentait un mème des principaux dirigeants espagnols avec des œufs crus et dégoulinants écrasés sur la tête, célébrant le fait que la reconnaissance de l’État palestinien ait été « punies» par les électeurs.

« Le peuple espagnol a puni la coalition @sanchezcastejon et @Yolanda_Diaz_ par une défaite retentissante aux élections. Il s’avère que soutenir les meurtriers et les violeurs du Hamas n’est pas payant », a écrit Katz.

Un satiriste israélien, Matan Blumenblat, a souligné dans un article sur X l’ironie du fait que la position d’Israël et de l’Europe est si lamentable que des Israéliens sont maintenant reconnaissants que « les nazis soient de retour au pouvoir ».

 Il y a des raisons pratiques à l’oscillation du pendule. Comme l’a noté le correspondant diplomatique de Haaretz, Amir Tibon, les responsables israéliens croisent les doigts pour que les résultats des élections améliorent les chances de voir les propositions anti-israéliennes rejetées par l’UE et créent plus d’obstacles aux mesures propalestiniennes que les partis de gauche ont cherché à promouvoir après le déclenchement de la guerre.

Même si cela est compréhensible, il est inconvenant pour un État juif de se réjouir de la montée de personnalités d’extrême droite et xénophobes comme la française Marine Le Pen, le néerlandais Geert Wilders et les représentants d’Alternative pour l’Allemagne, le parti d’extrême droite avec un passé néo-nazi qui a obtenu 16 pour cent des voix aux élections européennes en Allemagne, ce qui en fait le deuxième parti allemand au parlement.

Parmi les autres vainqueurs d’extrême droite : le politicien Grzegorz Braun, le député polonais qui avait utilisé en décembre dernier un extincteur pour éteindre une bougie sur une menorah allumée pour Hanoukka dans l'enceinte du Parlement polonais, expliquant que  son geste visait à « restaurer la normalité et l’harmonie en mettant fin à l’acte de victoire de Satan, du Talmud et du sectarisme » . [voir vidéo]

Les Européens juifs sont beaucoup plus circonspects quant aux résultats, comme ils l’ont été lors des élections. Les Israéliens feraient bien d’écouter des personnalités comme le rabbin Pinchas Goldschmidt, chef de la Conférence des rabbins européens, qui a écrit à la veille des élections qu’il n’il n’y avait « pas de bons choix » pour les Juifs européens.

« Nous craignons pour l’avenir de l’Europe et pour la place que nous y occupons en tant que minorité, quelle que soit la manière dont nous votons et quel que soit le vainqueur », a-t-il écrit.

Une fois les résultats connus, les dirigeants israéliens devraient envisager de faire de même.

 

10/06/2024

Gomme arabique sanglante : Comment le soda, le chocolat et le chewing-gum financent la guerre au Soudan

Alexandra Wexler à Johannesburg et Nicholas Bariyo à Kampala, Ouganda, The Wall Street Journal, 23/5/2024
Traduit par
Layân Benhamed, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

 Une milice puissante et l’armée du pays profitent toutes deux du commerce de la gomme arabique, un ingrédient courant.

Environ 80 % de la gomme arabique mondiale est récoltée sur les acacias du Soudan. Photo MOHAMED NURELDIN ABDALLAH/REUTERS

Une fois par semaine, Mohamed Jaber emprunte une route cahoteuse jusqu’à la ville soudanaise d’El Obeid, l’arrière de son camion chargé de sacs remplis de morceaux ambrés de gomme arabique, un ingrédient peu connu mais présent dans le chocolat, le soda, le chewing-gum et d’autres produits de consommation.

Vers la fin de son trajet de 50 miles (80 km), Jaber déclare payer environ 330 $ aux combattants des Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire accusé par le gouvernement usaméricain de nettoyage ethnique et de crimes contre l’humanité dans la guerre civile soudanaise qui dure depuis un an. Les FSR ont assiégé El Obeid depuis juin et contrôlent trois des quatre principales routes d’accès à la ville, qui est l’un des principaux centres agricoles du Soudan et est tenue par l’armée du pays.

