01/08/2025

LYNA AL TABAL
Cent ans d’enfer en Palestine

Dr Lyna Al Tabal, Rai Al Youm, 1/8/2025
Traduit par Tlaxcala

La France a enfin décidé de reconnaître l’État de Palestine.

Au mois où les feuilles tombent et où les mensonges fleurissent sur les rives de la Seine, la France accorde enfin une reconnaissance — timide, tardive, en retard de sept décennies…

Et la Grande-Bretagne, celle-là même qui a cédé une terre qui ne lui appartenait pas, décide à son tour de faire un geste… Mais la résolution 67/19, adoptée par 138 pays à l’Assemblée générale des Nations unies en 2012, avait déjà accordé à la Palestine le statut d’« État non membre observateur », au même titre que le Vatican. C’est sur cette base que la Palestine a pu rejoindre des organisations et traités internationaux, comme la Cour pénale internationale ou encore l’UNESCO.

D’accord, vous, les Européens, vous êtes 450 millions. Votre économie pèse 20 000 milliards de dollars. Vous brillez dans les bourses, dominez les marchés… Mais dites-moi : vos gouvernements peuvent-ils peser, ne serait-ce qu’un kilogramme de justice ? Une poignée de dignité ? Une reconnaissance avec soixante-dix ans de retard — voilà donc votre offre ? Vous appelez ça un geste ? Vous ne donnez rien à la Palestine. Rien. C’est tout ce que vous avez à offrir ? Vraiment ?

Cette reconnaissance va-t-elle arrêter un char ? Va-t-elle réchauffer le lit froid d’une mère assassinée ? Ramener un enfant à la vie ? Non.

Oui, l’Europe aime la Palestine… mais de loin. Comme on aime une cause perdue, un mythe oriental, un poème de Mahmoud Darwich encadré au mur d’un salon parisien. Et vous le savez : Israël avalera cette reconnaissance comme il avale la Cisjordanie — à pleines dents.

Assez de discours. Le monde n’a pas besoin d’une déclaration de plus. Il a seulement besoin que vous arrêtiez d’armer le tueur.

Cette reconnaissance relève de la caricature. Ce dont la Palestine a besoin, c’est que cette complicité prenne fin. L’ONU condamne Israël chaque jour. Qu’est-ce que cela a changé ? Gaza meurt de faim, subit le génocide, les crimes, la misère... Trois couleurs dominent : le gris des ruines, le rouge du sang, et l’or éclatant du désastre – celui des marchés qui prospèrent sur les décombres. Inutile de faire d'autres déclarations. Gardez vos gestes "“courageux”.

Jeffrey Sachs n’est pas un révolutionnaire. C’est un expert, un homme qui dit simplement la vérité : « Arrêtez de livrer des armes à Israël, et la guerre cessera ».

La solution commence par un mot : responsabilité. Celle d’Israël, mais aussi celle de tous ceux qui le soutiennent. Imposer des sanctions, voilà le minimum. Leur Premier ministre est accusé ? Alors qu’il soit conduit à La Haye, menotté, et que les procès commencent — si vous croyez encore à ce mot : paix.
La seule mesure qui ait du sens dans cette région : le désarmement d’Israël.

Mais que peut faire l’Europe face aux grandes puissances qui dictent leur loi et imposent leur volonté ? L’administration Trump n’a même pas pris la peine de masquer son impérialisme : « Nous ferons ce que nous voulons, vous ne valez rien », a-t-elle proclamé.
Tout cela n’est que la conséquence logique d’un choix : celui du monde occidental, qui a préféré l’unipolarité à la justice.

Ne perdons pas notre temps aujourd’hui à accabler Abou Mazen ( Président de l’[In]autorité palestinienne)… Inutile de tirer sur un corbillard : l’Histoire finira par le juger.
Et de grâce, cessez de hurler « Où sont les Arabes ? » — cette question n’a plus de sens. Une question stupide.

Les Arabes, mon ami, ont disparu...
Il ne reste que toi, moi, et une poignée de croyants, de rêveurs, que l’on peut compter sur les doigts d’une main.
Ils ont disparu, comme disparaissent les espèces anciennes. Alors ne demande plus où ils sont.

Tout cela est arrivé parce que le monde occidental a décidé de se diriger vers un empire unique, qui ne lui ressemble pas et ne le respecte pas. L’Europe aurait pu empêcher cette guerre ou en atténuer la violence... mais elle a choisi de tomber amoureuse !

L’Europe ressemble à une vieille dame, coiffée d’un chapeau de plumes de paon colorées, qui croit que l’Amérique l’aime... Elle est aveuglée par son amour pour l’Amérique. Depuis la fin des années 90, l’Europe n’a pas adopté de politique étrangère indépendante, si ce n’est une politique d’hostilité envers la Russie... La Russie est pour elle un cauchemar soviétique, alors qu’elle aurait dû être un partenaire commercial, mais elle a décidé d’être la maîtresse malheureuse de Washington.

Ursula von der Leyen, porte-parole officielle de l’empire américain au sein de la Commission européenne, est une femme ridicule ! Vous savez, bien sûr, que ce sont les responsables américains qui dirigent l’Europe, Mais vous continuez à faire semblant de croire que Bruxelles est la capitale européenne.

