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07/04/2022

JORGE MAJFUD
Russia and NATO: the world's most dangerous game

Jorge Majfud, 5/4/2022

Translated by Lena Bloch

 While with one hand, the world's major media are constantly reproducing the horrifying images of hundreds of corpses scattered in Bucha, Ukraine - with the other hand they are stoking the fires of an escalation of war that could lead us to a nuclear holocaust in a course of months.
 

Tasos Anastasiou, Greece

Whoever committed the massacre (it seems most likely to have been Russian soldiers), it will go down in the annals of history as an unforgivable crime. But I think the smoke is obscuring the horizon. We can't see where we come from and worse, we can't see where we are going. Although I have repeated it in different media since long before the war, wrong or not, I will focus on these two sides of the road that the fire does not let you see.

Let's start with a simple and more immediate question: instead of continuing the endless, dangerous, and notoriously useless game of arbitral sanctions, why not impose the obligation to negotiate a resolution to the conflict between Russia and NATO once and for all and before innocent people continue to die?

A reasonable solution would be the dissolution of NATO in exchange for Russia's withdrawal from Ukraine, but that would be labeled radical. The owners of the business do not negotiate.

There are many other options, such as the most obvious and pragmatic one, i.e. Ukraine's neutral status (with provincial autonomy of the Donbas), which is where it should start instead of provoking Russia by integrating Ukraine into NATO and deploying missiles four minutes away from Moscow.

The neutrality or non-membership of NATO has always been the case of Austria, Finland, Sweden and other neighboring countries, some of which have just expressed the possibility of joining NATO, showing where the business of the old war merchants is going and demonstrating, once again, that the fight against communism - and not only in Latin America - has been nothing more than the perfect excuse to maintain geopolitical dominance and protect corporate, class and capital interests.

What do they intend, apart from expanding militarization more and more in a world, now that they have run out of the excuse of communism and, more recently, of Islamic terrorism, which in Afghanistan alone left eight trillion dollars in profits to the big companies specialized in "security"?

Do they think that having Russia surrounded by that anachronistic and mafia-like NATO organization would make Europe and the world a safer place?

You have to be under the influence of alcohol to forget that we are talking about one of the two atomic superpowers and imagine such stupidity. Or such wickedness of organized crime. If it were really about "security", if they were really sincere about "the right to defend themselves" that countries have, they would never have tried to break this order which, judging by the ongoing war, has not made the world, much less Ukraine. safer, but quite the opposite.

Of course, those who have that bargaining power are not being splashed with the blood of Russians and Ukrainians but, on the contrary, are doing their business, so it may take a few weeks, if not months, for them to stop shedding crocodile tears over the whiskey and get down to serious negotiations.

06/04/2022

JORGE MAJFUD
La Russie et l'OTAN : le jeu le plus dangereux du monde

Jorge Majfud, 5/4/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Alors que, d'une part, les grands médias du monde entier reproduisent inlassablement les images horribles de centaines de cadavres éparpillés à Boutcha, en Ukraine, d'autre part, ils attisent le feu d'une escalade de la guerre qui pourrait conduire à un holocauste nucléaire dans les mois à venir.

        

"Crevez, porcs impérialistes !"-Tasos Anastasiou, Grèce

Quel que soit l'auteur de ce massacre (il semble le plus probable qu'il s'agisse de soldats russes), il restera dans les annales de l'histoire comme un crime impardonnable. Mais je pense que la fumée obscurcit l'horizon. Vous ne voyez pas d'où nous venons et, pire, vous ne voyez pas où nous allons. Bien que je l'aie répété dans différents médias depuis bien avant la guerre, faux ou pas, j'insisterai sur ces deux côtés de la route que le feu ne nous laisse pas voir.

Commençons par une question simple et plus immédiate : au lieu de poursuivre le jeu interminable, dangereux et notoirement futile des sanctions arbitraires, pourquoi ne pas imposer l'obligation de négocier une résolution du conflit entre la Russie et l'OTAN une fois pour toutes et avant que plus d’innocents meurent ?

Une solution raisonnable serait la dissolution de l'OTAN en échange du retrait de la Russie d'Ukraine, mais elle serait qualifiée de radicale. Les patrons du business ne négocient pas.

Il existe de nombreuses autres options, dont la plus évidente et la plus pragmatique, à savoir le statut de neutralité de l'Ukraine (avec une autonomie provinciale du Donbass), par laquelle il faut commencer au lieu de provoquer la Russie en intégrant l'Ukraine à l'OTAN et en déployant des missiles à quatre minutes de Moscou.

La neutralité ou la non-adhésion à l'OTAN a toujours été le cas pour l'Autriche, la Finlande, la Suède et d'autres pays voisins, dont certains viennent d'exprimer la possibilité d'adhérer à l'OTAN, montrant ainsi où vont les affaires des vieux marchands de guerre et démontrant, une fois de plus, que, pas seulement en Amérique latine, la lutte contre le communisme n'était rien de plus que l'excuse parfaite pour maintenir la domination géopolitique et protéger les intérêts des entreprises, des classes et du capital.

Que comptent-ils faire, si ce n'est étendre toujours plus la militarisation dans un monde, maintenant qu'ils n'ont plus l'excuse du communisme et, plus récemment, du terrorisme islamique, qui, rien qu'en Afghanistan, a laissé huit mille milliards de dollars de profits aux grandes entreprises spécialisées dans la "sécurité" ?

Pensent-ils qu'une Russie entourée de cette organisation anachronique et mafieuse qu'est l'OTAN rendrait l'Europe et le monde plus sûrs ?

Il faut être sous l'emprise de l'alcool pour oublier que nous parlons de l'une des deux superpuissances atomiques et imaginer une telle stupidité. Ou la méchanceté du crime organisé. S'il s'agissait vraiment de "sécurité", s'ils étaient vraiment sincères quant au "droit de se défendre" dont disposent les pays, ils n'auraient jamais essayé de briser cet ordre qui, à en juger par la guerre en cours, n'a pas rendu le monde plus sûr, mais bien le contraire. Et encore moins l'Ukraine.

