Affichage des articles dont le libellé est Frantz Fanon. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Frantz Fanon. Afficher tous les articles

05/02/2024

De New York à Gaza : actualité de Frantz Fanon
Une nouvelle biographie et des débats : Israël est-il un État colonial ?

La parution récente d’une nouvelle biographie de Frantz Fanon relance les débats sur la légitimité de la violence des opprimés et sur la nature de l’État d’Israël. Nous publions la traduction de quatre articles.

  •  Le monde a rattrapé Frantz Fanon, par Adam Shatz...p. 1
  •  Quand le médecin ordonnait la violence comme remède, par Jennifer Szalai…p. 6
  • Frantz Fanon aurait-il soutenu le massacre du 7 octobre ? Son biographe n’en est pas si sûr, par Etan Nechin…p.10
  • Qu’est-ce que le “colonialisme de peuplement” [settler colonialism] ?, par Jennifer Schuessler…p. 21

12/10/2023

MARK LEVINE
La conception de la violence de Fanon ne s’applique pas en Palestine

Mark LeVine, Aljazeera, 10/10/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le colonialisme israélien est bien plus que de la “violence à l’état de nature” et il faudra donc bien plus qu’une “plus grande violence” pour le vaincre.

Mark LeVine est professeur d’histoire et directeur du programme d’études mondiales sur le Moyen-Orient à l’université de Californie à Irvine. Son dernier ouvrage s’intitule We’ll Play till We Die : Journeys Across a Decade of Revolutionary Music in the Muslim World (University of California Press). Il est aussi guitariste de rock.

Au lendemain de l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël depuis Gaza, mon fil d’actualité Facebook a été envahi par des amis partageant des variantes d’une célèbre citation du philosophe et psychiatre anticolonialiste d’origine martiniquaise Frantz Fanon, selon laquelle la violence du colonialisme ne peut qu’être, et sera naturellement, contrée par la violence du colonisé. La citation est tirée de l’ouvrage Les Damnés de la terre et ne peut être comprise que dans le contexte de l’argumentation plus complète de Fanon : "Le colonialisme n’est pas une machine à penser, n’est pas un corps doué de raison. Il est la violence à l’état de nature, et ne peut s’incliner que devant une plus grande violence. » [p. 61]

Emad Hajjaj

Personne ne peut nier le caractère brillant de Fanon ni sa compréhension pionnière et profonde des effets psychologiques de la violence coloniale sur le colonisé et le colonisateur (en tant que psychiatre, il a traité des officiers coloniaux français et des Algériens et a constaté qu’ils souffraient de troubles psychiatriques similaires). Mais la seconde partie de l’argumentation de Fanon, la plus célèbre, n’est pas compréhensible sans la première partie, et la première partie - en particulier dans le contexte israélien - est de fait profondément erronée.

Le colonialisme, en particulier le colonialisme de peuplement - et encore plus particulièrement le colonialisme de peuplement sioniste - est en grande partie une “machine à penser” dotée d’une logique et d’une rationalité très puissantes et anciennes qui sont la clé de son succès. C’est pourquoi il est essentiel, pour ceux qui analysent et combattent la violence coloniale, de se demander à quoi ressemblerait une “plus grande violence” et comment elle peut être mesurée, sans parler de sa réalisation.

Je n’ai encore vu aucun scénario plausible dans lequel les Palestiniens acquièrent les moyens de déployer une “violence bien plus grande” à l’égard d’Israël/de l’entité sioniste pendant un certain temps, quel que soit le rapport de force géostratégique concevable. Même si l’Iran (la seule puissance qui soutient la Palestine de manière significative), par exemple, voulait livrer des armes plus lourdes aux Palestiniens, le contrôle d’Israël sur les points d’accès, ainsi que celui de l’Égypte et de la Jordanie, l’en empêcherait. La Palestine n’est pas l’Ukraine, soutenue par de grandes puissances et capable d’utiliser des corridors terrestres, maritimes et aériens pour obtenir un flux ininterrompu de livraisons d’armes afin de lutter contre un adversaire beaucoup plus grand et mieux armé. C’est même tout le contraire.

