Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Si Benjamin Netanyahou n’avait pas été Premier ministre pendant 16 ans, est-ce que cette terrible guerre n’aurait pas éclaté ?
La guerre aurait-elle été différente ? Peut-on être sûr que la surprise et le fiasco du 7 octobre n’auraient pas eu lieu ? Les otages n’auraient-ils pas été pris ? Israël n’aurait pas perpétré une tuerie de masse aussi horrible à Gaza ?
Il ne s’agit pas de questions “et si”, ni de réduire d’un iota l’ampleur de la responsabilité de Netanyahou et la gravité de ce qu’on peut lui reprocher pour ce qui s’est passé. Netanyahou doit partir, hier, aujourd’hui, demain, comme l’ensemble du gouvernement de zéros qu’il a formé et qui nous a conduits au bord de l’abîme.
Mais existe-t-il des dirigeants en Israël qui agiraient d’une manière fondamentalement différente à l’égard de Gaza et des Palestiniens ? Certainement pas.
Faire porter à Netanyahou l’entière responsabilité de tous les malheurs d’Israël revient à dire que s’il n’avait pas été là, tout aurait été différent. C’est ce que les partisans du « Tout sauf Bibi » font depuis le premier jour. Sans Netanyahou, Gaza n’aurait pas été une prison, les colonies n’auraient pas pourri Israël et Tsahal aurait été une armée morale.
Ce n’est pas vrai, bien sûr. Il y a suffisamment de choses pour lesquelles, sans Netanyahou, Israël aurait été un meilleur endroit, mais la levée de la malédiction de l’occupation et du siège n’en fait pas partie.
Il existe en Israël des hommes politiques honnêtes, pleins de bonnes intentions, qui sont plus modestes et plus fidèles à leurs positions que lui - il aurait été plus agréable d’être des occupants sous leur direction.
Israël serait resté le même État d’apartheid, mais avec de plus beaux atours. Netanyahou a corrompu le système politique et l’a infecté, il a détruit la justice et les forces de l’ordre, et pour ce qui est de sa conduite personnelle, mieux vaut ne pas entrer là-dedans.
Mais lorsqu’il s’agit du cœur du problème, le cœur qu’Israël fuit comme le feu, le cœur que Netanyahou avait prévu d’éliminer de l’ordre du jour, il semble que Netanyahou ait agi comme l’ont fait ses prédécesseurs et comme le feront ses successeurs.
Hormis les efforts louables d’anciens premiers ministres comme Yitzhak Rabin, Shimon Peres, Ehud Barak, Ehud Olmert et Ariel Sharon pour trouver une solution, ne serait-ce que partielle, aucun d’entre eux n’avait l’intention d’accorder aux Palestiniens le minimum de justice qu’ils méritent, sans lequel il n’y a pas de solution.
Tous les premiers ministres se sont rangés du côté de la poursuite de l’occupation et du siège de Gaza. Aucun d’entre eux n’a songé un seul instant à autoriser la création d’un véritable État palestinien, doté des pleins pouvoirs, un État comme les autres. Il ne leur est pas venu à l’esprit de libérer la bande de Gaza du siège qui l’étrangle. S’il n’y avait pas eu tout cela, peut-être que le Hamas n’existerait pas.
Le siège de Gaza n’a pas été mis en place par Netanyahou ; le “gouvernement du changement” [Lapid-Gantz-Bennett] n’a pas pensé à le lever. L’argent du Qatar a peut-être été versé au Hamas de manière plus responsable sous Naftali Bennett, mais la politique a été fondamentalement la même. Personne n’a pensé à ouvrir Gaza au monde, même de manière contrôlée - la seule politique qui n’ait pas été tentée, et la seule qui aurait pu, peut-être, faire avancer une solution.
Il est également difficile d’évaluer si l’armée israélienne aurait été différente sous un autre premier ministre.
Le fiasco aurait-il été évité ? Ce n’est pas certain. Les missions d’occupation qui sont devenues la majorité des activités de Tsahal n’ont pas été inventées par Netanyahou. N’importe quel autre premier ministre aurait également orienté des forces et des ressources insensées pour satisfaire les colons et leurs caprices. C’est ainsi que les choses se sont passées sous tous les gouvernements d’Israël.
Les candidats s’échauffent sur la ligne de départ. Chacun d’entre eux sera un meilleur Premier ministre que Netanyahou. Ils seront certainement plus honnêtes, plus modestes et plus décents que lui. Mais l’un d’entre eux parviendra-t-il à infléchir la trajectoire descendante d’Israël ?
Yair Lapid a annoncé qu’il était favorable à l’entrée de l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza, puis il a immédiatement changé d’avis, et il est déjà contre. Lapid n’a pas d’opinion.
Benny Gantz et Gadi Eisenkot participent à la conduite de la guerre, avec tous ses crimes, qui s’avérera pourtant vaine. Aucun d’entre eux n’a proposé une nouvelle voie, une voie que nous n’avons jamais essayée auparavant. Il n’y a que la force et encore la force.
Netanyahou doit partir, cela ne fait plus aucun doute. Mais Israël poursuivra sa course [à l’abîme].
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire