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19/04/2023

JUDY MALTZ
Quatre-vingts ans après, les descendant·es des insurgé·es du Ghetto de Varsovie se battent pour une démocratie en Israël

Judy Maltz, Haaretz, 17/4/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

La rébellion coule dans les veines de nombreux habitants du kibboutz “Combattants du Ghetto”, dans le nord d’Israël, ce qui explique pourquoi ils résistent de toutes leurs forces au coup d’État judiciaire du gouvernement Netanyahou.

De g. à dr. Yael Zuckerman,Yehonatan Stein et Moshe Shner, résidents du kibboutz Lohamei Hageta’ot. Photo : Rami Shllush

Les divisions sont si profondes dans la société israélienne d’aujourd’hui que même les familles sont séparées. Yael Zuckerman se console en se disant que la sienne est probablement une exception.

 « Notre famille élargie organise une réunion annuelle et lorsque nous nous sommes rencontrés il y a quelques semaines, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre », raconte-t-elle. « J’ai été agréablement surprise de découvrir que chacun·e d’entre nous avait participé activement au mouvement de protestation. Nous avons fini par nous asseoir autour de la table et partager des photos de nous-mêmes lors de différentes manifestations », dit-elle, faisant référence aux rassemblements pro-démocratiques de cette année contre les efforts du gouvernement Netanyahou pour éviscérer le système judiciaire.

 

Psychologue clinicienne à la retraite, Mme Zuckerman est la fille de deux chefs légendaires de l’insurrection du ghetto de Varsovie : Yitzhak (“Antek”) Zuckerman et Zivia Lubetkin et Zivia Lubetkin.

 

Cette semaine marque le 80e  anniversaire de l’acte le plus célèbre de la résistance juive contre les nazis pendant l’Holocauste.

Yael Zuckerman dans sa maison du kibboutz Lohamei Hageta’ot, dans le nord d’Israël. « Mes parents étaient des personnes qui assumaient la responsabilité de leurs actes, qui ne pensaient jamais à leurs intérêts personnels et qui se sont sentis coupables jusqu’à leur dernier jour de ne pas avoir pu sauver plus de Juifs ». Photo : Rami Shllush

Le 19 avril 1943, quelques centaines de jeunes combattant·es juif·ves tendent une embuscade aux forces allemandes qui pénètrent dans le ghetto de Varsovie pour rassembler les Juifs qui s’y trouvent encore et les transporter vers le camp de la mort de Treblinka. Les combattants ne disposaient que d’une dérisoire poignée d’armes, de grenades et de cocktails Molotov, mais ces individus désespérés, estimant qu’ils n’avaient plus rien à perdre, ont réussi à tenir tête aux nazis pendant près d’un mois.

“Antek” Zuckerman était le second de Mordechai Anielewicz, le chef du principal groupe de résistance juive. Il était alors basé du côté “aryen” de Varsovie, où il aidait à procurer des armes à ses camarades de l’Organisation juive de combat (Żydowska  Organizacja  Bojowa) derrière les murs du ghetto. Lubetkin, sa compagne de l’époque, était la seule femme à faire partie du haut commandement de l’organisation de gauche ZOB.

Des balayeurs nettoient le piédestal du monument aux héros du ghetto, qui commémore le soulèvement du ghetto de Varsovie d’avril 1943, dans la capitale polonaise au début du mois. Photo : WOJTEK RADWANSKI - AFP

 Yael a la particularité d’être le premier enfant né au kibboutz Lohamei Hageta’ot (le kibboutz des combattants du ghetto), fondé en 1949 par un groupe de 180 survivants de l’Holocauste. Nombre d’entre eux, comme ses parents, avaient été actifs dans la résistance juive aux nazis.

 

Les manifestations de masse en Israël en sont à leur quatrième mois, les manifestations hebdomadaires du samedi soir attirant des centaines de milliers de personnes dans tout le pays. Un chant que l’on entend régulièrement lors de ces rassemblements prend la forme d’un ultimatum adressé au gouvernement : « Démocratie ou soulèvement ! »

 

Pour Yael Zuckerman et d’autres membres de la deuxième et de la troisième génération de ce kibboutz, ce cri de guerre a une résonance très personnelle.

 

Mme Zuckerman, qui vit toujours au kibboutz (tout comme son frère aîné Shimon), affirme qu’elle ne manque aucune manifestation.

