25/09/2022

HAARETZ
Des parents des 43 disparus d’Ayotzinapa demandent à Israël d'extrader un ancien fonctionnaire recherché, et l'ambassade d’Israël à Mexico est “vandalisée” (plutôt décorée)

 Haaretz, 22/9/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Des parents des 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa et des sympathisants ont manifesté devant l'ambassade d'Israël à Mexico pour demander l'extradition de l'ancien directeur de l’ACI (Agence d’enquêtes criminelles, le “FBI mexicain”, 2013-2018), Tomás Zerón ; l’ambassadeur d'Israël : « Écrire 'mort à Israël' sur les murs de l'ambassade n'a rien à voir avec l'affaire ».

Les proches de 43 étudiants mexicains qui ont été enlevés et tués en 2014 ont manifesté mercredi devant l'ambassade d'Israël au Mexique, demandant l'extradition d'un ancien enquêteur recherché dans le cadre de cette affaire. Pendant la manifestation, des dizaines de manifestants masqués ont vandalisé l'ambassade d'Israël avec des slogans graffités, dont “mort à Israël”.

Des centaines de manifestants se sont rassemblés devant l'ambassade d'Israël à Mexico, certains portant des photos des étudiants disparus, d'autres peignant des graffitis sur les murs de l'ambassade. Les familles des 43 étudiants, qui ont disparu de force après avoir été arrêtés par la police municipale il y a huit ans, exigent qu'Israël extrade l'ancien enquêteur Tom160s Zerón, accusé d'avoir manipulé l'enquête sur l'enlèvement des étudiants.

Tomás Zerón en 2015. Foto Tomas Bravo—Reuters

Recherché pour torture et falsification de preuves, Zerón était l'un des cerveaux de la version des événements soutenue par l'État, présentée en 2015 et rejetée par les proches des victimes et des experts indépendants. Zerón vit en Israël depuis trois ans et a officiellement demandé l'asile en 2021. Malgré de multiples demandes du Mexique, Israël refuse toujours de le remettre à la justice.

« Nous exigeons un engagement clair en faveur des droits humains de la part de l'ambassade et du gouvernement israélien, conformément aux conventions internationales sur la torture et les disparitions forcées », a déclaré l'avocat des familles, rapporte le journal mexicain Reforma.

Parmi les slogans réclamant justice pour les 43 familles, on pouvait lire les graffitis “mort à Israël”, “mort à l'apartheid” et “mort au sionisme”.

Le groupe d'amitié Mexique-Israël a dénoncé les actes de vandalisme commis à l'ambassade d'Israël dans la capitale mexicaine lors de la manifestation organisée par les familles de disparus d'Ayotzinapa.

L'ambassadeur israélien Zvi Tal a répondu : « Malgré l'événement dramatique qui s'est produit cet après-midi devant l'ambassade d'Israël au Mexique, nous continuons à croire fermement en l'avenir des relations diplomatiques que nous célébrons depuis 70 ans d'échanges et de collaboration fructueux ».

S'il a exprimé sa sympathie aux familles, il n'a pas précisé si Zerón serait rapatrié, mais a affirmé aux manifestants : « Il est clair pour nous que la violence manifestée lors de la manifestation où ils ont laissé les murs de notre siège peints de graffitis offensants, ici est écrit, 'mort à Israël', n'ont aucun rapport avec l'affaire Ayotzinapa ».

Un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré à Haaretz jeudi : « Nous pouvons confirmer la chaîne des événements, et nous prenons cela très au sérieux. Nous attendons du gouvernement mexicain qu'il honore ses obligations internationales, et nous en ferons part directement à l'ambassadeur du Mexique lorsque nous le convoquerons ».

Zerón, qui est accusé d'avoir enlevé, torturé des suspects et manipulé des preuves, s'est enfui en Israël et, malgré les multiples demandes du Mexique, le gouvernement israélien a refusé de le livrer.

Selon un récent rapport du magazine Reforma, les autorités mexicaines estiment qu'il serait plus facile de parvenir à un accord avec Zerón que d'essayer de convaincre le gouvernement israélien de l'extrader.

Zerón est également recherché pour être interrogé sur son rôle dans la négociation d'un accord pour l'achat par le Mexique du logiciel espion Pegasus à la société israélienne NSO Group*. L'actuel président mexicain, Andrés Manuel López Obrador, affirme que M. Zerón a encouragé cet achat et signé les contrats correspondants, bien que des poursuites judiciaires n'aient pas encore été engagées et qu'il ne soit recherché que pour être interrogé comme témoin.

NdT

*Tomás Zerón de Lucio est soupçonné d’avoir organisé l’achat par l’ACI de 500 licences du logiciel espion Pegasus pour une somme de 32 millions de dollars, payée à NSO auprès de la banque israélienne Leumi en utilisant une série d’entreprises bidon comme intermédiaires et en surfacturant l’achat (64 000 dollars par licence, alors que le prix habituel était de 25 000 dollars), ce qui aurait permis de verser des pots-de-vin juteux à Zerón et autres fonctionnaires mexicains corrompus.

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