Bien sûr, ceux qui ont ce pouvoir de négociation ne sont pas aspergés du sang des Russes et des Ukrainiens mais, au contraire, font leurs affaires. Il faudra donc peut-être quelques semaines, voire quelques mois, pour qu'ils cessent de verser des larmes de crocodile sur leur whisky et se mettent à négocier sérieusement.

JORGE MAJFUD
Russia y la OTAN: el juego más peligroso del mundo


Jorge Majfud, 5/4/2022
Audio

Mientras por un lado los grandes medios de todo el mundo reproducen sin cesar las horrorosas imágenes de cientos de cadáveres desparramados en Bucha, Ucrania, por el otro atizan el fuego de una escalada bélica que puede llevarnos en meses al holocausto nuclear.



"¡Morid, cerdos imperialistas!"-Tasos Anastasiou, Grecia

Sea quien fuese quien cometió esa matanza (parece que lo más probable es que hayan sido los soldados rusos) quedará en los anales de la historia como un crímen imperdonable. Pero creo que el humo no deja ver el horizonte. No se ve de dónde venimos y, peor, no se ve a dónde vamos. Aunque lo he repetido en diferentes medios desde mucho antes de la guerra, equivocado o no, voy a insistir sobre esos dos lados del camino que el fuego no deja ver.

Comencemos por una pregunta simple y más inmediata: en lugar de continuar el inacabable, peligroso y conocidamente inútil juego de las sanciones arbitrales, ¿por qué no se imponen la obligación de negociar una resolución al conflicto entre Russia y la OTAN de una buena vez y antes de que sigan muriendo inocentes?

Una solución razonable sería la disolución de la OTAN a cambio de la retirada de Rusia de Ucrania, pero eso sería tachado de radical. Los dueños del negocio no negocian.

Hay muchas otras opciones, como la más obvia y pragmática, es decir, el estatus de neutralidad de Ucrania (con autonomía provincial del Dombas), que es por donde se debió comenzar en lugar de provocar a Rusia con integrar a Ucrania a la OTAN y desplegar misiles a cuatro minutos de Moscú.

La neutralidad o no membrecía de la OTAN ha sido desde siempre el caso de Austria, Finlandia, Suecia y otros países vecinos, algunos de los cuales acaban de manifestar la posibilidad de unirse a la OTAN, demostrando por dónde va el negocio de los viejos mercaderes de la guerra y demostrando, una vez más, que no sólo en América latina la lucha contra el comunismo no era otra cosa que la excusa perfecta para mantener el predominio geopolítico y proteger los intereses corporativos, de clase y de capitales.

¿Qué pretenden, aparte de expandir la militarización más y más en un mundo, ahora que se le ha acabado la excusa del comunismo y, más recientemente, del terrorismo islámico, el que solo en Afganistán dejó ocho billones de dólares de ganancias a las grandes empresas especializadas en “seguridad”?

¿Piensan que una Rusia rodeada por esa organización anacrónica y mafiosa de la OTAN haría de Europa y del mundo un lugar más seguro?

Hay que estar bajo los efectos del alcohol para olvidar que estamos hablando de una de las dos superpotencias atómicas e imaginar semejante estupidez. O semejante maldad del crimen organizado. Si realmente se tratase de “seguridad”, si realmente fuesen sinceros en eso de “el derecho a defenderse” que tienen los países, nunca hubiesen intentado quebrar este orden que, a juzgar por la guerra en curso, no ha hecho al mundo más seguro, sino todo lo contrario. Mucho menos a Ucrania.

Claro que quienes tienen ese poder de negociar no están siendo salpicados con la sangre de rusos y ucranianos sino, por lo contrario, están haciendo su negocio, por lo que tal vez le lleve unas semanas, sino meses, dejar de caer lágrimas de cocodrilo sobre el whisky y ponerse a negociar en serio.

29/03/2022

JORGE MAJFUD
Qui est piégé dans la guerre froide ?
Réponse à un article du Monde sur la « gauche latina pro-Poutine »

Jorge Majfud, 29/3/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Le quotidien Le Monde a publié le 27 mars un vaste réquisitoire contre les « intellectuels de gauche » latino-américains, selon lequel nous n'approuvons pas l'invasion de Poutine mais rejetons sur l'OTAN la responsabilité d'avoir provoqué le conflit. Ignacio Paco Taibo II a été accusé d'avoir dénoncé « la nouvelle censure des éditeurs russes par la Foire internationale du Livre de Guadalajara », ce qui ne signifie pas non plus qu'il approuve la censure russe des médias occidentaux.


En ce qui me concerne, le journal français offre un échantillon d'interprétations légères du genre: 

« Dans une série de tribunes publiées dans le quotidien argentin Pagina 12, l’intellectuel uruguayen Jorge Majfud porte la voix de cette gauche qui reste très discrète sur le sujet, et expose « pourquoi une bonne partie de la gauche mondiale soutient Poutine ». « Poutine est trop intelligent pour les leaders d’Occident », lance-t-il, tirant le fil de la posture anti-OTAN et anti-Etats-Unis avec ceci : « L’unique argument que les pouvoirs hégémoniques comprennent est celui des bombes atomiques. »

Et le journal d’enfoncer le clou :

« La guerre russe, « c’est tristement simple », est une « réaction » à une « action largement exercée par Washington », écrit-il encore.

Je ne suis ni la voix de la gauche, ni discrète et encore moins timide. Dites-le à ceux qui nous menacent et nous accusent d'être des radicaux, simplement parce que nous ne nous alignons pas sur le radicalisme belliciste des gentils ou le deux poids deux mesures qui conduit des personnages infâmes comme Condoleezza Rice à affirmer que l'invasion « viole les lois internationales ». Ou un George Bush encore plus néfaste, qui a condamné Poutine pour avoir lancé une guerre “sans provocation et sans justification." Ou le président Joe Biden, déclarant que Poutine est “un criminel de guerre”, un titre qu'il n'accepterait jamais pour aucun ancien président de son pays.

