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31/08/2022

Raúl Zibechi
L’Empire crèvera d’obésité : l'armée US n'arrive plus à recruter

 Raúl Zibechi, La Jornada, 26/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice

Raúl Zibechi (Montevideo, 1952) est un journaliste, écrivain et penseur militant uruguayen. Professeur et chercheur en “mouvements sociaux” à la Multiversidad Franciscana de América Latina (Uruguay) et chercheur associé au CETRI, il écrit, entre autres, pour Brecha (Uruguay) et La Jornada (Mexique). Livres en français

Réaffirmant l'idée que les empires s'effondrent de l'intérieur, lorsque leurs contradictions provoquent leur déclin ou facilitent leur conquête par leurs ennemis, nous observons comment les forces armées usaméricaines ont d'énormes difficultés à recruter des membres.


Les médias usaméricains affirment que l'armée est confrontée à sa pire crise de recrutement depuis la fin de la guerre du Viêt Nam, depuis l'abolition de la conscription militaire, selon un article du site Politico en juillet (https://politi.co/3Clt5zF).

À deux mois de la fin de l'année fiscale, l'armée n'avait atteint que 66 % de son objectif de recrutement. Le général Joseph Martin a déclaré à la commission des affaires militaires de la Chambre des représentants que l'armée de terre pourrait perdre plus de 20 000 soldats, passant de 466 000 à seulement 445 000, en raison des difficultés à trouver des recrues.

Toutefois, comme le souligne un article de Tom Dispatch, l’Army offre des primes d'enrôlement allant jusqu'à 50 000 dollars aux candidats qui décident de s'engager (https://bit.ly/3R0I4mF).
Les autres forces offrent également des primes, mais toutes sont confrontées au même problème de recrutement de combattants, l'armée de l'air rencontrant les plus grandes difficultés après l'armée de terre.

Les raisons sont à chercher dans une société brisée, des institutions effilochées et une nation sans autre boussole que la poursuite de la domination mondiale.

Seuls 23 % des USAméricains âgés de 17 à 24 ans peuvent s'engager dans les forces armées, contre 29 % les années précédentes, note NBC News (https://nbcnews.to/3dS6Ib1). Les autres, soit plus des trois quarts des jeunes, sont automatiquement disqualifiés en raison de leur obésité, de leur casier judiciaire, de leur consommation de drogues et de leurs problèmes physiques ou psychologiques.

Aux USA, on assiste à une véritable épidémie d'obésité, qui a explosé ces dernières années et se développe cinq fois plus vite qu'avant chez les enfants, tuant 300 000 personnes chaque année.

13/04/2022

CHRIS HEDGES
Les marlous va-t-en-guerre

Chris Hedges, ScheerPost, 11/4/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

La coterie de néocons et d'interventionnistes libéraux qui ont orchestré deux décennies de fiascos militaires au Moyen-Orient et qui n'ont jamais eu à rendre de comptes, attisent maintenant une guerre suicidaire avec la Russie.

  "Putes de guerre" - Illustration originale par M. Fish

 La même camarilla d'experts bellicistes, de spécialistes de la politique étrangère et de responsables gouvernementaux, année après année, débâcle après débâcle, fuit avec suffisance la responsabilité des fiascos militaires qu'ils orchestrent. Ils sont protéiformes, se déplaçant adroitement au gré des vents politiques, passant du parti républicain au parti démocrate et vice-versa, passant de guerriers froids à néoconservateurs et à interventionnistes libéraux. Pseudo-intellectuels, ils exsudent un snobisme exagéré Ivy League [chaine d’universités privées d’élite, NdT] alors qu'ils vendent la peur perpétuelle, la guerre perpétuelle et une vision raciste du monde, où les moins-que-rien de la terre ne comprennent que la violence.

Ce sont des maquereaux de guerre, des marionnettes du Pentagone, un État dans l'État, et des entrepreneurs de la défense qui financent généreusement leurs groupes de réflexion - Project for the New American Century, American Enterprise Institute, Foreign Policy Initiative, Institute for the Study of War, Atlantic Council et Brookings Institution. Comme une souche mutante d'une bactérie résistante aux antibiotiques, ils ne peuvent être vaincus. Peu importe à quel point ils ont tort, combien leurs théories sont absurdes, combien de fois ils mentent ou dénigrent d'autres cultures et sociétés en les qualifiant d'inciviles ou combien d'interventions militaires meurtrières tournent mal. Ils sont des accessoires inamovibles, les mandarins parasites du pouvoir qui sont vomis dans les derniers jours de tout empire, y compris le nôtre, sautant d'une catastrophe autodestructrice à la suivante.

