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05/09/2025

LYNA AL TABAL
Le dernier des rois : Netanyahou, prisonnier de l’illusion d’immortalité et creuseur de sa propre tombe

Lyna Al Tabal, Rai Al Youm, 2/9/2025
Original: نتنياهو آخر الملوك: أسير وهم الخلود.. وصانع مقبرته بيديه

Traduit par Tlaxcala

Depuis les légendes des rois engloutis par l’arrogance — Gilgamesh, qui chercha l’immortalité, et Néron, qui joua avec le feu —, chaque époque voit naître un roi qui se croit au-dessus des hommes.  

En Israël, son nom est Benjamin Netanyahou alias “Bibi, roi d’Israël”, qui croit vraiment être un roi biblique arrivé par erreur au XXIᵉ siècle. Un roi qui possède toutes les formes de guerre.

Emad Hajjaj


Et lorsque les soldats s’effondrent aux frontières de Gaza, ou que les civils tombent à Beyrouth, le roi sourit et dit à ses sujets que ce sang est le prix de la sécurité. Il leur rappelle qu’il est indispensable et que lui seul détient la clé du salut.

C’est le dernier roi d’Israël, un roi de papier, qui gouverne un royaume qui se désagrège de l’intérieur et a bâti sa gloire sur les ruines de la paix.

Sa politique ressemble à une malédiction ancienne : chaque fois qu’il s’approche d’une trêve, il déclenche une nouvelle guerre. Pour lui, la paix, c’est la perpétuation de la guerre perpétuelle.

Un roi sans sagesse : voilà comment Ibn Khaldoun l’aurait décrit sur lui ; car lorsqu’un roi est dépourvu de raison et de discernement, il devient un malheur pour lui-même et pour son peuple.

C’est une copie de Trump, dans son obsession de tout ce qui est “tendance”. Tous deux sont prisonniers de l’illusion d’immortalité à travers les gros titres et les trophées creux. Ils vivent dans une ère numérique où ils croient que l’histoire est une application que l’on peut programmer, ou un algorithme que l’on peut tromper

Mais l’histoire enregistre tout. Elle ne répond pas aux désirs des rois ni aux rêves des narcissiques. C’est un juge silencieux. Elle écrira certainement sur eux et consignera leur chute retentissante.

Dans la nuit de Gaza, Netanyahou tisse les fils de sa nouvelle invasion. Les précédentes ne lui ont pas suffi. Il veut anéantir les édifices, arracher les êtres humains, pour qu’ils deviennent des spectres errants dans l’exil. Il appelle ça “un départ volontaire”, mais le droit international l’appelle par son vrai nom : déplacement forcé, crime de guerre, crime contre l’humanité (selon les Conventions de Genève de 1949 et le Statut de Rome de 1998).

Mais n’a-t-il rien appris des généraux du vide et de la bêtise ? 
Qu’il invoque donc l’esprit de Golda Meir : elle lui dira que le vide n’engloutit pas Gaza. Elle lui rira au visage et dira : “Bravo, Bibi ! Tu nous as ramené la même vieille stupidité. Ne sais-tu pas que ce vide engendrera des générations plus fortes ? Ne sais-tu pas que chaque mur que tu détruis à Gaza deviendra une pierre tombale pour toi et ton royaume de papier ?”

Rêves-tu encore au “Grand Israël”, Bibi ? C’est un royaume de cendres, qui grandit par le sang et s’effrite par le sang.

Regarde la rue israélienne bouillir… Les manifestations remplissent les places, les pancartes crient : “Assez, fini de jouer, Bibi !” La guerre dont tu avais promis la victoire à ton peuple est devenue un cauchemar qui engloutit tes soldats et laisse les familles dans un deuil perpétuel.

Pas d’occupation de Gaza, pas d’illusions de royaume biblique. Comprends donc que “ le jeu est fini”. N’as-tu pas réalisé que Gaza n’est pas un petit camp que tes chars peuvent occuper ? N’as-tu pas compris que Gaza est une bête qui respire sous les décombres ? Ta seule issue maintenant est de reconnaître la réalité et de te hâter d’ouvrir la porte. Accepte l’accord maintenant, un accord qui te permette de libérer les prisonniers et un retrait qui sauve ce qui reste de l’image de ton armée ensablée.

Cette guerre doit se terminer immédiatement. Aucun trône ne peut se maintenir sur le sang, aucune armée n’échappe à la malédiction des enfants affamés ou enterrés sous les ruines. Ta seule issue est un échange de prisonniers et un retrait.

Netanyahou, roi biblique obsédé par l’immortalité et non par ses soldats, préfère laisser les prisonniers de son pays fondre dans l’obscurité des tunnels de Gaza plutôt que d’affronter l’instant de vérité. Il les jette dans le brasier de la politique pour gagner un jour de plus sur son trône.

