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09/10/2023

Amir Tibon : “Mon père de 62 ans a combattu les terroristes du Hamas pour libérer ma famille. L’État israélien nous a laissé tomber”

Amir Tibon, Haaretz, 8/10/2023

 Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Amir Tibon (1989) est un journaliste israélien spécialisé dans les relations USA-Israël au quotidien Haaretz, dont il a été le correspondant à Washington, et rédacteur en chef adjoint de l’édition anglaise du quotidien. Auteur d’une biographie de Mahmoud Abbas, The Last Palestinian (Prometheus Books, 2017) @amirtibon


NdT : j’ai traduit le plus fidèlement possible ce texte, révélateur de l’état d’esprit régnant parmi les Israéliens de la “ligne de front”, vivant dans des kibboutz chargés de surveiller la frontière de Gaza, dans cette zone joliment appelée par Israël “l’enveloppe de Gaza”

Nous vivions un rêve. Le 7 octobre, nous nous sommes réveillés dans un cauchemar. Après des heures dans l’abri antibombes avec des terroristes armés de l’autre côté du mur, à 16 heures, nous avons entendu frapper à la fenêtre. “Sabba est là”, a dit ma fille, et nous avons tous éclaté en sanglots.

Terroristes du Hamas à Kfar Azza. Photo : Hassan Eslaiah

Au début, c’était juste un sifflement. Il était un peu plus de six heures du matin, et ma femme Miri a été réveillée par un son familier : un obus de mortier sur le point de tomber. Il n’y avait pas eu d’alerte préalable, mais ce son a suffi à nous faire courir vers la pièce sécurisée, qui sert également de chambre à coucher à nos filles, ici au kibboutz Nahal Oz, l’endroit d’Israël le plus proche de Gaza.

Galia, trois ans, et Carmel, un an, dormaient dans leur lit, se remettant d’une fabuleuse excursion la veille dans la région israélienne de l’“enveloppe de Gaza”, la belle partie du pays que nous appelons notre maison. Nous ne voulions pas les réveiller, mais nous avons commencé à faire nos bagages. Nous pensions qu’il s’agirait encore d’une de ces journées auxquelles nous nous sommes habitués : des voyages dans la pièce sécurisée pendant l’explosion d’une roquette, puis des voyages vers le nord pour se mettre à l’abri.

Après une heure de sirènes et d’explosions ininterrompues, nous avons entendu pour la première fois le bruit glaçant des tirs automatiques. Au début, nous l’avons entendu de loin, depuis les champs. Ensuite, le son était beaucoup plus proche, venant de la route. Enfin, nous l’avons entendu à l’intérieur même de notre quartier, près de la fenêtre de notre maison. Nous avons également entendu des cris en arabe et nous avons immédiatement compris ce qui se passait : C’était notre pire cauchemar. Des militants armés du Hamas avaient infiltré notre kibboutz et se trouvaient littéralement sur le pas de notre porte, tandis que nous étions enfermés à l’intérieur avec nos deux petites filles.

 

L’hôpital Brazilai, dans le sud d’Israël, samedi. Photo : Ilan Assayag

Miri et moi avons déménagé à Nahal Oz il y a neuf ans, juste après la guerre de Gaza de 2014. Ce qui nous a attirés dans cet endroit particulier, c’était le désir d’un peu d’aventure et de vie communautaire, ainsi qu’un peu de sionisme à l’ancienne. S’installer dans un kibboutz à la frontière de Gaza n’était pas un choix évident pour un jeune couple de Tel-Aviviens. Mais nos parents étaient fiers de notre décision, et Nahal Oz est devenu notre maison. C’est là que nous nous sommes mariés en 2016, au bord de la piscine située à quelques centaines de mètres de la barrière frontalière. Et c’est là que nous sommes retournés après un séjour de trois ans aux USA, où j’ai occupé le poste de correspondant de Haaretz à Washington.

Nous avons connu d’innombrables “alertes rouges” au cours de nos années passées au kibboutz. Nous nous sommes également familiarisés avec la menace des ballons incendiaires et la puanteur des champs en flammes. Mais ces problèmes n’étaient pas suffisamment graves pour nous faire oublier les merveilleux avantages de la vie dans un kibboutz, notamment le fait que nos petites filles se rendaient seules à la crèche et qu’elles pouvaient ensuite acheter une glace à l’épicerie locale. En ce qui nous concerne, nous vivions le rêve.

Mais nous nous sommes retrouvés confrontés à une menace d’un tout autre genre - une menace qui était censée pouvoir être évitée.

Lorsque nous avons emménagé dans le kibboutz, le mot le plus effrayant de notre lexique était “tunnel”. Mais comme le gouvernement avait investi des milliards de shekels dans un mur d’obstruction souterrain destiné à neutraliser le réseau de tunnels souterrains du Hamas, nous nous sommes permis de dormir tranquillement. Ce samedi matin, nous avons réalisé que ce mur souterrain était l’équivalent de la ligne Maginot pour notre génération et que nous étions au milieu d’un désastre de l’ampleur de la guerre du Kippour de 1973. Israël avait déversé des tonnes de béton dans la terre, alors que tout ce que le Hamas avait à faire était de franchir la clôture en surface avec ses tracteurs.

