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25/12/2021

FRANCO «BIFO» BERARDI
Résignez-vous (Démettez-vous) (1 & 2)

Franco «Bifo» Berardi, Cronica della psicodeflazione,  1 et 2 21/12/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala


 

1

Défaitisme de masse, désertion et sabotage : proposition d'une stratégie paradoxale de résignation/démission (en attendant les Communautés Autonomes Opérationnelles de Survie)

Le Long Covid de l'esprit social

Dans les dernières pages de son livre La Peste, Camus raconte le retour festif à la vie de la ville d'Oran après l'extinction de l'épidémie. Aujourd'hui, à l'automne 2021, rien ne laisse présager une célébration imminente à l'horizon. Au contraire, il semble que les signes de malaise psychosocial s'accentuent, et si, en l'absence de lieux de rencontre, quelqu'un ose organiser une rave party, il risque d'être attaqué comme empoisonneur.

Au début du fléau, le crétinisme publicitaire disait : nous en sortirons meilleurs. C’est tout le contraire qui est vrai : nervosité généralisée, racisme rampant, violence prédatrice des grandes entreprises, inégalités galopantes. L'avidité de propriétaire du Big Pharma a empêché la production locale de vaccins et le résultat est Omicron. Les vieux hommes blancs se sont injecté les troisièmes doses qui auraient dû aller aux autres, mais le virus est plus malin et se prépare à tuer quelques millions de plus, peut-être même moi.

Mais ce qui m'intéresse, ce n'est pas la persistance du virus, mais une sorte de Long Covid de l'esprit social.

On appelle Long Covid la persistance prolongée de symptômes de divers types après l'infection et la guérison. Une amie qui en souffrait m'a dit que son principal symptôme était un épuisement constant, une perte d'énergie et même une confusion mentale. En effet, l'épuisement et la confusion mentale semblent dominer la scène contemporaine. Le chaos (économique, géopolitique et psychique) que le virus a produit semble se poursuivre, voire s'intensifier, au-delà des effets positifs de la vaccination de masse. Les manifestations de rue, la résistance aux vaccins, la rébellion contre le Green Pass, quelles que soient leurs motivations, alimentent un sentiment de panique.

Le virus a agi comme un catalyseur de fantasmes opposés : les fantasmes paranoïaques du complot et les fantasmes hypocondriaques de la peur qui envahissent et paralysent la subjectivité.

Le discours public est envahi par des alternatives paradoxales et des doubles contraintes. L'injonction sanitaire provoque une réaction qui se manifeste d'abord par le déni, puis par la phobie (attribution de pouvoirs maléfiques au vaccin, obsessions conspirationnistes). La réaction des gouvernements et de la majorité de l'opinion publique à l'encontre des hérétiques no vaxx revêt un caractère autoritaire, paternaliste ou agressif : licenciement, charges policières, stigmatisation publique, censure. Cela produit une victimisation de masse et, à long terme, la prophétie paranoïaque (le vaccin est un complot visant à imposer une forme totalitaire) finit par s’autoréaliser.

Si nous pensons que la résistance au vaccin est déraisonnable (je ne l'affirme ni ne le nie, je n'ai pas l'intention de m'occuper de questions qui ne relèvent pas de ma compétence), nous devons l'interpréter comme le symptôme d'un trouble, et il est absurde de criminaliser le porteur du symptôme, tout comme il est inutile de lui faire des sermons sur la responsabilité. Le porteur du symptôme doit être traité, mais c'est toute la société qui est envahie par les formes psychotiques.

Qui soigne qui ?

Tout en imposant une obéissance totale aux ordres du complexe industrialo-sanitaire, les gouvernements utilisent l'état d'urgence comme la condition parfaite pour imposer furieusement des politiques de privatisation et de précarisation. L'urgence ne doit donc jamais cesser, et les médias doivent poursuivre éternellement la campagne de panique qui inonde le discours collectif depuis près de deux ans. Chaque jour, nous sommes abreuvés d'heures d'images télévisées répétitives qui ont pour seule fonction de terroriser : des infirmières en blouse verte, des masques et des combinaisons de protection, des ambulances en marche, et des ampoules, des flacons, des seringues, des injections, des dizaines d'injections, des centaines d'injections.

