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04/05/2023

JUAN PABLO CÁRDENAS S.
Le lithium au Chili, une opportunité

Juan Pablo Cárdenas S., Política y Utopía, 25/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Les intentions malveillantes de la droite ont été mises en évidence par la décision du président Boric de créer l’Entreprise nationale du lithium, une entité qui sera chargée de l’exploration et de la production d’une ressource qui est désormais considérée comme stratégique et qui peut produire des revenus encore plus importants pour le pays que ceux offerts par l’exploitation à grande échelle du cuivre. Une entité étatique qui assurera le contrôle par l’État d’au moins 51 % des activités d’exploitation de cette ressource et, surtout, qui visera à exporter ce minerai avec une valeur ajoutée.

Localisation des salines andines et pré-andines. Source

Il convient de noter que toutes les réserves de lithium appartiennent au Trésor public et que celui-ci pourrait se charger de leur extraction et de leur commercialisation sans faire appel à des investisseurs privés. Cependant, le gouvernement actuel a décidé d’inviter les intéressés à s’associer à l’État pour mettre en œuvre ces opérations, une offre qui a été accueillie favorablement par les deux entités privées qui exploitent actuellement ce minerai et dont les concessions expireront dans quelques années. En tout état de cause, elles préfèrent s’associer à l’État plutôt que d’abandonner leur travail au profit de l’État ou de tous les Chiliens, comme on dit.

Le Mouvement Litio para Chile, regroupant syndicalistes, militant·es et universitaires, se bat depuis une douzaine d’années pour la nationalisation du lithium

Avec leur voracité bien connue, certains entrepreneurs nationaux et étrangers n’ont pas approuvé l’initiative de La Moneda, avertissant qu’il serait bien mieux pour le Chili de confier à “l’initiative privée” l’exploitation d’une ressource destinée à rapporter d’énormes bénéfices, étant donné que c’est dans notre pays que se trouvent les plus grandes réserves du monde et qu’elles pourraient rapidement nous placer à la tête de la production mondiale. En effet, rien que l’année dernière, les impôts que l’État a perçus sur l’exploitation par Soquimich* et Albemarle* ont dépassé les ressources accordées par Codelco* au budget national, ce qui témoigne de l’immense demande mondiale et du bon prix de ce que l’on appelle aujourd’hui “l’or blanc”.   Et cela peut aussi indiquer les immenses profits de ces deux entreprises.

A tort, certains secteurs patronaux et politiques ont accusé Gabriel Boric d’imiter les décisions de l’ancien président Allende lorsqu’il a marqué une étape historique en nationalisant la principale entreprise de cuivre du pays. Une décision qui avait été adoptée en 1971 par un vote unanime du Parlement, qui incluait également les voix de la droite de l’époque.

Contrairement à ce qu’affirment les leaders de l’opposition, le président défunt n’aurait certainement pas invité, comme l’a fait le président Boric, des investisseurs privés à s’associer aux efforts de l’État dans ce domaine. Car il ne s’agit pas vraiment d’une nationalisation mais, au contraire, d’une offre généreuse au monde des entreprises de participer à l’exploitation d’une ressource qui appartient à l’État. La gauche ne devrait guère s’en réjouir, compte tenu de la triste expérience des entreprises privatisées par la dictature et les gouvernements qui lui ont succédé. Dans la mesure où des ressources aussi fondamentales que l’eau et l’électricité dépendent aujourd’hui d’entreprises dont la gestion est très discutable. Il en va de même pour les administrateurs de pensions et de santé, les concessionnaires de routes et tant d’autres qui réalisent d’énormes profits sur des services fondamentaux, avec peu de retour pour le pays.

 

Alors que les associations d’entreprises et leurs représentants au parlement s’opposent avec tant de ténacité à une réforme fiscale qui obligerait ceux qui ont tant à augmenter leurs maigres impôts au profit des pauvres et de la classe moyenne, il semblerait vraiment insensé de confier de nouvelles concessions minières, forestières et autres au secteur privé, alors que l’État pourrait entreprendre ces activités lui-même et collecter des ressources qui pourraient servir à vaincre la pauvreté, à atteindre le plein emploi et à financer, par exemple, des projets d’éducation et de logement. En outre, il devrait s’efforcer d’obtenir des salaires et des pensions décents.  

Aucune des entreprises privatisées n’a apporté autant au pays que celles qui dépendaient de l’entreprise publique Corfo*, Codelco ou celles qui géraient auparavant les fonds de pension des travailleurs, dont les pensions pour les retraités sont nettement plus élevées que celles fournies aujourd’hui par les AFP*. Aux mains, comme chacun sait, d’une poignée de propriétaires étrangers dans ce qui est considéré comme l’entreprise la plus rentable de ces dernières décennies. Cette activité n’est comparable qu’aux profits des banques privées.

