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26/08/2024

QASSAM MUADDI
Le Hezbollah riposte à l’assassinat de son commandant en chef par Israël

Le Hezbollah a lancé des attaques de représailles contre Israël pour l’assassinat de son commandant en chef, Fouad Shukr, visant plusieurs bases militaires et l’unité 8200 de cyberguerre d’Israël. Voici ce qu’il faut savoir.

Qassam Muaddi , Mondoweiss, 25/8/2024
Traduit par  
Fausto Giudice
Tlaxcala

Après presque un mois d’attente suite à l’assassinat par Israël de Fouad Shukr, le plus haut commandant militaire du Hezbollah, le groupe libanais a déclaré dimanche qu’il avait conclu la première phase de ses représailles. Selon le premier communiqué du Hezbollah, ses combattants ont lancé un barrage de centaines de roquettes et de drones kamikazes sur « d’importantes cibles militaires israéliennes ».

Le Hezbollah a précisé dans un communiqué qu’il avait lancé 320 roquettes Katioucha sur des positions israéliennes afin de « dégager la voie pour que les drones puissent traverser en toute sécurité vers la cible dans la profondeur de l’entité [Israël] », ajoutant que l’opération s’était achevée « avec succès ».

Les médias israéliens ont cité l’armée israélienne qui a déclaré que l’attaque du Hezbollah « aurait visé le quartier général du Mossad près de Tel Aviv », ce qui signifierait que l’attaque a atteint quelque 100 kilomètres au-delà de la frontière.


 Dessin de Kamal Sharaf

Israël dit avoir neutralisé une attaque plus importante, le Hezbollah dément

L’armée israélienne a déclaré dans un communiqué avoir lancé une « attaque préventive » contre le Hezbollah après avoir « détecté des préparatifs en vue de lancer des roquettes contre Israël ». L’armée a ajouté que ses positions et ses bases n’avaient pas été touchées et qu’elle avait « stoppé une attaque plus importante que le Hezbollah préparait ». L’armée israélienne a également déclaré que l’attaque qu’elle avait neutralisée comprenait quelque 6 000 roquettes préparées pour être lancées sur Israël, y compris des missiles balistiques à longue portée. L’armée a également affirmé que ses frappes avaient détruit « des milliers de rampes de lancement de roquettes ».

Les autorités libanaises ont confirmé qu’un grand nombre de frappes israéliennes avaient visé des villes du Sud-Liban et s’étaient étendues jusqu’à 100 kilomètres à l’intérieur du territoire libanais.

Le Hezbollah a démenti les affirmations israéliennes concernant le ciblage de milliers de roquettes et de rampes de lancement dans un communiqué ultérieur, déclarant que « tous les drones ont quitté leurs bases à l’heure prévue et ont traversé la frontière en toute sécurité en direction de cette cible », affirmant que les affirmations d’Israël étaient « sans fondement ».

Le Premier ministre israélien, Netanyahou, a déclaré dans un communiqué dimanche que les frappes israéliennes sur le Liban dimanche matin constituaient « une nouvelle étape pour changer la situation dans le nord et permettre aux résidents [israéliens] de rentrer chez eux en toute sécurité ».

À la suite de l’attaque de dimanche, un certain nombre d’autorités locales des villes israéliennes du nord ont déclaré qu’elles boycotteraient les instructions du gouvernement israélien jusqu’à ce que la sécurité israélienne soit rétablie dans le nord.

Israël a déclaré l’état d’urgence dans le centre du pays et dans la région de Tel Aviv à la suite de l’attaque du Hezbollah, y compris la fermeture de l’aéroport Ben Gourion. Les autorités ont ensuite levé les consignes d’urgence et rouvert l’aéroport.

Le quotidien israélien Israel Hayom a rapporté qu’Israël avait envoyé un message à un certain nombre de pays indiquant qu’Israël avait attaqué des cibles du Hezbollah dimanche mais ne voulait pas élargir la guerre, affirmant que si le Hezbollah était satisfait de sa réponse, il pourrait alors considérer le dossier de l’assassinat de Fouad Shukr comme clos.

