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Sergio Rodríguez Gelfenstein
¿Qué hará Marcos Rubio? 

31/07/2023

JUAN PABLO CÁRDENAS S.
Une proposition obscène de Gabriel Boric

Juan Pablo Cárdenas S., Política y Utopía, 24 de julio 2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Si la droite chilienne était moins obtuse et insensible, les partis qui la représentent devraient en fait accueillir avec enthousiasme l’invitation du président Boric à signer une déclaration commune à l’occasion du 50e anniversaire du coup d’État de 1973. Par cette signature, le chef de l’État veut reconnaître leur vocation démocratique, y compris le mérite d’être des défenseurs des droits humains.


Mais le plus incroyable dans tout cela, c’est que les autorités du pays cherchent une réconciliation historique entre les victimes et ceux qui ont été au moins les auteurs intellectuels de l’horreur qui s’est poursuivie au Chili pendant 17 ans avec cette dictature civilo-militaire sanglante dirigée par celui que le monde entier reconnaît comme l’un des pires bouchers de l’histoire mondiale.

Pire encore, l’impunité règne toujours pour les horreurs commises avec l’assentiment de la droite politique et économique, qui cherche encore aujourd’hui à justifier l’attentat sanglant de La Moneda, la déliquescence de nos institutions et les terribles séquelles des assassinats, de la torture, de l’exil et d’une foule d’autres aberrations connues de tous.

Pinochet, comme nombre de ses collaborateurs, n’a pu être poursuivi et condamné par la justice chilienne, de même que de nombreux épisodes terribles contre la dignité humaine n’ont toujours pas été élucidés. Il n’y a pas non plus de certitude totale sur les crimes commis par la caste militaire et politique en raison de son manque de probité, qui a pris le contrôle d’entreprises publiques et dénationalisé les principales ressources naturelles du pays.

Tout cela reste impuni grâce aux gouvernements civils de l’après-dictature, qui ont toujours craint un nouveau soulèvement militaire. Limités, en outre, par la Constitution de 1980 (qui nous régit toujours) et par cet ensemble de lois dictées par l’homme qui a fini par porter le titre de président de la République, un statut qui n’est effacé qu’aujourd’hui des archives officielles.

Ces jours-ci, aux USA, Pedro Barrientos, l’assassin du chanteur-compositeur Víctor Jara est déchu de sa nationalité usaméricaine, un assassin qui, comme d’autres agents, a bénéficié d’une protection dans le pays qui a encouragé et financé le renversement d’un président élu par le peuple. Une responsabilité dont la Maison Blanche et la CIA tentent aujourd’hui de se défaire, parallèlement à leurs efforts de cooptation des décisions de nos nouvelles autorités. Ils sont déterminés à ce que le lithium, l’hydrogène vert et d’autres ressources soient désormais appropriés par leurs transnationales.

Nous craignons que la curieuse invitation de Gabriel Boric à tous les partis représentés au Parlement ne soit que le fruit de ses réflexions les plus intimes, alors qu’il se rendait en Europe à ce sommet présidentiel où les pays les plus puissants de la planète rencontrent ceux du tiers-monde pour consolider de bonnes affaires. Celles qui sont toujours plus avantageuses pour ceux qui ont toujours officié en tant que conquérants, non pas pendant cinquante ans, mais pendant plus de cinq siècles.

On imagine que notre nouveau président n’a pas eu recours aux conseils et aux critiques de plusieurs de ses alliés qui ont déjà exprimé leur réticence à l’invitation présidentielle. Dans l’espoir, certainement, de faire toute la lumière sur les crimes contre la démocratie et les droits humains, avant de se soumettre à une conciliation forcée avec ceux qui sont encore déterminés à défendre la Charte fondamentale léguée par le tyran, ainsi que le système économique et social qui a brutalement divisé le pays entre les très riches et les dramatiquement pauvres. Des secteurs politiques et économiques qui cherchent à perpétuer l’inégalité flagrante qui, si elle continue ainsi, nous assure d’une nouvelle et grave explosion sociale.

Plutôt que d’apaiser la droite, le gouvernement qui se proclame de gauche devrait s’engager à laisser de côté l’opposition tenace exercée par ces secteurs, en optant plutôt pour un pacte sérieux et solide avec le monde social qui a parié sur son élection, dans l’espoir de la justice et certainement d’une démocratie fondée sur la distribution équitable des revenus, sur des normes éducatives plus élevées et sur une éthique rigoureuse dans l’utilisation des ressources publiques.

Il s’agit d’objectifs pour lesquels aucun progrès raisonnable ne peut être constaté. Au contraire, de nouveaux actes de corruption ont été commis en à peine un an de gouvernement Boric.  