Nous savons déjà que l’énorme inégalité qui existe dans le pays est à l’origine de troubles tels que la criminalité et la violence qui sévissent dans les villes et les quartiers de tout le pays. N’importe quel Chilien peut voir l’extrême richesse dans laquelle vivent certaines personnes, ainsi que les millions de compatriotes qui n’ont pas de salaire décent ni de régime alimentaire adéquat. La conséquence, par exemple, est que le nombre de jeunes qui abandonnent l’école, tentés par le trafic de drogue qui sévit dans les zones les plus précaires, augmente rapidement.

On répète, et on le répète avec force, que le plus dangereux est de confier à l’administration publique la gestion des entreprises d’État et l’exploitation de nos richesses. Cela reviendrait à encourager une plus grande corruption dans la politique, alors qu’il est déjà clair que c’est le monde des affaires qui a le plus contribué à corrompre les hauts et moyens fonctionnaires de l’État, à s’entendre pour escroquer les consommateurs et à rechercher l’impunité pour toutes ses attaques contre l’intérêt national.

La croissance économique que les puissants présentent comme une incitation au bien-être social est totalement fausse si une répartition équitable des revenus n’est pas réalisée. Il ne s’agit pas d’être étatiste par caprice, mais d’assumer la certitude que ceux qui ont le plus profité de l’exploitation de nos matières premières sont ceux qui se sont montrés incapables de freiner leur voracité excessive.

En ce sens, nos gouvernants devraient insister sur leur volonté de maintenir le lithium comme une ressource appartenant à tous les Chiliens, tout en recherchant une Constitution et une législation qui redonnent à l’État l’autorité d’entreprendre et d’assurer une croissance économique qui empêche la scandaleuse concentration des richesses.

Face à l’échec évident des politiques néolibérales, la récupération de l’État souverain dans le respect de ses ressources et de sa dignité est aujourd’hui propice. C’est un point sur lequel les gouvernements progressistes de notre région devraient s’accorder s’ils veulent éviter que les explosions sociales ne se multiplient sur tout le continent et éviter le risque de restauration par la force des dictatures néfastes qui nous ont prosternés devant les intérêts étrangers qui continuent à contrôler nos décisions politiques. En ce sens, l’hégémonie retrouvée par ces partis et mouvements grâce à leur puissance économique et communicationnelle et, bien entendu, la faiblesse et l’atomisation de la gauche, sont inquiétantes.

NDT

Soquimich (SQM) : Société chimique et minière du Chili, entreprise publique créée en 1968, privatisée sous Pinochet entre 1983 et 1988, passant dans les mains de son beau-fils Julio Ponce Lerou avec les habituelles méthodes de gangsters des Chicago Boys. L’entreprise chinoise Tianqi en a acquis 24% des actions en 2018.

 Albemarle : entreprise minière usaméricaine exploitant le lithium d’Atacama.

Codelco : Corporación Nacional del Cobre, entreprise publique d’exploitation du cuivre, créée en 1971 et partiellement privatisée sous Pinochet et ses successeurs.

Corfo : Corporación de Fomento de la Producción, organisme étatique créé en 1939, chargé du développement et d’aide à la création de l’industrie nationale.

AFP : Administradoras de Fondos de Pensiones, sociétés anonymes administrant les fonds de retraite.        

 

 

05/04/2023

JUAN PABLO CARDENAS
Chili : Obéir aveuglément au peuple ?

Juan Pablo Cárdenas S., Politika, 4/4/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le presidente del gobierno de España, le social-démocrate Pedro Sánchez, rend visite à la presidente del Consiglio en Italie, la très néofasciste Giorgia Meloni. Le titre du quotidien madrilène El País en dit long : « Le président et Meloni font preuve de “syntonie” et évitent toute distanciation ». Hier, Fausto m'a appelé. J'ai trouvé son commentaire pertinent : « Ils veulent lutter contre le fascisme en adoptant son programme ». Pourquoi Boric devrait-il nous surprendre ? [Luis Casado, Politika]

Santiago , 25 octobre 2019 : « C’est pas pour 30 pesos [l’augmentation du ticket de métro], c’est pour 30 ans [de post-pinochétisme] »

L'histoire semble nous montrer que les gens n'ont pas toujours, ou plutôt rarement, raison. Sinon, les guerres et autres graves aberrations commises contre l'humanité n'auraient pas pu avoir lieu. Au XXe siècle, considéré comme le plus cruel et le plus violent de tous, des millions d'êtres humains ont été condamnés à la mort, à l'esclavage, à la torture et aux camps d'extermination, au gré des dictateurs les plus sombres, souvent au nom de leurs propres sujets ou même sous le prétexte de la volonté de Dieu.