 Vous savez pourtant que c’est Washington qui commande…

Et malgré tout, vous souriez en agitant fièrement le drapeau européen.

Il n’y a pas de sécurité pour l’Ukraine, ni pour l’Europe, ni même pour les rêves de vos enfants, dans cette aventure américaine insensée à laquelle vous avez adhéré et dont vous êtes devenus les chefs.

Vous êtes complices d’un million de morts. Oui, vous avez sciemment participé à cette hécatombe en Ukraine.
Vous n’avez semé que la mort. Et qu’est-ce qui a changé ? Rien.

Revenons à la position américaine. Trump, fidèle à lui-même, menace : « L’Amérique entrera en Ukraine pour en finir. »
Et Poutine, lui aussi fidèle à lui-même, éclate de rire : « Laissez-le parler... Il fait toujours le contraire de ce qu’il annonce. »

En Palestine, la situation est très claire, Mike Huckabee dit qu’il n’y a pas de solution possible en Palestine ! !

Les USA ont abandonné leur politique au Moyen-Orient et l’ont confiée à Benjamin Netanyahou... C’est le lobby israélien qui domine la politique américaine. Une blague !

En 1996, au plus fort des pourparlers de paix, alors que les Israéliens et les Palestiniens étaient assis dans les salles de négociation, se serraient la main à Madrid, négociaient à Oslo et plaçaient les drapeaux palestiniens aux côtés des drapeaux des Nations unies, et alors que Yasser Arafat modifiait le pacte dans l’espoir d’un État, Netanyahou et ses conseillers sionistes américains préparaient un plan pour remplacer la solution à deux États par une « solution par la force » : encercler la Syrie, frapper l’Irak et étouffer les Palestiniens. Et frapper toute alliance qui se formerait pour soutenir la Palestine, y compris le Hezbollah et le Hamas. Ils ont appelé cette solution « A Clean Break » (Une rupture totale), car ils avaient décidé de rompre définitivement et d’imposer leur réalité.

Sur la base de ce document, les USA ont mené sept guerres en cinq ans. Le général Wesley Clark exécutait les instructions du bureau politique israélien. Vous pouvez écouter le général Wesley Clark sur Internet, il parle de ce sujet. Il était le commandant en chef de l’OTAN en 1999... Ce sont les guerres de Netanyahou, soit dit en passant : éliminer les restes des alliés soviétiques, démanteler le système de chaque État, de chaque alliance et organisation hostile à Israël, et semer le chaos dans la région.

Et chaque fois qu’une guerre éclatait, Netanyahou esquissait ce même sourire — celui de l’homme qui allume une cigarette au premier signe de dépression. Depuis trente ans, il répète inlassablement sa vision : il n’y aura qu’un seul État, Israël.

 « et toute voix contraire sera écrasée — pas par nous directement, mais par nos amis américains ». disait -il. Voilà, en général, la politique des USA au Moyen-Orient, encore aujourd’hui.

Cette politique n’a pas commencé avec Trump, ni avec Biden, et elle n’a pas été inventée par Clinton, Bush ou Obama. C’est le jeu ennuyeux de la politique américaine : si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous, et si vous êtes contre nous, attendez que votre régime s’effondre de l’intérieur. N’est-ce pas là le quotidien de la politique américaine ? Depuis la Seconde Guerre mondiale, les USA n’ont cessé d’intervenir directement dans les affaires des autres, sous le couvert d’un discours fallacieux sur la démocratie. Entre 1945 et 1989, ils ont provoqué soixante-dix changements de régime. Ils ont accusé les Soviétiques de vouloir conquérir le monde, puis ils ont utilisé ce prétexte pour conquérir le monde eux-mêmes...

Notre destin est déjà tracé, consigné noir sur blanc pour les cent prochaines années... Mais nous avons cette manie de les surprendre, de saboter leurs plans les plus funestes. Ils croyaient que Gaza plierait en un mois. Ils avaient creusé nos tombes, dressé les tentes au Sinaï et redessiné les cartes de la région.

Quelle illusion grotesque ! Ils croyaient que Gaza n’était qu’un détail gênant à balayer en quelques semaines. Mais chaque massacre y a enfanté un nouveau missile : du Qassam au Yassin, puis au Badr-3 ; de l’Ayyash 250 au R160, jusqu’à l’Al-Quds et l’Asif al-Ghadab.

Quelle impuissance ! Avez-vous oublié que Gaza défie même les lois de la physique ? Tout ce qui est lancé contre elle… finit par rebondir.
Ils ont parié sur la colonisation de la Cisjordanie — et ont gagné ce pari.
Ils ont cru qu’une victoire militaire signerait la fin du conflit. Mais Gaza le leur rappelle à chaque instant : ce n’est pas une bataille, c’est une existence.

Quelle victoire peut-on revendiquer, quand la stabilité d’une armée dépend d’une boîte de Prozac ? Un État qui ne tient debout que sous antidépresseurs n’est pas un État : c’est un patient.
Ce n’est pas un conseil, mais un avertissement — froid, clair — venu d’un ennemi qui ne vous aime pas… mais ne souhaite même pas votre mort. Il vous dit simplement : rentrez chez vous.