Sans compter les doubles standards classiques des racistes camouflés qui ont magiquement ouvert les frontières de l'Europe pour accueillir les réfugiés ukrainiens, une politique qui aurait été tout à fait correcte si ces mêmes frontières n'avaient pas été fermées à ceux qui fuyaient le chaos de l'Afrique et du Moyen-Orient, chaos produit par les invasions, les pillages, les massacres et les guerres des puissances nord-occidentales pendant deux siècles. Sans parler de l'ouverture magique des frontières par Washington pour accueillir 100 000 réfugiés ukrainiens, ou des rapports sur les facilités que les Ukrainiens trouvent pour traverser la frontière avec le Mexique, cette même frontière qui a toujours été fermée aux réfugiés du sud, enfants et femmes, réfugiés du chaos créé par Washington en Amérique centrale, dans les Caraïbes et au-delà, avec ses dictatures et ses massacres depuis avant, pendant et après la guerre froide. C'est le cas d'Haïti, bloqué et ruiné depuis qu'il est devenu le premier pays libre des Amériques en 1804 et saigné à blanc jusqu'à hier, par la France, par les dictatures des Duvalier, par la terreur des paramilitaires de la CIA, les coups d'État contre Aristide ou l'imposition néolibérale qui ont ruiné le pays, pour ne citer qu'un exemple. Lorsque ces personnes ont fui le chaos, elles ont été pourchassées comme des criminels. En 2021, nous avons assisté à la chasse aux Haïtiens à la frontière, à cheval, comme on chassait les esclaves au XIXe siècle.

Les journalistes des chaînes occidentales ont été encore plus directs, qui ont rapporté la tragédie des Ukrainiens comme quelque chose d'inadmissible, vu que ce sont des "chrétiens blancs", des "gens civilisés", des "blond·es aux yeux bleus". Ou des hommes politiques, comme le député polonais du parti au pouvoir Dominik Tarczyński, qui a fièrement confirmé qu'ils étaient ouverts à l'immigration ukrainienne parce qu'ils étaient des "gens pacifiques", mais qu'ils n'accueilleraient pas un seul réfugié musulman. Zéro. Sur des chefs nazis violents comme Artiom Bonov, réfugiés dans son pays, silence radio.

Comme exemple à suivre, Le Monde a salué "le jeune président chilien, Gabriel Boric" qui a « condamné sans ambages « l’invasion de l’Ukraine, la violation de sa souveraineté et l’usage illégitime de la force » ». En d'autres termes, si vous ne comprenez pas que la réalité est un match de football et que vous devez être à cent pour cent dans un camp sans critiquer l'autre, c'est parce que vous êtes dans un camp sans critiquer l'autre.

Ce n'est pas un hasard si, depuis des générations, les puissances impériales n'ont pas accepté d'être appelées par ce nom. Pour elles, ce n'est pas le moment de mentionner l'impérialisme occidental. Ce n'est jamais le bon moment pour parler d'impérialisme, à moins qu'une autre puissance militaire ne songe à faire de même.

Le Monde nuance lorsqu'il me cite à nouveau sur un point que nous répétons depuis des mois avant la guerre : « Que l’on considère que l’OTAN est le premier responsable du conflit en Ukraine ne signifie pas que l’on soutient Poutine, ni aucune guerre… ». Mais dans sa façon de penser, ce n'est là qu’un détail sans importance. La thèse est autre : la critique de l'OTAN est due au fait que « l'anti-américanisme reste ancré dans le sous-continent ». Comme le vieil argument enfantin selon lequel « ils nous détestent parce que nous sommes riches et libres ».

Récemment, John Mearsheimer, professeur à l'université de Chicago et expert de la région, a accusé les USA d'être responsables de la guerre en Ukraine dans The Economist et The New Yorker. Il y a quelques jours, Noam Chomsky m'a rappelé que non seulement il avait mis en garde, il y a des années, contre le danger d'une guerre si on ne maintenait pas la neutralité de l'Ukraine, mais aussi que « George Kennan, Henry Kissinger, le chef de la CIA et pratiquement tout le haut corps diplomatique qui connaissait un tant soit peu la région étaient du même avis. C'est fou ».

C'est fou, mais il y a une explication : la cupidité sans limite des marchands de mort, contre lesqujels le président et général Eisenhower lui-même avait mis en garde dans son discours d'adieu comme étant un danger majeur pour la démocratie et les politiques des USA.

Maintenant, que nous soyons d'accord avec Kissinger et la CIA elle-même sur les causes du conflit ne signifie pas que nous soyons d'accord sur les objectifs. Un exemple que j'ai signalé dans mon livre La Frontière sauvage résume tout : la CIA a inoculé à la population latino-américaine l'idée que les dictatures fascistes d'Amérique latine devaient combattre le communisme et que, par exemple, Salvador Allende allait faire du Chili un nouveau Cuba, alors que ses agents et analystes rapportaient le contraire : s'ils n'avaient rien fait, il est fort probable qu'en raison de la politique de ruine de l'économie chilienne menée par Washington, Allende aurait perdu les élections suivantes. Mais l'objectif était de créer un laboratoire néolibéral sous la tutelle d'une dictature, comme si souvent auparavant. La CIA a promu dans la presse latino-américaine et même dans les rues avec des tracts et des affiches un discours auquel elle ne croyait pas et dont elle se moquait même. Aujourd'hui encore, la « menace communiste » inexistante est répétée avec fanatisme par ses majordomes, des politiciens pro-oligarchie à la presse et ses journalistes honoraires et mercenaires.