Des pratiques telles que l'Inquisition, la discrimination raciale et tant d'autres aberrations ont été encouragées et acclamées par les peuples. Le nazisme, sans aller plus loin, est connu pour avoir bénéficié d'un soutien massif de l'opinion publique, de même que divers tyrans de notre continent [Abya Yala, alias l’Amérique latine, NdT] se sont levés et ont régné avec l'appui de masses en liesse. Les exemples sont nombreux et il n'est pas utile de les rappeler.

C'est pourquoi il nous semble anormal que les gouvernants et les hommes politiques en général se débarrassent de leurs idéaux politiques pour “obéir à la volonté de leur peuple”. Le pire est que, ce faisant, ils prétendent toujours adopter un comportement démocratique, comme si celui-ci consistait à se dédire et à renier ses promesses devant des majorités de circonstance, comme si les grandes transformations n'avaient pas toujours été le fruit de la vision prophétique et même du volontarisme des leaders politiques et sociaux.

Nos Pères fondateurs sont même morts dans l'incompréhension et la répudiation de leurs nations. Un Martin Luther King a été répudié même par la population noire des USA, tout comme les reconstructeurs de l'Europe d'après-guerre ont dû s'exiler et lutter pendant de nombreuses années pour obtenir le soutien de leurs peuples, saoulés pendant de nombreuses années par les triomphes et les crimes d'Hitler, de Mussolini et Staline.

Dans les différents médias chiliens aujourd'hui, le changement entre le Boric candidat et le Boric président est critiqué autant qu'il est loué. Le fait qu'hier il prônait le contrôle des cochoncetés commises par la police et qu'aujourd'hui il s'assume comme son grand protecteur depuis sa position à la tête de l'État. Le fait qu'il ait réussi à gracier, comme il l'avait promis, certains prisonniers de l’explosion sociale et que son gouvernement convienne maintenant qu'il ne continuera pas à exercer ce privilège présidentiel. Le fait que ses proches collaborateurs aient proclamé leur supériorité morale par rapport aux dirigeants de la Concertación et de la Nueva Mayoría, et que des représentants des gouvernements précédents aient été incorporés aux postes les plus élevés de l'exécutif, remplaçant ceux qui font partie des secteurs de gauche qui ont remporté les dernières élections présidentielles.

C'est peut-être dans la concordance entre ce qui est promis et ce qui est fait par la suite que réside le véritable leadership et l'esprit d'État des gouvernants. Dans la capacité à convaincre leurs nations, à les empêcher de se rendre aux secteurs rétrogrades, à se laisser intimider par leurs campagnes de terreur et leurs projets de coup d'État. De s'imposer face aux mauvaises intentions de la presse accrochée à ceux qui s'opposent sans vergogne à la justice sociale, à la possibilité d'une réforme fiscale efficace, à une redistribution exacte du revenu national, et de mettre en œuvre une économie et des relations internationales qui veillent aux intérêts du pays, sans s'agenouiller devant les puissances hégémoniques et les compagnies transnationales.

En ce sens, notre propre évolution politique et institutionnelle peut éclairer un président comme Gabriel González Videla [1946-1952], qui est arrivé à La Moneda dans les bras du peuple et des partis de gauche pour finir par servir les secteurs les plus riches et les plus réactionnaires, confinant les communistes et d'autres dans des camps de concentration. Ses pairs qui ont promu des réformes telles que l'éducation et le développement d'une entreprise publique aussi importante que la Corporación de Fomento de la Producción [1939] ne sont-ils pas bien plus méritants que lui ?

Il se peut que ce qui est arrivé à Salvador Allende ait inhibé ceux qui ont gouverné après Pinochet, dans la crainte constante que les militaires ne fassent avorter leur administration, en ne respectant pas un grand nombre d'engagements qu'ils avaient pris envers le peuple. Il ne fait aucun doute que l'échec du gouvernement de l'Unidad Popular a semé des idées et des espoirs qui sont encore bien vivants dans la conscience populaire aujourd'hui. Malgré le fait qu'aujourd'hui notre population est en proie à la peur, à la criminalité et à des phénomènes tels que le trafic de drogue, qui ont précisément été initiés par les gouvernements timorés et la décomposition morale de la post-dictature.

Si, après l'administration actuelle, la droite la plus extrême triomphe, ce sera fondamentalement dû à la faiblesse et aux zigzags de ceux qui nous gouvernent. De leur manque de cohérence et de conséquence. La démocratie ne consiste certainement pas à se plier aux humeurs circonstancielles, aux mensonges et à la propagande multimillionnaire de ceux qui sont réfractaires au changement et toujours encouragés de l'extérieur. La chose démocratique à faire est de respecter la volonté électorale, mais ensuite de se conformer à ce qui a été promis.