Plus vous étendez les frontières du Grand Israël, plus vous courez vers le mur du néant.
Car plus vous approchez de ce rêve impérial, plus il se vide de son sens.
Vous avez peut-être remporté quelques batailles, mais vous gaspillez l’essentiel : le temps.
Et l’Histoire, elle, n’oublie jamais l’arrogance.

Plus vous vous étendez, plus vous devenez vulnérables. Plus vous avancez, plus vous vous épuisez. Regardez Ben Gvir : un ministre de pacotille, vociférant comme un simple d’esprit — « Envoyez des bombes, pas de l’aide à Gaza ! »
Il croit qu’on écrit l’Histoire en criant. Il pense que les missiles remplacent la mémoire.

Mais la guerre ne se gagne pas seulement sur le terrain. Elle se gagne — ou se perd — dans les livres, dans les consciences, dans la trace que vous laissez.

Et l’Histoire, mes ennemis, ne se dicte pas au mégaphone. Elle se souvient. Et elle vous classera — vous, vos bombes, vos bouffons — dans la marge rouge de la honte éternelle.

Dites-moi comment ? Dites-moi, pour l’amour de Dieu, comment un État peut-il prétendre à la victoire quand il a déjà perdu l’histoire ?
Car un jour — bientôt — tout le monde lira qu’Israël fut un État fasciste, un régime d’apartheid qui a rasé des villes, anéanti des peuples, fait tomber des gouvernements pour survivre… puis s’est écroulé, étouffé par sa propre haine.

Et cette histoire, ce n’est pas Tel-Aviv qui l’écrit. C’est Gaza.
Gaza l’écrit avec ses roquettes, avec son sang, avec une volonté que ni les bombes ni les tanks ne peuvent briser.

Vous la lirez dans quelques années. Et vos enfants, eux, la liront dans leurs manuels scolaires.
Et ce jour-là, ils vous regarderont… et ils auront honte.

OFER ADERET
Impensable aujourd’hui : en 1988, les plus grands chanteurs israéliens s’unissaient contre l’occupation

Ofer Aderet et Alex Levac (photos), Haaretz, 31/7/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Trois mois après le début de la première intifada, des dizaines d’artistes israéliens se sont réunis à Tel-Aviv pour tenter de « réveiller la conscience humaine », comme l’a déclaré un rockeur. Près de quatre décennies plus tard, l’histoire n’a pas pris le chemin de la paix.

Corinne Allal, à gauche, Shlomo Artzi, Yehudit Ravitz et Hana Laslo lors de l’événement en mars 1988

 C’était il y a 37 ans, en mars 1988, mais aujourd’hui, le titre d’alors de Haaretz semble inconcevable : « Peut-être que quelque chose a enfin commencé à bouger ici. »

 L’article décrivait comment plus de 30 artistes, dont beaucoup étaient auteurs-compositeurs-interprètes, se sont tenus sur une scène dans la place centrale de Tel Aviv, aujourd’hui connue sous le nom de place Rabin. « Ils ont chanté « Nous voulons la paix » lors de la manifestation intitulée « Ligne rouge : Juifs et Arabes contre l’occupation ».

Des milliers de personnes y ont participé. C’était pendant la première intifada, alors que le Hamas en était à ses débuts et que le chef de l’Organisation de libération de la Palestine, Yasser Arafat, était en exil. L’événement a été ouvert par les chanteurs Riki Gal et Nurit Galron et deux auteurs-compositeurs-interprètes légendaires, Yehudit Ravitz et Corinne Allal.

Riki Gal, à gauche, Yehuditz Ravitz, Rita et Chava Alberstein montant sur scène


Parmi les plus de 30 artistes qui se sont produits, figuraient les géants du rock israélien Yehuda Poliker, Matti Caspi et Gidi Gov.

Shlomi Artzi, légende du folk-rock, a déclaré : « Dans le passé, les artistes israéliens s’abstenaient d’exprimer leurs opinions, mais aujourd’hui, ils veulent le faire, compte tenu de la nécessité de trouver un compromis avec nos voisins arabes. »

Titre du journal Hadashot : « Les artistes israéliens en faveur du dialogue avec les Palestiniens ». De gauche à droite : Nurit Galron, Yehudit Ravitz, Riki Gal et Rita. Photo : archives Haaretz


Au premier plan, Nurit Galron, à gauche, Chava Alberstein et la pianiste Astrith Baltsan, avec l’acteur et réalisateur palestinien de 1948 Mohammad Bakri à l’arrière.

 

Rita, à gauche, Yehudit Ravitz, Riki Gal et Corinne Allal sur scène.

 

Des personnes dans la foule brandissent des pancartes sur lesquelles on peut lire « Pour la paix israélo-palestinienne » en hébreu.

Alex Levac a pris ces photos pour le quotidien Hadashot, qui a cessé de paraître cinq ans plus tard, lorsque Levac a rejoint Haaretz, où il travaille toujours aujourd’hui. Titre de Hadashot : « Des artistes israéliens en faveur du dialogue avec les Palestiniens ».

