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15/08/2022

DEIAA HAJ YAHIA
Comment des jeunes femmes palestiniennes tombent entre les pattes du crime organisé en Israël

Deiaa Haj Yahia, Haaretz, 15/8/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Deiaa Haj Yahia, journaliste de Nas Radio (Nazareth), participe à l'initiative Haaretz 21 visant à promouvoir les voix et les histoires de la communauté palestinienne d'Israël. @DeiaaHaj

Séduites par des promesses d'amour ou d'une vie meilleure, ces femmes sont ensuite utilisées de diverses manières : transfert d'argent, blanchiment d'argent et exploitation sexuelle. Certaines de ces jeunes femmes enfreignent volontairement la loi pour survivre.

Munah vient d'un foyer non normatif, voire brisé. Ses parents sont divorcés. Son père, un Palestinien qui a été impliqué dans des affaires de drogue et de harcèlement sexuel, a été emprisonné pendant 12 ans, après quoi il est retourné en Cisjordanie. Sa mère n'est pas présente dans sa vie.

Diana, du nord d'Israël. "J'achetais des vêtements pour mes amis et je les invitais, mais après que je me suis fait prendre, ils ont tous disparu. Photo de Rami Shllush  photoshopée par Masha Tzur Gluzman

Munah et ses deux sœurs ont été définies comme des jeunes à risque. Toutes trois se sont retrouvées à un moment donné dans des institutions fermées pour jeunes sous l'égide du ministère israélien du Travail, des Affaires sociales et des Services sociaux. À partir de ce point de départ, le chemin vers le monde du crime, la participation à des gangs de rue et les démêlés avec la justice a été court. Il semble que le fait le plus marquant de son CV soit qu'elle n'est pas en prison - du moins pour l'instant.

Aujourd'hui, Munah (un pseudonyme, comme tous les autres noms des jeunes femmes interrogées ici) a 20 ans et vit chez elle, grâce au programme de réhabilitation qu'elle a suivi. Elle avait été arrêtée pour trafic de drogue, mais a été condamnée en dernier ressort pour possession de drogue dans le cadre d'un accord de plaidoyer, ce qui lui a également donné l'espoir d'un avenir différent.

Diana, 19 ans. « J'étais comme un outil dans leurs mains - celles de mon petit ami et de son gang » . Photo de Rami Shllush et Moran Mayan-Jini, phptpshopée par MashaTzur Gluzman

Aujourd'hui, elle vit avec ses deux sœurs dans un pauvre appartement de l'un des pires quartiers de Haïfa. Il y a une télévision, deux canapés et entre eux un cendrier débordant de mégots. À côté de la cuisine encombrée et sale se trouvent quelques cartons et plusieurs bouteilles d'alcool vides. Munah s'assied dans un coin et commence à raconter son histoire.

Son “idylle” avec le monde du crime a commencé dans la rue, ce qui est également le cas d'un nombre croissant de jeunes femmes de la communauté palestinienne de 1948 (près de 400 affaires pénales ont été ouvertes contre des mineures arabes rien que l'année dernière).

Elle a 16 ans lorsqu'elle quitte l'internat géré par le département de la jeunesse du ministère des affaires sociales et découvre que sa vie n'a ni cadre ni encadrement. Un criminel local l'a abordée et lui a proposé de la prendre sous son aile - tout ce qu'elle devait faire était d'accomplir quelques tâches pour lui.

« Si quelqu'un m'avait entraînée là-dedans de force par la main, je n'aurais pas pris ce chemin », dit-elle maintenant. « Mais en tant que jeune femme qui ne connaissait rien du monde, cette amitié m'a fourni tout ce que je voulais, autrement dit tout ce qui me manquait depuis l'enfance ».

Qu'est-ce qui lui avait manqué ? De beaux vêtements, la possibilité de sortir pour s'amuser et d'autres petits plaisirs qui coûtent de l'argent. Soudain, ils étaient tous à portée de main, et gratuitement.

Cette histoire semble familière, voire très familière pour une conseillère principale d'une institution fermée pour jeunes qui s'est entretenue avec Haaretz. « Les filles sont impliquées dans tout cela en toute innocence », dit-elle. « Elles veulent l'attention qu'elles n'ont pas eue depuis l'enfance, et quand quelqu'un vient et la fournit, elles sont capables de faire n'importe quoi pour lui ».

