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30/08/2024

GIDEON LEVY
Pour avoir un peu d’air, la députée palestinienne Khalida Jarrar s’allonge sur le sol, près de la fente sous la porte de la cellule

Gideon Levy, Haaretz, 30/8/2024
Traduit par  
Fausto GiudiceTlaxcala

La députée palestinienne Khalida Jarrar* a été de nouveau arrêtée après le déclenchement de la guerre et est emprisonnée depuis lors sans inculpation. Elle est maintenant totalement isolée, dans des conditions inhumaines.


Ghassan Jarrar, le mari de Khalida, chez lui à Ramallah cette semaine. Il est très inquiet du sort de sa femme, comme devrait l’être tout défenseur des droits humains en Israël et ailleurs. Photo Moti Milrod

Après avoir été emprisonnée lors des arrestations massives de Palestiniens de Cisjordanie par Israël quelques mois après le déclenchement de la guerre à Gaza, Khalida Jarrar a reçu l’ordre de rester derrière les barreaux pendant encore six mois, toujours en détention administrative - sans inculpation et sans procès.

La prisonnière politique palestinienne n° 1 - dont Israël affirme qu’ elle est membre de la direction politique du Front populaire de libération de la Palestine, qu’il considère comme un groupe terroriste - a été enlevée à son domicile il y a huit mois et est incarcérée depuis lors. Jusqu’à il y a deux semaines et demie, elle était détenue avec d’autres prisonnières de sécurité dans la prison de Damon, sur le mont Carmel, à l’extérieur de Haïfa. Puis, soudainement, sans aucune explication, elle a été transférée à Neve Tirza, une prison pour femmes dans le centre d’Israël, jetée dans une minuscule cellule de 2,5 x 1,5 mètres et laissée dans un isolement total 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Sa cellule n’a pas de fenêtre. Il n’y a pas d’air, pas de ventilateur, seulement un lit en béton et un mince matelas, ainsi que des toilettes, sans eau la plupart du temps. Cette semaine, elle a dit à son avocat que pour respirer un peu, elle s’allongeait sur le sol et essayait d’aspirer un peu d’air par la fente située sous la porte de la cellule. Elle ne boit pas beaucoup, afin d’éviter d’avoir à utiliser les toilettes, qui dégagent une odeur nauséabonde.

C’est ainsi qu’Israël détient ses prisonniers politiques : sans inculpation ni procès, dans des conditions inhumaines qui sont illégales, même selon les décisions de la Haute Cour de justice (comme celles relatives à la surpopulation des cellules, que les autorités pénitentiaires ignorent).


Jarrar célèbre sa libération après 14 mois d’emprisonnement, en 2016. Photo Majdi Mohammed / AP

Parfois, la féministe et militante politique de 61 ans appelle pendant des heures un garde pour qu’il l’assiste - Jarrar est malade et prend des médicaments - sans aucune réponse. Lorsque j’ai demandé à son mari, Ghassan, cette semaine, ce qu’il pensait qu’elle faisait pendant toutes ces heures d’isolement inhumain, il s’est tu et ses yeux sont devenus humides. Khalida et Ghassan ont une longue expérience de l’incarcération : lui a passé une dizaine d’années de sa vie en prison, elle environ six. Mais son emprisonnement actuel est sans aucun doute le plus dur et le plus difficile de tous, sous la poigne de fer de l’administration pénitentiaire israélienne d’Itamar Ben-Gvir.

Elle est imprégnée de souffrance : au cours de chacune de ses précédentes incarcérations - toutes sauf une étant également des détentions administratives - un proche parent est décédé, et Israël l’a empêchée de participer aux funérailles ou aux rituels de deuil. En 2015, lorsque son père est décédé, elle était en détention ; en 2018, lorsque sa mère est décédée, elle était en détention ; en 2021, l’une de ses deux filles, Suha, est décédée à l’âge de 31 ans, et même dans ce cas, Israël a été dur et a refusé d’autoriser la mère endeuillée à assister à l’enterrement. Khalida Jarrar a été libérée trois mois après la mort de sa fille et s’est rendue directement de la prison de Damon à la tombe de Suha. « Vous pensez que nous n’avons pas de sentiments », m’a-t-elle dit à l’époque.[Libérée d’une prison israélienne, Khalida Jarrar fait le deuil de sa fille mais ne va pas cesser de batailler contre l'occupation]

Et maintenant, pendant sa détention actuelle, son neveu, Wadia, qui a grandi chez elle comme un fils, est mort d’un arrêt cardiaque à l’âge de 29 ans.

Les catastrophes qui ont frappé Khalida dépassent l’entendement : les tragédies se succèdent et elle y fait face héroïquement, du moins en apparence ; elle est derrière les barreaux pour la cinquième fois de sa vie et pour la quatrième fois depuis 2015. Le fait que, à l’exception d’un cas, elle n’ait jamais été condamnée pour quoi que ce soit (et même cette seule condamnation était pour un délit politique, « appartenance à une association illégale », et non pour avoir commis des actes de terrorisme ou de violence), sans qu’Israël n’ait jamais présenté la moindre preuve contre elle lors d’un procès - cela devrait choquer toute personne en Israël ou à l’étranger qui croit en la démocratie. À cinq reprises, Haaretz a demandé sa libération dans des éditoriaux, mais en vain.

Jarrar, qui s’oppose au régime, au régime d’occupation, est membre du Conseil législatif palestinien, qui ne fonctionne pas actuellement, mais cela devrait lui conférer l’immunité parlementaire. Elle est prisonnière de conscience en Israël. Lorsque nous parlons de prisonniers d’opinion au Myanmar, en Russie, en Iran ou en Syrie, nous ne devons pas non plus oublier Jarrar. Lorsque nous parlons d’Israël en tant que démocratie, nous avons l’obligation de nous souvenir de Jarrar.