« Il est très important d’être ici aujourd’hui pour éveiller la conscience humaine et l’opinion publique ; peut-être que cela aboutira à quelque chose », a déclaré Poliker, selon Hadashot.

 

Matti Caspi jouant de la guitare. 

Les musiciens israéliens Si Heyman, à gauche, et Shlomo Gronich dans un café avant le concert.

 Matti Caspi, que Haaretz a un jour qualifié de « réponse israélienne à Bach et Gershwin », a ajouté : « Il est temps de commencer à parler, quelle que soit la situation. L’essentiel est de parler. »

La chanteuse folk Chava Alberstein s’est dite « assez désespérée ». Selon elle, « il est clair que beaucoup de gens nous regardent comme si nous étions des oiseaux chantant dans une cage ou sur un arbre, sans aucune utilité. Mais tant qu’il y aura des artistes, nous continuerons d’essayer ».

 

Yehuda Poliker, à gauche, et Hana Laslo

« Nous essayons d’embellir une époque qui comporte beaucoup de laideur et de souffrance, en particulier pour les jeunes qui doivent participer à des événements désagréables. Nous essayons d’apporter une note nouvelle et de rappeler à tous qu’il y a de l’espoir. »

Au cours de la première intifada, qui a éclaté en décembre 1987, les soldats israéliens ont affronté des jeunes qui leur lançaient des pierres en Cisjordanie et à Gaza.


Corinne Allal, au centre, avec Shlomo Artzi à sa droite.

 

Gidi Gov, à gauche, et Yehuda Poliker. Sarai Tzuriel à l’arrière.


De retour sur la place de Tel Aviv, Yaffa Yarkoni, qui a lancé sa carrière de chanteuse avant la création de l’État d’Israël, a déclaré : « Les gens ne comprennent pas que l’heure du jugement dernier a sonné. Personne ne se rend compte de l’ampleur du désastre. »

La chanteuse Yardena Arazi a ajouté : « Je suis une citoyenne qui vit dans ce pays. Parfois, quand je lis les journaux, j’ai envie de crier : « Ça ne peut pas continuer comme ça. » »

Gidi Gov a conclu : « Je pense que nous devons faire quelque chose pour mettre fin à la violence entre Arabes et Juifs. Ce n’est pas une question d’opinions politiques, mais d’opposition à la violence. »

GIDEON LEVY
No es solo una guerra, es un genocidio, y se está cometiendo en nuestro nombre

Gideon Levy, Haaretz, 30-7-2025
Traducido por Fausto GiudiceTlaxcala

Dos importantes organizaciones israelíes de defensa de los derechos humanos han puesto nombre a lo que otros siguen negando: la campaña en Gaza no es solo brutal o desproporcionada, es la destrucción deliberada de un pueblo. Las pruebas son abrumadoras, la intención innegable y el silencio cómplice.


Un periodista muestra el resumen ejecutivo del informe «Nuestro genocidio», elaborado por B’Tselem, en una rueda de prensa celebrada el lunes en Jerusalén. Foto Maya Alleruzzo/AP

Ha llegado el momento. Ya no es posible andarse con rodeos y evitar dar una respuesta. Ya no podemos escondernos, evadir, balbucear, apaciguar y oscurecer. Tampoco podemos aferrarnos a sofismas legales sobre la «cuestión de la intención» o esperar el fallo de la Corte Internacional de Justicia de La Haya, que puede que solo se dicte cuando ya sea demasiado tarde.

Ya es demasiado tarde.

Por eso ha llegado el momento de llamar al horror por su nombre, y su nombre completo es genocidio, el exterminio de un pueblo. No hay otra forma de describirlo. Ante nuestros ojos horrorizados, Israel está cometiendo un genocidio en la Franja de Gaza. No ha comenzado ahora, comenzó en 1948. Ahora, sin embargo, se han acumulado pruebas suficientes para llamar por su nombre monstruoso lo que ocurre en la Franja de Gaza.

Este es un momento de desesperación, pero también liberador. Ya no necesitamos evitar la verdad. El lunes, en el sótano de un hotel de Jerusalén Este, dos importantes grupos israelíes de derechos humanos anunciaron que la suerte estaba echada. B’Tselem y Médicos por los Derechos Humanos declararon que habían llegado a la conclusión de que Israel estaba cometiendo genocidio. Lo hicieron ante decenas de periodistas de todo el mundo y una vergonzosa y escasa representación de los medios de comunicación israelíes.

Con una fiabilidad y valentía incomparables, dieron un paso histórico. Estaba claro que a sus portavoces no les resultaba fácil. La incomodidad se palpaba en la sala de conferencias.

B’Tselem tituló su informe «Nuestro genocidio», y es genocidio, y es nuestro. La dramática declaración fue recibida en Israel con un desprecio casi total. Pero esto también demuestra la gravedad de la situación. El genocidio casi siempre es negado por quienes lo cometen.

El significado es grave. Vivir en un país cuyos soldados están cometiendo un genocidio es una mancha indeleble, un rostro distorsionado que nos mira en el espejo, un desafío personal para todos los israelíes. Este término plantea profundas preguntas sobre el país y nuestra participación en el crimen. Nos recuerda de dónde venimos y plantea preguntas difíciles sobre hacia dónde vamos. Lo más fácil ahora es la carga de la prueba. La corroboración legal bien podría venir de La Haya, pero las pruebas morales se acumulan cada día.