Mais l'universitaire Nasreen Haddad Haj-Yahya, directrice du programme des relations arabo-juives à l'Institut israélien pour la démocratie, affirme que le tableau est plus vaste et beaucoup plus complexe que cela, puisque les motivations des jeunes femmes en question ne sont pas seulement liées au désir d'un style de vie plus luxueux, mais bien au désir de simplement survivre.

Une annpnce nécrologique dans la ville arabe israélienne de Taibeh. « Les criminels n'ont pas de ligne rouge quand il s'agit de ces filles », dit un criminel arabe . Photo de Tomer Appelbaum  photoshopée par  Aharon Erlich

 « Les filles qui ont le plus de chances de tomber dans la délinquance sont celles qui sont issues de familles connues des services sociaux. Nous parlons de parents qui n'ont pas d'éducation formelle, qui sont au chômage et aussi de familles monoparentales », explique la Dre Haddad Haj-Yahya. « Ces jeunes femmes ont un énorme fardeau sur les épaules et la plupart d'entre elles font leur incursion dans le monde de la criminalité par pure détresse et en dernier recours ».

Pourtant, lorsqu'elles réalisent dans quoi elles se sont fourrées et que leur vie est peut-être en danger, il est souvent trop tard.

Munah : « Au début, je voulais fuir ce monde pour aller dans un endroit aussi éloigné que possible, mais j'avais tellement peur. Ces gens sont capables de faire n'importe quoi. J'ai vu comment ils terrorisaient les autres, même les criminels comme eux. Dans mon cas, je n'avais personne pour me protéger ».

Sans aucune protection ni possibilité réaliste de s'échapper, Munah a réalisé au fil du temps qu'elle était complètement à la merci du gang dans lequel elle s'est retrouvée, comme toutes les autres jeunes femmes qu'elle y a rencontrées.

Il ne s'agissait plus de remplir une tâche ou une autre : les femmes devaient recruter de “nouveaux membres”, tout en « livrant de la drogue, en déplaçant des objets d'un endroit à l'autre, en traquant des personnes, en transférant de l'argent sur des comptes bancaires et en recueillant des informations sur d'autres criminels ou sur les activités de la police », explique-t-elle. « Beaucoup de ces jeunes femmes ouvrent également un compte bancaire à leur nom et blanchissent de l'argent pour d'autres ».

Mais ces jeunes femmes ne se contentent pas de se mêler à l'activité criminelle, elles en deviennent les victimes au sens plein du terme. En effet, Munah note qu'une partie de leur rôle consiste à fournir des services sexuels aux criminels pour lesquels elles travaillent et à leurs amis. La seule différence entre elles et les prostituées, dit-elle, est qu'elles ne sont pas payées pour ces services, car on leur dit que cela fait partie des “relations amicales” que les membres partagent.

 « Elles sont le maillon le plus faible de la chaîne, qui l'est déjà », explique le conseiller de l'institution pour jeunes. « Elles subissent des violences sexuelles, physiques et mentales ».



Une scène de crime à Rahat, en mars. « Plus il y a de familles brisées qui entrent dans ce cercle, plus nous trouvons de jeunes hommes et femmes qui finissent dans la criminalité », dit Zainab Atrash. Photo d’ Eliyahu Hershkovitz photoshopée par Aharon Erlich

Un problème d'inaction

La thèse de doctorat de Haddad Haj-Yahya, préparée en collaboration avec l'Institut israélien pour la démocratie, un centre de recherche indépendant, et la Fondation Portland, qui œuvre à l'amélioration des relations entre Arabes et Juifs par des moyens économiques, traite précisément de ce sujet : les facteurs qui poussent les jeunes hommes et femmes de la société arabe à se tourner vers la criminalité. Pour être précis, elle s'est concentrée sur un facteur, qu'elle appelle l'inaction.

