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23/11/2023

Argentina: Javier Milei, un canalla tiktoktokado, enviado a la Casa Rosada por la chusma tiktoktokera

 Fausto Giudice,, 21/11/2023
Traducido por Luis Casado, Tlaxcala

David Pugliese

 El 10 de diciembre próximo, Javier Milei se instalará en la Casa Rosada, situada en la Plaza de Mayo en Buenos Aires. El 58º presidente argentino llegará allí con sus perros clonados, su hermana rasputiniana y su concubina telegénica. Se supone que permanecerá allí hasta el 2027, a menos que no se fugue en helicóptero en pleno mandato, como hizo uno de sus predecesores, Fernando de la Rúa, el 20 de diciembre 2001. En este país aplastado por una política surrealista, uno puede esperarse a todo.

 Vistas sus prestaciones públicas desde hace algunos años, Milei merece su apodo: El Loco. Hizo todo, dijo todo, desembaló todo, sobre su infancia desdichada, la pérdida de su perro, su práctica del yoga tántrico, blandiendo la motosierra con la que va a decapitar el Banco Central, el Ministerio de la Mujer, el de la Cultura, el del Bienestar Social y el Museo de la Memoria de la ex-ESMA.

Prohibirá el aborto, autorizará la venta de niños, la venta de órganos y el armamento de los buenos ciudadanos de bien apasionados de legítima defensa, privatizará el petróleo y el gas de esquistos, y un gran etcétera.

 Dicho de otro modo, no tiene programa, pero profirió a lo largo de su campaña eructos a diestra y siniestra. Poco antes de la segunda vuelta, cayendo en la cuenta que había ido un poco lejos, buscó tranquilizar a los electores:  « Tranquilos, no privatizaré ni la Salud ni la Educación ».

En resumen, El Loco es un mosaico: una dosis de humpy-trumpy, una cucharada de bolsonaritis, un efluvio de zelenskiada, aliño de meloni-abascaliadas con una cascarita de marina-orbanidad, y todo a la salsa porteña*.

 Y el payaso la rompió entre los de arriba, entre los del medio, y sobre todo entre los pringaos.

Los descamisados, término despectivo -asumido por los peronistas- para designar a los pringaos, le hicieron un triunfo a Juan Domingo Perón en 1946, en 1951 y, mucho después del golpe de Estado de 1955 que lo envió al exilio, al inicio de los años 1970. Luego el movimiento peronista se dividió en facciones totalmente opuestas: de un lado el ala marchanta-revolucionaria, algo teñida de marxismo y de teología de la liberación, y el ala fascista, dirigida por Lopez Rega, el Rasputín de Perón y de su viuda Isabelita, organizador de los comandos de asesinos de la Triple A, la Alianza Anticomunista Argentina.

 Al salir de las sombras después de la caída de la dictadura en 1983, el peronismo no ha hecho sino derivar de líder en líder: Menem, Duhalde, Kirchner I (el marido, Néstor) y Kirchner II (la mujer, Cristina) y finalmente Alberto Fernández.

Ochenta años después de su nacimiento, luego de la Revolución de 1943, el peronismo está definitivamente muerto. Lo que fue en su día un maremoto obrero y popular que escogió como primer nombre el inimitable « Partido Único de la Revolución », antes de rebautizarse « Partido Justicialista » y cambiar de nombre a cada gran elección, devino en una canasta de escorpiones matándose entre ellos en la carrera por los curules y los taburetes.

 Los descamisados de hoy, el 42% de la población clasificada pobre, no son los del siglo pasado. Para 46 millones de habitantes, se cuentan 38,2 millones de teléfonos « inteligentes ». No sorprende pues que los tiktokeros hayan votado por un pirado. La alternativa el Señor 648% de inflación, el ministro de Economía Sergio Massa. Al presentarlo como candidato a la presidencia, el postpostpostneoneoperonismo se hizo el hara-kiri.

De ello dan testimonio los resultados del voto en las villas miseria, equivalente argentino de las favelas brasileñas. En casi todos los antiguos bastiones del peronismo votaron por El Loco, sin comprender que El Loco era un Alfil (fou: loco, en francés) del Rey, y que ese rey se llama Macri, el cual -agazapado en las sombras- va a manipular las cuerdas del nuevo pelele de la Casa Rosada dolarizada.