 

« J’ai manifesté à Haïfa, à Jérusalem, à Tel-Aviv - partout où j’ai pu », a-t-elle déclaré lors d’une récente interview dans sa maison remplie de plantes et entourée d’un jardin luxuriant. « Je le fais par peur. Je n’ai jamais ressenti auparavant l’effroi que je ressens aujourd’hui. C’est quelque chose de tangible et de terrifiant. Contrairement à mes parents, je n’ai pas été dotée de compétences en matière de leadership ou d’un charisme particulier, et je ne suis donc pas le genre de personne capable de rallier les masses. Mais je fais ce que je peux, et cela signifie souvent se tenir dans la rue en brandisant un drapeau ».

 

Cette femme à la voix douce considère qu’il est présomptueux de parler au nom de ses parents décédés. Cependant, si ces derniers étaient encore en vie aujourd’hui, elle pense qu’ils seraient « en train de résister de toutes leurs forces, et probablement, les connaissant, en train de jouer un rôle dirigeant dans ce combat ».

 

Obligation morale

Situé entre les villes côtières d’Acre et de Nahariya, Lohamei Hageta’ot compte quelque 800 habitants. Il abrite également la Maison des combattants du ghetto, créée en 1949 et premier musée de l’Holocauste au monde.

 

Début février, près de 200 de ses habitants ont signé une déclaration publique contre le coup d’État judiciaire - une annonce d’une demi-page, l’une des premières du genre, publiée dans le journal à grand tirage Yedioth Ahronoth. Comme de nombreux Israéliens, ils étaient convaincus que ce coup d’État pourrait sonner le glas de la démocratie dans leur pays.

 

Citant leur héritage unique, les kibboutzniks ont clairement indiqué dans leur déclaration que l’esprit combatif de leurs parents et grands-parents coulait encore fortement dans leurs veines.

 

« Nous sommes engagés dans la ‘rébellion’ contre toute forme de mal, d’injustice sociale et d’oppression d’autres peuples », ont-ils averti. « Nous résisterons à toute tentative de porter atteinte à notre système juridique et aux valeurs d’égalité, d’État de droit et d’indépendance du pouvoir judiciair »e.

 

Parmi les signataires figure Yehonatan Stein, un professeur d’histoire dont la grand-mère, Dorka Sternberg, faisait partie des membres fondateurs de Lohamei Hageta’ot. « En tant que descendants, j’estime que nous avons une obligation morale particulière de nous élever contre ce que fait ce gouvernement », déclare ce père de deux enfants, âgé de 42 ans.

 

« Après tout, nous savons mieux que quiconque que la démocratie ne se résume pas à la règle de la majorité, et nous savons mieux que quiconque ce qui peut arriver lorsqu’il n’y a pas de freins et de contrepoids et que trop de pouvoir est concentré entre les mains du régime ».

 

« L’Holocauste n’est d’ailleurs pas le seul exemple », ajoute-t-il.

Yehonatan Stein. « En tant que descendants, je pense que nous avons une obligation morale particulière de nous élever contre ce que fait ce gouvernement ». Photo : Rami Shllush

 Moshe (“Moishele”) Shner, professeur d’histoire et d’éducation à la retraite à l’Oranim Academic College, dont les parents faisaient partie des fondateurs de Lohamei Hageta’ot, a été l’une des forces motrices de la déclaration. Sa mère, Sarah Shner, était une combattante partisane en Biélorussie pendant la guerre et s’est ensuite employée à faire sortir clandestinement des Juifs de l’Union soviétique vers la Pologne et, de là, vers la Palestine mandataire. Éducatrice et auteure prolifique, elle a beaucoup écrit sur la résistance juive pendant l’Holocauste.

 

Le père de Moshe, Zvi Shner, a dirigé pendant de nombreuses années la Maison des combattants du ghetto et a édité de nombreux volumes de témoignages de survivants.

 

« Mes parents étaient les grands prêtres de la mémoire ici », déclare fièrement Shner, 68 ans, en prenant son petit-déjeuner dans sa maison du kibboutz. Il se souvient que sa mère avait été recrutée par Yitzhak Zuckerman après la guerre pour l’aider à localiser les archives secrètes du ghetto de Varsovie (connues sous le nom de projet “Oyneg Shabbes” ou “Oneg Shabbat”) enfouies sous les ruines.

