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20/03/2022

LUIS CASADO
Le monde est grand
Vu de Moscou

 Luis Casado, 20/3/2022

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

 Le monde est grand, dit Luis Casado, mais l' « Occident », c'est-à-dire les USA et l'Union européenne (12 % de la population mondiale), s'arroge l'exclusivité de l'opinion de la « communauté internationale ». La balance est en train de changer. La « volatilité » de l'ordre mondial s’accentue. Cette fois, il n'est pas certain que Mickey sorte vainqueur de ces tensions...


Voici à quoi ressemblent les supermarchés de Moscou cette semaine. Les sanctions de l' « Occident » fonctionnent à l'envers...

 

De mes pérégrinations professionnelles, qui m'ont conduit sur les cinq continents, j'ai tiré une leçon : malgré tous ses efforts, le monde ne se résume pas à ce qu'on appelle l' « Occident », ou « communauté internationale », appellation qui, comme le dit Régis Debray, a été monopolisée par les USA et leur protectorat européen. Moins de 12 % de la population mondiale.

 

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'Amérique du Sud, la Malaisie, l'Éthiopie et une longue liste d'autres pays et régions du monde ne font pas partie de cette éphémère « communauté internationale » qui accapare le monopole de l'opinion planétaire.

 

Il y a des années, en traversant l'aéroport de Changi à Singapour, j'ai été stupéfait de voir en quelques minutes plus de diversité de peuples, d'ethnies, de cultures, de langues, de dialectes, de vêtements, de couleurs de peau, de religions, de musique et de nourriture que je n'en avais jamais connue de toute ma vie. Une partie de ces 88% qui ne comptent pas.

 

Réduire le monde à l’ « l'Occident » présente des avantages : on peut ainsi massacrer en Palestine, en Yougoslavie, en Irak, en Iran, au Yémen, au Mali, en Libye, en Syrie, en Afghanistan... sans sanctions d'aucune sorte, puisque « l'Occident » et la « communauté internationale » sont du côté des massacreurs. Les Palestiniens, les Yougoslaves, les Irakiens, les Iraniens, les Yéménites, les Maliens, les Libyens, les Syriens et les Afghans... peuvent aller se faire voir. Pour le temps qu'il faudra : le drame palestinien a déjà, je le sais par cœur, 73 ans : je suis né en 1948, l'année de la Nakba, la « catastrophe », l'année où Israël a été inventé sur un territoire peuplé d'Arabes.

 

Lorsque la Russie a envahi l'Ukraine, la condamnation de l'"Occident" et de la "communauté internationale" a été totale. Le monde entier s'est soulevé contre la Russie. Vraiment ? Des pays comme l'Inde et la Chine se sont abstenus. Tout comme le Sénégal, ancienne colonie française où l’« influence » de la métropole se fait encore sentir. Et d'autres pays encore qui estiment que l'OTAN porte une lourde responsabilité dans la question ukrainienne, responsabilité occultée par la presse, la radio et la télévision « occidentales ». Cette dernière - et je mesure ce que je dis - a adopté une méthode de reportage goebbelsienne : tout mensonge stupide passe, déguisé en demi-vérité, et à la fin, il en reste toujours  quelque chose.

 

30/01/2022

LUIS CASADO
“Je ne pense ni n’existe : ce qui est sûr, c’est que je ne veux même pas”: la version chilienne du “Cogito ergo sum” de Descartes
Mario Marcel, Daniel Jadue, Guillermo Tellier et Gabriel Boric au pilori

Luis Casado, 29/1/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Personne n'a jamais accusé les acteurs politiques de cohérence intellectuelle, ni de continuité et de constance dans leur raisonnement. En son temps, Descartes a proposé une « méthode » qui visait à « bien conduire sa raison ». Cette méthode n'a pas encore atteint le champ brodé des fleurs [le Chili selon son hymne national, NdT], écrit Luis Casado.

Les Français se disent cartésiens et le clament haut et fort. René Descartes (1596-1650), mathématicien, physicien et l'un des fondateurs de la philosophie moderne, a imprimé sa façon de raisonner dans l'Hexagone, du moins c'est ce que prétendent les cartésiens. Les objectifs de Descartes ont été énoncés par lui-même : « bien conduire sa raison », et « chercher la vérité dans la science ».

Votre serviteur n'applaudit pas à tout ce qu’écrit Descartes. Mais son célèbre Cogito ergo sum, que je renverse systématiquement en bon matérialiste philosophique que je suis, indique une méthode - si j'ose écrire - dans laquelle le grand homme énonce une thèse qu'il tient pour vraie, en extrayant immédiatement ce qu'il considère comme ses conséquences épistémologiques et ontologiques évidentes : Je pense, donc je suis.

J’inverserais la formule: J’existe, donc je pense. Mais mon propos n'est pas de corriger Descartes, mais de souligner le caractère profondément anticartésien qui, pour le meilleur ou pour le pire, prévaut dans l'heureuse copie de l'Eden [le Chili, toujours son hymne national, NdT].

Dans la jactance chilensis, la proposition de Descartes pourrait s'écrire : Je pense, donc je pourrais exister ou peut-être pas, en tout cas pas tellement, pas si peu, plutôt les deux, cela reste à voir... Bref, à vous de voir.

Daniel Jadue* vient de nous donner un exemple éclatant de ce que je dis. En quelques mots, il affirme tout et son contraire, sans craindre l'incohérence. Voyons voir.

Première proposition, Jadue déclare : « Marcel* est un fidèle défenseur du credo néolibéral ».

Autant pour moi. L'un des plus récents combats de Mario Marcel a été de protéger l'autonomie de la Banque centrale qu'il présidait, alors que personne, jamais, n'a prouvé qu'une Banque centrale autonome ait fait autre chose qu'expulser la démocratie de la gestion d'un bien commun : la monnaie. Les politiques monétaires sont une affaire réservée aux « experts », circulez, circulez, putain de citoyens, ya rien à voir. Marcel a ainsi rendu un hommage servile au soi-disant consensus de Washington, confirmant ce qu'il était, ce qu'il est et ce qu'il sera : un néolibéral insensible. Pour votre gouverne, voici ce que les néolibéraux disent du Consensus de Washington :

« Le consensus de Washington était l'ensemble des formules économiques néolibérales poussées par divers organismes financiers internationaux dans les années 1980 et 1990. L'économiste britannique John Williamson a involontairement inventé ce terme dans un article de 1989 dans lequel il passait en revue les dix mesures économiques professées par le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement et le département du Trésor usaméricain, tous basés dans la capitale US, Washington DC. Ces propositions formaient un décalogue du néolibéralisme prescrit pour faire face à la crise économique de 1989 en Amérique latine, qui a été plongée dans une longue récession connue sous le nom de ‘décennie perdue’ ». (elordenmundial.com).

07/09/2023

LUIS CASADO
Chili : Que faire ?
Arrêter d’aboyer contre les roues des bagnoles

La question est pertinente. D’autres, bien avant nous, l’ont posée. Autres siècles, autres peuples, mais le mal était le même : l’autocratie criminelle qui asservit des millions et des millions de citoyens. Luis Casado pense que ne pas répondre à cette question équivaut à fermer les écoutilles et faire l’autruche.

Luis Casado, Politika, 7/9/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Quand tu chancelles sous le poids de la douleur, quand tu n’as plus de larmes, pense à la verdure qui miroite après la pluie. Quand la splendeur du jour t’exaspère, quand tu souhaites qu’une nuit définitive s’abatte sur le monde, pense au réveil d’un enfant. Considère avec indulgence les hommes qui s’enivrent.” (Omar Khayyam – Rubaiyat/Quatrains)

 

Je n’aime pas apporter des fleurs au cimetière. J’emporte mes morts avec moi.

 

Arrivé à ce moment de ma vie, la mort est devenue une question philosophique, parfois poétique, avec Baudelaire, qui voyait dans l’autre cour « la seule chance de salut et de liberté, et de briser les frontières de l’espace et du temps » (Marc Eigeldinger , Baudelaire et la conscience de la mort, 1968).

 

Ô Mort, vieux capitaine, il est temps de lever l’ancre !

Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Partons d’ici !

...

Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ?

Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau !

(Baudelaire, Le Voyage)

 

Mais laisser derrière soi toute une série de criminels, de traîtres, de proxénètes, d’opportunistes et de vendus qui bénéficient de l’impunité garantie par le “modèle” et des institutions léguées par la dictature, ça n’est vraiment pas le but.

 

Les objectifs annoncés par les “progressistes” n’ont jamais dépassé “la mesure du possible”, notion devenue le principe cardinal, vital et fondateur de ceux qui se sont nourris de l’histoire de la transition et du gradualisme intrinsèquement graduel qui convient à leurs intérêts.

 

Le Chili s’enfonce dans un bourbier social et institutionnel, il conserve la constitution Pinochet-Lagos et entend l’aggraver grâce à l’intervention d’une poignée de marionnettistes néo-fascistes possédant la science infuse et ayant la bénédiction du système.

 

Les inégalités sociales sont extrêmes, pires, disent les connaisseurs, que pendant la dictature. L’insécurité et la précarité augmentent. La criminalité - la grande criminalité, la pègre - sévit, prenant le contrôle des richesses et des services de base autrefois publics.

 

La crédibilité de la politique et des hommes politiques se noie dans les flots d’eaux usées des égouts.

 

Le principe d’autorité a disparu lorsqu’une poignée de généraux fanatiques au service d’une puissance étrangère a détruit la république et la démocratie. Qui  ça ?

 

“ Hélas ! Hélas ! par des hommes dont c’était le devoir, l’honneur, la raison d’être, de servir et d’obéir.” (Charles De Gaulle, 23 avril 1961).

 

Cinquante ans... Et puis quoi ? On attend encore 50 ans ?

 

En son temps, Vladimir Ilitch Oulianov, alias Lénine, était confronté à une situation politique inextricable et à un panier de crabes, un grouillement de groupuscules dont les petits chefs rêvaient d’être calife à la place du calife. La question à résoudre pouvait s’exprimer très simplement : que faire ?

 

Lénine rédige un pamphlet dont le titre, copié sur l’ouvrage éponyme de Nikolaï Tchernychevski, est précisément : Que faire ?

06/06/2023

Walter et les Tutsis (applicable à l’Ukraine…)

Luis Casado, 28/3/2021-6/6/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Cet article a été publié en 2021. Il se trouve que mon frère m’a envoyé une vidéo dans laquelle un spécialiste militaire démontre à la télévision française à quel point TOUTES les guerres sont préparées et déclenchées pour des raisons cachées au commun des mortels. C’est le cas de la guerre en Ukraine qui curieusement ne mobilise toujours (presque) aucun pacifiste. C’est une horreur tolérée par l’opinion publique, une horreur planifiée, préparée et ordonnée depuis Washington. Tandis que la propagande quotidienne raconte des histoires pour imbéciles. Ce qui s’est passé au Rwanda en 1994… était du même acabit. Bonne lecture.

 

L’hypocrisie en matière de droits de l’homme réclame une Coupe du monde. Les candidats au podium sont légion, de préférence parmi ceux qui s’autodésignent comme démocrates et progressistes. Une diatribe de Luis Casado.

Je ne peux pas vous dire ni qui ni comment était Walter, car cela nécessiterait deux ou trois livres. Walter m’a sauvé d’un boulot de merde en 1986, et dans une manœuvre du genre « mercato du ballon rond », il a réussi à me sortir de la multinationale dans laquelle je m’ennuyais pour m’ouvrir les portes d’une activité bouillonnante, incessante, planétaire, créative, divertissante, raisonnablement bien payée et dans laquelle on s’eSt bien fendu la poire. Ensemble, ou séparément mais toujours en contact, nous avons fait plusieurs fois le tour du monde.

Belge, de la variante flamande, né dans la ville de Mechelen que nous, francophones, appelons Malines (allez savoir pourquoi Den Haag s’appelle La Haye en français), Walter avait eu un père « collaborateur », ce qui à l’époque voulait dire qu’il avait été un homme de main de l’occupation nazie, une horreur que Walter a condamnée toute sa vie avec une attitude permanente d’une énorme qualité humaine.

Walter était l’optimisme fait homme. Toujours souriant et sur le point d’éclater de rire, il semblait à chaque instant finaliser le début d’un long voyage, une synthèse belge – en une seule personne – de Fernão de Magalhães (« Magellan ») et de Juan Sebastián Elcano, son successeur basque. Plus d’une fois, il m’a appelé pour me demander si j’avais quelques minutes à perdre et, quelques heures plus tard, j’étais à bord d’un vol intercontinental qui allait nous permettre de boire une caiperinha à Recife, un vin rouge français à Singapour ou à Bangkok, ou un vin blanc sec à Ayers Rock, un endroit qui se trouve, comme le disent les Australiens eux-mêmes, in the middle of nowhere (au milieu de nulle part). Mais vous savez, le boulot c’est le boulot et je suis un émule à la distance et dans le temps du célèbre Alexeï Stakhanov.