« Se déplacer en convois est le seul moyen de rester en sécurité, mais ça coûte très cher », dit Jaber. « Tout le monde doit payer » .

09/06/2024

GARY FIELDS
1984, c’est maintenant : la novlangue et le déni du génocide

Gary Fields, Jadaliyya, 30/4/2024
Traduit par
Layân Benhamed, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

Fin mars, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a publié le rapport de Francesca Albanese confirmant ce que les chercheurs en génocide, les reporters sur le terrain à Gaza et les États-nations à la Cour internationale de justice ont soutenu pendant des mois à propos de la guerre d’Israël contre l’enclave : l’assaut d’Israël contre le peuple de Gaza a atteint le seuil du génocide. Intitulé « Anatomie d’un génocide », le rapport décrit à grands traits et avec des détails graphiques ce qui est apparu comme l’offensive militaire la plus destructrice menée contre un territoire et son peuple depuis la Seconde Guerre mondiale. Cet assaut israélien a entraîné la mort de plus de 34 000 Gazaouis, dont plus de 14 000 enfants ; la destruction d’hôpitaux, d’écoles et de toutes les universités de Gaza ; l’arasementde 75 % du parc de logements et des infrastructures civiles de Gaza, y compris les usines de dessalement d’eau et les centrales électriques ; la destruction de sources de production alimentaire telles que des boulangeries et des fermes ; et l’anéantissement de symboles culturels, notamment des mosquées et des églises. 


Antonio Rodríguez, Mexique

En parallèle à ce carnage, comme le note le rapport, l’État d’Israël s’est engagé dans un effort délibéré pour éradiquer la population de Gaza en empêchant les produits de première nécessité – nourriture, eau, carburant et médicaments – d’entrer sur le territoire et a même tué des centaines de travailleurs humanitaires essayant de livrer des cargaisons d’urgence au peuple gazaoui.

05/06/2024

JADALIYYA
La dissidence juive aux USA
Entretien avec Marjorie N. Feld, auteure du livre “The Treshold of Dissent: A History of American Jewish Critics of Zionism”

Marjorie N. Feld (Harrisburg, Pennsylvanie, 1971) est professeure d'histoire au Babson College, dans le Massachusetts (USA), où elle donne des cours sur l'histoire sociale, l'histoire du travail et l'histoire du genre, la justice alimentaire et la durabilité aux USA. Elle est membre des conseils consultatifs académiques des Archives des femmes juives et de l’organisation
Jewish Voice for Peace [Voix Juive pour la Paix], fondée en 1996.
Elle est l'auteure de Lillian Wald :  A Biography (The University of North Carolina Press, 2012), qui a remporté le prix Saul Viener Book Prize de l'American Jewish Historical Society et de Nations Divided : American Jews and the Struggle over Apartheid (Nations divisées : les Juifs américains et la lutte contre l'apartheid) (Palgrave McMillan, 2014). Son nouveau livre, The Treshold of Dissent: A History of American Jewish Critics of Zionism (Le seuil de la dissidence : une histoire des critiques juifs américains du sionisme) vient d’être publié (New York University Press, 2024). Ci-dessous une interview de l’auteure et un extrait de son livre.

Jadaliyya, 3/6/2024
Traduit par Layân Benhamed, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

Jadaliyya (J) : Qu'est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?

Marjorie Feld (MF) : J'ai commencé ce livre il y a huit ans, à l'intersection de mes observations au sein de la communauté juive usaméricaine et de mes propres intérêts de recherche. J'avais longtemps vu des dirigeants communautaires juifs usaméricains et des laïcs marginaliser les Juifs usaméricains qui n’étaient pas d’accord avec le soutien inconditionnel à Israël. Dans mes recherches pour mon livre sur les Juifs usaméricains et l'apartheid, j'ai interviewé des militants qui ont souligné leur malaise face à ce soutien remontant aux années 1960. Lorsque je suis retournée dans les archives pour faire des recherches pour ce livre, j'ai trouvé un continuum ininterrompu de critiques du sionisme usaméricain remontant à la fin du XIXe siècle. Dans Threshold, j'explique les visions du monde et les perspectives des critiques du sionisme usaméricain et je retrace leur parcours dans la vie communautaire juive aux USA.

