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Sergio Rodríguez Gelfenstein
¿Qué hará Marcos Rubio? 

30/08/2024

SAMY DJEMAOUN
L'expulsion d'un Gazaoui vers la Palestine annulée par la justice administrative française

 Samy Djemaoun, avocat, 23/8/2024

 On pourrait se croire dans un cauchemar, mais c'est bien une réalité française.

Mon client, ressortissant palestinien né à Gaza a été placé, le vendredi 9 août 2024, en centre de rétention administrative par la préfecture de la Seine-Saint-Denis [1].

Le même jour, le préfet avait fixé le pays de destination vers lequel il sera éloigné : l’État de Palestine, donc. Le tribunal administratif de Montreuil avait fixé une audience au 23 août 2024 à 9h30 pour l’arrêté fixant le pays de destination.

 La préfecture avait sollicité « le consul de Palestine » pour obtenir un laissez-passer consulaire afin de pouvoir l’éloigner rapidement vers la Palestine.

Le samedi 17 août 2024, la Cour d’appel de Paris avait estimé, à rebours de la jurisprudence de la Cour de cassation, qu’il n’y avait pas lieu d’examiner les perspectives d’éloignement en première prolongation. Rappelons que la rétention administrative n’a pour but que l’éloignement, de sorte que si l’éloignement est impossible, la rétention administrative est injustifiée. La Cour d'appel a ensuite indiqué, en substance, que seul le juge administratif était compétent s’agissant du pays de destination.

 Aujourd'hui, le cabinet obtient devant le tribunal administratif de Montreuil l'annulation de cet arrêté en tant qu'il n’exclut pas la Palestine comme pays de renvoi :

On retiendra donc que la France n'hésite pas à prendre attache avec un État qu'elle ne reconnaît pas comme tel – et qui n'a, au demeurant, pas le contrôle de ses frontières – afin qu'un de ses ressortissants soit exposé à un risque de mort imminente.

La phrase de Badinter n’a jamais été aussi à-propos : « lorsque la France se targue d’être la patrie des droits de l’homme, c’est une figure de style, elle est la patrie de la déclaration des droits de l’homme, aller plus loin relève de la cécité historique. »

28/08/2024

YANIV KUBOVICH
Grande première : une enquête de l’armée israélienne conclut que l’attaque du village palestinien de Jit par des colons était un “acte terroriste”

« Il s’agit de l’attaque terroriste la plus grave perpétrée par des Israéliens, et nous avons échoué en n’arrivant pas plus tôt et en ne les protégeant pas », déclare le chef du commandement central.

Yaniv Kubovich, Haaretz, 28/8/2024
Traduit par  Fausto GiudiceTlaxcala

 

Le village palestinien de Jit le lendemain du raid, ce mois-ci. Photo Deiaa Haj Yahia

Les Forces de défense israéliennes ont publié mercredi les conclusions de l’enquête sur le raid des colons sur le village palestinien de Jit, en Cisjordanie, il y a environ deux semaines. Selon ces conclusions, le service de sécurité Shin Bet a averti les FDI et la police de l’intention des colons de commettre un « crime nationaliste » dans la région de la colonie d’ Yitzhar avant qu’ils ne fassent une incursion dans le village. L’enquête a révélé que les soldats auraient dû « agir avec plus de détermination » pour réprimer les violences.

En ce qui concerne l’incident de Jit, le chef du commandement central de l’armée israélienne, le général Avi Bluth, a déclaré : « Il s’agit de l’attaque terroriste la plus grave perpétrée par des Israéliens qui ont délibérément cherché à faire du mal aux habitants de Jit, et nous avons échoué en n’arrivant pas plus tôt pour les protéger. La responsabilité m’incombe avant tout en tant que commandant, et je ferai tout pour améliorer le système ».

Bluth a également salué « les réservistes des FDI qui sont arrivés sur les lieux, se sont engagés et ont risqué leur vie, sauvant ainsi celle des Palestiniens piégés dans des maisons en feu ». Il a ajouté que l’incident « ne sera pas terminé tant que nous n’aurons pas déféré en justice les émeutiers ».

L’enquête indique que la première force arrivée a tenté de disperser les émeutiers, mais en vain. D’autres réservistes et agents de la police des frontières sont alors arrivés et ont bloqué les colons. « Les forces ont opéré avec assurance, au péril de leur vie, bloquant les émeutiers et les poussant hors du village, tout en utilisant du matériel de dispersion des émeutes et en tirant des coups de semonce en l’air », selon la déclaration de l’armée, qui ajoute qu’il a fallu environ 30 minutes pour chasser les émeutiers du village. L’enquête indique qu’un Palestinien a été tué par balle et un autre blessé, et que la police et le Shin Bet enquêtent sur l’incident.

Ruines dans le village palestinien de Jit, après le raid des colons, ce mois-ci. Photo Nasser Nasser/AP

Selon l’enquête, plusieurs membres de l’escouade de sécurité d’une colonie voisine sont arrivés sur les lieux sans autorisation. L’armée affirme qu’ils portaient des uniformes alors qu’ils n’étaient pas en service de réserve actif, et qu’ils ont agi en dehors du cadre de leur autorité.

Le rapport indique qu’à l’issue de l’enquête, deux membres de l’escouade de sécurité ont été licenciés et leurs armes confisquées. L’armée ajoute que quatre suspects ont été arrêtés la semaine dernière, dont un mineur. Les trois autres interpellés sont en détention administrative. L’armée précise que l’enquête se poursuit et que d’autres arrestations sont prévues.


Rashid Sadah, 28 ans, tué lors du raid des colons sur le village palestinien de Jit

Une enquête préliminaire menée par l’establishment de la défense le lendemain de l’attaque a révélé que des réservistes se trouvaient à proximité des colons qui ont fait irruption dans le village, mais n’ont arrêté aucun des émeutiers. L’enquête a révélé qu’en plus des soldats, des membres de l’équipe de sécurité de l’avant-poste de la ferme -colonie Gilad étaient présents sur les lieux.

Une source de défense de haut rang a déclaré à l’époque : « Les soldats n’ont rien fait pour empêcher le pogrom », même si les réservistes et les membres de l’escouade de sécurité ont été témoins des actes. « Ils se sont simplement tenus à l’écart, ont tout vu et n’ont rien fait ». L’establishment de la défense a déclaré à l’époque que le Shin Bet et les FDI n’avaient aucun renseignement préalable sur les préparatifs du raid sur le village.

L’attaque de Jit, il y a deux semaines, a été commise par des dizaines d’hommes masqués, dont la plupart venaient de la direction de la ferme-colonie Gilad, et d’autres de la région de la colonie de Shilo. Les colons sont entrés dans Jit en voiture, ont brûlé des véhicules, vandalisé des biens et agressé des habitants.

Un habitant du village, Rashid Sadah, 28 ans, a été tué. Sa mère, Iman Sadah, a déclaré qu’il avait l’intention de se marier. « Il aimait les ordinateurs et travaillait dans un magasin à Naplouse. Il avait beaucoup de rêves. Il m’a dit qu’il voulait se marier et que nous devions préparer la maison, mais ils me l’ont enlevé », a-t-elle déclaré après sa mort.

Como Miranda en la Carraca, un aire de blues venezolano

La farsa tragicómica desatada por la derecha venezolana con el apoyo de Washington y Bruselas suscitó esta reacción de Gustavo Avilán*.

