Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Shai Wenkert est le père d’Omer Wenkert, 22 ans, qui souffre de colite et est retenu en otage par le Hamas. La colite est une affreuse maladie chronique qui peut être aggravée dans des conditions de stress et en l’absence de médicaments et d’une alimentation appropriée. Elle cause beaucoup de souffrances aux personnes qui en sont atteintes.
Emad Hajjaj
Le père d’Omer a lancé des avertissements depuis toutes les tribunes possibles : son fils est en danger de mort. Il essaie de ne pas penser à l’état de son fils, a-t-il déclaré lors d’une interview, mais il n’y parvient pas toujours. En effet, penser à une personne souffrant de colite et n’ayant pas de médicaments, captive du Hamas, c’est comme penser à l’enfer. Omer doit être libéré, ou au moins obtenir rapidement les médicaments dont il a besoin.
On ne peut pas garder son sang-froid face aux appels de son père. Il n’y a personne qui ne soit horrifié à l’idée de la souffrance du jeune Omer. En même temps, on ne peut que se demander combien de personnes souffrant de colite il y a actuellement à Gaza, dans les mêmes conditions qu’Omer, sans médicaments, sans nourriture et dans le stress.
Omer est emprisonné ; les habitants de la bande de Gaza atteints de colite et d’autres maladies chroniques fuient désespérément pour sauver leur vie. Ils n’ont pas de lit sur lequel poser leur corps malade et douloureux, ils n’ont pas de maison, leurs conditions d’hygiène sont épouvantables. Ils vivent depuis trois mois dans la peur constante de mourir, sous des bombardements et des tirs d’artillerie sans précédent.
Omer a été kidnappé et est un otage. Les habitants de la bande de Gaza sont également des otages et les conditions dans lesquelles ils vivent, y compris les malades, ne sont pas meilleures que l’enfer d’Omer. Eux aussi ont besoin d’aide. Eux aussi doivent au moins recevoir rapidement les médicaments dont ils ont besoin. Il est dommage que le père d’Omer pense que refuser l’aide humanitaire à Gaza, y compris aux personnes atteintes de colite, est le moyen de sauver son fils. Cependant, il ne faut pas se précipiter pour juger une personne en crise.
Allan McDonald
Il n’y a pas de différence entre Omer et Mohammed, tous deux atteints de colite. Ils partagent un destin similaire, d’une cruauté insoutenable. J’essaie d’imaginer le jeune Mohammed atteint de colite. Depuis 16 ans que Gaza est assiégée, il est peu probable qu’il ait reçu les meilleurs médicaments disponibles pour traiter sa maladie. Il était difficile, voire impossible, de le faire sortir du ghetto de Gaza pour qu’il reçoive un traitement médical lorsque sa maladie s’aggravait.
Aujourd’hui, Omer est emprisonné dans un tunnel sombre et effrayant et Mohammed erre dans les rues, affamé, au risque de contracter une épidémie, une infection intestinale ou toute autre maladie. À tout moment, le prochain obus peut l’atteindre. Mohammed et Omer souffrent de tourments que nous ne pouvons même pas imaginer.
Aux 136 otages israéliens, il faut ajouter 2,3 millions de Gazaouis, ou le nombre d’entre eux encore en vie, également otages.
Les Israéliens sont les otages du Hamas, tandis que les Gazaouis sont les otages à la fois d’Israël et du Hamas [sic]. Leurs destins sont liés. Lorsque les otages libérés par le Hamas ont parlé de la maigre nourriture qu’ils recevaient en captivité, une pita par jour avec un peu de riz de temps en temps, ils ont également indiqué que c’était exactement ce que recevaient leurs ravisseurs. Il y a là matière à réflexion, ce que personne en Israël n’a pris la peine de faire. C’est ce qui se passe actuellement à Gaza, pour les otages et leurs ravisseurs, mais personne n’en parle.
Seule la souffrance d’Omer fait mal, pas celle de Mohammed. Les Israéliens ont été emmenés de force en enfer. Les habitants de la bande de Gaza ont également été enlevés de force vers le même enfer. Le Hamas savait parfaitement à quel point la riposte d’Israël serait intense, mais il n’a pas pris la peine de préparer la moindre protection pour les habitants de Gaza : pas d’hôpitaux, pas d’approvisionnement en médicaments ou en nourriture, pas d’abris. Ce fut le premier kidnapping d’habitants de Gaza. À cela s’est ajoutée une nouvelle occupation israélienne de Gaza, plus cruelle que toutes les précédentes.
Le père d’Omer, comme on l’a dit, essaie de ne pas penser à ce que son fils traverse. On peut avoir de l’empathie pour lui. Il est impossible pour un père d’imaginer la souffrance de son enfant et de se sentir si impuissant à essayer de le sauver. L’estomac se retourne en entendant les cris du père. Mais on ne peut pas continuer à fermer les yeux et à endurcir son cœur face à la souffrance du reste des otages, de toute la population de la bande de Gaza, y compris les personnes atteintes de colite.
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