La défaite vaut mieux que la défec[a]tion.

 NdT

  • Le Sénat chilien vient d’adopter, par 40 voix contre 5, le projet de loi dite Naín-Retamal, du nom de deux carabineros morts dans l’exercice de leur devoir, et populairement appelée « loi gâchette facile » qui instaure un droit de légitime défense aux membres des toutes forces dites de sécurité : carabineros, gendarmes, PJ et tutti quanti. Lire Chili : le projet de loi sur la légitime défense pourrait augmenter les violences policières et l’impunité pour ces crimes, par Amnesty International, 30/3/2023

  • PS : Je dédie cette traduction à la mémoire de l’immortel Marmaduke Grove Vallejo (1978-1954), ministre de la Défense de la plus brève République socialiste de l’histoire mondiale (4-16 juin 1932), plus connu comme l’“homme de l’avion rouge”, à bord duquel il débarqua à Concepción en septembre 1930 pour tenter de prendre le pouvoir avec ses camarades, mais subit une trahison des militaires sur lesquels il comptait. Fondateur du Parti socialiste, qu'il quitta pour sa dérive droitière, fondant l'éphémère Parti Socialiste Authentique en 1943. Parmi ses héritiers politiques tragiques : Salvador Allende et Hugo Chávez. Parmi ses héritiers biologiques tragicomiques : Camila Vallejo Dowling, ministre secrétaire générale du gouvernement Boric, que j’ai appelée ailleurs la Madone des sleepings de gôche. Marmaduke, réveille-toi, ils sont devenus mous du cerveau et durs de la feuille, et envoie-leur quelques escadrilles de drones rouges !


 

01/12/2022

  FAUSTO GIUDICE
Chile: el Comendador sin estatua y el Afrodita de servicio
Entre Víctor y Camila, un abismo antropológico

Fausto Giudice, Tlaxcala, 29/11/2022
Traducido por María Piedad Ossaba

Víctor nació en 1915 en Madrid. Murió en 2018 en Santiago de Chile. Su fantasma merodea por la historia chilena, una historia llena de furia y traiciones que desmiente el ridículo himno nacional, que brama: “tu campo, de flores bordado/es la copia feliz del Edén”.

 

Camila nació en 1988. Es ministra Secretaria del gobierno de Gabriel Boric, uno de esos gobiernos de “centro izquierda” encargados de entretener la galería con piruetas posmodernas mientras que los verdaderos amos del país prosiguen con sus negocios as usual. Camila es incluso comunista, como sus padres, o al menos milita en un partido que lleva ese nombre. Como decía Lenin, no se puede impedir que una empresa tenga el nombre que quiera. Y al parecer no heredó los genes aventureros de su bisabuelo Marmaduke Grove, el hombre que intentó -y fracasó- un golpe de Estado revolucionario a bordo del famoso Avión Rojo en septiembre de 1930.


No son sólo cuatro generaciones las que separan a Víctor Pey Casado de Camila Vallejo Dowling. Es un abismo antropológico, digno de alimentar reflexiones históricas.

 

Victor en 1938

A la edad en la que Camila hizo su irrupción mediática como estrella del movimiento estudiantil de 2011, Víctor combatía contra la banda de Franco en las filas de la Columna Durruti. En 1939, tras la victoria de Franco, toma el camino del exilio: Perpiñán y luego París, donde conoce al poeta Pablo Neruda. Neruda acababa de ser nombrado por el presidente chileno como cónsul en París, con la tarea especial de organizar el viaje a Chile de los republicanos que habían huido de España.  Víctor fue uno de los 2.200 refugiados que desembarcaron del SS Winnipeg en Valparaíso el 3 de septiembre de 1939. Al salir del puerto de Trompeloup-Pauillac, cerca de Burdeos, Neruda escribió: Que la crítica borre toda mi poesía, si le parece. Pero este poema, que hoy recuerdo, no podrá borrarlo nadie”.

 

Clarín, 4 de noviembre de 1970

Victor y su hermano, ambos ingenieros, crearon una empresa constructora y realizaron una serie de grandes obras públicas, como el puerto de Arica. Pero Victor también escribió, primero para el diario La Hora. En la década de 1950, compró el diario Clarín, al que convirtió en el periódico más popular de la historia de Chile, contrapeso a la prensa de la oligarquía, encabezada por (y sigue siendo) encabezada por El Mercurio.