Divorcé, comme tout homme qui se respecte, Walter manquait d’une ancre, d’un hub comme disent les connards globe-trotters, d’une racine capable de lui offrir un foyer et le nécessaire repos du guerrier lorsqu’il revenait de ses pérégrinations sans fin autour de la planète. C’est alors qu’il a rencontré Catherine et l’a épousée. Catherine est une belle Rwandaise, Tutsi pour ne rien vous cacher, porteuse des caractéristiques innées de son ethnie : finesse, élégance, beauté, prestance et distinction [ heu, bon, enfin, Louis, là tu dérapes un peu, NdT]. C’est à ce moment-là que tout est parti en couille…

On était dans les années 1990, lorsque nous avons appris qu’un terrible drame se déroulait au Rwanda. Ce drame peut se résumer ainsi : un génocide – c’est-à-dire à l’extermination – de la population tutsie par le gouvernement hutu hégémonique. Entre le 7 avril et le 15 juillet 1994, ils ont tué environ 70 % des Tutsis, principalement à coups de machettes, mais pas seulement. Selon les chiffres disponibles, on estime qu’environ 700 000 Tutsis, hommes, femmes et enfants, ont été tués.

Curieusement,  l’armée française était présente au Rwanda, sous couvert d’une mission humanitaire.

Comme vous pouvez l’imaginer, il a été difficile de reconstruire le Rwanda, et encore plus la coexistence des Hutus et des Tutsis, les deux principaux groupes ethniques, afin de préserver le pays et son intégrité territoriale. Walter a participé à la modernisation du système de transport public de Kigali, et il s’est lancé dans des investissements hasardeux destinés à la promotion de la production agricole.

Dans le même temps, Walter m’a sévèrement réprimandé, accusant les Français d’être responsables de ce qui s’était passé. Votre serviteur, un homme de culture bigarrée, peut assumer tout ce que vous voulez, des massacres de la Guerre de Pacification de l’Araucanie aux horreurs de la Commune de Paris et à la torture industrielle perpétrée par l’armée française pendant la bataille d’Alger, mais, franchement, je n’ai eu aucune part dans le génocide rwandais, je ne suis jamais allé à Kigali, et à part Catherine, je  ne connaissais aucun citoyen de ce si beau pays.

Ce matin, j’écoutais la radio, France Info pour être précis, une radio du secteur public, qui a consacré un long reportage à un rapport demandé par le gouvernement français sur ce qui s’est passé au Rwanda en 1994.

Un groupe de spécialistes – dirigé par l’historien Vincent Duclert, maître de conférences à l’École nationale d’administration – a analysé toutes les données disponibles, y compris les archives diplomatiques, militaires et de renseignement, et a conclu que la France était coresponsable du génocide. Très précisément ceux qui ont donné des ordres et pris des décisions qui se sont révélées criminelles : François Mitterrand, le président, et Hubert Védrine, son ministre des Affaires étrangères.

Duclert lui-même a déclaré hier : « L’échec de la politique française au Rwanda a effectivement contribué à créer les conditions du génocide ».

Guillaume Ancel, lieutenant-colonel de l’armée française, qui se trouvait à l’époque au Rwanda dans le cadre de la « mission humanitaire » et a été témoin des massacres, a déclaré en direct : « Nous, militaires, sommes aussi responsables, car nous ne pouvons pas nous cacher derrière l’argument selon lequel nous avons obéi aux ordres ». L’armée française a notamment armé les Hutus, leur a fourni les armes dont ils avaient besoin pour commettre le génocide, les a protégés et a laissé les Tutsis sans défense.

Je dois déclarer, messieurs les jurés, que j’ai personnellement connu François Mitterrand, qui nous a reçus quelques fois à l’Elysée, et qu’Hubert Védrine est à mes yeux le seul ministre français des Affaires étrangères du dernier quart de siècle qui ait fait preuve d’un brin d’intelligence. Personne ne prétend que l’un ou l’autre voulait perpétrer un génocide. L’officier susmentionné ne le prétend pas non plus, mais il souligne la responsabilité inéluctable de ceux qui ont imposé leur volonté et pris les décisions politiques. A César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu.

Walter n’est plus de ce monde pour le savoir, ni pour que moi, m’appuyant sur la solide amitié franco-belge que nous avons construite, je puisse présenter mes excuses à la chilienne : « Pardonnez la mort de l’enfant, c’était une erreur, je ne savais pas, les coupables seront punis dans la mesure du possible, il suffit d’attendre encore 40 ans… ». Walter est mort dans un taxi picaresque à Jakarta, capitale de l’Indonésie, dévoré par un cancer de la gorge qui ne lui a pas permis de terminer le dernier voyage de sa vie, celui qui devait le conduire à l’hôpital.

Là où il se trouve, il a échappé à la deuxième info du jour : « La France proteste vivement contre les conditions d’emprisonnement d’Alexeï Navalny », un escroc néo-nazi condamné pour divers trafics et autres crimes, mais recruté par les services de renseignement occidentaux en tant qu’« opposant » au régime russe.

