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01/12/2024

GIDEON LEVY
Personne en Israël ne célèbre la fin partielle d’une guerre vaine de plus

Gideon Levy, Haaretz,  28/11/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Avec une opposition minimale et un sentiment d’aigreur, d’amertume et parfois de colère, une guerre israélienne inutile de plus dans le nord a pris fin mercredi 25 novembre. Les morts sont enterrés - en conservant le ratio normal d’environ 4 000 [libanais] pour environ 100 [israéliens]. Les blessés sont en cours de rééducation, les personnes endeuillées font leur deuil et sont en état de choc post-traumatique, les maisons sont en ruines et rien n’est mieux nulle part à la fin de cette guerre inutile qu’avant qu’elle n’éclate. Les remarques finales du premier ministre, mardi soir, l’ont bien illustré.


Soldats israéliens près de la frontière libanaise, mercredi. Photo Reuters

Dans un discours décourageant prononcé à l’occasion du cessez-le-feu dans le nord, Benjamin Netanyahou a énuméré les réalisations de la guerre : le nombre de personnes que nous avons tuées et la quantité de choses que nous avons détruites, comme si la mesure du sang et l’ampleur des destructions constituaient une réalisation. « La terre a tremblé à Beyrouth », s’est-il vanté. Et alors ? Quel bénéfice Israël a-t-il tiré de ce tremblement de terre, si ce n’est l’assouvissement d’une soif de vengeance ? Qu’est-ce que quelqu’un d’autre que l’industrie de l’armement et les barons de la guerre a gagné ?
Netanyahou n’a pas tenté un seul instant d’offrir ne serait-ce qu’une once d’espoir pour un avenir différent. Il a seulement promis que nous recommencerions à tuer et à détruire au prochain tour. La seule vision israélienne est de continuer à vivre par l’épée, et seulement par l’épée, pour toujours.
La plupart des Israéliens sont dans le même état d’esprit. Dans le vide, une partie de l’opposition s’est prononcée contre le cessez-le-feu, tandis que les partisans de Bibi ont avalé bruyamment et se sont tortillés d’inconfort. Une autre guerre s’achève sans qu’aucun camp politique ne se réjouisse. Dans ces régions, de tels sentiments sont réservés au début des guerres, pas à leur fin.
Dans ce cas, à quoi a servi ce spectacle violent ? Israël est-il plus sûr aujourd’hui ? La Galilée l’est-elle ? La position internationale du pays s’est-elle améliorée ? L’économie s’est-elle améliorée ? L’esprit ou l’humeur de la population se sont-ils améliorés ? Y a-t-il quoi que ce soit d’autre ? Ce ne sont que les dégâts qui se sont à nouveau accumulés, atteignant des sommets sans précédent.
Dès le premier jour de la guerre, il était clair que se battre sur deux fronts ne mènerait pas à un avenir meilleur. C’est ce qui arrive quand on se lance dans des guerres punitives, dont le seul but est de satisfaire l’opinion publique. Ils diront : « Il n’y a pas d’alternative. » Ils ont dit : « C’est eux qui ont commencé ». Ils ont invoqué la légitime défense. Tout cela est vrai, mais quels objectifs ont été atteints, si ce n’est les assassinats en masse qui engendreront rapidement de nouvelles lignes de commandement, et les massacres et destructions qui ont déjà engendré une haine brûlante plus justifiée que jamais dans le monde entier ?
Israël a gagné militairement au Liban et à Gaza, mais a perdu sur tous les autres plans. Ses dirigeants sont recherchés à La Haye et ses citoyens sont ostracisés dans le monde. Gaza et le Liban étaient deux guerres choisies. Dès le départ, il était clair qu’il aurait été permis de les mener, mais que ça serait terriblement stupide.
Il était possible et nécessaire de ne pas mener une guerre aussi horrible contre Gaza, même après le 7 octobre. La guerre n’a pas rendu les morts ni les otages. Il était également possible et nécessaire de ne pas mener la guerre contre le Hezbollah. Ce qui a été obtenu grâce à l’accord de mardi pouvait être obtenu sans guerre : en arrêtant la guerre à Gaza. Par conséquent, le raisonnement selon lequel Israël n’avait pas le choix est faux. C’est particulièrement scandaleux quand on voit comment cela s’est terminé et à quel prix. Il aurait donc mieux valu ne pas faire la guerre à Gaza, sans quoi il n’y aurait pas eu non plus de guerre dans le nord.
Les familles endeuillées ont essayé de se convaincre que leurs fils n’étaient pas morts en vain, qu’ils étaient morts pour défendre la patrie. Il est difficile de les contredire, mais quelle défense de la patrie y a-t-il dans l’effroyable destruction et la mort à Gaza et dans l’effroyable châtiment au Liban ?
Tout ce qu’Israël voulait obtenir avec l’accord dans le nord, c’était un temps mort jusqu’à la prochaine guerre. Il n’y a même pas eu de tentative de faire autre chose. À Gaza, la réalité est encore pire. Là-bas, les tueries ne sont que des tueries et n’ont pas de fin. C’est une politique désastreuse.
Israël maintient le droit à l’autodéfense, mais aucun des deux fronts n’a abordé cette question. Si Israël avait voulu se défendre, il aurait dû savoir ce qu’il voulait obtenir à la fin de la guerre. Il n’en avait aucune idée et, par conséquent, il s’agissait d’une guerre de plus menée en vain, dont la fin partielle n’est même pas célébrée. Israël veut des guerres.

 

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