« Un jeune homme ou une jeune femme arabe qui n'a aucune structure dans sa vie et aucune possibilité d'emploi sera plus tenté de se retrouver dans le monde de la criminalité », dit-elle, en notant le taux élevé de ce phénomène chez les personnes âgées de 19 à 24 ans dans la communauté arabe israélienne : environ 33% contre 14% chez les Israéliens juifs. Zainab Atrash, conseillère et coordinatrice d'une organisation communautaire qui lutte contre la violence et la criminalité dans la société arabe, confirme ces conclusions. Elle explique que les jeunes femmes arabes ne tombent généralement pas dans la criminalité parce qu'elles y sont contraintes.

« Dans la plupart des cas, nous ne parlons pas de coercition de la part des éléments criminels, mais de circonstances qui imposent cette vie aux femmes" » dit-elle, en notant l'augmentation du taux d'abandon scolaire et du nombre de jeunes à risque dans la communauté en question, en particulier chez les filles.

Et il y a d'autres raisons : par exemple, « quelque chose qui s'est passé dans la famille pendant l'enfance », ajoute Atrash, qui a également fondé un programme contre la violence dans les écoles au nom du ministère de l'Éducation. « Plus il y a de familles brisées qui entrent dans ce cercle, plus on trouve des jeunes hommes et des jeunes femmes qui finissent dans la criminalité ».

La ville bédouine de Hura, dans le sud. « Les femmes sont le maillon le plus faible de la chaîne, qui est déjà la plus faible », dit un jeune conseiller. Photo : Porte-parole de la police israélienne, photoshopée par Aharon Erlich

Lina en est un bon exemple. À l'âge de 13 ans, elle a été victime d'une agression sexuelle, l'une des expériences douloureuses qu'elle a vécues pendant son adolescence. Mais ce qui a suivi l'agression a été encore pire, d'une certaine manière, même si elle ne l'a pas réalisé au début : trois ans et demi plus tard, elle était membre d'une organisation criminelle qui faisait le commerce des armes, une activité qui lui a également valu une condamnation en août 2020.

Elle a été accusée, entre autres, d'avoir servi d'intermédiaire dans des ventes d'armes et d'avoir fourni les moyens de perpétrer un crime. Lors de sa condamnation, le juge Yoel Eden du tribunal de district de Be'er Sheva a toutefois décidé de ne condamner Lina qu'à neuf mois de travaux d'intérêt général. « Il n'y a aucune contestation sur le fait que ses circonstances personnelles sont spéciales », a écrit Eden, « remontant à son enfance et jusqu'à aujourd'hui ».

Aujourd'hui, Lina, qui est en cours de réhabilitation dans un centre de traitement, décrit la trame de sa vie comme un “scénario noir” : « Je ne suis même pas capable de me rappeler tous les détails de ce qui m'est arrivé. J'avais peur d'eux [ses patrons criminels] et j'ai ressenti une perte d'estime de soi ». Tout a commencé, dit-elle, « par un amour imaginaire et faux. Avec la promesse d'argent et d'une vie de luxe. Mais dans tout cela, il y avait des insultes, des dommages psychologiques et même des abus sexuels ». Lina souligne le fait que l'exploitation de jeunes femmes arabes comme elle ne se produit pas seulement dans le cadre des activités commerciales des organisations criminelles, mais prend fréquemment la forme d'une exploitation sexuelle grave, qui reste cachée. « J'ai vu beaucoup d'abus sexuels. Les filles se taisent car leur peur est double : elles ont peur des criminels et aussi de la grande société qui ne les acceptera pas ou ne comprendra pas    ce qu'elles ont     vécu ».

Des candidates naturelles

Environ 40 000 jeunes (âgés de 12 à 17 ans) de la communauté arabe d'Israël ont été définis comme étant à risque en 2017, lorsque le ministère des Affaires sociales a compilé pour la dernière fois des données sur le sujet ; 37 % étaient des filles. Depuis lors, estiment les experts, les chiffres ont considérablement augmenté. « Nous parlons d'il y a cinq ans », dit une source familière de ces jeunes. « Combien ont été assassinées depuis lors - combien de familles ont été détruites ? La situation ne cesse d'empirer ».

