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13/01/2022

ROBERT HERBST
„Der Staat Israel gegen die Juden“: wichtiges neues Buch beschreibt Israels geistigen Niedergang

Robert Herbst, Mondoweiss, 10.1.2021
Übersetzt von KoPI, herausgegeben von Tlaxcala

Sylvain Cypels „Der Staat Israel gegen die Juden“ [Franz. u. Engl.] zeigt, wie sehr die Israelis in ihrer Behandlung der Palästinenser den menschlichen Anstand verloren haben und wie viel jüdisches moralisches Erbe bei der Schaffung, Unterstützung und Duldung eines jüdischen Staates aufgegeben wurde.

Im Jahr 2014, nach der Operation „Protective Edge“, die den Gazastreifen verwüstete und 2.000 Palästinenser, darunter mehr als 500 Kinder, tötete, wurde die kognitive Dissonanz zwischen jüdischen moralischen und religiösen Werten und der israelischen antipalästinensischen Apartheid - und der US-amerikanisch-jüdischen Unterstützung für all das - für mich zu groß, und ich begann, mich gegen die jüdische Unterdrückung der Palästinenser auszusprechen - außerhalb des jüdischen Stammes. Nach einigen Jahren fing ich an, einen Satz zu verwenden, der meiner Meinung nach meine Gefühle in dieser Sache angemessen zusammenfasste:

        Die Unterdrückung der Palästinenser wird von Juden verübt, in einem Israel von, durch und für Juden, aber sie ist nicht jüdisch.  

In den letzten sieben Jahren war ich in Israel, Ost-Jerusalem und im gesamten Westjordanland unterwegs, um mich zu informieren.  Ich habe Artikel, Berichte und Bücher über die Unterdrückung gelesen - über die Tatsachen vor Ort, die deprimierenden und unwürdigen Bedingungen des palästinensischen Lebens unter der Besatzung und innerhalb der Grünen Linie, über Apartheid, über Siedlerkolonialismus, über das zionistische Projekt.  Aber erst als ich vor kurzem in den Regalen für neue Sachbücher in meiner örtlichen Bibliothek stöberte, stieß ich auf das eine Buch, das ich jetzt allen US-Amerikanern und insbesondere anderen Juden empfehlen würde, die wissen wollen,  wie menschenunwürdig die Israelis die Palästinenser behandeln und wie viel von unserem jüdischen moralischen und religiösen Erbe wir aufgegeben haben, indem wir einen jüdischen Staat gegründet, unterstützt und toleriert haben, der die Palästinenser so systematisch, beharrlich und brutal ihrer Menschenrechte und ihrer Würde beraubt.


Der Autor Sylvain Cypel ist ein französisch-jüdischer Journalist, der jahrelang in New York, Israel und Paris gelebt hat, unter anderem als leitender Redakteur bei Le Monde. Sein sozialistischer, zionistischer, ukrainisch-polnischer Vater floh 1938 nach Frankreich, bevor die Nazis seine gesamte Familie und fast alle jüdischen Nachbarn auslöschten, und führte schließlich die französische zionistische Arbeiterbewegung an. Cypel, mein Zeitgenosse mit 74 Jahren, wuchs in dieser Bewegung auf, ging nach dem Pariser Gymnasium nach Israel, wurde eingezogen und diente in der IDF-Fallschirmjägerbrigade und kehrte als überzeugter Zionist nach Frankreich zurück, bis er 1969 nach Israel zurückkehrte, um die Universität zu besuchen - im selben Jahr, in dem ich zum ersten Mal nach Israel ging. Cypel. Auch er wurde beeindruckt von den jüdisch-nationalistischen und kolonialistischen Einstellungen, die er dort vorfand. Seine Kommilitonen sprachen über die Palästinenser „genau so“ wie französische Siedler über die algerischen Araber vor dem erfolgreichen Unabhängigkeitskrieg Algeriens.

GIDEON LEVY
Un Néguev bédouin n'est pas moins israélien qu'un Néguev juif

Gideon Levy, Haaretz, 13/1/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

L'état d'esprit sioniste en pilote automatique : les Bédouins s'emparent du Néguev. Ensuite, ils prendront le contrôle de tout le pays. Israël est en danger. Nous devons agir immédiatement. Avec force, bien sûr. De l'extérieur, on pourrait croire qu’on est à la veille d'une guerre civile. Des étrangers, des séparatistes, des envahisseurs, des ennemis de l'intérieur sont en train d’essayer de s'emparer d'une région et de l'arracher à l'État.

