@empowerpalestinea I5raeli conductor Ilan Volkov stops used one of BBC’s biggest broadcasts - BBC Proms - to call for peace “I beg you to do all in your power to stop this madness” Ilan announced after the perfomance that he will never perform in his home country in protest against their actions. #ilanvolkof #bbcproms #bbc ♬ original sound - EmpowerPalestineAction

14/09/2025

FRANÇOIS VADROT
Quand Matignon devient un poste de commandement
Un Premier ministre de guerre sans guerre

Macron propulse la Défense à Matignon, une première en temps de paix.

Gravure dramatique représentant Macron en Napoléon sur un cheval cabré, pointant vers l’Est, avec Lecornu tenant un drapeau tricolore devant un « Ministère de la Guerre ». Au sol, les mots « En Marche » et « Renaissance » à l'envers, et le ministère de la Guerre écrit à l'envers sur le bâtiment comme envers du décor du ministère de la Défense.
Macron brandi en Napoléon regarde vers l’Est, étendard au vent. Mais au sol comme sur le bâtiment, les mots apparaissent à l’envers : « En Marche », « Renaissance », « Ministère de la Guerre ». Comme si le décor lui-même se retournait, révélant l’envers du langage officiel.

Une nomination inédite sous la Ve République

Sous la Ve République (depuis 1958), aucun ministre de la Défense n’avait jamais été propulsé directement Premier ministre. Pierre Messmer, ministre des Armées de 1959 à 1969, ne devint chef du gouvernement qu’en 1972, après trois ans de retrait : ce n’était pas une continuité, mais un retour.

Le seul véritable précédent est celui de Maurice Bourgès-Maunoury, sous la IVᵉ République, en 1957, en pleine guerre d’Algérie. C’est lui qui, dans la foulée de l’expédition de Suez, donna le feu vert au transfert de technologie nucléaire vers Israël, rendant possible le programme de Dimona.

👉 En temps de paix, c’est donc une première historique : Macron place à Matignon un ministre de la Défense en exercice.

La loi de 2023 comme verrou juridique

La loi de programmation militaire (2024-2030), votée en 2023, a consolidé l’arsenal légal du pouvoir exécutif. Elle permet à l’État, en cas de « menace actuelle ou prévisible », de réquisitionner personnes, biens et services, avec sanctions pour ceux qui refuseraient. Ce n’est pas la mobilisation générale, mais une boîte à outils de militarisation partielle, prête à l’emploi. Macron dispose ainsi d’un socle légal pour gouverner par décrets dans une logique de guerre.

Le parallèle américain

Aux États-Unis, Trump ressuscite l’appellation de Secretary of War, effacée en 1947 au profit du plus euphémisé Secretary of Defense. Ce n’est pas un détail de vocabulaire, mais un signal politique : assumer le mot « guerre » au lieu de se réfugier derrière la « défense ». En France, Macron hisse un ministre de la Défense à Matignon, une première sous la Ve République. Deux gestes qui traduisent le même climat : l’Occident s’installe dans une logique de confrontation ouverte.

Gouverner par décrets

En plaçant Lecornu, Macron n’a aucun intérêt à risquer un vote de confiance qu’il pourrait perdre. La Ve République lui permet de maintenir son Premier ministre sans passer par l’Assemblée, tant qu’aucune motion de censure n’est votée. Matignon devient alors une tour de contrôle qui gouverne par décrets et par 49.3, marginalisant le Parlement. Le récit change : il ne s’agit plus de réformer, mais de « tenir » et de « protéger ».

Projeter sans franchir la ligne

Dans cette logique, la France peut renforcer sa présence militaire à l’Est (Roumanie, Pologne, pays baltes) sans franchir la frontière ukrainienne. C’est la stratégie du « pré-positionnement » : troupes visibles, matériel stocké, coopération logistique, entraînement. Cela permet à Macron de :

  • Restaurer une crédibilité internationale en apparaissant comme moteur européen.

  • Créer un récit de sécurité nationale qui neutralise les débats sociaux.

  • Préparer l’appareil militaire à un engrenage futur.

Le calcul de Macron

Quel intérêt à déclencher ou à embrasser la guerre ? Pas de victoire électorale possible, pas de réforme à sauver. Mais une rationalité de survie :

  • Dissoudre l’échec intérieur en le recouvrant par le récit martial.

  • Se protéger du vide politique en devenant « le président de guerre », et non « le président inutile ».

  • Consolider l’appareil d’État par la militarisation et l’autorité exceptionnelle.

  • Récupérer une centralité occidentale en se posant en leader européen, pendant que Washington se concentre sur ses fractures internes, les Caraïbes et Israël.

Le paradoxe

Les États-Unis ne viendront pas ouvrir un front européen : trop polarisés, trop absorbés par leurs propres priorités. Ils laisseront les Européens tenir la ligne, tout en dirigeant de loin. C’est là le pari de Macron : transformer la France en étendard d’un front que Washington ne portera pas.

👉 En clair : Lecornu à Matignon n’est pas un fusible, mais un signal. Macron n’a plus les moyens de gouverner la France civile, alors il prépare la France militaire. Après “En Marche” et “Renaissance”, il ne reste plus qu’un mot d’ordre : l’“Étendard”.

Aucun commentaire: