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22/10/2022

GIDEON LEVY
Des taches de sang et le saccage dans cette maison palestinienne disent tout

Gideon Levy et Alex Levac (photos), Haaretz, 22/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

La police israélienne a fait une descente dans le quartier de Beit Hanina à Jérusalem-Est pour arrêter Shadi Khoury. Lorsque le jeune homme de 16 ans a refusé de se déshabiller en leur présence, il a été battu devant ses parents, puis emmené. Personne n'a dit aux parents – qui dirigent tous deux des institutions culturelles locales – pourquoi leur fils a été arrêté

Des taches de sang parsèment le manoir spacieux et élégant. Partout où les policiers ont traîné leur victime, il laissait derrière lui une étroite traînée de gouttes de sang, goutte après goutte, comme pour marquer le chemin de l'arrestation et des passages à tabac. Le garçon criait : les voisins entendaient ses cris et ont été terrifiés.

La mère de Shadi Khoury, Raina. Il a commencé à crier alors qu'il était battu. Sa mère a essayé d'intervenir : “C'est un garçon, donnez-lui deux minutes pour s'habiller”.  ça n’a servi à rien.

Beit Hanina est un quartier aisé et relativement calme, et ce n'est pas tous les jours que des événements violents comme celui-ci s’y produisent. Le jeune impliqué, Shadi Khoury, vit avec ses parents et son frère aîné dans un complexe familial dans une rue qui porte le nom d'un des ancêtres de la famille, Yusuf Khoury, l'ingénieur qui a fondé la rue et ce groupe élégant de maisons sur les pentes septentrionales de Jérusalem.

Tout est taché de sang. Le tapis dans sa chambre, le sol en marbre dans le couloir, les escaliers, la cour, le jardin et la rue, même un billet de papier sur sa table est ensanglanté.

Quand nous sommes arrivés, quelques heures après l'arrestation brutale de Shadi, mardi dernier, le sang n'avait pas encore séché et la famille était bouleversée. Shadi Khoury, 16 ans, élève de 11e année à la Quakers Friends School de Ramallah, a été arrêté brutalement, pieds nus et en pyjama. Lorsque la police lui a ordonné de s'habiller, il a refusé de se déshabiller devant eux et leur a demandé de le laisser momentanément dans sa chambre, dont les fenêtres sont dotés de barreaux. En réponse, les officiers ont commencé à le frapper sauvagement – quatre hooligans en noir, penchés sur un jeune terrifié et le frappant avec leurs poings, sur la tête, le visage, la poitrine. Pendant que ses parents regardaient, épouvantés, incapables de venir au secours de leur fils. Imaginez que c’étaient vos enfants.

Tôt mardi matin, j'ai reçu un appel téléphonique de Lora Khoury, une femme de 91 ans qui lit Haaretz et appelle parfois pour commenter, mais qui cette fois-ci était submergée d'émotion. Le fils de ses voisins – ce sont ses parents – avait été arrêté avant l'aube, et elle a entendu ses cris dans sa maison, une structure luxueuse à quelques maisons des leurs.

« Ils viennent faire une arrestation, alors pourquoi frappent-ils les gens ? Quel genre d'armée et quel genre de police avez-vous créé pour vous-mêmes ? », demanda-t-elle dans son excellent anglais. Quand nous sommes arrivés, cette femme élégante nous attendait à l'entrée de sa maison et elle nous a conduits à la maison de Shadi. Il s'agit d'un complexe attrayant de plusieurs maisons en pierre appartenant à la famille Khoury étendue et à d'autres familles, au milieu de jardins et de sentiers bien entretenus, ombragés de pins et d'oliviers. La richesse et le style sont apparents, mais discrets.

On ne sait pas d'où Shadi a saigné, mais plus tard ce matin-là, après son arrestation, les taches et les gouttes sont restées partout.

Le chemin vers la chambre de Shadi est parsemé de son sang, et la chambre elle-même est dans un état de chaos suite à la violente fouille policière. Tout est dispersé sur le sol dans cette chambre d'adolescent – vêtements, livres, dont des manuels sur le cinéma, l'histoire et la littérature ; les affiches ont été arrachées des murs. Les attaquants ont jeté le ventilateur et le matelas par terre, puis ont sauté sur le cadre en bois du lit jusqu'à ce qu'il se brise, selon les parents qui étaient présents.