Pour se faire une idée de la poursuite de cette manipulation médiatique, il suffit de considérer que les agences secrètes occidentales disposent de budgets plusieurs fois supérieurs à ceux qu'elles avaient en 1950 ou 1990 et qu'elles ne les utilisent pas uniquement pour former des milices néonazies en Ukraine, ce qu'elles ont appelé, comme dans tant d'autres pays, « autodéfense ». Des forces d'autodéfense qui n'ont pas servi à empêcher une invasion russe ou la chose même que le président Zelenski veut maintenant négocier, la première exigence de la Russie : la neutralité de l'Ukraine.

Alors, est-ce que ce sont les critiques de gauche qui sont piégés dans la guerre froide ou les mercenaires des grandes entreprises, de l'OTAN et des multiples interventions impérialistes ?

09/03/2022

JORGE MAJFUD
La guerra que llevamos dentro


 Jorge Majfud, 8/3/2022

El año pasado publicamos que, luego de la costosa derrota de Washington en Afganistán, había que prepararse para una nueva guerra; que mucho antes que China vendría un conflicto con Rusia. Cuando la nueva guerra finalmente llegó, intentamos entenderla. Aparte de las donaciones que son como aspirinas cada vez que un país es invadido, la importancia de nuestros esfuerzos dialécticos, por importante que sea el medio donde se publican, es igualmente irrelevante.


Hay una realidad que no ocupa ni a tirios ni troyanos en los medios internacionales: la guerra que todos llevamos dentro y que, en gran medida, explica una parte de esta guerra y de todas las guerras políticas. Me dirán que eso pertenece a la psicología, que no debo meterme en esos temas. Bueno, en los más de 530 artículos que llevo publicados desde la catástrofe neoliberal en América latina a fines de los años 90, en todos los casos hice ejercicio ilegal de la profesión de ensayista. 

Para resumir, vamos a tomar un par de casos entre miles. Como dijo alguien hace mucho tiempo, voy a empezar hablando de mí mismo que es quien tengo más cerca.  

A principios de 2017, unos amigos de un medio español para el cual colaboré por muchos años, me pidieron que me pronunciara sobre el caso del conflicto en Cataluña. Les insistí que, aparte de aficionado a la cultura y la trágica historia de España, no era ni soy un experto en Cataluña y que, desde mi perspectiva exterior, había que dejar a los catalanes realizar su referéndum sobre la debatida independencia, como lo había hecho Escocia en 2014. Un referéndum no vinculante, como el que quiso hacer Manuel Zelaya en Honduras. Como resultado, al igual que me ocurrió con el caso de Honduras, perdí varios amigos. Llamémoslo así, “amigos”, aunque todos saben que los amigos de verdad no se pierden por diferencias políticas. Así, en unas pocas horas, pasé de ser, por años, “el intelectual más importante de América Latina” a la categoría de “idiota”. En ambos casos exageraban, aunque de lo último nadie nunca puede estar tan seguro.

Estrictamente lo mismo ha ocurrido con el conflicto de Ucrania. Mi posición, como en el caso de Cataluña, nada tiene de radical. Otra vez, asumo y reconozco que no soy un experto en temas de Ucrania. Sólo intento aportar una perspectiva exterior, basada en mis limitados conocimientos históricos y globales (¿qué no es este conflicto sino un choque histórico-geopolítico?). 

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24/01/2022

JORGE MAJFUD
Inmigrantes: el buen esclavo y el esclavo rebelde

 Jorge Majfud, Ecritos Críticos, 20/1/2022

En la Edad Media y en el Renacimiento europeo, el título de hidalgo pudo haber significado “hijo de algo” o “fiel a su amo”. Aunque su etimología es discutida, lo que está claro es que se trataba de un aspirante a noble, un aristócrata de segunda. Un noble hacía cosas nobles por herencia, mientras el vulgo era vulgar y los villeros eran villanos por naturaleza. Eran los hijos de nadie. Eran los peones sin rostro del ajedrez, sin corona, sin bonete, sin caballos y sin torres donde refugiarse. Eran los primeros en ir a morir en las guerras de los nobles, los primeros en defender al rey y a la reina, aunque nunca subían al castillo y menos entraban a palacio. En grupos de a mil, formaban las militias. Eran números. Como en las guerras modernas, iban a matar y a morir, con fanatismo, defendiendo una causa noble, en el doble sentido de la palabra. Dios, la patria, la libertad. Causas nobles que ocultaban los intereses de los nobles. 

Brick House (Casa de Ladrillo), de Simone Leigh, Universidad de Pennsylvania, Philadelphia, USA

 Poco o nada ha cambiado desde entonces. Los soldados estadounidenses que vuelven de las guerras de sus nobles, bajan en el aeropuerto de Atlanta y son aplaudidos por los vasallos que luego los abandonarán a la locura de sus memorias. Los recuerdos y hasta los olvidos los persiguirán como el diablo. Muchos terminarán en la mendicidad, en las drogas o en el suicidio. Cuando ya no importen, serán honrados en tumbas sin nombres o les llevarán flores a un peón caído, tan abstracto como en el ajedrez, llamado Tumba del Soldado Desconocido. Sobre todo, si hay cámaras de televisión cerca. 

Por no hablar de las cifras mil veces mayores de los civiles muertos del otro lado, que ni siquiera son números claros sino estimaciones. Aproximaciones que nunca alcanzan la indignación de los grandes medios ni la conciencia confortable de los ciudadanos del Primer Mundo, porque los suprimidos pertenecen a razas inferiores, son categorías subhumanas que nos quieren atacar o amenazan con quitarnos nuestro way of life dejando de ser esclavos. Los ataques de los poderosos nobles son tan preventivos que suelen eliminar cincuenta niños en un solo bombardeo sin que provoque discursos ni marchas indignadas con lideres mundiales al frente. Ni siquiera un tímido 6 de enero a favor de la paz y de la justicia ajena.

23/12/2021

JORGE MAJFUD
El terrorismo de la guerra contra el terrorismo

Jorge Majfud, 22/12/2021

Cuando se habla de drogas, se culpa a los productores, no a los consumidores. Pero cuando se habla de armas, se culpa del mal a los consumidores, no a los productores. La razón estriba, entiendo, en el lugar que ocupa el poder.