 

30/07/2023

FABIO MERONE
Mahdi Amel, le Gramsci arabe

Fabio Merone, OrientXXI, 29/7/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Fabio Merone, docteur en Sciences politiques de l’université de Gand (Belgique), est chercheur associé au Centre interdisciplinaire de recherche sur l’Afrique et le Moyen-Orient de l’université Laval (Québec, Canada). Il travaille sur l’islamisme et le salafisme dans le monde arabe contemporain. Avec F. Cavatorta, il a édité Salafism after the Arab Awakening: Contending with People’s Power (Hurst, 2017). Bibliographie

Près de quarante ans après sa mort, Hassan Abdallah Hamdan (1936-1987), plus connu sous son nom de guerre Mahdi Amel, reste une référence politique et intellectuelle pour la gauche libanaise et arabe.

“Lisez Mahdi Amel”, Beyrouth 2019

Hassan Abdallah Hamdan (1936-1987), plus connu sous le nom de guerre de Mahdi Amel, était un communiste libanais original qui a été surnommé le “Gramsci arabe”1. Comme le marxiste italien, Amel a tenté de “nationaliser” le communisme en appliquant les catégories critiques du marxisme au contexte national2 et en élaborant sur cette base un projet politique et culturel pour l’émancipation des masses. Il a été assassiné par des milices islamistes chiites en 1987. Bien que son projet politique ait été partiellement dépassé par les accords de Taëf de 1989 (qui ont mis fin à la guerre civile libanaise), il reste le témoignage d’un intellectuel militant et critique qui a consacré sa vie à lutter contre le système confessionnel libanais et à poursuivre un véritable projet de libération nationale. C’est aussi pourquoi, récemment, il est devenu l’un des symboles des jeunes générations de Libanais qui sont descendus dans la rue en 2017 et 2019 pour renverser l’“État confessionnel”, ainsi que de tous les Arabes qui ont cherché une voie originale vers le communisme.

Le contexte historique et l’expérience de vie d’un intellectuel militant

Le projet culturel et politique de Mahdi Amel peut être placé dans le contexte plus général de l’émancipation nationale des intellectuels et des forces politico-culturelles du Sud, qui se sont engagés dans la construction de nouvelles sociétés post-coloniales libérées de la dépendance vis-à-vis du centre capitaliste et de l’hégémonie culturelle occidentale. On peut relier Amel à la pensée et au parcours politique de Frantz Fanon, qu’il a rencontré en Algérie et dont il était un admirateur ; à l’intellectuel indien Ranajit Guha, qui, depuis l’Inde, a introduit Antonio Gramsci dans les études postcoloniales par le biais de ce que l’on appelle les “études subalternes” ; ou, enfin, à Ali Shariati, l’intellectuel iranien qui a tenté de fusionner le marxisme avec la théologie chiite de la libération.

La caractéristique commune de ces auteurs et de leur projet était qu’ils voulaient amener la collectivité nationale nouvellement indépendante à un niveau plus élevé de conscience de soi afin de parvenir à une véritable émancipation culturelle, politique et économique. En termes plus proprement marxistes, Amel était intellectuellement un enfant de ce que l’on appelle la “théorie de la dépendance”, la construction théorique fondamentale sur laquelle raisonnaient les marxistes arabes et du Sud. Selon cette théorie, le colonialisme avait unifié le monde dans des relations d’interdépendance, sur la base desquelles le centre capitaliste dominait et assujettissait la périphérie. Le système économique des colonies avait été construit de telle sorte que ces pays, une fois intégrés dans le commerce international, étaient dépendants des centres financiers et économiques occidentaux, dont les bourgeoisies locales étaient des sous-produits. Ces dernières, en particulier, étaient “cosmopolites” (au sens gramscien de “non-nationales”), économiquement dépendantes et culturellement subordonnées.

De ce point de vue, tant Fanon et Guha que Shariati avaient appelé à une construction nationale basée sur une révolution culturelle qui revendiquait la subjectivité nationale contre l’idéologie coloniale. Amel appartenait à ce type de courant politico-culturel, mais il savait aussi s’en distinguer. Communiste militant dès ses années universitaires à Lyon, il profite du climat culturel fervent des années 1950 et 1960. Il se passionne pour l’historicisme gramscien 3 et utilisera plus tard des concepts tels que “bloc historique”, “idéologie” et “hégémonie” 4. Il est également influencé par le débat suscité en France et dans le monde communiste par les révélations de Khrouchtchev au 20e congrès du PCUS (1956), qui donnent lieu à une vive controverse entre ceux qui veulent réformer le marxisme dans une optique humaniste (le marxisme dit occidental) et ceux qui veulent le réhabiliter dans une optique révolutionnaire.

