Elda Cantú, El Times, 26/11/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Elda Cantú (Reynosa, Tamaulipas) est une
journaliste mexicaine basée à Mexico, où elle rédige le bulletin d'information
bihebdomadaire gratuit du New York Times
en espagnol, El
Times. @eldacantu
Au Honduras,
deux habitants sur trois vivent dans la pauvreté. Le pays souffre des graves
effets du changement climatique : rien que l'année dernière, il a été frappé
par deux ouragans. Chaque mois, des milliers de personnes migrent vers le nord à la recherche d'une vie meilleure. Environ un
million de Honduriens vivent déjà aux USA.
Que faudra-t-il pour changer
cette situation ? Un autre président ?
Dimanche, 5,3
millions de Hondurien·nes se rendront aux urnes pour des élections générales
(parlementaires, municipales et présidentielle), et aussi pour savoir qui
remplacera le président Juan Orlando Hernández, qui a dirigé le pays pendant
huit années très turbulentes.
Les autorités nationales et usaméricaines
ont accusé Hernández de corruption et d'avoir laissé
le trafic de drogue organisé pénétrer son
gouvernement.
L'élection sera
également importante pour l'administration du président Biden, qui cherche
depuis longtemps un allié dans cette région difficile.
Tegucigalpa, cinq jours avant les
élections de dimanche ; Photo Orlando Sierra/Agence France-Presse - Getty
Images
Avant la
couverture de dimanche, j'ai parlé avec Juliana Barbassa, rédactrice en chef du
Times pour l'Amérique latine, qui édite également ce bulletin chaque semaine.
Pourquoi l'administration Biden attend-elle autant de
cette élection ?
JULIANA : Les USA et le Honduras ont une
relation historiquement proche. Il y
a deux raisons principales pour lesquelles les USA suivent cette élection avec
intérêt.
La première est
la migration. Les Honduriens, confrontés à d'énormes difficultés dans leur
pays, se sont dirigés vers le nord en nombre croissant, créant un goulot
d'étranglement à la frontière. Cela a posé un problème politique à Biden.
La
seconde est la corruption et le trafic de drogue au Honduras, qui peuvent
rendre la vie difficile et pousser de nombreuses personnes à chercher leur
chance aux USA. Le gouvernement de M. Hernández a fait face à des allégations
de corruption et des hommes proches du président, dont son frère, ont été
condamnés pour trafic de drogue. L'administration Biden aimerait voir un
vainqueur qui remporte un large mandat populaire. Cela donnerait aux USA un
partenaire crédible au Honduras et pourrait améliorer les conditions dans le
pays.
Qui sont les
prétendants ?
JULIANA : La course est
très serrée. En tête, Nasry Asfura, candidat charismatique et maire de la capitale, Tegucigalpa. Il se présente
pour le parti qui est au pouvoir depuis le coup d'État de 2009, et de nombreux
Honduriens aimeraient voir un changement.
À
gauche, le leader est Xiomara Castro, l'épouse de Manuel
Zelaya, l'ancien président qui a été déposé lors du coup d'État. Elle a promis
le changement. Mais le Honduras est un pays conservateur, et ses opposants
tentent de la dépeindre comme une communiste qui pourrait s'allier au Venezuela
et adopter des mesures socialement libérales.
Les
enjeux sont élevés et le résultat devrait être très serré. Cela a suscité des
craintes de fraude et d'instabilité parmi les partisans des deux partis.
Les agents électoraux
préparent les bulletins de vote avant l'élection générale. Photo Fredy
Rodriguez/Reuters
Les élections honduriennes s’ajoutent
une série d'autres scrutins qui ont amené les Latino-Américain·es à se
prononcer durant cette pandémie. Des élections législatives au Mexique aux
élections présidentielles
au Chili -
en passant par
le Nicaragua, le Venezuela, le Pérou et l'Argentine - les
habitants du continent ont utilisé leur vote pour exprimer leurs frustrations
et, surtout, leurs espoirs d'améliorer leur vie par des moyens démocratiques.