La dernière fois que nous avons visité la belle maison en pierre des Jarrar dans le centre de Ramallah, c’était après sa libération de sa précédente peine de prison, directement dans la période de deuil de la mort de Suha. C’est à cette occasion qu’elle a vécu son retour de prison le plus douloureux. La Jeep rouge neuve que son mari lui avait achetée deux ans plus tôt et qu’elle avait à peine réussi à conduire avant d’être arrêtée était garée en contrebas.

Cette semaine, la Jeep rouge est restée silencieuse dans l’allée. Mais la maison est plus vide et plus triste que jamais : Suha est morte, Khalida est en prison et l’autre fille, Yafa, l’aînée du couple, vit à Ottawa avec son mari canadien et leur fille de deux ans, qu’ils ont appelée Suha en mémoire de sa tante. Seuls Ajawi (datte mûre) et Asal (miel), deux chats roux, errent encore ici.


Khalida Jarrar tient une photo de sa fille Suha, décédée alors qu’elle était emprisonnée en Israël, en 2019. Elle a appris sa mort par la radio. Photo Alex Levac

Un cerf-volant a volé cette semaine dans le ciel de Ramallah, bien au-dessus des lugubres embouteillages autour du point de contrôle de Qalandiyah. De l’autre côté de la fenêtre de la maison des Jarrar, le bruit des hélicoptères se fait soudain entendre : Le président palestinien Mahmoud Abbas revient apparemment après une nouvelle mission diplomatique - la Jordanie lui a fourni deux hélicoptères.

Il y a deux mois, Ghassan a fermé son usine de Beit Furiq, au sud-est de Naplouse, qui fabriquait des animaux en peluche. L’épreuve des points de contrôle à l’aller et au retour - Beit Furiq est verrouillée par les autorités israéliennes depuis le début de la guerre de Gaza - et la situation économique, dans laquelle les jouets captivants et colorés fabriqués à partir d’une fourrure synthétique spectaculaire n’ont aucune chance, l’ont contraint à fermer son entreprise. De nombreux Palestiniens ont subi le même sort en Cisjordanie, où les revenus se sont taris parce que les travailleurs ne sont plus autorisés à entrer en Israël.

Ghassan, 65 ans, est actuellement membre du conseil municipal de Ramallah, à la tête d’une faction indépendante de quatre personnes. Depuis l’enlèvement le plus récent de Khalida à leur domicile, il s’est lancé dans un régime sportif vigoureux, courant 10 kilomètres par jour et nageant.

Les ravisseurs sont arrivés le 26 décembre 2023 à 5 heures du matin, forçant discrètement la porte d’entrée en fer et faisant irruption dans la chambre à coucher au deuxième étage. Ghassan, qui dormait profondément et n’a rien entendu au début, a été réveillé en sursaut par des coups de crosse et des coups de poing au visage donnés par des soldats, dont certains étaient masqués. Il se souvient avoir instinctivement essayé de protéger son visage, sans comprendre ce qui se passait, jusqu’à ce qu’il entende l’un des soldats dire : « Il a essayé d’attraper l’arme ». Ghassan s’est réveillé brusquement. Il a entendu les fusils être armés et a senti les rayons laser rouges de leurs viseurs passer sur son visage. C’est l’instant où il a le plus frôlé la mort, dit-il. Il a immédiatement levé les mains en signe de reddition et a sauvé sa vie.

Les soldats n’ont pas fait de mal à Khalida. On lui a ordonné de s’habiller, de prendre quelques vêtements et ses médicaments, et de descendre avec les soldats. Là, dans l’allée, elle a été menottée et on lui a bandé les yeux. Les ravisseurs n’ont rien dit sur les raisons de sa détention et sur le lieu où elle était emmenée.

Elle a été placée en détention administrative pendant six mois sans subir d’interrogatoire. Le 24 juin, cette détention a été prolongée de six mois, comme d’habitude, sans inculpation ni explication. Les conditions de détention à la prison de Damon sont pires que celles de la prison de Hasharon, près de Netanya, où elle avait été incarcérée la fois précédente. En outre, depuis le début de la guerre, la situation des prisonniers de sécurité s’est considérablement aggravée grâce au duo sadique formé par le ministre de la sécurité nationale Ben-Gvir et son chef de cabinet et laquais, Chanamel Dorfman.

À Damon, il y avait entre 73 et 91 prisonnières et détenues palestiniennes lorsque Khalida s’y trouvait, rapporte Ghassan, qui ajoute qu’elle s’y est montrée plus prudente et n’a pas essayé de jouer le rôle de cheffe de ses codétenues, comme elle l’avait fait auparavant. Depuis décembre, bien sûr, son mari ne l’a pas rencontrée et ne lui a même pas parlé - toutes les visites aux prisonniers palestiniens ont été interrompues par Ben-Gvir. En 2021, Khalida a appris la mort de sa fille par la radio, mais aujourd’hui, il n’y a ni radio, ni bouilloire électrique, ni plaque chauffante, ni aucun autre appareil susceptible d’améliorer son sort. Rien non plus ne peut être acheté dans les cantines des prisons de l’ère Ben-Gvir.

Le 13 août, un avocat qui avait rendu visite à une autre détenue a signalé que Khalida n’était plus à Damon. Naturellement, personne au sein de l’administration pénitentiaire israélienne n’a pensé à en informer la famille, qui a immédiatement entrepris des démarches fiévreuses pour savoir où elle se trouvait. L’avocate de la famille, Hiba Masalha, a contacté le conseiller juridique de l’administration pénitentiaire, mais n’a pas obtenu de réponse. Finalement, on lui a dit à Damon que Khalida avait été transférée à Neve Tirza. Aucune autre information n’a été communiquée.