Ici, au Liban, personne ne parle non plus des prisonniers. Regardez le Liban : ici, il n’y a pas un seul roi, mais une horde de petits rois. Des amateurs de pouvoir qui ne maîtrisent même pas les rituels du règne, mais excellent dans le silence comme pratique quotidienne… 19 prisonniers libanais croupissent dans les prisons israéliennes et personne ne mentionne leurs noms. Silence radio. Le président est occupé à couper les rubans des festivals, le Premier ministre à se faire photographier avec Amr Diab, et les ministres rivalisent à la télévision. Silence encore.

Voulez-vous savoir à quel point Netanyahou est chanceux ? La “yérida”, l’’émigration hors d’Israël des intellectuels de gauche et des libéraux est le “gros lot” qu’il a décroché… Ces gens ne sont pas partis par amour pour Gaza ni pour la défendre ; ils sont partis parce qu’ils ne pouvaient plus supporter la politique du roi… Les “gêneurs”, comme il les appelait, sont enfin partis…

Maintenant, le pays ne reste plus que pour lui et sa clique rabbinique : le blond Smotrich et le bouffon Ben Gvir. Un duo de comédie noire qui accompagnera son roi dans son ultime voyage vers La Haye.

Ceci n’est pas un article sur Netanyahou tel qu’il se présente, roi de l’histoire, mais un article sur le cauchemar du roi : le jour où l’accord sera conclu.  Quand les visages reviendront des cellules de l’ombre : Marwan Barghouti, le bras levé en signe de victoire ; Ahmad Saadat, avec son keffieh rouge, et Abdallah Barghouti, au regard ferme.

Ces images à elles seules démantèleront tout un récit, feront revenir l’histoire pour croiser passé et présent, et témoigneront de l’effondrement du pouvoir royal. Cela, Netanyahou le sait… parfaitement. 
Il sait qu’une seule photo d’un prisonnier libéré est plus puissante que tous ses chars et son arsenal, et que le sourire de Marwan Barghouti pourrait renverser son trône qui a coûté des décennies de sang.

En fin de compte, Netanyahou ne négocie pas pour ses prisonniers ni pour l’avenir de Gaza. Il négocie seulement pour la durée de son règne et pour sa puissance.  Cette puissance qu’il vénère le broiera à la fin.

La fin de Netanyahou ne viendra pas de ses ennemis. Il tombera par la main d’un appareil de pouvoir stupide qu’il a lui-même dessiné. Du chaos qu’il a bâti comme instrument de domination et qui est devenu une machine de chute.

Le destin de Netanyahou a déjà commencé depuis longtemps, il marche vers lui comme un roi aveugle. 
C’est un roi sans sagesse, ignorant que l’immortalité qu’il poursuit est son nom gravé sur le mur de l’effondrement final.

LYNA AL TABAL
El último de los reyes: Netanyahu , prisionero de la ilusión de la inmortalidad y cavador de su propia tumba

Desde las leyendas de los reyes devorados por la arrogancia — Gilgamesh, que buscó la inmortalidad, y Nerón, que jugó con fuego — en cada época nace un rey que se cree por encima de los hombres. 
En Israel, su nombre es Benjamín Netanyahu, “Bibi, rey de Israel”… Netanyahu cree realmente que es un rey bíblico que llegó por error al siglo XXI… Un rey que posee todas las formas de guerra.

 Emad Hajjaj

Y cuando los soldados caen en las fronteras de Gaza, o los civiles en Beirut, el rey sonríe… y les dice a sus súbditos que esa sangre es el precio de la seguridad. Les recuerda que es indispensable, que solo él tiene la llave de la salvación.

Es el último de los reyes de Israel, un rey de papel, que gobierna un reino que se desmorona desde dentro. 

Netanyahu construyó su gloria sobre las ruinas de la paz…

Su política se asemeja a una antigua maldición: cada vez que se acerca a una tregua, estalla una nueva guerra… Para él, la paz es la guerra perpetua…

Un rey sin sabiduría — así lo habría descrito Ibn Jaldún; porque cuando un rey carece de razón y discernimiento, se convierte en una desgracia para sí mismo y para su pueblo.
Que invoque entonces el espíritu de Golda Meir: ella le dirá que el vacío no devora Gaza. Se reirá en su cara y dirá: “¡Bien hecho, Bibi! Nos trajiste la misma estupidez de siempre. ¿No sabes que ese vacío engendrará generaciones más fuertes? ¿No sabes que cada muro que destruyes en Gaza se convertirá en una lápida para ti y para tu reino de papel?”
¿Todavía sueñas con el Gran Israel, Bibi? Es un reino de cenizas, que crece con sangre y se apaga también con sangre.
Esta guerra debe terminar de inmediato. Ningún trono se mantiene sobre la sangre, ningún ejército escapa a la maldición de los niños hambrientos o enterrados bajo los escombros. Tu única salida es un intercambio de prisioneros y una retirada.
Aquí tampoco, en el Líbano, nadie habla de los prisioneros… Miren al Líbano: aquí no hay un solo rey, sino una manada de reyezuelos. Aficionados al poder que ni siquiera dominan los rituales del gobierno, y que solo practican el silencio como costumbre diaria… 19 prisioneros libaneses están en cárceles israelíes, y nadie menciona sus nombres. Silencio… El presidente ocupado cortando cintas en festivales, el primer ministro tomándose fotos con Amr Diab, y los ministros compitiendo en la televisión… Silencio con todo.
Sabe que una sola foto de un prisionero liberado es más poderosa que todos sus tanques y su arsenal, y que la sonrisa de Maruan Barghuti podría derribar su trono, que le costó décadas de sangre.
Al final, Netanyahu no negocia por sus prisioneros ni por el futuro de Gaza. Negocia solo por la duración de su trono… y por su poder. 
Ese poder que adora lo aplastará al final.

