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Sergio Rodríguez Gelfenstein
¿Qué hará Marcos Rubio? 

24/06/2022

GIDEON LEVY
Netanyahou : une histoire différente

Gideon Levy, Haaretz, 22/6/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

On pourrait raconter une histoire différente. L'histoire d'un homme politique qui n'abandonne pas et ne se rend pas, alors que n'importe qui d'autre à sa place aurait abandonné depuis longtemps ; un homme politique dont la peau est plus épaisse que celle d'un éléphant, qui a subi et subit encore une série d'humiliations, de condamnations, de discours alarmistes, d’appels à la haine que peu de gens ont connus, y compris une bataille juridique bâclée dont la conclusion n'est toujours pas claire.

Emad Hajjaj

On pourrait raconter l'histoire d'un homme politique qui n'a pas craqué, malgré tout ce qu'il a traversé ; cela susciterait une immense admiration dans un contexte différent. On pourrait également raconter l'histoire d'un homme qui protège sa famille, qui soutient sa femme contre vents et marées et qui paie un prix public élevé pour cela, ce qui susciterait également l'admiration dans un contexte différent.

On pourrait parler d'un homme politique qui est aimé par un grand pourcentage d'Israéliens, que cela nous plaise ou non. On pourrait parler du camp de ses ennemis, qui est creux, rempli uniquement de sa haine pour lui. On pourrait dire que le gouvernement qui a remplacé le sien ne lui était en rien supérieur, sauf en matière de politesse et de bonnes manières.

En Israël, quiconque est impressionné par la politesse et les manières, et uniquement par elles, est également considéré comme éclairé et libéral. On pourrait parler d'un homme politique qui, en dépit de toutes ces choses, reçoit une majorité décisive dans chaque sondage sur l'aptitude à occuper le poste de premier ministre.

L'étonnante histoire de Benjamin Netanyahou peut également être racontée de cette façon. Mais celui qui raconte l'histoire différemment de ce qui est habituel est, bien sûr, un bibiiste qui est voué au pilori dans le camp de la lumière, l'opposé du camp des ténèbres. La seule lumière est celle de quiconque s'oppose à Netanyahou.

En quoi Netanyahou est-il plus sombre que ses rivaux ? En quoi ses rivaux sont-ils plus éclairés que lui ? En Israël, il n'y a plus besoin d'expliquer. Il suffit de dire Netanyahou, Ben-Gvir et Smotrich. Ce triumvirat va détruire la démocratie israélienne. L'un des régimes les plus éclairés en matière de liberté et d'égalité, deuxième après la démocratie en Islande, est sur le point d'être détruit à cause des trois ténors.

Bezalel Smotrich, d'ailleurs, était déjà ministre, et je ne me souviens pas que le ciel nous soit tombé  sur la tête. Mais attendez Itamar Ben-Gvir au ministère de la Sécurité intérieure. Il ordonnera déjà à la police de donner des coups de pied aux porteurs du cercueil d'une grande journaliste palestinienne, qui a apparemment été tuée par des soldats de Tsahal. Il ordonnera déjà à la police d'attaquer les Palestiniens de Jérusalem et enverra la police des frontières tuer les travailleurs arabes qui osent toucher la barrière qui les emprisonne. Lorsque tout cela se produira, à cause de Netanyahou, bien sûr, la démocratie israélienne sera définitivement détruite. C'est l'histoire que les Israéliens éclairés se racontent.

Maintenant, tout cela va revenir, et avec encore plus de force. Israël n'est divisé que sur une seule chose : entre ceux qui veulent une direction qui leur adoucisse la tyrannie totalitaire dans les territoires occupés, et ceux qui la présentent telle qu’elle est, mauvaise et criminelle.

Avec Netanyahou et Ben-Gvir, nous ne nous sentirons pas bien dans notre peau. Avec Yair Lapid et Omer Bar-Lev, oh, comme nous sommes beaux. Maintenant, tout cela n'est plus théorique et n'est plus un rêve. Nous avons déjà essayé le gouvernement de la lumière qui a régné ici pendant un an. Ses membres mangeaient la bouche fermée et parlaient gentiment ; Miri Regev, David Biton et David Amsalem disparaissaient de l'écran de télévision, comme c'est bien, mais après leur remplacement par Merav Michaeli, Nitzan Horowitz et Mansour Abbas, membres du gouvernement de rêve, les crimes se sont accumulés encore plus qu'avant leur arrivée.

Il n'y a jamais eu de pogroms aussi fréquents ici par les colons, sans que personne ne les arrête ou n'essaie de protéger leurs victimes. Jamais les soldats de Tsahal n'ont tué aussi facilement que sous ce gouvernement du changement. Et ils nous font peur avec Netanyahou. Il va détruire le système judiciaire.

Lequel exactement ? Celui qui est devenu depuis longtemps un méprisable chèque en blanc pour l'occupation ? Qui a besoin d'un système judiciaire indépendant, si sur la question la plus cruciale pour le caractère légal du pays, c'est un système honteux de collaborateurs ? Nous pourrions continuer à dire qu'Israël deviendra antidémocratique si Netanyahou est élu. Cela aide beaucoup de croire que sans lui, Israël, l'occupant et le tyran, est une démocratie. Et c'est tout ce que le camp des détracteurs de Bibi veut ressentir.

 

23/06/2022

LUIS CASADO
Mon Général... réveillez-vous ! Ils sont devenus fous !

Luis Casado, 21/6/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Les élections ont cette particularité : parfois le peuple gagne. Comme en Colombie. Ce qui a la vertu de mettre en colère l'empire. D'autres fois, il y a match nul, ou une invalidation mutuelle, et tout le monde nage dans l'incertitude. C’est ce qui vient de se passer en France...
Chaunu, Ouest-France

De passage à Moscou, de retour vers « l’Occident », cette merveilleuse région des libertés, de la protection de la diversité LGTBHYZ@#%$, du respect des intérêts des puissants et, surtout, d'une hypocrisie à en chier comme des Russes, Dmitri m'a proposé une interview pour une agence de presse ukrainienne. Ne soyez pas surpris. Des milliers et des milliers d'Ukrainiens vivent en Russie comme s'ils étaient dans leur patrie, et ils font ce qu'ils veulent, à commencer par lutter contre la clique néonazie qui contrôle Kiev et son armée.

La première interview ayant eu un certain écho en Russie, Dmitri m'a appelé dimanche dernier pour m'interroger sur le résultat des élections législatives françaises. La France, comme vous le savez, est mon pays d'adoption depuis près de 50 ans. J'aime la France et j'admire son histoire, sa culture, sa géographie, sa langue, sa gastronomie et beaucoup de choses qui n'arrivent qu'ici.

En parlant de la littérature russe, Olya Valentinovna m'a dit : « L'écrivain que je préfère est Mikhaïl Bulgakov ». Vous me connaissez. Je suis immédiatement parti à la recherche de ses livres. J'ai lu Cœur de chien, une histoire fantastique terrible et satirique qui est une critique dévastatrice du pouvoir soviétique. Le livre, écrit en 1925, a été jugé contre-révolutionnaire et n'a donc été publié en URSS qu'en 1987, lorsqu’Andrei Gromyko, plus connu sous le nom de « Mr Nyet », était au pouvoir.