« Au nom des droits de l’homme », donc, « la France élève sa voix indignée », et appelle Vladimir Poutine de noms d’oiseaux.

Si vous ne saviez pas ce que signifie la phrase bien connue « Il y a des coups de pied au cul qui se perdent », maintenant vous le savez.


05/03/2022

LUIS CASADO
Ucrania: un epifenómeno

Esopo se equivocaba al afirmar “La insignificancia es garantía de seguridad”. Por el contrario, los débiles, los miserables, suelen ser utilizados como carne de cañón. Lo peor: siempre hay sicarios que, voluntariamente, hacen de guaripolas

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Foto: Daniel K. Cheung, en Unsplash

Sé que el título le provocará erisipela a algunos amables lectores. Solo les pido leer lo que sigue. Merece la pena.

La guerra en curso tiene, como todo, una génesis. Una genealogía. Para descubrir sus raíces hay que cavar profundo. La memoria colectiva, aseveró Tony Blair, conocido politicastro europeo, no va más allá de un par de semanas.

EEUU entró en la II Guerra Mundial algo tardíamente, y hay controvertidas teorías acerca del porqué. Unos dicen que era útil esperar que los contendientes europeos se destruyeran mutuamente antes de venir a socorrer la victoria, otros que la población estadounidense –sin olvidar a sus oligarcas– no veía con buenos ojos inmiscuirse en los asuntos de un mundo que les caía lejos.

Winston Churchill supo lo que le costó convencer al Senado, a la Cámara de Representantes, y al propio Roosevelt, para entrar en guerra. Algún historiador señala que EEUU provocó, o facilitó, o incitó, el ataque a Pearl Harbour solo para justificar ante la opinión pública una decisión que preveían ampliamente impopular.

EEUU aun no salía de la Gran Recesión, y nadie sabía que la guerra sería la palanca mágica que crearía todos los empleos y la actividad industrial que proyectarían a EEUU a la cabeza de la economía mundial. Y de paso al control militar de buena parte del mundo.

La intervención estadounidense no fue free of charge: eso de que no existen almuerzos gratis ya formaba parte de la filosofía local. La factura enviada más tarde al Reino Unido, a Alemania, a Rusia y otros países europeos fue muy salada.

Pero esa no fue la única consecuencia: gran parte de Europa tuvo que seguir albergando, amablemente, las tropas estadounidenses. En algunos casos hasta el día de hoy. Quienes llamaron las cosas por su nombre, como Charles de Gaulle, lo definieron como “un protectorado”. Europa es “un protectorado” estadounidense, o sea, claramente, una colonia.

Si te caben dudas, el costo para Alemania de los 32 mil soldados del Imperio estacionados en su territorio fue de mil cien millones de dólares en la década 2010-2019. No lo digo yo: lo dijo el ministerio de Finanzas alemán, respondiéndole a Brigitte Freihold, diputado al Bundestag. Y Alemania puede alegar que otros países de Europa pagan aun más caro.

Como quiera que sea, EEUU gasta más en defensa que los 29 países aliados en la OTAN. Tú dirás que es normal, visto que el Imperio es EEUU. No obstante, Donald Trump se tomó la libertad, en Bruselas, de decirle a esa manga de manos de challa que tenían que pagar más precisando que 23 de los 29 estaban atrasados en el pago de sus miserables contribuciones (https://www.youtube.com/watch?v=2Cm8Su-bbmw).

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12/07/2022

LUIS CASADO
Un irreprimible deseo de libertad
Votaré Apruebo en el Plebiscito constitucional del 4 de Septiembre

 Luis Casado, 10/7/2022

¿Qué podría impedirle a la nación chilena recuperar sus libertades y derechos más elementales? Aprobar la Nueva Constitución es una puerta abierta hacia el futuro...

“Los emperadores romanos no olvidaban adoptar el titulo de Tribuno del pueblo, porque esta función era considerada santa y sagrada; establecida para la defensa y la protección del pueblo, gozaba de una gran consideración en el Estado. Por ese medio se aseguraban de que el pueblo se fiara mejor a ellos, como si le bastase con escuchar ese nombre sin la necesidad de sentir los efectos. Pero no lo hacen mejor los de ahora que, antes de cometer sus crímenes más graves, los hacen preceder por algunos lindos discursos sobre el bien público y el consuelo de los desdichados. Conocemos la fórmula que usan con tanta finura; ¿pero se puede hablar de finura allí donde hay tanta impudencia?” 
(Étienne de la Boétie, Discurso de la servidumbre voluntaria. 1576).