Es una copia de Trump en su obsesión con todo lo que es “tendencia”… Ambos prisioneros de la ilusión de la inmortalidad a través de grandes titulares y trofeos huecos. Viven en una era digital en la que creen que la historia es una aplicación que se puede programar, o un algoritmo que se puede engañar…

Pero la historia lo registra todo. No responde a los deseos de los reyes ni a los sueños de los narcisistas. Es un juez silencioso… La historia escribirá sobre ellos, sin duda, y consignará su estruendosa caída.

En la noche de Gaza, Netanyahu teje los hilos de su nueva invasión… Las anteriores no le bastaron. Quiere borrar edificios y arrancar a los seres humanos, para que se conviertan en espectros errantes en el exilio. Lo llama “salida voluntaria”, pero el derecho internacional lo llama por su verdadero nombre: desplazamiento forzoso, crimen de guerra, crimen de lesa humanidad (según los Convenios de Ginebra de 1949 y el Estatuto de Roma de 1998).

¿Pero acaso Netanyahu no aprendió nada de los generales del vacío y la estupidez? 

Mira la calle israelí hervir… Las manifestaciones llenan las plazas, las pancartas gritan: “Basta ya, se acabó el juego, Bibi”… La guerra con la que prometiste la victoria a tu pueblo se ha convertido en una pesadilla que devora a tus soldados y deja a las familias en duelo perpetuo.

No hay ocupación de Gaza, ni ilusiones de un reino bíblico… Comprende que “se acabó el juego”. ¿No te diste cuenta de que Gaza no es un pequeño campamento que tus tanques puedan ocupar? ¿No entendiste que Gaza es una bestia que respira desde debajo de los escombros? Tu única salida ahora es reconocer la realidad y apresurarte a abrir la puerta… Acepta el acuerdo ahora… Un acuerdo para devolver a los prisioneros y una retirada que salve lo que queda de la imagen de tu ejército hundido en la arena.

Netanyahu, rey bíblico obsesionado con la inmortalidad y no con sus soldados, prefiere dejar a los prisioneros de su país fundirse en la oscuridad de los túneles de Gaza antes que enfrentar el momento de la verdad… Los lanza a la hoguera de la política para ganar un día más en su trono.

¿Quieren saber cuán afortunado es Netanyahu? La “yerida”, la emigración fuera de Israel de intelectuales de izquierda y liberales es el “premio gordo” que ganó… Ellos no se fueron por amor a Gaza ni para defenderla; se fueron porque no podían soportar la política del rey… Los “molestos”, como los llamaba, finalmente se marcharon…

Ahora solo queda el país para él y su corte rabínica: el rubio Smotrich y el bufón Ben Gvir. Un dúo de comedia negra que acompañará a su rey en su último viaje hacia La Haya.

Este no es un artículo sobre Netanyahu presentándose como rey de la historia, sino un artículo sobre la pesadilla del rey: el día en que se firme el acuerdo.  Cuando los rostros regresen de las celdas de la oscuridad: Maruan Barghuti, con la mano levantada en señal de victoria; Ahmad Saadat, con su kefia roja… y Abdallah Barghuti, con su mirada firme.

Estas imágenes por sí solas desmantelarán toda una narrativa, harán que la historia regrese para cruzar pasado y presente, y serán testigos del colapso del poder real… Netanyahu lo sabe… muy bien. 

El final de Netanyahu no vendrá de sus enemigos. Caerá por la mano de un aparato de poder estúpido que él mismo diseñó… Del caos que construyó como herramienta de dominio y que se convirtió en una máquina de caída.

El destino de Netanyahu ya comenzó hace tiempo, camina hacia él como un rey ciego. 

Es un rey sin sabiduría, ignorante de que la inmortalidad que persigue es su nombre grabado en el muro del colapso final.

25/08/2025

LYNA AL TABAL
La grande Amérique... sans armes ni munitions

Lyna Al-Tabal, Rai Al Youm, 15/8/2025
Traduit par Tlaxcala

Il est un pays qui se proclame première puissance militaire mondiale, un empire qui se targue d’invincibilité, comme si la force seule suffisait … Ainsi débute l’histoire, quelque part dans une contrée lointaine, sur un autre continent… Un pays à peine né, sans mythes fondateurs, bâti sur les cendres de peuples exterminés, et qui a planté son drapeau sur un continent volé. Tout son héritage se résume à un hamburger dégoulinant de graisse et à ce mirage qu’on appelle le rêve américain, scintillant encore dans l’esprit de quelques-uns.