Amel a donc vécu dans un climat culturel influencé par Gramsci, Poulantzas et Althusser, dans lequel le “Sud” a été porté à l’attention des mouvements gauchistes. D’un point de vue théorique marxiste, cela s’est traduit par une tentative de reconceptualisation de la catégorie de “mode de production”, en l’adaptant aux contextes coloniaux et post-coloniaux, un concept sur lequel Amel a travaillé en particulier dans les années 70 5.

Après avoir passé une importante période de formation en Algérie (1963-68) 6 , Amel s’est immergé dans la réalité libanaise. De retour dans son pays natal, il rejoint le Parti communiste libanais (PCL) et en devient un dirigeant et un idéologue important. Surtout, il commence à élaborer une pensée originale, conciliant activité théorique et militantisme pratique. Son épouse Evelyne Brun raconte qu’à cette époque, il était particulièrement impliqué dans le dialogue avec les planteurs de tabac de la région du Mont-Liban (où un mouvement de protestation était en cours dans les années 1970) et qu’il témoignait qu’ « être marxiste, c’est être une personne qui peut apporter des réponses aux problèmes de la vie de tous les jours » 7. Il a notamment été un bâtisseur actif de cellules syndicales et populaires au Sud-Liban, où vit encore aujourd’hui la partie la plus marginalisée de la population libanaise. C’est à cette époque qu’il commence à être connu sous le nom de Mahdi Amel, nom qu’il choisit comme pseudonyme pour les articles qu’il écrit dans l’organe du parti, al-Tarīq (la route/le chemin).

Il est important de comprendre cette période de son militantisme et de celui du parti communiste libanais, qui se percevait comme un parti révolutionnaire d’avant-garde des masses de travailleurs et de subalternes. Ceux-ci tentaient en fait de réaliser la bataille politique pour l’émancipation nationale par le biais du militantisme au sein de la population. Les communistes se sont également identifiés à la question palestinienne et se sont proposés comme l’avant-garde de la résistance armée contre l’occupation militaire israélienne dans le sud du pays (1978-82), et le point de jonction du front politique des forces de gauche et démocratiques contre les droites confessionnelles et fascistes soutenues par les pays occidentaux et alliées d’Israël.

Il est évident que le parcours intellectuel et la vie politique d’Amel ont été marqués par la guerre civile libanaise (1975-1990), qu’il a perçue comme une occasion de réaliser son projet national de libération du pays du système confessionnel. Mais cette période est aussi marquée par l’émergence de l’islamisme chiite (Amal et Hezbollah), qui évince les communistes du Sud-Liban et se substitue à eux comme force de résistance. Mahdi Amel avait reconnu un potentiel révolutionnaire dans la communauté chiite libanaise, mais n’avait pas prévu la montée de l’islamisme en tant que force révolutionnaire alternative, probablement mieux adaptée que les communistes pour jouer ce rôle. Il a été assassiné par des miliciens chiites, mettant fin à la vie d’un intellectuel militant passionné et à l’expérience du parti communiste libanais en tant que force politique exerçant une certaine influence.

L’État confessionnel et l’idéologie de la bourgeoisie libanaise

La pensée de Mahdi Amel se caractérise par une réflexion sur la réalité politique du Liban et du monde arabe. En particulier sur l’État, son appareil idéologico-hégémonique et le mode de production socio-économique. Mahdi Amel est en effet célèbre pour les deux principales catégories analytiques que sont le “mode de production colonial” et l’“État confessionnel”

Il a annoncé son projet dès ses premières années libanaises, dans l’essai Colonialism and Backwardness (1968) : « Si nous voulons une pensée marxiste adaptée à notre réalité et capable d’avoir une perspective scientifique, nous ne devons pas appliquer cette pensée de manière abstraite, mais plutôt avoir comme point de départ la spécificité même de notre réalité » 8. Il analyse ensuite le processus historique de formation de la bourgeoisie coloniale dans son livre Prolégomènes, dans lequel il pose les bases de sa réflexion théorique 9.

Amel a comparé les exemples historiques de l’Égypte et du Liban en particulier, soulignant comment la pénétration coloniale avait empêché le développement d’une bourgeoisie nationale, alors qu’une classe de propriétaires terriens proto-capitalistes s’était formée à la fin de la période ottomane. Au Liban, l’entrée dans le mode de production capitaliste a conduit au développement de la monoculture de la soie et à l’orientation de l’économie vers le marché international. Cela a empêché la formation d’une bourgeoisie basée sur l’artisanat local et a conduit au contraire au développement d’une classe bourgeoise coloniale. Contrairement à la bourgeoisie européenne, qui s’était initialement formée en tant que classe révolutionnaire (contre l’aristocratie foncière), la bourgeoisie libanaise était le résultat d’une relation de subordination économique et politique.

