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02/08/2021

GIDEON LEVY
Les médias bâillent devant les escadrons de la mort de l'armée israélienne

Gideon Levy, Haaretz, 31/7/2021

Traduit par Fausto Giudice

La terreur israélienne est de nouveau à l'œuvre. Les escadrons de la mort des Forces de défense israéliennes ont encore eu une semaine bien remplie : quatre corps de Palestiniens innocents se sont empilés entre les deux vendredis. Il ne semble pas y avoir de lien entre les quatre incidents au cours desquels quatre fils ont été tués, mais il y en a un.

Dans tous ces cas, les soldats ont choisi de tirer pour tuer comme option privilégiée. Dans les quatre cas, une autre voie aurait pu être choisie : Les arrêter, viser les jambes, ne rien faire ou simplement ne pas être là du tout. Mais les soldats ont choisi de tuer. C'est probablement plus facile pour eux de cette façon.

Ils viennent de différentes branches de l'armée et ont des antécédents différents, mais ils partagent l'incroyable facilité avec laquelle ils tuent, qu'ils y soient obligés ou non. Ils tuent parce qu'ils le peuvent. Ils tuent parce qu'ils sont convaincus que c'est ainsi qu'on attend d'eux qu'ils agissent. Ils tuent parce qu'ils savent que rien n'est moins cher que la vie d'un Palestinien. Ils tuent parce qu'ils savent que les médias israéliens vont bâiller et ne rien dire. Ils tuent parce qu'ils savent qu'aucun mal ne leur sera fait, alors pourquoi pas ? Pourquoi ne pas tuer un Palestinien quand c'est possible ?

                 Les funérailles de Mohammad Al Alami. Photo Majdi Mohammed / AP 

Des soldats israéliens lors des funérailles de Mohammed al-Alami, 12 ans, dans la ville de Beit Ummar, en Cisjordanie, jeudi. Photo : Emil Salman

Ils ont tué un garçon de 12 ans et un plombier de 41 ans. Ils ont tué un jeune de 17 ans et un jeune homme de 20 ans qui assistait à des funérailles, le tout en une semaine. Pendant la guerre de 1948, un slogan israélien disait « Aux armes, tout homme bon », ce qui a conduit plus tard au concept de « pureté des armes » des FDI. Quatre en une semaine, sans raison, sans hésitation, sans qu'aucun terroriste ne leur fasse face. Quatre exécutions de jeunes hommes avec des rêves, des familles, des projets et des amours.

Aucun des quatre n'a mis en danger les soldats, certainement pas d'une manière qui justifie un tir mortel. Treize balles sur une voiture passant innocemment, transportant un père et ses trois jeunes enfants. Tirer sur un plombier tenant une clé à molette et prétendre ensuite qu'il « se dirigeait rapidement vers les soldats ». Trois balles dans l'estomac d'un jeune de 17 ans qui était en route pour ramener son frère à la maison.

Tout cela peut être appelé terreur ; il n'y a pas d'autre définition. Tout cela peut être appelé actions d’escadrons de la mort ; il n'y a pas d'autre description. Cela semble horrible, mais c'est vraiment horrible.

Cela pourrait être moins horrible si les médias israéliens prenaient la peine d'en parler, ce qui pourrait choquer les Israéliens. Cela pourrait être beaucoup moins horrible si les commandants des FDI prenaient les mesures nécessaires compte tenu de l'imprudence meurtrière de leur armée. Mais la plupart des médias pensent que le meurtre d'un enfant n'intéresse personne ou n'est pas important, ou les deux, et cet incident choquant n'a donc pas été rapporté.

Si les soldats avaient abattu un chien - un acte également choquant, bien sûr - cela aurait attiré davantage l'attention. Mais un enfant palestinien mort ? Que s'est-il passé ? Pourquoi cela devrait-il intéresser quelqu'un, pourquoi est-ce important ?

« Travaillez-vous pour les Arabes ? » a méchamment gazouillé le journaliste Yinon Magal, s'adressant à Hagar Shezaf, de Haaretz, pratiquement la seule journaliste à avoir couvert les funérailles du garçon. C'est la nouvelle éthique journalistique : rapporter la vérité revient à travailler pour les Arabes.

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