El congreso de Estados Unidos acaba de aprobar la construcción de un Memorial de la Guerra contra el Terrorismo a construirse no muy lejos del monumento a Lincoln, “para honrar aquellos que sirvieron en el conflicto más largo de la historia de la Nación”. No será el primero, ya que existe el Global War on Terrorism Memorial en Georgia, para que las nuevas generaciones nunca olviden el sacrificio de El país de las leyes que, como Superman, lucha “por la libertad y la justicia” en el mundo. Narrativa para niños educados en Disney World y para adultos que valoran la fé sobre la razón: el mundo se reduce a la lucha del Bien contra el Mal y nosotros somos los guardianes del Bien, del Destino manifiesto.

 

Memorial de  la Guerra Global contra el Terrorismo, Vineland, New Jersey, inaugurado en 2019

Como siempre, los mitos están recargados de olvidos estratégicos. Ni siquiera se trató del conflicto más largo, ya que sólo la guerra de despojo, no de la tribu sino de la Nación Seminole se extendió desde 1816 hasta mediados del siglo XIX. Antes de convertirse en mascota de un equipo de fútbol, los seminoles fueron verdaderos héroes en una verdadera guerra de defensa contra el despojo de su territorio en Florida y contra una abismal diferencia de poder militar. Al igual que otros pueblos despojados y masacrados por el fanatismo anglosajón, fueron considerados salvajes (terroristas) que, según el discurso de la Unión del presidente Andrew “Mata Indios” Jackson de 1832,  “nos atacaron primero sin que nosotros los provocásemos”.

El 31 de agosto de 2021, el presidente Joe Biden anunció el “fin de la guerra contra el terrorismo”. (Naturalmente, como escribimos hace veinte años, el negocio de la guerra se desplazará al Extremo Oriente. Habrá una Segunda Guerra Fría en el ciberespacio, no sin los fuegos de la primera.) Como ningún presidente estadounidense puede hablar de amor sino de guerra, el bueno de Biden, con un estilo muy Obama, ha advertido: “permítanme dejarlo bien claro: si buscas hacerle daño a Estados Unidos… debes saber que nunca te perdonaremos. No lo olvidaremos. Te perseguiremos hasta los confines de la Tierra y pagarás por tu ofensa”. Una copia literal de las advertencias de recordar y castigar las defensas y ofensas ajenas que se leen por miles en los anales de la historia de los últimos doscientos años. 

Sólo la “Guerra contra el terrorismo” oculta las raíces del problema de la misma forma que la “Guerra contra las drogas”, diseñada, según sus autores, para criminalizar a negros y latinos. (También Pekin ha usado ese ideoléxico de “Guerra contra el terrorismo” para justificar la violación de los derechos humanos del pueblo Uighur.) El nombre “Guerra contra el terrorismo” y la obligación de no olvidar ocultan un olvido sistemático, como la destrucción de democracias en Oriente Medio (como la de Irán en 1953), la desestabilización de gobiernos seculares (como el de Afganistán en los años 70), la  creación de milicias descontroladas (como los Muyahidín o los Contras en los 80), las Guerras perdidas y genocidas (como Vietnam en los 60 o Irak en los 2000). Como los más recientes bombardeos indiscriminados en Siria e Irak, filtrados por accidente pero probados como recurso sistemático. (Luego, mejor criminalizar a quienes nos descubrieron matando, como es el caso de Julian Assange.) Como la detención indefinida de sospechosos derivada de la Ley Patriota de 2003, la cual se ha extendido de forma obscena a los inmigrantes pobres. Porque los pobres son siempre sospechosos. Porque este es El país de las leyes, como les gusta repetir a los pobres que logran pasar y hacerse de papeles y papelitos.

16/12/2021

JORGE MAJFUD
“El milagro chileno”

Jorge Majfud, mayo de 2021

Extracto del libro La frontera salvaje. 200 años de fanatismo anglosajón en América Latina.

Santiago de Chile. 21 de marzo de 1975—El profesor de la Universidad de Chicago y premio Nobel de Economía, Milton Friedman, visita al general Augusto Pinochet en Santiago. Lo acompaña su colega Arnold Harberger, propagador de la idea del análisis objetivo de la economía y del “uso de las herramientas analíticas aplicadas al mundo real”, ilustrado con su famoso y abstracto Triángulo de Harberger. En otros tiempos, como era el dogma de la época, Harberger había asociado el capitalismo con la democracia, pero ahora, debido a las malas experiencias con el mundo real, queda claro que solo uno de ellos importa de verdad.

Chile es un experimento que, sin importar el resultado, será vendido hasta en sus países de origen, Estados Unidos y Gran Bretaña. Las ideas no son novedosas, pero los políticos necesitan ejemplos para citar, frases cortas e imágenes simples. La gran teoría se llama Trickle-down theory (Teoría del goteo) y la imagen se ilustra con una botella de Champagne llenando las copas que están más arriba de la pirámide de copas. El problema de la alegoría es que asume que el cristal de las copas no crece ni se estira de forma ilimitada como la capacidad de los de arriba para acumular lo que nunca chorrea hacia los de abajo. La imagen tampoco considera una figura similar que no existe en inglés y que ningún traductor puede resolver, pero en español se llama “La ley del gallinero”. Lo que gotea no es riqueza, sino mierda de las gallinas de más arriba.