Le kibboutz Nahal Oz, 2022. Photo : Eliyahu Hershkovitz


GIDEON LEVY
Israël ne peut pas emprisonner deux millions de Gazaouis sans payer le prix fort

Gideon Levy, Haaretz, 9/10/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Derrière tout ça, c’est l’arrogance israélienne  qui se cache, l’idée que nous pouvons faire ce que nous voulons, que nous ne paierons jamais le prix et que nous ne serons jamais punis pour cela. Nous continuerons sans être dérangés

Le Dôme de fer tire sur des roquettes au-dessus d’Ashkelon samedi. Nous avons pensé que nous pouvions continuer à rejeter avec arrogance toute tentative de solution diplomatique. Photo : Ilan Assayag

 

Nous arrêterons, tuerons, harcèlerons, déposséderons et protégerons les colons occupés à leurs pogroms. Nous visiterons la tombe de Joseph, la tombe d’Othoniel Ben Kenaz et l’autel de Josué dans les territoires palestiniens, et bien sûr le mont du Temple - plus de 5 000 Juifs pour la seule fête de Souccot.

 

Nous tirerons sur des innocents, nous leur arracherons les yeux et leur fracasserons le visage, nous expulserons, nous confisquerons, nous volerons, nous saisirons les gens dans leur lit, nous procéderons à un nettoyage ethnique et, bien sûr, nous poursuivrons l’incroyable siège de la bande de Gaza, et tout ira bien.

 

Nous construirons un obstacle terrifiant autour de Gaza - le mur souterrain a coûté à lui seul 3 milliards de shekels (720 millions d’€) - et nous serons en sécurité. Nous nous appuierons sur les génies de l’unité de cyberespionnage 8200 de l’armée et sur les agents du service de sécurité Shin Bet qui savent tout. Ils nous préviendront à temps.

 

Nous transférerons la moitié d’une armée de la frontière de Gaza à la frontière de Huwara en Cisjordanie, uniquement pour protéger le député d’extrême droite Zvi Sukkot et les colons. Et tout ira bien, tant à Huwara qu’au point de passage d’Erez vers Gaza.

 

Il s’avère que même l’obstacle le plus sophistiqué et le plus coûteux du monde peut être franchi avec un vieux bulldozer fumant lorsque la motivation est grande. Cette barrière arrogante peut être franchie à bicyclette et à mobylette malgré les milliards qui y ont été déversés et tous les experts célèbres et les gros sous-traitants.

 

On pensait continuer à descendre à Gaza, distribuer quelques miettes sous forme de dizaines de milliers de permis de travail israéliens - toujours conditionnés à une bonne conduite - et les maintenir en prison. Nous ferons la paix avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis et les Palestiniens seront oubliés jusqu’à ce qu’ils soient effacés, comme le souhaitent bon nombre d’Israéliens.

 

Nous continuerons à détenir des milliers de prisonniers palestiniens, parfois sans procès, dont la plupart sont des prisonniers politiques. Et nous n’accepterons pas de discuter de leur libération, même après qu’ils ont été emprisonnés pendant des décennies.

 

Nous leur dirons que ce n’est que par la force que leurs prisonniers connaîtront la liberté. Nous pensions que nous continuerions à rejeter avec arrogance toute tentative de solution diplomatique, uniquement parce que nous ne voulons pas nous occuper de tout cela, et que tout continuerait ainsi pour toujours.

 

Une fois de plus, il a été prouvé que ce n’était pas le cas. Quelques centaines de Palestiniens armés ont franchi la barrière et ont envahi Israël d’une manière qu’aucun Israélien n’aurait imaginée. Quelques centaines de personnes ont prouvé qu’il est impossible d’emprisonner 2 millions de personnes pour toujours sans en payer le prix.

 

Tout comme le vieux bulldozer palestinien enfumé a déchiré la barrière la plus smart du monde samedi, il a déchiré l’arrogance et la complaisance d’Israël. C’est également ainsi qu’a été ébranlée l’idée qu’il suffit d’attaquer occasionnellement Gaza avec des drones suicides - et de les vendre à la moitié du monde - pour maintenir la sécurité.

 

Samedi, Israël a vu des images qu’il n’avait jamais vues auparavant. Des véhicules palestiniens patrouillant dans ses villes, des cyclistes entrant par les portes de Gaza. Ces images mettent à mal cette arrogance. Les Palestiniens de Gaza ont décidé qu’ils étaient prêts à payer n’importe quel prix pour un moment de liberté. Y a-t-il de l’espoir là-dedans ? Israël retiendra-t-il la leçon ? Non.

 

Samedi, ils parlaient déjà d’éliminer des quartiers entiers de Gaza, d’occuper la bande et de punir Gaza “comme elle n’a jamais été punie auparavant”. Mais Israël n’a jamais cessé de punir Gaza depuis 1948, pas même un instant.