23/10/2021

Benny Gantz interdit sept ONG palestiniennes comme organisations terroristes

Jonathan Lis et Hagar Shezaf, Haaretz, 22/10/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Dans une déclaration commune, Amnesty International et Human Rights Watch ont qualifié cette décision d'"escalade alarmante", tandis que le ministère palestinien des Affaires étrangères l'a "condamnée sans équivoque".


Le ministre israélien de la Défense [et Premier ministre à partir du 17 novembre], le général de brigade Benny Gantz, a signé vendredi un décret déclarant sept organisations de la société civile en Cisjordanie comme organisations terroristes.

Selon un communiqué du ministère de la Défense, ces organisations opèrent au sein d'un réseau dirigé par le « groupe terroriste » du Front populaire de libération de la Palestine.

Certains de ces groupes opèrent comme des organisations de défense des droits humains : Addameer offre un soutien juridique aux prisonniers et collecte des données sur les arrestations et les détentions administratives, et travaille activement à mettre fin à la torture et aux violations des droits des prisonniers. Defence for Children International Palestine surveille les meurtres d'enfants et les conditions de détention des mineurs arrêtés en Israël.

Selon la déclaration, ces groupes "ont reçu d'importantes sommes d'argent de pays européens et d'organisations internationales tout en utilisant des méthodes de fraude et de tromperie." L'argent a ensuite été utilisé par le FPLP pour promouvoir le terrorisme, recruter des membres et payer des salaires à des prisonniers sécuritaires et à leurs familles ainsi qu'à des terroristes.

"Les groupes sont contrôlés par les hauts dirigeants du FPLP et emploient de nombreux membres du groupe à des postes de direction et sur le terrain - y compris des militants qui ont été impliqués dans le terrorisme", peut-on lire dans la déclaration.

Les sept groupes sont Addameer, Al-Haq, Bisan Center for Research and Development, Defence for Children International Palestine, Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network, l'Union des comités de femmes palestiniennes et l’Union des Comités  de travail agricole, [membre de l'union internationale de paysans Via Campesina, NdT]. [L'ONG sioniste NGO Monitor a identifié 7 autres ONG « liées à l'organisation terroriste du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et financées par des structures gouvernementales européennes et, dans certains cas, d’ailleurs », NdT].

14/10/2021

GIDEON LEVY
Ronen Bar : une nouvelle étoile est née au firmament sioniste, mais cela ne change rien au fait que le Shin Bet est une organisation cruelle

 Gideon Levy, Haaretz, 13/10/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

C'est cyclique, tous les quatre ou cinq ans : Le service de sécurité Shin Bet a un nouveau chef. Le CV d'une superstar, l'allure de James Bond, toutes les vieilles histoires ressortent sur ses jours de gloire dans "l'unité", son "service" audacieux. Des diplômes de Harvard et de Tel Aviv. Quel esprit, diront les gens, un héros israélien.

Le nouveau chef du service de sécurité Shin Bet, Ronen Bar, lundi. Photo : Moti Milrod

Tous les postes de sécurité importants en Israël sont invariablement occupés par "un officier très respecté". Ils sont toujours très estimés quand ils commencent. Mais ça finit comme pour Elazar Stern [ministre du Renseignement qui a renoncé à devenir le patron de l’Agence Juive après avoir reconnu qu’il avait déchiqueté des plaintes pour harcèlement sexuel dans l’armée lorsqu’il était responsable de sa direction du personnel, de 2004 à 2008, NdT]. C'est particulièrement vrai pour les nouveaux chefs du Shin Bet. Ils sortent de l'ombre, ce qui ne fait qu'ajouter à leur aura. R. devient soudainement Ronen Bar, et tous ceux qui le connaissaient en tant que R. chantent ses louanges. "Israël peut compter sur lui", "On peut le suivre les yeux fermés". On n'entend jamais un seul mot négatif sur le nouveau chef du Shin Bet ou le chef d'état-major de Tsahal. Ils sont ce que nous avons de plus proche des dieux. La chemise moulante, la mallette chic, la maison en banlieue et la barbe soignée sont autant de bonus dans le cas de Bar. Tout comme l'histoire bizarre de la voiture en feu d'un Arabe israélien dont R. a éteint les flammes avec ses mains en devenant Ronen. Quelle joie ! 

