Gideon
Levy, Haaretz, 21/1/2024
Traduit par Fausto
Giudice, Tlaxcala
Les Israéliens aiment leur armée d’un amour aveugle, illimité et inconditionnel. La gauche sioniste aime les Forces de défense israéliennes encore plus que la droite.
On aurait pu s’attendre à une vague de rage, de critiques et de volonté de punir l’armée qui nous a abandonnés le 7 octobre.
Des milliers de personnes, Israéliens et Palestiniens, auraient été sauvées si seulement il y avait eu une armée le 7 octobre. Il n’y aurait eu ni morts, ni enlèvements, ni guerre.
On pourrait également s’attendre à ce que la droite, dont les objectifs - la conquête et la destruction du peuple palestinien - sont beaucoup mieux servis par l’armée que ceux de la gauche, aime l’armée plus que la gauche. Mais ce n’est pas le cas.
La gauche est toujours avec les FDI - et la droite l’est aussi, mais moins. Et rien n’a changé dans ce nombre d’or après le 7 octobre.
Nous sommes en temps de guerre, une période où il est facile de comprendre l’amour de la population pour ses soldats. C’est l’époque des paquets de soins pour les soldats, des remises, des soupirs, des histoires d’héroïsme et de chagrin. Il n’y a rien de plus humain que cela.
Et pourtant, en même temps, on peut se demander comment il se fait qu’après le fiasco du 7 octobre, la confiance, l’admiration - pour ne pas dire l’adoration - pour l’armée soit restée la même qu’avant. Après que ses commandants ont assumé la responsabilité de ce qui s’est passé, le niveau d’adoration d’avant-guerre s’est maintenu comme si rien ne s’était passé.
Il est évident que les dirigeants politiques, et surtout le Premier ministre Benjamin Netanyahou, portent la plus grande part de responsabilité, mais c’est l’armée qui a été révélée dans toute sa nudité, sans que le déshonneur du 7 octobre ne lui colle aux bottes.
Malgré les sommes colossales qui lui ont été consacrées, malgré le prestige et la suffisance, il n’y avait pas de renseignements avant le 7 octobre et il n’y avait pas d’armée le jour du massacre. Les FDI ont disparu, se sont évaporées, dématérialisées, et Israël leur pardonne. Leurs commandants, anciens et actuels, sont les héros de l’heure.