Plus largement, la Palestine d’aujourd’hui n’est pas l’Algérie de 1956, qui était la référence la plus importante de Fanon. Israël n’est pas non plus la France, avec une métropole où les colons peuvent revenir (à moins que nous ne considérions Tel Aviv comme la métropole). Il n’y aura pas de guerre d’indépendance de longue haleine aboutissant à ce que la grande majorité des Juifs quittent à la française une Palestine reconquise. Mais il existe plusieurs scénarios qui pourraient conduire à un retour de la Nakba, comme le réclament aujourd’hui de nombreux politiciens israéliens.

De plus, lorsque Fanon parle de l’effet “cathartique” et “purificateur” de la violence par/pour le colonisé dans Peau Noire, Masques Blancs, un autre argument souvent cité, il est important de rappeler qu’il fait d’abord référence au colonisé qui « adopte subjectivement une attitude de Blanc » et non à l’utilisation de la violence pour se purifier de la maladie psychologique du colonialisme en préparation de la longue lutte pour l’indépendance. Lorsque le moment de la violence révolutionnaire survient, explique-t-il dans Les Damnés de la terre, c’est encore au début de la lutte, lorsque le sujet colonisé, dégradé depuis longtemps, « découvre que sa vie, sa respiration, les battements de son cœur sont les mêmes que ceux du colon. Il découvre qu’une peau de colon ne vaut pas plus qu’une peau d’indigène. C’est dire  que cette découverte introduit une secousse essentielle dans le monde ». À ce moment-là, « toute l’assurance nouvelle et révolutionnaire du colonisé en découle. Si, en effet, ma vie a le même poids que celle du colon, son regard ne me foudroie plus, ne m’immobilise plus, sa voix ne me pétrifie plus. Je ne me trouble plus en sa présence. Pratiquement, je l’emmerde. Non seulement sa présence ne me gêne plus, mais déjà je suis en train de lui préparer de telles embuscades qu’il n’aura bientôt d’autre issue que la fuite ».

Dans le cas de la Palestine, ce type de violence s’est produit en 1921, 1929 et surtout en 1936, et non en 1987 ou 2000. Elle s’est appuyée sur l’autoreconnaissance des Palestiniens en tant que nation indépendante qui a vu le jour au début du 20e siècle, en même temps que le sionisme.

Je crains qu’en se concentrant sur la composante psychologique et le pouvoir de la violence, ainsi que sur le sentiment de liberté et de respect de soi produit par une violence telle que celle de la dernière attaque de masse, les gens placent les Palestiniens à un stade de développement national bien plus précoce qu’ils ne le sont aujourd’hui, ce qui conduit à des stratégies de résistance qui ne correspondent pas à l’état actuel du développement national ou au moment stratégique et politique. Cela permet également aux dirigeants israéliens, tels que le ministre de la défense Yoav Gallant, de déclarer, comme on pouvait s’y attendre, que « nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence », alors qu’Israël entame ce qu’il faut bien appeler un siège mortel de la bande de Gaza, tandis qu’une grande partie du monde hoche la tête en semblant le comprendre.

En effet, pendant plus de 50 ans d’occupation et 30 ans d’ “autonomie” palestinienne post-Oslo, plutôt que “ le colonisé [qui]se guérit de la névrose coloniale en chassant le colon par les armes”, ce qui s’est produit (comme je l’ai appris lors d’entretiens avec des thérapeutes dans les rares centres de santé mentale de Gaza depuis la fin des années 1990 jusqu’aux années 2000), c’est la transmission des traumatismes, les anciens prisonniers du Fatah torturés par Israël torturant à leur tour les membres du Hamas en utilisant les mêmes techniques que celles utilisées par les Israéliens sur eux - souvent en criant sur leurs victimes en hébreu tout en les torturant dans les mêmes pièces où ils ont été torturés. Le Hamas a poursuivi ce cycle pendant les deux décennies où il a exercé un contrôle effectif sur Gaza. Et aujourd’hui, nous le voyons avec des foules qui acclament les Israéliens kidnappés, battus et assassinés.