 

En hommage aux fondateurs du kibboutz, M. Shner a récemment organisé, au cimetière de Lohamei Hageta’ot, une manifestation de “chaises vides” contre le gouvernement. Les chaises, explique-t-il, symbolisent les fondateurs décédés qui, après avoir émergé de la période la plus sombre de l’histoire juive, étaient déterminés à construire un lieu où les valeurs de démocratie, de liberté, d’égalitarisme et de libéralisme pourraient s’épanouir.

 

« Ils auraient été très désespérés s’ils étaient encore en vie aujourd’hui, en voyant ce qui se passe dans ce pays », déclare M. Shner. « Mais ce qu’ils nous ont appris, c’est qu’il faut s’élever contre l’injustice partout où elle existe et se battre pour nos valeurs. Pour nous, rejoindre le mouvement de protestation est un impératif moral ».

 

Peu de temps après le début des premières manifestations à Tel Aviv en janvier dernier, M. Shner s’est rendu sur la route à l’extérieur de son kibboutz, un drapeau israélien à la main. Il était le seul manifestant dans la rue ce soir-là. Depuis lors, les manifestations devant Lohamei Hageta’ot se sont multipliées chaque semaine, attirant à la fois les habitants du kibboutz et ceux des villes et communautés voisines. Au dernier décompte, dit Shner, plusieurs centaines de manifestants étaient présents.

 

Sa nature rebelle, dit Shner en souriant, a été héritée de sa mère décédée. « Elle a été partisane toute sa vie, même après avoir quitté les forêts », explique-t-il. « Elle ne recevait d’ordre de personne et faisait ce qu’il fallait faire, pas nécessairement ce qui était autorisé. Elle m’a toujours appris à ne pas baisser les yeux devant l’autorité et à agir de manière à ce que je sois fier de me regarder dans la glace chaque matin. C’est peut-être ce qui explique pourquoi je me suis tellement impliqué dans ces manifestations ».

 

Moshe Shner. « Ce que nous avons appris des fondateurs des kibboutz, c’est qu’il faut s’élever contre l’injustice partout où elle existe et se battre pour nos valeurs ». Photo : Rami Shllush

Cette fois, c’est différent

 

Le sentiment de désespoir de Yael Zuckerman face à la direction prise par Israël n’est pas nouveau. Il a commencé bien avant que le dernier gouvernement - le plus religieux et le plus à droite de l’histoire du pays - ne prenne le pouvoir à la fin de l’année dernière.

 

« ça fait des années que mon estomac se retourne face à ce que je vois autour de moi : l’occupation, la discrimination à l’encontre de la minorité arabe et le discours haineux à l’encontre de personnes comme moi, qualifiées de “traîtres gauchistes” », explique-t-elle. « Mais jusqu’à présent, je n’ai jamais ressenti le besoin de me révolter. J’acceptais ce que faisait le gouvernement, même des choses que je trouvais horribles, parce que c’était le gouvernement qui avait été élu par le peuple. Mais cette fois, c’est différent.

 

Ces derniers temps, Mme Zuckerman a beaucoup pensé à ses parents et à leur style de leadership, si différent, note-t-elle, de celui des dirigeants actuels du pays.

Le père de Yael Zuckerman, Yitzhak, s’adressant à la première assemblée du kibboutz Lohamei Hageta’ot en 1949. Photo : Rudolf Younes/Archives de la Maison des combattants du ghetto

 « Mes parents étaient des personnes qui assumaient la responsabilité de leurs actes, qui ne pensaient jamais à leurs intérêts personnels et qui se sont sentis coupables jusqu’à la fin de leur vie de ne pas avoir pu sauver plus de Juifs », dit-elle. « Le soulèvement du ghetto de Varsovie a été le premier acte de ce type contre les nazis dans toute l’Europe, mais ils se sont souvent torturés à l’idée que s’ils avaient agi plus tôt, davantage de vies auraient peut-être pu être sauvées ».

 

Son père, raconte-t-elle, s’est vu un jour demander quelles leçons militaires pouvaient être tirées du soulèvement d’avril 1943. Sa réponse célèbre a été que ce n’était pas un sujet pour les écoles militaires, mais plutôt pour les écoles qui étudient l’esprit humain.

