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15/03/2023

LUIS HERNANDEZ NAVARRO
Camarade Gilberto, 80 ans
Hommage à Gilberto López y Rivas (*6 mars 1943)

 Luis Hernández Navarro, La Jornada, 14/3/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Un an avant l’assaut de la caserne Madera dans le Chihuahua [23 septembre 1965), le dirigeant syndical des enseignants Othón Salazar et d’autres enseignants ont tenté de donner vie à un mouvement de guérilla d’orientation socialiste. Ils n’étaient pas seuls, ils étaient accompagnés dans leur rêve par les survivants du mouvement jaramillista*, les noyaux ouvriers du Frente Obrero Comunista Mexicano maoïste, dirigé par l’avocat Juan Ortega Arenas, ainsi que des médecins, des avocats, des étudiants et des intellectuels.

 « En 1964, personne ne pouvait m’ôter de la tête que le moment tactique pour le Mexique était le mouvement de guérilla. J’ai pris un médecin, une infirmière, des munitions et des armes. Nous avons passé quinze jours à nous entraîner dans une communauté appelée Jaulillas, près de Tehuitzingo, à Puebla ; l’influence que la révolution cubaine a exercée sur un groupe d’entre nous, et sur moi en particulier, a été très grande. Il m’a semblé, avec une conviction totale, qu’il n’y avait pas d’autre issue pour le Mexique que le mouvement de guérilla », a déclaré Othón Salazar à Amparo Ruiz del Castillo.


 L’un des participants à ce projet politico-militaire était un jeune étudiant en anthropologie qui venait d’abandonner ses études d’économie, dépassé par ses cours de comptabilité : Gilberto López y Rivas. Militant des Jeunesses communistes, dont il avait été exclu pour déviations petites-bourgeoises, il consacrait une partie de son temps à l’entraînement à l’autodéfense, étudiant les tactiques de guérilla, s’entraînant au maniement des armes et apprenant à fabriquer des grenades artisanales à l’efficacité douteuse.

La nouvelle organisation ne s’est pas opposée militairement au gouvernement, bien qu’elle ait eu des pertes et des prisonniers au niveau régional. Des témoins affirment qu’elle n’avait pas de nom, d’autres l’identifient comme le Movimiento 23 de Mayo. Ils ont étudié la contre-insurrection britannique en Malaisie et celle des Français en Algérie. La guerre de guérilla** du Che devient leur bible. Ils analysent les conditions d’établissement d’un foyer de guérilla et la possibilité d’une guérilla itinérante. À l’intérieur, Gilberto s’occupe des cellules ouvrières dans les quartiers de la brasserie Modelo et de l’usine de cuisinières Acros, collecte des produits pharmaceutiques et collabore avec les Jaramillistas, en soutenant le commandant Félix Serdán, alias Rogelio (1917-2015), dans son travail de conspirateur.

Enfant, López y Rivas a vécu dans un logement précaire à Santa María la Ribera, à Mexico. Il a ensuite vécu à Veracruz, où il a appris l’invasion usaméricaine du port (1914) par Luz María Llorente veuve Posadas, son instit de la 4ème à la 6ème année d’école primaire Elle avait vécu sous l’occupation yankee. Les USAméricains la dégoûtaient, la seule expérience qu’elle avait, et la seule qu’elle voulait, c’était qu’ils s’en aillent, a-t-elle dit à Gilberto. L’anti-impérialisme l’a donc habité dès son plus jeune âge. Sa thèse de doctorat à l’université de l’Utah, publiée plus tard sous forme de livre en espagnol en 1976, s’intitulait La guerra del 47 y la resistencia popular a la ocupación (La guerre de 47 [USA-Mexique, 1846-1848] et la résistance populaire à l’occupation).

20/02/2023

“Aucun étranger ne sera autorisé à exploiter le lithium au Mexique” : AMLO signe le décret de nationalisation


Alonso Urrutia, La Jornada, 19/2/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Bacadéhuachi, Sonora - Dans cette communauté nichée dans la Haute Sierra de Sonora, le président Andrés Manuel López Obrador a signé le décret déclarant une zone de réserve minière de lithium de 234 855 hectares couvrant les municipalités d'Arivechi, Divisadero, Granados, Huásabas, Nacori Chico et Sahuaripa. La secrétaire à l'Économie, Raquel Buenrostro, a souligné que ces terres « présentent le plus grand potentiel d'exploitation du lithium de tout l'État. Si la nationalisation du pétrole a été un tournant, on se souviendra de la nationalisation du lithium comme du tournant qui a donné lieu à la nouvelle politique industrielle ».

 
Rogelio Ramírez de la O, Alfonso Durazo, Rocío Nahle, Raquel Buenrostro et Cresencio Sandoval ont accompagné le Président pour présenter le décret sur le lithium. Photo Présidence

Poursuivant sa tournée de travail, centrée sur le secteur de l'énergie, Lopez Obrador a une fois de plus fait appel à l'histoire, évoquant Lázaro Cárdenas pour souligner sa décision : « toutes proportions gardées et à une autre époque, il s'agit de nationaliser le lithium afin qu'il ne puisse pas être exploité par des étrangers. Ni de la Russie, ni de la Chine, ni des USA. Le pétrole et le lithium appartiennent à la nation, à vous, à tous ceux qui vivent dans cette région, à tous les Mexicains ».

Accompagné de son cabinet économique, il a rappelé que le Congrès avait déjà approuvé une réforme juridique contre laquelle, a-t-il dit, les conservateurs ont commencé à déposer des recours juridiques, car ils voudraient que le Mexique soit une colonie. « La seule chose est qu'ils ne vont pas pouvoir le faire avec leurs recours ou avec leurs controverses dans le système judiciaire. La décision a déjà été prise, la loi a été approuvée par le pouvoir législatif et le lithium appartient à la nation ».

Maintenant, a-t-il dit, vient le défi technologique, car contrairement aux gisements de lithium de Bolivie, du Chili ou d'Argentine, où ce minéral se trouve dans les roches, dans le cas du Sonora, il est mélangé à l'argile, de sorte que les techniciens mexicains travaillent déjà à déterminer la technique pour parvenir à la séparation des deux éléments.


 López Obrador a souligné l'importance du lithium pour la transition énergétique imminente dans la technologie automobile. Il a rappelé que les USA, le Canada et le Mexique se sont engagés à encourager cette conversion vers l'utilisation d'énergies propres. Dans cette logique, « nous ne pourrions pas avancer vers cet objectif si nous n'avons pas le lithium, si nous n'avons pas les batteries, et la matière première pour les fabriquer est le lithium ».

Lopez Obrador et la directrice du ministère de l'Énergie, Rocío Nahle, ont signé un accord chargeant le ministère de « donner suite à la déclaration de la zone de réserve minière de lithium ».

Le président a expliqué que cette décision s'inscrit dans le cadre des engagements du Mexique en faveur des énergies propres, qui comprennent également la centrale solaire de Puerto Peñasco, dont la première étape a été inaugurée ce vendredi et qui, à la fin de sa construction (il y aura trois étapes), aura la capacité d'alimenter 300 000 foyers de Sonora et de Basse-Californie. Il a assuré qu'il s'agit de décisions prises en pensant aux générations futures, « nous sommes déjà sur la voie de la sortie et nous pouvons même dire merci à la vie qui nous a tant donné » [allusion à la chanson de Violetta Parra, NdT].

Le président a rappelé une autre décision impliquant un effort conjoint entre les USA et le Mexique : l'accord du président Joe Biden ordonnant l'établissement d'une production de puces en Arizona pour mettre fin à la dépendance à l'égard des importations de puces en provenance d'Asie.

Il a déclaré qu'en raison de la pandémie, cette dépendance est devenue un problème qui a stoppé la production, non seulement de voitures, mais aussi d'appareils ménagers. La décision de Biden aura un impact sur le Mexique, car sa proximité avec Sonora complète le développement industriel de cet État.

Le gouverneur Alfonso Durazo a été plus explicite sur le potentiel de développement de l'exploitation du lithium, car Sonora est l'État qui possède les plus grandes réserves de ce minéral dans le pays, « qui va être un pilier du développement national ». Il a expliqué qu'en août 2021, Biden a publié un accord stipulant que d'ici 2030, au moins 50 % des voitures vendues aux USA devront être électriques.

L'intérêt pour l'État ne réside pas seulement dans le fait que cela va stimuler l'exploitation du lithium, mais aussi dans le fait que les voitures électriques impliquent également l'utilisation de cuivre et de graphite dans leur production. À Bacadéhuachi, nous avons le plus grand gisement de lithium et Sonora est également « le principal producteur de graphite du pays et le deuxième producteur de cuivre au monde et le premier au Mexique ».


 
NdT

Le décret du 23 août 2022 portant création de la société Litio para México (LitioMx) stipule entre autres que son objectif est de « gérer et contrôler les activités nécessaires à la production, la transformation et la distribution des dérivés du lithium, ce pour quoi elle pourra s'associer à d'autres institutions publiques et privées». Comme on le voit, une nationalisation…élastique. En novemre dernier le minsitre des AE Marcelo Ebrard avait annoncé que la production de batteries au lithium commencerait dans le deuxième semestre de 2023, en partenariat avec des entreprises chinoises, sud-coréennes, chiliennes et usaméricaines. Le gisement du Sonoroa est évalué à 1,7 million de tonnes, ce qui met le Mexique au 10ème rang mondial.

 

 

29/01/2023

LUIS HERNANDEZ NAVARRO
Paco Ignacio Taibo II : “Revendiquer Pancho Villa va nous permettre de mettre en avant ce qu’était et ce qu’est l’insurrection populaire”

Luis Hernández Navarro, La Jornada, 29/1/2023
Original:
Reivindicar a Villa permitirá poner en relieve la insurgencia popular: Taibo II
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Comme s’il s’agissait de la station de métro Balderas à l’heure de pointe, l’œuvre de l’écrivain Paco Ignacio Taibo II est encombrée. Héctor Belascoarán Shayne, le célèbre détective de ses romans policiers, est de retour (s’il est jamais parti). Sa biographie en espagnol de Pancho Villa en est à sa 27e édition et une nouvelle édition sera publiée à l’occasion de la commémoration nationale [centenaire de son assassinat le 20 juillet, NdT]. Cette année également, la version anglaise paraîtra aux USA. Enfin, on peut trouver ses deux derniers livres en librairie : La libertad, Tres historias de la historia et La historia del gueto de Varsovia.

L’écrivain Paco Ignacio Taibo II, dans les locaux de La Jornada. Photo Yazmín Ortega Cortés

 

Peut-on parler d’une renaissance belascoaranienne?

Oui, c’est vrai. Les œuvres complètes de Belascoarán seront publiées en Espagne en deux volumes. Le premier est déjà sorti, le second paraîtra en février. Et puis il y a la série télévisée sur Netflix, le revival bélascoaraniste qu’elle a provoqué et la façon dont les ventes de ses livres ont explosé.

Bon, ce n’est pas vraiment un revival. ‘Belascoarán a toujours vendu régulièrement, tant ses romans complets que les versions individuelles. Il a été en vie. Mais la série télévisée a créé un renouveau de ses lectures qui a commencé à être remarqué dans les salons du livre ces derniers mois. Il a connu un grand succès dans des pays tels que le Mexique, l’Italie et la Grèce. En fait, il y a la possibilité d’une deuxième saison de la série.

Avant que Rafael Ramírez Heredia et toi ne vous aventuriez dans le genre, Rafael Bernal a écrit Le complot mongol. Après cela, il a proliféré. Pourquoi as-tu commencé à écrire des romans policiers et que s’est-il passé ?

Lorsque Rafael Ramírez et moi avons lancé le genre néo-policier au Mexique, nous avons voulu faire revivre Le complot mongol. Le livre était une pièce détachée qui est restée détachée, par un auteur très inégal. Lorsque nous nous sommes adressés à l’éditeur Joaquín Mortiz pour le suggérer, il a répondu : “Pourquoi pas, vu que j’ai les trois quarts de l’édition invendus”.

Les autres qui étaient là, et qui auraient dû fonder le néo-polar mexicain, étaient Jorge Ibargüengoitia, avec Las muertas et Dos crímenes, et Vicente Leñero, avec Los albañiles. Mais ils ont refusé de dire qu’il s’agissait de romans policiers. Comme s’ils avaient le syndrome de la haute littérature. Ils n’ont pas créé de genre. Ce que Rafael Ramírez et moi avons fait, ça a été de créer un genre au Mexique.

