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23/08/2022

JORGE MAJFUD
Psychopatriotisme yankee

Jorge Majfud, Escritos Críticos, 21/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

En vertu d'une loi de 1994 (Holocaust Education Bill), les écoles publiques de Floride ont une matière appelée “Holocauste”, dans laquelle sont étudiées les atrocités racistes commises en Europe contre les juifs. En 2020, le gouverneur Ron DeSantis a promulgué une autre loi exigeant que toutes les écoles primaires et secondaires certifient qu'elles enseignent l'Holocauste aux nouvelles générations. Dans le même temps, les sénateurs de la communauté afro ont réussi à faire inclure dans le programme la mention du massacre d'Ocoee, où au moins 30 Noirs ont été tués en 1920, ce qui, pour comprendre le racisme endémique et les injustices sociales, revient à expliquer le corps humain par son ombre.

Le 2 novembre 1920, July Perry est lynché par une foule lors du massacre d'Ocoee, le pire jour d'élections de l'histoire des USA. Les problèmes ont commencé lorsqu'un homme noir du nom de Moses Norman s'est vu refuser le droit de vote, parce qu'on lui a dit qu'il ne pouvait pas voter parce qu'il n'avait pas payé sa taxe électorale (photo de July Perry, avec l'aimable autorisation du Orange County Regional History Center) (Orlando Sentinel). Ci-dessous deux plaques commémoratives apposées pour le centenaire.


 

Par la loi également, à partir de 2022, dans ces mêmes lycées de Floride, il est interdit de discuter de l'histoire raciste usaméricaine. La raison, selon le gouverneur Ron DeSantis, est que « personne ne devrait apprendre à se sentir inégal ou à avoir honte de sa race. En Floride, nous ne laisserons pas l'agenda de l'extrême-gauche prendre le contrôle de nos écoles et de nos lieux de travail. Il n'y a pas de place pour l'endoctrinement ou la discrimination en Floride ».

Si on n'en parle pas, ça n'existe pas. De ce côté-ci de l'Atlantique, le racisme n'existe pas et n'a jamais existé.

Les mêmes esclavagistes qui définissaient des millions d'esclaves (la base de la prospérité du pays) comme “propriété privée” sur la base de leur couleur de peau, appelaient ce système une “bénédiction de l'esclavage”, qu'ils voulaient “répandre dans le monde entier” pour “lutter pour la liberté” tout en appelant leur système de gouvernement “démocratie” (Brown, 1858).

“Ce nègre a voté”. Cette photo provient de Miami, en Floride, dans les années 1920, où le Klu Klux Klan a lancé une “parade de la peur” destinée à effrayer les électeurs noirs pour qu'ils ne votent pas.
Après le massacre, jusqu'à 500 Noirs ont été chassés de leurs terres à Ocoee et le Klu Klux Klan a mis en place un embargo autour de la ville pour s'assurer qu'aucun d'entre eux ne pourrait retourner chez lui. Pendant ce temps, les Blancs saisissent leurs biens, parfois avec des actes exigeant que les terres “ne soient plus cédées aux Noirs”.

Les mêmes personnes qui ont volé et exterminé des peuples autochtones bien plus démocratiques et civilisés que la nouvelle nation de la ruée vers l'or avant la ruée vers l'or, ont appelé cela de la “légitime défense” contre des “attaques non provoquées” de sauvages (Jackson, 1833 ; Wayne, 1972).

11/02/2022

ANNAMARIA RIVERA
Pour en finir une bonne fois pour toutes avec la race

Annamaria Rivera, Comune-Info, 10/2/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Comme on le sait, la notion de « race » - critiquée puis abandonnée par une grande partie des sciences sociales et biologiques qui avaient contribué à son élaboration - est une catégorie aussi infondée que paradoxale, car elle repose sur le postulat qui établit une relation déterministe entre les caractéristiques somatiques, physiques et génétiques et les caractéristiques psychologiques, intellectuelles, culturelles et sociales.