Amigo de Salvador Allende, Víctor defendió la Unidad Popular, que llegó al poder en noviembre de 1970. Clarín alcanzó cifras de ventas nunca vistas en Chile ni antes ni después, llegando a los 500.000 ejemplares vendidos. (Hoy en día, El Mercurio vende unos 30.000 ejemplares)

 

Yo, Augusto Pinocchoo, no he cometido ningún delito, por Alain Godefroid, Bélgica

El querido tío Augusto va a poner fin a esto: hace prohibir a Clarín y confiscar todos sus activos. Víctor parte de nuevo al exilio, esta vez a Venezuela y luego a Europa. Regresó a Chile con la “transición” y pasó el último cuarto de su más que centenaria vida luchando por obtener reparación. En vano. Los malditos demócratas, de derecha e izquierda, todos centristas por supuesto, harán caso omiso de los laudos del Centro Internacional de Arreglo de Diferencias Relativas a Inversiones (CIADI), un tribunal de arbitraje con sede en Washington bajo los auspicios del Banco Mundial -así que no es exactamente un tribunal revolucionario- que ha apelado  repetidamente a los sucesivos gobiernos chilenos el pago de reparaciones por cientos de millones de dólares. A todos estos gobiernos les ha importado un pito y han preferido meter a la prensa oligárquica en su bolsillo y seguir concediéndole jugosos ingresos publicitarios.

Y así volvemos a la bella Camila, la Madona de los coches cama de izquierda: la señora ministra acaba de publicar un artículo en… El Mercurio para abogar por el pluralismo de la información, la lucha contra la desinformación y todo  el tintineo, es decir, las bobadas acostumbradas.

Juan Pablo Cárdenas, un veterano del honorable periodismo chileno -frecuentó las cárceles pinochetistas-, un jovencito de 73 años, acaba de responderle a Miss Dowling Street. Su columna se puede leer aquí.

28/11/2022

FAUSTO GIUDICE
Chili : le Commandeur sans statue et l’Aphrodite de service
Entre Victor et Camila, un gouffre anthropologique

Fausto Giudice, Tlaxcala, 29/11/2022

Victor était né en 1915 à Madrid. Il est mort en 2018 à Santiago du Chili. Son fantôme hante les coulisses de l’histoire chilienne, une histoire pleine de fureur et de trahisons faisant mentir le ridicule hymne national, qui braie : « tu campo, de flores bordado/es la copia feliz del Edén » (ton champ bordé de fleurs/est la copie heureuse de l’Eden »).

Camila est née en 1988. Elle est ministre Secrétaire du gouvernement de Gabriel Boric, un de ces gouvernements de « centre-gauche » de plus chargés d’amuser la galerie avec des pirouettes post-modernes pendant que les vrais patrons du pays poursuivent leur business as usual. Camila est même communiste, comme ses parents, enfin elle est membre d’un parti qui porte ce nom. Comme disait Lénine, on ne peut pas empêcher une entreprise de porter le nom qu’elle veut. Et elle n’a apparemment pas hérité des gènes aventuristes de son arrière-grand-père Marmaduke Grove, l’homme qui tenta -et échoua - un coup d’État révolutionnaire à bord du fameux Avion rouge en septembre 1930.


Ce ne sont pas seulement quatre générations qui séparent Victor Pey Casado de Camila Vallejo Dowling. C’est un gouffre anthropologique, digne d’alimenter des réflexions historiques.


Victor en 1938

À l’âge où Camila fit sa percée médiatique en tant que star du mouvement étudiant de 2011, Victor combattait la bande à Franco dans les rangs de la Colonne Durruti. En 1939, après la victoire de Franco, il prend le chemin de l’exil : Perpignan puis Paris, où il fait la connaissance du poète Pablo Neruda. Celui-ci vient d’être nommé par le président chilien consul à Paris, chargé spécialement d’organiser le voyage vers le Chili de Républicains ayant fui l’Espagne. Victor sera donc parmi les 2 200 réfugiés qui débarqueront du SS Winnipeg à Valparaiso le 3 septembre 1939. Au départ du port de Trompeloup-Pauillac, près de Bordeaux, Neruda écrivit : “Que la crítica borre toda mi poesía, si le parece. Pero este poema, que hoy recuerdo, no podrá borrarlo nadie” (Que les critiques effacent toute ma poésie, si ça leur chante. Mais ce poème, dont je me souviens aujourd'hui, personne ne pourra l'effacer.).

 Clarín, 4 novembre 1970 : "Le peuple est entré à La Moneda avec Allende !"

