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28/06/2023

JOAQUIN URIAS
Sans nibards, il n'y a pas de démocratie
Cachez ce sein que je ne saurais voir

Joaquín Urías, Publico, 27/6/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Joaquín Urías (Séville, 1968) est professeur de droit constitutionnel, ancien avocat auprès de la Cour constitutionnelle et militant espagnol des droits de l'homme.

NdT : un policier est intervenu lors d’un concert à Murcia pour obliger la chanteuse Rocio Saiz à couvrir ses seins avec un drapeau LGBTQI+. Cet incident a apporté un peu de sel dans la campagne insipide pour les élections générales du 23 juillet 2023. Ci-dessous le point de vue d’un juriste.

Depuis dix ans, chaque fois que la chanteuse Rocío Saiz chante “como yo te amo” lors d'un concert, elle le fait en montrant ses seins. Elle le fait, entre autres, comme un acte militant, pour rendre visible le corps féminin.


Dans la société dans laquelle nous vivons, le fait pour une femme de montrer ses seins est encore une provocation. Montrer ses tétons en public a toujours été un privilège masculin. Sur la plage, à un concert ou dans une fête, il est courant que les hommes se mettent torse nu sans que cela ne soit considéré comme indécent ou ne suscite de rejet. Les femmes, en revanche, ont toujours été confrontées à un interdit moral sévère selon lequel leurs seins, et en particulier leurs tétons, ne peuvent être exposés à la vue de tous. La sexualisation des seins en a fait non seulement quelque chose d'intime, l'objet d'un désir masculin omniprésent, mais aussi quelque chose de moralement interdit.

Dans les systèmes autoritaires, toujours masculins et patriarcaux, cette morale devient un droit. Dans toute dictature qui se respecte (même dans les dictatures communistes qui prétendaient transformer le monde à l’enseigne de l'égalité), les valeurs traditionnelles en matière de sexualité font loi. Les juges, la police et tout le système répressif sont utilisés pour punir toute personne dont le comportement ou les idées remettent en cause la morale traditionnelle. Le franquisme et le régime islamique des ayatollahs, les idées de Trump et celles de Poutine ne sont pas différentes. Ils punissent tous ceux qui baisent la mauvaise personne et ceux qui montrent leurs seins.

Face à cela, les sociétés démocratiques reposent sur un idéal de liberté qui exige l'espace le plus large possible pour exprimer toute dissidence sans être maltraité pour ça. La démocratie repose sur deux valeurs qui n'en sont pas moins séduisantes et utopiques pour autant : l'égalité et la liberté. La première est une condition nécessaire, la seconde un but et une méthode. L'essence de la liberté démocratique réside dans la possibilité de remettre en cause le pouvoir pour être soi-même comme on le souhaite. Tant le pouvoir politique et économique que le pouvoir majoritaire qui impose des valeurs et des jugements moraux.

C'est pourquoi le combat féministe est essentiellement démocratique. Il s'agit d'atteindre l'égalité entre les hommes et les femmes, mais aussi de reconquérir des espaces de liberté que les femmes ont perdus pendant des siècles. Il en va de même, par exemple, de la lutte pour les droits des LGTBI, à la recherche de l'égalité comme cadre permettant d'exercer librement le droit de chaque personne à être comme elle le souhaite, au-delà des limites étroites de ce que la religion et la morale conservatrice considèrent comme bien ou mal. La seule limite étant le respect de la liberté et de la personne d'autrui.

Et c'est pourquoi les libéraux espagnols autoproclamés sont souvent (et paradoxalement) des liberticides idéologiquement plus proches de l'autoritarisme que de la véritable démocratie. Ils disent défendre le libre licenciement ou la liberté des prix des loyers parce qu'ils recourent au jeu dialectique qui consiste à appeler liberté ce qui est dictature : que les puissants ou les plus riches puissent impunément imposer leur volonté aux moins favorisés en les empêchant d'avoir des conditions d'emploi ou d'accès à un logement décent. Le test décisif de ces soi-disant libéraux, c'est lorsqu'ils sont confrontés à des valeurs morales. Vous n'entendrez jamais Isabel Díaz Ayuso [présidente de la Communauté de Madrid, Parti Populaire] ou ses acolytes de VOX défendre le droit de montrer ses seins, l'éducation sexuelle, le droit de toujours parler sa propre langue ou tant d'autres droits. Ils caricaturent le féminisme ou le mouvement LGTBI parce qu'ils craignent que la lutte pour l'égalité ne conduise à une société sans privilèges. Démocratique.