Quelle que soit la catharsis que cela constitue, ce n’est pas celle qui mènera à la victoire sur une société israélienne qui utilise la violence contre les Palestiniens comme sa propre catharsis traumatique depuis 75 ans, dans un monde qui a une très grande tolérance pour les victimes civiles palestiniennes, la plupart des Occidentaux continuant à soutenir Israël chaque fois qu’il y a un grand nombre de victimes juives israéliennes.

Enfin, il convient de noter que Fanon a considéré la présence de la France en Algérie sous l’angle du colonialisme/impérialisme européen de manière plus générale, en expliquant : « Très concrètement l’Europe s’est enflée de façon démesurée de l’or et des matières premières des pays coloniaux : Amérique latine, Chine, Afrique. De tous ces continents, en face desquels l’Europe aujourd’hui dresse sa tour opulente, partent depuis des siècles en direction de cette même Europe les diamants et le pétrole, la soie et le coton, les bois et les produits exotiques. L’Europe est littéralement la création du tiers monde. Les richesses qui l’étouffent sont celles qui ont été volées aux peuples sous-développés ». [Les Damnés de la Terre, p. 99]

Quoi que l’on puisse dire du colonialisme sioniste/israélien et de l’immense vol des ressources palestiniennes qu’il a impliqué, son objectif premier a été le vol et la colonisation de terres afin d’établir sa propre souveraineté sur ce territoire pour que ses citoyens puissent y vivre. Il est beaucoup plus proche du colonialisme nord-américain et australien - où les maladies, le nettoyage ethnique à grande échelle et finalement le génocide ont décimé la population indigène - que du colonialisme français en Algérie ou même en Afrique du Sud, où les Africains indigènes constituaient la grande majorité de la population totale. En effet, à l’instar de ces autres colonies européennes, les Juifs sionistes se sont dès le départ imaginés comme la population indigène et, dès le début des années 1970, ils ont tenté de s’identifier directement aux sujets coloniaux de Fanon ayant besoin d’une violence cathartique pour créer leur (re)nouvelle(s) nation(s).

Tragiquement, Fanon est mort en 1961, un an avant l’indépendance de l’Algérie. Il n’a pas vécu assez longtemps pour voir les réalités de la politique postcoloniale en Algérie, ou dans toute l’Afrique d’ailleurs, où, comme le romancier kenyan et penseur décolonial Ngugi wa Thiong’o l’a si bien montré, les dirigeants des États nouvellement indépendants ont presque immédiatement commencé à traiter leurs peuples de la même manière que leurs anciens colonisateurs (un phénomène également vécu par l’[In]Autorité palestinienne et le Hamas depuis Oslo).

Il y a quarante ans, lorsqu’il décrivait cette dynamique de gouvernance postcoloniale dans ses mémoires de prison révolutionnaires, Wrestling with the Devil : A Prison Memoir, Thiong’o a utilisé le terme “néocolonial”, non pas pour indiquer la poursuite du contrôle européen par d’autres moyens, mais plutôt pour décrire la manière dont les dirigeants anticoloniaux ont adopté (et adapté) les mêmes techniques brutales et autoritaires que leurs colonisateurs pour asseoir et maintenir leur pouvoir ; une critique de la “colonialité du pouvoir” qui est aujourd’hui au cœur de la pensée décoloniale, de plus en plus populaire.