Les jeunes femmes issues de familles brisées et pauvres de la communauté, où la violence est souvent présente, deviennent ce que l'on peut appeler des “candidates naturelles” à la participation à des activités criminelles. C'est particulièrement vrai aujourd'hui, alors que les femmes en général et les adolescentes en particulier sont devenues des “actrices légitimes”- une nouvelle tendance dans la société arabe.

Diana. L'argent facile, les vêtements à la mode et l'amélioration de sa vie sociale lui ont fait oublier les soucis du passé. Photo de Rami Shllush photoshopée par MashaTzur Gluzman

« Dans le passé, les organisations criminelles n'utilisaient pas de femmes ou de jeunes filles. C'était perçu comme une faiblesse et un manque de respect » explique à Haaretz un criminel du "“Triangle” (des localités arabes du nord d'Israël). « Mais tout comme il n'y a pas de lignes rouges pour les criminels aujourd'hui, au sens violent et meurtrier du terme, ils n'ont pas de lignes rouges lorsqu'il s'agit de ces filles ».

Le fait que les femmes ne soient généralement pas soupçonnées d'implication criminelle est un avantage pour les organisations. « Elles n'éveillent pas les soupçons de la police. La plupart d'entre elles n'ont pas de casier judiciaire », explique le conseiller jeunesse chevronné. « Elles ne se plaignent pas non plus à la police de ce qui leur est arrivé. Il y a deux raisons à cela : la peur et le fait qu'elles ne veulent pas faire de mal à la personne qu'elles aimaient. La plupart des jeunes femmes qui sont recrutées s'attachent émotionnellement à une certaine personne dans l'organisation ou le groupe, et il y a ceux qui en profitent ».

C'est aussi l'histoire de Diana, une jeune femme de 19 ans originaire du Nord. Il y a environ un an et demi, elle a commencé à fréquenter un groupe de jeunes chaque semaine. Elle a immédiatement été attirée par l'un d'entre eux.

« Il semblait être un homme intelligent, soigné et riche. Il avait une luxueuse voiture Skoda, et il impressionnait toutes les filles », se souvient- elle aujourd'hui. « Je ne l'aimais pas à cause de sa richesse. Je savais qu'il gagnait facilement de l'argent de manière illégale ». Petit à petit, il lui a présenté ses amis, qu'elle n'aimait pas, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais elle a été captivée par lui.

Un jour, il a demandé à Diana de livrer un véhicule à un jeune homme dans le sud, contre paiement, bien sûr. « Il m'a donné une somme d'argent que je n'avais jamais eue auparavant. Il a sorti une grosse pile de billets et en a sorti au hasard - 2 800 shekels (environ 840 €) », raconte-t-elle, ajoutant que lorsqu'elle est montée dans la voiture, elle a découvert une quantité considérable de cannabis à l'intérieur, ce qui ne l'a pas effrayée. « C'est comme ça que ça a commencé ».

Une scène de crime à Rahat, en mai. « Il n'y a pas d'alternative fonctionnelle qui convienne à la population à risque dans la société arabe », dit Firas. Photo d’Eliyahu Hershkovitz photoshopée par Aharon Erlich

À cette époque, Diana vivait heureuse, entourée de beaucoup de richesses, plus que ce qu'elle avait connu auparavant. L'argent facile, les vêtements à la mode et l'amélioration de sa vie sociale lui faisaient oublier les soucis du passé et la crainte de se retrouver en prison.

« J'achetais des vêtements pour mes amis et je les invitais chaque semaine », dit-elle, « mais après que ke me suis fait fait prendre, ils ont tous disparu ».  Non seulement ses nouveaux amis lui ont tourné le dos, mais son petit ami aussi. « Il m'a abandonnée et m'a fait comprendre que je ne devais pas parler de lui dans les enquêtes ni même mentionner son nom. Il y avait un trou dans mon cœur. J'ai su alors que j'avais été comme un outil dans leurs mains - les siennes et celles de son gang ».

Aujourd'hui, Diana participe à un programme de réhabilitation dans des conditions restrictives.

Victimes de la société

Une source au sein de la police israélienne note que, selon les données de 2020, de nombreuses jeunes femmes arabes israéliennes sont effectivement arrêtées parce qu'elles sont soupçonnées de délits liés à la drogue. Mais ce n'est pas tout. Elles sont également impliquées dans des délits contre les biens, des agressions et même - bien qu'en petit nombre - des délits liés aux armes et des conspirations pour commettre un crime.