J'ai passé 20 ans en tant que correspondant à l'étranger à rendre compte de la souffrance, de la misère et des massacres que ces marchands de guerre ont conçus et financés. Ma première rencontre avec eux a eu lieu en Amérique centrale. Elliot Abrams - condamné pour avoir fourni un témoignage trompeur au Congrès dans le cadre de l'affaire Iran-Contra, puis gracié par le président George H.W. Bush afin qu'il puisse retourner au gouvernement pour nous vendre la guerre en Irak - et Robert Kagan, directeur du bureau de diplomatie publique du département d'État pour l'Amérique latine - étaient des propagandistes pour les régimes militaires brutaux du Salvador et du Guatemala, ainsi que pour les violeurs et les voyous meurtriers qui composaient les forces rebelles de la Contra combattant le gouvernement sandiniste du Nicaragua, qu'ils finançaient illégalement. Leur boulot était de discréditer nos reportages.

Avec leur coterie de compères amoureux de la guerre, ils ont ensuite poussé à l'expansion de l'OTAN en Europe centrale et orientale après la chute du mur de Berlin, violant un accord de ne pas étendre l'OTAN au-delà des frontières d'une Allemagne unifiée et se mettant imprudemment à dos la Russie. Ils ont été et sont toujours des supporters de l'État d'apartheid d'Israël, justifiant ses crimes de guerre contre les Palestiniens et confondant de façon myope les intérêts d'Israël avec les nôtres. Ils ont préconisé des frappes aériennes en Serbie, appelant les USA à "éliminer" Slobodan Milosevic. Ils ont été les auteurs de la politique d'invasion de l'Afghanistan, de l'Irak, de la Syrie et de la Libye. Robert Kagan et William Kristol, avec leur ignorance typique, ont écrit en avril 2002 que « la route qui mène à une sécurité et une paix réelles » est « la route qui passe par Bagdad ».

09/03/2022

LUIS CASADO
Les conséquences économiques de la guerre

Luis Casado, 8/3/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

« Ah Dieu ! Que la guerre économique est jolie » est le titre d'un livre de l'inoubliable Bernrad Maris. Une guerre économique dans laquelle les petits soldats de plomb, c’est nous les sans-grade. Les multinationales s'occupent de la caisse et du profit. Les grandes puissances dirigent les opérations militaires. De ce point de vue, rien n'a changé. Les conséquences pour le personnel seront atroces, écrit Luis Casado.

Joe Biden

Joe Biden et les sanctions contre la Russie, par Hamzeh Hajjaj, Jordanie

Si vous pensez que le titre de cet article est inspiré du célèbre texte de John Maynard Keynes "Les conséquences économiques de la paix" (1919), vous avez tout à fait raison.

Keynes ne tourne pas autour du pot, même si ses positions ne lui valent aucun ami, ni dans l'appareil bureaucratique britannique, ni parmi les nombreux "faucons" favorables à des guerres auxquelles ils ne participent jamais.

Keynes, fervent partisan de la paix, a écrit que le traité de Versailles, signé à la fin de la Première Guerre mondiale (28 juin 1919), ne serait qu'un terreau fertile pour le nazisme et l'embryon d'une nouvelle guerre. Peu de temps après, l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale ont corroboré l'intuition du grand économiste.

Bien sûr, il y avait (il y a) des points de vue opposés. Comme celle de deux économistes français, Antoine Parent et Gilles Vergnon, qui, en 2021, s'interrogeaient : "Faut-il désacraliser l'idole ?" (Revue de l'OFCE, 171, 2021/1).