Nasrallah : Le Hezbollah pourrait encore utiliser des missiles balistiques à longue portée à l’avenir

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré dimanche lors d’un discours en direct que le Hezbollah avait retardé sa réponse à l’assassinat de Fouad Choukr par Israël afin de donner une chance aux pourparlers sur le cessez-le-feu.

Le discours de Nasrallah, annoncé par le Hezbollah dans une déclaration après l’attaque de dimanche contre Israël, avait été programmé précédemment comme un discours annuel pour marquer un événement religieux chiite [l’Arbaïn, quarantième jour de l’Achoura, le deuil du martyre de l’imam Hussein ben Ali, NdT] . La déclaration du Hezbollah à 18 heures, heure locale, a clarifié les détails de l’opération de dimanche, en réponse à la version israélienne des événements de la journée.

Selon Nasrallah, le Hezbollah avait retardé ses représailles à la frappe israélienne sur le quartier sud de Dahiya à Beyrouth et à l’assassinat de Shukr le 31 juillet en raison des pourparlers sur le cessez-le-feu qui ont débuté à la mi-août, puisque « l’objectif du front [libanais] est d’arrêter l’agression sur Gaza ».

« Lorsqu’il est apparu clairement que Netanyahou ajoutait de nouvelles conditions et que les USAméricains étaient complices, nous avons conclu qu’il ne servait plus à rien de retarder notre réponse », a ajouté  Nasrallah.

Selon lui, l’attaque de représailles visait le siège de la branche israélienne du renseignement militaire, qui comprend l’unité 8200 du corps de guerre cybernétique israélien, dans la région de Glilot, à quelque 110 kilomètres de la frontière libanaise et à seulement 1,5 kilomètre de la périphérie de Tel-Aviv.

Le choix de la cible, selon Nasrallah, est dû à son lien avec l’assassinat de Shukr, à sa proximité avec Tel-Aviv et à sa nature militaire et non civile.

Nasrallah a également démenti les affirmations israéliennes selon lesquelles Israël aurait détruit de manière préventive des milliers de missiles qui, selon les médias israéliens, étaient destinés à frapper Tel-Aviv et l’aéroport Ben Gourion, ce que Nasrallah a qualifié de «mensonges ». Il a affirmé que les sites de lancement visés dimanche matin avaient été évacués plus tôt au cours de la guerre et n’étaient pas opérationnels au moment de la frappe. Le Hezbollah avait débarrassé ces sites des missiles balistiques à longue portée après avoir décidé de ne pas les utiliser au cours de cette phase de la guerre, bien que, a-t-il précisé,  l’organisation pourrait les utiliser à l’avenir.

Nasrallah a conclu son discours en affirmant que le Hezbollah évaluerait l’impact de l’opération de dimanche et que s’il estimait que les résultats n’étaient pas suffisants, il riposterait à nouveau à une date ultérieure.

*

Post-Scriptum

Lire sur le même sujet ce court résumé posté le 27 août 2024 sur le compte Facebook de Gilad Atzmon :

Le Hezbollah a attiré Israël dans une « attaque préventive ». Les Israéliens sont tombés dans le piège et ont immédiatement annoncé qu’ils avaient détruit « 6000 lance-roquettes ennemis », rien de moins. Ils adorent le chiffre six, mais en fait, ils n’ont pas touché une seule cible militaire du Hezbollah. Sur les images diffusées par les for ces de défense israéliennes ce jour-là, il n’y a pas eu la moindre explosion secondaire. Les Israéliens ont largué des bombes exactement là où le Hezbollah voulait qu’elles touchent.

De son côté, le Hezbollah a reçu l’autorisation de riposter. Il a lancé avec succès un raid de 350 roquettes sur le nord d’Israël, étendant son rayon d’action plus loin dans le nord du pays. Certains commentateurs israéliens admettent déjà que la frontière nord d’Israël se trouve désormais à 40 km au sud de l’endroit où elle se trouvait le 6 octobre…

La philosophie de la résistance est assez simple. Ils veulent mener une longue et épuisante guerre d’usure à laquelle Israël ne peut faire face. L’aspect le plus étonnant ici est que la résistance a une stratégie avec un objectif clair, leur stratégie est soutenue par leurs moyens tactiques et l’esprit du peuple.

