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05/10/2021

La Syrie réadmise à INTERPOL, au risque de voir ses dissidents faire l'objet d'abus

William Christou, The New Arab, 2/10/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

William Christou est le correspondant du journal The New Arab pour le Levant, couvrant la politique du Levant et de la Méditerranée. William est également chercheur à l'Orient Policy Center. Auparavant, il a travaillé comme journaliste pour Syria Direct à Amman, en Jordanie. @will_christou

L'adhésion à INTERPOL donne à la Syrie un ensemble d'outils puissants qui pourraient être utilisés pour poursuivre les figures de l'opposition et les réfugiés dans le monde entier.

 Les notices rouges d'INTERPOL pourraient entraîner l'arrestation et la détention de personnalités de l'opposition dans le monde entier, si Damas décidait de les publier.

La Syrie a été réinscrite cette semaine dans le réseau de communication d'INTERPOL, une décision qui, selon les militants, pourrait ouvrir la voie au harcèlement et aux abus à l'encontre des figures de l'opposition et des réfugiés.

Le service de presse d'INTERPOL a déclaré vendredi au New Arab que "Damas s'est vu accorder l'accès au réseau mondial sécurisé de communication policière de l'organisation".

Cela permet au régime syrien d'avoir accès aux bases de données d'INTERPOL et de communiquer avec les autres membres de l'organisation par les canaux de celle-ci.

Elle donne également à Damas de nouveaux outils puissants qu'il pourrait utiliser pour poursuivre les dissidents politiques dans le monde entier, s'il le souhaite.

"INTERPOL est plus grand que les Nations unies, alors imaginez les capacités qu'il donne à un pays non démocratique pour persécuter ses opposants", a déclaré au New Arab Yuriy Nemets, un avocat basé à Washington D.C. et spécialisé dans la représentation des victimes d'abus d'INTERPOL.

En tant que membre d'INTERPOL, Damas peut publier des mandats d'arrêt internationaux, appelés "notices rouges", dans toute l'organisation internationale de police, forte de 194 membres.

Les notices rouges sont une demande faite aux pays membres de localiser et d'arrêter des individus. Dans certains cas, ces arrestations peuvent conduire à l'extradition, en fonction de l'approche du pays qui procède à l'arrestation vis-à-vis d'INTERPOL et de sa relation avec le pays qui publie la liste rouge.

18/08/2021

THE IRRAWADDY
La junte birmane a tué un millier de civils en moins de 200 jours

The Irrawaddy, 17/8/2021
Traduit par Fausto Giudice

Près de 1 000 civils ont été tués par les forces du régime du Myanmar en moins de 200 jours, alors que l'impitoyable junte poursuit sa répression brutale pour réprimer l'opposition au coup d'État du 1er février.

Visitez le site d'artistes https://www.threefingers.org

Rien qu'au cours du mois dernier, au moins 92 civils ont été massacrés par le régime, dont des adolescents, des étudiants militants, des manifestants, des membres de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) et des membres de leur famille, des passants, des piétons et des villageois, selon l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP), un groupe militant qui surveille les arrestations et les décès provoqués par des forces de la junte.

Les chiffres du mois dernier incluent le massacre par la junte de 40 personnes dans le canton de Kani, bastion de la résistance birmane, dans la région de Sagaing, lors de raids dans les villages du canton. Ce canton a été le théâtre de plusieurs massacres, la junte ayant intensifié ses opérations militaires contre la résistance.

 Les villageois qui ont fui les opérations ont déclaré que lorsqu'ils sont revenus dans leurs villages, ils ont trouvé près de 40 corps, dont celui d'un garçon de 14 ans et de 11 autres hommes arrêtés par les soldats de la junte les 26 et 27 juillet.

Le nombre de détenus torturés à mort par la junte a également continué à augmenter, avec au moins 10 autres personnes tuées en détention au cours du dernier mois et demi.

06/05/2021

Colombie : Faire cesser le massacre, tout de suite !
Appel S.O.S. à la communauté internationale

Communiqué de la MANPUP (Mesa Amplia Nacional de Profesores y Profesoras de Universidades Públicas, Plateforme nationale des professeur·es des universités publiques), Colombie, 3 mai 2021

Traduit par Alfredo Gómez-Muller


Nous sommes des enseignantes et des enseignants qui travaillons avec la jeunesse colombienne, qui témoigne d’une capacité d’autonomie et de pensée critique qui lui a permis de comprendre que le pays se trouve à un tournant. Le peuple colombien ne supporte plus une nouvelle réforme régressive portant sur la fiscalité, la santé, les régimes de retraite ou le code du travail. Il est clair que l’actuel projet de réforme contribue à aggraver l’appauvrissement et la précarisation des couches populaires et des malnommées « classes moyennes ». La concentration des richesses, la corruption politique, l’inefficacité de l’administration, les dépenses militaires pour la guerre et la dilapidation des finances publiques ont un coût qui ne devrait pas être financé au moyen d’une fiscalité régressive qui priverait les citoyens du nécessaire pour vivre ; elles devraient plutôt être supprimées, et l’on devrait exiger que les responsables en rendent des comptes devant la justice.