Dans leur article, ils écrivent :

« En effet, nous revisitons la lecture canonique et angélique de l’œuvre et la confrontons, notamment, à une lecture tombée dans l’oubli, celle d’Etienne Mantoux, qui soulignait en 1946 les  apories et dangers du texte de Keynes (1919). Keynes fait-il dans The Economic Consequences of Peace (ECP, 1919) une lecture prémonitoire du nazisme ou son  texte a-t-il servi à l’Allemagne de prétex te pour ne pas payer le montant des réparations ? Keynes (1919) est-il le chantre du pacifisme ou l’inspirateur de l’appeasement et du défaitisme qui facilita le réarmement de l’Allemagne nazie dans l’entre-deux-guerres ? »

Si l'on comprend bien, le coupable de la Seconde Guerre mondiale, c’était John Maynard Keynes, qui était aussi un salopard de traître aux intérêts de la couronne britannique. Que faisait James Bond ?

(Soit dit en passant, en 1919, un chancelier social-démocrate, Friedrich Ebert, a écrasé la révolution de Berlin qui a mis fin à l'Empire et créé la République, massacrant allègrement le mouvement ouvrier allemand. Ebert fait assassiner ses anciens collègues du parti, Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg. Pour cela, il n'utilise ni la police ni l'armée : il fait appel à des milices d'extrême droite qui deviendront plus tard les redoutables Schutzstaffeln, connues sous le nom de SS. Antoine Parent et Gilles Vergnon, deux révisionnistes de l'histoire, ne connaissent certainement pas l'histoire. Les sociaux-démocrates chiliens non plus : ils reçoivent de l'argent de la Fondation Friedrich-Ebert).

La critique grossière du texte de Keynes par Antoine Parent et Gilles Vergnon, 102 ans après sa publication, est du genre "dans la mesure du possible", et évoque ce que nous avons déjà entendu au Chili : « C'est le mieux qu'on pouvait faire ». Leur conclusion, peu argumentée, est la suivante :

« Reste que, quelles que soient les critiques que l’on puisse lui faire, il n’y avait guère d‘autre traité possible que le Traité de Versailles, et celui-ci fut d’emblée sapé par le retrait des États-Unis du dispositif prévu. Et il n’y avait guère de défaite « acceptable » dans une Allemagne où l’on n’avait pas le sentiment d’être réellement vaincu. Comme l’a écrit l’historienne canadienne Margaret Mc Millan, « les négociateurs se sont trouvés aux prises avec la réalité, non avec le possible, avec ce qui était, et non avec ce qui aurait dû être » » (Op. cit.)

Une manière très élégante de consacrer le découpage colonialiste du monde entier, ainsi que le rejet arrogant des demandes des dirigeants du tiers monde qui ont été allègrement ignorées. Parmi eux se trouvait un Asiatique insignifiant, mal habillé, portant des sandales, qui gagnait sa vie à Paris en faisant la plonge dans un restaurant. Personne ne l'a reçu. Ce pauvre homme est rentré dans son pays pour entamer l'une des plus longues guerres de libération jamais enregistrées, battant successivement le Japon, la France et les USA : le monde l'a connu sous le nom de Ho Chi Minh.....

Les économistes révisionnistes susmentionnés mentent. Travestir l'histoire est le recours de ceux qui n'ont pas d'arguments.

Si l'Allemagne n'a pas payé les réparations exigées à la fin de la Première Guerre mondiale (comme elle n'a pas payé celles de la Seconde Guerre mondiale...), c'est parce que ses ennemis, les USA, la France et la Grande-Bretagne, - dénoncés par Keynes qui n'était autre que le représentant du ministère des Finances britannique dans les négociations - étaient des empires coloniaux cupides qui en ont profité pour se partager la planète, et ont tenté de saigner l'Allemagne - éliminant ainsi un concurrent - en exigeant des réparations financières insensées. C'est ce que Keynes dénonçait : le montant des réparations exigées par les USA, la France et la Grande-Bretagne était destiné à mettre l'Allemagne à genoux, ce qui allait entraîner l’exact contraire des conséquences escomptées.

La lecture du texte des économistes révisionnistes fait sourire ces jours-ci, alors que l'Allemagne, sous prétexte de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, décide de faire ce qui lui était interdit jusqu'à présent : se réarmer. Seul un "économiste" peut s'en réjouir.

Course aux armements

C'est l'une des conséquences de la guerre : une accélération de la course aux armements en Europe, dont les effets dureront des décennies. Pour ne pas être en reste avec l'Allemagne, la France - dont le gouvernement assure à qui veut l'entendre qu'il n'y a pas d'argent - annonce une augmentation substantielle de son budget de défense.