 

Il y a quelques années, raconte Mme Zuckerman, elle a demandé et obtenu un passeport polonais. « Je n’entrerai pas dans les détails, mais je plaisantais souvent en me disant que si Israël devenait une dictature sous la direction de Netanyahou, j’aurais un endroit où aller », explique-t-elle.

 

« Et maintenant, nous nous retrouvons dans une situation où une dictature est suspendue au-dessus de nos têtes comme une épée. Je sais que mes parents, s’ils étaient encore en vie aujourd’hui, n’auraient jamais abandonné et ne seraient jamais partis. Et vous savez quoi ? Les manifestations m’ont fait comprendre qu’il n’était pas question pour moi de quitter cet endroit non plus. Les gens qui manifestent aujourd’hui dans les rues - leur esprit humain me donne de l’espoir ». [Puisse leur esprit humain s’étendre un jour à TOUS les humains peuplant ce territoire,NdT]

 

Des visiteurs regardent une exposition au musée de la Maison des combattants du ghetto au kibboutz Lohamei Hageta’ot. Photo de la maison des combattants du Ghetto : Rami Shllush

 

Lire aussi  Marek Edelman, le Dernier des Mohicans – La preuve qu’on peut être ‘juif polonais’ sans être sioniste

 

14/04/2023

GIDEON LEVY
Qu'est-ce qui attend Israël après les protestations ? Le gantzisme
On prend les mêmes et on recommence

Gideon Levy, Haaretz, 13/4/2023

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

À la fin de la grande protestation, Benny Gantz sera élu Premier ministre et on parlera à juste titre d'un succès grandiose, fatidique, peut-être même historique - le coup d'État judiciaire sera contrecarré et Benjamin Netanyahou et la droite seront vaincus.

Le chef du Parti de l'unité nationale, Benny Gantz, lors de la manifestation anti-Netanyahou à Jérusalem, samedi dernier. Photo : Ohad Zwigenberg

En effet, la protestation ne doit pas être prise à la légère. Les signes de son succès se sont déjà reflétés dans les sondages, comme celui, spectaculaire, de Canal 13. La chute du Likoud à 20 sièges à la Knesset [32 actuellement, NdT] dans les sondages pourrait annoncer la fin de son règne : l'ascension météorique de Gantz pourrait signifier que son étoile est montée au firmament. Des mois de protestations civiles efficaces prendront fin avec un Benny Gantz Premier ministre. Il n'y a pas de plus grand succès à l'horizon.

La majorité absolue des manifestants serait très heureuse de ce résultat. Gantz n'est peut-être pas exactement celui qu'ils voulaient, mais il est certainement exactement ce qu'ils voulaient.

Gantz, c'est la réconciliation, le retour à un Israël "normal", "sain", "représentatif", celui qui avait "sombré", qui avait été si beau et si agréable. Gantz, c'est le retour à la paix et à la tranquillité que les bons Israéliens avaient tant souhaitées ces dernières années, les années sous le pilonnage incessant du compresseur.

Gantz, c'est la fin de Netanyahou, et que peuvent désirer de plus les manifestants. La grande malédiction aura été levée et Israël redeviendra ce qu'il était.

Mais une protestation qui se termine par un retour à la routine est une protestation terriblement malavisée, une petite manifestation de petit épicier. Une protestatio, qui se termine uniquement par le rétablissement de l'ordre antérieur ne peut que laisser un goût amer et de la frustration. Gantz rétablira l'ordre, mais cet ordre, pour commencer, était un ordre pourri et malade.

Gantz mettra en place un gouvernement central, avec ceux-ci et ceux-là, les choses reprendront leur cours, Tsahal redeviendra une "valeur" dans le code moral de l'État. Israël redeviendra représentatif, respectable, comme tous les manifestants l'avaient tant souhaité.

Itamar Ben Gvir recommencera à détruire les étals des vendeurs à Hébron, Bezalel Smotrich continuera à se languir d'une seconde Nakba et le mauvais vieil Israël sera de retour.

Il y avait une aberration sous la forme d'un gouvernement d'extrême droite, il a été écarté grâce à la protestation, le désastre a été évité et maintenant tout va être si beau.

Gantz sera le héros du camp de la paix, Yair Lapid le héros de la démocratie, la Cour suprême le phare de la justice et bien sûr, Avigdor Lieberman, ne l'oublions pas, le héros des lumières.