Esto lo escribo solo en mi cuarto. No creo que surta mayor efecto. Cada vez que alguien que se considera objetivo y sensato se entera de que defiendo algo de este gobierno me deja de hablar. Amigos que lo fueron durante años, familiares, de los más cercanos. Algo que me parece propio de película de ciencia ficción. Si uno les dice que no ganó el MariaCorino, caramba, ya no te hablan más. Y es que no ganó. Nada indica que ganó

Pero entonces lo que pasa es que uno es un terrible cegato, bruto, ignorante, y no sé si pensarán que uno es capaz de administrar un campo de exterminio chavista para quemar a todos los opositores, no sé, porque lo tratan a uno de esa manera. Es que si bien la izquierda desvalorizaba todo lo que hubieran hecho los adecos*, caramba, no llegaban a ser así no solo como los opositores extremistas que apoyan a María Corina, sino como incluso esos que una vez fueron chavistas y ahora se sienten como que si hubieran encontrado por fin el punto del centro, una especie de Aleph, desde el que se ven las cosas claramente objetivas y se percibe como el TSJ** estaba haciendo trampa con los votos y por eso fue que ganó el chavismo este de mierda de nuevo.

Ya hablo con las paredes. Dentro de poco caminaré por ellas. Seré como aquel vampiro de una película que caminaba por el techo boca abajo. Todos me van dejando de hablar, y como yo le voy dejando de hablar a estos chavistas que confunden al chavismo con la izquierda esa pajúa y retardataria de antes, o con las Damas Salesianas, que me parecen algo bastante respetable, por ateo que yo sea, me voy quedando no digo que solo, sino absolutamente solo, rodeado de esta calamidad que nos rodea, esta incapacidad de hablar, que es lo que para mí caracteriza al ser humano.

Miranda en La Carraca, por Arturo Michelena, 1896

Veo a Miranda en la Carraca y me veo a mí. Soy la Ifigenia de Teresa de la Parra, que escribía porque se aburría. Un Reverón pero en un cuarto de Los Palos Grandes. Aburrido como una ostra que casi que pinto atardeceres con mis excrementos, rodeado, diría Ramos Sucre, de una ralea de monos. Terminaré como él por suicidarme, de aburrimiento. Pero solo porque no tengo ni un centavo para volver a ir una vez más a Macuto y ver el mar.

Apestan. Pero no como los usuarios del metro. No. Todos ustedes, apestan.

Notas

*Adecos : partidarios de Acción Democrática, que gobernó Venezuela en el llamado Trienio Adeco (1945-1948)

** TSJ:  Tribunal Supremo de Justicia

*Gustavo Avilán
Caraqueño
Cocinero
Estudió algo de filosofía

Israël et USA collaborent étroitement dans la chasse à l’insaisissable fantôme de Gaza, Yahya Sinwar

La capacité de Yahya Sinwar à échapper à la capture ou à la mort a empêché Israël de remporter un succès militaire dans une guerre qui a commencé après qu’il eut planifié l’opération du 7 octobre.

Mark Mazzetti, Ronen Bergman, Julian E. Barnes et Adam Goldman, avec Adam Rasgon, The New York Times, 25/8/2024
Traduit par  
Fausto GiudiceTlaxcala

En janvier, les autorités israéliennes et usaméricaines pensaient avoir fait une percée dans la chasse à l’un des hommes les plus recherchés au monde.

Le 31 janvier, des commandos israéliens ont perquisitionné un complexe de tunnels perfectionné dans le sud de la bande de Gaza, sur la base de renseignements indiquant que Yahya Sinwar, le chef du Hamas, s’y cachait, selon des responsables usaméricains et israéliens.


Avant la guerre d’ Israël contre Gaza, Yahya Sinwar était une présence imposante à Gaza. Photo Mohammed Abed/Agence France-Presse - Getty Images

Il s’est avéré que c’était le cas. Mais Sinwar avait quitté le bunker situé sous la ville de Khan Younès quelques jours auparavant, laissant derrière lui des documents et des piles de shekels israéliens d’une valeur totale d’environ un million de dollars. La traque s’est poursuivie, sans que l’on dispose de preuves tangibles sur l’endroit où il se trouvait.

Depuis les attaques du 7 octobre en Israël, qu’il a planifiées et dirigées, Sinwar est une sorte de fantôme : il n’apparaît jamais en public, diffuse rarement des messages à l’intention de ses partisans et ne donne que peu d’indices sur l’endroit où il pourrait se trouver.

Il est de loin la figure la plus importante du Hamas, et le fait qu’il ait réussi à échapper à la capture ou à la mort a empêché Israël d’affirmer qu’il avait gagné la guerre et éradiqué le Hamas dans un conflit qui a décimé les rangs du groupe, mais aussi détruit la bande de Gaza et tué des dizaines de milliers de civils.

Des responsables usaméricains et israéliens ont déclaré que Sinwar avait abandonné les communications électroniques depuis longtemps et qu’il avait jusqu’à présent échappé à une traque sophistiquée des services de renseignement. On pense qu’il reste en contact avec l’organisation qu’il dirige grâce à un réseau de messagers humains. Le fonctionnement de ce système reste un mystère.

Il s’agit d’une méthode utilisée par les dirigeants du Hamas dans le passé et par d’autres chefs terroristes tels qu’Oussama ben Laden. Pourtant, la situation de Sinwar est plus complexe et encore plus frustrante pour les responsables usaméricains et israéliens.

Contrairement à Ben Laden dans ses dernières années, Sinwar gère activement une campagne militaire. Les diplomates impliqués dans les négociations sur le cessez-le-feu à Doha, au Qatar, affirment que les représentants du Hamas insistent sur le fait qu’ils ont besoin de l’avis de Sinwar avant de prendre des décisions importantes dans le cadre des pourparlers. En tant que chef du Hamas le plus respecté, il est le seul à pouvoir garantir que les décisions prises à Doha seront appliquées à Gaza.

Des entretiens avec plus de deux douzaines de fonctionnaires en Israël et aux USA révèlent que les deux pays ont consacré d’énormes ressources à la recherche de Sinwar.

Des fonctionnaires ont mis en place une unité spéciale au sein du siège du Shin Bet, le service de renseignement intérieur israélien, et les agences d’espionnage usaméricaines ont été chargées d’intercepter les communications de Sinwar. Les USA ont également fourni à Israël des radars géologiques pour l’aider dans sa traque et celle d’autres commandants du Hamas.

L’assassinat ou la capture de Sinwar aurait sans aucun doute un impact considérable sur la guerre. Les responsables usaméricains pensent que cela permettrait au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou de revendiquer une victoire militaire significative et pourrait le rendre plus enclin à mettre fin aux opérations militaires dans la bande de Gaza.

En revanche, l’effet de la mort de Sinwar sur les négociations en vue de la libération des otages saisis le 7 octobre est moins évident. S’il est éliminé, ses successeurs pourraient être beaucoup moins enclins à conclure un accord avec Israël.


Une affiche de Sinwar placardée dans une fenêtre de Beyrouth. Il gère activement une campagne militaire dans la clandestinité. Photo Chris Mcgrath/Getty Images

La communication avec Sinwar est devenue plus difficile, selon des responsables israéliens, qataris, égyptiens et usaméricains. Il avait l’habitude de répondre aux messages en quelques jours, mais les responsables ont déclaré qu’il fallait beaucoup plus de temps pour obtenir une réponse de sa part au cours des derniers mois, et que certains de ses adjoints ont parfois été ses mandataires dans ces discussions.