Au moment où l'Europe doit investir dans l'éducation, dans la santé, dans la recherche scientifique, dans les infrastructures, pour inverser la désindustrialisation qui nous a laissés sans emplois, sans masques et sans médicaments face au Covid. Cette Europe qui doit investir dans le bien-être de sa population vieillissante : celle qui a produit la richesse aujourd'hui accumulée dans quelques mains et en particulier dans celles des patrons de l'industrie militaire.

Emmanuel Macron, qui grâce au coup de Poutine se voit épargner de devoir faire le bilan pathétique de son gouvernement, a dû prendre connaissance du rapport à l'Assemblée nationale de Jean-Louis Thiériot, membre de la commission de la défense nationale et des forces armées, qui affirme : « En cas de conflit de haute intensité, l'armée française pourrait se retrouver à court de munitions » (sic).

On a pu alors entendre la question : « Maman, c’est quoi, un conflit de haute intensité ? »

05/03/2022

LUIS CASADO
L'Ukraine : un épiphénomène

Luis Casado, Grandes Alamedas Siglo XXI, 5-3-2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Esope avait tort quand il disait « l'insignifiance est une garantie de sécurité ». Au contraire, les faibles, les misérables, sont souvent utilisés comme chair à canon. Pire encore : il y a toujours des tueurs à gages pour jouer à titre bénévole de chefs de fanfare.

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Photo : Daniel K. Cheung, sur Unsplash

Je sais que ce titre va donner des boutons à certains gentils lecteurs. Je vous demande seulement de lire ce qui suit. ça en vaut la peine.

La guerre actuelle a, comme toute chose, une genèse. Une généalogie. Pour découvrir ses racines, il faut creuser profondément. La mémoire collective, affirmait Tony Blair, un politichien européen bien connu, ne remonte pas à plus de deux semaines.

Les USA sont entrés dans la Seconde Guerre mondiale un peu tardivement, et il existe des théories controversées sur les raisons de ce retard. Certains disent qu'il était utile d'attendre que les prétendants européens se détruisent entre eux avant de venir au secours de la victoire, d'autres que la population usaméricaine - sans oublier ses oligarques - ne voyait pas d'un bon œil le fait de se mêler des affaires d'un monde très éloigné d'elle.

Winston Churchill savait ce qu'il fallait pour convaincre le Sénat, la Chambre des représentants et Roosevelt lui-même d'entrer en guerre. Certains historiens soulignent que les USA ont provoqué, ou facilité, ou incité, l'attaque de Pearl Harbour dans le seul but de justifier auprès de l'opinion publique une décision qu'ils s'attendaient à voir largement impopulaire.

Les USA n'étaient pas encore sortis de la Grande Dépression, et personne ne savait que la guerre serait le levier magique qui créerait tous les emplois et l'activité industrielle qui propulseraient les USA à la tête de l'économie mondiale. Et du même coup au contrôle militaire d'une grande partie du monde.

L'intervention usaméricaine n'était pas free of charge (gratuite) : l'idée qu'il n'y a pas de repas gratuit faisait déjà partie de la philosophie locale. La facture envoyée ensuite au Royaume-Uni, à l'Allemagne, à la Russie et à d'autres pays européens était très salée.

Mais ce ne fut pas la seule conséquence : une grande partie de l'Europe dut continuer à accueillir gracieusement les troupes usaméricaines. Dans certains cas, jusqu’à aujourd'hui. Ceux qui ont appelé un chat un chat, comme Charles de Gaulle, ont appelé ça « un protectorat ». L'Europe est un « protectorat » usaméricain, ou, pour parler clair, une colonie.

Si vous en doutez, le coût pour l'Allemagne des 32 000 soldats de l'Empire stationnés sur son territoire a été de 1,1 milliard de dollars au cours de la décennie 2010-2019. Ce n'est pas moi qui le dis : c'est le ministère allemand des Finances qui l'a dit, en répondant à Brigitte Freihold, députée au Bundestag. Et l'Allemagne peut alléguer que d’autres pays d'Europe paient encore plus.