 « El hombre desciende del mono, el Argentino desciende del barco », dice una antigua broma. ¿Los Argentinos retomarán un barco -o un avión- para un nuevo éxodo? ¿O bien nos regalarán una explosión social generalizada, un Argentinazo ? Vivir para ver.

 NdT
* Los no familiarizados con la política mundial tal vez no reconozcan aquí todos los personajillos neofascistas:

bolsonaritis: por Bolsonaro, de Brasil

zelenskiada: por Zelensky, de Ucrania

meloni: por Giorgia Meloni, de Italia

abascaliadas: por Abascal, de España

marina: por Marine Le Pen, de Francia

orbanidad: por Viktor Orban, de Hungría

21/11/2023

Argentine : Javier Milei, une canaille toquée, envoyée à la Maison Rose par la racaille tiktokeuse

Fausto Giudice,, 21/11/2023

Le 10 décembre prochain, Javier Milei prendra ses marques à la Casa Rosada, la Maison rose, sur la Plaza de Mayo à Buenos Aires. Le 58ème président argentin s’y installera avec ses chiens clonés, sa sœur raspoutinienne et sa concubine télégénique. Il est censé y rester jusqu’en 2027, à moins qu’il ne s’enfuie en hélicoptère en cours de mandat, comme un de ses prédécesseurs, Fernando de la Rúa, le 20 décembre 2001. Dans ce pays accablé par une politique surréaliste, on peut s’attendre à tout.

Au vu de ses prestations publiques depuis quelques années, Milei mérite bien son surnom : El Loco, Le Fou. Il a tout fait, tout dit, tout déballé, sur son enfance malheureuse, la perte de son chien, sa pratique du yoga tantrique, brandissant la tronçonneuse avec laquelle il va décapiter la Banque centrale, le ministère des Femmes, celui de la Culture, celui de la Protection sociale, le musée de la mémoire de l’ex-ESMA. Il va interdire l’avortement, autoriser la vente d’enfants, la vente d’organes, l’armement des bons citoyens épris de légitime défense, il va privatiser le pétrole et le gaz de schiste, et j’en passe. Bref, il n’a pas de programme, mais il a proféré tout au long de la campagne des éructations à tort et à travers. Peu de temps avant le deuxième tour, se rendant compte qu’il était allé un peu trop fort, il a cherché à tranquilliser les électeurs : « Pas de panique, je ne vais pas privatiser la santé et l’éducation ».

Bref, El Loco est un patchwork : une dose de humpy-trumpy, une louche de bolsonase, une effluve de zelenskiade, le tout saupoudré de melono-abascaliades avec un zeste de marino-orbanité, le tout à la sauce porteña.

Et le clown a fait un tabac chez ceux d’en haut, ceux du milieu et, surtout ceux d’en bas.

Les descamisados -les sans-chemise, un terme méprisant pour désigner les gueux, repris à leur compte par les péronistes – avaient fait un triomphe à Juan Domingo Perón en 1946, 1951 et, après le putsch de 1955 qui l’envoya en exil, au début des années 1970. Puis le mouvement péroniste avait explosé, entre factions totalement opposées : d’un côté l’aile marchante révolutionnaire, teintée de marxisme et de théologie de la libération, et l’aile fasciste, dirigée par Lopez Rega, le Raspoutine de Perón et de sa veuve Isabelita, organisateur des commandos de tueurs de la Triple A, l’Alliance Anticommuniste Argentine.

Ressortant de l’ombre après la chute de la dictature en 1983, le péronisme n’a fait que dériver de leader en leader : Menem, Duhalde, Kirchner I (le mari, Néstor) et Kirchner II (la femme, Cristina) et enfin Alberto Fernández. 80 ans après sa naissance au lendemain de la Révolution de 1943, le péronisme est bel et bien mort. Ce qui fut en son temps un raz-de-marée ouvrier et populaire et qui choisit comme premier nom de parti l’inimitable « Parti Unique de la Révolution » avant de se renommer « Parti Justicialiste », puis de changer de nom avant chaque grande échéance électorale, est devenu un panier de crabes se bouffant entre eux dans la course aux fauteuils et aux strapontins.