Quand j'ai ouvert l'œuvre majeure de Boulgakov, Le Maître et Marguerite, j'ai été surpris. L'éditeur français, le célèbre Robert Laffont, présente l'auteur comme suit :

« Mikhaïl Bulgakov est né à Kiev, en Russie, en 1891, dans une famille d'intellectuels... »

Ainsi, en l'an de grâce 2009, un symbole de la culture et de l'intelligentsia gauloises estime que Kiev fait partie de la Russie ou, en d'autres termes, que l'Ukraine fait partie de la Russie. Quoiqu’il en soit, Mikhaïl Bulgakov est un écrivain russe. Aujourd'hui, l'hystérie et la phobie antirusse qui se sont emparées des élites locales les amènent à affirmer que l'Ukraine n'a jamais fait  partie  de  l'Empire  russe  et  que  le  pays  peut  choisir *démocratiquement* ses alliances militaires.

Ce « démocratiquement » est une mauvaise blague : lorsque Nicolas Sarkozy a décidé – putain de bordel - de réintégrer le commandement de l'OTAN, il n'a demandé l'avis de personne. L'Assemblée nationale n'a pas débattu de la question, et même les « gaullistes » historiques n'ont pas protesté. La mémoire de Mon Général a été souillée.

LUIS CASADO
Mon Général… réveillez-vous! Ils sont devenus fous!
(Mi General… ¡despierte! ¡Se volvieron locos!)

Luis Casado, 21/6/2022

Las elecciones tienen ese detalle... a veces gana el pueblo. Como en Colombia. Lo que tiene la virtud de enfadar al imperio. Otras veces se produce un empate, o una anulación de unos por otros, y todos nadan en la incertidumbre. Acaba de ocurrir en Francia... 

Jean-Luc Mélenchon, líder de la izquierda francesa consecuente

De paso en Moscú, regresando a “occidente”, esa maravillosa región de libertades, de protección de la diversidad LGTBHYZ@#%$, de respeto a los intereses de los poderosos y, sobretodo, de una hipocresía de mil pares de cojones, Dmitri me propuso una entrevista para una agencia periodística ucraniana. No te sorprendas. En Rusia viven miles y miles de ucranianos como en su patria, y hacen lo que les da la gana, comenzando por luchar contra la camarilla neonazi que controla Kiev y su ejército.

Como la primera entrevista tuvo algún eco en Rusia, Dmitri me llamó el domingo pasado para interrogarme sobre el resultado de las elecciones parlamentarias francesas. Francia, como sabes, es mi país de adopción desde hace casi 50 años. Yo amo a Francia y admiro su Historia, su cultura, su geografía, su idioma, su gastronomía y un montón de cosas que solo ocurren aquí.

Hablando de literatura rusa, Olya Valentinovna me dijo: “El escritor que prefiero es Mijaíl Bulgákov”. Tú me conoces. Ipsofactamente me fui a buscar sus libros. Leí “Corazón de perro”, una terrible y satírica historia fantástica que hace una demoledora crítica del poder soviético. El libro, escrito en 1925, fue juzgado contrarrevolucionario, de modo que recién fue publicado en la URSS en 1987, cuando mandaba Andrei Gromyko, más conocido como “Mr. Nyet”.

Al abrir “El maestro y Margarita”, obra mayor de Bulgakov, me llevé una sorpresa. La casa editora francesa, la célebre Robert Laffont, presenta al autor del modo siguiente:

Mijaíl Bulgákov nació en Kiev, Rusia, en 1891, en una familia de intelectuales…”

De tal modo que en el año de gracia de 2009 un símbolo de la cultura y la intelectualidad galas estimaba que Kiev forma parte de Rusia o, lo que es lo mismo, que Ucrania es parte de Rusia. Como quiera que sea, Mijaíl Bulgákov es un escritor ruso. Hoy, la histeria y la fobia anti rusa que se apoderó de las elites locales les lleva a asegurar que Ucrania nunca formó parte del Imperio Ruso, y que ese país puede, *democráticamente*, escoger sus alianzas militares.

Eso de democráticamente es un chiste malo: cuando Nicolas Sarkozy decidió –por cojones– reingresar Francia al comando de la OTAN, no le preguntó a nadie. La Asamblea Nacional no debatió del tema, y ni siquiera los ‘gaullistas’ históricos protestaron. La memoria de Mon Général fue mancillada.

22/06/2022

AMIR OREN
La mythologie des Netanyahou mise à mal : Yoni, Bibi et la vérité sur Entebbe

Amir Oren, Haaretz, 14/6/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Amir Oren, observateur chevronné des affaires militaires et politiques d'Israël, des USA et de l'OTAN, écrit pour Haaretz sur la défense et les affaires gouvernementales depuis plus de deux décennies. Il est membre du comité éditorial du quotidien. @Rimanero

 

Un officier supérieur du renseignement militaire israélien rompt le silence sur le côté sombre du héros de l'intrépide mission de sauvetage des otages d'Entebbe : les doutes sérieux sur la santé mentale de Yoni Netanyahou, et comment sa famille a blanchi l'histoire.

Dans la mort, Yoni (à gauche) est devenu plus emblématique que tous les guerriers juifs tombés depuis Trumpeldor en 1920, grâce aux efforts incessants de sa famille pour le commémorer et passer sous silence les vérités qui dérangent. Photo Porte-parole des FDI, Marc Israël Sellem

Bien avant que Benjamin Netanyahou n'accède au pouvoir, c'est son frère, Yonatan, qui avait acquis la notoriété en Israël. C'est la relation entre ces deux faits et les biographies des frères qui ont façonné la trajectoire politique de Benjamin Netanyahou, cinq fois Premier ministre, et du pays qu'il a gouverné, tout en soulevant des questions gênantes sur la nature de l'héroïsme et du culte du héros, de la vérité et de la manipulation.

L'opération d'Entebbe, au cours de laquelle Yoni est le seul soldat israélien tué (quatre des otages civils, dont la vieille Dora Bloch, assassinée par les sbires d'Idi Amin dans un hôpital de Kampala, n'ont pas survécu), coïncidait avec le bicentenaire de l’indépendance usaméricaine.

Une garde d'honneur militaire se tient autour de la tombe du lieutenant-colonel Yonatan Netanyahou, co-commandant du raid commando israélien sur l'avion détourné en Ouganda, lors de ses funérailles au cimetière militaire de Jérusalem ; Photo AP

L'opération est immédiatement devenue une légende. Un raid audacieux en territoire hostile, à des milliers de kilomètres de chez soi, mené par les émissaires ailés d'une nation déterminée à combattre et à sauver plutôt qu'à se rendre, et où un officier supérieur, chef de la force la plus cruciale de tout le plan, a payé son courage de sa vie.