Étienne de la Boétie escribió su célebre texto cuando tenía apenas 16 años. Su reflexión recurrente tiene que ver con una cuestión muy simple: ¿qué es lo que hace que millones de seres humanos se dejen sojuzgar y esclavizar sin apenas intentar recuperar su libertad?

El autor señala que cualquier animal capturado vive su cautiverio como una desdicha y en muchos casos prefiere morir a perder su libertad. La reacción de los seres humanos, según Étienne de la Boétie, suele ser muy distinta:

“Es increíble ver como el pueblo, apenas se le somete, cae repentinamente en un olvido tan profundo de su libertad que le es imposible despertarse para reconquistarla: sirve tan bien y de tan buen grado, que al verlo se diría que perdió no solo su libertad sino que al mismo tiempo ganó su servidumbre.”

Estoy convencido de que el pueblo de Chile no se inscribe en este desdichado comportamiento. Por el contrario, retengo la lección del propio Étienne de la Boétie:

“mientras un pueblo se ve obligado a obedecer y obedece, hace bien; mas en el momento en que puede sacudir el yugo, y lo sacude, hace todavía mejor…”.

Lo mismo dijo Salvador Allende el aciago día del 11 de septiembre de 1973:

“El pueblo debe defenderse, pero no sacrificarse. El pueblo no debe dejarse arrasar ni acribillar, pero tampoco puede humillarse... (…) Sigan ustedes sabiendo que, mucho más temprano que tarde, de nuevo se abrirán las grandes alamedas por donde pase el hombre libre, para construir una sociedad mejor.”

Cuatro siglos separan la gesta del Compañero Presidente de la obra de ese genial adolescente que le advirtió a la Humanidad del peligro que corre habituándose a la esclavitud y la ausencia de derechos.

10/09/2023

LUIS CASADO
Allende e io
Ricordi d’infanzia

Luis Casado, 10/9/2023
Tradotto da
Fausto Giudice, Tlaxcala

Non ho mai saputo come mio padre riuscisse a darci così tanto con il suo modesto stipendio di operaio panettiere.

La lettura e i viaggi erano al primo posto di quel tanto. Per decenni mio padre ha collezionato le riviste sportive Estadio (Santiago), El Gráfico (Buenos Aires) e altre, e ogni settimana ci comprava chili di fumetti, racconti e libri vari. Mia madre leggeva romanzi e El Fausto, un settimanale per signore che riportava racconti romantici a puntate. Ecco da dove viene il mio amore per i libri, dall’incoraggiamento di un padre che non aveva finito il terzo anno di scuola elementare, ma che amava leggere. 

 

I viaggi avevano sempre la stessa meta: l’arcipelago di Chiloé, più precisamente Achao, sull’isola di Quinchao. Arrivarci a quei tempi - gli anni Cinquanta - era un’avventura indimenticabile.

Da San Fernando a Puerto Montt si viaggiava su un vecchio treno trainato da una locomotiva trasandata, manovrata dai tiznados [i fuligginosi], i lavoratori dell’Impresa di Ferrovie dello Stato, così chiamati perché i loro volti portavano il segno indelebile del carbone.

Il treno si muoveva con una piacevole e dolce lentezza. Ci volevano non meno di 14 ore per coprire i 700 km, senza contare le numerose fermate nei capoluoghi di provincia. Se si apriva un finestrino si rischiava di ricevere una scoria di carbone negli occhi. Di tanto in tanto, un uomo in giacca bianca e molto formale passava e ti offriva qualcosa da bere e da mangiare: il servizio era impeccabile, ma troppo caro per le nostre magre borse.

A Puerto Montt si passava la mezza notte in una locanda, fino alle prime ore del mattino successivo, quando il vaporetto salpava per l’isola di Quinchao.

Ad Achao non c’era (e ancora non c’è) né porto né molo di attracco: si sbarcava in mezzo all’oceano scendendo una stretta scala, situata sui fianchi del piroscafo, fino alle barche a remi che venivano a prenderti e sulle quali si saltava, rischiando di precipitare nelle gelide acque del Pacifico meridionale insieme a valigie, borse e fascine varie.

Quando si arrivava alla spiaggia di Achao ci si toglieva le scarpe, si arrotolavano i pantaloni e ci si tuffava in acqua. Così si arrivava, camminando, a destinazione. C’era Luis Soto Romero, mio nonno, sindaco del paese, che esercitava la sua pratica. Mio padre, scherzando, lo aveva soprannominato il Cacique.