J : Quels thèmes, enjeux et littératures particuliers le livre aborde-t-il ?

MF : Chaque chapitre analyse une période distincte et un groupe d'acteurs historiques, des Juifs usaméricains qui se souciaient profondément de la vie juive usaméricaine et qui étaient également critiques du sionisme usaméricain pour des raisons spécifiques. Le livre examine comment et pourquoi ces individus ont choisi d’entrer an dissidence par rapport au sionisme usaméricain, et comment la communauté juive usaméricaine au sens large a réagi à leur dissidence. Par exemple, certains Juifs usaméricains du début du XXe siècle, les sujets du premier chapitre de “Threshold”, craignaient que le sionisme ne fasse paraître tous les Juifs usaméricains plus loyaux envers une nation qui n'était pas les USA. En plein climat de xénophobie et racisme de l'USAmérique de Jim Crow, ils redoutaient les accusations antisémites de double loyauté et rejetaient le sionisme dans cet esprit. Les dirigeants sionistes juifs usaméricains de cette époque craignaient également profondément l'antisémitisme et s'inquiétaient du fait que toute division au sein de la communauté créerait une vulnérabilité et menacerait l'intégration des Juifs dans le courant dominant blanc.

Les sujets du deuxième chapitre, des Juifs libéraux et anti-communistes de gauche au milieu du siècle, voyaient le sionisme comme diminuant la vitalité de la vie juive en dehors d'Israël, et aussi comme diminuant les valeurs libérales des Juifs usméricains. Les pertes immenses de l'Holocauste rendaient ces critiques particulièrement conscients de la nécessité de trouver des endroits sûrs pour la vie juive ; ils n'étaient pas d'accord pour dire qu'un État juif garantirait la sécurité juive.

Au sein des mouvements de libération à partir des années 1950, les leaders anticolonialistes arabes, palestiniens et afro-américains et leurs alliés ont commencé à critiquer le colonialisme de peuplement d'Israël, et certains Juifs usaméricains étaient ouverts à ces leçons. Ceux-ci, avec le mouvement anti-guerre, sont les sujets des deux derniers chapitres du livre. Les dirigeants ont critiqué l'oppression des Palestiniens par Israël, puis son occupation de la Palestine après 1967 ; ils craignaient pour l'avenir de la vie juive usaméricaine et l'isolement résultant du soutien inconditionnel de la communauté à Israël. Le soi-disant “consensus” sur le sionisme isolait les Juifs des courants et des mouvements progressistes du XXe siècle jusqu'à nos jours.

04/06/2024

ACCRA SHEPP
Celles et ceux qui se sont levé·es
Photographies du campement de solidarité avec Gaza à l’Université Columbia

 Accra Shepp (texte et photos), The New York Review, 21/5/2024
Traduit par Layân Benhamed, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

Accra Shepp (New York, 1962), fils du musicien de jazz Archie Shepp, est un artiste et écrivain basé à New York, enseignant à la School of Visual Arts. Ses images ont été collectées et exposées dans le monde entier et il vient de terminer une bourse Cullman Scholars de travail sur son projetThe Islands of New York, qui consiste à documenter depuis 2008 les 40 îles de New York. @AccraShepp