Sinwar, âgé de 61 ans, a été déclaré chef politique du groupe au début du mois d’août, quelques jours après qu’Ismail Haniyeh, le chef politique précédent, a été tué dans un attentat israélien à Téhéran.

En réalité, Sinwar a longtemps été considéré comme le chef de facto du Hamas, même si les agents politiques du groupe basés à Doha détenaient les titres officiels de direction.

La pression exercée sur le chef du Hamas a rendu beaucoup plus difficile la communication avec les commandants militaires et la direction des opérations quotidiennes, bien que les responsables usaméricains aient déclaré qu’il avait toujours la capacité de dicter la stratégie générale du groupe.

C’est plusieurs semaines après les attaques du 7 octobre, qui ont fait au moins 1 200 morts, qu’un comité spécial composé de hauts responsables des services de renseignement et de l’armée israélienne a approuvé une liste de commandants et de responsables politiques du Hamas à abattre. De nombreux hommes figurant sur cette liste, dont Haniyeh, ont été tués au cours des mois qui ont suivi.

À chaque assassinat, le ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, a mis un « X » sur un nom figurant sur le diagramme des dirigeants du Hamas qu’il conserve sur son mur.

Mais Sinwar, le plus important de tous, est toujours en liberté.

27/08/2024

Profiteurs de guerre : les grandes entreprises de production militaire vont enregistrer des chiffres d’affaires record suite à l’explosion des commandes

Les analystes estiment que l’industrie pourrait intensifier les rachats d’actions, les opportunités de fusions-acquisitions étant limitées.

 Sylvia Pfeifer et Patrick Mathurin à Londres, Patricia Nilsson à Francfort et Emma Dunkley pour complément d’information, Financial Times, 27/8/2024

Traduit par  Fausto GiudiceTlaxcala

Les plus grandes entreprises mondiales du secteur de l’aérospatiale et de la défense devraient engranger des niveaux records de liquidités au cours des trois prochaines années, car elles bénéficient d’une augmentation des commandes gouvernementales pour de nouvelles armes dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes.

Selon une analyse réalisée par Vertical Research Partners pour le compte du Financial Times, les 15 premières entreprises de défense devraient enregistrer un flux de trésorerie disponible de 52 milliards de dollars en 2026, soit près du double de leur flux de trésorerie combiné à la fin de l’année 2021.

Les cinq principaux entrepreneurs usaméricains du secteur de la défense devraient générer un flux de trésorerie de 26 milliards de dollars d’ici à la fin 2026, soit plus du double du montant enregistré en 2021. Ces chiffres ne tiennent pas compte de Boeing, en raison de ses récents problèmes et de son fort basculement vers l’aérospatiale civile.

En Europe, les champions nationaux BAE Systems, Rheinmetall et le suédois Saab, qui ont bénéficié de nouveaux contrats pour des munitions et des missiles, devraient voir leurs flux de trésorerie combinés augmenter de plus de 40 %.

L’industrie bénéficie d’une forte augmentation des dépenses militaires, les gouvernements augmentant leurs budgets en réponse à l’invasion massive de l’Ukraine par la Russie et à l’escalade des tensions au Moyen-Orient et en Asie.

Aux USA, les récentes lois d’aide à l’Ukraine, à Taïwan et à Israël ont alloué près de 13 milliards de dollars à la production d’armes par les cinq plus grands groupes de défense USaméricains - Lockheed Martin, RTX, Northrop Grumman, Boeing et General Dynamics - et leurs fournisseurs. Au Royaume-Uni, le ministère de la défense a engagé 7,6 milliards de livres pour l’aide militaire à l’Ukraine au cours des trois dernières années, y compris pour la reconstitution des stocks.

L’augmentation des dépenses publiques a déjà propulsé les carnets de commande à un niveau presque record. Il faut généralement plusieurs années pour que les nouveaux contrats se traduisent par une augmentation des ventes - les entreprises de défense enregistrent la majorité de leurs ventes une fois les armes livrées - mais les flux de trésorerie croissants suscitent déjà un débat sur la manière dont l’industrie dépensera l’argent.

« C’est la question à un milliard de dollars pour l’industrie : les entreprises n’aiment généralement pas conserver de grandes quantités de liquidités dans leurs bilans, alors que font-elles de tout cet argent si les acquisitions ne sont pas si simples ? Les rachats d’actions et les dividendes sont une solution », a déclaré Robert Stallard, analyste chez Vertical Research.

Les entreprises avaient déjà consacré des milliards de dollars aux rachats d’actions avant l’afflux récent de nouvelles commandes ; certaines d’entre elles ont même eu recours à un effet de levier supplémentaire pour ce faire. Selon les données de la Bank of America, l’année dernière a été la plus forte pour les rachats d’actions par les entreprises du secteur de l’aérospatiale et de la défense aux USA et en Europe au cours des cinq dernières années, même si les niveaux restent bien inférieurs à ceux d’autres secteurs.

Lockheed Martin et RTX ont racheté près de 19 milliards de dollars d’actions l’année dernière. En Europe, BAE Systems a conclu cet été un programme de rachat de 1,5 milliard de livres sur trois ans et a immédiatement entamé un autre programme de rachat de 1,5 milliard de livres.

Les rachats massifs effectués par les entreprises usaméricaines avec l’argent du contribuable ont suscité des critiques de la part de certains parlementaires, qui se sont demandé si les entreprises investissaient suffisamment dans de nouvelles installations et dans la production. Les dirigeants ont insisté sur le fait qu’ils augmentaient les dépenses d’investissement tout en rendant de l’argent aux investisseurs.

Selon les analystes, les entreprises chercheront également à conclure davantage d’accords, tout en avertissant que les achats importants seront limités par les préoccupations réglementaires en matière de concurrence.

« Les fusions et acquisitions sont inévitablement la prochaine étape du cycle », dit Nick Cunningham, analyste chez Agency Partners. « Étant donné la longueur du cycle de l’industrie, il faut un certain temps pour que la capacité soit créée et que l’argent circule, mais l’énorme croissance du marché va générer de l’activité ».

Rheinmetall a annoncé au début du mois un accord de 950 millions de dollars pour l’acquisition de Loc Performance, un fabricant de pièces pour véhicules militaires basé dans le Michigan. L’entrepreneur allemand a déclaré que cette opération augmenterait ses chances de remporter des contrats de l’armée  usaméricaine pour des véhicules de combat et des camions tactiques d’une valeur de plus de 60 milliards de dollars.

Armin Papperger, directeur général, a déclaré aux analystes que l’ampleur de l’armée usaméricaine et de ses commandes valait la peine de s’adapter aux exigences strictes du pays pour les entrepreneurs étrangers du secteur de la défense, telles que le maintien d’une structure d’entreprise distincte avec une gestion parallèle et une production nationale.

« Même si nous n’attrapons pas l’un des gros poissons, nous attraperons des poissons plus petits et les petits poissons valent des milliards aux USA », a-t-il ajouté.

Les analystes de Bank of America ont noté que si Rheinmetall n’avait pas encore décidé comment financer l’opération, elle disposait de suffisamment de liquidités et de lignes de crédit disponibles pour aller de l’avant, ajoutant que l’entreprise s’attendait à terminer l’année avec une position de trésorerie d’environ 1 milliard d’euros.