Pour autant que l’on sache, il n’y a pas d’autres prisonniers de sécurité à Neve Tirza. Ses détenus criminels pourraient représenter un danger pour une prisonnière de sécurité palestinienne comme Khalida, mais elle a été immédiatement placée en isolement. Personne n’a expliqué à son avocat les raisons de son isolement ni sa durée. Pour une femme de plus de 60 ans en mauvaise santé, il s’agit en effet de conditions inhumaines.

Le 20 août, l’association palestinienne Addameer de soutien aux prisonniers, a envoyé une lettre urgente aux chefs de toutes les missions diplomatiques à Ramallah et à Jérusalem, décrivant le sort de cette femme connue dans le monde entier comme une prisonnière d’opinion.

La semaine dernière, le directeur de la prison a informé Khalida qu’elle avait droit à une promenade quotidienne de 45 minutes dans la cour de la prison, seule. Depuis, elle n’est sortie que deux fois pour des promenades encore plus courtes que celles d’un chien. Mais ce privilège lui a été retiré cette semaine. Masalha lui a rendu visite et Khalida lui a dit qu’elle n’avait ni brosse à dents, ni dentifrice, ni brosse à cheveux, ni aucune sorte de pantoufles. Ghassan s’inquiète de ce qui se passera si elle s’évanouit à cause du diabète et d’autres maladies dont elle souffre, car les gardiens ne répondent pas à ses appels.

Haaretz a envoyé cette semaine les questions suivantes à l’administration pénitentiaire : Pourquoi Jarrar a-t-elle été transférée à Neve Tirza ? Pourquoi a-t-elle été placée en isolement total ? Pourquoi la permission de faire des promenades quotidiennes a-t-elle été annulée ? Pourquoi ne lui a-t-on pas fourni les produits de première nécessité ?

La réponse à toutes ces questions a été la suivante : « L’IPS [Service pénitentiaire israélien] fonctionne conformément à la loi, sous le contrôle strict de nombreux fonctionnaires de surveillance. Chaque prisonnier et détenu a le droit de déposer des plaintes de la manière prévue et leurs allégations seront examinées ».

Entre-temps, Ghassan Jarrar est très inquiet du sort de sa femme, comme devrait l’être tout défenseur des droits humains en Israël et ailleurs. Selon l’organisation israélienne de défense des droits humains B’Tselem, une soixantaine de détenus palestiniens sont déjà morts ou ont été tués dans les prisons israéliennes depuis le début de la guerre, soit bien plus que le total des 20 années d’existence de la tristement célèbre prison militaire de Guantanamo.

Cette semaine, Khalida n’avait qu’une seule demande à faire à son avocat : veiller à ce qu’elle puisse respirer. « Il n’y a pas d’air, je suffoque », a-t-elle déclaré à Masalha cette semaine, d’une voix étranglée.

NdT

*Khalida Jarrar (1963) est une des 3 député·es du Bloc Abu Ali Mustapha (FPLP ) au Conseil Législatif Palestinien (le parlement de Ramallah) depuis 2006. Arrêtée à plusieurs reprises depuis 1989, elle a purgé des peines de prison en 2015-2016 et 2017-2019. Féministe, elle a aussi fait partie de la direction d’Addameer, association de soutien aux prisonniers et pour les droits humains. Elle a été interdite de voyages à l’étranger par Israël depuis le début de ce siècle.

Lire Khalida Jarrar est maintenue en isolement depuis 16 jours : Libérez-la maintenant !, par Samidoun, 28/8/2024


 

 

 

 

 

05/05/2024

REBECCA RUTH GOULD
Littérature carcérale palestinienne et lutte pour la liberté
Présentation du roman “Les trois principes premiers”de Wissam Rafidi

 Rebecca Ruth Gould, Books Are Our Superpower, 26/4/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Dans son introduction à la traduction anglaise en 2024 de son roman الأقانيم الثلاثة (Les trois principes premiers, publié pour la première fois en arabe en 1998), Wissam Rafidi, ancien prisonnier politique et actuel professeur d'université, cite l'écrivain palestinien emblématique et symbole de la résistance révolutionnaire Ghassan Kanafani. Dans sa nouvelle Retour à Haïfa publiée en 1969, Kanafani écrit : « en dernière analyse, l'homme est une cause ».

Pour les non-initiés à la lutte palestinienne, ces mots peuvent sembler quelque peu énigmatiques. Qu'est-ce que cela signifie exactement de dire que « l'homme » - signifiant ici « l'humain » - est une cause ? Une cause de quoi ? Une cause pour qui ?

La vie de Kanafani, artiste révolutionnaire et créatif - bien connu de tous les écrivains palestiniens - nous indique le sens de ces mots. En affirmant que l'homme est une cause, Kanafani insiste sur le maintien de l'humanisme et de l'humanité, même face à la violence israélienne brutale et à des décennies de colonisation. L'humanité passe toujours en premier : c'est la base de la lutte et sa justification ultime. En citant Kanafani comme son mentor spirituel, Rafidi s'inscrit dans une longue tradition de fiction révolutionnaire, en arabe et au-delà.

Le remarquable roman carcéral de Rafidi est le dernier épisode d'une longue tradition de littérature carcérale palestinienne, qui comprend Walid Daqqa, décédé d'un cancer dans une prison israélienne en avril 2024, Nasser Abu Srour et Mahmud Isa.

La politique de la fiction révolutionnaire

On peut dire que la fiction révolutionnaire est née dans les romans russes du XIXe siècle, tels que Que faire ? de Nikolaï Tchernychevski (1863), et Les possédés (1871-1872) de Fiodor Dostoïevski. La tradition a connu un nouvel essor dans la littérature arabe, avec notamment La neige entre par la fenêtre (1969) de l'écrivain syrien Hanna Mina*.