Anonyme, 2024

J'ai photographié Occupy Wall Street pendant un an, de 2011 à 2012. Près de dix ans plus tard, dans le cadre de mon travail de documentation sur la pandémie de Covid-19, j'ai suivi les manifestations de Black Lives Matter en 2020. Ce n'était jamais mon intention de me concentrer sur la justice sociale, et je continue à réaliser des images plus expérimentales. Mais prêter attention à la culture—c’est-à-dire les gens—est le travail de tout un chacun dans les arts, et mes intentions ont dû se plier à la réalité qui m'entoure, qui nous entoure tous. Le mois dernier, lorsque des étudiants des universités du pays ont commencé à installer des campements pour protester contre la guerre à Gaza, j'ai réalisé que je devrais rendre ce nouveau moment visible. J'ai passé cinq jours à photographier les manifestations à l'université de Columbia, durant les huit jours entre la première vague d'arrestations et la suivante.

Je suis fier des étudiants qui nous ont amenés à affronter notre participation à cette guerre. En même temps, cela me peine que la culture de la surveillance nous ait effrayés, ait effrayé ceux qui se lèvent pour être entendus mais qui ont peur d'être vus. En tant que personne qui voit pour gagner sa vie, je voudrais rendre visibles tous ceux qui se sont levés, en particulier ceux qui se sont levés pour la paix et contre la violence. C'est un terrible paradoxe. Ceux qui ne voulaient pas que leurs images soient publiées m'ont fait savoir combien ils ont à perdre : il y a eu des licenciements, des suspensions, des expulsions, même des menaces de mort. Pourtant, ils m'ont permis de les photographier et m'ont fait confiance. Pour l'instant, leurs images doivent rester privées, mais elles seront vues un jour.

Je suis également troublé par le fait que la manifestation que j'ai photographiée ne soit pas celle que je vois rapportée par la plupart des médias traditionnels. Je n'ai vu aucune adhésion à l'antisémitisme. Au contraire, le nombre de manifestants juifs était impossible à ignorer, tout comme le niveau de coopération entre Juifs et Musulmans. L'image de la chose, même en ce moment de saturation médiatique, conserve son pouvoir. La photographie—le témoignage de cette protestation contre les tueries—est difficile à effacer de l'esprit. Elle parle de notre faim de connaître le monde.

Abbi, 2024

Abbi : Je suis venue au campement en solidarité avec les étudiants, les professeurs et les travailleurs de Columbia qui demandent à leurs institutions de se désinvestir de l'apartheid israélien et du génocide à Gaza. Se rendre à une manifestation organisée est la réponse la plus rationnelle à la violence inconcevable contre les Palestiniens et le moyen le plus direct d'exprimer la douleur, la colère et l'optimisme radical.

31/05/2024

NOORIT FELSENTHAL BERGER
Stop ! Maintenant ! Nous, mères de soldats israéliens, exigeons la fin de la guerre inutile à Gaza

Noorit Felsenthal Berger, Haaretz, 26/5/2024
Traduit par Layân Benhamed, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

Je fais partie d'un mouvement de parents de soldats des FDI (Forces de défense israéliennes) qui ont soutenu la guerre, mais qui s'opposent aujourd'hui à ce qui est devenu un piège mortel inutile pour nos enfants, une guerre menée par un gouvernement extrémiste qui ne veut jamais y mettre fin.


Des mères et des pères israéliens membres de l'organisation Parents de soldats combattants criant “Assez !”) manifestent en faveur d'un accord mettant fin à la guerre d’Israël contre Gaza devant la base militaire de Tel Hashomer, près de Tel Aviv, vendredi. Photo Noorit Felsenthal Berger

C'est un dimanche matin très tôt. Je raccompagne mon fils cadet à sa base militaire dans le sud d'Israël. Il n'est rentré que depuis deux jours, l'une des seules pauses qu'il ait eues après avoir participé aux combats actifs à Gaza pendant environ six mois - cela en fait maintenant presque huit. Alors que nous roulons, je sais qu'il retournera probablement à Gaza le lendemain.

Je n'arrive pas à croire que je fais cela. Je lutte pour ne pas pleurer, je lui tends un autre sandwich que j'ai préparé pour le voyage. Je me sens comme Abraham après que Dieu lui a dit de sacrifier son fils Isaac.