 

Après 75 ans d’abus, le pire scénario possible l’attend une fois de plus. Les menaces d’“aplatissement de Gaza” ne prouvent qu’une chose : nous n’avons rien appris. L’arrogance est là pour rester, même si Israël en paie une fois de plus le prix fort.

 

Le Premier ministre Benjamin Netanyahou porte une très grande responsabilité dans ce qui s’est passé, et il doit en payer le prix, mais cela n’a pas commencé avec lui et cela ne s’arrêtera pas après son départ. Nous devons maintenant pleurer amèrement les victimes israéliennes, mais nous devrions aussi pleurer pour Gaza.

 

Gaza, dont la plupart des habitants sont des réfugiés créés par Israël. Gaza, qui n’a jamais connu un seul jour de liberté.


 

08/10/2023

AMOS HAREL
Guerre Israël-Gaza : un fiasco catastrophique qui provoquera une onde de choc politique

Amos Harel, Haaretz, 8/10/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

 

L'échec du renseignement et la mauvaise préparation israéliens n'étaient pas les seuls problèmes : il semble que la conception défensive opérationnelle d'Israël face à Gaza ait volé en éclats Netanyahou devra payer un prix politique pour sa politique à l'égard du Hamas après la guerre.

 

Un soldat de Tsahal regarde une voiture en flammes dans la ville d'Ashkelon, dans le sud d'Israël, samedi. Photo : Ilan Assayag

 

Vendredi à la mi-journée, un officier supérieur de l'état-major général s'est entretenu avec un invité dans son bureau de Tel-Aviv. Quelques minutes après que l'horloge électronique du bureau a affiché 14 heures, tous deux ont remarqué qu'ils avaient raté l'heure exacte à laquelle la guerre du Kippour avait éclaté il y a 50 ans. La conversation a naturellement dérivé sur les leçons de 1973.

 

« Dans les territoires occupés », dit l'officier, « nous sommes à cinq minutes d'une intifada ». Il dit cela sans savoir qu’il est en train de prophétiser. L'hôte, comme l'ensemble des FDI, était principalement préoccupé par ce qui pouvait se passer en Cisjordanie. Mais au nez et à la barbe de l'establishment de la défense, une attaque sans précédent du Hamas prenait forme au même moment, le long de la frontière de Gaza.

 

Il faut se méfier de l'hystérie excessive. Mais il ne faut pas minimiser la gravité de la calamité qui s'est produite. Israël est en guerre depuis samedi matin. L'attaque du Hamas, qui a pris les services de renseignement israéliens par surprise, a complètement démoli la conception défensive opérationnelle à la frontière de la bande de Gaza. On dénombre plus de 250 morts du côté israélien et plus de 1 590 blessés, un chiffre qui pourrait augmenter de manière significative une fois que tous les sites attaqués auront été fouillés.

Selon des informations en provenance de Gaza, des dizaines de prisonniers et de corps ont été emmenés d'Israël à Gaza. Même en termes d'otages [sic] et de personnes disparues, cette situation n'est pas comparable à l'enlèvement de Gilad Shalit en 2006. On voit mal le gouvernement modérer les frappes aériennes sur Gaza par souci de protéger la vie des prisonniers israéliens. Il est probable que dans le feu de l'action, de telles considérations ne seront pas prises en compte.

 

Israël a parlé de la “doctrine Dahiya”, qui implique la destruction systématique des infrastructures dans les zones fortement peuplées, comme d'une leçon tirée de la deuxième guerre du Liban en 2006. C'est ce qui se passe actuellement à Gaza, avec une grande intensité.

 

Les FDI, le Shin Bet et la police se sont livrés à des combats maison par maison pendant dix heures dans des communautés et des bases militaires où s'étaient retranchés des Palestiniens armés. Dans quelques endroits, comme la ville d'Ofakim et le kibboutz Be'eri, les terroristes se sont retranchés avec des otages [resic].

 

07/10/2023

MARWAN BISHARA
De la chutzpa à l’humiliation : les 10 heures qui ont choqué Israël

Marwan Bishara, Aljazeera, 7/10/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Marwan Bishara (Nazareth, 1969) est analyste politique principal à Al Jazeera. Il écrit beaucoup sur la politique mondiale et est largement considéré comme une autorité en matière de politique étrangère usaméricaine, de Moyen-Orient et d’affaires stratégiques internationales. Il était auparavant professeur de relations internationales à l’Université américaine de Paris. On peut lire de lui en français Palestine/Israël : la paix ou l’apartheid (La Découverte, 2002, 2023)

La Blitzkrieg [guerre éclair] palestinienne est un échec militaire et une catastrophe politique aux proportions colossales pour Israël.

Des Palestiniens chevauchent un véhicule militaire israélien dans les rues de Gaza lors d’une opération militaire lancée par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. Photo : EPA/Haitham Imad/EPA

Quelques jours après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a prononcé un discours fanfaron aux Nations unies, annonçant la création d’un nouveau Moyen-Orient centré sur Israël et ses nouveaux partenaires arabes, les Palestiniens, qu’il a totalement omis de sa carte régionale fantaisiste, lui ont porté, ainsi qu’à Israël, un coup fatal, tant sur le plan politique que sur le plan stratégique.