Esta novedosa ideología ya existía a finales del siglo XIX. En medio de la gran recesión de los años 90 y de la extensión del imperialismo estadounidense sobre el mar, el representante por Nebraska y candidato a la presidencia, William Jennings Bryan, en la convención demócrata del 9 de julio de 1896 en Chicago, lo puso en términos por demás claros: “Están aquellos que creen que, si legislamos para hacer que los ricos se vuelvan más ricos, su riqueza goteará hacia los que están abajo. Nuestra idea de demócratas es que, si legislamos para que las masas sean más prósperas, su prosperidad subirá a todas las clases sociales que se encuentran por encima”. Bryan acusó a los legisladores de ser abogados de los “business-men (hombres de negocios)” y, según el Chicago Tribune del día siguiente, la asistencia aplaudió sus palabras de forma masiva y continua “como nunca antes… durante 25 minutos”. Bryan perdió las elecciones con McKinley en 1896 y en 1900, las primeras dos elecciones donde las donaciones millonarias de las grandes corporaciones decidieron los resultados a pesar de la mayor crisis económica desde la fundación del país. 

En 1964, el profesor e ideólogo Milton Friedman había visitado una de las tantas dictaduras latinoamericanas apoyadas por Washington, Brasil, y había propuesto el mismo plan de privatizaciones y desmantelamiento del Estado. En aquella oportunidad, el nuevo dogma ideológico del neoliberalismo todavía no se había consolidado ni en las dictaduras ni en las democracias latinoamericanas y Brasilia decidió no seguir las sugerencias del célebre profesor estadounidense, sino el camino contrario de la industrialización nacional del economista argentino Raúl Prebisch y, de alguna forma también, del peronismo argentino y del indeseado izquierdoso Getúlio Vargas en Brasil. Por entonces, las universidades latinoamericanas no eran marxistas (como eran acusadas por la CIA y por la oligarquía criolla) sino keynesianas, tanto como el mismo Franklin Roosevelt. El keynesianismo era el enemigo número uno de una nueva ola que tenía a Friedman y Hayek como sus dos mesías.

17/09/2021

JORGE MAJFUD
Good, damned Hispanics: who are we?

 Jorge Majfud, 14/9/2021
Translated by Andy Barton, Tlaxcala

The term “Hispanic” is an invention of the United States government. Nothing new, considering the country’s obsession with race since before it was founded. 


Mural entitled "Mexican-American History & Culture in 20th Century Houston" by artists Jesse Sifuentes and  Laura López Cano in Sam Houston Park, Houston, Texas (2018)

This article was directly and insistently requested to the author by a media outlet to celebrate the "Hispanic Heritage Month in the United States", but then rejected for "reasons of appropriateness". The author summarized the ideas of a virtual meeting, which took place exactly one year ago and was promoted by the Spanish Cervantes Institute of the United States; despite the author's claim, the video of the conversation with other prominent writers and academics was never made public. Due to discrepancies with the publication's criteria, colleagues in the academy organized a day of redress for the author. The Hispanic Heritage Month was created by President Ronald Reagan as a way to expand the same idea of President Lyndon Johnson from a week to a month (Sept. 15-Oct. 15) and marketed by the U.S. mainstream media. 

The first time I visited the United States, I had to fill out a form before arrival. In the “race” section, I wrote “no race.” It was the first time in my life that I had read such a classification. A decade later, I returned to set up in a classroom. Over time, I understood that you had to ‘play the game’: the more “Hispanics” mark “Hispanic” instead of “White,” the more political power the government affords them. The logic is well travelled: Minority groups accept being confined to a box with a label conferred by the dominant group.

The term “Hispanic” is an invention of the United States government. Nothing new, considering the country’s obsession with race since before it was founded. As an invention, we are a reality, and as a reality, many wish to escape from the box, not in rebellion but rather in submission. A “z” that needs to be accepted by the “A” group must be at least 200 percent “A” to be accepted as an “almost-A.”

14/09/2021

JORGE MAJFUD
By sea and by air, and nothing more
20 years since the only 9/11 that matters

Jorge Majfud, 6/9/2021
Translated by Andy Barton, Tlaxcala

Tony Blair, the former UK prime minister, has gone and done it again. In a conference commemorating the 20th anniversary of the terrorist attacks in New York in 2001, he insisted that “we need some ‘boots on the ground’” to fight against terrorism. Of course, this terrorism did not come out of nowhere; rather, it emerged from the historic interventions of the UK and USAmerica, and more recently, from the CIA’s funding of the Mujahadeen (which gave rise to Osama bin Laden and the founding members of the Taliban).

We will not go over those details now. However, this would be a good opportunity to remind the famous former prime minister of a few lessons from history. The same warning goes for Blair and all the other leaders who would qualify as war criminals were they not in charge of the world’s leading powers. London and Washington have only ever had a chance at success when unloading tonnes of bombs over “islands of Blacks” (as the beginning of the 20th century taught us); over “yellow villages” in the mid-20th century; over “communist hotbeds” decades after, and finally, over “caves of terrorists” at the beginning of the 21st century.


Eray Özbek, Turkey

When the British put boots on the ground in Argentina and Uruguay, things did not go well. They had better luck with their banks (generating internal conflicts with their fake news) than with their soldiers. Whenever they put boots on the ground, it did not at all go well. Neither did it go well for their proverbial sons and daughters, the protestant fanatics in Washington, although the latter always knew how to market themselves well, which is one thing they most certainly are: good salespeople.

JORGE MAJFUD
Les Yankees nous appellent « Hispanics » : c’est quoi ça ?

JorgeMajfud, 14/9/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Le Mois du patrimoine hispanique est célébré chaque année aux USA du 15 septembre au 15 octobre. L’auteur, écrivain et enseignant uruguayen vivant à Jacksonville en Floride, dit tout le mal qu’il en pense.-FG

Cet article a été demandé directement et avec insistance à l'auteur par un média pour célébrer le "mois du patrimoine hispanique aux USA", mais il a ensuite été rejeté pour des "raisons d'adéquation". L'auteur y a résumé les idées d'une réunion virtuelle, qui a eu lieu il y a exactement un an, promue par l'Institut Cervantes espagnol aux USA. Malgré les réclamations de l'auteur, la vidéo de la conversation avec d'autres écrivains et universitaires éminents n'a jamais été rendue publique. En raison de désaccords avec les critères de la publication, des collègues universitaires ont organisé une journée de réparation pour l'auteur.

