Gideon Levy, Haaretz, 7/11/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
L’auteur revient sur « l’incident » survenu le 12 octobre à un barrage routier de la police israélienne et ses suites, auquel il avait consacré une chronique le 5 novembre (lire ici)
Un homme roule innocemment dans sa voiture, sa mère âgée assise à côté de lui. Ils vont rendre une visite à leur famille dans une ville voisine. C'est l'après-midi, le temps est agréable et la musique est forte. Ils sont en route pour voir une tante, et la vie est belle. Soudain, un barrage routier. Même cela n'a pas entamé leur humeur : ils sont habitués aux barrages routiers. Par précaution, ils ont mis leur masque pour éviter une éventuelle amende.
Puis ils ont attendu. Le trafic s'est ralenti. Pendant ce temps, l'homme profite de la musique. Il semblait calme, posant son bras sur la fenêtre et attendant. Facebook Live était allumé depuis le début du voyage. Il aime se filmer, un gars balaise en T-shirt blanc et lunettes de soleil sombres.
La voiture de Marwan al-Husseini, après l'arrestation. Photo : Moti Milrod
Soudain, des cris se font entendre. Une bande de voyous armés s’abat sur la voiture. Ils brisent la vitre ; l'homme se protège la tête contre la matraque en fer. Puis ils prennent d'assaut la voiture en criant et en menaçant. L'un d'eux monte sur le siège arrière et saisit l'homme à la gorge avec des mains gantées de caoutchouc. L'autre monte à l'avant et le traîne violemment hors de la voiture. La caméra continue de tourner.
À côté de la voiture, on voit les voyous battre et frapper l'homme sans pitié. Sa mère âgée regarde, terrifiée. Elle voit son fils pleurer de douleur et ne peut rien faire d'autre que de crier.