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07/08/2025

HAARETZ
Une entreprise US, des chauffeurs d’Europe de l’Est, des liens avec Israël : qui est derrière l’acheminement de l’aide à Gaza

Arkel International, un sous-traitant du gouvernement usaméricain et d’armées du monde entier, transporte de l’aide vers les sites de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF). Son représentant en Israël est un homme d’affaires, consul honoraire du Rwanda, qui a précédemment négocié des contrats de défense en Afrique.

Bar Peleg, Yaniv Kubovich et Avi ScharfHaaretz, 5/8/2025

Traduit par Tlaxcala


Des véhicules blindés escortent des camions d’aide humanitaire vers le passage de Kerem Shalom, à la frontière entre Israël et la bande de Gaza. On peut voir un graffiti représentant le mot « millénaire » en hébreu sur l’avant d’un camion. Photo : Eliahu Hershkovitz

Au cours des derniers mois, un hôtel situé dans un kibboutz du sud d’Israël est devenu le lieu de résidence de chauffeurs routiers étrangers venus de plusieurs pays d’Europe de l’Est.

La plupart d’entre eux sont arrivés en Israël au cours des derniers mois après s’être vu promettre une opportunité financière qui leur permettrait de gagner un salaire beaucoup plus élevé que dans leur pays d’origine. Pour gagner leur vie, les chauffeurs doivent effectuer un trajet quotidien, parfois deux, entre le point de passage frontalier de Kerem Shalom et les points de distribution alimentaire à l’intérieur de la bande de Gaza.

Ces chauffeurs, principalement originaires de Géorgie et de Serbie, pays avec lesquels Israël n’a pas conclu d’accord bilatéral en matière de main-d’œuvre, ont été amenés en Israël par une société usaméricaine impliquée dans le projet d’aide alimentaire dans la bande de Gaza : Arkel International LLC, une entreprise de construction et de logistique qui opère en tant que sous-traitant pour la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), a appris Haaretz.

La GHF, qui gère quatre centres de distribution d’aide dans la bande de Gaza, emploie au moins trois entreprises en tant que sous-traitants.

Jusqu’à présent, deux de ces sociétés étaient connues : la première est UG Solutions, qui a participé plus tôt cette année à la sécurisation du corridor de Netzarim lors d’un échange d’otages et qui s’occupe désormais de certains aspects de la sécurité sur les sites de distribution de l’aide humanitaire. La deuxième est Safe Reach Solutions, une société de logistique et d’opérations.

La troisième société, Arkel International, est responsable de la logistique des opérations de distribution de l’aide humanitaire.

Selon les documents constitutifs de la société en Israël, son représentant autorisé dans le pays est Hezi Bezalel, un homme d’affaires israélien qui a précédemment négocié des contrats de défense en Afrique. La société affirme qu’il n’est pas impliqué dans ses activités et qu’il a seulement aidé à sa création en Israël.

« Je suis chauffeur routier en Géorgie . Mon patron m’a proposé de venir en Israël par l’intermédiaire d’un courtier et m’a dit que je pouvais gagner deux fois plus, voire plus », a déclaré à Haaretz un chauffeur routier de 32 ans, marié et père d’une fille.

Lorsqu’on lui a demandé qui l’avait amené en Israël et qui payait son salaire, il a répondu : « C’est la société Arkel qui nous a amenés ici. C’est elle qui nous paie nos salaires, et c’est avec elle que nous avons signé le contrat. Notre travail consiste à partir le matin dans un convoi de camions et à entrer dans Gaza. L’armée israélienne nous escorte jusqu’à la zone de distribution. Nous arrivons avec les camions, ils les déchargent pour nous sur le site, et nous repartons immédiatement. Il y a parfois deux trajets par jour », a déclaré le chauffeur.

Arkel transporte des colis alimentaires depuis un point de chargement près de Kerem Shalom vers des lieux de livraison à l’intérieur de Gaza : trois dans le sud, près des ruines de Rafah, et un le long de la partie sud du corridor de Netzarim. Dans le cadre de ce projet, Arkel a fait venir en Israël des dizaines de travailleurs étrangers, dont certains chauffeurs routiers d’Europe de l’Est.

Arkel est enregistrée dans l’État de Louisiane, aux USA, depuis 2005. La société s’est enregistrée en Israël en tant que société étrangère le 13 mai 2025, une semaine avant que les centres de distribution de l’aide du GHF ne commencent leurs activités dans la bande de Gaza et un jour avant l’enregistrement de Safe Reach Solutions en Israël. Au moins un des dirigeants d’Arkel vit en Israël depuis octobre 2024.


Hezi Bezalel (né en 1951) est un homme d'affaires, banquier d'investissement et producteur de cinéma très impliqué en Afrique de l'Est (Kenya, Ouganda, Rwanda, Éthiopie) et ami personnel de Paul Kagame

Au moins un mois avant l’enregistrement officiel de la société en Israël, des discussions étaient déjà en cours concernant sa création. Comme l’a précédemment rapporté Haaretz, l’opération d’aide à Gaza a été lancée par des officiers du commandement sud de l’armée israélienne, à l’insu de l’ensemble des autorités de défense, et coordonnée par le bureau du Premier ministre.

Selon une source proche du projet, Arkel devait initialement construire les sites de distribution à l’intérieur de Gaza, mais cette tâche a finalement été confiée à l’armée israélienne.

Dans les documents constitutifs d’Arkel en Israël, c’est Hezi Bezalel, un homme d’affaires qui a fondé un opérateur de téléphonie mobile en Israël, négocié des contrats de défense en Afrique et occupe le poste de consul honoraire du Rwanda en Israël, qui est désigné comme le représentant de la société en Israël.

La société lui a donné procuration pour gérer ses activités en Israël, ouvrir et gérer un compte bancaire pour la société, nommer des avocats et des comptables pour la société et recevoir des documents juridiques au nom de la société.

La société affirme que Bezalel n’a fait que l’aider à se lancer en Israël, grâce à une relation de longue date nouée au fil de projets menés en Afrique depuis des décennies, et qu’il n’est pas un partenaire commercial. Selon une source bien informée, Bezalel aurait même obtenu l’accord du ministère de la Défense avant l’ouverture de la société en Israël.

Un employé d’Arkel a déclaré à Haaretz que les seuls signataires autorisés au sein de la société sont aujourd’hui le PDG et le directeur des opérations ; cependant, le nom de Bezalel n’a pas encore été retiré du dossier de la société auprès de l’Autorité des sociétés israéliennes.

Actuellement, l’activité principale de la société consiste à transporter des marchandises depuis le point de chargement de Kerem Shalom vers des centres de distribution situés dans la bande de Gaza. Les camions utilisés par Arkel appartenaient auparavant à la société de logistique israélienne Millennium.