Le mouvement de résistance palestinien Hamas a lancé une incursion éclair méticuleusement planifiée et bien exécutée depuis Gaza vers Israël, par voie aérienne, maritime et terrestre. Parallèlement à des milliers de missiles tirés sur des cibles israéliennes, des centaines de combattants palestiniens ont attaqué des zones militaires et civiles israéliennes dans le sud du pays, ce qui a entraîné la mort d’au moins 100 Israéliens et la capture de dizaines de soldats et de “civils” israéliens.

Les objectifs du Hamas dans cette opération ne sont pas un secret : premièrement, riposter et punir Israël pour son occupation, son oppression, ses colonies illégales et la profanation des symboles religieux palestiniens, en particulier la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem ; deuxièmement, s’attaquer à la normalisation arabe avec Israël qui embrasse son régime d’apartheid dans la région ; et enfin, obtenir un nouvel échange de prisonniers afin de faire libérer le plus grand nombre possible de prisonniers politiques palestiniens des geôles israéliennes.

Il convient de rappeler que le chef du Hamas dans la bande de Gaza, Yahya Al Sinwar, qui a passé plus de deux décennies dans les prisons israéliennes, a été libéré dans le cadre d’un échange de prisonniers. Mohammed Deif, le chef de la branche militaire du Hamas, comme beaucoup d’autres Palestiniens, a perdu des êtres chers à cause de la violence israélienne - un fils en bas âge, une fille de trois ans et sa femme. L’opération a donc clairement un aspect punitif et vengeur.

En ce sens, l’attaque a peut-être été incroyablement choquante, mais elle n’était guère surprenante.

L’hubris a finalement rattrapé Israël et ses dirigeants arrogants, qui se sont longtemps crus invincibles et ont constamment sous-estimé leurs ennemis. Depuis l’attaque arabe “surprise” d’octobre 1973, les dirigeants israéliens successifs ont été choqués et stupéfaits, encore et encore, par ce dont le peuple qu’ils opprimaient était capable.

Tufan al-Aqsa: ¿qué puede el hierro contra el viento?

Fausto Giudice, Basta Yekfi!, 7-10-2023

Al amanecer del sabbat, a las 3.30 horas GMT, combatientes palestinos de Hamás y la Yihad Islámica lanzaron una operación por doquier contra Israel desde Gaza: mientras cientos (entre 2.000 y 5.000) de cohetes llovían sobre los asentamientos sionistas, combatientes motorizados se abrían paso a través del "muro de hierro" que encierra Gaza, otros se abrían paso a través de la barrera marítima y otros aterrizaban en Israel en parapentes motorizados (ultraligeros). Según el ejército israelí, 60 combatientes palestinos entraron en el territorio. Unos cuarenta soldados y colonos israelíes fueron hechos prisioneros en los primeros minutos, mientras que se desconoce el número de muertos y heridos en el bando sionista. La operación fue bautizada como "Tufan al-Aqsa", el diluvio o tormenta de Al Aqsa (tufan es la palabra árabe-persa que ha entrado en todas las lenguas, y es el origen de la palabra española "tifón"; también es el nombre de una serie de misiles iraníes).


Es una verdad histórica: si quieres atacar Israel, tienes que hacerlo un sábado por la mañana, cuando los judíos descansan. Eso es lo que hicieron los ejércitos egipcio y sirio el 6 de octubre de 1973, cuando cruzaron el Canal de Suez y entraron en los Altos del Golán ocupados. En 1973, los sionistas tardaron una semana en despertarse, aturdidos como habían quedado por el ataque sorpresa, y pasar a la contraofensiva. ¿Quién ganó la guerra del Ramadán/Yom Kippur? Eso está abierto al debate. Lo que es seguro es que esta guerra supuso la sentencia de muerte para los laboristas israelíes, los sionistas con rostro humano, la variante asquenazí de la socialdemocracia mitteleuropea. También puso fin a los "Treinta Años Gloriosos" y desencadenó la primera "crisis del petróleo". De las imágenes impactantes de aquel periodo, dos me llaman la atención: la de las autopistas europeas completamente vacías de coches y la de la Reina de Holanda sacando su carruaje y sus caballos para desplazarse. Para los árabes, el 73 casi había borrado la humillación del 67. Diez guerras después, ¿en qué punto nos encontramos?

Toufan al-Aqsa: what can iron do against the wind?

Fausto GiudiceBasta Yekfi !, 7/10/2023

At 3:30 a.m. GMT, at dawn on the Sabbath, Palestinian fighters from Hamas and Islamic Jihad launched an all-out attack on Israel from Gaza: while hundreds (between 2,000 and 5,000) of rockets rained down on Zionist settlements, motorized fighters forced their way through the "iron wall" encircling Gaza, others forced their way through the sea barrier and still others landed in Israel aboard motorized paragliders (ULM). According to the Israeli army, 60 Palestinian fighters entered the territory. Some 40 Israeli soldiers and settlers were taken prisoner in the first few minutes, while the number of dead and wounded on the Zionist side remains unknown. The operation has been dubbed "Toufan al-Aqsa", the flood or storm of Al Aqsa (toufan is the Arabic-Persian word that has entered every language, and is the origin of the English word "typhoon"; it is also the name of a series of Iranian missiles).