Parmi les autres entreprises qui ont récemment réalisé des opérations en Amérique du Nord, on peut citer Renk, le fabricant de boîtes de vitesses pour chars d’assaut qui a récemment été partiellement coté à Francfort et qui a acquis l’année dernière le fabricant canadien de composants de suspension General Kinetics.

Czechoslovak Group est en train de faire une offre pour les activités de munitions de l’entreprise usaméricaine Vista Outdoor. L’été dernier, BAE Systems a payé 5,6 milliards de dollars pour Ball Aerospace, un fournisseur de systèmes spatiaux critiques. L’opération a été financée par des liquidités existantes et de nouveaux endettements dettes.

L’industrie spatiale européenne, de plus en plus compétitive, devrait connaître un regain d’activité. Airbus, Thales et Leonardo envisagent de fusionner certaines de leurs activités spatiales. L’ambition serait de créer une alliance paneuropéenne dans l’espace similaire à celle de MBDA, le champion européen des missiles, ont déclaré des personnes au fait des discussions.

La perspective d’une consolidation à plus grande échelle est peu probable en raison des problèmes de concurrence.

« Les entreprises de taille moyenne peuvent encore en racheter d’autres sans que les autorités de régulation ou les ministères de la défense ne s’en émeuvent outre mesure », explique Byron Callan, de Capital Alpha Partners, ajoutant que certaines entreprises de défense détenues par des investisseurs privés pourraient également être mises sur le marché à l’avenir.

Si les dépenses de défense devraient rester élevées au cours des prochaines années, le récent bond des commandes va probablement s’essouffler, en particulier lorsque la guerre en Ukraine aura pris fin.

Callan dit : « Il s’agit d’une activité cyclique. Même si les gens parlent de cycles de demande de 10 ans, la politique peut changer et les évaluations de sécurité peuvent changer, tout comme la demande de défense ».


 

 

YOSSI VERTER
Même lorsqu’ils parlent avec des otages libérées, les Netanyahou ne se concentrent que sur leurs propres malheurs
Bibi, Sara et Miri, un trio de pervers narcissiques et paranoïaques

Entretemps, le président Isaac Herzog devrait mettre à la poubelle le plan de la ministre des Transports et ancienne générale de brigade Miri Regev pour la cérémonie d’hommage aux communautés de la frontière de Gaza, un an après le 7 octobre.

Yossi Verter, Haaretz, 25/8/2024
Traduit par  
Fausto GiudiceTlaxcala

La réunion de vendredi 23 août avec les femmes qui ont survécu à la captivité à Gaza mais qui ont encore des proches détenus par le Hamas a duré trois heures. Des fuites audio de ces conversations, qui ont été diffusées sur Canal 12, ont révélé un Benjamin Netanyahou imperméable, sans cœur et totalement insensible.

À ses côtés était assise la personne qui a loyalement joué son rôle historique de partenaire égoïste, désengagée et pathétique. Son mari a été accusé de mentir, de fuir ses responsabilités, de ne pas s’excuser (« Je me suis excusé », a-t-il menti. Il a seulement exprimé des regrets - en anglais).

Après la réunion, les otages libérés Yocheved Lifshitz et Elena Troufanov ont déclaré que Netanyahou les avait regardés dans les yeux et leur avait dit qu’il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour leur rendre leurs proches (Oded, le mari de Yocheved, et Sasha, le fils d’Elena).

Mais d’autres déclarations qu’il a faites, et qui ont été diffusées plus tard, ont donné l’impression contraire.  Netanyahou n’est pas étranger aux métaphores stupéfiantes. Il a un jour comparé le fait de devoir quitter la résidence du Premier ministre après avoir perdu une élection aux colons qui ont été délogés de leurs maisons lors du retrait de Gaza. Il a également comparé ses négociations indirectes avec le chef du Hamas, Yahya Sinwar, à ses discussions avec la fédération syndicale Histadrout lorsqu’il était ministre des Finances.

Vendredi, la fille d’un otage lui a dit : « Je veux qu’ils soient là ! « Je veux qu’ils soient là ! » Il lui a répondu : « Et je veux marcher en ligne droite jusqu’en Italie ». Il a ensuite poussé le sarcasme encore plus loin : « S’il faut assécher la mer, faisons-le, où est le problème ? »


 Où va-t-il chercher tout ça ? Si l’armée israélienne doit quitter brièvement le corridor Philadelphie à la frontière sud de Gaza, est-ce comparable à l’assèchement de la mer ? S’il arrive à ses fins, il n’y aura pas d’accord, les otages mourront dans d’atroces souffrances, le Hezbollah attaquera et une guerre régionale pourrait s’ensuivre.

Et lorsqu’un survivant de la captivité s’en prend à lui : « Vingt personnes sont entrées vivantes, vous avez ramené 20 morts », il a répondu : « Mais 116 autres ont été libérés ».

Qu’est-ce que cela signifie ? Que dans tout mal il y a du bien ? Et lorsqu’une personne présente à la réunion a demandé : « Signez un accord qui les ramènera chez eux », il a répondu : « Quel accord ? Quel accord ? » Ses auditeurs étaient sous le choc.

Sara n’a pas déçu non plus. Elle n’a pris personne dans ses bras, n’a consolé personne, n’a exprimé aucune empathie, sauf pour une personne : son mari.

Elle était là pour une seule raison : le défendre et salir l’armée (il vaut mieux que ce soit elle qui le fasse). Ils se sont partagé le travail. Il a marmonné quelque chose comme « un blâme qui sera partagé à l’avenir », et elle a ajouté : « L’armée ne lui a rien dit. Comment aurait-il pu savoir ? »

Si elle parle de la nuit précédant le 7 octobre, elle a raison. Mais à quatre reprises l’année dernière, il a été averti que les efforts de son gouvernement pour saper le système judiciaire divisaient la nation, l’affaiblissaient, nuisaient à la dissuasion d’Israël et invitaient ses ennemis à l’attaquer.

Il a refusé d’écouter. Il s’est moqué des gens, les a écartés et les a méprisés. Sara, quant à elle, a informé les familles de la défense attendue du premier ministre devant une commission d’enquête (qu’il ne créera pas).

Vous vous trompez si vous pensez que Sara, face à des gens dont le monde entier s’est effondré, va cesser de penser à elle-même.

Lorsque le mot « mensonges » a été prononcé, elle a rejoué son monologue de victime destiné à rappeler à tout le monde qu’elle est psychologue - « un B.A. et un M.A. » - et que lorsqu’elle était étudiante, elle n’avait pas d’autre choix que d’aller à l’école. - et que lorsqu’elle était étudiante, aucun mensonge n’a été proféré à son sujet, comme c’est le cas depuis qu’elle est devenue l’épouse du Premier ministre. Pour elle, la réunion a atteint son but.

Le show de Sara et Miri

Au cours du week-end, le président Isaac Herzog a lancé à Netanyahou une bouée de sauvetage pour le protéger de ce qui s’annonce comme la mère de toutes les mésaventures : une veillée commémorative le 7 octobre, coordonnée par l’une des politiciennes israéliennes les plus clivantes, les plus grossières et les plus détestées. La cérémonie sera boycottée par la majeure partie du public, et en particulier par les personnes qu ‘elle est censée honorer.

Herzog a formulé sa lettre à Netanyahu de manière très polie, peut-être trop polie. Mais le message ne pouvait pas être confondu : pas touche, surtout pas à Miri Regev, que Netanyahou a nommée pour diriger la commémoration du jour le plus horrible de l’histoire d’Israël.