Des photos obtenues par Haaretz à proximité de Kerem Shalom montrent que le nom de la société a été grossièrement effacé à la peinture. Selon Arkel, les camions leur ont été vendus par Millennium.

Millennium a déclaré que les camions avaient été vendus à un fournisseur, sans toutefois préciser lequel. Les camions entrent dans la bande de Gaza en longs convois, sans plaque d’immatriculation, et sont sécurisés par du personnel d’autres entreprises sous-traitantes.

Comme mentionné, les chauffeurs sont des travailleurs d’Europe de l’Est, notamment de Géorgie et de Serbie, pays avec lesquels Israël n’a pas conclu d’accords bilatéraux pour l’importation de main-d’œuvre.


Des camions d’aide humanitaire d’Arkel sont garés dans le quai de chargement près du kibboutz Kerem Shalom, dans le sud d’Israël, dimanche. Les camions n’ont pas de plaques d’immatriculation et certains portent des graffitis noircissant le nom « Millennium ». Photo : Eliahu Hershkovitz

Les chauffeurs sont logés dans un kibboutz dans le sud d’Israël. « En gros, nous restons au kibboutz toute la journée, sauf lorsque nous livrons des marchandises à Gaza », a déclaré un chauffeur serbe. « Nous voulions vraiment visiter Jérusalem et Nazareth, mais nous ne sommes pas autorisés à trop nous déplacer à l’extérieur et, jusqu’à présent, nous n’avons pas organisé de visite touristique. »

Les chauffeurs indiquent qu’ils gagnent environ 4 000 shekels (1004 €) par mois, soit plus que le salaire moyen dans leur pays d’origine. « Le travail n’est pas vraiment dangereux », explique l’un d’eux. « Nous ne distribuons pas la nourriture. Nous quittons généralement Gaza dès que le chargement est déchargé. Il y a beaucoup d’explosions et de tirs tout le temps, mais cela ne nous vise pas, donc dans l’ensemble, c’est sûr. »

La plupart des chauffeurs interrogés par Haaretz ont déclaré que leur contrat expirait le mois prochain. « À l’heure actuelle, tout le monde ici est censé partir en septembre. On ne sait pas si les contrats seront prolongés ou si d’autres personnes seront recrutées pour nous remplacer. Un responsable a déclaré cette semaine que nous pourrions rentrer [chez nous] encore plus tôt, dans les prochaines semaines, car ces convois vers Gaza pourraient devenir inutiles », a déclaré un chauffeur.

Les marchandises transportées par les camions – certaines achetées en Israël, selon TheMarker – sont emballées dans des entrepôts en Israël, en partie au port d’Ashdod et à Jérusalem, puis chargées dans des camions dans un centre logistique construit près de la frontière avec Gaza.

TheMarker a indiqué que l’une des entreprises responsables était Millennium. Lors d’un entretien avec Haaretz, le propriétaire de Millennium, Shimon Sabah, a déclaré que son entreprise ne fournissait plus aucune aide logistique au client impliqué dans l’aide humanitaire à Gaza et que le fait que le logo n’ait pas été effacé des camions était dû à une négligence de la part de l’entreprise.

Arkel International est une société d’infrastructure et de services créée aux USA il y a environ 60 ans et enregistrée en Louisiane depuis 20 ans. Le seul propriétaire de toutes les actions d’Arkel est George H. Knost III. Le directeur est John Moore.

La société est un sous-traitant du gouvernement usaméricain et d’armées et de gouvernements du monde entier, qui gère des projets de construction, d’énergie et de logistique. Selon le site web aujourd’hui disparu de la société, celle-ci opère « là où d’autres ne peuvent ou ne veulent pas ».

Depuis 2010, la société a remporté plus d’une centaine de contrats d’une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars auprès du ministère usaméricain de la Défense et du département d’État pour des projets en Irak, en Afghanistan et ailleurs. C’est la première fois qu’elle entreprend un projet civilo-militaire de cette envergure en Israël.

La société est également impliquée dans le forage pétrolier et gazier et travaille comme sous-traitant pour le gouvernement usaméricain, ainsi que pour des armées et des gouvernements du monde entier, gérant des projets de construction, d’énergie et de logistique.


Des cartons contenant de l’aide humanitaire sont entreposés du côté gazaoui du point de passage de Kerem Shalom avant d’être distribués par la Fondation humanitaire de Gaza, en juillet. Photo : Ohad Zwigenberg/AP

Malgré les critiques internationales à l’encontre du projet d’aide à Gaza, Arkel est fière de ce travail, qu’elle considère comme un soutien à Israël et une aide pour renverser le contrôle du Hamas sur Gaza. Une source au sein de l’entreprise, s’exprimant auprès du journal Haaretz, a déclaré qu’elle estimait que la plupart des critiques à l’encontre du projet étaient « des fausses informations et de la propagande du Hamas visant à discréditer Israël ».

Travis Daharash, chef de projet chez Arkel, a déclaré : « Arkel fournit à la GHF un soutien logistique et en matière de construction. Bien que nous ne fournissions pas d’informations spécifiques sur notre main-d’œuvre pour des raisons de sécurité, celle-ci répond à toutes les exigences locales. »

Le financement du projet d’aide humanitaire est largement opaque et la GHF ne révèle pas l’identité de ses donateurs. En juin de cette année, environ un mois après le début des activités du fonds, le département d’État usaméricain a approuvé un financement de 30 millions de dollars pour l’entreprise. Selon un rapport de Reuters, cette somme sera versée par l’Agence américaine pour le développement international à la GHF, dont sept millions de dollars seront transférés immédiatement.

Jeudi, Reuters a rapporté que des responsables de l’administration Trump avaient déclaré au Congrès en juillet qu’Israël avait accepté de verser une somme équivalente à celle versée par les USA et de transférer 30 millions de dollars au fonds.

En juin dernier, Liel Kyzer a rapporté pour la chaîne publique Kan que le gouvernement avait prévu 700 millions de shekels [175 M€] pour l’aide humanitaire à Gaza et que cette mesure était financée par une réduction massive du budget de l’État, y compris des services sociaux.

Le ministère des Finances et le bureau du Premier ministre ont démenti cette information à l’époque, affirmant qu’Israël ne finance pas l’aide humanitaire à Gaza.

Les centres d’aide de la GHF ont commencé à fonctionner en mai. Ce fonds a été créé par Israël en collaboration avec des sociétés de sécurité privées.