La fiction révolutionnaire se définit par ses objectifs : comment renverser l'ordre existant de la société contemporaine. Toutes les fictions révolutionnaires ne prônent pas activement la révolution - la critique brutale de l'hypocrisie révolutionnaire par Dostoïevski en est un exemple - mais la fiction révolutionnaire palestinienne le fait certainement.

The Trinity of Fundamentals est une œuvre de fiction révolutionnaire dans le sens où elle a été écrite par un révolutionnaire autoproclamé qui a été emprisonné en raison de ses affiliations politiques. Peut-être plus important encore, il s'agit également d'une œuvre de fiction révolutionnaire parce qu'elle nous aide à imaginer un monde meilleur, fondé sur la conviction que l'humanité est elle-même une cause.

Comment le roman a été écrit et conservé

L'existence de La Trinité des fondamentaux est un miracle en soi. Le roman a été composé entre 1993 et 1995, pendant l'incarcération de Rafidi dans le cam de détention de Ketziot**, dans le désert du Naqab/Néguev (connue par de nombreux Palestiniens sous le nom de Naqab-Ansar 3), alors qu'il rêvait d'être libéré. Afin de dissimuler le manuscrit en cours aux gardiens, les codétenus de Rafidi ont copié des passages du roman en écriture miniature et ont fourré ces extraits dans des capsules de pilules qu'ils ont ensuite fait passer en contrebande dans d'autres prisons.

Le roman a finalement été publié en arabe à Damas en 1998. Il arrive maintenant dans le monde anglophone grâce à 1804 Books et au Mouvement de la jeunesse palestinienne, Mohamed Tutunji ayant rédigé une première version. La traduction se lit bien, même si elle s'écarte par endroits de l'original arabe.

Alors que le manuscrit circulait clandestinement d'une cellule de prison à l'autre, Rafidi, qui languissait dans sa propre cellule, pensait que celui-ci avait été perdu à jamais. En effet, alors qu'il était sur le point d'achever son récit, un gardien a découvert les méthodes utilisées par les prisonniers pour faire passer le manuscrit en contrebande et l'a confisqué.

À l'insu de Rafidi et du gardien israélien, le manuscrit existait en deux exemplaires. Trois codétenus de Rafidi avaient copié le roman sur du papier suffisamment petit pour tenir dans des capsules de médicaments, qui ont ensuite été passées en contrebande dans six prisons, jusqu'à ce que l'auteur découvre en 1996 que le manuscrit qu'il croyait perdu était largement lu par des prisonniers palestiniens.

Fiche d’identité du détenu Wissam Rafidi

Une histoire de vie, de révolution et d'amour

La révolution pour laquelle le protagoniste du roman, Kan'an Subhi, vit et est prêt à mourir est celle du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation militante à laquelle appartenait Kanafani et que Rafidi a rejointe à l'âge de 16 ans.

Le roman retrace les neuf années (1982-1991) pendant lesquelles Kan'an mène une vie clandestine en Cisjordanie occupée, déménageant de maison en maison pour garder une longueur d'avance sur les autorités militaires israéliennes, qui ont proscrit le FPLP.

La famille de Kan'an lui conseille de sortir de la clandestinité, afin qu'après avoir purgé sa peine, il puisse éventuellement mener une vie normale, mais il a reçu des instructions du FPLP de ne pas se rendre et de ne pas rompre avec la discipline du parti. Les engagements révolutionnaires intransigeants de Kan'an déterminent la structure générale du roman. Pourtant, ses principes politiques coexistent avec un vaste éventail de vies, allant de l'amour passionné à la douleur intense.

En effet, le titre - une traduction plus littérale de l'arabe Al-Aqanim Al-Thalatha serait Les trois hypostases - fait référence aux trois principes que Rafidi considère comme constitutifs du sens de toute chose : la vie, la révolution, l'amour. La tâche de Kan'an, qu'il ne parvient pas à accomplir à la fin du roman, est d'unir ces trois principes en un tout.

Alors que la plupart des ouvrages sur les prisons se concentrent sur l'expérience de l'incarcération, The Trinity of Fundamentals est un roman sur la vie en dehors de la prison, écrit depuis une cellule de prison. L'histoire est racontée à la troisième personne, mais filtrée par le point de vue de Kan'an. Le récit de l'existence clandestine de Kan'an est entrecoupé de digressions historiques éclairantes qui enrichissent considérablement le récit et donnent un aperçu des conditions de la résistance palestinienne tout au long des années 1980.

Entre les explications sur le rôle du FPLP dans la formation de l'activisme étudiant, nous découvrons l'amour de Kan'an pour sa camarade Mouna et les tensions que ses engagements révolutionnaires entraînent dans leur relation. Mouna recherche le bonheur, pas l'action révolutionnaire. Elle est dépeinte de manière quelque peu unidimensionnelle, comme une femme pour qui « l'activité de résistance n'a qu'une influence superficielle, comme du rouge à lèvres ». Au fur et à mesure qu'elle s'efface de sa vie, Mouna devient pour Kan'an un vague souvenir, transformé en « shrapnel d'une image ».

D'autres femmes, comme Hind, son dernier amour avant son emprisonnement, sont encore plus éphémères. Dans la mémoire de Kan'an, Hind est un « éclair qui vous donne le souvenir d'une blessure ». Ces deux femmes sont comparées par le narrateur à des serre-livres qui marquent le début et la fin de son existence clandestine.