 

Cet article ne disséquera pas la civilisation usaméricaine, ni les guerres où elle a jeté ses fils comme chair à canon, ni les océans de sang qu’elle a versé en traversant les continents, ni la mondialisation qui a avalé les âmes et les cultures. Non… Ici, il sera question d’un drame dérisoire : Cet article traite de l’épuisement des munitions usaméricaines. [1]

Les usines qui jadis vomissaient le fer et la mort sur les champs de bataille du monde entier ne sont plus que des chaînes poussives, traînant leur ennui comme si elles assemblaient des étagères IKEA à prix cassé.

Cette impuissance dévoile l’une des plus grandes humiliations de l’histoire militaire usaméricaine.

Que manque-t-il dans les entrailles du Pentagone ? Presque tout : drones, missiles, obus. L’Ukraine, à elle seule, dévore en quelques semaines ce que l’Amérique fabrique péniblement en une année entière. [2].

Et Israël, quant à lui, ouvre grande sa bouche sur ces mêmes stocks. Ce mois-ci, le Pentagone a suspendu la livraison de missiles Patriot, de missiles de précision et d’obus de mortier... Non, ce n’est pas la conscience des USA qui s’est éveillée, mais leurs réserves qui s’assèchent. Elles ne regorgent plus de munitions… seulement du sang de ceux qu’ils ont bombardés au nom de la démocratie. [3].

Après le 7 octobre, l’USAmérique s’est empressée de voler au secours d’Israël : des millions de dollars injectés dans des cargaisons de missiles, des porte-avions déployés en Méditerranée, des systèmes de défense activés et une pluie de missiles guidés dont on tait le nombre. Tout cela pour défendre les intérêts usaméricains et rejouer la fable de la supériorité militaire. Mais la vérité est moins glorieuse : ces livraisons partent d’entrepôts qui sonnent creux, car le Pentagone lui-même est en manque de munitions. [4].

Les USA, cette puissance qui jurait pouvoir mener deux guerres de front, peinent aujourd’hui à tenir un seul champ d’usure. Quelques attaques des Houthis suffisent à vider leurs silos, chaque missile de défense tiré coûtant l’équivalent d’une école en Californie… et il faudra des mois pour en fabriquer un autre — à supposer qu’ils y parviennent.[5].

La campagne en mer Rouge, engloutissant 1,5 milliard de dollars, a achevé de saigner les stocks : 125 missiles Tomahawk expédiés, 155 missiles Standard tirés, et sept drones Reaper abattus par les Houthis [6].

Pourtant, les Houthis ne sont qu’une résistance artisanale face à la véritable ombre qui plane : la Chine. Ah, la Chine… Dans une guerre ouverte, l’Amérique ne tiendrait pas plus d’une semaine. Oui, sept jours, et ses arsenaux seraient vides [7].

Les missiles de croisière antinavires (LRASM) constituent la pièce maîtresse pour contenir la flotte chinoise. Or, le Pentagone n’en détient qu’environ 200 aujourd’hui, alors qu’il en faudrait entre 800 et 1 200 pour espérer dissuader – ou repousser – une invasion chinoise de Taïwan [8].

Certes, les USA ont su inonder les océans de navires militaires et commerciaux pendant la Seconde Guerre mondiale… puis ils les ont bradés après la victoire et fermé leurs chantiers. Résultat : aujourd’hui, la première puissance mondiale fabrique péniblement cinq navires commerciaux transocéaniques, pendant que la Chine en aligne 1 794. Oui, cinq contre mille sept cent quatre-vingt-quatorze. Superpuissance, vraiment ? [9]

Les rares navires militaires que les USA parviennent encore à produire coûtent une fortune. Exemple frappant : la marine a englouti 22,5 milliards de dollars pour trois destroyers de classe Zumwalt… avant d’annuler le programme. Pourquoi ? Parce que le canon à bord était jugé trop cher. Oui, même pour l’Amérique, il y a des limites au délire [10].


Projet de bouclier antimissile des États-Unis d'Amérique, par Etta Hulme, 2000

Les USA ne peuvent-ils pas remplacer leurs armes ? Oui… mais pas avec la rapidité nécessaire. Ils admettent eux-mêmes leur incapacité à suivre la cadence si jamais ils devaient affronter un adversaire de force équivalente [11]. Même dans le domaine naval, la dégringolade est flagrante : en 1987, la marine usaméricaine comptait près de 600 navires. Aujourd’hui ? À peine 300. Pendant ce temps, la capacité de construction navale de la Chine est… 230 fois supérieure. Imaginez le tableau. [12]. La Chine est aujourd’hui une puissance maritime à part entière, dotée de la plus grande flotte navale du monde, tandis que les USA exhibent leurs porte-avions géants, coûteux à l’excès… mais presque sans munitions.

Pire encore : la marine usaméricaine admet elle-même que la production des missiles intercepteurs SM-6 — capables d’abattre des missiles de croisière, balistiques, voire hypersoniques — est frappée du même déficit que la fabrication des projectiles de 155 mm.