 La grève nationale qui se développe depuis le 28 avril dernier est un mouvement massif rassemblant diverses couches de la population colombienne, lassée des abus d’une classe politique dont l’autoritarisme, le penchant anti-démocratique et l’incompétence à gouverner se révèlent en plein jour. On assiste à une perte des garanties citoyennes, visible notamment dans la décision, contraire à la Constitution, d’interdire la protestation sociale, ainsi que, plus grave encore, dans l’ordre donné de tirer contre les manifestants qui défendent leurs droits et ceux des générations à venir.

 En tant que professeurs et professeures qui sommes partie prenante d’une université critique et engagée dans la construction d’une vie digne pour tous, nous adressons un appel urgent aux organisations humanitaires internationales afin qu’elles prennent position à l’égard des graves violations des droits humains qui ont lieu actuellement en Colombie. Des centaines de milliers de personnes sont sortis dans les rues sur l’ensemble du territoire national, afin de s’opposer à la prétention du gouvernement d’imposer une nouvelle réforme fiscale qui risque de précipiter la majorité de la population dans une misère jamais vue jusqu’ici. Il est irrationnel que cette réforme absurde ait été concoctée dans l’un des pays les plus touchés par la pandémie en raison de l’inefficacité des politiques publiques de santé, de l’improvisation de l’État ou du détournement des fonds publics. Mais la dilapidation des fonds publics par le gouvernement ne peut pas être à la charge d’un peuple dont la survie est menacée par la pandémie, le chômage et la violence.

La protestation sociale est un droit constitutionnel. Il fait partie de la Déclaration universelle des droits de l’homme, et touche à la liberté de pensée et d’expression. Un État social de droit est tenu de garantir à sa population l’exercice de ce droit qui est un rempart de la démocratie.  Pourtant, en Colombie la réponse à ces justes exigences a été l’ordre du Président de militariser les rues et les lieux publics et de faire un usage disproportionné de la force contre les manifestants, en invoquant l’« assistance militaire ». On a ainsi déclenché une guerre ouverte contre les citoyens au nom d’une prétendue « sécurité citoyenne », déployant des militaires armés et entraînés contre une population civile sans armes.

Là où il existe un collectif rassemblé dans le cadre du droit à la protestation, il y a démocratie participative et citoyenneté. Les rassemblements dans les grandes villes ont été endeuillés par la violence perpétrée contre des dizaines de jeunes manifestants qui ont été blessés par balle ou assassinés sans autre forme de procès. Des preuves documentaires suffisantes permettent d’affirmer que des gens en uniforme ou bien des civils qui les accompagnent tirent sur les manifestants, les passent à tabac ou les retiennent de force. Le bilan encore approximatif de cette barbarie fait état d’une vingtaine de morts, 500 personnes retenues, la plupart arbitrairement, 200 blessés dont 18 avec des lésions oculaires, 42 cas d’abus ou d’agressions contre des journalistes ou des membres d’organisations humanitaires, et 10 cas de violence sexuelle et de genre. Les incidents les plus graves ont eu lieu dans la ville de Cali, où le Recteur de l’université du Valle et la Gouverneure du Département ont donné l’ordre, légalement discutable, de déloger par la force un groupe d’étudiants qui se trouvaient dans le campus en attendant de pouvoir négocier les conditions pour la reprise des cours dans le contexte de la pandémie. La situation s’est aggravée encore à Puerto Resistencia, Puente del Comercio et Llanogrande (Palmira), avec des victimes à déplorer. Dans notre pays les entités garantes du bien-être des citoyens ne sont pas crédibles, comme les defensorías et les personerías, car ces organismes sont cooptés par un gouvernement criminel qui donne l’ordre de tirer sur le peuple et assassine les jeunes, les citoyens qui sont en première ligne pour défendre la démocratie. En raison de tout ce qui précède, nous refusons formellement l’usage immodéré des mécanismes de répression de l’État, nous exigeons la justice pour les victimes et nous exprimons énergiquement notre opposition aux réformes sociales régressives que le gouvernement entend soumettre au pouvoir législatif en matière de fiscalité, de santé, de retraites et de droits du travail. En conséquence, nous adressons un appel urgent à la communauté internationale pour exiger la protection des droits humains des manifestants et des manifestantes.