07/05/2024

ABDEL BARI ATWAN
Le grand mensonge renaît

Le Hamas devrait se méfier de l’’accord de cessez-le-feu proposé par l’Égypte et le Qatar.

Abdel Bari Atwan, raialyoum, 28/4/2024
Traduit par Layân Benhamed, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

J’espère que Yahya al-Sinwar et la direction du Hamas dans la bande de Gaza prendront suffisamment de temps pour examiner les propositions inspirées par les USA transmises par les médiateurs arabes pour un cessez-le-feu temporaire et un échange de prisonniers avant que l’armée israélienne ne procède à une invasion de la ville de Rafah.

Cette initiative, et la reprise précipitée des pourparlers pour en élaborer les détails, visent à sauver l’État occupant israélien, l’entreprise sioniste dans son ensemble, et l’administration du président usaméricain Joe Biden, qui a soutenu la guerre génocidaire sur la bande de Gaza depuis son début, et continue de le faire.

De fausses promesses sont faites concernant l’établissement d’un État palestinien indépendant, nous rappelant ce vieux mensonge : la promesse de “paix” qui accompagnait les Accords traîtres d’Oslo.

La direction du Hamas sur le terrain devrait être extrêmement prudente. Elle ne doit pas envisager — même tactiquement — de se désarmer, de dissoudre les Brigades al-Qassam et de se transformer en un simple parti politique en échange d’une perspective nébuleuse d’un État palestinien sur le papier.

La récente frénésie d’échanges et de visites d’officiels égyptiens et israéliens, avec la participation qatarie, reflète la peur et la confusion au sein de leurs rangs — et en Israël, de son parrain usaméricain, et du monde occidental en général.

Il y a plusieurs bonnes raisons à cela.

Ces médiateurs arabes, et l’administration Biden qui les soutient, n’ont pas réussi à obtenir l’ouverture du passage de Rafah pour fournir un seul sac de farine aux habitants affamés de la bande de Gaza. Comment peuvent-ils espérer “garantir” un accord de cessez-le-feu, ou empêcher Israël de le violer ou de réoccuper la bande de Gaza et d’intensifier sa guerre d’extermination ?

Pendant ce temps, les USA connaissent des troubles intérieurs sérieux en raison de leur soutien à Israël. Leurs étudiants — et futurs dirigeants — sont en révolte ouverte contre le contrôle sioniste de l’élaboration des politiques officielles et  larépression de la liberté d’expression, censée être une valeur fondamentale des USA et un pilier de leur leadership mondial. Les demandes d’Israël pour réprimer les manifestations n’ont fait que les amplifier. Netanyahou utilise la menace d’envahir Rafah comme une carte pour obtenir un accord qui lui permettrait de sauver la face après avoir échoué à détruire la résistance et, surtout, à assassiner Sinwar, malgré le temps qui lui a été accordé par les USA, maintenant dépassé de 200 jours. Il n’a pas pu prendre le contrôle de Khan Younès (moitié de la taille de Rafah) après quatre mois de combat, et ses troupes ont fui de Shujaiya et du district de Zaitoun, et avant cela de Jabalya, Beit Hanoun et des camps centraux. Il ne réussira jamais à contrôler Rafah. Les bataillons de la résistance sont en état d’alerte et de préparation élevés, ayant beaucoup appris de leur expérience dans les zones nord et centrale, et auront des surprises en réserve pour les forces d’invasion israéliennes. Un accord “empoisonné” aux conditions d’Israël ne servirait qu’à atténuer l’implosion politique interne d’Israël, à faire avorter les manifestations étudiantes aux USA et à les empêcher de se propager dans tout l’Occident et dans le monde entier — notamment dans le monde arabe et en particulier en Égypte.

Dans les premières années 1970, c’est la révolte étudiante dans les universités égyptiennes — une période que j’ai personnellement vécue — qui a poussé le président Anouar el-Sadate à suivre la voie tracée par Gamal Abdel Nasser. Nasser, l’architecte de la guerre d’usure sur le front du canal de Suez, et à entraîner l’armée égyptienne à lancer des attaques dans le Sinaï occupé et à franchir la ligne Bar-Lev lors de la guerre d’octobre 1973.

 

 

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