Les descamisados d’aujourd’hui, les 42% de la population classés comme pauvres, ne sont pas ceux du siècle dernier. Pour 46 millions d’habitants, on compte 38,2 millions de téléphones « intelligents ». Pas étonnant donc que les tiktokeurs aient voté pour un toqué. L’alternative était Monsieur 648% d’inflation, le ministre de l’Économie Sergio Massa. En le présentant comme candidat à la présidence, le postpostpostnéonéopéronisme s’est fait hara-kiri. En témoignent les résultats du vote dans les villas miseria, équivalent argentin des favelas brésiliennes. Dans presque tous ces anciens bastions du péronisme, on a voté pour El Loco, sans comprendre que Le Fou était un Fou du Roi, et que ce roi s’appelle Macri, lequel, tapi dans l’ombre, va tirer les ficelles du nouveau pantin de la Maison rose dollarisée.

« L’homme descend du singe, l’Argentin descend du bateau », dit une vieille blague. Les Argentins vont-ils reprendre un bateau – ou un avion – pour un nouvel exode ? Ou bien vont-ils nous régaler d’une explosion sociale généralisée, un Argentinazo ? Qui vivra verra.

15/08/2023

ALEJANDRO GRIMSON
Argentine : nouvelle droite, nouveaux défis

Alejandro Grimson, Página 12, 15/8/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Alejandro Grimson (Buenos Aires, 1968) est un anthropologue argentin, professeur et directeur de thèses de doctorat en anthropologie sociale à l’Institut de Hautes Études Sociales de l’Université San Martín, chercheur principal au CONICET (Conseil national de recherches scientifique et technique). Spécialiste entre autres des inégalités, des discriminations, des migrations, des zones frontalières, des cultures politiques, des identiéts et de l’interculturalité, il est l’auteur de six livres. CV

Le résultat choquant des élections primaires de dimanche donne lieu à d'importants débats. Je considère qu'il est essentiel d'examiner au moins dix questions :

1) La croissance exponentielle de l'extrême droite est un phénomène mondial qui a commencé en 2015 et 2016 avec les triomphes de Trump et de Bolsonaro. Boric et Petro ont remporté leurs scrutins contre des candidats du même type et ces forces font partie de tous les parlements en Europe. Nous sommes dans une nouvelle étape historique, de grande instabilité économique et politique et de renforcement des forces d'extrême droite.

2) Au niveau mondial, cette droite radicalisée s'est manifestée de deux manières. Soit par l'émergence de nouvelles forces, comme Vox en Espagne, soit par la radicalisation des partis traditionnels, comme aux USA. En Argentine, les deux se produisent en même temps. Ces droites ont des agendas économiques différents dans le monde entier et ne cadrent pas toutes facilement avec les stéréotypes sur les vieilles extrêmes droites.

3) Dans le cas de l'Argentine, il s'agit de néolibéraux en surrégime. Ils ont des candidats liés à la dictature et d'autres qui font partie de la vie démocratique depuis des décennies. Au fond, ils sont xénophobes, l'écrasante majorité est anti-droits des femmes et anti-diversité, mais ils sont ambivalents parce qu'ils ne pensent pas tous de la même façon et aussi parce que pour l'instant ce ne sont pas ces aspects qui opèrent dans la société. Ce qui fonctionne, c'est l'invention d'une issue prétendument simple à une crise économique déjà insupportable. La “dollarisation”, la “caste” et la promesse de répression et d'ordre ont conduit à cette performance électorale.

14/08/2023

JOSÉ PABLO CRIALES
Élections primaires en Argentine : victoire de Javier Milei, ultra, libertarien et “anarcho-capitaliste”
Portrait d’un clown trumpo-bolsonarien

José Pablo Criales, El País, 13/8/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

José Pablo Criales est correspondant du quotidien espagnol El País en Argentine.

Enfant battu, ado colérique, le candidat d’extrême droite remporte les primaires en capitalisant sur le ras-le-bol et en fixant l’ordre du jour politique par son histrionisme


Brûler la Banque centrale “mettra fin à l’inflation” ; la vente d’organes peut être “un marché comme un autre” ; les politiciens “devraient être virés à coups de pied au cul”. C’est avec de telles propositions, criées sur des estrades, que l’économiste ultralibéral Javier Milei s’est emparé de l’agenda public argentin. Histrionesque, échevelé, mais en même temps très attentif à son image, le candidat d’extrême droite a imposé sa fureur anti-establishment dans le débat politique depuis la première fois qu’il a foulé un plateau de télévision en 2016. Sa colère a capté la frustration d’une société dégoûtée par la politique : d’animateur de talk-show à candidat à la présidentielle, Milei a été le candidat le plus voté lors des primaires de dimanche. Il a obtenu près de 32 % des voix, devançant le parti péroniste au pouvoir et une droite qui avait commencé à lui demander d’écrire son propre scénario. Milei n’a pas voulu faire de pacte. Son cri de guerre est contre tous les autres : « La caste a peur ».