 

Oswaldo Guayasamín, Mère et enfant de la série Ternura [Tendresse] (1989)

Je rappelle qu'en 1950, le déterminisme biologique a été formellement dénoncé par l'UNESCO dans la Déclaration sur la race, considérée comme le premier document officiel à nier la corrélation entre les différences biologiques et les différences culturelles, psychologiques, intellectuelles et comportementales.

Toutefois, cette déclaration n'a pas abandonné la catégorie de la race, mais uniquement le déterminisme biologique. En tant que tel, il ne s'agissait pas, même pour son époque, d'un document très avancé, bien que des chercheurs du calibre de Claude Lévi-Strauss et Ashley Montagu aient contribué à sa rédaction.

Je rappelle que ce dernier - biologiste, psychologue et enfin anthropologue (il fut l'un des premiers élèves de Malinowski, puis de Boas) - avait déjà en 1942 démoli « le mythe de la race » dans un essai (Man's Most Dangerous Myth : The Fallacy of Race), traduit tardivement en italien, sous le titre La race. Analyse d'un mythe [et pas encore traduit en français depuis 80 ans...].

En ce qui concerne la contribution de l'anthropologie culturelle à la déconstruction de la « race » (qui est souvent sous-estimée par les anthropologues eux-mêmes), il suffit de considérer le rôle de Franz Boas, un pionnier de l'anthropologie moderne. Boas, qui a également souffert personnellement de l'antisémitisme, est devenu, au fil du temps, un opposant acharné au racisme improprement appelé scientifique. Et ce, dans une phase historique où prévalaient encore des pseudo-sciences telles que la physiognomonie, la phrénologie et l'anthropologie criminelle de Cesare Lombroso.

C'est en démolissant progressivement l’innéisme et le biologisme déterministe que Boas a réussi à introduire la culture comme concept primaire, puis le relativisme culturel.

 

Autoportrait avec « document de voyage juif » (1943) de Felix Nussbaum (Osnabrück, 1904), mort à Auschwitz peu avant la libération du camp

Ce n'est pas un hasard si l'un des volumes que les nazis ont brûlé à Berlin dans la nuit du 10 mai 1933, cinq mois après l'arrivée au pouvoir d'Hitler, était l'un des essais les plus populaires de Boas : The Mind of Primitive Man, datant de 1911 (publié trois ans plus tard en allemand sous le titre plus explicite de Kultur und Rasse).

 Beaucoup plus tard, en 1946, Fernando Ortiz, considéré comme le plus important ethnologue et anthropologue cubain, publiera El engaño de las razas. Influencé avant tout par l'anthropologie culturelle usaméricaine, Ortiz y réfute radicalement, entre autres, le racisme scientiste. Je rappelle d'ailleurs que c'est lui qui a inventé le mot et le concept de transculturation.

 La Déclaration sur la race, votée à l'unanimité et par acclamation en 1978 par la Conférence générale de l'UNESCO, ne brille pas non plus par son audace. Il suffit de dire que, alors que pour l'anthropologue cubain, « race » était « una mala palabra que non debiera decirse », ici les adjectifs « racial »/ « raciaux » reviennent trente-deux fois et même les groupes raciaux sont mentionnés à plusieurs reprises comme une évidence.

22/01/2022

ANNAMARIA RIVERA
Racisme d’en haut, racisme d’en bas : mettons les points sur les i

Annamaria Rivera, Comune-Info, 20/1/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala  

Pour commencer, il convient de noter que le terme « racisme », au singulier, est préférable à « racismes », si l'on veut saisir le caractère unitaire du concept, au-delà des variations historiques et empiriques du phénomène. Paradoxalement, pour nommer un tel système, nous sommes contraint·es d'utiliser un vocable dont l'étymologie renvoie à la croyance en l'existence de « races », critiquée puis abandonnée par une bonne partie des mêmes sciences sociales et biologiques qui avaient contribué à son élaboration. La « race » est, en effet, une pseudo-catégorie aussi infondée que paradoxale, puisqu'elle repose sur le postulat qui établit une relation déterministe entre les caractéristiques somatiques, physiques et génétiques et les caractéristiques psychologiques, intellectuelles, culturelles et sociales.