Les USA visent désormais une production de 100 000 obus par mois, mais n’en fabriquent encore que 40 000, contre 14 000 il y a deux ans. Le goulot d’étranglement n’est pas seulement industriel : il est chimique. Le TNT, indispensable à ces armes, est importé… du Canada. Pour produire 100 000 obus, il faudrait des tonnes de cette matière.

Sur les 40 000 obus fabriqués, 18 000 dorment dans des entrepôts, inutilisables faute d’explosif. Le Pentagone promet la construction de nouvelles usines, mais le temps joue contre lui : tout avance à une lenteur mortelle si la guerre éclate demain  [13].

Pendant ce temps, la Chine emprunte le chemin inverse : elle grossit son arsenal d’armes, de navires et de porte-avions à un rythme cinq à six fois supérieur à celui des USA, et les fabrique de plus en plus chez elle [14].

Oui, l’USAmérique reste, sur le papier, la première puissance militaire… mais à quoi sert une arme sans munitions ? Comme l’a si bien résumé Mackenzie Eaglen : « C’est un miracle que l’armée américaine possède encore quelque chose qui puisse exploser. » [15].

Comment en est-on arrivé là ?

Les USA ont bâti une puissance militaire titanesque… Un empire qui a englouti des milliards de dollars dans des systèmes d’armement démesurés : avions de combat, missiles guidés, porte-avions, pendant que les stocks de munitions s’évaporaient.

Le budget colossal de la défense usaméricaine — près de 850 milliards de dollars par an — consacre à peine 17 % à l’armement. Le reste ? 22 % pour les salaires des militaires, et la plus grande part, 39 %, pour l’entretien et les opérations [16].

L’arsenal usaméricain déborde d’armes de luxe : des missiles Tomahawk à 2 millions de dollars l’unité, des intercepteurs à 28 millions pièce, et des F-35 à 100 millions chacun.



À court de munitions, par Taylor Jones

Mais la guerre en Ukraine a mis en lumière un paradoxe cruel : dans une guerre d’usure, la quantité écrase la qualité. Kiev tient encore grâce à une stratégie pragmatique : des drones bon marché, lancés par essaims, qui frappent sans ruiner leur armée. Une idée simple… et diablement efficace [17]. Une approche qui heurte de plein fouet la mentalité du Pentagone, obsédé par la sophistication technologique. Et même s’il décidait de changer de cap aujourd’hui, il se heurterait à la lourdeur bureaucratique et à des programmes d’armement qui exigent quinze ans de développement avant de voir le jour [18]... En temps de guerre, quinze ans, c’est déjà la fin.

Cher lecteur, suspendez un instant votre lecture. Ouvrez YouTube… Écoutez Jeffrey Sachs éreinter la politique usaméricaine, ou Douglas Macgregor disséquer les armes et la capacité de l’institution militaire à en assumer le coût. Puis revenez, et dites-moi franchement : est-ce vraiment un arsenal formidable ?

L’administration usaméricaine prétend avoir trouvé des solutions. En réalité, ce sont des mines déguisées. Parmi elles : introduire des technologies commerciales et assouplir les spécifications techniques pour accélérer la production. Une mesure qui, certes, pourrait hâter les cadences… mais au prix d’une autre menace : celle de sacrifier la performance sur le champ de bataille [19].

Autre “solution” ? Construire des usines aux USA et au Canada… Une idée brillante, en effet — surtout pour une guerre qui débutera en 2040 [20]... Troisième “remède miracle” : signer des accords de production conjointe avec des alliés dits “fiables”. Problème : le temps nécessaire à leur conclusion suffirait pour voir deux guerres éclater… et se terminer.

Comment, dans ces conditions, l’USAmérique peut-elle rassurer le monde sur sa puissance, quand elle n’arrive même pas à s’assurer elle-même que ses stocks d’armes ne s’évaporeront pas avant le premier coup de feu ?

Trump sait qu’un affrontement avec la Russie ou la Chine ne lui laissera qu’un joujou : l’arme nucléaire. Tout le reste, c’est du décor. Alors ce sommet Trump-Poutine, en Alaska ? Un piège, poli, nappé de vodka et de sourires. Pendant ce temps, les Russes avancent en Ukraine. L’OTAN rôde, cherche le flanc tendre de Moscou, du côté de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie. Trump rêve de pousser Poutine dans un coin : “Cède-moi des territoires.” Mais comment le vainqueur cède-t-il ses trophées ?

Poutine n’est pas idiot. Il connaît la suite du scénario : céder, c’est se tirer une balle dans le Kremlin. La guerre nucléaire ? Même lui sait qu’on n’en sort pas vivant. Alors il fouille ses poches : une troisième voie. Un pot-de-vin géopolitique. Une licence pour des terres rares ? Le monde en solde, édition spéciale. Est-ce possible ? Peut-être. Mais Poutine ne lâchera rien. Et Trump, lui, n’a rien à offrir.