It's a historical truth: if you want to attack Israel, you have to do it on a Saturday morning, when the Jews are at rest. That's what the Egyptian and Syrian armies did on October 6, 1973, when they crossed the Suez Canal and entered the occupied Golan Heights. In 1973, it took the Zionists a week to wake up, stunned as they had been by the surprise attack, and go on the counter-offensive. Who won the Ramadan/Kippur war? That's up for debate. What is certain is that this war sounded the death knell for Israeli Labor, the Zionists with a human face, the Ashkenazi variant of Mitteleuropean social democracy. It also put an end to the "The Glorious Thirty" and triggered the first "oil crisis". Of the powerful images from this period, two stand out for me: that of European freeways completely empty of cars, and that of the Queen of the Netherlands bringing out her carriage and horses to get around. For the Arabs, '73 had almost erased the humiliation of '67. Ten wars later, where do we stand?


Toufan Al Aqsa : que peut le fer contre le vent ?

Fausto Giudice, Basta Yekfi !,  7/10/2023

À l’aube du shabbat, à 3 h30 GMT, des combattants palestiniens du Hamas et du Djihad islamique ont lancé depuis Gaza une attaque tous azimuts contre Israël : tandis que des centaines (entre 2000 et 5000) de roquettes pleuvaient sur les colonies sionistes, des combattants motorisés ont forcé le « mur de fer » qui encercle Gaza, d’autres ont forcé la barrière maritime et d’autres encore ont atterri en Israël à bord de parapentes équipés de moteurs (ULM). Selon l’armée israélienne, 60 combattants palestiniens ont pénétré dans le territoire. Une quarantaine de soldats et de colons israéliens ont été faits prisonniers dans les premières minutes, le nombre de morts et blessés du côté sioniste reste inconnu. L’opération a été baptisée « Toufan Al Aqsa », le déluge ou la tempête d’Al Aqsa (toufan est le mot arabo-persan entré dans toutes les langues, à l’origine du français « typhon » ; c’est aussi le nom d’une série de missiles iraniens).

C’est une vérité historique : si l’on veut attaquer Israël, on doit le faire un samedi matin, quand les Juifs sont au repos. C’était ce qu’avaient fait les armées égyptienne et syrienne le 6 octobre 1973 en franchissant le Canal de Suez et en entrant dans les Hauteurs du Golan occupées. En 1973, il avait fallu une semaine aux sionistes pour se réveiller, sonnés qu’ils avaient été par l’attaque-surprise, et passer à la contre-offensive. Qui a gagné la guerre du Ramadan/Kippour ? On peut en débattre. Ce qui est sûr, c’est que cette guerre a sonné le glas des travaillistes israéliens, ces sionistes à visage humain, variante ashkénaze de la social-démocratie mitteleuropéenne. Elle aussi mis fin aux « Trente Glorieuses » et déclenché la première « crise du pétrole ». Des images fortes de cette période, deux m’ont marqué : celle d’autoroutes européennes entièrement vides de bagnoles et celle de la Reine des Pays-Bas ressortant son carrosse et ses chevaux pour se déplacer. Pour les Arabes, 73 avait presque effacé l’humiliation de 67. Dix guerres plus tard, où en est-on ?

12/08/2023

GIDEON LEVY
Maria a miraculeusement survécu à une frappe de missile israélienne. 17 ans plus tard, un incident à un poste de contrôle a réveillé son traumatisme

Gideon Levy, Haaretz, 12/8/2023

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

 Enfant, Maria Aman a été gravement blessée et a perdu la plupart des membres de sa famille lorsqu’un missile israélien a touché leur voiture à Gaza. Après une rééducation miraculeuse en Israël, mais paralysée et ventilée, elle a récemment revécu son traumatisme à un poste de contrôle.

 

Maria Aman avec son père Hamdi  Photo : Moti Mirlod

 

 Un SMS, il y a deux semaines : « Je ne peux pas supporter ce qui m’est arrivé hier. Parle à mon père ». Un message vocal le même soir, après minuit : « Bonjour Gideon, je voulais juste te dire que je suis allée à la police. Je suis allée les voir et je leur ai dit. Je leur ai raconté tout ce qui m’était arrivé au poste de contrôle et ils m’ont dit  “il n’y a rien eu de tel, nous devons vérifier ton histoire” ».

 

Retour en arrière, il y a 17 ans. 20 mai 2006, Gaza. La famille Aman achète une Mitsubishi Lancer d’occasion pour 7 000 dinars jordaniens (environ 9 000€ à l’époque) et entame joyeusement son premier voyage - parents, enfants, grand-mère, oncle - dans les rues principales de la ville. Maria, une petite fille de 3 ans et demi, se tient entre sa mère et son père dans la voiture et chante une chanson joyeuse.