C'est Yoni qui a été préparé à la grandeur - le rejeton de la dynastie, avec Bibi, le cadet de Yoni de près de quatre ans, relégué au second plan. Bibi avait quitté Israël et commençait sa carrière à Boston en tant que consultant économique. Il utilisait le nom de Ben Nitay pour faciliter la tâche de ses collègues usaméricains et, à l'époque, il s'identifiait autant comme un USAméricain que comme un Israélien (« Mon frère le yored », l'émigrant qui a quitté Israël, comme l'appela un jour Yoni).

Mais la tragédie familiale a changé sa trajectoire, l'obligeant à retourner à Jérusalem et le lançant sur la voie du pouvoir, alimenté au départ par ce que les Netanyahou ont cultivé comme leur propre marque mythique de sacrifice ultime dans la lutte contre le terrorisme.

Le lieutenant-colonel Netanyahou n’était pas le premier commandant de haut rang à être tué à la tête de ses hommes. Des généraux et des colonels ont été victimes de combats dans de nombreuses guerres, batailles et fusillades en Israël. Mais dans la mort, Yoni est devenu une figure prééminente, plus emblématique que tous les guerriers juifs tombés au combat depuis Yosef Trumpeldor en 1920, en raison des efforts incessants de sa famille pour le commémorer. Ses actions controversées à l'aéroport d'Entebbe et le stress émotionnel qu'il subissait, et jusqu'à ka remise en cause de son aptitude au commandement, ont été passés sous silence.

Benjamin Netanyahou avec les effets personnels de son frère Yoni en avril 2019. Photo : Bureau de presse du gouvernement / Amos Ben Gershom

Le ministre de la Défense Shimon Peres, qui a vu un capital politique rapide dans l'affirmation que c'était lui, et non le prudent Premier ministre Yitzhak Rabin, qui était à l'origine de la décision d'exécuter ce plan risqué, a accédé à la demande sans précédent de la famille de renommer rétroactivement l'opération Thunderbolt en opération Yonatan. Les « Lettres de Yoni », un recueil d'écrits qui devait avoir un impact sur deux générations de jeunes hommes impressionnables sur le point de s'engager dans les forces de défense israéliennes, ainsi que sur leurs cousins de la diaspora, sont venues s'ajouter à l'iconographie.

Le Yoni des lettres n'est pas un super-héros. Il est réfléchi, sensible, partagé entre le national et le personnel. Il y a parfois des signes d'abattement, à la limite de la dépression. Mais il n'y a aucun indice du drame qui s'est déroulé dans les semaines précédant Entebbe et qui a été raconté la semaine dernière pour la première fois en public par un participant clé.

Ce témoin est Yosi Langotzki, 88 ans, colonel à la retraite, géologue de formation, avec deux carrières distinguées, militaire et civile. Officier de réserve à la tête d'une troupe de reconnaissance dans sa Jérusalem natale pendant la guerre de 1967, Langotzki a été rappelé au service actif pour occuper deux postes vitaux dans les services de renseignement.

Un policier israélien ouvre la voie aux otages d'Air France qui reviennent de leur calvaire à Entebbe. Photo David RUBINGER / Corbis via Getty Images

REINALDO SPITALETTA
Colombie : Gustavo Petro, capitalisme et liberté

Reinaldo Spitaletta, El Espectador, 21/6/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Du discours de victoire, dans lequel Gustavo Petro a prévenu qu'il ne trahirait pas l'électorat, il faut retenir les slogans de ne pas gouverner avec haine ou sectarisme. Ces sentiments, dans une longue histoire de désastres, ont fait couler du sang et des larmes, surtout pour les gens ordinaires, toujours chair à canon et éternelles victimes du pouvoir.

Après la victoire. Photo : DANIEL MUNOZ

Le princier et féodal « quoi que dise Uribe », maître d'une sorte de pays-hacienda pendant plus de 20 ans, semble s'être effondré peut-être pour toujours. Plus de 6 402* raisons ont été répandues pour mettre en échec une domination féroce dans laquelle les droits des travailleurs étaient violés, le pays a été bousillé, des accords de libre-échange léonins ont été signés, le secteur agricole s’est étiolé et le pouvoir latifundiste a eu le champ libre.

Le naufrage de ce navire de pirates, passés maîtres dans la dépossession de milliers de personnes et le maintien de privilèges pour une poignée de caïds oligarchiques, donne la sensation que le jouet du « messie » [Uribe] désormais has been a été réduit en miettes après 40 ans d’outrages.

Avec le triomphe du Pacte historique, un empire de « sortilèges autoritaires », de corruption, de politicaillerie et autres pourritures officielles s'est effondré, du moins en apparence.

On peut dire qu'une période est terminée, même si son influence méphitique n'est pas entièrement morte et que ses tentacules n'ont pas été coupés. Mais le début d'un temps différent est évident, qui, selon les vainqueurs de ces élections débridées, est l'écriture d’« une nouvelle histoire ». Le triomphe électoral de Gustavo Petro et du Pacte historique, avec un vote écrasant, a été le coup de grâce (du moins, c'est ce qu'il semble) à l'uribisme agonisant, dont les râles d’agonie se sont manifestés au cours de cette période infâme de quatre ans.

Pour le seigneur féodal, ça a dû être un direct à la mâchoire. D'échec en échec avec ses « filleuls », d'abord Óscar Iván Zuluaga, qu'il a renvoyé sans ménagement pour le remplacer par Fico [Federico Gutiérrez], un mannequin de ventriloque (semblable à celui qui est encore président de la Colombie, Iván Duque) qui, ayant été battu sans appel, s'est métamorphosé en péquenaud jouant au playboy, admirateur d'un génocidaire et à qui, à ce qu’on a vu, la Vierge (et pas vraiment une Vierge de minuit [titre d’un célèbre boléro]) a fait payer pour ses divagations blasphématoires**.

Que l'on soit d'accord ou non avec le vainqueur de l'élection, dimanche dernier a marqué un chapitre différent de l'histoire électorale colombienne. Un mouvement différent et un candidat différent ont gagné (bien qu'ils aient été rejoints par des personnages aux références moins recommandables), mettant fin à une longue succession de présidents de système, marionnettes d'intérêts étrangers et dont le bilan se résume à ne pas avoir promu de réformes agraires et à avoir maintenu le statu quo au détriment des plus pauvres et des plus oubliés.

Du discours de victoire, dans lequel Gustavo Petro a prévenu qu'il ne trahirait pas l'électorat, il convient de retenir les slogans de ne pas gouverner avec haine ou sectarisme. Ces sentiments, dans une longue histoire de catastrophes, ont fait couler du sang et des larmes, surtout pour les gens ordinaires, toujours chair à canon et éternelles victimes du pouvoir.

Et quand on s'attend le moins à ce qu'un homme politique, et plus encore sous nos latitudes, brandisse des bannières de prédicateurs et de santons, le président élu a parlé d'amour. La nécessité d'une compréhension, d'un dialogue, d'une entente entre les uns et les autres. Et puis, comme un prêtre de village, il a souhaité la bienvenue à l’espérance, une vertu théologique.