L’analyse d’Amel s’inscrit dans le débat qui divise alors les communistes arabes entre ceux qui voient dans la bourgeoisie nationale une force progressiste possible avec laquelle s’allier, et ceux qui n’y voient qu’un ennemi de classe à renverser car inéluctablement allié au capital international. L’analyse d’Amel se voulait plus complexe : en saisissant les deux aspects de la bourgeoisie - nationale et cosmopolite - il voulait démasquer son appareil idéologique. D’où la nécessité, dans sa construction théorique, d’une théorie de l’État, qu’il élabore dans Fī al-dawla al-ṭaifiyya (“De l’État confessionnel”), publié en 1986, un an avant sa mort.

La question de la bourgeoisie nationale - son origine confessionnelle et l’appareil idéologique qui justifie sa domination - a donc constitué l’étape décisive de son développement théorique. Il écrit : « C’est une erreur de dire que l’idéologie confessionnelle est l’idéologie de la classe dominante avant les rapports de production capitalistes, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une idéologie religieuse ou d’une forme de celle-ci (...). C’est une erreur dans laquelle se trouvent également certains marxistes » 10. Amel voyait en effet dans le système confessionnel constitutionnel libanais un instrument idéologique moderne au service de la domination de la classe bourgeoise et capitaliste, qui se légitimait à travers lui. Ce système n’avait pas manqué d’être défendu et propagé par l’intellectuel maronite Michel Chiha, qu’Amel considérait comme l’idéologue de la bourgeoisie dominante et contre lequel il lançait ses flèches polémiques, à la manière d’Antonio Gramsci contre Benedetto Croce. Chiha voyait dans le système confessionnel libanais la garantie du modèle libéral et démocratique, dans lequel la citoyenneté se réalise dans l’appartenance communautaire.

Pour Amel, en revanche, il s’agit d’un “pacte confessionnel” entre les élites des différentes communautés qui se liguent les unes contre les autres au détriment de la classe ouvrière de chacune d’entre elles. Le confessionnalisme était aussi l’instrument de la domination d’une communauté particulière sur toutes les autres : la communauté maronite minoritaire et dominante contre les communautés musulmanes subordonnées (la communauté chiite surtout). L’“État confessionnel” était donc, aux yeux d’Amel, un projet idéologique fonctionnel aux intérêts politiques et économiques de la classe dirigeante maronite et des élites interconfessionnelles. Ce système était (et est toujours) basé sur la division du pouvoir au sein de l’État entre les différentes confessions et le contrôle politique et économique des différentes élites au sein de chacune d’entre elles.

Pour Amel, le véritable projet d’émancipation nationale ne pouvait donc passer que par la dissolution de ce système et le dépassement de la domination du capital international. Amel proposait également une plate-forme politique (partagée par le PCL) qui liait inextricablement la bataille politique nationale à la cause palestinienne. Pendant la guerre civile libanaise, en effet, les factions politiques maronites s’étaient alliées à Israël et aux puissances occidentales contre le front progressiste et les Palestiniens des camps de réfugiés. Mahdi Amel a enfin mis en lumière le phénomène de du squadrisme* phalangiste, en le comparant à l’analyse de Gramsci. Ce dernier avait vu dans le squadrisme fasciste un produit de la bourgeoisie capitaliste en crise d’hégémonie. Comme à l’époque du fascisme italien, l’hégémonie du pouvoir bourgeois confessionnel maronite, qui avait été fondée sur le confessionnalisme idéologique, semblait à Amel en crise de légitimité. Le Parti communiste et les forces progressistes du pays, réunies dans un “bloc historique”, devaient donc abattre le pouvoir de la bourgeoisie et le système confessionnel sur lequel il reposait.


La victoire des islamistes et la “revanche” de Mahdi Amel

Le Parti communiste libanais et Mahdi Amel ont fini par être victimes de la guerre civile, dont ils pensaient pouvoir exploiter les contradictions à leur avantage. Le PCL avait en effet formé un front de résistance contre l’occupation israélienne au Sud-Liban, avec un certain succès, mais il a ensuite été vaincu par les forces islamistes chiites émergentes. Amel et d’autres dirigeants communistes (dont l’intellectuel Hassan Muruwwa) ont été victimes d’une campagne d’élimination des dirigeants communistes menée par les “forces obscures” islamistes, probablement soutenues par la Syrie. Le chiisme politique s’est alors imposé comme une force populaire et a donné un coup d’arrêt définitif au mouvement communiste libanais.

Les accords de Taëf de 1989 ont finalement abouti à un résultat différent de celui préconisé par les révolutionnaires communistes : le système confessionnel, au lieu de disparaître, a été reconfirmé et renforcé. Le Hezbollah est devenu une force dirigeante et le chiisme politique a réussi à intégrer la communauté chiite dans le système politique confessionnel. Si cette solution a permis de sortir du conflit, la persistance de la crise dans le pays semble néanmoins avoir confirmé la thèse fondamentale de Mahdi Amel, celle d’un système confessionnel en crise permanente d’hégémonie.