C'est pourquoi, pendant la dictature franquiste, la morale chrétienne a imprégné une grande partie de notre système juridique. Il en reste des vestiges évidents, comme le délit de blasphème. D'autres, comme l'adultère ou le scandale public, ont heureusement été supprimés de notre code pénal, bien que ce dernier ait dû attendre 1988. Cependant, il semble que les politiciens, juges et policiers conservateurs se languissent de ce droit de la morale chrétienne et qu'à la moindre occasion, ils en profitent pour le récupérer (en détournant les règles existantes). Les exemples prolifèrent en ces temps d'involution démocratique.

Dans une démocratie, ce n’est pas un crime de se promener nu·e dans la rue. Ça ne peut pas l’être. Récemment, la Cour d’appel de Valence a été confrontée au cas d’Alejandro, un militant nudiste qui, confronté à des sanctions policières successives pour obscénité, a tenté d’entrer nu dans la salle d’audience où son appel était entendu. Il a obtenu gain de cause, mais a dû subir l’humiliation démocratique des juges qui ont déclaré que son comportement tombait dans un “vide juridique”. Ce que les juges appellent un vide juridique, d’autres l’appellent démocratie.

Le fait est que ce n’est pas un délit, ni punissable, mais notre police, si peu formée à la protection des droits et si diligente à la protection de la morale, n’est pas toujours d’accord. Les femmes souffrent particulièrement de ce harcèlement policier, car elles sont soumises à un concept de nudité plus large que celui des hommes, qui, dans leur cas, inclut les seins.

Alors que Rocío Saiz chantait l’amour avec enthousiasme, les seins à l’ air, à Murcia, un policier local lui a ordonné de s’ arrêter et a ensuite tenté de la sanctionner. Après le scandale, les autorités ultraconservatrices de cette communauté autonome ont tenté de faire profil bas et même le ministère public a demandé une enquête sur le policier. Mais ce n’est pas le seul cas, et il n’y a pas non plus le même rejet social lorsque la police inflige injustement une amende à une femme pour avoir montré ses seins.

La tendance à l’autoritarisme s’ insinue dans notre société par des failles bien connues. L’une des pires est la loi dite bâillon, conçue par le gouvernement conservateur et maintenue par la volonté explicite du parti socialiste. Cette loi permet à la police de punir n’importe quel citoyen pour tout ce qui lui semble irrespectueux, et c’ est l’ une des façons dont la morale est récemment devenue une loi. Parmi les très nombreuses conduites punissables incluses dans cette loi figure la commission d’actes obscènes”. Le caractère obscène ou non de l’acte est laissé à l’appréciation de l’ agent qui agit. Si l’agent en question estime que la poitrine d’une femme est obscène, il inflige une amende à la femme qui l’ exhibe, tout comme il peut infliger une amende à une personne qui se promène nue sur la plage ou à des personnes qui ont des relations sexuelles dans un parc public. On parle peu de cette tâche de nos forces de sécurité transformées en justiciers moraux à l’iranienne. Bien sûr, tout cela est très antidémocratique.

Face à la tentative de réduire nos droits, des gestes comme celui de Rocío Saiz sont admirables. La régression démocratique que nous vivons et qui se manifeste par le succès électoral d’options, comme VOX, qui nient les droits humains nécessite des actes individuels courageux qui ne semblent pas venir de nos hommes politiques. Espérons qu’un jour les candidats socialistes qui défendent encore la loi bâillon se décideront à l’abroger et que les candidat·es de Sumar qui jouent des coudes pour s’ inscrire sur les listes comprendront que c’ est la démocratie qui est en jeu. En attendant, il s’avère que les autocrates ont vraiment peur des nichons. Respect à celles qui les montrent, exposent leur corps et subissent une répression qu’ elles ne méritent pas.