« La perception chez les jeunes femmes elles-mêmes a changé ces derniers temps" » affirme Firas, travailleur social et ancien directeur d'une institution pour mineurs dans le centre du pays, qui cite les chiffres de 2020 montrant une tendance croissante à la délinquance chez les adolescents, filles et garçons. « Je vois dans les publications en ligne des femmes des images d'armes, des chansons aux paroles menaçantes et une affinité générale pour le crime ».

Selon lui, il existe une atmosphère générale qui entraîne les jeunes de la communauté dans le monde du crime. Les jeunes femmes arabes, affirme-t-il, « sont victimes de l'establishment, de la société, de leur famille, de leur école ».

Dans ce contexte, Atrash, la coordinatrice du programme communautaire, souligne que toutes les jeunes femmes arabes qui s'engagent dans la criminalité ne sont pas nécessairement recrutées par une organisation criminelle. « Il y a celles qui commettent certains délits avec des groupes d'amis ou de connaissances, dit-elle, ou même toutes seules ».

Pour sa part, Firas estime que la responsabilité incombe à la société dans son ensemble et aux autorités. Malgré l'augmentation du nombre de jeunes Arabes israéliens à risque, il n'y a pas assez de cadres de protection et de réhabilitation pour eux, dit-il : « Presque toute la société est composée de jeunes à risque. Tant que les autorités nous laisseront tomber et que l'État pratiquera la discrimination à l'égard des Arabes, la criminalité et la violence continueront de croître. La plupart des bureaux d'aide sociale ne fonctionnent tout simplement pas. Je connais des garçons et des filles à risque, mais je ne peux les orienter vers aucun lieu de réhabilitation ».

Avant même d'envisager de tels programmes, s'ils existent, comment convaincre ces jeunes d'abandonner le monde de la criminalité ? « Quelle alternative avons-nous à leur offrir ? » demande Firas, de manière rhétorique. « C'est bien là le problème, il n'y a pas d'alternative fonctionnelle qui convienne à la population à risque dans la société arabe ».

La société arabe israélienne elle-même est également responsable de cette situation, ajoute-t-il : « Notre propre société a une responsabilité. Les chefs religieux, les éducateurs, les représentants des groupes de la société civile - personne ne parle de cette question ou même ne se donne la peine de l'ouvrir à la discussion. S'il n'y a pas de programmes appropriés pour la réhabilitation et la prise en charge de nos jeunes, nous nous dégraderons encore plus ».

Nour, qui a maintenant une vingtaine d'années, dit avoir le sentiment d'avoir été abandonnée depuis son enfance. Son père a été assassiné quand elle était jeune et sa mère a disparu de sa vie quelque temps plus tard. Aujourd'hui encore, Nour nourrit de la rage et surtout de la méfiance vis-à- vis de l'establishment et de la société en général - cette même société qui ne l'a pas du tout soutenue après le meurtre de son père, dont elle préfère ne pas parler.

Au fil des ans, elle a également trouvé le chemin de la criminalité. « Ils étaient comme une famille pour moi », dit-elle en se souvenant de ceux qui l'ont attirée. « Nous avons grandi ensemble, et nous avions quelque chose en commun. Il était très difficile de se tenir à l'écart d'eux, parce que beaucoup de choses nous lient, et parce que nous nous sentions tous protégés quand nous étions ensemble ».

L'année dernière, cependant, Nour a été prise en possession de drogues qui n'étaient pas destinées à un usage personnel - un événement qui a changé le cours de sa vie. Elle a dû choisir entre une peine de prison et une alternative de réhabilitation assortie d'une condition sévère : une rupture complète avec la bande criminelle à laquelle elle était associée. Elle a décidé de voir ce qui se cachait derrière la porte n° 2.

« Je n'imaginais pas pouvoir rester loin d'eux », dit-elle aujourd'hui, « mais corriger le passé exige un sacrifice dans le présent ». À ce jour, il semble que Nour ait réussi à faire ce sacrifice.


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