Lorsqu'il est capturé par les Israéliens, il consolide « son alliance avec son moi révolutionnaire » et se prépare « à entrer dans la nouvelle phase de confrontation » avec l'État d'Israël, celle d'un prisonnier politique. À travers l'histoire du passage à l'âge adulte d'un prisonnier politique, Rafidi articule un récit central de la littérature carcérale palestinienne. Ce même thème revient dans la fiction d'autres écrivains palestiniens emprisonnés, tels que Walid Daqqa.

Internationalisme palestinien contre domesticité usaméricaine

Comme d'autres romans révolutionnaires, La trinité des fondamentaux est imprégné d'un didactisme sincère. Après tout, il ne s'agit pas seulement de l'histoire d'un individu et de sa quête d'épanouissement personnel ; c'est aussi l'histoire du peuple palestinien dans sa résistance à l'occupation coloniale israélienne. Avec ses longues mais instructives digressions historiques et politiques, The Trinity of Fundamentals a plus en commun avec un roman comme Guerre et Paix ou Que faire ? qu'avec les derniers lauréats du Booker ou du prix Pulitzer.

Je dis cela entièrement dans un esprit de louange. Le sérieux et le didactisme du roman sont en décalage avec la plupart des romans anglophones contemporains, dans lesquels la quête du héros pour la réalisation de soi se déroule dans un monde tourné vers l'intérieur, qui ne tient guère compte des injustices globales.

Une autre qualité qui distingue ce livre de la plupart des romans de langue anglaise est son mélange unique de faits et de fiction. (À cet égard, le roman rappelle celui d'un merveilleux écrivain palestinien de cette plateforme, Ramsey Hanhan 🇵🇸 🌍, auteur de l'autobiographie romancée Fugitive Dreams). Dans l'introduction, Rafidi lui-même décrit La trinité des fondamentaux comme un « roman fictif de la vie clandestine ».

En effet, au milieu du récit, nous avons droit à une histoire de la lecture en prison. Le narrateur nous raconte comment la littérature a « nourri » Kan'an et a également « renforcé sa fibre morale, cultivé son goût pour l'art et la beauté, attisé en lui les flammes de l'inimitié envers les tyrans, stimulé son opposition à toutes les manifestations d'oppression ».

Parmi les romans qui se sont révélés essentiels à l'éducation littéraire de Kan'an, citons La neige entre par la fenêtre (1969), de Hanna Mina, et le classique soviétique Et l’acier fut trempé (1932), de Nikolaï Ostrovsko. Cependant, les œuvres qui inspirent Kan'an ne sont pas toutes ouvertement politiques ; elles comprennent des œuvres de fiction de l'écrivain brésilien Jorge Amado et de l'écrivain saoudien Abderrahmane Mounif.

Bien établi en Russie et dans d'autres traditions littéraires révolutionnaires, le genre de l'autobiographie romancée n'a pas encore réussi à s'imposer en anglais, où l'on préfère généralement que les faits soient étroitement séparés des fictions.

Réunir le personnel et le politique

La séparation de la fiction usaméricaine entre le politique et le personnel se fait à son détriment, comme le montre la comparaison avec les engagements politiques qui animent la fiction palestinienne et arabe. Selon Rafidi, cette séparation du politique et du personnel a conduit à une société dans laquelle « la quête libérale d'enterrer les concepts et les points de départ révolutionnaires, et de semer le doute à leur sujet, a atteint des proportions sans précédent ».

L'évolution de la conscience révolutionnaire de Kan'an au cours de sa vie dans la clandestinité acquiert une acuité particulière dans le contexte du génocide en cours à Gaza. Rafidi nous fait réfléchir sérieusement à ce que signifie se consacrer à une cause et tout sacrifier pour la libération collective.

Comme Kan'an le conseille à Mouna lorsqu'elle met en doute sa lutte révolutionnaire : « Arme-toi de détermination et cela rendra l'impossible possible ». En nous armant de détermination, La Trinité des fondamentaux devient un roman non seulement pour notre époque, mais aussi pour toutes les générations futures. Puisse-t-il nous aider à imaginer collectivement un avenir dans lequel la révolution pour laquelle Kan'an lutte atteindra ses objectifs.

NdT

*Hanna Mina (1924-2018), considéré comme le père du roman arabe moderne, reste un inconnu pour l’édition francophone. Sur ses plus de 40 romans, un seul a été publié en français en 1986, traduit par Abdellatif Laâbi : Soleil en instance.

** La prison de Ketziot, dans le désert du Naqab/Néguev, est le plus grand camp de détention d’Israël et du monde. Ouverte pendant le première Intifada en 1988, elle hébergeait en 1990 6 216 prisonniers palestiniens. Fermée en 1995, elle fut réouverte en avril 2002. En 2010, de nouvelles sections ont été ouvertes pour des immigrants irréguliers érythréens et soudanais. Le camp a fait l’objet de nombreux rapports critiques d’organisations de défense des droits humains. En décembre 2023, une enquête a été ouverte sur 19 gardiens suite à la mort violente sous les coups d’un membre du Fatah détenu, Tair Abu Asab.


 

 

 

 

30/10/2023

“Quello che sta facendo Hamas è copiare il sistema vietnamita”
Un’intervista a Ilich Ramírez Sánchez, alias Comandante Carlos, del 2009

Fausto Giudice, Basta!Yekfi, 5 gennaio 2009
Tradotto da Giulietta Masinova, Tlaxcala

 


 

Dal carcere di massima sicurezza di Poissy, nell’Île de France, dove sta scontando il quattordicesimo anno di ergastolo cui è stato condannato dalla giustizia francese dopo essere stato rapito dai servizi francesi nel Sudan nel 1994, Carlos, combattente attivo della resistenza palestinese per oltre due decenni, segue con attenzione l’evoluzione della situazione a Gaza. Ho avuto modo di intervistarlo il 1° gennaio, cioè due giorni prima dell’inizio dell’offensiva terrestre israeliana. Per me Carlos è un personaggio storico, e non spetta a me giudicarlo: lo ha già fatto la giustizia francese, con metodi a dir poco discutibili. -FG

Ben scavato, vecchia talpa!
William Shakespeare, Amleto, citato da Karl Marx ne Il 18 Brumaio di Luigi Bonaparte


Sai che Ahmed Saadat è stato condannato a trent’anni di carcere?
Sì.