Les protestations sociales et juvéniles qui ont éclaté dans le pays en 2017 et 2019 ont donc réévalué les théories d’Amel, qui a ainsi eu sa “revanche” politique post-mortem. En effet, non seulement les nouvelles générations révolutionnaires libanaises ont remis la question du dépassement du système confessionnel au centre de leur programme politique, mais elles ont aussi et surtout fait de la figure de l’intellectuel marxiste un symbole de leurs espoirs.

NdT

*« Squadrisme » [de squadra, équipe, escouade, brigade] est le terme par lequel on désigne les forces paramilitaires luttant par la violence contre les mouvements sociaux suscités par les socialistes et les communistes après la Première Guerre mondiale en Italie. Nées avant le fascisme italien, elles en sont devenues une forme de bras armé. Ces mouvements paramilitaires furent dirigés par les chefs locaux (les ras, du nom des chefs éthiopiens) des Faisceaux italiens de combat.

Notes de l’auteur

1.      Prashad, Vijay . The Arab Gramsci , 5 mars 2014

2.     Labib, Tahar (2017). “Gramsci nel pensiero arabo”. In : Manduchi Patrizia, Marchi Alessandra e Vacca Giuseppe (a cura di). Gramsci nel mondo arabo. Il Mulino. Bologna

3.     Sa thèse de doctorat était intitulée : Sujet et praxis. Essai sur la constitution de l’histoire.

4.    Safieddine, H. (2021). Mahdi Amel : On Colonialism, Sectarianism and Hegemony. Middle East Critique, 30(1), 41-56.

5.     Il convient de rappeler dans ce débat l’importante contribution du marxiste franco-égyptien Samir Amin qui, dans le sillage du maoïsme dominant, a revalorisé la périphérie en tant que site de la révolution mondiale.

6.    C’est à cette époque qu’il publie un premier article pour la revue Révolution Africaine, intitulé « La pensée révolutionnaire de Franz Fanon ».

7.     Mahdi Amel, “Al-Thaqafa wa al-thawra” (1ère partie). Accessible sur : https://www.youtube.com/watch?v=3euM6XRfmZQ&t=1311s   

8.    Cité dans "Dawn : Marxism and National Liberation" (p.20). Dossier no 37 | Tricontinental : Institut de recherche sociale, février 2021. La traduction italienne est de l’auteur de l’article.

9.    Amel, M. (2013) Muqaddimat Nazriyya Li-Dirasat Athar l-Fikr al-Ishtiraki Fi Harakat al-Taharrur al-Watani [Prolégomènes théoriques à l’étude de l’impact de la pensée socialiste sur le mouvement de libération nationale] (Beyrouth : Dar al-Farabi).

10. Amel, M. (1986) Fi Al-Dawla al-Ta’ifiyya [Sur l’État confessionnel] (Beyrouth : Dar al-Farabi), p.24.

 

 

29/07/2023

MICHELE GIORGIO
Quand Sinéad O’Connor qualifiait Itamar Ben Gvir de “bon à rien”

Michele Giorgio, il manifesto, 28/7/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

En 1997, la jeune, talentueuse et célèbre Sinéad O’Connor devait se produire à Jérusalem lors d’un festival organisé par des femmes israéliennes et palestiniennes intitulé “Deux capitales, deux États”. La musicienne et chanteuse irlandaise avait dû renoncer à ce concert en raison des menaces de mort proférées par le Front idéologique, une organisation d’extrême droite dirigée par un jeune Israélien, Itamar Ben Gvir. « Des groupes juifs d’extrême droite ont menacé de nous tuer, moi et mon groupe. Je ne suis pas prête à mourir pour les conneries de quelqu’un d’autre, ni à mettre mon groupe en danger, alors nous n’y sommes pas allése, avait expliqué O’Connor.

Ben Gvir n’a pas assumé la responsabilité des menaces. Cependant, il s’est vanté à la radio israélienne d’avoir, d’une manière ou d’une autre, provoqué l’annulation du concert dans le cadre d’un événement qui, a-t-il expliqué, était perçu comme une attaque contre le contrôle exercé par Israël sur l’ensemble de Jérusalem, y compris la zone arabe revendiquée par les Palestiniens comme la capitale de leur futur État indépendant. O’Connor a réagi en publiant une déclaration à l’Associated Press dans laquelle il accusait Ben Gvir de « n’avoir rien fait de bon dans la vie » et l’admonestait en disant que « Dieu ne récompense pas ceux qui sèment la terreur parmi les enfants du monde ».