Sa position sur le développement du capitalisme en Colombie est en tout cas intéressante, alors qu'en fait, surtout dans les campagnes, il n'y a eu que des expressions d'arriération et d'arriération féodale. « Nous allons développer le capitalisme non pas parce que nous le vénérons, mais parce que nous devons d'abord surmonter la pré-modernité en Colombie, le féodalisme en Colombie, les nouveaux servages et le nouvel esclavage ».

Pour mettre en œuvre le capitalisme et avoir les possibilités d'un marché intérieur, il faut promouvoir la paix. « Plus jamais de guerre ! » ont crié les milliers de personnes présentes à la cérémonie de victoire, tandis que le candidat vainqueur a évoqué la nécessité d'un grand accord national pour construire « un consensus maximal pour une vie meilleure » et pour des réformes, notamment en faveur des jeunes, des femmes et des personnes âgées. « La paix doit être construite comme une garantie des droits des personnes », a-t-il déclaré.

L'ambiance était à l'optimisme collectif, à la liesse populaire, à l'idée qu'une nouvelle ère était en train de naître. Il y a eu des pétards et des sifflets dans de nombreux endroits, ainsi que des blagues sur ceux qui annonçaient qu'ils quitteraient le pays si Petro gagnait. Mais, pas question. Tout le monde restera sûrement, car, comme on le disait en chœur, ici tout le monde gagne du « flouss » et les banquiers, par exemple, ont déjà salué cette élection et « un grand accord national ».

Rien n'a été dit sur la défense de la souveraineté nationale, ni sur le fait que ce pays continuera à être une néo-colonie, ce qui n'est pas une mince affaire. Mais il a été indiqué que ce sera « le gouvernement de la vie, de la paix, de la justice sociale et environnementale ». Le nouveau gouvernement a un énorme défi à relever : combattre l'énorme pauvreté, le chômage, l'informalité, le trafic de drogue et d'autres maux qui frappent le pays. Et un engagement, comme il l'a dit, en faveur de la liberté afin que « plus jamais un gouvernement n'assassine ses jeunes ».

NdT

*6 402 : c’est le nombre, établi par la Juridiction spéciale pour la paix, des « faux positifs » commis par l’armée colombienne entre 2002 et 2008, autrement dit des exécutions extrajudiciaires de personnes présentées comme des guérilléros.

** En avril dernier, « Fico » était allé à Boyacá demander la bénédiction de la Vierge « miraculeuse » de la Basilique de Notre Dame du Rosaire de Chiquinquirá, censée être la sainte patronne du pays.

 

 

21/06/2022

LUIS E. SABINI FERNÁNDEZ
Transnacionalización rampante: la globocolonización y el despeñadero planetario

Luis E. Sabini Fernández, 21/6/2022

¿A qué se debe que a fines del s. XX Argentina, con su gobierno elegido en elecciones constitucionales, aprobara, con los pasos formalmente requeridos, el ingreso de alimentos transgénicos a la mesa de los argentinos y sobre todo a los campos de cultivo de Argentina y que todo el proceso diz que democrático de aprobaciones legales contara con los fundamentos en inglés (tan apurados los mandantes que ni a traducción recurrieran)?

¿A qué se debe que a comienzos del s. XXI, Uruguay con su gobierno, también  él perfectamente elegido en elecciones legales, aprobara un proyecto de industrialización venido desde medio planeta de distancia a aplicar sobre una producción por lo menos “recién llegada”, rubricado, el convenio, con una coda digna de Marx, pero Groucho: escrito el convenio en inglés y en castellano, se establece que en caso de duda  prevalecerá la versión en castellano, y cuando sobreviene una diferencia en los respectivos textos, prevalece la versión inglesa?


Cualquiera de esos episodios, llamémosle avanzadas del centro planetario mundial sobre la periferia,  esbozos de un gobierno transnacional mundializado, revelan el desplazamiento de las soberanías nacionales, por definición locales y limitadas. Mencioné apenas un par de ejemplos que conozco sobradamente pero me consta que no son exclusivos de la región platense. Lo mismo, con el denominador común de estas “vergüenzas” locales; el idioma inglés.

Estos episodios no son novedosos. Están íntimamente ligados a la periferia planetaria y prácticamente desde su constitución. Sólo que han ido cambiando “los envoltorios”; de las economías de extracción bruta de materia prima en los albores del industrialismo metropolitano al desarrollo, más cerca nuestro, de industrias adventicias, periféricas, las zonas francas, y en los últimos tiempos, a la computarización más o menos forzosa, más o menos universalizada.

Todo ese proceso de formación de un mercado mundializado fue acompañado de progresos reales o supuestos, en la legislación, en la cultura, en la vida cotidiana, a menudo presentándose el mercado mundial como protector de lo que legislaciones nacionales habían ignorado.

El proceso de traspaso de políticas desde un ámbito nacional a entornos supranacionales ha operado en varios niveles: empresas locales “igualadas” con consorcios transnacionales, que no soportan dicha competencia, porque esos grandes consorcios bajan costos mediante una manopla de recursos mucho mayor (y en general, de menor calidad). Y porque la tendencia a acumular poder engarza mejor con unidades económicas mayores.

Por eso, los grandes aglomerados agroindustriales han ido despedazando a campesinos, productores familiares o cooperativos de alcance local. Sin mejorar la calidad alimentaria, en rigor empeorándola (pese a la propaganda en contrario). Apelando a aditivos casi siempre tóxicos, pero consiguiendo con ellos estimular la demanda y aumentar la escala de producción. En ese deterioro alimentario, cada vez más generalizado, los transgénicos ocupan un lugar relevante, como décadas antes lo hicieran los biocidas, bajo el perverso nombre de “revolución verde”.

Tal vez, resumiendo, el rasgo más característico, estructuralmente necesario, para la rentabilidad verificable en este último medio milenio, sea el de la tendencia sostenida al aumento de escala para la producción junto con la expansión de los mercados; ambivalente situación, porque el aumento de escala deteriora calidad, pero la expansión mercantil permite el acceso a más seres humanos. Se trata de una expansión no lineal sino progresiva, que va expandiendo no sólo la producción, los mercados y sus modalidades, sino también el ritmo con que se produce la misma expansión.

- unidades productivas, de aprovisionamiento y procesamiento, cada vez más grandes y consiguiente consumo creciente de materias primas y recursos,

-        inversión de las relaciones entre economía y finanzas y entre ciencia y tecnología; las finanzas toman preeminencia sobre la economía y la tecnología y sus centros de producción sobre la ciencia,

-        contrarreforma agraria en marcha, expulsión o ahogo de campesinos, despoblando campos, formando unidades de producción agraria o agropecuaria cada vez mayores e industrializantes (borrando diferencias entre la elaboración de ropas o vajilla, por ejemplo, con la crianza de patos y plantas),

-        megalopolización urbana y contaminación cada vez más fuera de control,

-        recambio más o menos permanentemente acelerado de objetos de producción y consumo; obsolescencia programada.

Tomemos un único ejemplo.