Qual è stata la tua prima reazione?

È stato un abuso di potere. Come prima cosa è il risultato della situazione in cui si è messo il Fronte popolare di liberazione della Palestina abbandonando la lotta armata internazionale. Ahmed Saadat fa parte della resistenza interna, non lo conosco, ma da quello che ho sentito dire è una persona magnifica, e soprattutto un rivoluzionario, così mi hanno detto, ed è per questo che la repressione contro di lui è stata così dura, mentre altri membri del FPLP sono tranquilli, viaggiano, fanno quello che vogliono, e vivono in Palestina, no? Quindi dev’esserci una buona ragione. In ogni caso questo signore si trovava lì, in primo luogo era stato Arafat a imprigionarlo e in secondo luogo era sorvegliato dai britannici e dagli americani. Quando questi si sono ritirati sono arrivati gli israeliani che l’hanno arrestato nella prigione palestinese di Gerico in cui si trovava. Insomma, una totale mancanza di rispetto della parola data da parte dei governi britannico ed usamericano, e dagli israeliani non ci si può aspettare una qualsiasi forma di rispetto, non possiedono il senso dell’onore né della parola data, sono criminali fascisti.

La mia prima reazione è stata fare un parallelismo con il tuo caso.

Sì, ci sono aspetti simili. Ma è diverso, nel mio caso è stata semplicemente una questione di soldi, si sono rivolti a un Capo di Stato, a un funzionario di quel Paese [il Sudan, NdR], e gli hanno dato dei soldi, non è stata una questione politica, solo di soldi. Ci hanno venduti tutti, me, Osama bin Laden.

XXX Ahmed Saadat, durante il processo davanti al tribunale militare israeliano di Ofer nel dicembre 2008. È stato rieletto segretario generale del PFLP nel 2022.

E non pensi che sia successa la stessa cosa con la Muqata’a [il quartier generale di Arafat a Ramallah, NdT]?

No, no, no. I piccoli accordi che stringono non vengono mai rispettati. Quella gente capisce solo il linguaggio della forza, e basta. E il Fronte popolare si è obiettivamente ritirato dalla lotta armata, sotto l’influenza dei compagni sovietici e su consiglio del Partito comunista francese – anche di altri partiti comunisti ma soprattutto del PCF – ha abbandonato la lotta internazionale. E la lotta internazionale era la sola ad avere importanza per un’organizzazione come il FPLP, che godeva di un grande sostegno di massa: non aveva le capacità che aveva per esempio Fatah, in termini numerici, ma in termini qualitativi sì, ce l’aveva.

Potevamo quindi colpire duramente, all’interno e all’esterno, e quindi… Ne parlavo con Arafat anni fa, e lui ha riconosciuto che non poteva fare più nulla all’interno e gli unici che potevano fare qualcosa erano il FPLP e i suoi alleati. [La cattura di Ahmed Saadat] è stata il risultato di una buona operazione, l’esecuzione di quel criminale che era il ministro del Turismo, un generale in pensione che aveva fatto uccidere dei compagni. Adesso ti dico perché l’hanno giustiziato: molti anni fa questi compagni avevano preso degli ostaggi su un autobus e poi si erano arresi, ed erano stati giustiziati per ordine diretto di quel generale. Aveva dato lui l’ordine di uccidere quei ragazzi. Ecco perché è stato giustiziato a Gerusalemme vent’anni dopo. È successo molto tempo fa. 

Ahmed Jibril (1938-2021)

Ti ricordo che il FPLP è stato il primo a dare il via alla lotta armata, nessun altro. La prima operazione armata in nome della resistenza palestinese è stata condotta da Ahmed Jibril, del Comando generale del FPLP. Sono stati loro i primi, sotto un altro nome, ben prima di Fatah. E c’è un’altra cosa: la politica di abbandono dei prigionieri. Il FPLP non ha solo abbandonato la lotta armata, ha anche abbandonato i prigionieri, rinunciando a liberarli con la forza. È stato il FPLP-CG di Ahmed Jibril a scambiare ostaggi con prigionieri, e in questo modo ha potuto liberare migliaia di persone. Ora Hezbollah segue la stessa linea. Ma purtroppo il FPLP, per essere invitato ai congressi dei partiti comunisti in Europa occidentale, in epoca sovietica, ha abbandonato la lotta armata.

Quindi adesso possono permettersi di colpire il Fronte popolare, di commettere azioni illegali contro Ahmed Saadat e nessuno fa niente contro gli israeliani. I principali responsabili sono gli stessi dirigenti del FPLP.

Wadi Haddad (1927-1978)

Spiegami una cosa: hanno abbandonato la lotta armata a causa della scomparsa dell’URSS?