Herzog a présenté au public l’option la plus saine, en fait la seule : chaque communauté marquera la journée à sa manière (comme c’est le cas pour les autres journées de commémoration en Israël). De plus, la cérémonie principale aura lieu à la résidence du président à Jérusalem.

« Sans aucun élément politique », a écrit Herzog, exprimant (de l’avis du soussigné) son dégoût, partagé par de nombreux Israéliens, face à l’intention de Regev d’utiliser l’événement pour un discours du chef de gouvernement qui nous a conduits à la catastrophe.

Un premier ministre sain d’esprit et responsable aurait saisi la bouée de sauvetage et dit à Regev que « le président fait pression sur moi, je n’ai pas le choix », mettant ainsi fin à cet opéra tragi-comique.

Mais notre premier ministre n’est plus sain d’esprit depuis longtemps et, comme nous le savons, il ne prend pas de décisions tout seul. En matière de cérémonies, d’honneurs et de photos, le dernier mot revient à quelqu’un qui doit être obéi. Et Sara Netanyahou n’est pas quelqu’un qui renoncerait facilement à ce que Regev prévoit pour le couple.

En supposant que le plan du président soit rejeté, Herzog devrait simplement annoncer que la cérémonie se déroulera exactement comme il le propose. La réalité s’imposera et la cérémonie de Regev sera jetée à la poubelle.

Mme Regev dirige la commission des cérémonies et des symboles ; elle a convoqué une réunion de cette commission pour le 10 septembre. D’ici là, le président, les communautés dévastées et les faiseurs d’opinion publique diront ce qu’ils ont à dire. Lorsque Mme Regev se rendra compte que la cérémonie du 27 octobre, date correspondant à l’anniversaire selon le calendrier hébraïque, sera un échec cuisant, elle abandonnera.

En ce qui concerne les façonneurs d’opinion publique, le chanteur-compositeur Idan Amedi a publié ce week-end un message reprochant à Mme Regev ses remarques grossières sur les communautés qui lui ont dit qu’elles ne participeraient pas à la cérémonie. Elle a qualifié leurs critiques de « bruit de fond » et a comparé les cérémonies prévues par des kibboutzim tels que Be’eri, Nir Oz et Kfar Azza à la cérémonie annuelle conjointe (et souvent vilipendée) organisée par les familles palestiniennes et israéliennes endeuillées.

Entre-temps, le journaliste Hanoch Daum a annoncé qu’il n’animerait pas la cérémonie officielle, mais plutôt celle organisée par les victimes. Amedi, avant et après avoir été grièvement blessé lors des combats à Gaza, fait partie du consensus national. Il n’est certainement pas un manifestant gauchiste ou un membre du groupe « Frères et sœurs d’ armes ». Et Daum est un religieux de droite.

Les médias bibistes qui se sont mobilisés pour vilipender les opposants à la cérémonie honteuse de Miri et Sara auront du mal à inciter les gens à s’opposer à Amedi et Daum. Si Netanyahou n’écoute pas le président, il devrait au moins écouter ces deux-là. Ils représentent une partie importante de ses électeurs.

 

26/08/2024

QASSAM MUADDI
Le Hezbollah riposte à l’assassinat de son commandant en chef par Israël

Le Hezbollah a lancé des attaques de représailles contre Israël pour l’assassinat de son commandant en chef, Fouad Shukr, visant plusieurs bases militaires et l’unité 8200 de cyberguerre d’Israël. Voici ce qu’il faut savoir.

Qassam Muaddi , Mondoweiss, 25/8/2024
Traduit par  
Fausto Giudice
Tlaxcala

Après presque un mois d’attente suite à l’assassinat par Israël de Fouad Shukr, le plus haut commandant militaire du Hezbollah, le groupe libanais a déclaré dimanche qu’il avait conclu la première phase de ses représailles. Selon le premier communiqué du Hezbollah, ses combattants ont lancé un barrage de centaines de roquettes et de drones kamikazes sur « d’importantes cibles militaires israéliennes ».

Le Hezbollah a précisé dans un communiqué qu’il avait lancé 320 roquettes Katioucha sur des positions israéliennes afin de « dégager la voie pour que les drones puissent traverser en toute sécurité vers la cible dans la profondeur de l’entité [Israël] », ajoutant que l’opération s’était achevée « avec succès ».

Les médias israéliens ont cité l’armée israélienne qui a déclaré que l’attaque du Hezbollah « aurait visé le quartier général du Mossad près de Tel Aviv », ce qui signifierait que l’attaque a atteint quelque 100 kilomètres au-delà de la frontière.


 Dessin de Kamal Sharaf

Israël dit avoir neutralisé une attaque plus importante, le Hezbollah dément

L’armée israélienne a déclaré dans un communiqué avoir lancé une « attaque préventive » contre le Hezbollah après avoir « détecté des préparatifs en vue de lancer des roquettes contre Israël ». L’armée a ajouté que ses positions et ses bases n’avaient pas été touchées et qu’elle avait « stoppé une attaque plus importante que le Hezbollah préparait ». L’armée israélienne a également déclaré que l’attaque qu’elle avait neutralisée comprenait quelque 6 000 roquettes préparées pour être lancées sur Israël, y compris des missiles balistiques à longue portée. L’armée a également affirmé que ses frappes avaient détruit « des milliers de rampes de lancement de roquettes ».

Les autorités libanaises ont confirmé qu’un grand nombre de frappes israéliennes avaient visé des villes du Sud-Liban et s’étaient étendues jusqu’à 100 kilomètres à l’intérieur du territoire libanais.

Le Hezbollah a démenti les affirmations israéliennes concernant le ciblage de milliers de roquettes et de rampes de lancement dans un communiqué ultérieur, déclarant que « tous les drones ont quitté leurs bases à l’heure prévue et ont traversé la frontière en toute sécurité en direction de cette cible », affirmant que les affirmations d’Israël étaient « sans fondement ».

Le Premier ministre israélien, Netanyahou, a déclaré dans un communiqué dimanche que les frappes israéliennes sur le Liban dimanche matin constituaient « une nouvelle étape pour changer la situation dans le nord et permettre aux résidents [israéliens] de rentrer chez eux en toute sécurité ».

À la suite de l’attaque de dimanche, un certain nombre d’autorités locales des villes israéliennes du nord ont déclaré qu’elles boycotteraient les instructions du gouvernement israélien jusqu’à ce que la sécurité israélienne soit rétablie dans le nord.

Israël a déclaré l’état d’urgence dans le centre du pays et dans la région de Tel Aviv à la suite de l’attaque du Hezbollah, y compris la fermeture de l’aéroport Ben Gourion. Les autorités ont ensuite levé les consignes d’urgence et rouvert l’aéroport.

Le quotidien israélien Israel Hayom a rapporté qu’Israël avait envoyé un message à un certain nombre de pays indiquant qu’Israël avait attaqué des cibles du Hezbollah dimanche mais ne voulait pas élargir la guerre, affirmant que si le Hezbollah était satisfait de sa réponse, il pourrait alors considérer le dossier de l’assassinat de Fouad Shukr comme clos.

Nasrallah : Le Hezbollah pourrait encore utiliser des missiles balistiques à longue portée à l’avenir

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré dimanche lors d’un discours en direct que le Hezbollah avait retardé sa réponse à l’assassinat de Fouad Choukr par Israël afin de donner une chance aux pourparlers sur le cessez-le-feu.