Victor et son frère, tous deux ingénieurs, créent une entreprise de BTP et réalisent une série de grands travaux publics, comme le port d’Arica. Mais Victor écrit aussi, d’abord pour le journal La Hora. Dans les années 1950, il rachète le quotidien Clarín, dont il fera le journal le plus populaire de l’histoire du Chili, contrepoids à la presse de l’oligarchie, en tête de laquelle se trouvait (et se trouve toujours) El Mercurio. Ami de Salvador Allende, Victor défend l’Unité populaire, arrivée eu pouvoir en novembre 1970. Clarín atteindra des chiffres de vente jamais vus au Chili, ni auparavant, ni depuis, allant jusqu’à 500 000 copies vendues. (Aujourd’hui, El Mercurio vend dans les 30 000 exemplaires)

Moi Augusto Pinocchio, je n’ai pas commis de crime, par Alain Godefroid, Belgique

Ce cher tonton Augusto va mettre bon ordre à cela : il fait interdire Clarín et saisir tous ses avoirs. Victor part une nouvelle fois en exil, cette fois-ci au Venezuela puis en Europe. Revenu au Chili avec la “transition”, il passera le dernier quart de sa vie plus que centenaire à se battre pour obtenir réparation. En vain. Les enfoirés de démocrates, de droite comme de gauche, tous centristes bien sûr, feront fi des sentences du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), un tribunal d’arbitrage basé à Washington et relevant de la Banque mondiale -donc pas vraiment un tribunal révolutionnaire -, qui a intimé à plusieurs reprises aux gouvernements chiliens successifs de payer des réparations de centaines de millions de dollars. Lesquels gouvernements s’en sont tous tamponné le coquillard, préférant mettre la presse oligarchique dans leur poche en continuant à lui octroyer des recettes publicitaires juteuses.

Et voilà donc qu’on en revient à la belle Camila, la Madone des sleepings de gôche ; Madame la ministresse vient de se fendre d’une tribune dans…El Mercurio pour prôner le pluralisme de l’information, la lutte contre la désinformation et tout le tintouin, bref les salades habituelles.

 Titre LanguesCatalanAnglaisAllemandGrecHongroisItalienPortugaisEspagnolTurc Auteur Catégories Étiquettes Date Sélectionner #FREEASSANGE: Témoignage vidéo de Juan Pablo Cárdenas

Juan Pablo Cárdenas, vétéran du journalisme chilien honorable – il a fréquenté les geôles pinochétistes -, un jeunot de 73 ans, vient de répondre à Miss Dowling Street. Ci-dessous un extrait de sa dernière chronique :

« Camila Vallejo, malgré sa jeunesse, sait sûrement que, paradoxalement, tous les médias opposés à la dictature ont disparu pendant les gouvernements de la Concertación (1988-2013) et de la Nueva Mayoría (2013-2018). Elle doit également savoir que La Moneda [la présidence] n'a rien fait pour renforcer la présence de ces journaux et magazines lors de la transition vers la démocratie, ce qui a également été proposé par de hauts fonctionnaires des Pays-Bas qui nous ont rendu visite à l'occasion du changement de gouvernement. Sans même se douter que les contributions offertes par ce pays et d'autres nations européennes allaient être empêchées par le propre gouvernement de Patricio Aylwin qui, de plus, ne permettait même pas à ces médias d'avoir accès à la publicité publique.

Au contraire, ce qui a été prouvé par la suite, c'est que les nouveaux dirigeants se sont mis d'accord avec El Mercurio, La Tercera et d'autres médias pro-Pinochet pour respecter et prolonger les contrats publicitaires et ainsi les sauver de la faillite et de la disparition imminentes. Un geste qui a assuré aux nouveaux occupants de La Moneda une bonne affaire de leur part, au moins pour quelques années. « La meilleure politique de communication est celle que l'on n'a pas », telle était l'explication hypocrite d'un des porte-parole du premier gouvernement de la Concertación, après avoir assuré aux médias complices de la Dictature une longue vie qui se poursuit encore aujourd'hui et se permet même d'offrir une tribune à la jeune ministre communiste du gouvernement actuel. Au fil du temps, il est devenu évident que les nouvelles autorités ont opté pour une politique de collusion avec la presse de droite plutôt que de risquer les critiques et les revendications que leur adresserait un journalisme libre et sans compromis.

La ministre Vallejo sait également que, en plus d'être complices de la disparition de tant de médias qui contribuaient à la diversité démocratique, tous les gouvernements de la Concertación et de la Nueva Mayoría ont plaidé devant le CIRDI (Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements) pour empêcher l'État chilien d'indemniser les propriétaires espagnols du journal El Clarín pour la décision de Pinochet de le fermer et de saisir tous ses actifs. Un procès qui, après trois décennies, a finalement donné raison à Víctor Pey et à la Fondation Président Allende et qui vient de décider que le Chili est obligé d'indemniser les propriétaires du journal à hauteur de plusieurs millions d'euros ou de dollars pour les dommages causés, qui représentaient sans aucun doute aussi une grave atteinte à la liberté de la presse.