Un niño palestino que sufre desnutrición en el campamento de Al-Shati, en Gaza, la semana pasada. Foto Jehad Alshrafi/AP

Durante meses, los pocos en Israel que ven en la Franja de Gaza la cuestión de la intención han estado sufriendo. ¿Realmente Israel tiene la intención de cometer genocidio, o tal vez ha causado los resultados sin querer? Esta pregunta se ha vuelto superflua. No es la cantidad de muertes y destrucción lo que la ha sacado de la agenda, sino la forma sistemática en que se está llevando a cabo.

Cuando destruyes 33 de 35 hospitales, la intención es transparente y el debate ha terminado. Cuando borras sistemáticamente barrios, pueblos y ciudades enteros, las dudas sobre tus intenciones han llegado a su fin. Cuando matas a decenas de personas cada día mientras esperan en fila para recibir comida, el método ha quedado demostrado más allá de toda duda. Cuando utilizas el hambre como arma, ya no hay lugar para las preguntas.

Ya no falta nada para comprender que lo que está ocurriendo en Gaza no es el daño colateral de una guerra horrible, sino el objetivo. El hambre masiva, la destrucción y la muerte son el objetivo, y desde aquí el camino hacia la conclusión es corto: el genocidio.

Israel tiene la clara intención de provocar la destrucción de la sociedad palestina en la Franja de Gaza, de convertirla en un lugar inhabitable. Pretende llevar a cabo una limpieza étnica, ya sea mediante el genocidio o el traslado de la población, preferiblemente ambas cosas.

Protesta organizada por Standing Together en Tel Aviv la semana pasada. Foto: Tomer Appelbaum

Esto no significa que la cábala vaya a tener éxito, pero se está moviendo en la dirección de esta solución absoluta. El primer ministro Benyamin Netanyahu, padre de esta cábala y su principal ejecutor, lo llama «victoria total», y esta victoria es el genocidio y el traslado de la población. Netanyahu y su gobierno no aceptarán nada menos. Mientras tanto, los partidos judíos de la oposición no tienen a nadie que se oponga realmente.

Israel ya no tiene a nadie que detenga esta marcha hacia el genocidio; solo hay quienes la ignoran. Por aterrador que pueda parecer, existe el peligro de que no se detenga en Gaza. Ya han establecido la infraestructura ideológica y operativa para ello en Cisjordania. Los ciudadanos árabes de Israel podrían muy bien ser los siguientes en la lista. No hay nadie que lo detenga, y debemos detenerlo.

➤Leer el informe de B'Tselem en español

GIDEON LEVY
Ce n’est pas juste une guerre, c’est un génocide, et il est commis en notre nom

Gideon Levy, Haaretz, 30/7/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Deux importantes organisations israéliennes de défense des droits humains ont nommé ce que d’autres continuent de nier : la campagne menée à Gaza n’est pas seulement brutale ou disproportionnée, elle vise délibérément à détruire un peuple. Les preuves sont accablantes, l’intention indéniable et le silence complice.


Un journaliste montre le résumé du rapport « Notre génocide » publié par B’Tselem lors d’une conférence de presse à Jérusalem, lundi. Photo Maya Alleruzzo/AP

Le moment est venu. Il n’est plus possible de tourner autour du pot et d’éviter de donner une réponse. Nous ne pouvons plus nous cacher, éluder, marmonner, apaiser et obscurcir. Nous ne pouvons pas non plus nous accrocher à des sophismes juridiques sur la « question de l’intention » ou attendre la décision de la Cour internationale de justice de La Haye, qui ne sera peut-être rendue que lorsqu’il sera trop tard.

Il est déjà trop tard. C’est pourquoi le moment est venu d’appeler l’horreur par son nom – et son nom complet est génocide, l’extermination d’un peuple. Il n’y a pas d’autre façon de le décrire. Sous nos yeux horrifiés, Israël commet un génocide dans la bande de Gaza. Cela n’a pas commencé aujourd’hui, cela a commencé en 1948. Mais aujourd’hui, les preuves sont suffisantes pour appeler par son nom monstrueux ce qui se passe dans la bande de Gaza.

C’est un moment de désespoir, mais aussi de libération. Nous n’avons plus besoin d’éviter la vérité. Lundi, dans le sous-sol d’un hôtel de Jérusalem-Est, deux importantes organisations israéliennes de défense des droits humains ont annoncé que les dés étaient jetés. B’Tselem et Physicians for Human Rights ont déclaré qu’elles étaient parvenues à la conclusion qu’Israël commettait un génocide. Elles l’ont fait devant des dizaines de journalistes du monde entier et une représentation honteusement clairsemée des médias israéliens.

D’une fiabilité et d’un courage incomparables, ils ont franchi une étape historique. Il était évident que leurs porte-parole n’avaient pas la tâche facile. Le malaise était palpable dans la salle de conférence.