La police arrête un homme lors d’une manifestation de Bédouins à Sa'wa, mercredi 12 janvier. Photo : Eliyahu Hershkovitz

En réalité, il s’agit de citoyens de l'État, qui se battent pour leurs droits sur des terres qui leur appartiennent |au moins] autant qu’aux Juifs. À l'heure actuelle, ils n'ont pas d'aspirations nationales, mais le Néguev était bédouin bien avant d'être juif. Quel est le problème avec ça ? Bnei Brak est haredi et le Néguev est bédouin. Les kibboutzim sont ashkénazes et les villes de développement sont mizrahies et russes. C'est ainsi que cela se passe dans une configuration multinationale et multiculturelle. Mais quand les Haredim construisent plus de quartiers et de villes pour eux-mêmes, l'État ne les combat pas. Quand les Bédouins veulent leur propre terre pour eux-mêmes, c’est un danger pour l'État.

Tous les slogans sionistes fallacieux, ainsi que les mauvaises vieilles façons de faire, sont mis au service de la cause, comme si l'État (juif) n'avait pas encore été fondé. Faire fleurir le désert, cette valeur dans laquelle nous avons été élevés, signifie le faire fleurir pour les seuls Juifs. Sédentariser le Néguev, autre valeur sioniste classieuse, signifie le judaïser. Ni la colonisation du Néguev ni la floraison du désert n'intéressent le sionisme. Seule la judaïsation l'intéresse.

Eh bien, la judaïsation est le côté pile du nettoyage ethnique. Si faire fleurir le désert est une valeur - et on ne voit pas bien pourquoi - qu'y a-t-il de mal à faire fleurir le désert par les enfants du Néguev, ceux qui connaissent le désert, ont l'habitude d'y vivre et l'aiment plus que quiconque ?  Et si la colonisation du Néguev est une valeur - encore une fois, on ne sait pas pourquoi - qu'y a-t-il de mal à y laisser s’installer des Bédouins ? Ne sont-ils pas des personnes ? Pas des Israéliens ? Alors, disons-le au moins clairement.

Et maintenant, sortant de la naphtaline, arrive la vieille arme rouillée du sionisme de 1948 : la plantaison. Si innocent que ça pourrait vous faire pleurer. Couvrir la terre de vert. C'est tellement sioniste, et maintenant, tellement écologiste aussi. La veille de Tu Bishvat, la fête des arbres, on plante dans le Néguev. Quand on était enfants, on nous emmenait à Gan Meir à Tel Aviv le jour de Tu Bishvat pour planter, et c'était excitant. Nous ne savions rien alors. Nous ne savions pas que l'argent de la boîte bleue servait à tapisser le pays de pins, à dissimuler les crimes de 1948 et les ruines silencieuses afin qu'aucun Arabe ne retourne dans sa maison, transformée en bosquet. Maintenant, on va aussi planter un tel bosquet contre nature dans le désert.

Certificat de don néerlandais au KKL/Fonds National Juif pour une plantation d'arbres dans le Néguev  (sans date)

INSORGENZE
L'opération Ombres rouges se perd dans le brouillard : la Cour d’Appel de Paris reporte l’examen des demandes d’extradition de 9 réfugiés italiens

 

Insorgenze.net, 13/1/2022
Traduit par Sancha P. Anzo

Les audiences pour les 9 réfugiés italiens arrêtés en France en avril 2021 et qui ont comparu hier devant la Cour d'appel de Paris ont été reportées entre fin mars et fin avril. Le report des audiences a été accordé pour permettre l'examen des informations supplémentaires sur les demandes d'extradition envoyées par l'Italie. Selon les avocats de la défense, ces documents sont encore incomplets.

Les couloirs légendaires du sous-sol du palais de justice de Paris, officiellement appelé « la souricière »

Malgré les mesures anti-COVID, la salle d'audience était bondée comme pour les grandes occasions : des dizaines d'avocats du SAF, le Syndicat des Avocats de France, et de nombreux membres de la LDH, Ligue des Droits de l'Homme, ont témoigné du profond malaise et de la préoccupation qui traversent les secteurs de la société française les plus attentifs à la défense des droits face au risque de remise en cause de la politique d'accueil menée par la France depuis au moins quatre décennies à l'égard des réfugiés italiens persécutés par la justice pour les événements du conflit politique et social des années 70. Une participation qui a surpris la magistrate de liaison italienne à Paris, Roberta Collidà.

Les juges de la Chambre ont fixé le calendrier des prochaines audiences : l'ancien membre des Brigades Rouges Enzo Calvitti a été convoqué pour le 23 mars, le même jour où sera discutée la position de l'ancien membre dirigeant de Lotta Continua, Giorgio Pietrostefani, à condition que son état physique précaire le permette. Pour l'ex-BR Giovanni Alimonti et pour l'ex-membre de l'organisation des Noyaux Armés pour le contre-pouvoir territorial, Narciso Manenti, la nouvelle audience a été fixée au 30 mars ; pour les ex-BR Roberta Cappelli et Marina Petrella, la nouvelle audience est prévue pour le 6 avril. L'audition de l'ancien militant de Rosso Raffaele Ventura, impliqué dans la fusillade de Via De Amicis à Milan, a été fixée au 13 avril, ainsi que celle de l'ancien membre de la colonne milanaise Walter Alasia, des BR Sergio Tornaghi. L'ancien militant des Prolétaires armés pour le communisme Luigi Bergamin, et l'ancien brigadiste Maurizio Di Marzio, ont été convoqués pour le 20 avril,. Pour Di Marzio, la Chambre attend toujours le complément d'information demandé en novembre, entre-temps le mandat d'arrêt européen émis par l'Italie à son encontre a été rejeté mais la procédure d'extradition est toujours en cours. Quant à la position de Luigi Bergamin, les juges français attendent la décision de la Cour de cassation en février prochain pour voir si la prescription décidée par la Cour d'appel de Milan sera confirmée.