L'effet de cette offensive qui mobilise l'ensemble du système médiatique dans une campagne de terreur est visible : le corps social est rétréci dans une crise d'hypocondrie interminable, comme s'il avait peur de renoncer à la peur. Cette paralysie de l'imagination et ce rétrécissement ne sont pas un effet du virus, mais la conséquence de l'impuissance prolongée de la société, qui est incapable d'arrêter l'appauvrissement, la dévastation de l'environnement physique et mental : la rage impuissante est un état hautement pathogène.

Mais les techniques thérapeutiques qui peuvent guérir une épidémie psychique générée par l'impuissance, la colère et la solitude ne peuvent être que paradoxales.

25/11/2021

FRANCO “BIFO” BERARDI
La guerra biopolítica

Franco Berardi alias “Bifo” , Comune-Info, 20/11/2021
Traducido por Sancha P. Anzo

Cuando me di cuenta de que el virus había desvelado un mundo distópico como los que habíamos imaginado durante mucho tiempo, recordé la profecía que junto con Max Geraci (y el mago apuntador) habíamos formulado en una novela mal titulada Muerte a los viejos.

Para mí y Max, ese libro se llama KS, que significa KapSul, pero también Killing swarm [Enjambre asesino]. En esa novela, publicada en Milano en 2016, se imagina una extraña guerra biopolítica. La verdadera guerra biopolítica comenzó en 2020, cuando un biovirus se transformó en un infovirus y consecuentemente en un psicovirus.

En la novela imaginamos una guerra entre ancianos que se apegan a la vida como si uno se apega a la única propiedad que tiene, y jóvenes que han sido traídos al mundo en un momento en que nacer es la peor de las desgracias que pueden suceder. Grupos de adolescentes en éxtasis electro-psíquico se abalanzan sobre ancianos indefensos para masacrarlos con punzones tecno-mitológicos.

Lo que está sucediendo en la realdad es lo contrario de lo que sucede en nuestra novelita. La población anciana temía ser exterminada por el virus y por ello decretó un estado de emergencia que afecta principalmente a la población joven. Les hemos puesto el apodo hechizador de generación Z (la última), y tienen que renunciar prácticamente a todo para que su abuelo pueda agonizar en paz un rato más. Después de Glasgow la generación Z sabe que nada puede evitar el apocalipsis medioambiental, y que la tierra se está convirtiendo en un planeta desconocido y peligroso.

Cuando, a principios de marzo de 2020, supe que en muchas regiones del mundo se declaraban emergencia, confinamiento, distanciamiento, cierre de lugares de encuentro, etc., etc., me dije: “Estas medidas de emergencia salvarán unas pocas decenas de millones de ancianos, incluyéndome a mí y a muchos de mis amigos. Pero ¿cuántas víctimas habrá en las décadas siguientes?”

Leí con inquieto escepticismo la advertencia del ilustre filósofo Giorgio Agamben, que a partir de ese momento se convirtió en un paria casi innombrable: el paria decía que las medidas de confinamiento médico preparan una forma de totalitarismo biopolítico. Nada nuevo para quienes hayan leído L'histoire de la folie à l'âge classique. (Foucault 1968) y Naissance de la biopolitique (1992). Pero la emergencia impuso la responsabilidad y la responsabilidad impuso la cautela y la cautela exigió el conformismo y el conformismo implicó una confianza ciega en las autoridades y ... nos aconsejó olvidar a Foucault.

FRANCO “BIFO” BERARDI
La guerre biopolitique

Franco Berardi dit “Bifo” , Comune-Info, 20/11/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Lorsque j'ai réalisé que le virus avait dévoilé un monde dystopique comme ceux que nous avions longtemps imaginés, je me suis souvenu de la prophétie que Max Geraci et moi-même (et le Magicien souffleur) avions formulée dans un roman mal intitulé Morte ai vecchi [Mort aux vieux]. Pour Max et moi, ce livre s'appelle KS, ce qui signifie KapSoul, mais aussi Killing swarm [Essaim tueur]. Dans ce roman, une étrange guerre biopolitique a été imaginée. La véritable guerre biopolitique a commencé lorsqu'en 2020 le bio-virus s'est transformé en info-virus et par conséquent en psycho-virus.

Danse macabre : le vieillard, par Hans Holbein le Jeune, 1538

 Dans le roman, nous avions imaginé une guerre entre les vieux qui s'accrochent à la vie comme on s'accroche au seul bien que l'on possède, et les jeunes qui ont été mis au monde à une époque où naître est le pire malheur qui puisse vous arriver. Des groupes d'adolescents en extase électropsychique se précipitent pour massacrer des personnes âgées sans défense à coups de poing techno-mythologiques. Mais en réalité, c'est le contraire de ce que nous raconte notre petit roman. La population âgée craint d'être exterminée par le virus et a donc déclaré l'état d'urgence, qui touche principalement la population jeune.