Nous étions accompagnés par une vague qui, nous le savons aujourd’hui, était internationale, mais nous ne le savions pas à l’époque car c’était une vague invisible. Quand j’écrivais Días de combate, Manuel Vázquez Montalbán écrivait Tatuaje. Aux USA, Roger L. Simon était en train d’être pûblié. Ross Thomas était un challenger à New York. Jürgen Alberts le faisait en Allemagne et Jean-Patrick Manchette en France.

Lorsque nous nous sommes rencontrés, grâce aux bons offices de la Semana Negra de Gijón, nous avons réalisé que nous étions un courant. Le premier à l’établir de manière évidente a été une émission en France intitulée Du drapeau rouge au roman noir, qui commençait en disant : « Où étiez-vous en 67, 68, 69 ? », puis recensait les romans policiers.

La génération de 68 était entrée dans le roman policier avec l’idée claire, transparente et décisive que la guerre continuait par d’autres moyens et que la lutte contre le système avait trouvé refuge dans le roman policier. Nous étions la génération qui disait : « Le capitalisme, c’est nul ».

On se connaissait et on écrivait des avant-propos l’un pour l’autre. C’était un phénomène courant pour nous aider à être publiés à l’échelle internationale, en brisant les frontières.

Pourquoi était-il considéré comme un genre mineur ?

Il existe un analphabétisme fonctionnel. Aujourd’hui, au Mexique, les architectes du politiquement correct continuent de penser que le roman policier est un genre mineur. Ce qui se passe, c’est qu’ils n’osent pas le dire. Et pourtant, certains auteurs de première ligne de l’expérimentalisme littéraire se sont approchés du roman policier, car ils y trouvent une source narrative très intéressante.

En Espagne, la bataille a été gagnée par Vázquez Montalbán, qui était un intellectuel tout terrain. Il était très difficile de discuter avec quelqu’un qui était un leader politique, un excellent poète, un romancier expérimental et aussi avec le créateur du néo-polar espagnol, accompagné par Andreu Martín et Juan Madrid. Il était beaucoup moins difficile pour eux de gagner la bataille en Espagne qu’au Mexique.

 

Villa est de retour grâce à “quatre personnes (Jesús Vargas, Friedrich Katz, Pedro Salmerón et Taibo II) qui, au cours des 20 dernières années, ont écrit des livres sur lui et liquidé la légende noire", déclare Paico Ignacio Taibo II dans son interview. Photo Yazmín Ortega Cortés

Pancho Villa est de retour.

-Oui, et je ne suis pas le seul à meen attribuer le mérite. Le mérite revient à quatre personnes qui, au cours des 20 dernières années, ont écrit des livres sur Villa qui ne sont pas discutables, qui ont balayé la légende noire. Le travail de Katz, le mien, celui de Chuy Vargas et de Pedro Salmerón l’ont balayée. Nous avons réduit en bouillie la légende noire qui était cachée, dissimulée, qui résistait à reconnaître Villa comme un héros populaire, et qui lui collait des étiquettes comme “sauvage, assassin, polygame”, et blablabla.

Les livres qui ont raconté la véritable histoire de qui était Pancho Villa ont changé le ton avec lequel il est reconnu aujourd’hui. Il y aura de nombreux films gringos dans lesquels Villa apparaît bourré, mais un Mexicain moyennement informé sait qu’il ne buvait pas d’alcool.

C’est un personnage vraiment intéressant. Très mauvais dans les discours publics, merveilleux dans les conversations courtes. Le verbiage autour du feu de camp, les discussions, les potins, les anecdotes, étaient fabuleux. Sa conversation avec Zapata est mémorable. Heureusement, elle a été notée en sténographie. Nous savons qu’ils n’avaient aucun désir d’être président, bien au contraire. Ils disiaent des choses comme : « À Mexico, quand je monte sur le trottoir, j’ai le vertige ». « Allons-y ! Tu vas au sud pour faire la Réforme Agraire et je vais au nord pour faire les brigades avec la División del Norte, les Développements Agraires Paysans ».

Pour quelqu’un comme moi, qui venait du roman, il avait le mérite d’être un tiroir sans fin d’anecdotes. Ainsi, quand tu écris l’histoire de Villa, tu as une accumulation d’histoires qui mettent du sel et te donnent le personnage. Cela permet une lecture ouverte qui laisse le lecteur juge.

Ton livre sur Villa fait des centaines de pages, comment un ouvrage aussi volumineux peut-il en même temps être aussi populaire?