Le discours de Nasrallah, annoncé par le Hezbollah dans une déclaration après l’attaque de dimanche contre Israël, avait été programmé précédemment comme un discours annuel pour marquer un événement religieux chiite [l’Arbaïn, quarantième jour de l’Achoura, le deuil du martyre de l’imam Hussein ben Ali, NdT] . La déclaration du Hezbollah à 18 heures, heure locale, a clarifié les détails de l’opération de dimanche, en réponse à la version israélienne des événements de la journée.

Selon Nasrallah, le Hezbollah avait retardé ses représailles à la frappe israélienne sur le quartier sud de Dahiya à Beyrouth et à l’assassinat de Shukr le 31 juillet en raison des pourparlers sur le cessez-le-feu qui ont débuté à la mi-août, puisque « l’objectif du front [libanais] est d’arrêter l’agression sur Gaza ».

« Lorsqu’il est apparu clairement que Netanyahou ajoutait de nouvelles conditions et que les USAméricains étaient complices, nous avons conclu qu’il ne servait plus à rien de retarder notre réponse », a ajouté  Nasrallah.

Selon lui, l’attaque de représailles visait le siège de la branche israélienne du renseignement militaire, qui comprend l’unité 8200 du corps de guerre cybernétique israélien, dans la région de Glilot, à quelque 110 kilomètres de la frontière libanaise et à seulement 1,5 kilomètre de la périphérie de Tel-Aviv.

Le choix de la cible, selon Nasrallah, est dû à son lien avec l’assassinat de Shukr, à sa proximité avec Tel-Aviv et à sa nature militaire et non civile.

Nasrallah a également démenti les affirmations israéliennes selon lesquelles Israël aurait détruit de manière préventive des milliers de missiles qui, selon les médias israéliens, étaient destinés à frapper Tel-Aviv et l’aéroport Ben Gourion, ce que Nasrallah a qualifié de «mensonges ». Il a affirmé que les sites de lancement visés dimanche matin avaient été évacués plus tôt au cours de la guerre et n’étaient pas opérationnels au moment de la frappe. Le Hezbollah avait débarrassé ces sites des missiles balistiques à longue portée après avoir décidé de ne pas les utiliser au cours de cette phase de la guerre, bien que, a-t-il précisé,  l’organisation pourrait les utiliser à l’avenir.

Nasrallah a conclu son discours en affirmant que le Hezbollah évaluerait l’impact de l’opération de dimanche et que s’il estimait que les résultats n’étaient pas suffisants, il riposterait à nouveau à une date ultérieure.

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Post-Scriptum

Lire sur le même sujet ce court résumé posté le 27 août 2024 sur le compte Facebook de Gilad Atzmon :

Le Hezbollah a attiré Israël dans une « attaque préventive ». Les Israéliens sont tombés dans le piège et ont immédiatement annoncé qu’ils avaient détruit « 6000 lance-roquettes ennemis », rien de moins. Ils adorent le chiffre six, mais en fait, ils n’ont pas touché une seule cible militaire du Hezbollah. Sur les images diffusées par les for ces de défense israéliennes ce jour-là, il n’y a pas eu la moindre explosion secondaire. Les Israéliens ont largué des bombes exactement là où le Hezbollah voulait qu’elles touchent.

De son côté, le Hezbollah a reçu l’autorisation de riposter. Il a lancé avec succès un raid de 350 roquettes sur le nord d’Israël, étendant son rayon d’action plus loin dans le nord du pays. Certains commentateurs israéliens admettent déjà que la frontière nord d’Israël se trouve désormais à 40 km au sud de l’endroit où elle se trouvait le 6 octobre…

La philosophie de la résistance est assez simple. Ils veulent mener une longue et épuisante guerre d’usure à laquelle Israël ne peut faire face. L’aspect le plus étonnant ici est que la résistance a une stratégie avec un objectif clair, leur stratégie est soutenue par leurs moyens tactiques et l’esprit du peuple.

Israël et l’Amérique, de leur côté, n’ont pas de stratégie du tout, ils sont investis dans une mauvaise pensée tactique lucrative, ils ne peuvent même pas définir leurs objectifs militaires… ils sont en train de perdre la guerre sur tous les fronts…“.

 

JACK NICAS
Comment être vraiment libre : les leçons d’un président philosophe
Rencontre avec Pepe Mujica et Lucía Topolansky

Pepe Mujica, ancien président spartiate de l’Uruguay et philosophe au franc-parler, offre la sagesse d’une vie riche alors qu’il lutte contre le cancer.

Jack Nicas, The New York Times, 23/8/2024
Photos de Dado Galdieri
Traduit par  
Fausto GiudiceTlaxcala
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Jack Nicas est le chef du bureau brésilien du New York Times, basé à Rio de Janeiro, d’où il couvre une grande partie de l’Amérique du Sud. @jacknicas

 

Il y a dix ans, le monde a été brièvement fasciné par José Mujica. C’était le président uruguayen à l’allure folklorique, qui avait boudé le palais présidentiel de son pays pour vivre dans une minuscule maison au toit de tôle avec sa femme et son chien à trois pattes.

Dans des discours prononcés devant des dirigeants du monde entier, dans des interviews avec des journalistes étrangers et dans des documentaires diffusés sur Netflix, Pepe Mujica, comme on l’appelle universellement, a raconté d’innombrables anecdotes sur une vie digne d’un film. Il a braqué des banques en tant que guérillero urbain de gauche, a survécu à 15 ans de détention, notamment en se liant d’amitié avec une grenouille alors qu’il était enfermé dans un trou dans le sol, et a contribué à la transformation de sa petite nation sud-américaine en l’une des démocraties les plus saines et les plus socialement libérales du monde.

Mais l’héritage de Mujica ne se résume pas à son histoire haute en couleur et à son engagement en faveur de l’austérité. Il est devenu l’une des figures les plus influentes et les plus importantes d’Amérique latine en grande partie grâce à sa philosophie simple sur la voie vers une société meilleure et une vie plus heureuse.

Aujourd’hui, comme le dit M. Mujica, il lutte contre la mort. En avril, il a annoncé qu’il allait subir une radiothérapie pour une tumeur à l’œsophage. À 89 ans et déjà atteint d’une maladie auto-immune, il a admis que le chemin de la guérison serait ardu.

La semaine dernière, je me suis rendu à la périphérie de Montevideo, la capitale de l’Uruguay, pour rendre visite à M. Mujica dans sa maison de trois pièces, remplie de livres et de bocaux de légumes à mariner, dans la petite ferme où il cultive des chrysanthèmes depuis des décennies. Alors que le soleil se couche sur une journée d’hiver, il est emmitouflé dans une veste d’hiver et un bonnet de laine devant un poêle à bois. Le traitement l’a affaibli et l’a empêché de manger.

« Vous parlez à un vieil homme étrange », dit-il en se penchant pour me regarder de près, une lueur dans les yeux. « Je ne suis pas à ma place dans le monde d’aujourd’hui ».

Et c’est ainsi que nous avons commencé.

Cet entretien a été rédigé et condensé pour plus de clarté.

José Mujica subit des radiations pour une tumeur à l’œsophage.

Comment se porte votre santé ?

J’ai subi une radiothérapie. Mes médecins ont dit que tout s’était bien passé, mais je suis brisé.