Le Mois du patrimoine hispanique a été créé par le président Ronald Reagan afin d'étendre l'idée du président Lyndon Johnson d'une semaine à un mois et a été commercialisé par les grands médias usaméricains.-JM

 

Fresque murale intitulée "Histoire et culture mexicano-américaine dans le Houston du 20e  siècle" par les artistes Jesse Sifuentes et Laura López Cano au Sam Houston Park, dévoilée en 2018 à Houston, au Texas.

La première fois que j'ai visité les USA en 1995, j'ai dû remplir un formulaire avant d'atterrir. Dans la section "race", j'ai écrit "pas de race". C'était la première fois de ma vie que je lisais un tel classement. Dix ans plus tard, après avoir voyagé et vécu dans une demi-centaine de pays, je suis revenu m'asseoir dans une salle de classe. J'ai fini par comprendre qu'il fallait jouer le jeu : plus les "hispaniques" marquent "hispanique" au lieu de "blanc", plus le gouvernement leur reconnaît un poids politique. La logique est ancienne : les groupes subalternes acceptent d'être confinés dans une petite boîte avec une étiquette conférée par le groupe dominant. En partageant une langue, une histoire et une "altérité", volontairement et involontairement, à la quarantaine, je suis devenu (entre autres) "hispanique".

Comme tout groupe social, nous sommes une invention, une construction symbolique et politique.

JORGE MAJFUD
¿Quiénes somos los (buenos, malditos) hispanos?

Jorge Majfud, 14/9/2021

Este artículo le fue solicitado directa e insistentemente al autor por un medio para celebrar el “Mes de la Herencia Hispana en Estados Unidos”, pero luego rechazado por “razones de adecuación”. El autor resumió las ideas de un encuentro virtual, el que tuvo lugar exactamente un año atrás y fue promocionado por el Instituto Cervantés de Estados Unidos; pese al reclamo del autor, el video de la conversación con otros destacados escritores y académicos nunca se hizo público. Debido a discrepancias con el criterio de la publicación, los colegas de la academia organizaron una jornada de desagravio del autor. 

El Mes de la Herencia Hispana fue creado por el presidente Ronald Reagan, como forma de expandir la misma idea del presidente Lyndon Johnson de una semana a un mes y comercializada por los grandes medios estadounidenses.  


Mural titulado "Mexican-American History & Culture in 20th Century Houston" de los artistas Jesse Sifuentes y Laura López Cano en el Parque Sam Houston, inaugurado en 2018 en Houston, Texas.

 La primera vez que visité Estados Unidos en 1995 debí llenar un formulario antes de aterrizar. En la sección “raza” escribí “sin raza”. Fue la primera vez en mi vida que leía semejante clasificación. Una década después, luego de viajar y vivir en medio centenar de países, volví para sentarme en un salón de clase. Con el tiempo, comprendí que había que jugar el juego: cuantos más “hispanos” marcan “hispano” en lugar de “blanco”, más fuerza política les reconoce el gobierno. La lógica es antigua: los grupos subalternos aceptan ser confinados a una cajita con una etiqueta conferida por el grupo dominante. Por compartir un idioma, una historia y una “otredad”, queriendo y sin querer, a mis cuarenta años me fui convirtiendo (entre otras cosas) en “hispano”.

Como todo grupo social, somos una invención, una construcción simbólica y política. 

De hecho, las calificaciones hispano latino son inventos del gobierno de Estados Unidos. Nada raro, considerando la obsesión racial que ha sufrido este país desde antes de su fundación. Como invento, somos una realidad y, como realidad, muchos quieren salir de la cajita, no por rebeldía sino por sumisión. Un “z” que necesita ser aceptado por el grupo A debe ser doscientos por ciento “a” para ser aceptado como un “casi-a”.

07/09/2021

JORGE MAJFUD
Par mer et par air, pas plus
Vingt ans après le seul 11 septembre qui compte

Jorge Majfud , 6/9/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

L'ancien premier ministre britannique vient de remettre ça, une fois de plus. S'exprimant lors d'une conférence commémorant le vingtième anniversaire des attaques terroristes de 2001 à New York, il a insisté sur le fait que « nous avons besoin de plus de bottes [soldats] sur le terrain [boots on the ground] pour combattre le terrorisme ». Bien sûr, ce terrorisme ne vient pas de nulle part, mais des interventions historiques britanniques et usaméricaines et, plus récemment, du financement des moudjahidines par la CIA (d'où sortiront Oussama Ben Laden et les fondateurs des Talibans).

Eray Özbek, Turquie

Nous ne reviendrons pas sur ces détails, mais il serait opportun de rappeler au célèbre ancien ministre quelques leçons de l'histoire. Le même avertissement s'applique à Blair et à tous les autres dirigeants qui seraient qualifiés de criminels de guerre s'ils n'étaient pas à la tête de grandes puissances mondiales : Londres et Washington n'ont eu une chance de réussir que lorsqu'ils ont largué des tonnes de bombes sur des « îles de Nègres » (comme on disait au début du XXe siècle), sur des « patelins de Jaunes » au milieu du XXe siècle, sur des « nids de communistes » des décennies plus tard et sur des « tanières de terroristes » au début du XXIe siècle.

25/08/2021

JORGE MAJFUD
T-Rex intelligence: the myopic logic of business

Jorge Majfud, 13/8/2021
Translated by Andy Barton, Tlaxcala

On 25th February 2021, USAmerican President Joe Biden ordered a military strike along the border between Syria and Iraq (on the Syrian side, of course, to not anger the authorities or media from the Iraqi protectorate) in retaliation to the attacks by a pro-Irani militia in the Iraqi city of Erbil. As expected, this action did not make the front pages of any big Western media outlet, all under the 19th-century slogan of “we were attacked for no reason, and we had to defend ourselves”.