Cette colonialité du pouvoir ne permettra jamais aux Palestiniens d’accéder à une indépendance réelle, ni par l’intermédiaire de l’[I]AP néocoloniale, ni avec le Hamas à la tête du pays. Si les Palestiniens veulent vaincre le colonialisme sioniste, il faudra probablement une analyse de sa violence et de son pouvoir bien différente de celle proposée par Fanon il y a trois quarts de siècle, et il faudra probablement un changement de paradigme dans les concepts fondamentaux de ce que sont une nation, la liberté et l’indépendance à un moment où le monde entier, et pas seulement la Palestine/Israël, se dirige vers la conflagration.

03/03/2022

Kwame Anthony Appiah
Psychologie de la libération
Comment Frantz Fanon en est venu à considérer la violence comme une thérapie

Kwame Anthony Appiah, The New York Review of Books, 24/2/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

  Kwame Anthony Appiah (Londres, 1954), de père ghanéen et de mère anglaise, enseigne la philosophie à l'université de New York. Ses derniers livres sont As If: Idealization and Ideals et The Lies That Bind: Rethinking Identity.

 Compte rendu de lecture de:
The Wretched of the Earth (Les damnés de la terre)
by Frantz Fanon, translated from the French by Richard Philcox, with a preface by Jean-Paul Sartre, a foreword by Homi K. Bhabha, and an introduction by Cornel West. Grove, 251 pp., $17.00 (paper)

Ils voulaient l'attraper. C'était à la fois une source de terreur et une forme d'hommage. Frantz Fanon était visé en tant que révolutionnaire algérien, mais il était aussi psychiatre, et il savait comment les émotions pouvaient être liées à leurs contraires.

En mai 1959, pour ne citer qu'un incident marquant, il se rendait en voiture près d'une base que des insurgés algériens avaient installée à la frontière marocaine lorsque le conducteur a perdu le contrôle de la voiture et Fanon en a été éjecté, se blessant gravement au dos. Certains ont soupçonné que la route avait été minée, d'autres que le véhicule avait été saboté.

Il a été transporté par avion à Rome pour y être soigné. Il l'a échappé belle : ses compagnons du Front de libération nationale (FLN) d'Algérie ont fait en sorte qu'une voiture vienne le chercher à l'aéroport, voiture que leurs adversaires ont piégée avec des explosifs. Fanon n'a été épargné que parce que la balle perdue d'un enfant a déclenché la bombe prématurément. Ensuite, un journal local a annoncé l'arrivée d'un responsable du FLN blessé, auquel l'explosion semblait liée, et a même donné le nom de l'hôpital qui le soignait - où, comme prévu, deux hommes armés ont fait irruption dans la chambre qui lui avait été attribuée. Ils dégainent leur arme vers un lit vide, Fanon s'étant furtivement fait déplacer.

Frantz Fanon, par Johnalynn Holland, NYB

 Un an plus tard, il se trouvait à l'aéroport de Monrovia, au Liberia, dans l'attente d'un vol pour Conakry, en Guinée, lorsque lui et ses compagnons du FLN ont appris que l'avion était plein. Des employés d'Air France, faisant preuve d’une merveilleuse sollicitude, lui assurent que la compagnie les réservera sur un vol partant le lendemain et prendra en charge leurs frais de nuit. Fanon était sur ses gardes : tout le monde se souvenait de la capture du chef du FLN, Ahmed Ben Bella, quatre ans plus tôt, alors que son vol Rabat-Tunis, avec équipage français, avait fait une escale imprévue à Alger. Alors que Fanon et ses camarades partent pour Conakry en voiture, le vol sur lequel ils ont été replacés, est détourné vers Abidjan et fouillé par la sécurité française. Encore une fois, ils l'ont échappé belle.

Comment un psychiatre s'est-il retrouvé au milieu d'une telle folie ? Comment un fils des Antilles est-il devenu un révolutionnaire algérien ? Et comment une figure autrefois obscure a-t-elle pu devenir l'intellectuel révolutionnaire « le plus pertinent pour le XXIe siècle », comme l'écrit Cornel West dans une introduction énergique à l'édition du soixantième anniversaire de The Wretched of the Earth ? Pour comprendre où Fanon a fini, il est utile de comprendre comment il a commencé.