La Secrétaire générale du gouvernement pourrait faire beaucoup pour que l'administration actuelle ne continue pas à retarder un acte de réparation aussi juste. Elle devrait entreprendre une médiation avec notre chef d'État pour qu'il se conforme au jugement de cette cour internationale. Cela rendrait également possible la reparution du journal qui, à ce jour, a été le journal ayant eu le plus grand tirage de notre histoire, bien qu'il soit actuellement réduit à une simple version électronique.

La reparution de Clarín contribuerait sans aucun doute à la diversité de l'information qui fait encore tant défaut dans notre système médiatique, où prévaut l'uniformité des contenus de la télévision, de la radio et des journaux, ainsi que la désinformation populaire signalée par la ministre dans sa chronique. Cela pourrait favoriser la réalisation de ce que le député Boric avait lui-même promis à l'égard de ce journal réduit au silence, qui cherche aujourd'hui à renaître avec l’indemnisation déjà définie. »

01/01/2022

JUAN PABLO CARDENAS
Carta pública al Presidente Boric
Sobre la diversidad informativa

Juan Pablo Cárdenas S., Política y Utopía,31/12/2021

Estimado señor Presidente:

Le escribo como miembro de esa generación de comunicadores que volcó su juventud al esfuerzo de romper el bloqueo informativo impuesto por la dictadura de Pinochet, denunciar las graves violaciones de los derechos humanos y abogar por el advenimiento de la democracia.  Lo hago a título personal, pero confío que lo que le diga sea compartido por aquellos periodistas que ya envejecimos en la convicción de que uno de los pilares fundamentales del ideal republicano es la libertad de expresión y, muy en particular, la diversidad informativa.

Hasta septiembre de 1973 Chile se enorgullecía de la gran cantidad de medios de información que servían a una población apenas la mitad de la actual. Era solo cuestión de acercarse a cualquier quiosco para apreciar la existencia de varios diarios de distinta orientación ideológica, como de innumerables revistas de carácter cultural, político, religioso, deportivo y otros tópicos. Así como comprobar también medios para los jóvenes, las mujeres, los trabajadores y los más variados grupos sociales. Constituíamos un ejemplo en América Latina y el mundo, al tiempo que celebrábamos en compromiso del Estado por impulsar la televisión universitaria y también la lectura con iniciativas tan loables como la Editorial Quimantú que logró que los libros entraran hasta los hogares más modestos del país, a un precio, por supuesto, razonable.

Usted y yo sabemos lo que ocurrió con el Golpe Militar y aquel masivo cierre de medios, la persecución de los periodistas libres y la más pavorosa concentración informativa de nuestra historia. Pese a la existencia de tres o cuatro revistas, un par de emisoras y dos periódicos abiertos, además de los clandestinos, que se propusieron la tarea de poner en conocimiento público los horrores del régimen cívico militar. De esta forma es que los medios que fundamos y en que ejercimos sufrieron las más variadas formas de acoso traducidas en constantes requerimientos judiciales, clausuras arbitrarias, cárceles, exilio y hasta un homicidio feroz como fue el de nuestro compañero de la revista Análisis, José Carrasco Tapia.

Lo que nunca pensamos, entonces, es que cada uno de nuestros medios se verían obligados a cerrar sus páginas durante la posdictadura, después de haber sufrido tantos embates de parte del régimen castrense, los que pudieron haber sido peores de no mediar la solidaridad internacional que se nos prodigó y el enorme arraigo que ganamos entre los chilenos. Quien le escribe tiene el honor de ser uno de los periodistas nacionales más premiados por el mundo, y ademas he recibido el Premio Nacional de Periodismo en el año 2005.

Sin embargo, ya nadie puede repararnos por aquel silencio forzado que se nos impuso con la política de exterminio de nuestros medios puesto en práctica a partir del primer gobierno de la Concertación. Persecución injusta e ingrata que tuvo autores intelectuales y materiales que hemos identificado en centenares de artículos, entrevistas y conferencias, especialmente ante los estudiantes de periodismo de todas las casas de estudio.

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29/11/2021

JUAN PABLO CÁRDENAS S.
Chili : Kast ou Boric, bonnet blanc ou rose bonnet ?

 Juan Pablo Cárdenas S., Política y Utopía, 28/11/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Juan Pablo Cárdenas Squella (Santiago, 1949) est un journaliste et universitaire chilien, qui fut un opposant démocrate-chrétien au régime Pinochet, persécuté  pour ces raisons, y compris après le "retour de la démocratie".