Une image a démontré tout cela plus que mille mots. La présidente de la Cour suprême, Esther Hayut, a assisté à un concert du Gevatron marquant le 75e anniversaire du chœur, et le public s'est levé pour applaudir l'héroïne de sa classe sociale.

Que manque-t-il à ce moment ? Le lieu est l'auditorium Mann, le spectacle est la Mer des gerbes et le public est approprié. On ne peut imaginer un mélange plus représentatif du camp de ceux qui aspirent à un retour à la normale, qui est le cœur du camp protestataire.

La présidente de la Cour suprême y est reçue comme une rock star comme elle n'en a jamais rêvé, pas même dans ses jeunes années en tant qu'Esti Avni de la Fanfare du Commandement central (de l’armée). Si elle s'était présentée contre Gantz, elle l'aurait peut-être même battu.

La soif de "normalité", réelle ou imaginée, est désormais le mot d'ordre. Même un président de cour plutôt terne, à la tête d'une institution sans un seul vrai juge libéral ou de gauche, est aujourd'hui le désir le plus cher des personnes en quête de normalité.

Et quelle est cette normalité à laquelle tout le monde aspire aujourd'hui ? Une plaie ethnique profonde et saignante qui s'est encore élargie.

Un militarisme profondément ancré dans la société, dont la profondeur n'a fait que croître avec les manifestations.

Une société dont l'exclusion des Arabes n'a été qu'accentuée par la protestation.

Un État dont le budget de défense est démesuré, au détriment de tout le reste.

L'État le plus religieux du monde occidental, qui ne connaît pas la séparation entre l'État et la religion.

Une Cour suprême qui est la plus grande légitimatrice de l'occupation.

Un projet de colonisation - mis en place par la gauche et le centre et développé par la droite - qui n'est rien d'autre qu'un grand crime de guerre permanent.

Des dizaines de milliers de demandeurs d'asile qu'Israël maltraite de façon scandaleuse, et de plus en plus de fléaux et de maladies que le gantzisme ne songe même pas à soigner.

C'est de cela que nous rêvons. C'est à cela que nous voulons revenir.

Esther Hayut aujourd'hui...

 

...et quand elle chantait comme Esti Avni dans la Fanfare du Commandement central (au centre)



01/04/2023

AMIRA HASS
Les masses israéliennes protesteront-elles contre une injustice qu’elles ont causée ?

Amira Hass, Haaretz, 31/3/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le/la Cynique : Les Israéliens manifestent donc parce qu’ils craignent d’être arrêtés à l’étranger pour avoir commis des crimes de guerre et interrogé des Palestiniens sous la torture ?

Le/la Fan : C’est quoi ton problème ? Les agents du Shin Bet, les architectes qui ont conçu les colonies d’Ariel et de Ma’aleh Adumim, les avocats et les juges qui ont approuvé la coupure de la bande de Gaza du monde et la destruction des villages de Masafer  Yatta - ne sont qu’une minorité parmi les dizaines de milliers d’opposants à ce détestable coup d’État contre notre système de gouvernement.

Des manifestants contre la refonte du système judiciaire se rassemblent devant le Parlement israélien à Jérusalem, lundi. Photo : AHMAD GHARABLI - AFP

C : Mais ils sont du même milieu que les manifestants. Ils renoncent aux salauds de la Police des frontières et de La Familia, mais en même temps ils veulent assurer l’avenir de leurs enfants comme tortionnaires du Shin Bet, développeurs de logiciels espions, bombardeurs de Gaza, avocats qui approuvent les déportations et ainsi de suite, sans risquer d’être arrêtés lorsqu’ils débarqueront à La Haye ou à Madrid.

Des manifestants comparent Israël à une république bananière lors d’une manifestation à Jérusalem lundi. Photo : Emil Salman

F : C’est une image démagogique de la société israélienne. Tout d’abord, les juifs mizrahi manifestent également. Deuxièmement, la majorité d’entre eux sont des gens qui travaillent dur, des salariés comme toi et moi, sans pensions financées par l’État, avec des hypothèques et des dettes et de la colère face à la détérioration des systèmes d’éducation et de santé. Regarde comment ils ont réussi à saper l’arrogance capitaliste du Kohelet Forum.