Fils d’un chauffeur de bus devenu entrepreneur dans le transport et d’une femme au foyer, Javier Milei (Buenos Aires, 52 ans) a grandi dans un foyer violent. « Pour moi, ils sont morts », répétait-il à propos de ses parents en 2018, à l’apogée de sa carrière d’animateur de talk-shows télévisés. Milei avait alors passé une décennie sans parler à Norberto et Alicia, qui l’ont élevé au milieu des coups et des violences verbales. Inhibé à la maison, soutenu uniquement par sa grand-mère maternelle et Karina, sa jeune sœur, il s’est fait connaître pour ses colères à l’école. 

Selon son biographe non autorisé, le journaliste Juan Luis González, il était surnommé El Loco (le fou) à l’école catholique secondaire qu’il fréquentait, en raison de ses accès de colère qui, des décennies plus tard, ont fait de lui l’économiste préféré de la télévision et un député national. Milei a étudié à l’école Cardenal Copello de Villa Devoto, une banlieue résidentielle de la classe moyenne supérieure de Buenos Aires, où il a joué au football en tant que gardien de but dans les divisions inférieures de l’équipe Chacarita Juniors, a chanté dans un groupe qui reprenait les Rolling Stones, et où il n’y a aucun souvenir de petites amies ou d’amis.

Milei peut encore échouer dans sa course à la présidence le 22 octobre, mais il s’est vengé de la solitude de sa jeunesse par les acclamations populaires. Quelque 10 000 personnes l’ont applaudi lundi 7 août lors de la clôture de sa campagne. Le candidat, qui a fait sa carrière politique en menaçant de “virer les politiciens à coups de pied au cul” et en fulminant contre “la caste”, est revenu sur le chemin parcouru depuis qu’il a été le fer de lance de l’arrivée de l’extrême droite au Congrès argentin en novembre 2021. Depuis un an et demi qu’il siège parmi les députés, il n’a promu aucun projet et a tiré au sort parmi ses partisans chacun de ses salaires. Ses fidèles applaudissent ces deux gestes : Milei ne réchauffe pas le banc, il révèle l’inefficacité de la Chambre ; il n’est pas un populiste qui partage le gâteau, il dénonce les politiciens et leurs salaires chaque mois plus élevés. Alors que le stade à moitié plein entonnait le chant dont il a fait sa bannière, “Que se vayan todos” [Qu’ils dégagent tous], Milei a remercié six êtres : El Jefe, comme il appelle sa sœur Karina, son pilier affectif et la coordinatrice de sa campagne, et Conan, Murray, Milton, Robert et Lucas, les cinq mastiffs anglais qu’il appelle ses “petits enfants à quatre pattes”.

Économiste, titulaire d’une licence et d’une maîtrise d’universités privées de Buenos Aires, Milei a joué un rôle moteur dans le débat sur la dollarisation face à l’inflation galopante, sur l’ajustement des dépenses publiques qui, en Argentine, maintiennent un État fort auquel aucun politicien n’ose toucher, et sur la lutte contre la criminalité. Mais rien n’a autant fait parler de lui que sa vie privée.

C’est en partie sa responsabilité. Milei préfère souvent s’enliser dans des explications plutôt que de se sortir d’une situation délicate par un oui ou un non. Le biographe González affirme par exemple que Milei étudie la télépathie et dispose d’un médium pour communiquer avec l’aîné de ses mastiffs, mort en 2017, à qui il demande conseil. « Ce que je fais à l’intérieur de ma maison, c’est mon problème », a-t-il répondu dans une interview accordée à notre journal. « Et s’il est, comme on le dit, mon conseiller politique, la vérité est qu’il a enfoncé tout le monde ».

C’est sa réponse classique. En juin de l’année dernière, il a qualifié la vente d’organes de “marché de plus” lors d’un débat radiophonique. « La personne qui a décidé de vous vendre l’organe, en quoi a-t-elle porté atteinte à la vie, à la propriété ou à la liberté d’autrui ? Qui êtes-vous pour déterminer ce qu’il doit faire de sa vie ? », a demandé Milei, et la spirale s’est emballée. Quelques jours plus tard, un journaliste lui demande s’il adhère à une autre théorie qui postule la “vente d’enfants”. “ça dépend”, répond Milei, qui s’empêtre. “La réponse ne devrait pas être négative ?”, lui demande le journaliste. “Si j’avais un enfant, je ne le vendrais pas”, a-t-il répondu. « La réponse dépend des termes dans lesquels vous pensez, peut-être que dans 200 ans, on pourrait en débattre”.