Israël et l’Amérique, de leur côté, n’ont pas de stratégie du tout, ils sont investis dans une mauvaise pensée tactique lucrative, ils ne peuvent même pas définir leurs objectifs militaires… ils sont en train de perdre la guerre sur tous les fronts…“.

 

JACK NICAS
Comment être vraiment libre : les leçons d’un président philosophe
Rencontre avec Pepe Mujica et Lucía Topolansky

Pepe Mujica, ancien président spartiate de l’Uruguay et philosophe au franc-parler, offre la sagesse d’une vie riche alors qu’il lutte contre le cancer.

Jack Nicas, The New York Times, 23/8/2024
Photos de Dado Galdieri
Traduit par  
Fausto GiudiceTlaxcala
Leer en español

Jack Nicas est le chef du bureau brésilien du New York Times, basé à Rio de Janeiro, d’où il couvre une grande partie de l’Amérique du Sud. @jacknicas

 

Il y a dix ans, le monde a été brièvement fasciné par José Mujica. C’était le président uruguayen à l’allure folklorique, qui avait boudé le palais présidentiel de son pays pour vivre dans une minuscule maison au toit de tôle avec sa femme et son chien à trois pattes.

Dans des discours prononcés devant des dirigeants du monde entier, dans des interviews avec des journalistes étrangers et dans des documentaires diffusés sur Netflix, Pepe Mujica, comme on l’appelle universellement, a raconté d’innombrables anecdotes sur une vie digne d’un film. Il a braqué des banques en tant que guérillero urbain de gauche, a survécu à 15 ans de détention, notamment en se liant d’amitié avec une grenouille alors qu’il était enfermé dans un trou dans le sol, et a contribué à la transformation de sa petite nation sud-américaine en l’une des démocraties les plus saines et les plus socialement libérales du monde.

Mais l’héritage de Mujica ne se résume pas à son histoire haute en couleur et à son engagement en faveur de l’austérité. Il est devenu l’une des figures les plus influentes et les plus importantes d’Amérique latine en grande partie grâce à sa philosophie simple sur la voie vers une société meilleure et une vie plus heureuse.

Aujourd’hui, comme le dit M. Mujica, il lutte contre la mort. En avril, il a annoncé qu’il allait subir une radiothérapie pour une tumeur à l’œsophage. À 89 ans et déjà atteint d’une maladie auto-immune, il a admis que le chemin de la guérison serait ardu.

La semaine dernière, je me suis rendu à la périphérie de Montevideo, la capitale de l’Uruguay, pour rendre visite à M. Mujica dans sa maison de trois pièces, remplie de livres et de bocaux de légumes à mariner, dans la petite ferme où il cultive des chrysanthèmes depuis des décennies. Alors que le soleil se couche sur une journée d’hiver, il est emmitouflé dans une veste d’hiver et un bonnet de laine devant un poêle à bois. Le traitement l’a affaibli et l’a empêché de manger.

« Vous parlez à un vieil homme étrange », dit-il en se penchant pour me regarder de près, une lueur dans les yeux. « Je ne suis pas à ma place dans le monde d’aujourd’hui ».

Et c’est ainsi que nous avons commencé.

Cet entretien a été rédigé et condensé pour plus de clarté.

José Mujica subit des radiations pour une tumeur à l’œsophage.

Comment se porte votre santé ?

J’ai subi une radiothérapie. Mes médecins ont dit que tout s’était bien passé, mais je suis brisé.

Je pense que l’humanité, telle qu’elle va, est condamnée.

Pourquoi dites-vous cela ?

Nous perdons beaucoup de temps inutilement. Nous pouvons vivre plus pacifiquement. Prenez l’Uruguay. L’Uruguay compte 3,5 millions d’habitants. Il importe 27 millions de paires de chaussures. Nous fabriquons des déchets et travaillons dans la douleur. Pour quoi?

Vous êtes libre lorsque vous échappez à la loi de la nécessité - lorsque vous consacrez le temps de votre vie à ce que vous désirez. Si vos besoins se multiplient, vous passez votre vie à les satisfaire.

Les humains peuvent créer des besoins infinis. Le marché nous domine et nous prive de notre vie.