No, no, no, no. È successo prima. C’era Ponomarëv, che dava sempre consigli soprattutto a Abu Ali Mustafa.  Abu Ali Mustafa era una persona magnifica, un dirigente – io l’ho conosciuto bene – un uomo rispettabile, ma non aveva la profondità di Wadi Haddad, che era un uomo di grande genio strategico e aveva una grande abilità nelle situazioni tattiche, sapeva proiettarsi. Avevamo buoni consiglieri arabi, io ne ho conosciuti  – non parlerò di loro, perché alcuni sono ancora vivi –, non erano necessariamente palestinesi, c’erano militari di carriera, brave persone, e c’erano uomini di grande qualità che gestivano i commando, tra i quali c’ero anch’io. Capisci? E quando queste posizioni sono state abbandonate, bè’… Wadi Haddad era uno di destra, ma la sua linea strategica era giusta: bisogna colpire il nemico in modo che non si senta sicuro da nessuna parte. Nessun dirigente, nessun responsabile [sionista, NdR] deve sentirsi sicuro in nessuna parte del mondo. Devono avere paura ovunque si trovino. Abbandonando quella strategia si è persa l’arma principale di cui disponeva la resistenza palestinese.

I tunnel di Cu Chi, nel Vietnam del Sud, si estendevano per 250 km dalla periferia di Saigon al confine con la Cambogia. Incubo dell'esercito americano, sono diventati l'attrazione turistica sotterranea numero 1 al mondo, secondo la...CNN

Guardiamo alla situazione di Gaza oggi. Ho parlato con un militante di Hezbollah, e lui mi ha detto che la situazione non è così grave per Hamas, che non è stato colpito militarmente e può contare su forze ancora intatte. Ma io non capisco cosa possano fare, perché non hanno lo spazio minimo che almeno aveva Hezbollah nel Sud del Libano, no?

Io credo che quello che sta facendo Hamas sia copiare il sistema vietnamita. Hamas non ha inventato niente. Quello che ha fatto è stato sviluppare la questione vietnamita, con i mezzi che gli hanno dato i fratelli, i compagni iraniani. Quindi quando loro [gli israeliani, NdR] hanno invaso l’ultima volta [il Libano, NdR], hanno ricevuto un colpo durissimo perché non erano preparati a questo tipo di combattimenti sotterranei nel Sud del Libano, bombardavano qua, attaccavano là, ma gli altri sbucavano dall’altra parte e li colpivano, li colpivano. È questo che sta accadendo a Gaza. E sono sicuro che si siano preparati. In realtà in questo caso c’è stata una provocazione dei palestinesi contro gli israeliani. In che senso? Li stanno colpendo, o meglio sfidando, con armi leggere.

Perché bisogna sapere che una compagnia di guardie di frontiera israeliane ha più armi di tutta la resistenza palestinese a Gaza. E perché questa provocazione permanente? […] Non è una decisione arbitraria. Non sono pazzi. I Fratelli musulmani sono gente molto seria. A parte la questione ideologica… La Fratellanza musulmana, fondata negli anni Venti da Hassan El Banna al Cairo, è un’organizzazione non ideologicamente ma strutturalmente leninista. Dal punto di vista di classe i Fratelli musulmani sono un’organizzazione piccolo-borghese che rappresenta gli interessi del suk, non sono rivoluzionari, sono riformisti, ma con una struttura leninista.

Questo ha permesso loro di sopravvivere alla peggiore repressione che si possa immaginare. Nel mondo arabo nessuno è stato represso più dei Fratelli musulmani, neanche i comunisti. Nessuno è stato più represso, né i palestinesi né nessun altro. Queste persone sono sopravvissute, sono cresciute e si sono perpetuate, e sono state la base, come il FPLP, da cui sono uscite tante altre organizzazioni e tanti altri movimenti in tutto il mondo, che si sono sviluppati nella lotta armata con questa base d’esperienza palestinese; tutti i jihadisti che lottano oggi, anche in Afghanistan, traggono la loro origine dai Fratelli musulmani. Il fatto che non siano d’accordo con Al Qaeda, con il tipo di strategia e di tattiche cosiddette “terroriste” di Al Qaeda, non significa che non ci siano legami storici: il dottor Al Zawahiri è un dirigente di spicco dei Fratelli musulmani, Yasser Arafat era un responsabile dei Fratelli musulmani, nella loro direzione al Cairo all’inizio degli anni Cinquanta. Questo bisogna riconoscerlo. La lotta dei Fratelli musulmani in Siria è stata terribile, terribile: non solo c’è stata una brutale repressione da parte del regime siriano che è riuscito quasi a sterminarli, ma sono stati assassinati centinaia e centinaia di fratelli siriani. Queste persone sanno ciò che fanno. Credo che il loro obiettivo sia quello di provocare un intervento terrestre degli israeliani, perché a Gaza, a parte l’arteria principale, sul lato della spiaggia, della zona costiera, non ci sono altri ingressi, vale a dire che c’è una linea diritta, la strada principale…

… È un viale...

Sì, sì, è un viale. Non puoi entrarci con un carro armato, a meno di distruggere tutte le case, capisci. E a quel punto li massacreranno.
È una lezione dell’esperienza vietnamita. La tecnica dei sotterranei viene dai tedeschi dell’Est. Per esempio è così che i palestinesi sono sopravvissuti all’attacco delle forze libanesi a Tell Al-Za’tar nel 1976, ricordi?

Sì.
A Shatila le forze libanesi non hanno scoperto i sotterranei e i combattenti del FPLP di Shatila sono sopravvissuti al massacro.

Ah sì?