PESCA. La humanidad se ha nutrido desde tiempo inmemorial de peces y seres vivos acuáticos. Se estima que el 60% de las proteínas animales consumidas por la humanidad ha provenido, históricamente, de la pesca. El otro tercio de proteínas animales ha sido provisto por los animales de tierra o aire. Aves, cérvidos, liebres, cabras, cerdos, vacas, cuises, y el larguísimo etcétera que va variando de región en región. La pesca se ha estado industrializando desde hace siglos. Y “perfeccionando” sus técnicas al punto que al día de hoy, con sus redes de arrastre, sus bombas de profundidad y tantos otros recursos, los pescadores están en condiciones técnicas de vaciar el mar. Cada mar que “visitan”.

Sería un éxito deslumbrante si no fuera por el pequeño detalle de que la pesquería está logrando así serruchar la rama donde está asentada.

Sus técnicas de arrastre son tan “perfectas” como para no dejar intocado los fondos marinos. Que son, precisamente, la base nutricia de muchísimos circuitos vitales. Las redes son tan rendidoras que no perdonan ni siquiera a los más pequeños peces, puesto que los barcos engullen los peces grandes para comida humana y los pequeños como masa nutricia para animales criados o cultivados por el hombre, peces en estanque incluidos.

Tanta calidad técnica y ceguera natural o crisis del sentido común, ha hecho que la pesca haya desaparecido por ejemplo de todo el entorno europeo. El Mar Mediterráneo,  otrora asiento de apetitosos atunes y tantas otras especies que han alimentado milenariamente a las poblaciones costeras, es ahora poco más que el sumidero de los desechos de los países que lo circundan. El Báltico, por ejemplo, está tan contaminado que sus especies marinas han disminuido dramáticamente su fecundidad. Por estar interconectado no desaparece, como el mal llamado Mar de Aral (el sexto lago más grande del planeta, hoy reducido a una charca salobre gracias al “milagro soviético”): permanece entonces, pero cada vez más sin vida, como tantos otros mares o lagos en el mundo.

Desde hace unos años, las dotaciones pesqueras europeas se dedican a saquear las costas africanas, como la somalí, donde la impunidad es grande por la falta de un estado local en condiciones de defenderse.

Si revisáramos la actividad avícola o suina, veríamos el mismo cuadro, desolador; pollos o cerdos agigantados que no pueden tenerse sobre sus patas; las deyecciones gigantescas de establecimientos avícolas con millones de cabezas no permiten ya incorporarlas como abono y –gran festín para laboratorios que suministrarán “el fertilizante”– se depositan en lagos que apestan kilómetros a la redonda.

Así remataba la oenegé GRAIN un informe donde desnudaba el verdadero origen de la gripe aviar de 2011 y el sistema industrial de cría de animales:

Una interrogante candente es por qué los gobiernos y las agencias internacionales como la FAO (Organización de las Naciones Unidas para la Agricultura y la Alimentación) no hacen nada para investigar cómo las granjas industriales y sus productos, tales como estiércol y raciones, extienden el virus. Por el contrario, están usando la crisis como una oportunidad para profundizar la industrialización del sector. Se multiplican las iniciativas para prohibir la producción de pollos al aire libre y eliminar a los pequeños productores, y reponer las granjas con pollos genéticamente modificados. La red de complicidad con una industria involucrada en una sarta de mentiras y encubrimientos parece completa.”

Los campesinos están perdiendo sus medios de vida, sus razas de pollos nativos están siendo expulsadas del mercado, y algunos expertos dicen que estamos al borde de una pandemia humana que podría matar millones de personas […]. ¿Cuándo se darán cuenta los gobiernos que para proteger a los pollos y a las personas de la gripe aviar, necesitamos protegerles de la industria avícola mundial? 

¿Por qué los humanos hemos descubierto e inventado tantas cosas formidables que nos han ayudado, como la molienda o el pulido y las consiguientes herramientas que lo habilitaron, estamos ahora con esta problemática? El vidrio, por ejemplo, inventado hace miles de años mantiene la propiedad de su reversibilidad; hecho con arena y agua, puede volver a sus elementos originarios; como pasa con los elementos vivos; “renace”, en cierta forma (mediante “la muerte” de lo previo).

Con la modernidad, poco a poco, parece haberse roto esa doble vía entre lo elaborado por humanos y su entorno.

Demos un ejemplo de lo que quiero decir con “modernidad” y sin atarnos en modo alguno con medievalistas ultramontanos. En el esplendor romano, hace más de dos mil años, los privilegiados de entonces querían disponer de agua en abundancia. En Roma y en la Punta del Este de entonces, en Pompeya. Marco Vitruvio Polión, un arquitecto romano de entonces, planeó las canalizaciones correspondientes. Eligiendo, según tramos y otras características físicas, hacerlas en piedra, mampostería, cerámica y madera. Descartó el plomo, que era toda una tentación por su maleabilidad fundible a relativamente pocos grados (300). Vitruvio desaconsejó su uso  porque la frecuencia de saturnismo entre los mineros que extraían tan codiciado metal, lo puso alerta.[1]

Técnicos entonces de la era precristiana no aceptaron el plomo para las cañerías de agua.[2]  Una situación no lineal, ciertamente. Otra gran ciudad de la época, como Mohenjo-Daro, en el actual Paquistán, usó para el tendido de las redes de agua potable barro cocido, cerámica, madera, cemento, roca, plomo, bronce…

La negativa al uso de plomo en Roma y Pompeya se realza en el marco cultural de entonces, por la resistencia al uso meramente pragmático de un material.

Peguemos un salto de más de milenio y medio…

Si hace dos mil años, era insensato hacerlo, ¿qué pasó en los siglos de despliegue industrial y colonial (vienen juntos) con el Reino Unido y Europa Occidental a la cabeza?  A comienzos del s. XIX, Glasgow, en Escocia, comienza el tendido de redes de agua potable para toda la ciudad; la primera ciudad europea moderna que despliega esa ingeniería… y lo hace con plomo.

La advertencia sanitaria de los romanos dos mil años antes se había esfumado en el galope tendido de la civilización occidental, europea, moderna. Y cuando hace menos de cien años las redes de cañerías de plomo extienden masivamente su uso al agua también caliente, cuando todos los hogares de alta sociedad y cada vez más los de las capas medias, pasan a disponer como algo normal de “agua corriente y caliente” en las viviendas, Vitruvio parecía definitivamente olvidado.

Pero no había pasado ni otro siglo, con el agua caliente “perfectamente instalada”, que la realidad empezó a descargarse sobre la sociedad, sus habitantes. El agua caliente “se come” el plomo, y es fácil imaginar quién  “come” realmente el plomo de cañerías perdiendo grosor. Pensemos que esa agua, “en casa” se usa como ingrediente alimentario. La insensatez había tomado dimensiones demenciales. Nunca se sabrá, y los sistemas médicos se cuidan mucho de investigarlo, si una serie de dolencias, como atrasos madurativos, dolores de cabeza, déficit intelectuales, calambres, atrofias musculares, no son sino manifestaciones de la temida plombemia. Que Vitruvio evitó a propietarios romanos.

Esto es lo que ha pasado en las ciudades occidentales a lo largo del siglo XX.