 

14/10/2022

HAMID DABASHI
Comment le corps des femmes iraniennes est devenu un champ de bataille idéologique

Hamid Dabashi, Middle East Eye, 28/9/2022
 
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Hamid Dabashi (Ahvaz, Khouzistan, Iran, 1951) est titulaire de la chaire Hagop Kevorkian d'études iraniennes et de littérature comparée à l'université Columbia de New York. Ses derniers livres sont Reversing the Colonial Gaze : Persian Travellers Abroad (Cambridge University Press, 2020), The Emperor is Naked : On the Inevitable Demise of the Nation-State (Zed, 2020) et On Edward Said : Remembrance of Things Past (Haymarket, 2020).
@DabashiHamid

Le dévoilement forcé dans les sociétés « démocratiques » est aussi pernicieux que le voile forcé dans n'importe quelle partie du monde musulman

Manifestation contre le président iranien Ebrahim Raisi devant des Nations Unies le 21 septembre 2022 à New York (AFP)

La mort en détention d'une jeune Iranienne, Mahsa (Jina) Amini, a une fois de plus attiré l'attention mondiale sur la question du voile obligatoire en Iran.

Amini était une femme de 22 ans originaire de Saqqez, dans le nord-ouest du Kurdistan d'Iran, qui rendait visite à sa famille à Téhéran. Le 16 septembre, elle a été arrêtée dans les rues de Téhéran par une unité de la soi-disant “police des mœurs”, Gasht-e Ershad, comme on l’appelle et la craint en Iran ; probablement agressée physiquement, elle est tombée dans le coma en détention et est morte. 

Des responsables iraniens, dont le Président Ebrahim Raisi, ont appelé à une enquête sur sa mort. Raisi a également appelé la famille d'Amini en exprimant ses condoléances.

Mais ce fut trop peu, trop tard. Des protestations généralisées ont été signalées dans tout le pays - et des dizaines de personnes ont été tuées - avec la mort tragique d'Amini servant de point de déclenchement d’une colère et une frustration refoulées contre le régime au pouvoir.

Alors que les organes de l'État tentent de minimiser l'incident et d'écraser violemment les manifestations, les journalistes expatriés se sont rassemblés dans des médias comme BBC Persian ou Radio Farda pour comme d’'habitude monter en épingle leurs reportages et présenter l'ensemble de la protestation comme le signe que le régime de Téhéran est sur le point de tomber.

Les Moujahidine du peuple (Mujahideen-e Khalq , MEK) discrédités et les monarchistes entourant le fils de l'ancien Shah Reza Pahlavi se sont joints aux agitateurs professionnels au service des changeurs du régime usaméricains et ont pris le train en marche pour utiliser cet incident à leurs propres fins politiques.

Une forte composante islamophobe de l'activisme de clavier iranien a également abusé de l'occasion pour diaboliser toute l'idée des habitudes vestimentaires des femmes musulmanes. Il faut donc faire preuve d'une extrême prudence pour ne pas confondre cette coterie d'agents provocateurs hors d'Iran avec le véritable soulèvement à l'intérieur du pays. Il y a aussi beaucoup d'Ahmad Chalabi et Kanan Makiya parmi les expatriés iraniens.  

« Moralité » et classe

La terreur que les idéologues, la composante salafiste et talibanesque du régime iranien, exercent sur leurs citoyens ne se limite pas à, mais commence par, la régulation des codes vestimentaires des femmes iraniennes - en particulier les femmes pauvres et de classe moyenne.

Les femmes dans les parties les plus riches et les plus opulentes de Téhéran se soucient très peu de ces codes, et la soi-disant “police des mœurs” qui est elle-même formée principalement de personnes issues de familles pauvres et de la classe moyenne, n'ose pas les approcher.

La dynamique de pouvoir entre les riches et les pauvres - les puissants et les sans-pouvoir - révèle ici une banalité systémique qui définit le tissu même de la société iranienne sous le régime islamique.

Des décennies de sanctions usméricaines contre l'Iran ont exacerbé le terrible fossé entre les très pauvres et les obscènement riches en Iran. Les partisans et les facilitateurs du régime au pouvoir ont amassé des richesses astronomiques grâce à des pratiques commerciales louches et à une corruption profondément enracinée.