Quoiqu’il en soit, les USA dépensent plus pour la défense que les 29 alliés de l'OTAN. Vous me direz que c'est normal, étant donné que l'Empire, ce sont les USA. Nonobstant, Donald Trump s'est permis, à Bruxelles, de dire à cette bande de corniauds qu'ils devaient payer plus, en soulignant que 23 des 29 étaient en retard dans le paiement de leurs misérables contributions (https://www.youtube.com/watch?v=2Cm8Su-bbmw).

À ce jour, les USA paient 70 % du budget de l'OTAN : leurs dépenses militaires représentent 3,4 % de leur PIB, tandis que leurs "alliés" dépassent à peine 1 % du leur. Il n'est pas difficile de voir qui mène la barque dans cette curieuse « alliance ».

10/10/2021

GUY SAPERSTEIN
Pourquoi je quitte les USA

Guy Saperstein, Scheerpost, 7/10/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Guy Saperstein est un avocat usaméricain. Il a fondé un cabinet d'avocats à Oakland, en Californie, en 1972, qui est devenu le plus grand cabinet d'avocats spécialisé dans les droits civils aux USA, réussissant à mettre sur pied les plus grandes actions collectives pour discrimination fondée sur la race, le sexe et l'âge de l'histoire des USA. Guy a également mené des poursuites dans le cadre de la False Claims Act (Loi anti-fraudes) contre Lockheed Missiles & Space Co. en rapport avec des systèmes de surveillance par satellite, et contre Raytheon, Boeing et TRW en rapport avec le Programme national de défense antimissile bidon. Ancien président de la fondation Sierra Club, décrit par Bill O'Reilly comme « un membre de l'infâme mafia de gauche », il est l'auteur de Civil Warrior : Memoirs of a Civil Rights Attorney.

Après six décennies passées à lutter pour la justice sociale et à incarner le rêve usaméricain, ce couple a décidé de tourner le dos à une nation perdue.

 

Ma femme et moi avons passé soixante ans à lutter pour la justice sociale en Amérique et à essayer d'être de bons citoyens, moi en tant qu'avocat des droits civiques qui a plaidé - et gagné - les plus grandes affaires de discrimination à l'embauche liées à la race, à l'âge et au handicap de l'histoire usaméricaine, et ma femme en tant qu'enseignante, assistante sociale, militante de la santé et philanthrope. J'ai pris ma retraite à cinquante et un ans, après avoir bâti un cabinet extrêmement lucratif, sans jamais perdre une seule affaire, tout en poursuivant la restitution légale au nom de clients qui avaient été lésés.

J'étais l'incarnation même du rêve américain. Mais au fil des décennies, j'ai acquis la conviction que l'Amérique est en phase terminale de déclin et que la bataille pour la justice et l'équité est sans espoir. Les raisons en sont multiples.

L'Amérique était autrefois le leader mondial de l'innovation. Elle ne l'est plus. Nous n'avons même pas un kilomètre de train à grande vitesse, sauf si vous comptez Disneyland. La Chine en a 30 000, et ça continue. Quel pays pensez-vous être prêt à prospérer au siècle prochain ?

Nous ne pouvons même pas maintenir nos routes en état. Les routes de l'Amérique sont un gâchis, beaucoup aussi mauvaises que dans n'importe quel pays du tiers monde. En fait, c'est ce que l'Amérique est en train de devenir - un pays du tiers monde.

La bataille est perdue. L'Amérique est en phase terminale de déclin et près de 75 millions d'Américains semblent vouloir l'enfoncer davantage. Comment se peut-il que tant de millions de personnes aient voté pour un homme qui a échoué dans tout ce qu'il a essayé - un homme qui a créé plus d'une vingtaine d'entreprises et qui a échoué à chaque fois, qui a trompé trois femmes à plusieurs reprises avant que chaque mariage n'échoue, qui est méprisé même par les membres de sa propre famille, qui a fait tout son possible, presque chaque jour, pour montrer qu'il est raciste et sexiste, un homme qui, selon le Washington Post, a été pris en flagrant délit de plus de 30 000 mensonges au cours de ses quatre années de présidence, qui a triché dans presque tout, y compris au golf, comment se fait-il qu'un tel homme soit considéré comme un modèle de vertu par près de la moitié de l'électorat ? Quelque chose a sérieusement déraillé.