B’Tselem a intitulé son rapport « Notre génocide » – et c’est bien d’un génocide qu’il s’agit, et c’est le nôtre. Cette déclaration dramatique a été accueillie en Israël avec un mépris quasi total. Mais cela aussi prouve la gravité de la situation. Le génocide est presque toujours nié par ceux qui le commettent.

La signification est grave. Vivre dans un pays dont les soldats commettent un génocide est une tache indélébile, un visage déformé qui nous regarde dans le miroir, un défi personnel pour chaque Israélien. Ce terme soulève de profondes questions sur le pays et notre part dans ce crime. Il nous rappelle d’où nous venons et soulève des questions difficiles sur notre avenir. Le plus facile maintenant, c’est la charge de la preuve. La confirmation juridique viendra peut-être de La Haye, mais les preuves morales s’accumulent chaque jour.

Un enfant palestinien souffrant de malnutrition dans le camp d’Al-Shati à Gaza, la semaine dernière. Photo Jehad Alshrafi/AP

Depuis des mois, les rares personnes en Israël qui voient dans la bande de Gaza une question d’intention souffrent. Israël a-t-il vraiment l’intention de commettre un génocide, ou a-t-il peut-être provoqué ces résultats sans le vouloir ? Cette question est désormais superflue. Ce n’est pas le nombre de morts et l’ampleur des destructions qui l’ont fait disparaître de l’ordre du jour, mais la manière systématique dont elles sont perpétrées.

Lorsque vous détruisez 33 hôpitaux sur 35, l’intention est claire et le débat clos. Lorsque vous effacez systématiquement des quartiers, des villages et des villes entiers, les doutes quant à vos intentions n’ont plus lieu d’être. Lorsque vous tuez chaque jour des dizaines de personnes qui font la queue pour obtenir de la nourriture, la méthode a été prouvée sans l’ombre d’un doute. Lorsque vous utilisez la famine comme arme, il n’y a plus aucun doute possible.

Il ne manque plus rien pour comprendre que ce qui se passe à Gaza n’est pas le dommage collatéral d’une guerre horrible, mais bien l’objectif. La famine, la destruction et la mort à grande échelle sont le but, et de là, le chemin vers la conclusion est court : le génocide.

Israël a clairement l’intention de détruire la société palestinienne dans la bande de Gaza, de la rendre invivable. Il a l’intention de la nettoyer ethniquement, que ce soit par le génocide ou le transfert de population, de préférence les deux.

Manifestation organisée par Standing Together à Tel Aviv la semaine dernière. Photo Tomer Appelbaum

Cela ne signifie pas que la cabale aboutira complètement, mais elle va dans le sens de cette solution absolue. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, père de cette cabale et son principal exécutant, l’appelle « victoire totale », et cette victoire est le génocide et le transfert de population. Netanyahu et son gouvernement ne feront aucun compromis. Pendant ce temps, les partis juifs de l’opposition n’ont personne qui s’y oppose vraiment.

Israël n’a plus personne pour arrêter cette marche vers le génocide ; il n’y a que ceux qui l’ignorent. Aussi effrayant que cela puisse paraître, le danger existe que cela ne s’arrête pas à Gaza. Ils ont déjà mis en place l’infrastructure idéologique et opérationnelle nécessaire à cet effet en Cisjordanie. Les citoyens arabes d’Israël pourraient bien être les prochains sur la liste. Il n’y a personne pour l’arrêter, et nous devons l’arrêter.

➤Lire le rapport de B'Tselem en français

31/07/2025

ARIK ASCHERMAN
Si des Israéliens et des Juifs n’agissent pas maintenant, nous sommes complices : voici comment mettre fin à la famine à Gaza

Rabbin Arik Ascherman, Haaretz, 30/7/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le rabbin Arik Ascherman (Erié, Pennsylvanie, USA, 1959) a dirigé l’organisation Rabbins pour les droits humains pendant 21 ans et est cofondateur et directeur exécutif de Torat Tzedek - Torah de Justice.

 

Nous, Israéliens et Juifs de l’étranger, sommes tous responsables de ce que notre gouvernement fait subir aux Palestiniens à Gaza. C’est pourquoi nous devons exiger la seule mesure efficace qui reste, celle que le gouvernement Netanyahou ne peut ignorer

« Arrêtez d’affamer Gaza » : manifestants à Tel Aviv. Photo Itai Ron

Il est difficile ces jours-ci de ne pas se demander « en faisons-nous assez alors qu’Israël affame à mort les Palestiniens à Gaza ? »

Mais que pouvons-nous faire alors que l’opinion publique a si peu d’importance pour le Premier ministre Benjamin Netanyahou et son gouvernement ? Je me sens impuissant. Lorsque je participe à des manifestations pour obtenir la libération de nos otages détenus par le Hamas et mettre fin à la guerre à Gaza, je sais que je soutiens les familles des otages et que je plaide pour la fin des morts absurdes de soldats israéliens à Gaza, mais je ne fais pas grand-chose pour changer la politique du gouvernement. En même temps, je suis rempli d’angoisse quand je pense au nombre d’Israéliens qui se soucient légitimement de nos otages et de nos soldats, mais qui ne se soucient guère des milliers d’enfants morts à Gaza et des milliers d’autres qui meurent de faim.