« Nous avons du mal à comprendre comment il est possible que pour des dossiers qui auraient dû être préparés depuis longtemps, nous ne soyons pas en mesure d'avoir tous les documents », a déclaré à Adnkronos Irène Terrel, l'avocate française de sept des dix réfugiés détenus en France.

IAN BURUMA
Comment la langue chinoise s'est modernisée
Note de lecture de « Kingdom of Characters », de Jing Tsu

Ian Buruma, The New Yorker, 10/1/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Face aux bouleversements technologiques et politiques, les réformateurs ont décidé que les Chinois devaient changer pour survivre.

Les innovateurs ont cherché à rendre le chinois compatible avec les nouvelles manières d'une nouvelle ère. Illustration par Xinmei Liu

Le grand sinologue Simon Leys, aujourd'hui décédé, a souligné un paradoxe particulier. La Chine est la plus ancienne civilisation du monde, et pourtant, il ne reste que très peu de traces de son passé, bien moins qu'en Europe ou en Inde. Au fil des siècles, des vagues d'iconoclastes révolutionnaires ont tenté de détruire tout ce qui était ancien ; les gardes rouges, dans les années soixante, suivaient une ancienne tradition. De toute façon, les Chinois ont rarement construit quelque chose pour l'éternité, rien à voir avec les cathédrales d'Europe. Et ce qui a survécu du passé a souvent été traité avec négligence.

Alors, qu'est-ce qui explique la longévité de la civilisation chinoise ? Leys pensait que c'était l'écrit, la richesse d'une langue employant des caractères, en partie idéographiques, qui n'ont guère changé depuis deux mille ans. Comme l'observe Jing Tsu, spécialiste du chinois à Yale, dans « Kingdom of Characters : The Language Revolution That Made China Modern » [Royaume des caractères : la révolution linguistique qui a fait de la Chine un pays moderne] (Riverhead), la Chine a longtemps assimilé l'écriture « à l'autorité, un symbole de révérence pour le passé et un talisman de légitimité ». C'est pourquoi la maîtrise du chinois classique était si importante. Pour devenir fonctionnaire dans la Chine impériale, il fallait composer des essais savants et précis sur la philosophie confucéenne, une tâche ardue que très peu pouvaient accomplir. Même le président Mao, qui incitait ses partisans à détruire tout vestige de tradition, affichait fièrement ses prouesses de calligraphe, s'imposant comme le porteur de la civilisation chinoise.

Leys avait raison en ce qui concerne la continuité de l'écriture chinoise. Mais les fanatiques, résolus à effacer les anciennes incarnations de la civilisation chinoise pour faire place à de nouvelles, ont souvent pris pour cible la langue écrite également. L'un des modèles de Mao était le premier empereur Qin (259-210 av. J.-C.), un despote très honni qui a ordonné la construction de la Grande Muraille et a peut-être été le premier grand brûleur de livres de l'histoire. Il voulait détruire tous les classiques confucéens et aurait enterré vivants des érudits confucéens. La seule critique de Mao à l'égard de son prédécesseur détesté était qu'il n'avait pas été assez radical. C'est sous l'empereur Qin que l'écriture chinoise a été standardisée.

Mais si la pérennité du chinois écrit est un acquis de la civilisation, elle n'a pas toujours été considérée comme un atout. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, de nombreux Chinois craignaient que la complexité des caractères écrits de la langue ne place la Chine dans une situation désespérée dans un monde dominé par l'alphabet romain. L'ouvrage de Tsu montre comment la langue chinoise et son système d'écriture ont résisté aux vagues modernes d'iconoclasme et ont été renouvelés depuis le début du siècle dernier.

Le chinois présente certainement des difficultés uniques. Pour être alphabétisée dans cette langue, une personne doit être capable de lire et d'écrire au moins trois mille caractères. Pour apprécier un livre sérieux, le lecteur doit en connaître plusieurs milliers de plus. Apprendre à écrire est un exploit de mémoire et d'habileté graphique : un caractère chinois est composé de traits, à effectuer dans un ordre particulier, en suivant les mouvements d'un pinceau, et bon nombre de caractères comportent dix-huit traits ou plus.