Des travailleurs usaméricains et palestiniens gèrent ces centres, tandis que l’armée israélienne les sécurise à plusieurs centaines de mètres de distance. Chaque jour, des milliers, voire des dizaines de milliers de Gazaouis viennent chercher de la nourriture dans ces centres. Malgré les promesses faites par le fonds au début du projet d’aide, la distribution ne se fait pas de manière ordonnée, mais dans une bousculade générale pour s’emparer des cartons.

Haaretz a fait état d’un chaos généralisé sur les sites de distribution, où des centaines de Palestiniens ont été tués alors qu’ils se rendaient sur place pour recevoir de la nourriture depuis que le GHF a commencé ses opérations d’aide ces derniers mois.

 

31/07/2025

TikTok recrute une ancienne instructrice de l’armée israélienne comme responsable de la lutte contre les “discours de haine”, suscitant de vives réactions

 MEE, 29/7/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Erica Mindel, ancienne contractuelle du département d’État usaméricain, dirigera la politique de TikTok en matière de discours de haine, en se concentrant sur les contenus antisémites

La nouvelle recrue de TikTok chargée de superviser les politiques de lutte contre les discours de haine sur l’application entretient des liens de longue date avec l’armée israélienne, a confirmé lundi l’entreprise à Jewish Insider.

La plateforme de médias sociaux a annoncé qu’Erica Mindel, une ancienne contractuelle du département d’État usaméricain qui a travaillé pour l’ambassadrice Deborah Lipstadt, envoyée spéciale de l’administration Biden pour surveiller et combattre l’antisémitisme, rejoindra l’équipe chargée des politiques publiques et des discours de haine de TikTok aux USA.

Selon la description officielle du poste partagée par TikTok, Mme Mindel sera chargée de « développer et de promouvoir la position de l’entreprise sur les discours de haine », d’« influencer les cadres législatifs et réglementaires » et d’« analyser les tendances en matière de discours de haine », en mettant particulièrement l’accent sur les contenus antisémites.

Elle a indiqué sur sa page que son nouveau poste chez TikTok était celui de « responsable des politiques publiques, discours de haine, chez TikTok ».

 


Avant sa carrière au département d’État, Mindel était instructrice dans le corps blindé de l’unité des porte-parole de l’armée israélienne, selon les informations qu’elle a fournies lors de son passage dans un podcast de l’American Jewish Committee.

Dans le podcast, Mindel explique qu’elle s’est portée volontaire et s’est enrôlée dans l’armée israélienne, où elle a servi pendant deux ans.

De nombreux utilisateurs des réseaux sociaux ont critiqué la décision de TikTok, suggérant que la plateforme vise à faire taire les discours propalestiniens.

Par ailleurs, il semble que ce poste ait été créé à la suite d’une « réunion de haut niveau » coordonnée l’année dernière par l’Anti-Defamation League (ADL), selon Dan Granot, directeur national de la politique vis-à-vis de ‘lantisémitisme de l’ADL.

Dans une déclaration à Jewish Insider, M. Granot a déclaré que ce rôle était apparu comme « une recommandation clé pour toutes les plateformes de réseaux sociaux » lors de cette réunion.

L’année dernière, les éditeurs de Wikipédia ont voté pour déclarer l’ADL « généralement peu fiable » sur Israël et la Palestine ainsi que sur la question de l’antisémitisme, ajoutant l’organisation à une liste de sources interdites, selon un rapport de la Jewish Telegraph Agency.

L’ADL a une longue histoire d’attaques contre les mouvements de défense des droits des Palestiniens, qu’elle qualifie d’antisémites, et a déjà collaboré avec les forces de l’ordre usaméricaines pour espionner des groupes arabo-usaméricains. Elle a également facilité et financé des voyages de formation de la police usaméricaine en Israël.

L’ADL a publié un tweet de célébration sur X, suggérant qu’elle se réjouissait de cette décision.

De nombreux utilisateurs des réseaux sociaux ont suggéré que TikTok avait « cédé à la pression » de l’ADL, laissant entendre que TikTok « se conformait à ces exigences de censure pour tenter d’éviter une interdiction » aux USA.

En 2024, un projet de loi visant à interdire l’application a été adopté à une écrasante majorité au Congrès usaméricain. Le projet de loi, qui a été adopté à la Chambre des représentants par 352 voix contre 65, exigeait que TikTok soit vendu à une entreprise usaméricaine sous peine d’être interdit aux USA.

TikTok a été brièvement interdit aux USA après l’adoption d’une loi obligeant son propriétaire chinois, ByteDance, à le vendre pour des raisons de sécurité nationale ou à faire face à une interdiction le 19 janvier.

Bien que le président Donald Trump ait temporairement annulé l’interdiction de TikTok le lendemain de son entrée en fonction, l’avenir de l’application dans le pays, ainsi que le statut de son contenu propalestinien, restent incertains.

En février, des membres du Congrès ont révélé que la principale raison derrière la volonté des USA d’interdire TikTok était l’image d’Israël sur la plateforme plutôt que la crainte d’une infiltration chinoise.

La semaine dernière, les représentants Josh Gottheimer (Démocrate-New Jersey) et Don Bacon (Républicain-Nebraska), ainsi que le PDG de l’ADL, Jonathan Greenblatt, ont annoncé la réintroduction du STOP HATE Act, un projet de loi visant à lutter contre la propagation de l’antisémitisme sur les réseaux sociaux tels que TikTok.

Plusieurs parlementaires usaméricains et personnalités éminentes ont attaqué la plateforme en raison de la prétendue prééminence de contenus propalestiniens, notamment le sénateur républicain et ancien candidat à la présidence Mitt Romney.

14/07/2025

DAWN
Les USA doivent enquêter sur le meurtre du citoyen usaméricain Saif al-Din Musalat par des colons israéliens et traduire ses auteurs en justice

 DAWN, 12/7/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala 


Musalat, l’un des sept citoyens usaméricains assassinés par des Israéliens en Cisjordanie depuis 2022

Washington, DC, 12 juillet 2025 – Le gouvernement usaméricain devrait enquêter et garantir que les responsables du meurtre de Saif al-Din Musalat, un jeune homme de 20 ans originaire de Floride, battu à mort par des colons israéliens le 11 juillet 2025 dans le village de Sinjil, en Cisjordanie, dans les territoires palestiniens occupés, soient traduits en justice. Les USA n’ont pas mené d’enquête sérieuse ni traduit en justice les meurtriers israéliens d’au moins six autres citoyens usaméricains depuis 2022.