L’humanité a besoin de travailler moins, d’avoir plus de temps libre et d’être plus enracinée. Pourquoi tant de déchets ? Pourquoi faut-il changer de voiture ? Changer de frigo ?

Il n’y a qu’une vie et elle a une fin. Il faut lui donner un sens. Se battre pour le bonheur, pas seulement pour la richesse.

Croyez-vous que l’humanité peut changer ?

Elle pourrait changer. Mais le marché est très fort. Il a généré une culture subliminale qui domine notre instinct. C’est subjectif. C’est inconscient. Elle a fait de nous des acheteurs voraces. Nous vivons pour acheter. Nous travaillons pour acheter. Et nous vivons pour payer. Le crédit est une religion. Nous sommes donc un peu dans la merde.

Il semble que vous n’ayez pas beaucoup d’espoir.

Biologiquement, j’ai de l’espoir, parce que je crois en l’homme. Mais quand j’y pense, je suis pessimiste.

Pourtant, vos discours ont souvent un message positif.

Parce que la vie est belle. Avec ses hauts et ses bas, j’aime la vie. Et je suis en train de la perdre parce que c’est mon heure de partir. Quel sens pouvons-nous donner à la vie ? L’homme, comparé aux autres animaux, a la capacité de trouver un but.

Ou pas. Si vous ne le trouvez pas, le marché vous fera payer des factures jusqu’à la fin de vos jours.

Si vous le trouvez, vous aurez une raison de vivre. Ceux qui enquêtent, ceux qui jouent de la musique, ceux qui aiment le sport, n’importe quoi. Quelque chose qui remplit votre vie.

La maison de trois pièces de M. Mujica. Il a évité le palais présidentiel pour vivre ici.

Pourquoi avez-vous choisi de vivre dans votre propre maison en tant que président ?

Les vestiges culturels du féodalisme demeurent. Le tapis rouge. Le clairon. Les présidents aiment être louangés.

Une fois, je suis allé en Allemagne et on m’a mis dans une Mercedes-Benz. La portière pesait environ 3 000 kilos. Ils ont mis 40 motos devant et 40 autres derrière. J’ai eu honte.

Nous avons une maison pour le président. Elle a quatre étages. Pour prendre un thé, il faut marcher trois pâtés de maisons. Inutile. Ils devraient en faire un lycée.

Comment aimeriez-vous qu’on se souvienne de vous ?

Ah, comme ce que je suis : un vieux fou.

C’est tout ? Vous avez fait beaucoup.

Je n’ai qu’une chose. La magie du mot.

Le livre est la plus grande invention de l’homme. C’est dommage que les gens lisent si peu. Ils n’ont pas le temps.

Aujourd’hui, les gens lisent beaucoup sur leur téléphone.

Il y a quatre ans, j’ai jeté le mien. Il me rendait fou. Toute la journée à dire des conneries.

Il faut apprendre à parler avec la personne qui est en nous. C’est elle qui m’a sauvé la vie. Comme j’ai été seul pendant de nombreuses années, cela m’est resté.

Quand je suis dans le champ à travailler avec le tracteur, je m’arrête parfois pour voir comment un petit oiseau construit son nid. Il est né avec le programme. Il est déjà architecte. Personne ne lui a appris. Connaissez-vous l’oiseau hornero [fournier] ? Ce sont de parfaits maçons.

J’admire la nature. J’ai presque une sorte de panthéisme. Il faut avoir les yeux pour la voir.

Les fourmis sont de véritables communistes. Elles sont bien plus anciennes que nous et nous survivront. Toutes les animaux vivant en colonies sont très forts.

Des bibelots et des souvenirs dans la maison de M. Mujica.

Revenons aux téléphones : Vous voulez dire qu’ils sont trop puissants pour nous ?

Ce n’est pas la faute du téléphone. C’est nous qui ne sommes pas prêts. Nous en faisons un usage désastreux.

Les enfants se promènent avec une université dans leur poche. C’est merveilleux. Mais nous avons plus progressé en technologie qu’en valeurs.

Pourtant, c’est dans le monde numérique que se déroule aujourd’hui une grande partie de la vie.