Pendant ce temps, l’Europe compte les chaises. France, Allemagne : fantômes. Quant à Zelensky, on lui a imposé la guerre, on lui imposera la paix. Le sommet ressemble à une salle des ventes : Washington qui braille, prêt à acheter une trêve à crédit, juste le temps de remplir ses rayons… avant que la Chine ne frappe à la porte de Taïwan.

Que va-t-il se passer en Alaska ? Pas une épopée. Juste un marchandage. Peut-être que Trump comprendra enfin qu’on peut “gagner” une guerre en la refilant à d’autres. L’Europe, hébétée, se jettera dans les bras de l’OTAN comme une veuve dans les bras du croque-mort. Et Trump ? Il gardera sa carte : l’Atlantique. À jouer plus tard. Quand Pékin viendra réclamer Taïwan.

Quant aux missiles et à la technologie des Russes et des Chinois, ils hantent les couloirs du Pentagone comme un spectre obstiné. Mais n’allons pas plus loin : c’est une autre histoire, digne d’un autre article — celui des illusions de la dissuasion et du cauchemar qui pèse sur un empire persuadé de son invincibilité.

 

Notes

[1]  Bryant Harris, US seeks to ramp up munitions production for Ukraine, Israel, Defense News, oct. 31, 2023

[2] Benjamin Parker, US Military Aid to Ukraine, , Foreign Policy,  March 13,  2024

[3]  Bryant Harris, Defense News.

[4] Bradley Bowman  & Mark Montgomery, America’s arsenal is in need of life support, Defense News, Oct. 12, 2022.

[5] Business Insider, Houthi attacks exposed US Navy ammo supply shortfalls. Déclarations de l'amiral James Kelby devant la commission des crédits de la Chambre des représentants, le 15 mai 2025.

[6] AP News, US Red Sea operations costs, June 20, 2024.

[7]  Center for a New American Security, Dangerous Straits: Wargaming a Future Conflict over Taiwan, 2023.

[8] Bradley Bowman & Mark Montgomery, Defense News.

[9 The Pentagon’s missing missiles, The Week, July 28, 2025.

[10] The Week.

[11] W. Beaver, America Must Remedy Its Dangerous Lack of Munitions, Heritage Foundation, 2023.

[12] AP News, Dwarfed by China in shipbuilding, 2024.

[13] Sam Skove, US Army plans to ramp up artillery production for Ukraine, Newsweek ,  Feb. 7,  2024.

[14] Bryant Harris & Noah Robertson, Soaring US munitions demand strains support for Israel, Ukraine, Defense News, Taiwan,  Apr. 30,  2024 .

[15] Defense News, Oct. 12, 2022.

[16] The Pentagon’s missing missiles, The Week, July 28, 2025

[17] Benjamin Parker, US Military Aid to Ukraine, Foreign Policy, March 13, 2024.

[18]  Stacie Pettyjohn & Hannah Dennis, The Pentagon Isn’t Buying Enough Ammo, Foreign Policy, May 21 ,  2024

[19] Defense News, Apr.30,  2024 .

[20] The Week, July 28, 2025.

LYNA AL TABAL
La Gran América... sin armas ni municiones

Lyna Al-Tabal, Rai Al Youm, 15/8/2025
Traducido por Tlaxcala

Existe un país que se considera la primera potencia militar mundial... Así comienza la historia en una región geográfica lejana, en otro continente... Un país muy joven, sin leyendas, nacido sobre las ruinas de pueblos exterminados, que ha izado su bandera sobre un continente robado. Todo su legado se puede resumir en una hamburguesa grasienta y en el sueño yanqui que brilla en la mente de algunos.

Este artículo no trata de la civilización usamericana, ni de las guerras en las que ha enviado a sus hijos a matar y morir, ni de la sangre que ha derramado por todos los continentes, ni de la globalización que ha secuestrado las culturas de los pueblos. Este artículo trata del agotamiento de las municiones usamericanas. [1]

Las fábricas que vertieron hierro y destrucción en las guerras de todo el mundo se han convertido hoy en máquinas lentas y aburridas, como si fabricaran muebles baratos para IKEA... Esta incapacidad revela una de las mayores decepciones de la historia militar usamericana.

¿Qué falta en los almacenes del Pentágono? Casi todo... drones, misiles, municiones. Solo Ucrania consume en pocas semanas el equivalente a un año de producción usamericana de municiones de artillería [2].

E Israel, por su parte, abre la boca sobre esos mismos almacenes. Este mes, el Pentágono ha suspendido la entrega de misiles Patriot, misiles de precisión y proyectiles de mortero... No, la conciencia de los USA no ha despertado, solo se están vaciando los almacenes que alimentan las guerras, y están rebosantes de la sangre de aquellos a quienes bombardean [3].

Después del 7 de octubre, USA se apresuró a apoyar a Israel: millones de dólares financian miles de misiles, portaaviones en el Mediterráneo, sistemas de defensa aérea activados y un número no revelado de misiles guiados. Todo ello para proteger los intereses yanquis y reproducir el discurso de la superioridad militar. Pero la realidad es más dura: estos envíos se producen cuando el propio Pentágono se enfrenta a una escasez de municiones[4].