« Le moins que le président Trump puisse faire est d’exiger une enquête sur le meurtre sauvage de ce jeune Américain et d’insister pour que les colons extrémistes israéliens qui l’ont battu à mort soient tenus responsables », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice exécutive de DAWN. « Si les Israéliens continuent de tuer des citoyens américains, c’est parce qu’ils savent qu’ils peuvent s’en tirer à bon compte, convaincus que le gouvernement américain ne leur demandera pas de rendre des comptes. »

Le 11 juillet 2025, des colons israéliens ont envahi le village de Sinjil, en Cisjordanie, où ils ont affronté Musalat et l’ont battu à mort. Musalat, qui rendait visite à sa famille pour l’été, protestait contre la construction d’un nouvel avant-poste israélien illégal sur les terres du village d’al-Mazra’a ash-Sharqiya lorsque des colons israéliens l’ont attaqué, selon sa famille. La famille de Musalat a rapporté que les colons ont empêché les secours d’accéder à Musalat pendant plus de trois heures ; il a été déclaré mort à son arrivée à l’hôpital. Les mêmes colons ont également tué Mohammed Rizq Hussein al-Shalabi, 23 ans, qui a aussi été laissé pour mort pendant des heures.

« L’ambassadeur Huckabee devrait faire son travail et exiger que le gouvernement israélien traduise en justice les responsables de ce crime odieux », a déclaré Charles Blaha, conseiller principal de DAWN et vétéran du département d’État usaméricain depuis 32 ans. « Il convient de rappeler que la protection des citoyens américains à l’étranger est le premier devoir de nos ambassades. »

L’armée israélienne a déclaré qu’elle examinait la question, confirmant que les colons se livraient à « des actes de vandalisme contre des biens palestiniens, à des incendies criminels et à des affrontements physiques ». Au 12 juillet 2025, la police israélienne avait arrêté six personnes en relation avec le meurtre de Musalat, mais aucune accusation n’avait été prononcée.

Le bilan d’Israël en matière d’enquêtes et de poursuites contre des soldats et des colons israéliens pour le meurtre de citoyens usaméricains, de Palestiniens-USAméricains, de journalistes et de Palestiniens n’est ni transparent, ni crédible, ni fiable. Les autorités israéliennes n’ont pris aucune mesure punitive sérieuse contre les auteurs des meurtres antérieurs de citoyens USaméricains, notamment Rachel Corrie, Orwah Hammad, Mahmoud Shaalan, Omar Asad, Shireen Abu-Akleh, Ayşenur Eygi et trois enfants usaméricains : Amer Rabee, un enfant palestino-usaméricain de 14 ans originaire du New Jersey ; Tawfic Abdel Jabbar, un enfant palestino-usaméricain de 17 ans originaire de Louisiane ; et Mohammad Alkhdour, un enfant palestino-usaméricain de 17 ans originaire de Floride.

Selon des données de l’organisation israélienne de défense des droits humains Yesh Din, « la probabilité qu’un soldat israélien soit poursuivi pour avoir tué un Palestinien n’est que de 0,4 % – soit une poursuite pour 219 décès signalés à l’armée ». En ce qui concerne les violences commises par les colons israéliens à l’encontre des Palestiniens en Cisjordanie, les chances que les responsables soient tenus pour responsables sont tout aussi minces. Entre 2005 et 2024, Yesh Din a constaté que « seulement 3 % des enquêtes sur les crimes à motivation idéologique commis contre des Palestiniens en Cisjordanie ont abouti à une condamnation totale ou partielle. Ce faible taux de condamnation indique, depuis au moins deux décennies, que les forces de l’ordre ne prennent pas au sérieux la violence des colons, ce qui renforce le sentiment d’impunité des auteurs et encourage la répétition de ces actes ».

Le gouvernement usaméricain peut prendre plusieurs mesures pour garantir qu’il soit fait justice pour les citoyens usaméricains tués à l’étranger, notamment exercer des pressions diplomatiques, mener ses propres enquêtes indépendantes, demander l’extradition et la poursuite des auteurs, et imposer des sanctions à leur encontre. Dans le cas présent, l’administration Trump devrait au minimum ouvrir une enquête du ministère de la Justice sur ce meurtre, exiger du gouvernement israélien qu’il autorise l’accès aux auteurs et aux témoins, poursuivre les meurtriers si Israël ne le fait pas, et leur imposer des sanctions usaméricaines.

« Le système judiciaire israélien s’est révélé totalement incapable de tenir ses propres citoyens responsables du meurtre de Palestiniens, y compris de citoyens usaméricains », a déclaré Raed Jarrar, directeur du plaidoyer de DAWN.

Alors que le gouvernement usaméricain a activement enquêté et sanctionné le meurtre d’Israéliens par des Palestiniens, il n’a pas protégé les USAméricains assassinés par des Israéliens. À la suite des attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre, au cours desquelles 40 citoyens usaméricains ont été tués, le ministère de la Justice a lancé une enquête approfondie et a engagé des poursuites pénales contre des responsables du Hamas pour meurtre et terrorisme.  En revanche, le gouvernement américain n’a jamais a annoncé les conclusions de l’enquête qu’il affirme avoir été lancée par le ministère de la Justice en 2022 sur le meurtre, le 11 mai 2022, de la journaliste usaméricano-palestinienne Shireen Abu-Akleh. Le ministère de la Justice n’a même pas tenté d’enquêter sur le meurtre de la militante usaméricano-turque Aysenur Eygi, abattue par les forces israéliennes en Cisjordanie occupée le 6 septembre 2024.

Au lieu de cela, le gouvernement usaméricain a continué à récompenser Israël par un soutien militaire et politique, et à garantir l’impunité des criminels israéliens devant les instances internationales, y compris la Cour pénale internationale (CPI). L’administration Trump a également imposé des sanctions à la procureure de la CPI et à plusieurs juges, ainsi qu’à la rapporteure spéciale des Nations unies Francesca Albanese, pour leurs efforts visant à tenir les responsables israéliens responsables de leurs crimes.

Le 20 janvier 2025, lors de son premier jour au pouvoir, le président Trump a annulé le programme de sanctions mis en place par le président Biden pour punir les colons israéliens violents en Cisjordanie.

« Le meurtre du citoyen usaméricain Saif al-Din Musalat est une conséquence directe de la décision du président Trump, dès son premier jour au pouvoir, de lever les sanctions contre les colons israéliens violents », a déclaré Jarrar. « Lorsque vous supprimez les mesures visant à responsabiliser les colons extrémistes, vous leur donnez en fait le feu vert pour intensifier leurs violences contre les Palestiniens, y compris les citoyens usaméricains. »

USAméricains assassinés par les forces armées israéliennes ou les forces paramilitaires des colons soutenues par l’État depuis 2022

1.                  Saif al-Din Musalat, 11 juillet 2025

2.                 Amer Rabee, un enfant palestino-usaméricain de 14 ans originaire du New Jersey, a été mortellement abattu par des Israéliens dans la ville de Turmus Ayya, au nord de la ville de Ramallah, le 6 avril 2025.