Rien ne remplace cela. (Il fait un geste vers nous deux en train de parler.) C’est intransmissible. Nous ne parlons pas seulement avec des mots. Nous communiquons avec des gestes, avec notre peau. La communication directe est irremplaçable.

Nous ne sommes pas si robotisés. Nous avons appris à penser, mais nous sommes d’abord des êtres émotionnels. Nous pensons que nous décidons avec notre tête. Souvent, la tête trouve les arguments pour justifier les décisions prises par les tripes. Nous ne sommes pas aussi conscients qu’il y paraît.

Et c’est très bien ainsi. C’est ce mécanisme qui nous maintient en vie. C’est comme la vache qui suit ce qui est vert. S’il y a du vert, il y a de la nourriture. Il sera difficile de renoncer à ce que nous sommes.

Vous avez dit dans le passé que vous ne croyiez pas en Dieu. Quelle est votre vision de Dieu à ce moment de votre vie ?

Soixante pour cent de l’humanité croit en quelque chose, et cela doit être respecté. Il y a des questions sans réponse. Quel est le sens de la vie ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ?

Nous n’acceptons pas facilement le fait que nous sommes une fourmi dans l’infini de l’univers. Nous avons besoin de l’espérance de Dieu parce que nous voulons vivre.

« Avec tous ses hauts et ses bas, j’aime la vie », dit Mujica. « Et je suis en train de la perdre parce que c’est mon heure de partir. »

Avez-vous une sorte de Dieu ?

Non. Je respecte beaucoup les gens qui croient. C’est comme une consolation face à l’idée de la mort.

La contradiction de la vie, c’est qu’il s’agit d’un programme biologique conçu pour lutter pour vivre. Mais à partir du moment où le programme démarre, vous êtes condamné à mourir.

Il semble que la biologie soit un élément important de votre vision du monde.

Nous sommes interdépendants. Nous ne pourrions pas vivre sans les procaryotes que nous avons dans notre intestin. Nous dépendons d’un certain nombre d’insectes que nous ne voyons même pas. La vie est une chaîne et elle est encore pleine de mystères.

J’espère que la vie humaine sera prolongée, mais je suis inquiet. Il y a beaucoup de fous avec des armes atomiques. Beaucoup de fanatisme. Nous devrions construire des moulins à vent. Pourtant, nous dépensons pour les armes.

L’homme est un animal compliqué. Il est à la fois intelligent et stupide.

Une version de cet article a été publiée le 24 août 2024, section A, page 6 de l’édition de New York avec le titre suivant : « Philosopher President, near His End, on How to Be Truly Free (Le président philosophe , proche de sa fin, sur la façon d’être vraiment libre).

"Ulpiano" et "La Tronca" au temps de la clandestinité et après leur libération en 1985



Deux rebelles armés à la tête d’une nation : une histoire d’amour

Jack Nicas, The New York Times, 23/8/2024

Mauricio Rabuffetti a contribué au reportage depuis Montevideo.

José Mujica et Lucía Topolansky ont longtemps été mariés l’un à l’autre - et à leur cause politique de gauche.

José Mujica, à gauche, et Lucía Topolansky appartenaient à un groupe de guérilla de gauche, les Tupamaros, lorsqu’ils se sont rencontrés au début des années 1970.

Il dirigeait une bande de rebelles armés. Elle était experte en falsification de documents. Ils braquaient des banques, organisaient des évasions de prison et s’aimaient.

Au début des années 1970, José Mujica et Lucía Topolansky étaient membres d’une violente guérilla de gauche, les Tupamaros. Pour eux, leurs crimes étaient justifiés : ils luttaient contre un gouvernement répressif qui avait pris le contrôle de leur petite nation sud-américaine, l’Uruguay.

Il avait 37 ans et elle 27 lorsque, au cours d’une opération clandestine, ils se sont rencontrés pour la première fois. « C’était comme un éclair dans la nuit », se souvient M. Mujica, aujourd’hui âgé de 89 ans, bien des années plus tard, à propos de leur première nuit ensemble, cachés à flanc de montagne.

Au milieu de la guerre, ils ont trouvé l’amour. Mais quelques semaines plus tard, ils ont été jetés en prison, où ils ont été soumis à la torture et aux mauvais traitements. En 13 ans, ils n’ont réussi à échanger qu’une seule lettre. Les gardiens ont confisqué le reste.