USA, la potencia que se prometió a sí misma librar dos guerras a la vez, es hoy incapaz de gestionar un solo frente de desgaste. Los ataques de los hutíes han obligado por sí solos a la marina a lanzar misiles de defensa aérea cuyo costo unitario equivale al de una escuela en California, y se necesitarán meses para reemplazarlos, si es que pueden ser reemplazados[5].

La campaña en el Mar Rojo, que ha costado 1500 millones de dólares, ha vaciado aún más las reservas de armas: USA ha disparado 125 misiles Tomahawk y 155 misiles Standard, y ha perdido siete drones Reaper derribados por los hutíes[6].

Sin embargo, los hutíes siguen siendo una resistencia rudimentaria en comparación con la verdadera amenaza: China.

Ah, China... En una futura guerra con China, USA solo aguantaría una semana... Sí, siete días, y se quedaría sin municiones[7].

Los misiles de crucero antibuque (LRASM) son el arma principal para amenazar a la flota china. El Pentágono cuenta actualmente con unos 200 misiles de este tipo, pero en cualquier guerra futura con China necesitaría entre 800 y 1200 para disuadir o derrotar cualquier invasión china de Taiwán [8].

Es cierto que USA intensificó la construcción de buques militares y comerciales durante la Segunda Guerra Mundial, pero los vendió después de la guerra y cerró sus astilleros. Debido a los altos costos, hoy en día produce cinco buques comerciales transoceánicos, frente a los 1794 que produce China.[9]

Los pocos buques militares construidos por USA también son excesivamente caros. He aquí un ejemplo: la marina gastó 22 500 millones de dólares en la construcción de tres destructores de la clase Zumwalt, pero canceló el programa porque el cañón embarcado era demasiado caro [10].

Proyecto de escudo antimisiles de los Estados Unidos de América, por Etta Hulme, 2000

¿No pueden los USA reemplazar sus armas? Sí, pero no con la suficiente rapidez, y reconocen su incapacidad para satisfacer la demanda de municiones si tuvieran que enfrentarse a un adversario de fuerza equivalente [11]. Incluso en materia de construcción naval, la marina usamericana contaba con unos 600 buques en 1987, frente a solo 300 en la actualidad. La capacidad de construcción naval de China es 230 veces superior... Imagínense [12]. China es hoy una potencia marítima y posee la mayor flota naval, mientras que USA ha construido portaaviones gigantes, extremadamente costosos, sin munición suficiente...

Peor aún, la propia marina usamericana reconoce que la producción de misiles interceptores tipo SM-6, capaces de derribar misiles de crucero y balísticos, e incluso misiles hipersónicos, se enfrenta a un déficit de capacidad de producción similar al de la fabricación de proyectiles de 155 mm... Los USA han decidido aumentar la producción de estos misiles a 100 000 al mes, pero siguen produciendo solo 40 000, frente a los 14 000 de hace dos años. El problema se encuentra en las fábricas, pero también en el corazón mismo del misil... Se trata de TNT, que el Pentágono importa del extranjero, principalmente de Canadá. Para producir 100 000 misiles, USA necesita toneladas de este material. De los 40 000 misiles producidos, unos 18 000 están almacenados en depósitos, inutilizables por falta de este material explosivo... El Pentágono ha aprobado un plan para construir nuevas fábricas, pero todo esto es mortalmente lento si la guerra estalla mañana [13].

Mientras tanto, China va en la dirección opuesta: está aumentando su arsenal de armas, buques y portaaviones a un ritmo cinco o seis veces superior al de USA, y los produce cada vez más a nivel local [14].

Sí, USA sigue siendo la primera potencia militar... pero ¿de qué sirve un arma sin munición? Como describió Mackenzie Eaglen: «Es un milagro que el ejército usamericano tenga algo que pueda explotar» [15].

¿Cómo hemos llegado a esta situación?

USA ha construido un poder militar formidable... El imperio ha malgastado miles de millones de dólares en costosos sistemas de armamento: aviones de combate, misiles guiados, portaaviones, mientras se agotaban las reservas de municiones... El colosal presupuesto de defensa usamericano, que ronda los 850 000 millones de dólares al año, solo se destina en un 17 % a armamento, mientras que el 22 % se destina a los salarios de los militares y la mayor parte, el 39 %, a operaciones y mantenimiento [16].

El arsenal usamericano está repleto de armas pesadas de lujo, misiles Tomahawk de 2 millones de dólares cada uno, misiles interceptores de 28 millones de dólares cada uno y aviones de combate F-35 de 100 millones de dólares cada uno.


Quedándose sin municiones, por Taylor Jones

La paradoja se puso de manifiesto en la guerra de Ucrania, que demostró que la cantidad prevalece sobre la calidad en una guerra prolongada. Kiev aún se mantiene relativamente firme gracias a drones baratos, que se lanzan en enjambres repetidos como insectos, sin un costo significativo. Una idea inteligente [17], pero que no se ajusta a la mentalidad del Pentágono, obsesionado con las armas sofisticadas. E incluso si quisieran cambiar hoy, el proceso estaría sujeto a procedimientos burocráticos que llevarían años y a sistemas que requieren quince años de desarrollo [18]... Y en tiempos de guerra, quince años es el fin.