L’article du journal Haaretz sur l’affrontement entre Itamar Ben Gvir et Sinéad O’Connor

Mercredi, l’artiste irlandaise qui a fait chanter au monde entier Nothing Compares 2 U est morte, laissant ses nombreux fans consternés. En revanche, l’extrémiste Itamar Ben Gvir, inconnu il y a vingt-six ans, est aujourd’hui ministre de la Sécurité nationale, l’un des postes les plus importants du gouvernement de l’État juif. Hier matin, sans même tenir compte des assurances données par le président israélien Herzog quant au respect du statu quo des lieux saints de Jérusalem, Ben Gvir a de nouveau pénétré sur l’Esplanade des Mosquées de Jérusalem à l’occasion de Tisha B’Av, le jour de la commémoration de la destruction du Temple juif. Il s’agit de la troisième “visite” de Ben Gvir sur le site depuis que le Premier ministre Benyamin Netanyahou a remporté les élections en novembre dernier. Et comme les précédentes, elle n’avait pas un but touristique. « C’est l’endroit le plus important pour le peuple d’Israël. Nous devons revenir et montrer notre autorité... En ce jour, en ce lieu, nous devons nous rappeler que nous sommes tous frères. Nous sommes le même peuple. Lorsqu’un terroriste regarde par la fenêtre, il ne peut pas nous distinguer », a déclaré le ministre - décrit comme un suprémaciste même par de nombreux Israéliens - en référence aux manifestations de masse, dont la dernière a eu lieu la nuit dernière, qui se déroulent en Israël contre la réforme judiciaire voulue par le gouvernement d’extrême droite religieuse au pouvoir. Quelques heures avant les revendications de Ben Gvir sur l’Esplanade des Mosquées (considérée par la tradition juive comme le site du Temple), un jeune Palestinien de 14 ans, Faris Abu Samra, a été tué lors d’une fusillade déclenchée par un raid de l’armée israélienne dans la ville de Qalqiliya (Cisjordanie). Cela porte à 202 le nombre de Palestiniens tués cette année par des soldats et des colons israéliens, dont 37 adolescents et enfants et 11 femmes.

Amit Halevi, député du Likoud, Yitzhak Wasserlauf, ministre du développement du Néguev et de la Galilée, et le rabbin Shimshon Elboim, du groupe du Mont du Temple, ont participé à la marche de Ben Gvir. Le ministère palestinien des affaires étrangères a vivement protesté : « Le gouvernement israélien soutient officiellement les raids et les agressions contre la mosquée Al Aqsa et les tentatives visant à modifier le statu quo... Netanyahou porte la responsabilité directe de cette provocation ». Des protestations ont également été émises par la Jordanie, l’Égypte et les USA. En représailles, un groupe affilié au Hamas a revendiqué le lancement d’une roquette artisanale depuis Jénine en direction d’une colonie israélienne.

GIDEON LEVY
Quand Israël fait par inadvertance ce qu’il faut

Gideon Levy, Haaretz, 27/7/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

La bonne nouvelle : les responsables militaires craignent que le refus des réservistes de servir (“non-volontariat”) n’affecte l’état de préparation au combat de l’armée israélienne. Encore mieux : Amos Harel a estimé, dans Haaretz mercredi 26 juillet, qu’à la lumière des brutalités policières à l’encontre des manifestants, les plus jeunes d’entre eux « réfléchiront à deux fois avant de s’enrôler pour servir » dans les territoires. Que demander de plus, une patrie ?

Des soldats israéliens pointent leurs armes tandis que d’autres arrêtent un Palestinien lors des affrontements qui ont suivi la démolition d’une maison palestinienne à Hébron, en Cisjordanie, ce mois-ci. Photo: MUSSA ISSA QAWASMA/ REUTERS

Il n’y a pas lieu de prendre à la légère la menace du chef d’état-major concernant les dommages qui résulteraient du refus de servir de milliers de réservistes, en particulier des pilotes. C’est le Premier ministre Benjamin Netanyahou qui a déclaré qu’Israël pourrait survivre avec quelques escadrons en moins. Cette remarque contient une vérité importante, même si nous ne pouvons plus croire un mot qui sort de sa bouche. L’expérience des dernières décennies, depuis la dernière bataille aérienne des pilotes, et la situation sécuritaire soulèvent la question de savoir si les Forces de défense israéliennes en général, et l’Armée de l’air israélienne en particulier, ne sont pas trop grandes, trop puissantes et trop gonflées.

Il ne s’agit pas seulement de la quantité scandaleuse de ressources que l’armée consomme, au détriment des besoins civils. L’excès de puissance des FDI les pousse à une hyperactivité inutile dans certains cas et désastreuse dans d’autres. Une réduction des forces - moins de pilotes et moins de soldats pour maintenir l’occupation et protéger les colons violents - pourrait faire du bien. Peut-être que non seulement les jeunes qui refusent de servir y réfléchiront à deux fois, mais peut-être que les FDI elles-mêmes y réfléchiront à deux fois avant chaque frappe aérienne inutile ou chaque raid d’arrestation encore plus inutile.