Como para mostrarnos que no aprendemos nada, en ese mismo momento histórico, de crisis de los caños de plomo y sustitución por otros materiales,[3] muy específicos conglomerados empresariales, administradores del agua, como Coca-Cola, optan por persuadir a la gente que la solución más cómoda es tener siempre agua consigo y para ello… botellitas de plástico. Muy marcadas excepciones hubo, como Roma y su gobierno municipal, que se empeñó en evitar botellitas de plástico ofreciendo en todas sus plazas bebederos públicos en buen estado. Estábamos alrededor del 2000.  Veinte años después, con la paranoia por el Covid, sólo quedaría la botellita “para sí”.

Cómo ingresa en nuestras vidas el “tren” de la modernización tecnocrática

Jonathan  Cook[4] nos da una explicación que nos parece muy digna para tener en cuenta: que el sistema de construcción tecnocrático se ha convertido en religión, con la sacralización consiguiente. 

Eso es lo que nos pasó: fuimos entrando en una nueva religión, casi sin darnos cuenta por más que se lo haya dicho tantas veces; una religión del progreso, con sus sacerdocios mayores; la ciencia y la tecnología.

El mundo empresario, apurando ganancias, estimulado por una escala siempre creciente, pivoteando sobre el colonialismo, el despojo de tierras y materias primas y el más abyecto racismo, hizo prevalecer la ganancia sobre la calidad alimentaria y el poder sobre la naturaleza. Los alimentos fueron cambiando, con empleo de  mejoradores, colorantes, floculantes, conservantes,  emulsionantes, espesantes… fosfato monosódico, polisorbatos, grasas hidrogenadas, jarabe de maíz transgénico de alta fructosa, y mil aditivos más de los que apenas se conoce una propiedad (refrigerante o antioxidante, por ejemplo) y se desconocen todas sus otras potencialidades (benignas o tóxicas) dando sin más rienda suelta a  una producción cada vez más contaminante.

Ante semejante invasión literal de modernidad galopante, la división entre conservadores y progresistas se redujo en la mayor parte de los casos, a que los primeros querían la apropiación privada y los últimos, la estatal. Pero todos, casi todos, aceptando alegremente (o al menos sin chistar), en este caso, la contaminación alimentaria.

Para asegurarse, el mundo empresario, cada vez más transnacionalizado, se valió de la designación de oficinas –provinciales, nacionales, regionales, internacionales– de control, supervisión o evaluación, públicas; “para todos”. Una esfera estatal que se hizo rápidamente cómplice de los “progresos”.

Así entraron, por ejemplo, los alimentos transgénicos a nuestras mesas. Por resolución ministerial, pero por decisión de grandes consorcios transnacionales.

Luddismo

Algunos académicos se han preguntado  si los conflictos sudamericanos no están teñidos de luddismo.[5] Por la oposición a la tecnología nuclear, a los transgénicos, a los gasoductos, a la minería a cielo abierto…

Nada más equivocado. No ha habido ni rastros de luddismo; en todo caso, luddismo es lo que nos ha faltado atemorizados por una izquierda tecnocrática que ha tipificado a los ludditas como meros rompedores de máquinas,  de puro retardatarios. Porque esa izquierda, progresista, jamás quiso salirse de la “senda del progreso”, empeñados en ver un único y necesario devenir histórico. Han apostado al agua corriente en plomo antes que a la sabiduría y sensatez de milenios atrás, con el progreso perdidas.

Y todos esos conflictos señalados por académicos provienen del daño, el malestar y el rechazo que provoca el despojo que ejercen los núcleos poderosos sobre  las sociedades periféricas (a las centrales, hasta ahora al menos, se las distraía con otros recursos). Se sabe que esas mismas “realizaciones técnicas” se desarrollan en países “industrializados” con menos abuso que el que las mismas empresas se arrogan en tierras periféricas.

Como explica Dorothy Nelkin,[6] los titulares de esos megaproyectos “trabajan en términos de un cálculo de eficiencia que sólo incorpora costos” que estos titulares evalúan, y dejan de lado “otros” costos que en todo caso afecten a poblaciones civiles y a sus entornos sociales, ambientales, sanitarios.

En buen romance, que a las empresas las tiene sin cuidado que sus proyectos productivos enfermen a criaturas ajenas a la empresa, contaminen agua ajena a la de sus circuitos, perjudiquen el hábitat donde se asientan exclusivamente para extraer una producción.

Todo este cuadro de situación nos impele a preguntarnos porqué, pese a una crisis cada vez mayor; sanitaria, alimentaria, psíquica, ambiental, a la conciencia social creciente de que los políticos no son sino “firmaplanos” que otros dibujan, el pensamiento y la acción, críticas, vuelan tan bajo, sin atreverse a “sacar los pies del plato”.

Están, “estamos” los objetores de este curso, carentes de “masa crítica”. Y están “los optimistas de siempre” que tratan de persuadirnos que estamos en el mejor de los mundos, en todo caso peor que el que vendrá mañana.

Eppur si muove; hay muchas señales sobre una crisis terráquea…

La contaminación avanza, está generalizada y fuera de todo control.

La idea de pocos años atrás de lanzar al mar océano enormes barcos “tragaplásticos” para retirar las toneladas de tales arrojados a los mares del planeta ha caído en la más penosa obsolescencia desde que se sabe, hace ya muchos años, que los plásticos sufren una erosión marítima permanente que no los biodegrada pero sí los desmenuza, convirtiendo los trozos plásticos en unidades cada vez más pequeñas, hasta alcanzar dimensiones microscópicas. Así, sin biodegradarse, esas partículas reciben la adherencia de seres vivos microscópicos, de los que se sabe que algunos al menos generan un fuerte atractivo hacia peces. Que engullen tales micropartículas con sus colonias como manjares.

Nos falta saber qué funciones podrán cumplir tales micropartículas en los cuerpos anfitriones. De peces, mamíferos, humanos incluidos. Sabemos sí, que algunas de dichas partículas son cancerígenas.

Pero antes de incursionar en la problemática sanitaria y los posibles efectos adversos de semejante metástasis, sobreviene una pregunta previa: ¿cómo pudo concebirse y aprobarse la “construcción” de sustancias no biodegradables? Porque no es un descubrimiento, es una invención ante la cual ni el idioma tiene una palabra para describirlas: no biodegradables. ¿Cómo no darse cuenta que construyendo tal tipo de sustancia corrompíamos la naturaleza, generábamos una dificultad irresoluble? ¿Qué imaginaban ser los científicos, técnicos, gerentes de los grandes laboratorios inventándolo? ¿Dioses? Se podría replicar: ¿Quién no conoce una formidable aplicación del material plástico? Claro que las hay, y muchas. Pero su peculiar “naturaleza”, que no es tal, nos debería haber advertido y ser cautos. Pero, otra vez, como jugando a ser dioses, si algo hemos expandido fuera de control en todo el planeta ha sido, precisamente, el material plástico.

De todos modos, lo de las micropartículas plásticas hoy repartidas en toda la superficie planetaria es apenas un ejemplo del sistema de construcción que una modernidad cada vez más ciega a la naturaleza nos ha generalizado.