Je comprends les raisons tactiques qui poussent beaucoup de gens à concentrer leurs protestations sur le sort de leurs compatriotes juifs. Mais aujourd’hui, alors que des gens meurent de faim à cause de la politique israélienne, ce n’est plus une option.

Toutes les personnes de conscience doivent dire clairement et publiquement qu’elles s’opposent à causer davantage de souffrances et de morts aux enfants de Gaza et aux autres non-combattants. La tradition juive enseigne qu’il existe une ligne rouge à ne pas franchir, même en cas de légitime défense : le traité Sanhédrin nous interdit de tuer des innocents, même si c’est pour sauver notre propre vie.

Jusqu’à présent, je me suis dit que même si les horreurs sont encore plus grandes à Gaza que là où je passe mes journées à travailler avec Torat Tzedek pour protéger les communautés de bergers palestiniens de Cisjordanie menacées par des colons violents et pour lutter pour le retour de ceux qui ont déjà été expulsés par le système judiciaire, je dois continuer à me concentrer là où mes actions ont au moins une chance limitée de réussir.

Mais je ne peux plus rationaliser notre travail ailleurs comme une excuse pour rester silencieux sur Gaza.

Je me suis toujours demandé ce qui, historiquement, avait empêché les gens de s’opposer aux actions malveillantes de leur gouvernement. Après coup, ils peuvent dire qu’ils ne connaissaient pas l’ampleur du problème ou qu’ils s’y étaient toujours opposés, même si c’était en silence. La tradition juive nous enseigne que Noé était furieux contre Dieu lorsqu’il est sorti de son arche après le déluge et a vu la mort et la destruction. Dieu l’a réprimandé en lui disant : « Pendant 60 ans, tu as construit l’arche sans prononcer un mot de protestation. Et maintenant, tu es en colère ? »

Dans les dictatures oppressives, les gens risquent leur vie pour s’opposer à la politique. En Israël, c’est rarement le cas. Et comme nous l’a enseigné le rabbin Abraham Joshua Heschel, « dans une société libre, certains sont coupables, mais tous sont responsables ».

Nous, Israéliens, sommes tous responsables de ce que fait notre gouvernement. Les Juifs vivant à l’étranger qui ont un sentiment d’appartenance à Israël et au peuple juif partagent également cette responsabilité. Que pouvons-nous faire, en tant que citoyens, face à un gouvernement qui refuse de changer sa politique alors que des milliers d’Israéliens manifestent chaque semaine dans les rues ?

Noé aurait peut-être pu empêcher le déluge s’il avait discuté avec Dieu, mais dans notre cas, les protestations se sont avérées insuffisantes.

C’est pourquoi nous devons exiger les seules mesures efficaces qui restent, celles que notre gouvernement ne peut ignorer. Nous devons appeler à une grève générale de toute l’économie israélienne, menée par l’Histadrout*. Il ne peut y avoir de retour à la normale tant que nous affamons la population de Gaza.


Un jeune Palestinien tient une boîte de pois chiches provenant d’un colis humanitaire largué depuis un avion, alors que la famine sévit à Zawayda, dans le centre de la bande de Gaza. Photo  Hatem Khaled / Reuters

L’Histadrout doit prendre l’initiative, mais il n’y a pas de temps à perdre. Tous les commerçants et tous les propriétaires de petites ou grandes entreprises doivent fermer leurs portes. Les dirigeants de cinq universités ont désormais déclaré leur opposition, et ils doivent passer à l’action en faisant grève et en fermant leurs portes. Tous les services non essentiels qui peuvent être fermés doivent l’être.

Ceux d’entre vous qui vivent à l’étranger doivent informer l’Agence juive et vos fédérations juives que vous placez vos contributions prévues dans un fonds bloqué. Que vous souhaitez soutenir Israël, mais pas tant qu’Israël continuera à laisser mourir de faim des enfants.

Je comprends ce qui motive tant d’Israéliens. Nous avons le droit de nous défendre et d’assurer notre sécurité. Mais il ne s’agit pas d’un débat entre ceux qui croient en la légitime défense et ceux qui n’y croient pas, il s’agit aussi de se soucier des non-juifs. C’est un débat entre ceux qui pensent que l’on peut justifier de laisser mourir de faim des enfants au nom de la légitime défense et ceux qui savent que rien ne peut justifier de laisser mourir des enfants de faim.

Nous voulons tous pouvoir dire à nos enfants et petits-enfants que nous avons fait quelque chose d’important lorsque notre peuple a réagi de manière immorale. Comme le dit l’interprétation rabbinique du Psaume 119:126, « Il est temps de violer ta Torah pour agir au nom de Dieu. »

Que direz-vous à vos enfants et petits-enfants lorsque nous sortirons de l’arche et verrons ce que nous avons fait ? Que direz-vous à Dieu lorsque vous arriverez devant le tribunal céleste ? Que vous direz-vous à vous-même ?

NdT

*L'Histadrout, créée en 1920, se présente comme un syndicat de travailleurs juifs. Elle s'est toujours opposée à l'adhésion de travailleurs non-juifs. Depuis sa fondation, elle a fonctionné de fait comme un bureau de travail juif et a fourni la base des partis travaillistes. Ayant connu un fort déclin, parallèlement à celui de la "gauche" sioniste, il y a peu de chances qu'elle suive les conseils de notre brave rabbin et entre en dissidence. Il n'est pas interdit de rêver.