L’excès de pouvoir conduit à la surutilisation. Les meilleurs développements en matière de défense nécessitent de l’entraînement, et les soldats en surnombre doivent être occupés afin de les maintenir en alerte et de justifier leur conscription. Si plusieurs escadrons sont cloués au sol en raison du refus de leurs pilotes de servir, peut-être l’armée de l’air réduira-t-elle ses frappes aériennes secrètes et inutiles en Syrie et dans d’autres lieux mystérieux. Personne ne connaît leur but, leur efficacité et le moment où nous en paierons le prix. Personne ne le demande non plus.

À l’exception de ces missions et des préparatifs grandioses pour la mère de toutes les attaques aériennes contre l’Iran, qui ne sera jamais réalisée, il semble que l’armée de l’air n’ait pas grand-chose à faire, si ce n’est bombarder périodiquement la bande de Gaza impuissante ou le camp de réfugiés de Jénine. S’il n’y a pas assez de pilotes pour effectuer ces missions, non seulement la sécurité d’Israël ne sera pas compromise, mais elle pourrait même en bénéficier. Ces bombardements n’ont jamais empêché la résistance violente à l’occupation : ils n’ont fait que l’encourager, tout en commettant des crimes de guerre et en créant des tragédies humaines. Il serait donc préférable que les pilotes se reposent chez eux pendant un certain temps - jusqu’à la prochaine guerre, qui semble pour l’instant lointaine. Lorsqu’elle se rapprochera, on peut compter sur eux et sur les autres réservistes pour être les premiers à s’engager, que ce soit dans une semi-démocratie ou dans une semi-dictature.

Les jugements de Harel sur le refus attendu des soldats de servir dans les territoires sont porteurs d’espoir. L’une des réussites de la protestation est la légitimité qu’elle a conférée au refus de servir, pour la première fois dans l’histoire d’Israël. Il sera désormais plus difficile de qualifier les objecteurs de conscience de traîtres. On ne peut pas non plus ignorer le bénéfice qui pourrait résulter du fait de ne pas appeler les réservistes à servir dans les territoires [occupés depuis 1967]. Les territoires sont déjà saturés de soldats.

Voir des soldats assis jour et nuit à l’entrée des colonies illégales de Homesh et d’Evyatar, comme je l’ai fait cette semaine, suffit à faire exploser de rage. Voir les barrages routiers surgir sans rime ni raison, comme je l’ai vu cette semaine à l’entrée d’Anabta ou d’Emek Dotan, devant lesquels des centaines de voitures palestiniennes sont restées pendant des heures jusqu’à ce qu’ils soient enlevés sans raison, comme ils étaient apparus, c’est comprendre qu’il y a beaucoup trop de soldats qui s’ennuient dans les territoires.

L’excès de puissance a toujours été l’un des problèmes d’Israël. L’excès de puissance l’a conduit à l’arrogance, à la vantardise et à des guerres inutiles et l’a empêché de reconnaître les limites de sa puissance et de rechercher des alternatives. Peut-être que, par inadvertance, Israël fera ce qu’il faut et que nous aurons désormais une armée plus petite et plus intelligente, qui sera peut-être même un peu plus morale.

 

 

 

28/07/2023

AMEER MAKHOUL
Crise judiciaire : Israël va-t-il entrer en guerre pour sauver son armée ?


Ameer Makhoul, Middle East Eye, 26/7/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Nous pouvons nous attendre à une double forme d’agression israélienne dans les jours à venir, visant à cibler la présence palestinienne et à affirmer la domination régionale.

Un soldat israélien pointe son fusil vers des manifestants palestiniens près de la colonie juive de Beit El en Cisjordanie occupée, le 26 janvier 2023 (AFP)

Si les USA ne semblent pas préoccupés par une guerre généralisée au Moyen-Orient, ils n’en restent pas moins déterminés à y disposer d’une force militaire hautement préparée : l’armée israélienne, qui fait partie intégrante des intérêts géopolitiques majeurs de Washington dans la région.

D’un point de vue pragmatique, le terme “préparé” implique une capacité claire, tangible et authentique à gérer et à contrôler habilement un conflit, et à remporter la victoire avec un minimum de pertes tout en sauvegardant les intérêts usaméricains, y compris la protection des troupes usaméricaines dans la région, le cas échéant.

Mais il y a des raisons majeures de douter de l’existence de cette préparation à l’heure actuelle. Israël est déchiré par des divisions internes, caractérisées par des clivages de plus en plus profonds, qui se traduisent par un refus national de se soumettre au service de réserve, par un affaiblissement de l’armée et de l’ensemble du système de gouvernement, ainsi que par les dangers potentiels d’une domination fasciste.