Fin mai, il a frôlé le non-sens en relevant le gant de la dérision. « Javier Milei est un panéliste ébouriffé qui crie sur scène et couche avec huit chiens et sa sœur », a décrit Victoria Donda, ancienne députée de gauche et directrice de l’Institut national contre la discrimination sous l’actuel gouvernement péroniste, « Je n’ai pas huit chiens, j’en ai cinq », s’est-il borné à répondre sur le plateau d’une chaîne de télévision amie qui lui demandait une réponse.

Ce sont des sorties peu communes pour quelqu’un qui devrait être habitué aux chaînes de télévision, où il est arrivé le 26 juillet 2016 lors de l’un des talk-shows télévisés de minuit. « Il pourrait être ministre de la Culture, mais il sera ministre de l’Économie », l’ a présenté l’animateur d’Animales Sueltos, Alejandro Fantino. « Donne-moi la Banque centrale », a répondu Milei avec ironie, et il a monopolisé toute l’heure. Ce fut le moment inaugural de sa nouvelle vie. Milei avait passé des années à travailler dur. Il a été conseiller du général Antonio Bussi, un militaire qui a été gouverneur de la province de Tucumán pendant la dictature, puis député national ; économiste en chef de la Fundación Acordar, le groupe de réflexion d’un ancien gouverneur péroniste de Buenos Aires, Daniel Scioli ; et il a travaillé dans l’entreprise qui gère la plupart des aéroports argentins. Son ancien patron, Eduardo Eurnekian, l’un des hommes les plus riches du pays, est également propriétaire de la chaîne de télévision qui l’a rendu célèbre.

Ses contradictions ne semblent pas gêner un tiers du pays qui fête sa victoire ce dimanche. Il fulmine contre la “caste”, mais la connaît depuis longtemps ; libertarien, il s’oppose à l’avortement et à l’éducation sexuelle dans les écoles ; il a gagné l’affection d’une grande partie de la communauté immigrée, mais la menace d’un traitement différent en interdisant l’entrée des étrangers ayant un casier judiciaire et en expulsant ceux qui commettent des délits dans le pays. « Il m’est arrivé des choses très fortes qui dépassent toute explication scientifique », déclare Milei, qui a grandi dans le catholicisme et connaît bien la Bible. Aujourd’hui, l’un de ses grands conseillers est un rabbin et il dit qu’il “étudie” la possibilité de se convertir au judaïsme.

Il y a un an, beaucoup pensaient que sa campagne n’arriverait pas jusqu’à cet hiver austral. Le 10 juin 2022, par un froid glacial à Buenos Aires, Javier Milei a convoqué son premier grand meeting dans la banlieue de la capitale. Six mois s’étaient écoulés depuis son arrivée au Congrès, sa popularité était en plein essor et il commençait déjà à annoncer qu’il voulait être président. Le rassemblement fut un échec. Un peu plus d’un millier de personnes y assistèrent et les moqueries à l’égard de l’économiste libertarien, qui menaçait de mener une révolution nationale contre la “caste politique” depuis un stade vide au milieu de nulle part, furent intenses. Ce fut aussi le début de sa guerre politique : accompagné seulement de sa sœur et d’un ancien conseiller de presse du gouvernement néolibéral des années 1990, une partie de sa base commence à dénoncer le fait que le parti qu’ils avaient construit dans la boue, La Libertad Avanza, était coopté en faveur du recyclage de politiciens has been.

La justice enquête actuellement pour savoir si l’entourage de Milei a demandé des milliers de dollars en espèces en échange de places sur les listes pour les élections générales d’octobre, mais son parti est plus fort que jamais. Il a également renoué le dialogue avec ses parents. Il aura 53 ans le 22 octobre, jour de l’élection présidentielle. Il pourrait s’offrir le cadeau de sa vie.

La Libertad Avanza: la franchise de Milei :
-Je voudrai une place sur la liste de députés provinciaux
Ça fera 50 000 dollars. Vous ne voulez pas ajouter un maire et deux conseillers ?