Chaque fois qu'un chef du Shin Bet, du Mossad ou des FDI est nommé, les attentes et les promesses s'envolent. Le temps passe. Cela se termine presque toujours par des larmes, de la honte, de l'embarras ou au moins de la consternation. Les montagnes se transforment en taupinières ; à la fin, on se retrouve avec Avi Dichter [père du Mur de l’Apartheid, organisateur d’exécutions extrajudiciaires. Patron des services secrets puis ministre dans des gouvernements de droite après avoir été sioniste socialiste dans sa jeunesse, il a évité de se rendre en Grande-Bretagne de 2007 à 2012, craignant d’y être arrêté, NdT] Lorsqu'il a été engagé, on nous a aussi promis une étoile. Lui aussi était dans "l'unité" et dans une "opération audacieuse". Lorsqu'ils se révèlent vraiment, à la fin de leur mandat, les ténèbres sont révélées. "Le bouclier invisible" est la devise du Shin Bet, et la meilleure idée est peut-être que ses têtes ne doivent pas être vues - pour leur propre bien. Des figures mornes, des commis à qui l'on donne une aura spéciale pour une raison quelconque. Aucun n'est jamais devenu un leader national. Plusieurs ont même eu des ennuis. Avraham Shalom a donné l'ordre de fracasser des crânes (dans l'affaire du bus 300 en 1984), puis a menti et couvert l'affaire ; Jacob Perry a gagné de l'argent et a dû quitter la politique dans des circonstances embarrassantes ; Carmi Gilon a porté la responsabilité de l'assassinat d'Yitzhak Rabin ; Ami Ayalon semblait prometteur mais s'est éteint. Yuval Diskin refait occasionnellement surface - rien d'extraordinaire ; Yoram Cohen est déjà oublié, comme le sera bientôt Nadav Argaman.

30/09/2021

GIDEON LEVY
Israël : On ne peut pas tout reprocher à la police

Gideon Levy, Haaretz, 30/9/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Il y a quelque chose d'injuste à faire porter toute la responsabilité de la violence dans la société arabe d’Israël sur les épaules de la police : il y a aussi quelque chose de commode, de lâche et de trompeur dans cette démarche. Si c'est seulement la police, alors la société n'est pas responsable - ni la société juive, qui devrait avoir une culpabilité insupportable envers la communauté des survivants qui sont restés ici et portent les cicatrices, dont l'une est la criminalité ; ni la société arabe, qui porte une part de responsabilité dans le comportement de ses fils.

 La police sur une scène de crime dans le sud de Tel-Aviv, en 2018.Photo : Ilan Assayag

Mais les partisans de la loi et de l'ordre ne veulent que plus de police, de police des frontières, de police anti-terroriste Yamam, de patrouille spéciale de police Yasam et, bien sûr, de services de sécurité Shin Bet, ou, en d'autres termes, restaurer le régime militaire dans les rues de Taibeh. Alors, le calme reviendra, et la surveillance des Arabes sera aussi comme autrefois : si les directeurs d'école sont à nouveau des collaborateurs du Shin Bet, nous résoudrons le problème.

Ce n'est pas une coïncidence si c'est la droite qui est en première ligne pour s'inquiéter de ce qui se passe dans la société arabe - voici une nouvelle occasion de les traiter d'une main lourde, d'utiliser la force, d'arrêter, d'espionner, de blesser et même de tuer, comme dans les territoires, sous le couvert du souci de leur sécurité.

Mais ce n'est pas la sécurité des Arabes qui préoccupe les prédicateurs. Plus que tout, ils veulent donner des Arabes l'image qu'ils aiment : des animaux sauvages assoiffés de sang, qui s'entretuent et, demain, nous aussi. La réponse à cela est bien sûr la force.