Mio nonno era stato praticante nell’esercito. Ad Achao, da civile, era infermiere, ostetrico, chirurgo in chirurgia minore, autorità pubblica, portavoce, giudice di pace... insomma, un cacique.

Mio nonno era un socialista, uno di quelli di allora, da non confondere con quelli di oggi: mio nonno non ha mai avuto alcun canonicato, né ha mai creato alcuna fondazione. Vi sorprenderebbe sapere che era amico e compagno di un certo Salvador Allende?

Proprio così. Salvador Allende.

 

LUIS CASADO
Allende y yo
Recuerdos de infancia

Luis Casado, 10/9/2023

Nunca supe cómo se las arreglaba mi padre para darnos tanto con su modesto salario de trabajador de la panificación.

En el tanto ocuparon un lugar de privilegio las lecturas y los viajes. Mi viejo coleccionó durante décadas las revistas deportivas Estadio (Santiago), El Gráfico (Buenos Aires) y aún otras, y cada semana nos compraba kilos de historietas, cuentos y libros varios. Mi madre leía novelas y El Fausto, un semanario para señoras que traía románticas historias por capítulos. De ahí viene mi amor por los libros, del estímulo de un padre que no terminó el tercer año de la escuela primaria, pero amaba la lectura. 

Los viajes siempre tuvieron el mismo destino: el archipiélago de Chiloé, más precisamente Achao, en la isla de Quinchao. Llegar allí en esa época, -los años cincuenta-, era una  aventura inolvidable.

De San Fernando a Puerto Montt viajabas en un viejo tren tirado por una locomotora perdularia, operada por los tiznados, trabajadores de la Empresa de Ferrocarriles del Estado, así llamados porque sus rostros llevaban la marca indeleble del carbón.

El tren circulaba con una deleitosa y amable lentitud. Cubrir los 700 km le llevaba no menos de 14 horas, sin contar las numerosas paradas en las capitales provinciales. Si abrías una ventanilla eras candidato a recibir una partícula de carbón en un ojo. De vez en cuando pasaba un señor, de chaqueta blanca y muy formal, que te proponía algo de beber y de comer: el servicio era impecable pero demasiado caro para nuestro exiguo bolsillo.

En Puerto Montt medio pernoctabas en alguna posada, hasta la temprana hora del día siguiente en que zarpaba el vapor que te llevaba frente a la isla de Quinchao.

 

En Achao no había (aún no hay) ni puerto ni molo de abrigo: en medio del océano desembarcabas bajando por una estrecha escalerilla, situada en los flancos del vapor, hasta las lanchas a remo que venían a recogerte y a las cuales saltabas arriesgando zambullirte en las heladas aguas del Pacífico Sur junto a tus maletas, bolsos y mariconadas varias.

Al llegar a la playa de Achao te quitabas los zapatos, arremangabas tus pantalones, y saltabas al agua. Así llegabas, caminando, a tu destino. Allí estaba Luis Soto Romero, mi abuelo, alcalde del pueblo, practicante de su oficio. Mi padre, cachondeándose, lo había apodado el Cacique.

Mi abuelo había sido practicante en el ejército. En Achao, ya civil, hacía de todo, enfermero, partero, cirujano de cirugía menor, autoridad pública, portavoz, juez de paz... en fin, de cacique.

Mi abuelo era socialista, de los de aquella época, no confundas ese género con los de ahora: mi abuelo nunca tuvo ninguna canonjía, ni creó jamás Fundación alguna. Él más bien daba que recibía. ¿Te sorprendería saber que era amigo y compañero de un tal Salvador Allende?

Justamente. Salvador Allende.

19/09/2022

LUIS CASADO
La misma jeringa con distinto bitoque

, 18-9-2022

Es sabido, la historia se repite, como decía Karl, primero como tragedia, luego como comedia. Ignorantes de la Historia, no nos damos cuenta que lo de hoy es una payasada...

De Alexis de Tocqueville suele ignorarse muy frecuentemente un libro que nos toca de cerca –“El Antiguo Régimen y la Revolución”– razón que justifica esta parida. Una vez más le debo el hallazgo a Armando, lector pertinaz de obras inteligentes.

El conde de Tocqueville (1805 – 1859) tenía buenas costumbres que se han ido perdiendo entre los intelectuales contemporáneos hasta desaparecer casi del todo. Entre ellas se cuenta una que su condición de noble hubiese debido ahorrarle: el trabajo.