Tout ce que je veux, c'est faire demi-tour et m'enfuir, m'enfuir. Au lieu de cela, nous discutons de la lutte contre les “forces obscures”, le thème central des livres de Harry Potter que nous aimions lire tous les deux lorsqu'il était jeune.

Une fois arrivés à la base, je prends une photo de mon fils, pour lui porter chance, me dis-je. Nous nous serrons fort dans les bras et je le vois s'éloigner de moi. Je commence à rentrer chez moi, mais je dois m'arrêter sur le bas-côté car je n'arrive plus à voir à travers mes larmes ni à repousser mes pensées angoissantes. C'est insupportable. Je me demande si c'est à cela que ressemble la folie.

Je partage ces mots en tant que mère et membre d'un mouvement de parents de soldats israéliens qui se battent à Gaza depuis près de huit mois. Le message que nous adressons à nos dirigeants, aux décideurs, est simple : “Arrêtez ! Ça suffit !” C'est d'ailleurs le nom que nous nous sommes donné : « Parents de soldats combattants criant : “Assez !” ».


Des soldats israéliens au milieu des décombres dans le nord de la bande de Gaza en novembre.  Photo RONEN ZVULUN/ REUTERS

Nous demandons qu'une solution politique légitime soit trouvée après ces longs mois de guerre et d'effusion de sang. Nous pensons qu'une réponse militaire était inévitable au lendemain de l'horrible attaque du Hamas contre Israël. Mais aujourd'hui, alors qu'aucune solution politique négociée ne se profile à l'horizon, nous constatons que nous ne nous rapprochons pas de la libération des otages et que de plus en plus de soldats sont tués et blessés chaque jour. Et bien que cela ne fasse pas les gros titres en Israël, nous savons également que de nombreux civils palestiniens souffrent et meurent chaque jour.

Nous assistons donc, dans la souffrance, à l'augmentation du nombre de morts, mais sans aucun objectif clairement atteignable. Nous comprenons maintenant la guerre comme une guerre qui se poursuit en raison de la dynamique politique interne israélienne de ce gouvernement. Une guerre qui se poursuit a pour objectif de garantir le pouvoir du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et de son gouvernement d'extrême droite. Même notre ministre de la Défense et d'autres experts militaires l'ont dit.

Nous avons adressé au cabinet de la défense une lettre signée par 900 parents de soldats en service actif à Gaza et plus de 2 000 sympathisants. Cette lettre demandait au gouvernement d'assumer la responsabilité de la vie de nos fils et de ceux qui combattent à Gaza, et de ne pas les sacrifier dans un piège mortel en l'absence d'une solution politique légitime. Nous n'avons toujours pas reçu de réponse.

Je suis la mère de trois fils. L'aîné étudie aux USA et lutte contre l'antisémitisme sur le campus. Les deux fils cadets ont combattu à Gaza, l'un dans la réserve et l'autre dans le cadre de son service obligatoire.

Mon fils cadet, âgé de 21 ans, se bat depuis le 7 octobre, en commençant par la bataille du kibboutz Nahal Oz, où il s'est battu contre les attaquants du Hamas et a ensuite été témoin des conséquences des atrocités qu'ils y ont commises. Comme l'a dit un membre du kibboutz, les survivants doivent leur vie à l'unité de mon fils.

De là, lui et son unité ont été envoyés combattre dans le nord de Gaza, puis à Khan Younès et maintenant à Rafah. Mon fils a perdu des amis et des commandants tués au combat.


Des soldats israéliens, des amis et des membres de la famille du sergent Itay Livny pleurent à côté de sa tombe lors de ses funérailles au cimetière militaire de Kiryat Shaul à Tel Aviv, en Israël, au début du mois. Le sergent Livny, âgé de 19 ans, a été tué lors de l'opération terrestre israélienne dans la bande de Gaza. Photo Oded Balilty/AP

Nous sommes une famille patriotique, nos fils ont été élevés dans les valeurs de la responsabilité sociale et de la contribution personnelle. Je n'ai pas de mots pour exprimer le sentiment terrifiant et permanent d'avoir un fils au combat depuis tant de mois.