TikTok recrute une ancienne instructrice de l’armée israélienne comme responsable de la lutte contre les “discours de haine”, suscitant de vives réactions

 MEE, 29/7/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Erica Mindel, ancienne contractuelle du département d’État usaméricain, dirigera la politique de TikTok en matière de discours de haine, en se concentrant sur les contenus antisémites

La nouvelle recrue de TikTok chargée de superviser les politiques de lutte contre les discours de haine sur l’application entretient des liens de longue date avec l’armée israélienne, a confirmé lundi l’entreprise à Jewish Insider.

La plateforme de médias sociaux a annoncé qu’Erica Mindel, une ancienne contractuelle du département d’État usaméricain qui a travaillé pour l’ambassadrice Deborah Lipstadt, envoyée spéciale de l’administration Biden pour surveiller et combattre l’antisémitisme, rejoindra l’équipe chargée des politiques publiques et des discours de haine de TikTok aux USA.

Selon la description officielle du poste partagée par TikTok, Mme Mindel sera chargée de « développer et de promouvoir la position de l’entreprise sur les discours de haine », d’« influencer les cadres législatifs et réglementaires » et d’« analyser les tendances en matière de discours de haine », en mettant particulièrement l’accent sur les contenus antisémites.

Elle a indiqué sur sa page que son nouveau poste chez TikTok était celui de « responsable des politiques publiques, discours de haine, chez TikTok ».

 


Avant sa carrière au département d’État, Mindel était instructrice dans le corps blindé de l’unité des porte-parole de l’armée israélienne, selon les informations qu’elle a fournies lors de son passage dans un podcast de l’American Jewish Committee.

Dans le podcast, Mindel explique qu’elle s’est portée volontaire et s’est enrôlée dans l’armée israélienne, où elle a servi pendant deux ans.

De nombreux utilisateurs des réseaux sociaux ont critiqué la décision de TikTok, suggérant que la plateforme vise à faire taire les discours propalestiniens.

Par ailleurs, il semble que ce poste ait été créé à la suite d’une « réunion de haut niveau » coordonnée l’année dernière par l’Anti-Defamation League (ADL), selon Dan Granot, directeur national de la politique vis-à-vis de ‘lantisémitisme de l’ADL.

Dans une déclaration à Jewish Insider, M. Granot a déclaré que ce rôle était apparu comme « une recommandation clé pour toutes les plateformes de réseaux sociaux » lors de cette réunion.

L’année dernière, les éditeurs de Wikipédia ont voté pour déclarer l’ADL « généralement peu fiable » sur Israël et la Palestine ainsi que sur la question de l’antisémitisme, ajoutant l’organisation à une liste de sources interdites, selon un rapport de la Jewish Telegraph Agency.

L’ADL a une longue histoire d’attaques contre les mouvements de défense des droits des Palestiniens, qu’elle qualifie d’antisémites, et a déjà collaboré avec les forces de l’ordre usaméricaines pour espionner des groupes arabo-usaméricains. Elle a également facilité et financé des voyages de formation de la police usaméricaine en Israël.

L’ADL a publié un tweet de célébration sur X, suggérant qu’elle se réjouissait de cette décision.

De nombreux utilisateurs des réseaux sociaux ont suggéré que TikTok avait « cédé à la pression » de l’ADL, laissant entendre que TikTok « se conformait à ces exigences de censure pour tenter d’éviter une interdiction » aux USA.

En 2024, un projet de loi visant à interdire l’application a été adopté à une écrasante majorité au Congrès usaméricain. Le projet de loi, qui a été adopté à la Chambre des représentants par 352 voix contre 65, exigeait que TikTok soit vendu à une entreprise usaméricaine sous peine d’être interdit aux USA.

TikTok a été brièvement interdit aux USA après l’adoption d’une loi obligeant son propriétaire chinois, ByteDance, à le vendre pour des raisons de sécurité nationale ou à faire face à une interdiction le 19 janvier.

Bien que le président Donald Trump ait temporairement annulé l’interdiction de TikTok le lendemain de son entrée en fonction, l’avenir de l’application dans le pays, ainsi que le statut de son contenu propalestinien, restent incertains.

En février, des membres du Congrès ont révélé que la principale raison derrière la volonté des USA d’interdire TikTok était l’image d’Israël sur la plateforme plutôt que la crainte d’une infiltration chinoise.

La semaine dernière, les représentants Josh Gottheimer (Démocrate-New Jersey) et Don Bacon (Républicain-Nebraska), ainsi que le PDG de l’ADL, Jonathan Greenblatt, ont annoncé la réintroduction du STOP HATE Act, un projet de loi visant à lutter contre la propagation de l’antisémitisme sur les réseaux sociaux tels que TikTok.

Plusieurs parlementaires usaméricains et personnalités éminentes ont attaqué la plateforme en raison de la prétendue prééminence de contenus propalestiniens, notamment le sénateur républicain et ancien candidat à la présidence Mitt Romney.