C'est un fait historique gênant que nos leaders anticolonialistes les plus féroces soient généralement issus de la bourgeoisie éduquée. Né en 1925 sur l'île antillaise de la Martinique, une possession française, Fanon a été élevé dans une famille qui avait des domestiques, des leçons de musique privées pour ses sœurs et, en plus d'une maison confortable dans la capitale, une maison de campagne avec des jardins luxuriants. Son père était un fonctionnaire qui travaillait au bureau des douanes ; sa mère, qui avait manifestement des ancêtres alsaciens, avait un magasin et - selon David Macey, l'auteur de la biographie la plus fouillée et la plus judicieuse de Fanon1 - le sens des affaires. Il a reçu une excellente éducation au lycée Schoelcher, où le poète Aimé Césaire enseignait la littérature.

Mais la liberté, selon Fanon, « était indivisible » et, en 1944, il s'est engagé dans les Forces françaises libres de Charles de Gaulle, ce qui lui a donné une autre formation. Stationné en Afrique du Nord, il est confronté à la hiérarchie raciale sous une forme plutôt nue. Fanon devait peut-être faire face à ses propres préjugés - les habitants des Antilles françaises étaient élevés dans le mépris des habitants de l'Afrique subsaharienne - mais il s'est avéré que les Arabes détestaient les Noirs sans distinction, tandis que les Français blancs, même s'ils plaçaient les Antillais au-dessus des Arabes et des Subsahariens, étaient convaincus de leur supériorité sur tous les peuples de couleur.

Lorsque le bataillon de Fanon est envoyé dans le nord de la France et sur le Rhin, où il reçoit des éclats d'obus dans la poitrine, son désenchantement s'accentue. Il s'était mis en danger pour « des paysans qui n'en ont rien à faire ». Au milieu des festivités qui ont marqué la libération de la France, les Françaises n'osent pas danser avec un Noir qui a risqué sa vie pour elles. C'était un Français cultivé, un étudiant de ses trésors civilisationnels. Pourquoi n'était-il pas traité comme tel ?

Pourtant, ses états de service lui permettent d'accéder gratuitement à l'enseignement supérieur, et il se retrouve à Paris, à l'école de dentisterie. « Il y a trop de nègres à Paris », écrit-il à son frère Joby, faisant manifestement référence aux Africains dans le mépris desquels il a été élevé, « et moins je les vois, mieux je me porte ». Après quelques semaines, il s'installe à Lyon, suit quelques cours de qualification en sciences et entreprend des études de médecine. Entre-temps, il lit beaucoup, assiste aux cours de philosophie de Maurice Merleau-Ponty et a une fille avec une camarade de la faculté de médecine. (Après avoir reconnu sa paternité, il a décidé qu'il ne voulait plus rien avoir à faire avec cette femme ni avec leur fille). Il a écrit des pièces de théâtre, peut-être en partie parce que Jean-Paul Sartre, le parangon de l'intellectualisme français, l'a fait. Mais Fanon a toujours eu le sens du drame, dans les grandes comme dans les petites choses : écrivant à sa chère maman de Lyon, il déclarait : « Sans café, je crois que je vais mourir ».

Il allait aussi au cinéma. Ce n'est pas un fait accessoire à son sujet. Fanon était un cinéphile - "cinéphile" est un terme trop fastidieux pour quelqu'un qui aimait les films populaires et aimait s'en plaindre. Un ami qui s'était engagé dans l'armée avec lui se souvient qu'il s'était fait avoir en regardant un film affreux pendant une permission, après que Fanon lui eut assuré qu'il s'agissait d'une "merveilleuse comédie musicale américaine". Les spécialistes ont beaucoup à dire sur l'influence de Merleau-Ponty sur Fanon, et assez peu sur celle des films. Pourtant, le grand écran parlait à Fanon ; c'est pourquoi il se plaisait à dialoguer avec lui.