La monarquía francesa conoció numerosos episodios que hoy llamaríamos crisis económicas, políticas, institucionales, religiosas, etc., acompañadas de hambrunas y revueltas. Tales crisis eran resueltas gracias a modernas técnicas que consistieron mayormente en masacrar a los hambrientos y a los revoltosos. No obstante, cuando Su Majestad estaba de buen humor se le podía convencer de usar recursos que aun hoy pasan por habilidosos:

“Eso se ve muy bien en la Memoria que Turgot le dirigió al Rey en 1775, en la que le aconsejaba, entre otras cosas, hacer elegir libremente por toda la nación y reunir cada año alrededor de su persona, durante seis semanas, una asamblea representativa, pero sin acordarle ningún poder efectivo. Ella se ocuparía de administración y jamás de gobernar, tendría más bien opiniones que dar que voluntades que expresar, y, a decir verdad, solo se encargaría de discurrir sobre las leyes sin legislar. ‘De esta manera el poder Real se vería ilustrado sin ser molestado’, decía Turgot, y la opinión pública sería satisfecha sin peligro.” (Alexis de Tocqueville. El antiguo Régimen y la Revolución. 1856).

Cualquier parecido con recientes acontecimientos de la vida real no es pura coincidencia. Pero hay más, más sofisticado y de una eficacia insuperable: hacer participar al pueblo, directamente, en el diagnóstico de los males y en la búsqueda de los remedios.

Se le atribuye al Rey Philippe le Bel la paternidad del invento allá por el año 1302. La pillería es conocida como “Les cahiers des doléances” lo que en buen romance quiere decir “Cuadernos de quejas”. El Rey ordenaba que en cada ciudad, pueblito o aldea, se instalase un escribano para tomar nota de lo que libremente cada súbdito –noble, clérigo o pringao– tuviese a bien llevar a conocimiento de Su Majestad. En la época de la Revolución Francesa la población era del orden de 25 millones de almas y los municipios ya se contaban en decenas de miles. De modo que al terminar la colecta de todas las quejas de todos los quejicas, los archivos se enriquecían con centenares de miles de páginas manuscritas que era urgente olvidar apenas archivadas. Tocqueville se dio el trabajo de leer todos los Cuadernos de quejas que ordenó colectar Louis XVI, y llegó a una conclusión sorprendente, mira ver:

“Leí atentamente los cuadernos que llenaron los tres órdenes antes de reunirse en 1789; digo los tres órdenes, los de la nobleza y el clero así como el tercer estado. Veo que aquí piden el cambio de una ley, acá de una costumbre, y tomo nota. Continué así hasta terminar este inmenso trabajo, y, cuando llegué a reunir el conjunto de todos esos anhelos particulares, me di cuenta con una suerte de terror que lo que reclaman es la abolición simultánea y sistemática de todas las leyes y de todas las costumbres en vigor en el país.” (A. de Tocqueville. Op. cit.)

Lo que precede es lo que más tarde Karl Marx llamaría “radicalidad”, en el sentido de no irse por las ramas y apuntar directamente a las raíces de las cuestiones planteadas.

Comparadas con los Cuadernos de quejas de 1789 las reivindicaciones contemporáneas en Chile, en Francia o en Liliput, son meado de gato.

En 1789 los privilegiados intentaron hacer lo mismo que había hecho Philippe le Bel en 1302: pasarse las quejas por las amígdalas del sur. El resultado lo conoces: la Revolución Francesa, el fin de la monarquía, el fin de la nobleza, la nacionalización de los bienes de la Iglesia, la instauración de la República, los Derechos del Hombre y el Ciudadano, la Abolición de la esclavitud, el Sufragio universal y dos o tres detallitos más de los que la Humanidad se enorgullece hasta ahora.

Tocqueville no es muy complaciente cuando se trata de juzgar a quienes fueron incapaces de ver lo que venía. Refiriéndose a los poderosos de la época escribe:

“Muchos eran sin embargo muy hábiles en su oficio; dominaban a fondo todos los detalles de la administración pública de su época; pero en cuanto a esta gran ciencia del gobierno, que enseña a comprender el movimiento general de la sociedad, a juzgar lo que ocurre en el espíritu de las masas y a prever lo que resultará de ello, eran tan principiantes como el propio pueblo.” (A. de Tocqueville. Op. cit.)

Cualquier parecido con recientes acontecimientos de la vida real no es pura coincidencia, ya se dijo.

Para describir lo que vivimos hoy, en francés recurrimos a un modismo: “Du pareil au même”. Mi abuelo materno, luchador social de toda una vida, lo decía en su jerga de practicante: “Es la misma jeringa con distinto bitoque”.