3.                 Mohammad Alkhdour, un jeune Palestinien de 17 ans originaire de Floride, s’est fait tuer par un tir dans la tête le 10 février 2024 par les forces israéliennes à Biddu, en Cisjordanie, alors qu’il conduisait une voiture.

4.                Tawfic Abdel Jabbar,  un adolescent palestino-usaméricain de 17 ans originaire de Louisiane, a été abattu par les forces israéliennes près de Ramallah le 19 janvier 2024.

5.                 Ayşenur Eygi, militante turco-usaméricaine, a été abattue par les forces de défense israéliennes le 6 septembre 2024 alors qu’elle participait à une manifestation à Beita, en Cisjordanie.

6.                Shireen Abu-Akleh, journaliste palestino-usaméricaine, a été tuée le 11 mai 2022, par Alon Scoglia, membre de l’unité Duvdevan des Forces de défense israéliennes, dans ce qui semble être un assassinat ciblé.

7.                 Omar Assad, 78 ans, a été tué le 12 janvier 2022 à Jiljilya, en Cisjordanie, par la tristement célèbre brigade Netzah Yehuda, que le secrétaire d’État Blinken a refusé de sanctionner en application des lois Leahy usaméricaines.

CHRIS HEDGES
Trump, Epstein et l’État profond
Un “Satyricon” du XXIème siècle


Le refus de l’administration Trump de divulguer les dossiers et les vidéos d’Epstein ne vise pas seulement à protéger Trump, mais aussi la classe dirigeante. Ils appartiennent tous au même club.

Chris Hedges, The Chris Hedges Report, 12/7/2025

Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Satyricon américain, par M. Fish

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Le refus de l’administration Trump de divulguer les dossiers et les vidéos accumulés au cours des enquêtes sur les activités du pédocriminel Jeffrey Epstein devrait mettre fin à la croyance absurde, embrassée par les partisans de Trump et les libéraux crédules, selon laquelle Trump démantèlera l’État profond. Trump est et fait depuis longtemps partie de la cabale répugnante composée de politiciens – démocrates et républicains –, de milliardaires et de célébrités qui nous considèrent, nous, et souvent des filles et des garçons mineurs, comme des marchandises à exploiter pour leur profit ou leur plaisir.

La liste des personnes qui gravitaient autour d’Epstein est un véritable bottin mondain. Elle comprend non seulement Trump, mais aussi Bill Clinton, qui aurait fait un voyage en Thaïlande avec Epstein, le Prince AndrewBill Gates, le milliardaire gestionnaire de fonds spéculatifs Glenn Dubin, l’ancien gouverneur du Nouveau-Mexique Bill Richardson, l’ancien secrétaire au Trésor et ancien président de l’université Harvard Larry Summers, le psychologue cognitif et auteur Stephen Pinker, l’avocat Alan Dershowitz, le milliardaire et PDG de Victoria’s Secret Leslie Wexner, l’ancien banquier de Barclays Jes Staley, l’ancien Premier ministre israélien Ehud Barak, le magicien David Copperfield, l’acteur Kevin Spacey, l’ancien directeur de la CIA Bill Burns, le magnat de l’immobilier Mort Zuckerman, l’ancien sénateur du Maine George Mitchell  et le producteur hollywoodien déchu Harvey Weinstein, qui se délectaient des perpétuelles Bacchanales d’Epstein.

Parmi eux des cabinets d’avocats et des avocats coûteux, des procureurs fédéraux et d’État, des enquêteurs privés, des assistants personnels, des agents publicitaires, des domestiques et des chauffeurs. On trouvait aussi de nombreux fournisseurs et proxénètes, dont la petite amie d’Epstein et fille de Robert Maxwell, Ghislaine Maxwell. Parmi eux les médias et les politiciens qui ont impitoyablement discrédité et réduit au silence les victimes, et qui ont utilisé la force contre quiconque, dont une poignée de journalistes intrépides, cherchant à révéler les crimes d’Epstein et son cercle de complices.

Beaucoup de choses restent encore dans l’ombre. Mais certaines choses sont connues. Epstein avait installé des caméras cachées dans ses somptueuses résidences et sur son île privée des Caraïbes, Little St. James, afin de filmer ses amis influents se livrant à des orgies et à des abus sexuels sur des adolescentes et des adolescents mineurs. Ces enregistrements constituaient une mine d’or pour le chantage. Faisaient-ils partie d’une opération des services secrets israéliens, le Mossad? Ou bien étaient-ils utilisés pour garantir à Epstein une source stable d’investisseurs qui lui versaient des millions de dollars pour éviter d’être démasqués ? Ou bien étaient-ils utilisés dans les deux cas ? Il faisait voyager des mineures entre New York et Palm Beach dans son jet privé, le Lolita Express, qui aurait été équipé d’un lit à orgies. Son cercle d’amis célèbres, dont Clinton  et Trump, sont enregistrés comme ayant voyagé à plusieurs reprises à bord de cet avion dans les registres de vol publiés, bien que de nombreux autres registres aient disparu.

Les vidéos d’Epstein sont conservées dans les archives du FBI, ainsi que des preuves détaillées qui lèveraient le voile sur les penchants sexuels et la cruauté des puissants. Je doute qu’il existe une liste de clients, comme l’affirme la procureure générale Pam Bondi. Il n’existe pas non plus de dossier unique sur Epstein. Les documents d’enquête accumulés sur Epstein remplissent de nombreuses boîtes qui encombreraient le bureau de Bondi et, s’ils étaient rassemblés dans une seule pièce, occuperaient probablement la majeure partie de son bureau.

Epstein s’est-il suicidé, comme l’affirme le rapport d’autopsie officiel, en se pendant dans sa cellule le 10 août 2019 au Metropolitan Correctional Center de New York ? Ou a-t-il été assassiné ? Les caméras qui enregistraient l’activité dans sa cellule cette nuit-là ne fonctionnaient pas, nous ne le savons donc pas. Michael Baden, médecin légiste engagé par le frère d’Epstein, qui a été médecin légiste en chef de la ville de New York et qui était présent lors de l’autopsie, a déclaré qu’il pensait que l’autopsie d’Epstein suggérait un homicide.