 

C’était la dernière fois qu’elle se tenait debout. Un missile tiré par un pilote de l’armée de l’air israélienne sur la voiture d’un individu recherché a également endommagé le véhicule des Aman et tué presque tous ses occupants : Muhand, 7 ans, sa mère et celle de Maria, Naima, 27 ans, et leur grand-mère, Hanan, 46 ans. L’oncle, Nahed, 33 ans, mourra environ un mois plus tard. Maria, la petite fille chantante qui a perdu quatre membres de sa famille, était dans un état critique et a été plongée dans un coma artificiel et placée sous respirateur. Elle a d’abord été transportée à l’hôpital Shifa de Gaza, mais quelques jours plus tard, dans un effort apparemment ultime, elle a été transférée au centre médical Sheba de Ramat Gan.

 

Quelques jours plus tard, j’ai visité la maison familiale dans le quartier Tel al-Hawa de la ville de Gaza. Le silence sinistre qui régnait dans la maison n’était rompu que par les pleurs du père de famille, Hamdi Aman, qui avait alors 28 ans et avait perdu presque tous les êtres qui lui étaient chers. Il avait été blessé à la jambe lors de l’attaque et boitait sur le sable dans la cour, serrant dans ses bras Muaman, le fils de deux ans qui lui restait, le petit survivant qui pleurait sa mère, son frère et sa grand-mère, qui avaient disparu de sa vie. Au centre médical de Sheba, Maria était en grande difficulté.

 

Dans un premier temps, Hamdi a refusé de nous parler et nous a jeté un regard hostile. Par la suite, il nous a demandé de traduire un fax qu’il avait reçu de l’hôpital. Les médecins devaient pratiquer une petite intervention sur la trachée de Maria afin de l’aider à respirer ; son père devait signer un formulaire de consentement de toute urgence. Les autorités israéliennes avaient refusé d’accorder au père endeuillé un permis d’entrée pour être au chevet de sa fille.

 

Après la visite à Gaza, j’ai écrit dans ces pages, le 1er juin 2006 : « “Je ne déteste pas les Israéliens”, dit ce jeune homme qui a grandi [en travaillant] au marché du Carmel à Tel-Aviv et dont la famille a été ainsi détruite par Israël. Hamdi n’a rien mangé depuis la tragédie - seulement des larmes et des cigarettes, l’une après l’autre » De manière scandaleuse, le porte-parole des Forces de défense israéliennes a exprimé des doutes sur le fait que quelqu’un dans la famille ait réellement été tué par le missile de précision, mais a annoncé froidement : « Si des Palestiniens ont été tués par des tirs des Forces de défense israéliennes, des leçons opérationnelles seront tirées ».

Dix jours plus tard, j’ai fait un rapport de l’hôpital : « L’enchevêtrement de tubes et le respirateur artificiel fixé directement sur sa trachée ne peuvent cacher sa beauté. Petite fille de 3 ans allongée dans l’unité de soins intensifs pédiatriques du centre médical de Sheba, Maria Aman a de tristes yeux bruns en amande grands ouverts, ses lèvres murmurent : “De la nourriture, je veux manger”, mais tous ses membres sont paralysés, pour toujours ». Puis, le 15 juin, lors d’une visite à l’hôpital Alyn, un centre de rééducation pédiatrique à Jérusalem, j’ai écrit : « Une fin heureuse ? Ce n’est pas une fin et elle n’est pas heureuse. Maria Aman, une petite fille paralysée et ventilée, a été transférée cette semaine à l’hôpital Alyn de Jérusalem, alors qu’Israël s’apprêtait déjà à la renvoyer à Gaza ».


 Maria Aman avec son père à l’hôpital Alyn de Jérusalem en 2011. Photo : Emil Salman

 Un silence pesant, renforcé par la peur de l’inconnu, régnait dans l’ambulance de soins intensifs qui l’a transportée de Sheba à Jérusalem, où je les attendais. Son père, qui avait enfin été autorisé à entrer en Israël, et un parent de Jaffa l’accompagnaient dans l’ambulance. L’accueil à Alyn, par un médecin portant une kippa, a été chaleureux et professionnel. La bataille publique acharnée menée par quelques Israéliens pour obtenir des autorités qu’elles l’autorisent à rester en Israël pour un traitement médical a été couronnée de succès, cette fois-ci. Tous deux ont passé les cinq années et demie suivantes dans une petite chambre d’Alyn - Maria et son père, Hamdi, qui est resté à ses côtés sans relâche, jour et nuit.

Maria, qui a aujourd’hui 21 ans, peut parler et a appris à utiliser sa bouche pour faire avancer son fauteuil roulant électrique sophistiqué - tout ce qui est arrivé à Alyn, il y a plus de dix ans, était miraculeux. Grâce à la pression exercée par les quelques bons Israéliens qui se sont mobilisés pour l’aider, la bureaucratie israélienne a dérogé à la coutume et s’est comportée avec une humanité et une générosité dignes d’éloges - à grande échelle : Maria a reçu presque tout ce qu’un Israélien blessé lors d’une attaque hostile aurait reçu.