Parce que c’est la même chose pour beaucoup de gens que pour moi : quand tu aimes un livre, tu ne veux pas qu’il se termine.

Des choses incroyables me sont arrivées avec le livre de Villa. Je suis à Durango et on s’arrête chez une dame qui fait des gorditas* sur le comal. Mon guide, Jerry Segura, me présente. Elle s’essuie les mains sur son tablier et sort de sous le comal une édition de Pancho Villa, à moitié noiricie par la fumée. Neuf ou dix personnes l’avaient lu. « Wow, c’est génial ! » me dit-elle. « Vous savez pourquoi nous l’avons lu ? » Je lui ai demandé, avec une énorme curiosité : « Pourquoi ? » « Parce que le général nous l’a recommandé. Il dit que c’est très bon », répond-elle. Allez ! Je sors ma timidité du placard et partage mes doutes : « Excusez-moi, madame, quel général ? » « Pancho, parce qu’il vient parfois. Madero ne vient jamais, mais Pancho vient parfois et quand il le fait, il dit, lisez le livre de Taibo parce qu’il est très bon ».

« Bonne mère ! », me suis-je dit. Je l’ai embrassée et enlacée pour lui dire au revoir et j’ai signé son exemplaire.

Lorsque je suis arrivé à la conférence que j’allais donner, je me suis dit : « Tu n’as pas le cran, hein que tu n’oses pas dire au public que ce livre est intéressant parce que Pancho Villa l’a recommandé ? « Et je n’ai pas osé, je ne suis pas allé si loin.

Pourquoi revendiquer Villa aujourd’hui ?

La revendication de Villa va nous permettre de mettre en avant ce qu’était et ce qu’est l’insurrection populaire. C’est un homme qui, pendant 50 jours en tant que gouverneur de Chihuahua, a créé 50 écoles. Dans la 4T [la « Quatrième Transformation » proclamée par le président Manuel Lopez Obrador, NdT], nous devons encore sortir du labyrinthe bureaucratique de la gestion d’un État. Villa l’a résolu par des actes. Je pense que cette image va avoir un impact sur les lecteurs et leur dire que le problème des choses, c’est de les faire.

Mettre Villa à l’ordre du jour, c’est la même chose que de parler de Madero, Zapata ou Juárez. C’est le passé qui vit avec nous. Il a des règles. Vous ne pouvez pas le sortir et le transporter à notre époque et l’utiliser comme exemple. Mais, grâce à lui, tu peux réfléchir à nos origines, à notre identité et à notre avenir.

C’est là toute l’importance de Villa. J’ai écrit sa biographie pour l’intégrer dans le calendrier des saints laïc. Je suis sans vergogne un villista dans l’âme.

 

NdT

^Gorditas : litt. « petites grosses », equivalent mexicain des empanadas, arepas, börek, samoussa, ftayer, ou pirojki, autrement dit des chaussons de pâte feuilletée et farcis de divers ingrédients selon les régions et les goûts.

 

25/09/2022

HAARETZ
Des parents des 43 disparus d’Ayotzinapa demandent à Israël d'extrader un ancien fonctionnaire recherché, et l'ambassade d’Israël à Mexico est “vandalisée” (plutôt décorée)

 Haaretz, 22/9/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Des parents des 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa et des sympathisants ont manifesté devant l'ambassade d'Israël à Mexico pour demander l'extradition de l'ancien directeur de l’ACI (Agence d’enquêtes criminelles, le “FBI mexicain”, 2013-2018), Tomás Zerón ; l’ambassadeur d'Israël : « Écrire 'mort à Israël' sur les murs de l'ambassade n'a rien à voir avec l'affaire ».

Les proches de 43 étudiants mexicains qui ont été enlevés et tués en 2014 ont manifesté mercredi devant l'ambassade d'Israël au Mexique, demandant l'extradition d'un ancien enquêteur recherché dans le cadre de cette affaire. Pendant la manifestation, des dizaines de manifestants masqués ont vandalisé l'ambassade d'Israël avec des slogans graffités, dont “mort à Israël”.

Des centaines de manifestants se sont rassemblés devant l'ambassade d'Israël à Mexico, certains portant des photos des étudiants disparus, d'autres peignant des graffitis sur les murs de l'ambassade. Les familles des 43 étudiants, qui ont disparu de force après avoir été arrêtés par la police municipale il y a huit ans, exigent qu'Israël extrade l'ancien enquêteur Tom160s Zerón, accusé d'avoir manipulé l'enquête sur l'enlèvement des étudiants.