Nous vivons dans un état permanent de terreur et d'anxiété, sans sommeil et sans, à peine, semble-t-il, respirer. Nous craignons chaque fois que l'on frappe à la porte. Au cours de ces mois, mon fils n'a été à la maison que pour quatre courtes périodes et pour des vacances plus longues pendant la Pâque, avant d'entrer à Rafah. Nous vivons un cauchemar permanent.

En rejoignant ce mouvement et en rencontrant d'autres mères qui vivent la même expérience, je me suis sentie soutenue et j'ai trouvé un moyen d'être proactive, alors que nous nous efforçons de faire la différence, d'avoir une certaine influence.

J'écris ces mots avant tout en tant que mère et citoyenne profondément concernée, mais aussi en tant que psychologue. J'ai soigné des enfants évacués de leur maison à cause de la guerre et des enfants qui ont perdu un parent à cause de la guerre. J'ai été immergée dans le traumatisme et la douleur qu'ils éprouvent. Le traumatisme est une expérience très répandue dans de nombreuses familles israéliennes aujourd'hui.

Le traumatisme nous laisse sans voix, sans parole, vivant dans une existence quotidienne sans fin, en mode de survie, sans aucun sens de l'avenir.


Une membre du groupe israélien “Parents de soldats combattants criant ‘Assez’” lors d'une manifestation devant la base militaire de Tel Hashomer, près de Tel Aviv vendredi. La pancarte du manifestant indique, en référence aux membres du gouvernement qui n'ont pas servi dans l'armée, : « Vous qui vous êtes défilés du service militaire : Ne prenez pas de décisions sur la vie des soldats combattants ». Photo : Noorit Felsental Berger

Mon doctorat portait sur les expériences quotidiennes des mères de jeunes enfants et sur leurs façons d'exprimer leur voix et leur identité. La guerre a remis en question la signification fondamentale de la maternité, à savoir l'obligation pour une mère de protéger ses enfants.

Lorsque nous avons considéré la guerre comme inévitable au début, nous avons fait de notre mieux en tant que mères pour soutenir nos fils et nos filles qui s'y battaient. Mais aujourd'hui, nous ressentons en tant que mères le sacrifice inutile d'une guerre sans fin. Nous ne pouvons pas rester silencieuses, nous devons donner une voix à nos convictions. Les soldats de Gaza font leur devoir, notre obligation en tant que mères est de donner une voix à leurs préoccupations.

Nous trouvons nos fils brisés par l'épuisement, posant des questions sur le résultat de leur engagement et de leur sacrifice alors qu'ils entrent dans les mêmes lieux encore et encore, et qu'ils voient d'autres compagnons d'armes perdre la vie. Nous nous inquiétons sérieusement de leur santé mentale. Il n'y a jamais eu de guerre aussi longue et intensive dans ce pays, et le fardeau repose sur les épaules d'un même groupe de soldats.

En tant que parents, mères et pères, nous crions : « Stop ! Maintenant ! ». Nous disons à nos dirigeants qu'ils doivent accepter un accord pour la libération des otages tant qu'ils sont en vie (nous ne pourrons pas guérir au niveau personnel ou national tant qu'ils n'auront pas été libérés) et la fin de cette guerre.

En tant que nation, nous devons créer un horizon d'espoir pour nos enfants, pour nous-mêmes. Continuer sur la voie actuelle n'est pas une option. Nous devons arrêter cette voie du désastre avant qu'il ne soit trop tard.

Noorit Felsenthal Berger est psychologue et mère d'un soldat israélien servant à Gaza. Elle est membre de l'organisation Parents of Combat Soldiers Shouting out, “Enough !” (Parents de soldats combattants criant “Assez !”)