En résumé, le racisme peut être défini comme un système de croyances, de représentations, de normes, de discours, de comportements, de pratiques, d'actes politiques et sociaux, visant à dévaloriser, stigmatiser, discriminer, inférioriser, subordonner, ségréguer et persécuter des catégories de personnes altérisées, et ce jusqu'au massacre et à l'extermination.

J'écris « altérisées » parce qu'en réalité, la « couleur » ou la distance culturelle et/ou sociale réelle par rapport au nous sont tout à fait hors de propos dans le choix des victimes, comme le prouve l'histoire tragique de l'antisémitisme. Le stigmate appliqué à certaines catégories de personnes peut être indépendant de toute différence somatique, phénotypique, culturelle ou liée à l'origine, vu qu’il est le résultat d'un processus de construction sociale, symbolique et politique.

 

La propagande raciste de Vox en Espagne contre les « mineurs migrants non accompagnés » censés toucher de l’État dix fois plus qu’une pauvre retraitée bien de chez nous. 

11/12/2021

PHILIPPE MARLIÈRE
Éric Zemmour, un pur produit de l'establishment français

 Philippe Marlière,  Open Democracy, 9/12/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

 

À la différence de Marine Le Pen, le candidat d'extrême-droite à la présidentielle, Zemmour, n'a aucun lien avec la tradition fasciste française. Son ascension     fulgurante    provient     du     courant dominant.



Ahmed Medjani, Algérie, 2019

 

Éric  Zemmour,  l'animateur  de  télévision  devenu  candidat  à  la présidentielle, est-il un fasciste ? Ses idées sur l'immigration, l'islam et le genre sont sans doute extrêmes. À ce jour, il a été condamné à deux reprises pour incitation à la haine raciale ou religieuse.


En  novembre  dernier,  l'homme  de  63  ans  a  été  rejugé  pour  des motifs  similaires,  suite  à  une  remarque  faite  à  la  télévision  en septembre   2020,   selon   laquelle   les   mineurs   étrangers   non accompagnés étaient « des voleurs et des violeurs » et que la France « devait les  renvoyer ».  Le  procès  est  en  cours,  l'avocat  de  Zemmour affirmant que les accusations sont « infondées ».


Son premier meeting électoral, qui s'est tenu dans la banlieue parisienne  de  Villepinte  en  début  de  semaine,  a  été  entaché  de scènes  de  violence  :  les  partisans  de  Zemmour,  dont  certains appartiennent à des groupes d'extrême droite et néo-nazis, ont  des militants antiracistes qui manifestaient pacifiquement.


Pourtant, coller l'étiquette de  « fasciste » à  Zemmour est  paresseux et inutile  :  cela  n'éclaire  pas  les  raisons  de  son  ascension  politique fulgurante,  ni  n'explique  ce  que  cette  percée  actuelle  représente pour la politique française.


Promu par les médias


Zemmour ressemble effectivement à un fasciste et a les idées d'un fasciste, mais contrairement à son adversaire électorale Marine Le Pen, la lideure du parti Rassemblement national, il n'a pas de lien direct  avec  la  tradition  fasciste  française.  Il  est  issu  du  courant dominant  de  la  politique  française,  ayant  passé  les  35  dernières années  dans  le  journalisme  conservateur.  Il  a  successivement travaillé pour des journaux et des médias tels que Le Quotidien de Paris et Le Figaro, des stations de radio familiales comme RTL et a eu  un  talk-show  populaire  sur  France  2,  la  principale  chaîne  de télévision publique.