Tomás Zerón en 2015. Foto Tomas Bravo—Reuters

Recherché pour torture et falsification de preuves, Zerón était l'un des cerveaux de la version des événements soutenue par l'État, présentée en 2015 et rejetée par les proches des victimes et des experts indépendants. Zerón vit en Israël depuis trois ans et a officiellement demandé l'asile en 2021. Malgré de multiples demandes du Mexique, Israël refuse toujours de le remettre à la justice.

17/11/2021

SHEILA YASMIN MARIKAR
Si vous vendez du « Oaxaca en bouteille », qu'advient-il du Oaxaca ?
Et les Gringos découvrirent le mezcal

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Sheila Yasmin Marikar, The New York Times, 6/11/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Sheila Yasmin Marikar est une journaliste usaméricaine indépendante vivant à Los Angeles qui écrit notamment pour The New York Times et The New Yorker. Son premier roman, The Goddess Effect, est sur le point de paraître. Publications. @SheilaYM

Le mezcal connaît une popularité croissante loin des champs d'agave [maguey] du Mexique.

 

Xagaa, Mexique. Les investisseurs internationaux ont commencé à s'intéresser au mezcal, fabriqué à partir d'agave fumé. Photo : Alejandro Cegarra pour The New York Times

« Que personne n'ose commander une margarita avec l'un d'eux, ou je serai très en colère ».

Fausto Zapata, directeur général et cofondateur du mezcal El Silencio, surplombe une table de 13 mètres de long dans le luxueux complexe hôtelier de son entreprise situé à l'extérieur de la ville d'Oaxaca, dans les champs d'agaves du sud-ouest du Mexique. Sous lui, sept bouteilles de mezcals en édition limitée, chacune accompagnée de notes de dégustation imprimées en relief sur du papier cartonné noir épais. Il verse un dé à coudre de tobalá [variété d’agave forestier de montagne, NdT] à 150 dollars [=132€] la bouteille dans cinq jicaras en argent, de minuscules bols qui sont les récipients traditionnels pour siroter du mezcal.

« Prenez une gorgée, laissez-la dans votre bouche pendant 10 à 12 secondes, laissez vos papilles gustatives s'exposer », a-t-il dit. La deuxième gorgée devait être consommée en silence - à l'exception de la guitare mélancolique diffusée par des haut-parleurs surround - pour « se perdre dans les saveurs ».

« Maintenant, passez à la prochaine bouchée », dit-il, en montrant une rangée de gummies [bonbons gélifiés, NdT] monochromes saupoudrés de paillettes, des confections qui auraient pu voir le jour si Willy Wonka [héros du roman et du film Charlie et la chocolaterie, NdT] s'était aventuré dans des menus de dégustation à trois chiffres. Il explique que certaines de ces friandises sont faites à partir de mole, fait une allusion à l'histoire du mole ("C'est une belle histoire") et saisit une autre bouteille par le goulot : « Avant que j'oublie - vous devez essayer la magie noire ».

Un liquide pourpre foncé a coulé, laissant des bouches bées. "Tout est naturel", a dit M. Zapata, "tout est à base de plantes".

"Qu'est-ce qui lui donne sa couleur ?" a demandé la femme à côté de moi. "Secret professionnel", a dit Vicente Cisneros, le co-fondateur d'El Silencio. Assis en face de Zapata, il porte des lunettes de soleil noires et un chapeau avec le logo de l'entreprise. "Tout ce que nous faisons est copié en deux secondes", ajoute Cisneros en haussant les épaules, "mais c'est pour cela que nous innovons sans cesse".

Une légende raconte qu'il y a plusieurs centaines d'années, dans le Mexique précolombien, un éclair a frappé un agave et libéré le jus que nous appelons aujourd'hui mezcal. Mais, à la décharge des consommateurs soucieux de leur santé, des fondateurs de start-up en quête de valorisation, de George Clooney ou de tout ce qui précède : Le moment international du mezcal est arrivé.

La tradition ne s'achète pas

 

Le mezcal El Silencio à Casa Silencio, une station touristique à l'extérieur de la ville d'Oaxaca. Les USAméricains consomment de plus en plus de ce spiritueux. Photo The New York Times