Nuestro futuro robado

Dos  biólogos y una periodista especializada, estadounidenses, a fines del siglo XX redactaron un informe sobrecogedor: Our Stolen Future [7] (con que titulamos nuestro subcapítulo). En que demuestran, a través de un enorme despliegue de trabajo de campo, una crisis de la sexualidad, animal y humana en progresivo avance, sin ninguna duda asociada a la contaminación. En el caso de varones (las mediciones están hechas solo con estadounidenses, pero las causas traspasan claramente fronteras, aunque puedan tener diversa intensidad en distintas latitudes y regiones), las mediciones revelan que década a década durante la segunda mitad del s XX, la capacidad espermática ha disminuido. Sin excepciones, sin curva alguna “hacia arriba”. Entre animales, las investigaciones también resultaron desasosegantes; desde cocodrilos con penes tan pequeños que no podían acceder, propiamente copular con la hembra; a gaviotas hembras que cumplían funciones proveedoras (que suelen hacer los machos, aquí faltantes) a hembras que cloquean; hasta peces que naturalmente son sexuados, machos y hembras, pero que se presentaban bisexuados…

Nos parece que la investigación de los nombrados biólogos nos da otra faceta de la problemática, que entendemos crítica del “estado de las cosas”.

Y uno de los fenómenos que cada vez vemos más claramente: cada avance tecnológico trae consigo un debilitamiento de nuestras raíces, tanto las sociales como las biológicas.  Y ese proceso parece únicamente acentuarse, avanzando. y multiplicándose ocupando cada vez más áreas de nuestras vidas y el planeta.

El arqueólogo e historiador chileno, Miguel Fuentes lo dice nítidamente. Refiriéndose a un motivo de preocupación de la ecología oficial y la burocracia internacional, que es el avance, al parecer imparable, de la presencia de dióxido de carbono en nuestra atmósfera (recalentamiento de la corteza terrestre entre otras manifestaciones) afirma:

La magnitud de este problema habría rebasado ya hace mucho tiempo, […], la ‘esfera de competencia’ de los sistemas económicos y tecnológicos para desplazarse al ámbito de las relaciones geológicas y biofísicas del planeta en su conjunto, poniendo desde aquí en entredicho las propias capacidades tecnocientíficas […] de la civilización contemporánea. […] El problema que representarían los actuales niveles de dióxido de carbono en la atmósfera (cercanos ya a los 420 ppm), no vistos en millones de años en la Tierra, o bien los relacionados a los avances sin precedentes de la acidificación marina, del deshielo del Ártico o de las tasas de derretimiento del permafrost, constituirían hoy desafíos cuya solución escaparía en gran medida a cualquiera de nuestros desarrollos técnico-científicos y capacidades técnicas.[8]

La tesis de Fuentes advierte la gravedad del camino emprendido por la humanidad, por un sector apenas, pero es el que ha resultado decisivo para imprimir el destino a nuestra especie; al haber convertido, como recuerda Cook, a la ciencia en religión y sobre todo, a su capítulo utilitario; la tecnología devenida tecnociencia, una suerte de tecnosacralización. Y lo más penoso: las más de las veces ha sido el lucro o e éxito el motor que impulsó esos desarrollos.

Con una coda al parecer inevitable: convertida en religión, la humanidad pierde capacidad crítica, se siente desautorizada para hacer cualquier crítica. Y así sí somos pasto de los consorcios transnacionales de presunta o presumida vanguardia.

Fuentes da otros datos afligentes; con todos los despliegues tecnológicos con que nos atosigan los medios de incomunicación de masas un día sí y otro también; el control  y hasta la disminución de CO2 atmosférico está muy lejos de alcanzarse: “las llamadas “plantas de absorción” de CO2, […] no han sido capaces todavía de remover ni siquiera una pequeña fracción […] de las más de 40 mil millones de ton. de CO2 emitidas cada año por la sociedad industrial.” (ibíd.) Y Fuentes nos recuerda que lo del CO2 no es un caso aislado; lo mismo pasa con la acidificación de los mares o con la chatarra espacial. Y que en general es tonto recurrir al auxilio tecnológico cuando es precisamente lo tecnológico invasivamente desplegado lo que nos ha situado en la crisis ambiental en que estamos.

Con imaginación casi poética Fuentes sostiene que enfrentamos problemas tan insolucionables como los que se le plantean a quien busque  restaurar a su estado original una olla de arcilla o una botella de vidrio luego de que ésta haya sido rota en mil pedazos […]. ¿Restaurar una copa del más fino cristal luego de ser molida en pedazos? ¡Ni siquiera con la inversión de diez, cien mil PIB mundiales sería posible! ¡Esto es justamente lo que hemos hecho con el mundo, el más bello de los cristales planetarios de nuestro sistema solar, volado en mil pedazos por el industrialismo ecocida!” (con lo cual, de paso, se burla, y con razón, de quienes especulan acerca del porcentaje, 2%, 3%, 4% del PBI mundial, que alcanzaría para reencauzar el estado planetario (como si se tratara de solucionar los desajustes ambientales con unos pocos remiendos de circunstancias).

Nos vemos en camino a un mundo cada vez más desmejorado en condiciones vitales. Ya se estima, en nuestro presente, que la generación de nuestros hijos recibe un mundo peor que el que recibiéramos de nuestros progenitores…

Tendremos que reaccionar ante un fideísmo ante la ciencia como en su momento, hubo quienes pudieron y supieron reaccionar contra el fideísmo religioso medieval, validos de un pensamiento laico, pero crítico.

El sobreuso de nuestros medios materiales, alegremente “cubierto” con ardides tecnológicos, nos ha cegado para poder ver que estamos agotando literalmente el planeta; su aire, agua, suelo.

Que la construcción de megalópolis, por ejemplo, resulta suicida, aunque de modo mediato. Lo mismo podríamos decir de los desplazamientos de las capas con alto poder adquisitivo, quienes se sienten, y son “locales” en todo el planeta.

La civilización rampante que “perfeccionó” nuestra ruina cada vez más a la vista fue, a mi modo de ver una variante de lo que llamamos Occidente, para muchos, la culminación o vanguardia civilizatoria mundial. Su expresión más acabada. Una sociedad que extremó tales rasgos hasta hacerlos patéticos, carentes de todo equilibrio, de toda complejidad; de ying y yang, dirían los orientales: la cultura dominante de EE.UU., el american way of life.

Con este “sistema” o “estilo de vida”  los humanos perdimos sabiduría ganando eficacia. Perdimos la noción de escasez, intoxicados culturalmente (y sobre todo, mediáticamente) por una abundancia apabullante.

Pero esta derrota cultural no proviene de este último capítulo; ya estaba incubada en el pensamiento de la modernidad burguesa, occidental.

Una eficacia altanera, autosuficiente. Indiferente, insensible, por ejemplo a la contaminación. Cegados, como dirían antiguos dioses si existieran, hasta que resulta demasiado tarde. Porque, como dice Fuentes, no podemos ahora recuperar “el paraíso viviente”, perdido.

Apenas ver si podremos salvar “partes del naufragio” planetario.