 
A story as old as time itself. Now is not the time to review the indigenous genocide on this continent, a genocide never called by its name. We will just pick out a recent incident from 22nd August 2008, during the Barack Obama presidency. After the bombing of Azizabad in Afghanistan, USAmerican military officials (including Oliver North, convicted and pardoned for lying to Congress during the Iran-Contra affair in the ‘80s) reported that everything had gone according to plan, that the village had greeted them with applause, that a Taliban leader had been killed and that the collateral damage was minimal. Minimal. This is the sense of value of other’s lives. What they did not report at the time is that tens of people had died, including 60 children.

In a less-publicised article for future historians, on 25th February, the New York Times reported the words of the USAmerican government regarding its latest bombing campaign, according to whom “this proportionate military response was conducted together with diplomatic measures, including consultation with coalition partners”. Just like since the 19th century, the Anglo-Saxon government assumes, now without mentioning it, special global intervention rights to re-establish God’s order and profitable business. As the United States Democratic Review from New York published in 1858, in its article “Mexico’s destiny”, “this type of people does not know how to be free, and they will never know under they are educated by American democracy. For this reason, the master will govern them until, one day, they learn how to govern themselves… Providence obliges us to take control of that country… We are not going to take control of Mexico out of our own self-interest; this would be a joke that would be impossible to believe. No, we are going to take control Mexico for its own benefit, to help the eight million poor Mexicans who suffer due to despotism, anarchy and barbarism”.

Nine years earlier, Chicago’s Springfield diary analysed the offence committed by Mexicans of having gifted tax-free land to USAmerican citizens in Texas while ordering them, through ‘barbaric’ laws, to free their slaves: “our compatriots had the right to visit Mexico under the sacred right to trade”. The freedom of the masters of the land to the freedom of the market and the sacred right to private property. Nothing has changed, only the settings and the technological landscape due to the simple and inevitable progression of humanity since the turn of the millennium.

14/08/2021

JORGE MAJFUD
L'intelligence du Tyrannosaurus : la logique myope du business

JorgeMajfud, 13/8/2021
Traduit par Fausto Giudice

.Le 25 février 2021, le président Joe Biden a ordonné une frappe militaire à la frontière syrienne avec l'Irak (du côté syrien, bien sûr, afin de ne pas perturber les autorités et les médias du protectorat irakien), en représailles aux attaques d'une milice pro-iranienne depuis la ville irakienne d'Erbil. Bien entendu, cette action n'a fait la une d'aucun grand média occidental, le tout à l’enseigne du dix-neuvièmiste « nous avons été attaqués sans raison et avons dû nous défendre »

Vieille histoire. Nous n'allons pas revenir sur le génocide des autochtones sur ce continent, jamais appelé par son nom. Pour rappeler un cas récent, le 22 août 2008, sous la présidence Obama, après le bombardement d'Azizabad en Afghanistan, les responsables militaires usaméricains (dont Oliver North, condamné et gracié pour avoir menti au Congrès dans le cadre du scandale Iran-Contra dans les années 1980) ont déclaré que tout s'était parfaitement déroulé, que le village les avait accueillis par des applaudissements, qu'un chef taliban avait été tué et que les dommages collatéraux avaient été minimes. Minimes. C'est le sens de la valeur de la vie d'autrui. Il n'a pas été signalé à l'époque que des dizaines de personnes avaient été tuées, dont 60 enfants.

Dans un article mineur pour les futurs historiens, le New York Times du 25 février cite le gouvernement usaméricain qui déclare à propos du nouveau bombardement que « cette réponse militaire a été proportionnelle et a été menée sur la base de mesures diplomatiques appropriées ». Comme depuis le XIXe siècle, le gouvernement anglo-saxon s'arroge, sans le dire, des droits spéciaux d'intervention dans le monde pour rétablir l'ordre de Dieu et des bonnes affaires. Comme le publiait la United States Democratic Review de New York en 1858, dans son article "The Fate of Mexico", « les gens de cette espèce ne savent pas comment être libres et ne le sauront jamais tant qu'ils n'auront pas été éduqués par la démocratie américaine, par laquelle le maître les dominera jusqu'à ce qu'ils apprennent un jour à se gouverner eux-mêmes... La Providence nous oblige à prendre possession de ce pays... Nous ne prendrons pas le Mexique pour notre propre intérêt, ce qui serait une plaisanterie impossible à croire. Non, nous allons prendre le Mexique pour son propre bénéfice, pour aider les huit millions de pauvres Mexicains qui souffrent du despotisme, de l'anarchie et de la barbarie ».

Neuf ans plus tôt, le journal Springfield de Chicago analysait l'offense des Mexicains pour avoir donné des terres libres d'impôts aux citoyens usaméricains au Texas, mais les avoir forcés par des lois barbares à libérer leurs esclaves : « Nos compatriotes avaient le droit de se rendre au Mexique sur la base du droit sacré du commerce ». La liberté des maîtres de la terre à la liberté du marché et du droit sacré à la propriété. Rien n'a changé, sauf les scénarios et le paysage technologique, du fait simple et inévitable du progrès millénaire de l'humanité.

Or, ni le New York Times ni l'administration Biden ne mentionnent que dans les attaques des sauvages miliciens pro-iraniens, un seul USAméricain a été tué et que dans cette riposte sobre et proportionnée, 17 indigènes innocents ont dû mourir sous les décombres. En vertu de la glorieuse constitution usaméricaine de 1787, un Noir valait les trois cinquièmes d'un Blanc (bien entendu, les Blancs n'étaient pas à vendre ; cela ne concernait que le calcul électoral dans lequel les Noirs ne votaient pas). Dans les attentats les plus récents, le ratio est fixé à 1/17. Quelqu'un connaît-il le nom des victimes ? Que se serait-il passé si l'armée mexicaine ou chinoise avait tué 17 USAméricains sur le sol américain ? Cette arrogance raciste, couverte par d'innombrables couches de maquillage linguistique, par la lassitude et l'anesthésie de l'habitude, reste aussi vive qu'aux temps de l'esclavage et du colonialisme sauvage.