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Jaime Rafael Nieto López
El Reloj Político Latinoamericano 

Hoy sabemos que el mundo se está transformando desde el punto de vista geopolítico, obviamente también desde el punto de vista geoeconómico, lo cual reclama de los gobiernos progresistas una política regional e internacional cada vez más autónoma, soberana e integrada frente a los grandes poderes a nivel mundial… Es probable que aún no estén dadas las condiciones subjetivas para un giro revolucionario. Pero, ¿existe la voluntad política por parte del progresismo para efectuarlo?

Hamza Hamouchene
 Vietnam, Algeria, Palestine: passing on the torch of the anti-colonial struggle
 Vietnam, Argelia y Palestina: pasar la antorcha de la lucha anticolonial
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23/01/2024

GIDEON LEVY
Pourquoi les Israéliens aiment tant leur armée, malgré l’échec cuisant du 7 octobre

Gideon Levy, Haaretz, 21/1/2024
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Les Israéliens aiment leur armée d’un amour aveugle, illimité et inconditionnel. La gauche sioniste aime les Forces de défense israéliennes encore plus que la droite.

On aurait pu s’attendre à une vague de rage, de critiques et de volonté de punir l’armée qui nous a abandonnés le 7 octobre.

Des soldats israéliens passent devant des maisons détruites le 7 octobre dans le kibboutz Be’eri, dans le sud d’Israël. Photo : Ariel Schalit/AP

Des milliers de personnes, Israéliens et Palestiniens, auraient été sauvées si seulement il y avait eu une armée le 7 octobre. Il n’y aurait eu ni morts, ni enlèvements, ni guerre.

On pourrait également s’attendre à ce que la droite, dont les objectifs - la conquête et la destruction du peuple palestinien - sont beaucoup mieux servis par l’armée que ceux de la gauche, aime l’armée plus que la gauche. Mais ce n’est pas le cas.

La gauche est toujours avec les FDI - et la droite l’est aussi, mais moins. Et rien n’a changé dans ce nombre d’or après le 7 octobre.

Nous sommes en temps de guerre, une période où il est facile de comprendre l’amour de la population pour ses soldats. C’est l’époque des paquets de soins pour les soldats, des remises, des soupirs, des histoires d’héroïsme et de chagrin. Il n’y a rien de plus humain que cela.

Des soldats israéliens visitent un abri anti-bombes dans lequel des personnes ont été attaquées alors qu’elles cherchaient refuge le 7 octobre. Photo : Amir Cohen/Reuters

Et pourtant, en même temps, on peut se demander comment il se fait qu’après le fiasco du 7 octobre, la confiance, l’admiration - pour ne pas dire l’adoration - pour l’armée soit restée la même qu’avant. Après que ses commandants ont assumé la responsabilité de ce qui s’est passé, le niveau d’adoration d’avant-guerre s’est maintenu comme si rien ne s’était passé.

Il est évident que les dirigeants politiques, et surtout le Premier ministre Benjamin Netanyahou, portent la plus grande part de responsabilité, mais c’est l’armée qui a été révélée dans toute sa nudité, sans que le déshonneur du 7 octobre ne lui colle aux bottes.

Malgré les sommes colossales qui lui ont été consacrées, malgré le prestige et la suffisance, il n’y avait pas de renseignements avant le 7 octobre et il n’y avait pas d’armée le jour du massacre. Les FDI ont disparu, se sont évaporées, dématérialisées, et Israël leur pardonne. Leurs commandants, anciens et actuels, sont les héros de l’heure.

Un soldat des FDI passe devant une voiture détruite dans le kibboutz Beeri. Photo : Alex Levac

Pourquoi sommes-nous si indulgents à l’égard de l’armée ? L’histoire d’Israël est bien sûr remplie de militarisme. Après la guerre du Kippour, l’ère du culte de la personnalité des commandants de l’armée a pris fin, mais pas l’amour pour l’armée. Elle est présentée comme l’armée du peuple, mais elle ne l’a jamais été.

Les FDI sont l’armée de la moitié de la population, dans les bons jours. Ce n’est qu’après avoir soustrait les Arabes, les Haredim, les malades, les refuseniks et les réfractaires à l’appel sous les drapeaux qu’elle peut être qualifiée d’armée du peuple.

Elles représentent certains des pires maux d’Israël et en sont en grande partie responsable. Et pourtant, on les adore.


Soldats israéliens ultra-orthodoxes en train de prier. Photo : Unité du porte-parole des FDI

Si Israël a mauvaise réputation - et c’est le cas - c’est la faute de l’armée. Si Israël est devenu un paria, l’armée en porte une responsabilité considérable. Elle discrédite l’État, comme elle le fait actuellement en semant la mort et la destruction sans discernement dans la bande de Gaza, et nous lui pardonnons.

En tant qu’armée dont la nature profonde s’exprime dans l’occupation, elle montre le côté sombre d’Israël. Elle brutalise, tourmente, humilie et tue sans discernement, et pourtant Tsahal et “valeurs” sont synonymes en Israël. Il n’y a rien de plus “axé sur les valeurs”  que les FDI.

Même la plus grande des débâcles n’a pas entamé sa réputation. Les médias l’admirent comme aucune autre organisation ne l’a fait. Aucun type de correspondant n’est autant éloigné de tout principe journalistique que le correspondant militaire. Aucun journalisme n’est plus flatteur que celui pratiqué par la plupart d’entre eux. Chaque soldat est un héros, chaque commandant est vénéré.


Soldats israéliens dans Gaza en janvier.
Photo : Unité du porte-parole des FDI

En temps de guerre, ces caractéristiques sont naturellement renforcées : l’armée se bat pour nous défendre et ses soldats sacrifient courageusement leur vie pour protéger le pays. Mais il arrive aussi que l’armée mette en péril la sécurité, comme elle le fait actuellement en Cisjordanie, où elle attise les flammes du prochain soulèvement.

Après tout, les professionnels de la santé protègent également notre bien-être avec un dévouement infini (même s’ils ne risquent pas leur vie), et nous ne les apprécions pas de de la même manière.

Il est temps de se demander quelle armée nous aimons tant. Les soldats que j’ai vus la semaine dernière tourmenter les conducteurs palestiniens aux postes de contrôle ? Les unités qui s’étaient volatilisées le 7 octobre ? Il est temps de traiter l’armée comme une organisation qui a entraîné Israël dans la guerre la plus terrible de son histoire, et de ne pas l’oublier.

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