Es con este desarrollo arrasador del industrialismo, la colonización generalizada, el racismo acaparador, nuevas invasiones (semánticamente salvaguardadas como “avances de la frontera del progreso”), exterminando flora y fauna sin pausa y sometiendo con diversas modalidades, esos otros humanos tan a menudo considerados subhumanos (aunque la fraseología democrática ha ido corriendo las exclusiones hasta hacerlas desaparecer literalmente, al menos si no de la realidad, de la cosmovisión ideológica oficial).

Y seguimos, cada vez más de prisa, construyendo una tecnosfera que imaginábamos salvadora y paradisíaca, aunque cada mañana percibimos, oscuramente, que es la nave mayor, la nave insignia, la que está averiada...

Por eso dijimos inicialmente que lo que nos faltó fueron ludditas y, que en lugar de ello, arropados en ideologías progresistas o literalmente egoístas, amparadas en la modernidad,  nos fuimos entregando o fuimos entregados, siempre deslumbrados ante “los cada vez más impresionantes desarrollos tecnocientíficos”.

Vayan unas grajeas ilustrativas de ese pensamiento dominante:

□ Ante la ya indubitable crisis de las abejas, alterada su orientación, no sabemos si por la creciente carga electromagnética atmosférica, por la presencia cada vez más pesante de agrotóxicos o por la invasión de “soluciones” biocidas, Monsanto se puso “a disposición”, invitándonos a usar drones que ellos confeccionarían para hacer “el trabajo” que las especies amenazadas o exterminadas iban a dejar de hacer, creyendo o haciéndonos creer que drones podrían cubrir la formidable y menudísima tarea que llevan a cabo los insectos libadores.

No  tuvieron, no expresaron, claro, el más mínimo pensamiento hacia los costos. Si el costo de esa neopolinización imposible llegara a salir mil veces mayor que la clásica, “natural”, Monsanto podría frotarse las manos a la vista de esos miles de millones…

 □ Oceanógrafos comprobaron el derretimiento del casquete polar ártico y  que dicho casquete es cada vez menos grueso. Algunas compañías navieras de transporte de combustibles festejaron ese adelgazamiento porque calcularon que bajaban sus fletes… La interdependencia, bien gracias.

 □ Trabajos de megaminería en  algunas laderas andinas afectaron glaciares. Caballerosamente, algunas compañías mineras se ofrecieron a cambiarlos de sitio… ¿Cómo se imaginan que se forman los glaciares? ¿Qué alguien dibuja en alguna oficina de diseño el sitio y luego se lleva allí un poco de hielo?

Cualquiera de esos tres ejemplos nos muestra que la relación del mundo empresario con la naturaleza es ya, no pobre, esquemática, sino de una ignorancia insondable… La podríamos llamar fideísmo hacia la ciencia (en rigor, hacia la tecnología, que es lo que el capital y sus titulares tienen interés supremo en dominar).

Pero ese fideísmo (como cualquier otro) presenta un enorme peligro a nuestra especie: somos seres vivos y esa condición vital es radicalmente distinta a los rasgos de los objetos, que carecen de vida.

Hay grandes investigaciones que están superando esa dicotomía. Con buenas razones, porque se trata de una muy esquiva frontera. El panteísmo nos ha mostrado cómo todo, de algún modo, vive.

Pero aun así, lo orgánico tiene cualidades que no tiene lo inorgánico.

Y la modernización en sus últimos tramos, la cibernética derramándose sobre todas o casi todas nuestras actividades; el celular como un alter ego; la saturación como un proceso invertido al del viejo mundo de la escasez, nos está haciendo relacionar a los humanos con objetos, como nunca antes. Sin la mediación con otro, cada vez más directamente mediante “diálogo” con la aparatología cibernética. Alcanzando objetivos ya no “a dos voces”, como tradicionalmente, sino “a una sola voz”. Moverse en un mundo de inteligencia artificial, de objetos. Claro que todo “mucho mejor y más rápido”. ¿Significa algo la pérdida del diálogo, voces entre humanos? Tengo para mí que, toda esta invasión cada vez mayor de dots, trolls, spots, algoritmos-e, ocupando la mayor parte del nuestro tiempo humano debilita el diálogo entre humanos, y que, consiguientemente al llevar adelante objetivos “a una sola voz”, vamos, nosotros también, resultando objetos (esto pasa y desde “siempre” con “los nadies”, los desheredados “de siempre”). Como vemos, la condición de objeto no es novedad para buena parte del género humano; la pregunta es qué significa su generalización.

Un dato reciente: hasta hace muy pocos años, el teléfono era el nexo entre el particular y la empresa. El mundo empresario computarizó ese nexo, obteniendo una serie de ventajas materiales; de tiempo, precisión. Y de ahorro, de personal. Pero en tales cálculos no entra el tiempo social perdido por “los particulares” abriéndose paso, o no en los sitios-e. Aunque es mucho mayor que el ahorro empresarial, ese tiempo, desperdiciado, carece de valor para el mundo empresario. El tempo de Los nadies.

Todo el seguidismo que atribuíamos en otras civilizaciones a los dioses, en la laica civilización moderna lo atribuimos a la ciencia (y su hija dilecta, la tecnología). Pero aquella ceguera, que “veíamos” en culturas destrozadas por la civilización occidental se reprodujo entre nosotros, sólo alegando otras falsas certezas y nuevas fidelidades.

Ya lo anunció hace medio siglo el psicólogo Stanley Milgram con su pícara experimentación sobre dolor: la gente acepta casi cualquier monstruosidad si le dicen que es “por la ciencia”. Así fue como “enfrentamos” la pandemia decretada por la OMS.

Si no nos sacudimos de este nuevo fideísmo tan generalizado, estamos aen camino de perder no ya una elección, no las comodidades cibernéticas que tanto nos han complacido, sino  el mundo, tal cual lo conocemos.



[1]   Los aportes de Vitruvio fueron muy considerados hasta la modernidad, aunque al parecer por allí caducan; su hombre cósmico fue todavía retomado por Leonardo de Vinci, convirtiéndolo en pintura inolvidable con sus brazos y piernas duplicados y extendidos y armando con ellos un círculo y un cuadrado perfectos.

[2]  Aunque agotada, hubo una ficha de mi autoría en la Facultad de Filosofía y Letras, (UBA); ¿Ecología en la política o para otra política?, ¿crisis ambiental o crisis civilizatoria?, 2014.

[3]   Hubo un material muy usado que validó la máxima “La enmienda resultó peor que el soneto: el PVC.

[5]   Se asocia al luddismo con un sabotaje mediante “violencia a las cosas”; rompían telares industriales. Sin entrar a analizar todos sus rasgos, entiendo decisivo uno: su lucha encarnizada contra el aumento de la escala de producción. En cierto sentido, fueron muy perceptivos. Y los titulares de los poderes mayores y centrales, también, puesto que encararon su exterminio. Legalmente: todos ellos fueron condenados a la horca.

[6]   Cit. p. Ana M. Vara, ”¿Una ola del ludismo en América Latina?”, UNSAM, 28 ago 2009.

[7]  Theo Colborn, John Peterson Myers y Dianne Dumanoski.