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15/12/2021

AMIRA ABO EL-FETOUH
Le film « Amira » : du sperme sioniste dans la matrice du cinéma arabe !

Amira Abo El-Fetouh , MEMO, 13/12/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

La Dre Amira Abo el-Fetouh est une dentiste et écrivaine égyptienne qui concentre son travail sur les questions politiques et littéraires. @amiraaboelfetou

Je suis à court de mots pour décrire le film Amira. Le moins que l'on puisse dire de ce film est qu'il s'agit d'un film vil et méprisable qui non seulement offense les honorables prisonniers palestiniens, qui paient le prix de leurs prises de position héroïques et de la défense de leur liberté, mais qui est également offensant pour tous les Palestiniens et la cause palestinienne elle-même, la cause la plus juste au monde.


Malheureusement, tous ceux qui ont bricolé ce film honteux, Amira, sont arabes. Ils sont Jordaniens, Égyptiens, Émiratis et Saoudiens. Les acteurs sont jordaniens, le réalisateur et le scénariste sont égyptiens. Quant à la production, il s'agit d'une production conjointe de plusieurs sociétés en Égypte, dont l'universitaire imposteur Moez Masoud, en Jordanie, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite. Imaginez, tous ces individus réunis pour narguer l'honneur et la dignité du peuple palestinien !


Le film tourne autour d'un scénario fabriqué de toutes pièces et contaminé par des objectifs malveillants dans le but de créer la confusion et de jeter le doute sur la lutte palestinienne la plus honorable et la plus innovante, le sperme que les prisonniers palestiniens réussissent à faire sortir de leurs cellules, contre la volonté des geôliers de l'occupation, contrairement à ce que le film tente de prouver en insistant lourdement.


Amira, la fille dont parle ce film ignoble, est une jeune fille de dix-sept ans qui est née par insémination artificielle, alors que son père était emprisonné dans les prisons de l'occupation, et qu’il s’est débrouillé pour envoyer son sperme à sa femme, comme ils en avaient convenu. Amira était fière de son père qui était emprisonné par l'occupation, se considérant comme la fille d'un combattant palestinien. Elle lui rendait souvent visite avec sa mère et, lors de l'une de ces visites, le prisonnier héroïque a demandé à sa femme de renouveler l'expérience, ce qu'elle a d'abord refusé, avant d'accepter. Il lui envoie son sperme et, cette fois, nous sommes surpris de constater que les médecins déclarent que le mari est stérile et ne peut pas avoir d'enfants.

La famille du mari et Amira commencent alors à soupçonner le comportement de la mère et entreprennent de rechercher une correspondance génétique avec tous les membres de l'entourage de la femme, mais en vain. Alors que la femme commence à se sentir encerclée, elle avoue avoir trompé son mari avec un de ses amis, qui était en prison avec lui et qui lui avait remis une lettre dans le passé. Elle est sur le point de payer de sa vie le prix de ses aveux, mais le médecin qui a supervisé le processus d'insémination apparaît et confirme que la grossesse est le résultat de l'échantillon passé en fraude.


Amira poursuit la recherche de son père biologique jusqu'à ce qu'elle soit convaincue qu'un gardien de la prison israélienne, qui a fait passer le sperme, l'a remplacé par le sien. La vie d'Amira est bouleversée : elle est à la fois la fille de l'oppresseur et de la victime, du meurtrier et de l'assassiné, du voleur et de la victime du vol. Sa mère est la Palestine, et son père est l'occupation, et elle doit vivre avec sa réalité existentielle et l'accepter, et même la défendre. C'est ce qu'Amira n'a pas pu supporter et elle craque et dit à sa mère qu'elles doivent quitter la Palestine, et c'est la ligne de fond ou le récit que les réalisateurs veulent transmettre au monde. Qu'ils doivent expulser les Palestiniens de la terre de Palestine et que la terre appartient aux Juifs, représentés par le sperme du soldat israélien.

Le film Amira a été construit sur une fausse prémisse qui a été exposée par plusieurs parties palestiniennes, y compris la Commission des affaires des détenus et ex-détenus, le Comité supérieur pour le suivi des affaires des prisonniers, et le Club des prisonniers palestiniens concernant la question du transfert de sperme des prisonniers palestiniens à leurs épouses. Cela se fait par le biais d'un mécanisme qui ne laisse pas la moindre possibilité de manipulation ou de remise en question de l'identité du sperme qui est remis, de la main à la main, par le prisonnier à sa femme et à sa famille, en présence de témoins, et qui est consigné dans un document officiel, de sorte que la moindre erreur ne peut se produire.

Le film est une tentative misérable et désespérée de discréditer la lignée de ces enfants, que les Palestiniens appellent fièrement « ambassadeurs de la liberté ». Il dépeint la société palestinienne comme une société fragile, violente envers elle-même et ceux qui l'entourent, raciste et intolérante. C'est un film suspect qui déforme l'image de la lutte palestinienne dans sa forme la plus pure, le sperme de contrebande. Le film suinte la perfidie, la falsification, la déformation et la conspiration.

Ce film s'identifie à la politique du geôlier et vise à critiquer cette prouesse et la victoire qu'elle constitue dans l'histoire des tristement célèbres prisons israéliennes. Au lieu de faire honte à la politique sadique et oppressive du geôlier, il s'attaque à cette réalisation honorable des opprimés. Au lieu de se ranger du côté des persécutés dans leurs droits humains fondamentaux, il se range du côté de l'oppresseur.

C'est un film purement sioniste, et il est naturel qu'il ait remporté plusieurs prix internationaux. Les réalisateurs espéraient le projeter aux Oscars, n'eût été la colère populaire qui a déferlé sur le monde arabe et la pression exercée dans les médias sociaux, qui les a effectivement contraints à retirer le film. Cela démontre la force et l'importance des médias alternatifs pour faire pression et montre le pouvoir de la parole.

Les citoyens palestiniens ont pris sur eux la cause de la nation, qui a abandonné son devoir, laissant les Palestiniens seuls pour résister à l'occupation raciste israélienne qui a occupé leur terre, tué et expulsé la moitié du peuple palestinien, établi son État et exercé toutes les formes d'oppression et de tyrannie contre le peuple palestinien. Les prisonniers sont devenus le symbole de la libération de cette occupation usurpatrice, que toute l'humanité à travers l'histoire rejette.

Je terminerai en disant : les réalisateurs n'ont-ils pas trouvé d'autre nom qu'Amira, qui aime la Palestine et les Palestiniens et rêve d'un retour de la Palestine au cœur de la nation ?

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