Éditorial, Haaretz, 5/8/2021
Traduit par Fausto Giudice
Le plan présenté par le ministère de la défense et les Forces de défense israéliennes au gouvernement jeudi dernier semble avoir été conçu dans un univers parallèle. Il s'agit d'un plan visant à augmenter les droits à la retraite de l'armée permanente, selon lequel les soldats âgés de 40 ans et moins, qui prennent leur retraite à 42 ans, recevront une pension de raccordement jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge officiel de la retraite, à savoir 67 ans - et recevront une prime de retraite représentant 7 % de leur pension.
En outre, les soldats de combat et ceux qui ont étudié dans les réserves universitaires de l'armée recevront un « supplément sur le supplément » de 3 à 4 pour cent supplémentaires, et au total, ils recevront une allocation de retraite de 11 pour cent jusqu'à l'âge de la retraite.
Le plan entraînera des coûts supplémentaires d'environ 500 millions de shekels (155 millions de dollars, 131 millions d’€) ; les paiements annuels actuels des pensions des FDI s'élèvent à environ 8,2 milliards de shekels [2,1 milliards d’€]. Mais le principal impact du plan se fera sentir sur la charge déjà lourde des pensions de l'armée.
48 heures seulement avant la présentation du nouveau plan, les rapports financiers 2020 d'Israël ont révélé que la dette actuarielle de l'établissement de la défense avait augmenté de 30 % au cours des deux dernières années, atteignant la somme colossale de 366 milliards de shekels [96 milliards d’€], ce qui représente déjà 40 % des obligations actuarielles nationales - qui approchent les 1 000 milliards de shekels [263 milliards ‘€]. Mais quel est le rapport entre ces faits et l'armée ? La publication n'a rien changé aux plans de l'establishment de la défense, comme si elle proposait des données provenant d'un autre pays. Le nouveau plan gonflerait les obligations actuarielles de Tsahal de 15 milliards de shekels [4 milliards d’€] supplémentaires.
Fait étonnant, ce plan scandaleux a reçu l'approbation de principe du Premier ministre Naftali Bennett, du ministre des Finances Avigdor Lieberman et du ministre de la Défense Benny Gantz. Lors d'une petite réunion tenue la semaine dernière, les trois hommes se sont mis d'accord sur une augmentation sans précédent du budget de la défense, de 14 %, et sur le « blanchiment » d'autres excès salariaux que l'armée a été surprise à faire. En cours de route, les trois hommes se sont également mis d'accord sur les nouveaux bonus ajoutés pour l'armée permanente.
Bennett et ses ministres n'ont pas informé le reste du cabinet de leur accord. Les autres ministres ont été invités en début de semaine à voter en faveur du nouveau budget de l'État et d'une réduction générale de 1,5 % des budgets de leurs ministères - à l'exception du ministère de la défense. Les ministres ont été informés que l'augmentation du budget de la défense [à 58 milliards de shekels, soit 15,2 milliards d’€, NdT] était nécessaire pour des raisons de sécurité urgentes et que les coupes étaient en fait nécessaires en raison de l'augmentation du budget de la santé.
Bennett, Lieberman et Gantz, tous anciens ministres de la défense, qui ont promis de changer les priorités nationales, autorisent la ponction des budgets civils en faveur de l'augmentation des dépenses de défense. Ils cachent ensuite au public et au reste des ministres du gouvernement leurs actions controversées. Ce comportement relève d'une gestion économique négligente, qui ne fera qu'aggraver la détresse actuarielle* d'Israël.
*NdT
La dette publique d’Israël s’élevait en décembre 2020 à 260 milliards d’€, soit 71,1% du PIB ; 40% de cette dette est d’origine militaire. Les militaires retraités perçoivent des pensions qui sont presque le double de celles des fonctionnaires civils.
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