Si, avec un si grand nombre de candidats à la présidence au premier tour de l’élection, les abstentionnistes étaient plus nombreux que les votants, rien ne permet de penser que la situation pourrait changer maintenant et que davantage de personnes encore n'hésiteront pas à voter pour l'une des deux options en lice. C'est-à-dire, pour José Antonio Kast ou Gabriel Boric. Ce sera sûrement confirmé : celui qui sera élu Président de la République n’aura pas rallié plus de 20 ou 25 % du nombre total de citoyens.Ainsi, la démocratie sera la plus touchée lors de ces élections. Il est incontestable que le pays se soucie beaucoup plus des questions de sécurité et des exigences socio-économiques que de la stabilité d'un régime qui, en quarante ans, n'a d'ailleurs pas atteint les normes démocratiques qui existent dans les autres pays du monde. Là où il y a une plus grande égalité sociale, une diversité de presse et une institutionnalité plus complète. Dans lequel les branches du gouvernement, par exemple, disposent d'une réelle autonomie, le présidentialisme n'est pas aussi étouffant, et la probité et la transparence règnent au Parlement et dans le système judiciaire. [On peut toujours rêver, NdT]

Un pays ravagé par la peur de la criminalité ordinaire, par le phénomène croissant du trafic de drogue et par les actions désordonnées de la violence politique, peut difficilement consolider la paix sociale, qui est la grande aspiration du peuple. En même temps, bien sûr, que le droit au travail, à des salaires et des pensions décents, et que la discrimination, la xénophobie et le racisme cessent, comme ils s'expriment sans aucun doute dans notre cohabitation sociale tendue. Non seulement en Araucanie [terre mapuche, NdT], mais sur l'ensemble du territoire.

Il sera très difficile pour le candidat Kast de se défaire de son passé pinochetiste, de son fort conservatisme et des nombreuses craintes que sa position d'extrême droite suscite. Il lui sera encore plus difficile de se séparer de certains de ses partisans qui n'hésitent pas à justifier de graves violations des droits humains et, pour couronner le tout, à prôner la libération de génocidaires et de tortionnaires condamnés par les tribunaux chiliens et internationaux.

Il sera également difficile pour le candidat Boric de se distancier de ses propres déclarations, comme celle de favoriser l'amnistie ou le pardon pour ceux qui, au moment de l’explosion sociale, ont commis de graves troubles et ont même mis le feu à des stations de métro et à certaines églises [sic, NdT]. Même s'ils ont été détenus arbitrairement pendant si longtemps dans l'attente d'un acquittement ou d'une condamnation.

JUAN PABLO CÁRDENAS S.
Chile: Kast o Boric

 Juan Pablo Cárdenas S., Política y Utopía, 28/11/2021

 

Si con tantos candidatos presidenciales en la primera ronda electoral fue más alta la abstención que la cantidad de votantes, nada presagia que ahora la situación pudiera cambiar y no sean todavía más los que se resistan a votar por cualquiera de las dos opciones en carrera. Esto es, por José Antonio Kast o Gabriel Boric. Seguramente se va a confirmar aquello que el que resulte elegido como presidente de la República no reúna más allá de un 20 o 25 por ciento del total de ciudadanos.

De esta forma, será la democracia la más afectada en estas elecciones. Es incuestionable que al país le importan mucho más los temas de seguridad y las demandas socioeconómicas que la estabilidad de un régimen que en cuarenta años, además, no ha logrado los estándares democráticos que existen en otras naciones del mundo. Allí donde se constata mayor igualdad social, diversidad de prensa y una más plena institucionalidad. En que los poderes del estado, por ejemplo, tengan real autonomía, el presidencialismo no sea tan asfixiante y en el Parlamento como en el Poder Judicial reine la probidad y la transparencia. 

Un país asolado por el miedo a la delincuencia común, por el creciente fenómeno del narcotráfico y las acciones desquiciadas de la violencia política, difícilmente puede consolidar paz social, cual es la gran aspiración del pueblo. Junto, por supuesto, con el derecho al trabajo, a sueldos y pensiones dignas y en que cesen las prácticas de discriminación, xenofobia y racismo como, sin duda, se expresan en nuestra tensa convivencia social. No solo en la Araucanía, sino en todo el territorio.

Al candidato Kast le resultará muy difícil sacudirse de su pasado pinochetista, de su recio conservadurismo y de los tantos temores que representa su posición de extrema derecha. Más le costará todavía separar aguas de algunos de esos adherentes que no trepidan en justificar las graves violaciones de los Derechos Humanos y, para colmo, abogan por liberar a los genocidas y torturadores condenados por los  tribunales chilenos e internacionales. 

Al candidato Boric le complicará, asimismo, deslindarse de sus propias declaraciones como aquella de propiciar la amnistía o indulto de quienes en la época del Estallido Social cometieron graves desmanes y llegaran a incendiar estaciones del Metro y algunos templos. Aunque éstos se encuentren por tanto tiempo arbitrariamente detenidos a la espera de ser absueltos o ejecutoriados.