Estimado lector, deja de leer estas líneas por un momento y abre YouTube... Escucha a Jeffrey Sachs criticar la política de USA o a Douglas Macgregor comentar las armas y la capacidad de la institución militar para soportarlas... Luego vuelve y dime: ¿es este un arsenal formidable?

La administración yanqui ha propuesto soluciones, pero en realidad son minas: una de ellas consiste en implantar una tecnología comercial y flexibilizar las especificaciones técnicas para acelerar la producción, una medida que podría acelerar la producción, pero que también podría afectar al rendimiento en combate [19]. Otra solución: construir fábricas en USA y Canadá... Una idea excelente para una guerra que comenzará en 2040 [20]... Una tercera solución consiste en celebrar acuerdos de producción conjunta con aliados y socios fiables, pero es una opción lenta... El tiempo necesario para celebrarlos bastaría para que estallaran y terminaran dos guerras.

¿Cómo puede USA tranquilizar al mundo sobre su poder, cuando ni siquiera es capaz de asegurarse a sí mismo que sus reservas de armas no se agotarán antes de que empiecen los combates?

Trump sabe que cualquier enfrentamiento futuro con Rusia o China solo le dejará el arma nuclear... La cumbre Trump-Putin en Alaska podría ser una trampa disfrazada de invitación. Los rusos avanzan en Ucrania y la OTAN podría amenazar el flanco de Moscú a través de Azerbaiyán y Armenia... Trump podría poner a Putin ante la disyuntiva de ceder territorios, pero ¿cómo puede el vencedor ceder sus territorios? Putin lo entiende y quiere evitar una guerra nuclear. Podría optar por una tercera vía: un soborno geopolítico, como conceder a Trump una licencia para explotar tierras raras... ¿Es posible? En cualquier caso, Putin no cederá a ninguna de las condiciones de Trump, que no tiene nada que ofrecerle...

Europa está marginada, Francia y Alemania han perdido su peso... En cuanto a Zelensky, se le ha impuesto la guerra, se le impondrá la paz... La reunión de hoy entre Trump y Putin se parece más a una sala de subastas, donde USA podría intentar comprar una tregua temporal para reunir lo que queda de sus reservas antes de que China llame a la puerta de Taiwán. ¿Qué pasará hoy en Alaska?

Trump quizá descubra que la forma más fácil de ganar la guerra es dejarla en manos de otros, ponerla en manos de una Europa atónita, que se precipitará a los brazos de la OTAN, mientras Trump se queda con la carta del Atlántico, que podrá jugar en una aventura mayor cuando China decida recuperar Taiwán.

En cuanto a los misiles y la tecnología de que disponen los rusos y los chinos, es un espectro que acecha cada día en los pasillos del Pentágono... Pero me detendré aquí, porque es otra historia, que merecería otro artículo sobre las ilusiones de la disuasión y la pesadilla que se cierne sobre el imperio que se cree invencible.

Notas

[1]  Bryant Harris, US seeks to ramp up munitions production for Ukraine, Israel, Defense News, oct. 31, 2023

[2] Benjamin Parker, US Military Aid to Ukraine, Foreign Policy,  March 13,  2024

[3]  Bryant Harris, Defense News.

[4] Bradley Bowman  & Mark Montgomery, America’s arsenal is in need of life support, Defense News, Oct. 12, 2022.

[5] Business Insider, Houthi attacks exposed US Navy ammo supply shortfalls. Déclarations de l'amiral James Kelby devant la commission des crédits de la Chambre des représentants, le 15 mai 2025.

[6] AP News, US Red Sea operations costs, June 20, 2024.

[7]  Center for a New American Security, Dangerous Straits: Wargaming a Future Conflict over Taiwan, 2023.

[8] Bradley Bowman & Mark Montgomery, Defense News.

[9 The Pentagon’s missing missiles, The Week, July 28, 2025.

[10] The Week.

[11] W. Beaver, America Must Remedy Its Dangerous Lack of Munitions, Heritage Foundation, 2023.

[12] AP News, Dwarfed by China in shipbuilding, 2024.

[13] Sam Skove, US Army plans to ramp up artillery production for Ukraine, Newsweek ,  Feb. 7,  2024.

[14] Bryant Harris & Noah Robertson, Soaring US munitions demand strains support for Israel, Ukraine, Defense News, Taiwan,  Apr. 30,  2024 .

[15] Defense News, Oct. 12, 2022.

[16] The Pentagon’s missing missiles, The Week, July 28, 2025

[17] Benjamin Parker, US Military Aid to Ukraine, Foreign Policy, March 13, 2024.

[18]  Stacie Pettyjohn & Hannah Dennis, The Pentagon Isn’t Buying Enough Ammo, Foreign Policy, May 21 ,  2024

[19] Defense News, Apr.30,  2024 .

[20] The Week, July 28, 2025.