 

Elle et son frère ont le statut de résident permanent dans le pays - leur père est encore un résident temporaire - et ils vivent dans un appartement loué dans le beau quartier de Sharafat à Jérusalem-Est. La maison dans laquelle ils ont emménagé il y a quelques mois a été adaptée à son handicap, ils disposent d’un véhicule spécialement conçu, et l’équipement médical et de rééducation mis à la disposition de Maria ne ferait pas honte à un établissement médical de pointe. Aujourd’hui, Hamdi, le jeune père endeuillé et en colère de Tel al-Hawa, peut rivaliser en termes de connaissances médicales avec pratiquement toutes les infirmières et quelques médecins.


« Je dors en fonction du niveau de saturation [en oxygène, dans le respirateur de Maria] » a-t-il raconté cette semaine, assis dans le joli salon de la famille. Sa fille et lui partagent une chambre : Maria dans un lit d’hôpital sophistiqué ; lui, en bas, dans un lit de campagne. Hamdi, qui est aux côtés de sa fille 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 depuis 17 ans - nous savons tous que les Palestiniens n’aiment pas leurs enfants, n’est-ce pas ? - sait que si le respirateur se met à biper, Dieu nous en préserve, il dispose d’exactement 50 secondes pour sauver la vie de sa fille. Il sait comment changer les piles de la machine, comment faire fonctionner un dispositif d’inhalation manuelle si nécessaire, comment drainer le mucus qui s’accumule fréquemment dans les poumons de Maria, comment prendre soin de ses cheveux et de ses ongles. En général : comment s’occuper de son corps jour et nuit, comment répondre à tous ses besoins.

 

Il décrit le pacemaker implanté dans ses poumons et les médicaments qu’elle prend pour entretenir ses muscles et éviter les crampes. Sa Maria est une jeune femme extrêmement soignée, avec un bijou en or éblouissant à la main droite - qu’elle ne peut pas bouger, tout comme ses autres membres - acheté par son père à Hébron. Les murs du salon sont ornés de superbes peintures de paysages qu’elle réalise avec sa bouche. Il y a quelques années, elle a exposé à la galerie Ben Ami de Tel Aviv. Elle utilise fréquemment son téléphone portable spécialement conçu pour envoyer des messages vocaux et écrits, et pour avoir des conversations, par l’intermédiaire d’une petite tige qu’elle place dans sa bouche.

 

Au fil des ans, la maison des Aman s’est israélisée. L’arabe et l’hébreu sont entendus alternativement, la télévision est réglée sur les chaînes israéliennes. Le petit frère, Muaman, qui a été à nouveau blessé au bras par l’armée israélienne quatre mois après la catastrophe de Gaza, alors qu’il était encore coupé de son père et de sa sœur, a finalement été autorisé à les rejoindre en Israël. Il a aujourd’hui 20 ans et parle l’hébreu sans accent, plus couramment que l’arabe. Il étudie l’optométrie au Hadassah Academic College de Jérusalem, travaille comme caissier dans un supermarché et a un look tout à fait israélien. Lorsqu’il s’est avancé vers nous cette semaine, dans la rue où il vit, je n’ai pas reconnu le petit garçon effrayé que j’avais rencontré à l’époque.

 

Maria dit rêver de pouvoir poursuivre sa scolarité comme son frère et de trouver ensuite un emploi adapté à sa condition. Jusqu’à l’âge de 21 ans, elle était inscrite dans une école en tant qu’élève en éducation spéciale ; aujourd’hui, elle cherche un autre cadre pour poursuivre ses études.

 Maria Aman avec son père, Hamdi, et son frère Muaman, chez elle cette semaine à Jérusalem-Est. Photo : Moti Milrod

 

De temps en temps, la famille se rend à la plage de Bat Yam, au sud de Tel Aviv, qui est accessible aux personnes en fauteuil roulant. Au début, les médecins voulaient utiliser une sonde d’alimentation reliée directement à l’estomac, pour le reste de sa vie. Mais Hamdi a refusé. Aujourd’hui, Maria mange de tout. « Il n’y a rien que je n’aime pas manger », nous dit cette jeune femme pleine de joie de vivre.

 

Mais il y a deux semaines, tout semblait sur le point de s’effondrer. Hamdi est bénévole au sein de Road to Recovery, une organisation à but non lucratif dont les membres conduisent les Palestiniens des points de contrôle de Cisjordanie et du point de contrôle d’Erez, à la frontière de Gaza, vers les hôpitaux israéliens et vice-versa. Parfois, il aide également les patients de la bande de Gaza qui le contactent directement, comme il l’a fait le 26 juillet avec Dunya Arafat, une jeune Gazaouie qui s’était rendue à l’hôpital El-Ahli d’Hébron pour soigner son fils Fares, âgé de moins d’un mois, qui avait besoin d’une opération du cœur. Lorsqu’ils sont sortis de l’hôpital, Hamdi, avec Maria dans la voiture bien sûr, est venu les chercher pour les conduire au point de passage d’Erez. Ce qui leur est arrivé en route, au poste de contrôle de Tarkumiya, a été décrit en détail par Orly Vilnai au début du mois, dans l’édition hébraïque de Haaretz.