 Nous les avions affublés de l'appellation à odeur de soufre de génération Z (la dernière), et ils doivent renoncer à presque tout pour que leur grand-père puisse agoniser en paix un peu plus longtemps. Alors que, après Glasgow, tout le monde sait qu'aucun projet humain ne peut plus résister à l'apocalypse environnementale et que la terre se transforme en une planète inconnue et dangereuse.

Un long hiver pour les migrants, par Tjeerd Royaards, Pays-Bas

 

27/05/2021

LUIS E. SABINI FERNÁNDEZ
Imagen, palabra: ¿extinción de la mente crítica o del diálogo humano?

  Luis E.Sabini Fernández, 27/5/2021

Franco Bifo Berardi anota una cuestión clave de nuestra modernidad: “la extinción de la mente crítica”.[1]

Su sola enunciación nos da la pauta de la trascendencia de su planteo.

Berardi observa con sagacidad y precisión una serie de pautas que ilustran ese proceso de extinción.

Fundamentalmente, registra “la saturación de la atención social” dada por “la velocidad y la intensidad de la infoestimulación” que nos absorbe casi permanentemente. 

Mirado etimológicamente, el fenómeno desnuda toda su gravedad: eso que nos absorbe, so pretexto de nutrirnos informacionalmente, nos deja absortos. Y por lo tanto anonadados. Y esa absorción a que somos sometidos capta nuestra mente casi ininterrumpidamente; y es lo que nos elabora ya no sólo absortos sino mentecatos. Porque el origen de esa palabreja es tener la mente captada: mente captus (cogido de mente). Mentecato.


El Roto

Imagen y/o palabra

Aun bien diagnosticado el fenómeno, entiendo hay un fallo en el abordaje de Berardi: en todo caso, observa una vía de extinción de la mente crítica, pero entiendo deja a un lado por lo menos otra, no menos importante: la sustitución de la palabra por la imagen en nuestra relación con la realidad (y su insoslayable temporalidad). Sustitución o desplazamiento que implica la presentización de nuestra relación con el mundo.

Cuando sobreviene el auge de la imagen, a mediados del Siglo XX, había un motto que abonaba esa expansión formidable de lo comunicacional: “una imagen vale, otorga el conocimiento vivencial, más que mil palabras”.

Y es cierto. Lo que obviábamos entonces es que una palabra, la palabra, también puede brindarnos mil imágenes, enriquecer nuestro interior, mediante asociaciones, derivaciones. A diferencia de la imagen que nos impacta y a menudo nos deja “sin palabras”, la palabra no nos da la imagen, sino que nos permite a nosotros “hacerla”; véase, por ejemplo, esta frasecita (atribuida a Eduardo Galeano): “La realidad imita a la tele.” Todo el mundo que se abre a nuestro discurrir...

Una buena verificación de la elaboración de imágenes desde la palabra nos la da la lectura de, por ejemplo, una novela que, después de nuestra lectura, se pasa al cine y alcanzamos a ver dicha versión. Vemos entonces cómo habíamos hecho “la película” antes, en nuestro interior; a menudo mucho más rica y variada que la confección cinematográfica.

La palabra, entonces, despierta nuestras reflexiones y consiguientes imágenes, y en los mejores casos, nos embarca en nuevas búsquedas. Abre nuestras mentes.

La imagen tiene todo el atractivo de lo visual, y por eso mismo no necesita tanto de la palabra como de la emoción desnuda. Es más elemental. Tiene enorme carga emocional, evocativa.

La palabra, en cambio, es la que caracteriza nuestra humanidad. Somos humanos porque tenemos la palabra. La imagen es algo compartido con buena parte del mundo animal.

Pero los animales viven en el puro presente porque la temporalidad, hasta donde sabemos, les es ajena, al menos relativamente ajena. Los animales que llamamos “superiores” tienen por ejemplo pasado, porque es lo que revela el ejercicio de la memoria, tan presente. Que revela su experiencia.

Pero nuestra temporalidad; pasado, presente, futuro, es algo específicamente humano. Que podemos plasmar en imagen y en palabra.