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18/07/2025

GILAD ATZMON
Le génocide de Gaza est le véritable retour à la maison des Juifs

Gilad Atzmon, 6/7/2025

Traduit par Ayman El Hakim, Tlaxcala

Avez-vous remarqué que les « bonnes âmes » hypocrites parmi nous ont enfin cessé de répandre l’absurdité selon laquelle « le judaïsme n’est pas le sionisme » ? Avec 97 % des juifs orthodoxes en Israël soutenant les crimes israéliens à Gaza, il est difficile de convaincre quiconque que le judaïsme est synonyme de paix et d’harmonie. Avec un État qui se qualifie lui-même d’« État juif » et qui se transforme en État judaïque menant une guerre d’extermination digne de l’Ancien Testament contre le peuple indigène de cette terre, il est pratiquement impossible de continuer à jouer la carte de l’innocence juive.


Mr. Fish

C’est probablement très douloureux à admettre pour certains, mais le génocide dont nous sommes tous témoins à Gaza, ce culte de la mort qui unit l’ensemble des Israéliens (à l’exception d’une poignée de véritables dissidents), est le véritable retour au bercail des enfants préférés de Dieu.

Ces crimes catastrophiques contre l’humanité perpétrés par une armée nationale avec le soutien sans faille de toute la nation, de ses rabbins et de son establishment politique sont la seule chose que les Juifs ne pouvaient pas faire en diaspora. En tant que tel, l’État juif a mis en lumière quelque chose que les Juifs ont essayé de réprimer et même de nier tout au long de leur histoire.

Pourtant, rien de tout cela n’est nouveau pour les Juifs. Voici quelques faits fascinants en rapport avec ce qui précède. L’orthodoxie juive et les premiers sionistes étaient pleinement conscients des lacunes du judaïsme en matière de valeurs éthiques fondamentales et universelles.

C’est la familiarité des premiers sionistes avec la conception juive de la moralité qui a poussé la première génération d’agitateurs à promouvoir une révolution hébraïque. Comme je l’ai mentionné à plusieurs reprises sur cette page, dans le judaïsme, l’éthique est remplacée par le litige (les lois - les mitzvot). Le juif rabbinique n’agit pas de manière éthique, il suit plutôt les mitzvot qui imitent l’acte éthique. Le sionisme des débuts, mouvement révolutionnaire, était animé par la conviction qu’une fois installés sur « leur terre », les Juifs se transformeraient en une nation normale et en un peuple ordinaire. Pour les sionistes, c’était le détachement de « leur propre terre » qui était responsable de la morbidité éthique de la diaspora. Les sionistes travaillistes croyaient que le retour au pays et le rapprochement avec la vie prolétarienne et agricole donneraient naissance à un nouveau Juif hébraïque éthique.

Le fantasme recyclé selon lequel « l’armée israélienne est l’armée la plus morale au monde » fait écho à cette aspiration sioniste primitive. Les premiers sionistes souhaitaient vraiment devenir moraux et éthiques, mais leur échec est bien plus grand que leur désir initial.

Les juifs orthodoxes ont également compris que le mélange avec les goyim est un manuel pour un désastre inimaginable. Le ghetto juif, en tant que tel, est une condition que les Juifs se sont imposée en acceptant leur propre détachement de la tendance éthique humaine universelle. Le judaïsme orthodoxe a toujours eu, et a toujours, une perception isolationniste. Il vise à minimiser les interactions avec le monde extérieur en acceptant que la barrière métaphysique et éthique entre les Juifs pratiquants et les goyim est infranchissable. Le ghetto juif, en tant que tel, existe pour sauver les Juifs, mais aussi pour protéger les goyim.

Il est fascinant de constater que les juifs orthodoxes et les premiers sionistes considéraient l’émancipation comme un événement désastreux dans l’histoire juive. Les orthodoxes voyaient que l’assimilation entraînerait une catastrophe pour les Juifs. Hitler leur a donné raison, mais les sionistes ont également identifié un danger similaire et ont promis d’emmener les Juifs loin de là.

Au cours des dernières années du XIXe siècle, Max Nordau, agitateur sioniste de la première heure, affirmait que l’émancipation des Juifs était une initiative des goyim pour se donner bonne conscience*. Ceux-ci (les goyim) n’accueillaient pas les Juifs parce qu’ils les aimaient vraiment, mais parce qu’ils aimaient se montrer tolérants. Nordau prédisait que les goyim regretteraient leur enthousiasme libéral. Moins d’un demi-siècle plus tard, l’Holocauste lui donna raison. Pourtant, le sionisme, qui a donné naissance à l’État juif, a échoué dans sa mission première. Il promettait de résoudre le problème juif, mais dans la pratique, il l’a déplacé vers un nouvel endroit et en a fait un désastre mondial. Le sionisme promettait de régler le problème des Juifs. Dans la pratique, il a créé un monstre, il a dévoilé et amplifié ce que les Juifs s’étaient efforcés de cacher tout au long de leur histoire, même à eux-mêmes.

Le génocide à Gaza est, tragiquement, le véritable sens du retour à la maison des Juifs. C’est la barbarie de l’Ancien Testament qui prend vie à travers un peuple qui se considère comme la descendance d’Abraham, de Moïse et du roi David. L’enthousiasme des Israéliens à décapiter les dirigeants politiques, culturels, scientifiques et spirituels de leurs voisins, ce qu’ils font régulièrement et avec beaucoup d’enthousiasme, est à nouveau l’esprit même du retour des Israélites bibliques. C’est précisément ce que les Israélites bibliques ont fait tout au long de l’Ancien Testament. Peut-être, juste peut-être, est-il temps pour l’humanité, et en particulier pour le christianisme, de comprendre ce que représente l’Ancien Testament et de se tenir à l’écart de ce texte primitif et catastrophique.

NdT

*Voir son discours au Premier congrès sioniste de Bâle, pp.16-26

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