L’affaire Epstein est importante car elle fait voler en éclats le mythe des divisions profondes entre les démocrates, qui n’avaient pas plus intérêt que Trump à divulguer les dossiers Epstein, et les républicains. Ils appartiennent tous au même club. Elle révèle comment les tribunaux et les forces de l’ordre s’entendent pour protéger les personnalités puissantes qui se livrent à des crimes. Elle met à nu la dépravation de notre classe dirigeante exhibitionniste, qui n’a de comptes à rendre à personne et qui est libre de violer, piller, saccager et exploiter les faibles et les vulnérables. C’est le bilan sordide de nos maîtres oligarchiques, ceux qui sont incapables de ressentir la honte ou la culpabilité, qu’ils se déguisent en Donald Trump ou en Joe Biden.

Cette classe de parasites au pouvoir a été parodiée dans le roman satirique du premier siècle, le Satyricon par Gaius Petronius Arbiter, écrit sous les règnes de Caligula, Claude et Néron. Comme dans le Satyricon, le cercle d’Epstein était dominé par des pseudo-intellectuels, des bouffons prétentieux, des escrocs, des petits délinquants, des riches insatiables et des dépravés sexuels. Epstein et son cercle restreint se livraient régulièrement à des perversions sexuelles dignes de Pétrone, comme le documente Julie Brown, journaliste d’investigation au Miami Herald, dont les reportages acharnés ont largement contribué à la réouverture de l’enquête fédérale sur Epstein et Maxwell, dans son livre “Perversion of Justice : The Jeffrey Epstein Story”.

Comme l’écrit Brown, en 2016, une femme anonyme, utilisant le pseudonyme “Kate Johnson”, a déposé une plainte civile devant un tribunal fédéral de Californie, affirmant avoir été violée par Trump et Epstein lorsqu’elle avait treize ans, pendant quatre mois, de juin à septembre 1994.

« J’ai supplié Trump à grands cris d’arrêter », a-t-elle déclaré dans le procès concernant son viol. « Trump a répondu à mes supplications en me frappant violemment au visage avec sa main ouverte et en criant qu’il pouvait faire tout ce qu’il voulait. »

Brown poursuit :

Johnson a déclaré qu’Epstein l’avait invitée à une série de « soirées sexuelles avec des mineurs » dans son manoir de New York, où elle a rencontré Trump. Séduite par des promesses d’argent et des opportunités de devenir mannequin, Johnson a déclaré avoir été contrainte d’avoir des relations sexuelles avec Trump à plusieurs reprises, dont une fois avec une autre fille de douze ans, qu’elle a surnommée « Marie Doe ».

Trump a exigé une fellation, selon la plainte, puis « a repoussé les deux mineures tout en les réprimandant violemment pour la « mauvaise » qualité de leurs performances sexuelles », selon la plainte déposée le 26 avril devant la cour fédérale de Californie centrale.

Par la suite, lorsqu’Epstein a appris que Trump avait dépucelé Johnson, il aurait « tenté de la frapper à la tête avec ses poings fermés », furieux de ne pas avoir été celui qui lui avait pris sa virginité. Johnson a affirmé que les deux hommes avaient menacé de s’en prendre à elle et à sa famille si elle révélait ce qui s’était passé.

La plainte indique que Trump n’a pas participé aux orgies d’Epstein, mais qu’il aimait regarder, souvent pendant que « Kate Johnson », âgée de treize ans, lui faisait une fellation.

Il semble que Trump ait réussi à faire annuler le procès en achetant son silence. Elle a depuis disparu.

En 2008, Alex Acosta, qui était alors procureur fédéral pour le district sud de Floride, a négocié un accord de plaidoirie  pour Epstein. L’accord accordait l’immunité contre toutes les accusations criminelles fédérales à Epstein, à quatre complices nommés et à tout « complice potentiel » non identifié. L’accord a mis fin à l’enquête du FBI visant à déterminer s’il y avait d’autres victimes et d’autres personnalités influentes impliquées dans les crimes sexuels d’Epstein. Il a suspendu l’enquête et scellé l’acte d’accusation. Trump, dans ce que beaucoup considèrent comme un geste de gratitude, a nommé Acosta secrétaire au Travail lors de son premier mandat.

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Trump a envisagé de gracier Ghislaine Maxwell après son arrestation en juillet 2020, craignant qu’elle ne révèle des détails sur son amitié de plusieurs décennies avec Epstein, selon le biographe de Trump, Michael Wolff. En juillet 2022, Maxwell a été condamnée à 20 ans de prison.

« La relation la plus étroite de Jeffrey Epstein dans sa vie était celle qu’il entretenait avec Donald Trump... Ces deux hommes étaient inséparables depuis une bonne quinzaine d’années. Ils faisaient tout ensemble », a dit  Wolff à  Joanna Coles, animatrice du podcast The Daily Beast. « Et cela va du partage, de la conquête des femmes, de la chasse aux femmes, du partage d’au moins une petite amie pendant au moins un an dans ce genre de relation entre riches, avec les avions les uns des autres, jusqu’à Epstein conseillant Trump sur la manière de frauder le fisc. »

Les anomalies juridiques, notamment la disparition d’une grande quantité de preuves incriminant Epstein, ont permis à ce dernier d’échapper à des accusations fédérales de trafic sexuel en 2007, lorsque ses avocats ont négocié un accord secret avec Acosta. Il a pu plaider coupable dans des accusations moins graves au niveau de l’État, à savoir sollicitation d’une mineure à des fins de prostitution.

Les hommes éminents accusés d’avoir participé au carnaval pédocriminel d’Epstein, y compris l’avocat d’Epstein, Dershowitz, ont violemment menacé  quiconque chercherait à les exposer. Dershowitz, par exemple, affirme qu’une enquête qu’il a refusé de rendre publique, menée par l’ancien directeur du FBI Louis Freeh, prouve qu’il n’a jamais eu de relations sexuelles avec Virginia Giuffre, une victime d’Epstein qui a été livrée au prince Andrew alors qu’elle était âgée de 17 ans. Giuffre, l’une des rares victimes à avoir publiquement dénoncé ses agresseurs, a déclaré avoir été « passée de main en main comme un plateau de fruits » parmi les amis d’Epstein et de Maxwell, jusqu’à ce qu’elle parvienne à s’échapper à l’âge de 19 ans. Elle “s’est suicidée” en avril 2025. Dershowitz a envoyé plusieurs menaces à Brown et à ses rédacteurs en chef du Miami Herald.

Brown poursuit :

[Dershowitz] n’a cessé de faire référence à des informations contenues dans des documents scellés. Il a accusé le journal de ne pas rapporter les « faits » qui, selon lui, figuraient dans ces documents scellés. La vérité, ai-je tenté d’expliquer, c’est que les journaux ne peuvent pas écrire sur des choses simplement parce qu’Alan Dershowitz affirme qu’elles existent. Nous devons les voir. Nous devons les vérifier. Puis, parce que j’ai dit « montrez-moi les documents », il m’a publiquement accusée d’avoir commis un acte criminel en lui demandant de produire des documents qui étaient sous scellés judiciaires.