Je pense que l’humanité, telle qu’elle va, est condamnée.

Pourquoi dites-vous cela ?

Nous perdons beaucoup de temps inutilement. Nous pouvons vivre plus pacifiquement. Prenez l’Uruguay. L’Uruguay compte 3,5 millions d’habitants. Il importe 27 millions de paires de chaussures. Nous fabriquons des déchets et travaillons dans la douleur. Pour quoi?

Vous êtes libre lorsque vous échappez à la loi de la nécessité - lorsque vous consacrez le temps de votre vie à ce que vous désirez. Si vos besoins se multiplient, vous passez votre vie à les satisfaire.

Les humains peuvent créer des besoins infinis. Le marché nous domine et nous prive de notre vie.

L’humanité a besoin de travailler moins, d’avoir plus de temps libre et d’être plus enracinée. Pourquoi tant de déchets ? Pourquoi faut-il changer de voiture ? Changer de frigo ?

Il n’y a qu’une vie et elle a une fin. Il faut lui donner un sens. Se battre pour le bonheur, pas seulement pour la richesse.

Croyez-vous que l’humanité peut changer ?

Elle pourrait changer. Mais le marché est très fort. Il a généré une culture subliminale qui domine notre instinct. C’est subjectif. C’est inconscient. Elle a fait de nous des acheteurs voraces. Nous vivons pour acheter. Nous travaillons pour acheter. Et nous vivons pour payer. Le crédit est une religion. Nous sommes donc un peu dans la merde.

Il semble que vous n’ayez pas beaucoup d’espoir.

Biologiquement, j’ai de l’espoir, parce que je crois en l’homme. Mais quand j’y pense, je suis pessimiste.

Pourtant, vos discours ont souvent un message positif.

Parce que la vie est belle. Avec ses hauts et ses bas, j’aime la vie. Et je suis en train de la perdre parce que c’est mon heure de partir. Quel sens pouvons-nous donner à la vie ? L’homme, comparé aux autres animaux, a la capacité de trouver un but.

Ou pas. Si vous ne le trouvez pas, le marché vous fera payer des factures jusqu’à la fin de vos jours.

Si vous le trouvez, vous aurez une raison de vivre. Ceux qui enquêtent, ceux qui jouent de la musique, ceux qui aiment le sport, n’importe quoi. Quelque chose qui remplit votre vie.

La maison de trois pièces de M. Mujica. Il a évité le palais présidentiel pour vivre ici.

Pourquoi avez-vous choisi de vivre dans votre propre maison en tant que président ?

Les vestiges culturels du féodalisme demeurent. Le tapis rouge. Le clairon. Les présidents aiment être louangés.

Une fois, je suis allé en Allemagne et on m’a mis dans une Mercedes-Benz. La portière pesait environ 3 000 kilos. Ils ont mis 40 motos devant et 40 autres derrière. J’ai eu honte.

Nous avons une maison pour le président. Elle a quatre étages. Pour prendre un thé, il faut marcher trois pâtés de maisons. Inutile. Ils devraient en faire un lycée.

Comment aimeriez-vous qu’on se souvienne de vous ?

Ah, comme ce que je suis : un vieux fou.

C’est tout ? Vous avez fait beaucoup.

Je n’ai qu’une chose. La magie du mot.

Le livre est la plus grande invention de l’homme. C’est dommage que les gens lisent si peu. Ils n’ont pas le temps.

Aujourd’hui, les gens lisent beaucoup sur leur téléphone.

Il y a quatre ans, j’ai jeté le mien. Il me rendait fou. Toute la journée à dire des conneries.

Il faut apprendre à parler avec la personne qui est en nous. C’est elle qui m’a sauvé la vie. Comme j’ai été seul pendant de nombreuses années, cela m’est resté.

Quand je suis dans le champ à travailler avec le tracteur, je m’arrête parfois pour voir comment un petit oiseau construit son nid. Il est né avec le programme. Il est déjà architecte. Personne ne lui a appris. Connaissez-vous l’oiseau hornero [fournier] ? Ce sont de parfaits maçons.

J’admire la nature. J’ai presque une sorte de panthéisme. Il faut avoir les yeux pour la voir.

Les fourmis sont de véritables communistes. Elles sont bien plus anciennes que nous et nous survivront. Toutes les animaux vivant en colonies sont très forts.

Des bibelots et des souvenirs dans la maison de M. Mujica.

Revenons aux téléphones : Vous voulez dire qu’ils sont trop puissants pour nous ?

Ce n’est pas la faute du téléphone. C’est nous qui ne sommes pas prêts. Nous en faisons un usage désastreux.

Les enfants se promènent avec une université dans leur poche. C’est merveilleux. Mais nous avons plus progressé en technologie qu’en valeurs.

Pourtant, c’est dans le monde numérique que se déroule aujourd’hui une grande partie de la vie.

Rien ne remplace cela. (Il fait un geste vers nous deux en train de parler.) C’est intransmissible. Nous ne parlons pas seulement avec des mots. Nous communiquons avec des gestes, avec notre peau. La communication directe est irremplaçable.

Nous ne sommes pas si robotisés. Nous avons appris à penser, mais nous sommes d’abord des êtres émotionnels. Nous pensons que nous décidons avec notre tête. Souvent, la tête trouve les arguments pour justifier les décisions prises par les tripes. Nous ne sommes pas aussi conscients qu’il y paraît.

Et c’est très bien ainsi. C’est ce mécanisme qui nous maintient en vie. C’est comme la vache qui suit ce qui est vert. S’il y a du vert, il y a de la nourriture. Il sera difficile de renoncer à ce que nous sommes.

Vous avez dit dans le passé que vous ne croyiez pas en Dieu. Quelle est votre vision de Dieu à ce moment de votre vie ?

Soixante pour cent de l’humanité croit en quelque chose, et cela doit être respecté. Il y a des questions sans réponse. Quel est le sens de la vie ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ?

Nous n’acceptons pas facilement le fait que nous sommes une fourmi dans l’infini de l’univers. Nous avons besoin de l’espérance de Dieu parce que nous voulons vivre.

« Avec tous ses hauts et ses bas, j’aime la vie », dit Mujica. « Et je suis en train de la perdre parce que c’est mon heure de partir. »

Avez-vous une sorte de Dieu ?

Non. Je respecte beaucoup les gens qui croient. C’est comme une consolation face à l’idée de la mort.

La contradiction de la vie, c’est qu’il s’agit d’un programme biologique conçu pour lutter pour vivre. Mais à partir du moment où le programme démarre, vous êtes condamné à mourir.

Il semble que la biologie soit un élément important de votre vision du monde.

Nous sommes interdépendants. Nous ne pourrions pas vivre sans les procaryotes que nous avons dans notre intestin. Nous dépendons d’un certain nombre d’insectes que nous ne voyons même pas. La vie est une chaîne et elle est encore pleine de mystères.

J’espère que la vie humaine sera prolongée, mais je suis inquiet. Il y a beaucoup de fous avec des armes atomiques. Beaucoup de fanatisme. Nous devrions construire des moulins à vent. Pourtant, nous dépensons pour les armes.

L’homme est un animal compliqué. Il est à la fois intelligent et stupide.

Une version de cet article a été publiée le 24 août 2024, section A, page 6 de l’édition de New York avec le titre suivant : « Philosopher President, near His End, on How to Be Truly Free (Le président philosophe , proche de sa fin, sur la façon d’être vraiment libre).