Entre 2019 et 2021, il a été le rédacteur et le chroniqueur d'une émission quotidienne diffusée sur CNews, une chaîne d'information en clair qui  est  sous  le  contrôle  de  Vincent  Bolloré,  un  propriétaire  de médias  et  magnat  des  affaires.  Vincent  Bolloré,  un  catholique traditionaliste convaincu, s'est brouillé avec Emmanuel Macron. Le président a reproché à l'homme d'affaires d'utiliser ses médias pour établir  un  programme  réactionnaire.  Aujourd'hui,  hostile  à  la réélection de Macron, Bolloré est largement considéré comme un promoteur des idées d'extrême droite et a fait de CNews une sorte de pendant français de Fox News aux USA. Bolloré s'est servi de  Zemmour pour faire avancer son programme « loi et ordre » et islamophobe.

28/10/2021

ANNAMARIA RIVERA
Femmes, hommes et caporaux : les syndicats doivent donner aux immigré·es et réfugié·es la place qui leur revient

Annamaria Rivera, Comune-Info, 25/10/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

La réponse massive (jusqu'à 200 000 participants) du 16 octobre à l'assaut fasciste et squadriste qui avait eu lieu une semaine plus tôt contre le siège national de la confédération syndicale  CGIL est un tournant qui pourrait ouvrir - comme son secrétaire général Maurizio Landini lui-même l'a dit - une nouvelle phase de protagonisme syndical et de démocratie. À mon avis, l'une des conditions devrait être d'impliquer largement les travailleurs immigrés, dont la présence et la visibilité n'étaient pas évidentes même lors de la grande manifestation du 16 octobre.

La syndicalisation et la participation des immigrés et des réfugiés au plus haut niveau pourraient contribuer à les sortir de leur situation actuelle, souvent extrême. Rien qu'en termes d'emploi, ils sont tenus - c'est bien connu - d'effectuer un travail essentiellement flexible, informel, précaire, sous-payé et déréglementé, ainsi qu'un travail à faible reconnaissance sociale, alors qu'ils sont indispensables à l'économie italienne.

 

La grève des travailleurs agricoles en mai 2020. Photo Sfruttazero

On pense notamment aux ouvriers agricoles et aux mauvaises conditions de travail et de logement auxquelles sont contraints les ouvriers immigrés, y compris les demandeurs d'asile. Parmi les victimes du travail forcé, celles qui ont un niveau d'éducation élevé et une conscience de classe ne sont pas rares.

On pense à Jerry Essan Masslo, tué le 20 septembre 1989 par une bande de jeunes braqueurs racistes. Instruit et engagé politiquement, sans asile (à l'époque, il ne pouvait être accordé qu'aux personnes originaires des pays d'Europe de l'Est), il avait été contraint de travailler dans des conditions quasi esclavagistes en cueillant des tomates dans la campagne de Villa Literno afin de survivre.

Ce meurtre a été suivi de la première grève des migrants contre le "caporalato" [de caporali : intermédiaires criminels entre patrons et travailleurs sans papiers, NdT] et - comme on le sait - d'une manifestation nationale qui a rassemblé plus de deux cent mille personnes - une analogie singulière avec aujourd'hui - et a inauguré le mouvement antiraciste italien.

 

Septembre 1989 : première grève de migrants contre le caporalato en Italie au nom de Jerry Masslo. Photo Cgil Campania

25/08/2021

MICHAEL LUO
L'USAmérique était avide d'immigrants chinois. Que s'est-il passé ?

À   l'époque de la ruée vers l'or, les cérémonies d’accueil ont rapidement fait place au sectarisme et à la violence.

Michael Luo, The New Yorker, 23/8/2021

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Michael M. Luo (Pittsburgh, 1976) est un journaliste usaméricain et l'actuel rédacteur en chef de newyorker.com. Il a auparavant écrit pour le New York Times, où il était journaliste d'investigation. Il rédige actuellement un livre sur l’exclusion des Chinois aux USA.