C’est ainsi que fonctionne Dershowitz.

Ce qui me dérange le plus chez ce bonhomme, c’est la façon dont les médias, à quelques exceptions près, ne le remettent pas en question de manière critique. Les journalistes ont vérifié les faits rapportés par Donald Trump et d’autres membres de son administration presque tous les jours, mais dans l’ensemble, les médias semblent laisser Dershowitz s’en tirer à bon compte dans l’affaire Epstein.

En 2015, lorsque les accusations de Giuffre ont été rendues publiques pour la première fois, Dershowitz est apparu dans toutes les émissions de télévision imaginables, jurant, entre autres, que les registres de vol d’Epstein le disculperaient. « Comment le savez-vous ? » lui a-t-on demandé.

Il a répondu qu’il n’avait jamais été dans l’avion d’Epstein pendant la période où Virginia était impliquée avec Epstein.

Mais si les médias avaient vérifié, ils auraient pu apprendre que, selon les registres, il était bien passager à bord de l’avion pendant cette période.

Il a ensuite déclaré sous serment qu’il n’avait jamais pris l’avion sans sa femme. Mais il figurait sur les listes d’embarquement comme ayant voyagé à plusieurs reprises sans sa femme. Lors d’au moins un voyage, il se trouvait dans l’avion avec une mannequin nommée Tatiana.

Epstein a fait don d’argent à Harvard et a été nommé chercheur invité au département de psychologie de Harvard, bien qu’il n’ait aucune qualification universitaire dans ce domaine. Il s’est vu remettre une carte magnétique et un code d’accès, ainsi qu’un bureau dans le bâtiment qui abrite le programme de dynamique évolutive de Harvard. Dans ses communiqués de presse, il se présentait comme « Jeffrey Epstein, philanthrope scientifique », « Jeffrey Epstein, militant pour l’éducation », « Jeffrey Epstein, évolutionniste », « Jeffrey Epstein, mécène des sciences » et « Jeffrey Epstein, gestionnaire de fonds spéculatifs non-conformiste ».

Epstein, reproduisant les prétentions et la vacuité des personnages parodiés dans le chapitre “Le dîner chez Trimalcion” du Satyricon, organisait des dîners somptueux pour ses amis milliardaires, parmi lesquels Elon Musk, Salar Kamangar et Jeff Bezos. Il imaginait des stratagèmes sociaux étranges, notamment un plan  pour ensemencer l’espèce humaine avec son propre ADN en créant un bébé composite dans son immense ranch au Nouveau-Mexique.

« Epstein était également obsédé par la cryogénisation, une philosophie transhumaniste dont les adeptes croient que les êtres humains peuvent être reproduits ou ramenés à la vie après avoir été congelés », écrit Brown. « Epstein aurait déclaré à certains membres de son cercle scientifique qu’il souhaitait inséminer des femmes avec son sperme afin qu’elles donnent naissance à ses enfants, et qu’il voulait que sa tête et son  pénis soient congelés”.

L’affaire Epstein est révélatrice de la faillite morale, de l’hédonisme et de la cupidité de la classe dirigeante. Cela transcende les clivages politiques. C’est le dénominateur commun entre les politiciens démocrates, tels que Bill Clinton, les philanthropes, tels que Bill Gates, la classe des milliardaires et Trump. Ils forment une seule et même classe de prédateurs et d’escrocs. Ce ne sont pas seulement les filles et les femmes qu’ils exploitent, mais nous tous.

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Les dossiers Esptein dans la salle de bains de la résidence de Trump en Floride, par Mike Luckovich 

12/07/2025

LYNA AL TABAL
I stand with Francesca Albanese/Je soutiens Francesca Albanese

Dr. Lyna Al-Tabal, Rai Al Youm, 11/7/2025
Original arabe
Traduit par Tafsut Aït Baâmrane

Lyna Al Tabal  est Libanaise, docteure en sciences politiques, avocate de formation et professeure en relations internationales et en droits humains.

 Oui, j’ai choisi de titrer cet article en anglais. Non pas parce que j’aime me mettre en avant, ni parce que je crois davantage à la mondialisation de la langue qu’à son équité. Mais parce que cette phrase est devenue, sans l’autorisation de quiconque, une déclaration de solidarité mondiale.

I stand with Francesca Albanese. Je soutiens Francesca Albanese.

Une phrase courte, mais chargée... seulement cinq mots. Prononcée calmement, mais classée comme dangereuse pour la sécurité nationale... Comment ?

Il y a une femme italienne qui est aujourd’hui poursuivie à cause de Gaza. Elle n’a pas les gènes de la résistance, elle n’a aucun lien de parenté avec Gaza, aucun passé marqué par la Nakba, pas même une photo. Elle n’est pas arabe, elle n’est pas née dans un camp, elle n’a pas été élevée dans le discours de la libération. Elle n’est pas une rêveuse de gauche, elle n’a peut-être pas lu Marx dans les cafés. Elle n’a pas jeté une seule pierre sur un soldat israélien... Tout ce qu’elle a fait, c’est accomplir son devoir professionnel.

« Folle », a déclaré Trump. Lui qui monopolise ce qualificatif et le distribue comme le font les narcissiques lorsqu’ils s’effondrent devant une femme qui n’a pas gardé le silence face à l’injustice.

Elle s’appelle Francesca Albanese. Avocate et universitaire italienne, elle occupe le poste de rapporteure spéciale des Nations unies sur les droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967. Fonctionnaire internationale, assise derrière un bureau blanc, elle rédige des rapports dans un langage précis et une formulation juridique impartiale. Elle n’est pas douée pour l’art oratoire, mais elle l’a dit clairement et sans ambiguïté : ce qui se passe à Gaza est un génocide.

Elle l’a écrit noir sur blanc dans un rapport officiel publié dans le cadre de ses fonctions, dans un langage compréhensible par le droit international : ce que fait Israël à Gaza est un génocide.

Du jour au lendemain, son nom est devenu dangereux et devait être annihilé tout comme l’armée israélienne annihile les maisons à Rafah. Son nom a été détruit par un seul missile politique, et elle a été inscrite sur la liste des sanctions, aux côtés des trafiquants et des financeurs du terrorisme.

Maintenant, je le sais : dans ce monde, il suffit de ne pas mentir pour être interdit de voyage, voir ses comptes gelés et être exclu du système international.

Francesca n’a pas enfreint la loi, elle l’a appliquée. Et c’est là son véritable crime.