En Israël, le déclin actuel de l’état de préparation de l’armée signifie une incapacité à s’engager dans des actions militaires et un manque de vision pour planifier des guerres de manière stratégique ou même pour lancer des opérations à échelle limitée.

Bien que cela ne concerne pas directement la capacité de l’armée à faire face à un conflit immédiat, cela pourrait néanmoins avoir un impact crucial, brisant l’esprit de la population et du personnel militaire, ce qui pourrait avoir de graves conséquences. Certains en Israël considèrent même que la crise politique interne en cours en Israël constitue une plus grande menace que l’Iran.Haut du formulair

La période difficile et chaotique que traverse l’armée israélienne va bien au-delà d’un simple dilemme tactique. La crise politique a fait naître un profond sentiment de fragilité sociale et une relation politique fracturée avec l’État.

Cette situation a fait dérailler le système dirigeant, le privant de tout semblant de conscience et suscitant des inquiétudes quant à sa capacité à gouverner efficacement les affaires de l’État - en particulier lorsqu’il agit de manière immorale, sans consensus populaire.

La fragmentation au sein de l’armée israélienne est exacerbée par l’incapacité du ministre de la Défense à sauvegarder les intérêts de l’armée, la laissant exposée à des conflits politiques prolongés. Pire encore, l’armée doit maintenant faire face au choix difficile de donner la priorité à la loyauté aux principes de la loi plutôt qu’à l’allégeance au dirigeant. En fin de compte, une telle situation conduit à un état de désintégration qui ne cesse de s’étendre.

Des défis exponentiels

Compte tenu des réalités israéliennes sur le terrain, ces conflits présentent des défis exponentiels. Même si un véritable accord collectif visant à résoudre le conflit entre les partis d’extrême droite au pouvoir et l’establishment militaire et du renseignement était possible, à ce stade, ni les déclarations politiques ni un consensus interne ne permettraient de résoudre efficacement la crise de grande ampleur.

Au contraire, ce dont le pays a besoin de toute urgence, selon les perceptions internes, c’est d’une opération militaire limitée qui donnerait à l’armée l’occasion de retrouver une légère apparence de force, même si elle est finalement revendiquée comme une victoire par la partie adverse.

Par exemple, l’administration israélienne dirigée par le Premier ministre Ehud Olmert pendant la guerre du Liban de 2006 pensait avoir réussi à restaurer son pouvoir sur la frontière nord d’Israël, tout en ne reconnaissant pas l’établissement ultérieur d’une dissuasion mutuelle avec le Hezbollah.

Le lien entre la réforme judiciaire du gouvernement de coalition - qui vise à empêcher tout examen des accords qui ont conduit à la création de l’administration israélienne la plus à droite de l’histoire - et les ambitions plus larges du gouvernement mérite d’être examiné, en particulier après la redistribution des pouvoirs ministériels.

Parmi ces développements spectaculaires et notables figure la nomination du ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui a été chargé de superviser la légitimation, l’établissement et l’expansion des colonies illégales dans les territoires palestiniens occupés, dans le but de remodeler à terme le statu quo juridique de la Cisjordanie occupée.

Parallèlement, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, s’est vu confier des pouvoirs étendus pour réprimer les Palestiniens. Il a mené une campagne incessante d’attaques raciales contre la population palestinienne, tandis que le gouvernement a poursuivi sa politique de judaïsation de certaines parties de la Cisjordanie occupée, du Néguev (Naqab) et de la Galilée. Ce programme est au cœur du pouvoir religieux sioniste en Israël.

Une escalade plus large

Il n’est donc pas surprenant que la période à venir se traduise par une forme d’agression israélienne sur deux fronts. Tout d’abord, cette agression se déploiera contre la population palestinienne, avec notamment de nouveaux plans d’annexion de terres, dans le but ultime de modifier l’identité démographique des territoires occupés.

Deuxièmement, Israël s’efforcera de rétablir sa présence à sa frontière nord, ce qui pourrait conduire à une escalade plus large dans la région.

La coalition au pouvoir cherche à consolider et à maintenir son pouvoir en privant les partis et les communautés arabes de participation à la Knesset, dans le seul but de tirer parti des pouvoirs constitutionnels dévolus au gouvernement, au détriment du contrôle de la Cour suprême.

La société israélienne, dont une grande partie est désespérée, passe à un esprit de colère publique, tandis que certains envisagent d’émigrer et de se dissocier de l’État sioniste.

La question demeure : L’administration usaméricaine de Biden réévaluera-t-elle ses relations avec le gouvernement de Netanyahou et protégera-t-elle les Palestiniens et les Arabes des risques imminents qui émergent de plus en plus du résultat du vote de lundi ? Il s’agit d’une question qui peut sembler interne à Israël en apparence, mais qui vise en fin de compte à exploiter la lutte des Palestiniens pour la liberté.