Jusqu'au milieu du XIXe siècle, la colonisation de la frontière occidentale de l'USAmérique ne s'étendait généralement pas plus loin que les Grandes Plaines. Les terres verdoyantes que les conquistadors espagnols appelaient Alta California avaient été revendiquées par l'Espagne, puis par le Mexique, après l'obtention de son indépendance, en 1821. En 1844, James K. Polk remporte la présidence en tant que partisan de la « destinée manifeste » de l'USAmérique, la croyance selon laquelle c'est la volonté de Dieu que les USA s'étendent de l'océan Atlantique au Pacifique, et entraîne rapidement le pays dans une guerre avec le Mexique. En vertu du traité de Guadalupe Hidalgo, en 1848, le Mexique cède la Californie aux USA, ainsi que la vaste étendue de terre qui comprend aujourd'hui le Nevada, certaines parties de l'Arizona et le Nouveau-Mexique.


Considérés comme une "race de coolies", les Chinois étaient vus comme une menace pour la main-d'œuvre blanche libre. Illustration par Mojo Wang

La Californie était peu peuplée et presque entièrement séparée du reste du pays. Y naviguer depuis la côte Est, en contournant l'Amérique du Sud, pouvait prendre six mois, et le voyage par voie terrestre était encore plus ardu. La ville naissante de San Francisco consistait en un ensemble de bâtiments à ossature de bois et en adobe, reliés par des chemins de terre, répartis sur une série de pentes. Moins de mille habitants robustes, dont beaucoup de Mormons fuyant les persécutions religieuses, occupaient cette colonie sablonneuse et balayée par les vents.

Cela a changé avec une soudaineté remarquable. Le matin du 24 janvier 1848, James W. Marshall inspectait les progrès de la construction d'une scierie sur les rives de l'American River, dans les contreforts des montagnes de la Sierra Nevada, à environ 210 km au nord-est de San Francisco. Selon son récit, il a repéré quelques reflets dans l'eau et a ramassé un ou deux fragments métalliques. Après les avoir étudiés de près, il s'est rendu compte qu'il pouvait s'agir d'or. Plusieurs jours plus tard, il est retourné à New Helvetia, un avant-poste éloigné dans la vallée du Sacramento, où il a demandé à son partenaire commercial, John Sutter, de le rencontrer seul. Les deux hommes ont effectué un test avec de l'acide nitrique et se sont convaincus que la trouvaille était authentique. Sutter implore ceux qui travaillent à l'usine de garder le silence sur la découverte, mais, en mai 1848, un chef mormon qui possède un magasin général dans l'avant-poste se rend à San Francisco et annonce une nouvelle stupéfiante. « De l'or ! De l'or ! L'or de l'American River ! », aurait-il crié en déambulant dans les rues, tenant en l'air une bouteille remplie de poussière d'or et agitant son chapeau. En quelques semaines, la majorité de la population masculine de San Francisco se rue dans les collines. Le port de la ville fut bientôt rempli de bateaux abandonnés dont les équipages s'étaient précipités en quête de richesse.

On ne sait pas exactement comment la nouvelle de la ruée vers l'or a atteint la Chine. Selon un récit, un marchand de la province de Guangdong nommé Chum Ming faisait partie des nombreux hommes qui se sont aventurés dans les contreforts de la Sierra Nevada et ont fait fortune. L'histoire raconte que Chum Ming a écrit à un ami resté au pays et que la nouvelle a commencé à circuler. Mae Ngai, professeur d'études asiatiques américaines à l'université Columbia, commence son livre The Chinese Question (Norton) par un fait plus véridique : l'arrivée d'un navire transportant de l'or californien - plus précisément, deux tasses et demie de poussière d'or - à Hong Kong le jour de Noël 1848. Un agent de San Francisco de la Compagnie de la Baie d'Hudson, l'entreprise de commerce des fourrures, avait demandé que des experts britanniques en Chine l'évaluent. Le navire avait également apporté des exemplaires du Polynesian, un journal d'Honolulu, qui relatait les immenses quantités d'or extraites par les prospecteurs en Californie.