Dans un essai publié en 2009, Djavad Salehi Ispahani, un économiste iranien largement respecté basé aux USA, a résumé brièvement la condition post-révolutionnaire : « En Iran, les faits concernant l'évolution de l'égalité sont vivement débattus. Toutefois, les données du Centre statistique iranien montrent que les inégalités ont changé en termes de dépenses des ménages, de niveau d'instruction et d'accès aux soins de santé et aux services de base. Le tableau qui se dégage est mitigé : succès de l'amélioration du niveau de vie et de la qualité de vie des pauvres, et échec de l'amélioration de la répartition globale des revenus."  

Depuis la publication de cet article, les choses ont radicalement changé pour le pire - en partie à cause des sanctions étouffantes des USA.  Alors que le soulèvement social de 2017-2018 – moins de dix ans après la publication de l'article - a été principalement alimenté par les pauvres et pour des raisons économiques, le soulèvement actuel a lié ces problèmes économiques persistants aux préoccupations sociales principalement des classes moyennes concernant le comportement abusif de l'État à l'égard des femmes et le voile obligatoire.

Comme l'a révélé le soulèvement de 2017-2018, les lignes de faille économiques du régime au pouvoir, et les protestations déclenchées par le meurtre d'Amini en détention révèlent les aspirations frustrées d'une génération hautement compétente et connectée avec une conception d'elle-même différente de celle que l'État totalitaire lui permet d'exprimer.    

Du voile obligatoire au dévoilement obligatoire

Malgré la coalescence d'autres questions économiques tout aussi importantes, si ce n'est plus, au cœur de ces manifestations actuelles se trouve le voile obligatoire des femmes iraniennes contre leur gré.

Certes, il y a des millions de femmes iraniennes qui portent le hijab volontairement et fièrement comme signe de leur foi et de leur identité. Mais il y a aussi des millions d'autres femmes qui ne souhaitent pas que cette pratique leur soit imposée violemment.  

Le voile obligatoire qui a été initié peu de temps après que la République islamique a été proclamée était en contestation directe du dévoilement obligatoire, ou kashf-e hijab, que Reza Shah Pahlavi avait imposé aux femmes iraniennes quand il a pris le pouvoir dans les années 1930.


Reza Shah, "libérateur" de la nation iranienne, symbolisée pâr une femme-enfant dévoilée, dans un dessin du magazine Nahid (Venus) du 12 mai 1928

Deux tyrans, Reza Shah et l'ayatollah Khomeini, se sont concentrés sur le maintien de l'ordre dans les corps des femmes comme lieu de leurs idéologies respectives de pouvoir et de domination, les corps des femmes étant le champ de bataille idéologique de leurs pratiques patriarcales.

La première manifestation sociale massive contre le voile obligatoire de la République islamique a eu lieu à l'occasion de la Journée internationale des femmes, le 8 mars 1979. Plus de 40 ans plus tard, le régime a lamentablement échoué à imposer à ses citoyen·nes défiant·es sa brutale surveillance policière du corps des femmes.


Téhéran, 8 mars 1979

Ce à quoi nous assistons en Iran avec l'imposition du voile obligatoire est, bien sûr, l'inverse de ce que nous voyons dans une grande partie de l'Europe et de l'Amérique du Nord où les femmes musulmanes sont systématiquement harcelées si elles choisissent de porter le hijab musulman. Depuis des décennies, pas un seul jour ne passe sans une attaque violente raciste, misogyne et sectaire contre des femmes musulmanes en Europe et aux USA.  

Selon le Southern Poverty Law Center, l'institution très respectée qui documente les crimes de haine, « les groupes de haine anti-musulmans sont un phénomène relativement nouveau aux USA, beaucoup apparaissant après les attentats terroristes du 11 septembre 2001. Ces groupes diffament largement l'islam et colportent des théories complotistes selon lesquelles les musulmans sont une menace subversive pour la nation. Cela crée un climat de peur, de haine et d'intimidation à l'égard des musulman·es ou de ceux·celles qui sont perçu·es comme tels »

Les femmes musulmanes qui portent le hijab sont la cible principale de toute cette industrie de l'islamophobie car elles sont les plus visibles. Ces crimes ne sont pas seulement le fait d'un gang de gorilles racistes bien financés par des millionnaires islamophobes.


Dans toute l'Europe ainsi qu'aux USA, il y a eu une législation ciblant les femmes musulmanes et leur hijab. Des interdictions totales ou partielles du hijab musulman ont été introduites en Autriche, en France, en Belgique, au Danemark, en Bulgarie, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Italie, en Espagne (dans certaines localités de Catalogne), en Suisse, en Norvège et ailleurs.