Elle n’a pas commis d’erreur de définition, elle n’a pas exagéré dans son langage, elle n’a pas outrepassé ses fonctions. Tout ce qu’elle a fait, c’est appeler le crime par son nom.

Non, ce rapport ne traite pas du génocide des Indiens d’Amérique. Ni du Vietnam, ni du phosphore blanc, ni de Bagdad, ni de Tripoli... Ce rapport ne remue pas le passé américain, il traite d’un présent impudent. Et du droit qui se perd lorsque nous le revendiquons... Ce rapport traite de la justice internationale qui est étouffée sous nos yeux et de la charte des droits de l’homme qui s’évapore également sous nos yeux. Alors que le coupable siège au Conseil de sécurité.

Ce rapport parle d’un monde qui ne punit pas les menteurs. Un monde qui vous tue lorsque vous aimez sincèrement, lorsque vous donnez sans compter, lorsque vous parlez avec courage, lorsque vous essayez de réparer les dégâts.

Ce rapport parle tout simplement du monde des ténèbres.

Ce monde qui étrangle tous ceux qui ne veulent pas lui ressembler.

Francesca n’était pas la première.

Lorsque le Statut de Rome a vu le jour, les USA ont traité la Cour pénale internationale comme un « virus juridique », car ils ne pouvaient pas la contrôler... Bill Clinton l’a signé (sans le ratifier). Puis George W. Bush est arrivé, a retiré sa signature et a légiféré ce qu’on a appelé la « loi d’invasion de La Haye », qui autorise l’invasion militaire des Pays-Bas si la Cour pénale ose juger ne serait-ce qu’un seul soldat américain... Barack Obama, le sage, n’a pas abrogé la loi... Puis vint Trump, le cow-boy blond, avec deux pistolets à la ceinture, qui porta le coup de grâce à la justice... Il punit Fatou Bensouda, l’ancienne procureure générale de la Cour, pour avoir ouvert les dossiers de l’Afghanistan et de la Palestine. Il lui retira son visa, gela ses avoirs et la pendit à la corde de ses tweets sarcastiques.

Puis est arrivé Karim Khan, l’actuel procureur général, chargé du dossier lourd de Gaza et d’une liste de noms tout aussi lourds : Netanyahou, Galant... Une fois de plus, le sabre de la vengeance politique est revenu et a menacé l’épée de la justice.

Karim Khan a été submergé de menaces provenant du Congrès, de la Maison Blanche et de Tel-Aviv.

 Le premier jour de son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump a signé la loi sur les sanctions contre la Cour pénale internationale. Un homme d’origine pakistanaise qui ose toucher à des noms intouchables ? Fini de jouer.

C’est ainsi qu’une institution internationale, avec tout son personnel et son équipement, a été placée sous le coup des sanctions américaines, comme s’il s’agissait d’une milice armée... Ses employés ont été frappés d’une interdiction de voyager, de travailler, voire de respirer librement... Qui a dit que l’Amérique empêchait la justice ? Tant que celle-ci ne s’approche pas de Tel-Aviv ou du Pentagone.

Et dans un moment de sincérité, Joe Biden l’a dit avec sa formulation alambiquée : ces lois n’ont pas été rédigées pour s’appliquer à « l’homme blanc », mais aux Africains... et à Poutine, lorsque cela s’avère nécessaire.

Et voilà que le paradoxe est complet : 85 % des poursuites et des procès devant la Cour pénale internationale visent des Africains.

 Et lorsque des dossiers s’ouvrent sur des Occidentaux, la justice devient une menace... et la Cour une cible.

Et maintenant, vous le savez aussi : si vous franchissez la ligne rouge,

c’est la Cour qui est jugée,
le juge qui est jugé,
et le témoin qui est jugé.

Il ne reste plus que le meurtrier... assis au premier rang, souriant aux caméras, recevant des invitations à assister à une conférence sur les droits de l’homme. Pourquoi pas ?

Trump a porté un coup fatal au droit international, un coup de poignard au cœur de la Cour pénale, puis il a enterré ce qui restait du système des droits de l’homme et nous a jeté le cadavre : « Voilà, enterrez-le », a-t-il dit sur le même ton que celui utilisé pour donner des ordres lors des massacres sur la côte syrienne, lorsque les Alaouites sont enterrés sous les décombres, sans témoins, sans enquête, parfois sans nom, avec seulement un numéro... Un trou, et tout est fini.

Trump a agi comme un cow-boy : il a tiré, puis déclaré que la cible menaçait la sécurité. Tout cela sous les yeux des nations. Et sous nos yeux aussi... Sous les yeux de l’Europe, plus précisément.

L’Europe qui a rédigé ces lois à partir des cendres de ses guerres, de ses complexes psychologiques jamais résolus, de sa peur d’elle-même.

Et aujourd’hui, elle regarde, silencieuse... Avec tous ses complexes psychologiques, l’Europe se tait aujourd’hui. Elle enterre son enfant juridique de sang-froid, comme les mères de Gaza enterrent leurs enfants...

Avec une seule larme, car le temps ne permet pas de pleurer longtemps.

Comprenez-vous maintenant ? Toutes les lois sur les droits de l’homme, du Statut de Rome à la Charte internationale, sont bonnes pour les séances académiques et les formations qui se terminent par la remise de diplômes et la prise de photos après la remise des diplômes aux experts heureux.

Et tout se décide à Washington.

C’est ainsi que la justice internationale est administrée à l’ère de l’hégémonie : une liste de sanctions... et un tapis rouge déroulé devant le bourreau.

Avez-vous bien suivi l’histoire...

Une Italienne sur la liste américaine du terrorisme politique... Elle s’appelle Francesca Albanese. Elle n’est pas originaire de Gaza, elle n’est pas sortie d’une guerre, elle n’est pas née sous le blocus. Elle ne cache pas d’arme ou de bombe dans son sac, elle n’appartient pas à une organisation secrète... Elle vient du monde du droit, des institutions des Nations unies, d’une bureaucratie neutre... Tout ce qu’elle a fait, c’est rédiger un rapport officiel sur ce qui s’est passé à Gaza...

Elle a écrit ce qu’elle a vu : du sang, des décombres, un crime à part entière... Elle a écrit que ce qui s’est passé là-bas n’était pas une opération de sécurité, ni de légitime défense, mais un génocide... Elle a fait son travail dans le langage des rapports, sans slogan, sans cri de ralliement, sans même mettre une demi-pastèque rouge dans la marge... Francesca Albanese a bouleversé l’ordre mondial parce qu’elle n’a pas menti...

Elle n’a pas enfreint les règles diplomatiques... Elle a simplement appliqué la loi...

 ➤Signez la pétition

Prix Nobel de la paix pour Francesca Albanese et les médecins de Gaza