"Ulpiano" et "La Tronca" au temps de la clandestinité et après leur libération en 1985



Deux rebelles armés à la tête d’une nation : une histoire d’amour

Jack Nicas, The New York Times, 23/8/2024

Mauricio Rabuffetti a contribué au reportage depuis Montevideo.

José Mujica et Lucía Topolansky ont longtemps été mariés l’un à l’autre - et à leur cause politique de gauche.

José Mujica, à gauche, et Lucía Topolansky appartenaient à un groupe de guérilla de gauche, les Tupamaros, lorsqu’ils se sont rencontrés au début des années 1970.

Il dirigeait une bande de rebelles armés. Elle était experte en falsification de documents. Ils braquaient des banques, organisaient des évasions de prison et s’aimaient.

Au début des années 1970, José Mujica et Lucía Topolansky étaient membres d’une violente guérilla de gauche, les Tupamaros. Pour eux, leurs crimes étaient justifiés : ils luttaient contre un gouvernement répressif qui avait pris le contrôle de leur petite nation sud-américaine, l’Uruguay.

Il avait 37 ans et elle 27 lorsque, au cours d’une opération clandestine, ils se sont rencontrés pour la première fois. « C’était comme un éclair dans la nuit », se souvient M. Mujica, aujourd’hui âgé de 89 ans, bien des années plus tard, à propos de leur première nuit ensemble, cachés à flanc de montagne.

Au milieu de la guerre, ils ont trouvé l’amour. Mais quelques semaines plus tard, ils ont été jetés en prison, où ils ont été soumis à la torture et aux mauvais traitements. En 13 ans, ils n’ont réussi à échanger qu’une seule lettre. Les gardiens ont confisqué le reste.

En 1985, la dictature uruguayenne a pris fin. Ils ont été libérés le même jour et se sont rapidement retrouvés.

Ce fut un moment crucial dans leur extraordinaire histoire d’amour. Après plus d’une décennie de séparation, leur amour était toujours vivant, tout comme la cause commune qui les avait d’abord unis.

« Le lendemain, nous avons commencé à chercher un endroit où rassembler nos camarades. Nous devions commencer le combat politique », m’a dit Mme Topolansky, 79 ans, lors d’un entretien accordé la semaine dernière dans leur maison. « Nous n’avons pas perdu une minute. Et nous n’avons jamais arrêté, parce que c’est notre vocation. C’est le sens de notre vie ».

Au cours des décennies suivantes, M. Mujica et Mme Topolansky sont devenus deux des personnalités politiques les plus importantes de leur pays, contribuant à transformer l’Uruguay en l’une des démocraties les plus saines du monde, régulièrement louée pour la solidité de ses institutions et la civilité de sa politique.

Mme Topolansky et M. Mujica traversant la rue devant le Palais législatif, siège du parlement uruguayen, en 2000. Photo El País Uruguay

Ils ont tous deux été élus au Congrès uruguayen et se rendaient au travail ensemble sur le même cyclomoteur.

En 2009, M. Mujica, connu sous le nom de Pepe, a été élu président, couronnant ainsi un parcours politique remarquable. Lors de son investiture, comme le veut la tradition, il a reçu l’écharpe présidentielle des mains de la sénatrice qui avait obtenu le plus de voix : Mme Topolansky. Elle lui a également donné un baiser.

M. Mujica a été élu président en 2009 et Mme Topolansky, sénatrice, a remis l’écharpe présidentielle à son mari lors de son investiture.

En 2017, Mme Topolansky a été nommée vice-présidente de l’Uruguay dans une autre administration de gauche. À plusieurs reprises, elle a été présidente par intérim du pays.

Parallèlement, loin des projecteurs, ils ont construit une vie tranquille dans une petite ferme de chrysanthèmes à l’extérieur de Montevideo, la capitale de l’Uruguay. Ensemble, ils s’occupaient de leurs fleurs et les vendaient sur les marchés. Ils ont souvent été aperçus ensemble dans leur Coccinelle Volkswagen 1987 bleu ciel ou en train d’écouter du tango dans l’un de leurs bars préférés de Montevideo.

Ils ont déclaré que la prison les avait privés de leur chance d’avoir des enfants. Au lieu de cela, ils se sont occupés d’innombrables chiens, dont un cabot à trois pattes nommé Manuela qui est devenu célèbre pour avoir souvent accompagné M. Mujica lorsqu’il était président.

Ils ne sont pas toujours romantiques. En 2005, ils vivaient ensemble depuis 20 ans mais n’étaient toujours pas mariés. Un soir, M. Mujica a accordé une interview à une émission de télévision nationale. « Il a dit au journaliste que nous allions nous marier. Je regardais l’émission et c’est ainsi que je l’ai appris », s’est souvenue Mme Topolansky la semaine dernière, en riant. « À cet âge, j’ai cédé ».

Mme Topolansky a été nommée vice-présidente de l’Uruguay sous une autre administration de gauche (Tabaré Vázquez). À plusieurs reprises, elle a été présidente par intérim du pays.

Ils se sont mariés lors d’une simple cérémonie à la maison. Ce soir-là, ils se sont rendus à un rassemblement politique.

« Nous avons uni deux utopies », a déclaré Mme Topolansky à un documentariste il y a quelques années. « L’utopie de l’amour et l’utopie de la lutte politique ».

Les détails de leur première rencontre sont restés vagues. Mme Topolansky a déclaré avoir fourni à M. Mujica des documents falsifiés. M. Mujica a déclaré que Mme Topolansky faisait partie d’une équipe qui l’avait aidé, lui et d’autres Tupamaros, à s’évader de prison, et qu’il l’avait aperçue pour la première fois lorsqu’il avait sorti la tête d’un tunnel.

Mme Topolansky a déclaré qu’il était difficile de se souvenir de ces détails pour une bonne raison. « ça ressemble beaucoup à ces récits de guerre, où les relations humaines sont déformées par le contexte. Vous fuyez, vous pouvez être arrêté, ils peuvent vous tuer. Il n’y a donc pas les limites habituelles de la vie normale », dit-elle.

Mme Topolansky en 2010, alors qu’elle était à la fois sénatrice et première dame, devant un écran diffusant une image de M. Mujica, alors président nouvellement assermenté. Photo Pablo Porciuncula/Agence France-Presse - Getty Images

Mais ce sont aussi ces conditions difficiles qui ont allumé leur feu. « Quand on vit dans la clandestinité, l’affection est très importante. On abandonne beaucoup. Alors quand une relation et l’amour se manifestent, on gagne beaucoup », avait-elle déclaré au cinéaste il y a plusieurs années.

Aujourd’hui, ils disent être entrés dans l’un de leurs moments les plus difficiles. En avril, on a diagnostiqué à M. Mujica une tumeur à l’œsophage. La radiothérapie l’a affaibli.

La semaine dernière, il s’est assis devant le poêle à bois de la maison qu’ils partagent depuis près de quarante ans, tandis que Mme Topolansky l’aidait à enfiler une couche supplémentaire au coucher du soleil. « L’amour a des âges. Quand on est jeune, c’est un feu de joie. Quand vous êtes un vieil homme, c’est une douce habitude », dit-il. « Je suis en vie grâce à elle ».

Le couple dit être entré dans l’un de ses moments les plus difficiles. En avril, on a diagnostiqué à M. Mujica une tumeur à l’œsophage.