Les USA ne vont pas mieux. Dans un article important du Hastings Race and Poverty Law Journal de 2008, Aliah Abdo écrit : « Le premier amendement de la Constitution des États-Unis garantit la liberté de religion, mais le climat sociopolitique et juridique actuel a permis diverses restrictions sur le hijab, le foulard porté par les femmes musulmanes. »

L'article, intitulé “The Legal Status of Hijab in the United States”, détaille « les restrictions et interdictions affectant le port du hijab dans les milieux éducatifs, l'emploi, l'entrée dans les prisons, les photos de permis de conduire d'État, les compétitions sportives, les aéroports, et devant les tribunaux, notant une tendance alarmante à la fois au niveau international et national."

Le dévoilement forcé en Amérique du Nord, en Europe ou en Inde est aussi pernicieux que le voile obligatoire en Iran, en Afghanistan ou dans toute autre partie du monde musulman. Les deux pratiques, bien qu’opposées en apparence, sont identiques en réalité, transformant le corps d'une femme musulmane en un champ de bataille d'idéologies opposées de contrôle corporel et de biopouvoir. Insister sur le choix de porter le hijab est donc aussi vital en Amérique du Nord et en Europe que le droit de ne pas le porter dans des endroits comme l'Iran ou l'Afghanistan.

Le monde dans son ensemble ne peut plus tolérer l'hypocrisie et la pratique du deux poids, deux mesures en ce qui concerne l'assujettissement des femmes en tant que citoyennes de deuxième ordre dans leur propre pays. Aucun pays européen ni les USA ne peuvent dénoncer le comportement abusif de l'État iranien tout en abritant les formes les plus vicieuses d'islamophobie ciblant les femmes musulmanes dans leur propre pays.  

Un soulèvement mené par des femmes 

Le comportement violent du régime islamiste au pouvoir en Iran est à la fois inquiétant et embarrassant pour les femmes musulmanes en Iran et à l'étranger qui choisissent de porter le hijab, et ce par fierté et identité. Il est impossible d'imaginer une femme musulmane qui choisit de porter le hijab aux USA ou en Europe ou ailleurs en tolérant son imposition violente aux femmes qui ne veulent pas le porter.  

La mort d'Amini en Iran a déjà marqué un soulèvement social massif dans tout le pays, révélant une fois de plus au monde entier le fait que le régime au pouvoir a violemment imposé une jurisprudence draconienne de peur et d'intimidation pour maintenir son emprise tyrannique sur le pouvoir.

L’appareil de propagande, de sécurité, de renseignement et militaire du régime peut ou pas réussir à écraser ce soulèvement comme il l’a fait dans les vagues de révolte précédentes.

Mais le fait indubitable demeure que la République islamique, en tant qu'appareil d'État, n'a pas réussi catégoriquement à générer un iota de légitimité pour elle-même plus de 40 ans après avoir volé les rêves et les aspirations d'un avenir démocratique pour des millions d'Iraniens.

Vers cet avenir démocratique, le résultat positif le plus significatif qui puisse résulter de ce soulèvement est que les femmes le dirigent et en définissent le cours et les conséquences. Mais le terme « femmes » ne doit pas être pris comme un terme générique, car deux intersections sont cruciales : la dynamique de classe et le symbolisme du voile. 

La cause légitime du choix des femmes de porter ou non le hijab doit croiser la dynamique entre la classe ouvrière et la classe moyenne. Quand les femmes voilées et dévoilées, les travailleuses et les femmes de la classe moyenne, se réuniront pour mener ce soulèvement, alors enfin nous aurons une révolution sous les yeux.

Avant cela, méfiez-vous des gadgets et des contrefaçons des changeurs de régime basés aux USA avec un opportuniste de carrière comme porte-parole pour rien d’autre que leurs propres intérêts pathétiques.

Personne ne parle au nom d'Amini sauf les voix fortes mais sourdes d'un soulèvement social massif à la recherche des termes de sa propre émancipation. Posez vos oreilles sur le sol et écoutez attentivement. Les subalternes de par le monde ne parlent pas anglais.  

                             Zan, Zendaji, Azadi Femme, Vie, Liberté  زن، زندگی، آزادی