 

Selon Hamdi, les gardes du poste de contrôle ont exigé que Maria sorte de la voiture et soit soumise à un contrôle de sécurité, et que tout son équipement, y compris son ventilateur, sa machine de drainage et son cathéter, soit passé au scanner. Maria a commencé à avoir une crise de panique et son a pris sa défense.

 

« Faites-moi ce que vous voulez, mais ne touchez pas à Maria. Cette fille est paralysée et sous respirateur - et n’oubliez pas qu’elle est résidente permanente de l’État et que le véhicule appartient également à l’État », a-t-il dit aux gardes.

 

Hamdi et Maria décrivent l’incident comme une expérience intimidante. À un moment donné, un garde a pointé son arme sur Maria. « Vous devriez avoir honte de pointer une arme sur une jeune fille handicapée », lui a dit Hamdi. « Nous sommes une famille endeuillée, vous avez tué toute une famille, sa mère et son frère, sa grand-mère et son oncle. Comment avez-vous pu faire une chose pareille ? »

 

Des fonctionnaires du ministère de la défense ont démenti l’affirmation selon laquelle une arme aurait été pointée sur Maria et ont expliqué que les gardes sont tenus de porter des armes au poste de contrôle.

 

Yael Noy, directrice de l’organisation Road to Recovery, qui connaît très bien Hamdi et Maria et s’est rendue chez eux après l’incident, s’est également efforcée de donner une image plus douce de ce qui s’est passé. « Nous tenons à souligner que nous [notre organisation] recevons régulièrement un excellent traitement et une réponse immédiate à toutes les demandes que nous adressons aux autorités qui supervisent les postes de contrôle. Grâce au dévouement et à l’attention des autorités, nous sommes en mesure d’apporter aux patients palestiniens l’aide dont ils ont besoin dans la réalité complexe dans laquelle nous vivons ».

 

Maria Aman avec son père, Hamdi. Photo  : Moti Milrod

Il semble qu’une certaine insensibilité des gardes et l’anxiété d’un père attentionné se soient opposées au poste de contrôle, mais il n’y avait apparemment pas de malice.

 

Un porte-parole du ministère de la défense a donné la réponse suivante à Haaretz cette semaine : « M. Hamdi est arrivé sans coordination préalable, comme l’exigent les procédures, avec une femme de Gaza et son fils en bas âge. Lors d’une vérification en temps réel avec la Road to Recovery, il s’est avéré qu’ils n’avaient aucune connaissance du sujet et qu’il n’avait pas été coordonné avec eux. Malgré l’absence de coordination, il a été décidé de les accueillir et de les prendre en charge sur place.

 

« Le chef d’équipe [du poste de contrôle] a demandé à la Palestinienne de Gaza de sortir avec ses affaires pour un contrôle rapide et la saisie de son permis de transit, comme l’exige le protocole. À ce stade, M. Hamdi a commencé à expliquer qu’il avait avec lui sa fille, placée sous respirateur, et le chef d’équipe lui a dit qu’elle pouvait bien sûr rester dans le véhicule et qu’elle serait traitée dans le véhicule selon une procédure de contrôle simplifiée et rapide, ce qui a effectivement été fait.

 

« Au même moment, M. Hamdi a commencé à faire des allégations agressives et a essayé de faire sortir sa fille [du véhicule], malgré nos demandes claires de ne pas le faire. À un moment donné, M. Hamdi a commencé à prendre des photos dans l’enceinte du centre de transit. On lui a dit qu’il le faisait en violation de la loi et on a attiré son attention sur un panneau situé à proximité [indiquant] qu’il était interdit de prendre des photos sur le site.

 

« Nous notons que le comportement de M. Hamdi a retardé la conclusion du traitement de la situation, lorsqu’il lui a été demandé à plusieurs reprises de retirer les effets personnels du passager gazaoui et qu’il a tenté d’en laisser dans le véhicule, ce qui a entraîné un retard dans la conclusion du contrôle.

 

« L’allégation selon laquelle un garde aurait pointé une arme est totalement infondée et déconnectée de la réalité. Ce n’est pas notre façon d’opérer, ni professionnellement, ni moralement. En ce qui concerne l’allégation selon laquelle ‘un contrôle a été effectué sur le corps de Maria et sur son matériel médical’, le contrôle a été effectué selon une procédure simplifiée, en veillant à la sécurité de la patiente et en s’assurant que le matériel médical restait intact ».

 

Pour sa part, Maria dit qu’elle ne dort toujours pas la nuit depuis l’incident. Tout est remonté à la surface. Pendant qu’elle parle, il y a une accumulation de mucus dans ses poumons et Hamdi plonge rapidement le tube de drainage au fond de sa gorge pour le retirer. Son corps est parcouru de tremblements involontaires, mais quelques minutes plus tard, tout est redevenu comme avant.