Erano a Shatila, sottoterra. A Sabra non c’erano sotterranei e sono stati uccisi. È un’esperienza vietnamita che è stata trasmessa dai tedeschi dell’Est. Sono convinto che al fianco di Hamas ci sia il Jihad islamico, il Fronte popolare, ma anche la gente di Fatah, perché la maggioranza della gente di Fatah non è composta né da agenti della CIA, né da corrotti o ladri. La maggior parte di Fatah è fatta di palestinesi puri. Hamas ha vinto le elezioni. Chi l’ha votato? La gente di Fatah! I cristiani, hanno votato Hamas! La maggioranza non era gente di Hamas, era gente che voleva un governo non corrotto. Quindi tutti i combattenti di Gaza, la brava gente – perché c’è stata una piccola guerra civile che ha spazzato via i corrotti – compresi i membri delle tribù, che ovviamente sono armati, tutte queste persone combatteranno anche loro. [Gli israeliani] stanno cercando di spezzare la popolazione civile, ma la gente è abituata a soffrire, purtroppo, e in ogni caso dove potrebbe andare? L’importante è che questo avrà ripercussioni internazionali, non per Israele, perché Israele con tutti noi ci si pulisce il culo, è un Paese fondato sulla menzogna, sulla falsificazione storica…

Vista di un tunnel scavato da Hezbollah nei pressi del moshav Zar'it, nel nord di Israele, vicino al confine libanese, il 10 giugno 2019. Foto .Ilia Yefimovich / picture alliance via Getty Images

C’è un grande interrogativo: la persecuzione degli ebrei durante la seconda guerra mondiale è una delle pagine più buie della storia contemporanea, non si conosce ancora il numero delle vittime, ma centinaia di migliaia di persone sono scomparse, non si sa ancora esattamente come perché non permettono di fare ricerche, di fare la lista dei nomi delle vittime delle persecuzioni naziste. E i sionisti che stanno in Israele sono complici di quella persecuzione […], sono razzisti nei confronti degli altri ebrei; gli ebrei provenienti dall’Iran e dal Marocco sono malvisti dai bianchi, dagli aschenaziti che non hanno neanche una goccia di sangue semita […]

Il solo modo di agire è quello di Saddam. Non bisogna dimenticare che era Saddam a mantenere i palestinesi di Gaza, soprattutto di Gaza. L’aggressione contro l’Iraq è legata a Gaza. Saddam manteneva Gaza, i soldi di Gaza venivano da lì. E in fin dei conti lo stesso vale per l’Iran. Durante la prima Intifada i primi soldi arrivati in Palestina furono quelli che l’Iran inviò all’organizzazione di Abu Nidal. E anche Saddam ha dato molti soldi alla resistenza.

In ogni caso i palestinesi adesso riceveranno sicuramente un duro colpo, ma non verranno distrutti. E in fin dei conti si tratta di una questione internazionale. Se migliaia di persone scendono in piazza a Parigi e a Londra, la gente dirà: è un problema grave, è un crimine contro l’umanità, questi sono crimini di guerra costanti, quotidiani, senza sosta, davanti alle telecamere dei canali di tutto il mondo, della CNN e di Al Jazeera…

Quindi colpiranno i responsabili della resistenza palestinese a Gaza, soprattutto la gente di Hamas ma non soltanto. Però dovranno entrare a Gaza, per combattimenti corpo a corpo, e a quel punto gli israeliani si troveranno in una posizione di debolezza, accadrà la stessa cosa che è successa nel Sud del Libano, ma ovviamente ci saranno migliaia di vittime civili palestinesi. Vedremo. La cosa positiva per i palestinesi e per la resistenza araba è che i popoli arabi sono solidali. E il governo traditore egiziano apparirà per quello che è. Perché chiude la frontiera? Perché?

Sai che hanno chiamato Dahlan al Cairo, no?

Ma sappiamo chi è Mohamed Dahlan, no? Mohamed Dahlan è l’uomo degli Stati Uniti e della CIA. Apertamente, non ne fa mistero.

gaza strip tunnel

Un membro del Jihad islamico attraversa un tunnel nella Striscia di Gaza nel 2022. Foto Mahmud Hams / AFP via Getty Images

 

 

23/10/2021

Benny Gantz interdit sept ONG palestiniennes comme organisations terroristes

Jonathan Lis et Hagar Shezaf, Haaretz, 22/10/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Dans une déclaration commune, Amnesty International et Human Rights Watch ont qualifié cette décision d'"escalade alarmante", tandis que le ministère palestinien des Affaires étrangères l'a "condamnée sans équivoque".


Le ministre israélien de la Défense [et Premier ministre à partir du 17 novembre], le général de brigade Benny Gantz, a signé vendredi un décret déclarant sept organisations de la société civile en Cisjordanie comme organisations terroristes.

Selon un communiqué du ministère de la Défense, ces organisations opèrent au sein d'un réseau dirigé par le « groupe terroriste » du Front populaire de libération de la Palestine.

Certains de ces groupes opèrent comme des organisations de défense des droits humains : Addameer offre un soutien juridique aux prisonniers et collecte des données sur les arrestations et les détentions administratives, et travaille activement à mettre fin à la torture et aux violations des droits des prisonniers. Defence for Children International Palestine surveille les meurtres d'enfants et les conditions de détention des mineurs arrêtés en Israël.

Selon la déclaration, ces groupes "ont reçu d'importantes sommes d'argent de pays européens et d'organisations internationales tout en utilisant des méthodes de fraude et de tromperie." L'argent a ensuite été utilisé par le FPLP pour promouvoir le terrorisme, recruter des membres et payer des salaires à des prisonniers sécuritaires et à leurs familles ainsi qu'à des terroristes.

"Les groupes sont contrôlés par les hauts dirigeants du FPLP et emploient de nombreux membres du groupe à des postes de direction et sur le terrain - y compris des militants qui ont été impliqués dans le terrorisme", peut-on lire dans la déclaration.

Les sept groupes sont Addameer, Al-Haq, Bisan Center for Research and Development, Defence for Children International Palestine, Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network, l'Union des comités de femmes palestiniennes et l’Union des Comités  de travail agricole, [membre de l'union internationale de paysans Via Campesina, NdT]. [L'ONG sioniste NGO Monitor a identifié 7 autres ONG « liées à l'organisation terroriste du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et financées par des structures gouvernementales européennes et, dans certains cas, d’ailleurs », NdT].