En 1985, la dictature uruguayenne a pris fin. Ils ont été libérés le même jour et se sont rapidement retrouvés.

Ce fut un moment crucial dans leur extraordinaire histoire d’amour. Après plus d’une décennie de séparation, leur amour était toujours vivant, tout comme la cause commune qui les avait d’abord unis.

« Le lendemain, nous avons commencé à chercher un endroit où rassembler nos camarades. Nous devions commencer le combat politique », m’a dit Mme Topolansky, 79 ans, lors d’un entretien accordé la semaine dernière dans leur maison. « Nous n’avons pas perdu une minute. Et nous n’avons jamais arrêté, parce que c’est notre vocation. C’est le sens de notre vie ».

Au cours des décennies suivantes, M. Mujica et Mme Topolansky sont devenus deux des personnalités politiques les plus importantes de leur pays, contribuant à transformer l’Uruguay en l’une des démocraties les plus saines du monde, régulièrement louée pour la solidité de ses institutions et la civilité de sa politique.

Mme Topolansky et M. Mujica traversant la rue devant le Palais législatif, siège du parlement uruguayen, en 2000. Photo El País Uruguay

Ils ont tous deux été élus au Congrès uruguayen et se rendaient au travail ensemble sur le même cyclomoteur.

En 2009, M. Mujica, connu sous le nom de Pepe, a été élu président, couronnant ainsi un parcours politique remarquable. Lors de son investiture, comme le veut la tradition, il a reçu l’écharpe présidentielle des mains de la sénatrice qui avait obtenu le plus de voix : Mme Topolansky. Elle lui a également donné un baiser.

M. Mujica a été élu président en 2009 et Mme Topolansky, sénatrice, a remis l’écharpe présidentielle à son mari lors de son investiture.

En 2017, Mme Topolansky a été nommée vice-présidente de l’Uruguay dans une autre administration de gauche. À plusieurs reprises, elle a été présidente par intérim du pays.

Parallèlement, loin des projecteurs, ils ont construit une vie tranquille dans une petite ferme de chrysanthèmes à l’extérieur de Montevideo, la capitale de l’Uruguay. Ensemble, ils s’occupaient de leurs fleurs et les vendaient sur les marchés. Ils ont souvent été aperçus ensemble dans leur Coccinelle Volkswagen 1987 bleu ciel ou en train d’écouter du tango dans l’un de leurs bars préférés de Montevideo.

Ils ont déclaré que la prison les avait privés de leur chance d’avoir des enfants. Au lieu de cela, ils se sont occupés d’innombrables chiens, dont un cabot à trois pattes nommé Manuela qui est devenu célèbre pour avoir souvent accompagné M. Mujica lorsqu’il était président.

Ils ne sont pas toujours romantiques. En 2005, ils vivaient ensemble depuis 20 ans mais n’étaient toujours pas mariés. Un soir, M. Mujica a accordé une interview à une émission de télévision nationale. « Il a dit au journaliste que nous allions nous marier. Je regardais l’émission et c’est ainsi que je l’ai appris », s’est souvenue Mme Topolansky la semaine dernière, en riant. « À cet âge, j’ai cédé ».

Mme Topolansky a été nommée vice-présidente de l’Uruguay sous une autre administration de gauche (Tabaré Vázquez). À plusieurs reprises, elle a été présidente par intérim du pays.

Ils se sont mariés lors d’une simple cérémonie à la maison. Ce soir-là, ils se sont rendus à un rassemblement politique.

« Nous avons uni deux utopies », a déclaré Mme Topolansky à un documentariste il y a quelques années. « L’utopie de l’amour et l’utopie de la lutte politique ».

Les détails de leur première rencontre sont restés vagues. Mme Topolansky a déclaré avoir fourni à M. Mujica des documents falsifiés. M. Mujica a déclaré que Mme Topolansky faisait partie d’une équipe qui l’avait aidé, lui et d’autres Tupamaros, à s’évader de prison, et qu’il l’avait aperçue pour la première fois lorsqu’il avait sorti la tête d’un tunnel.

Mme Topolansky a déclaré qu’il était difficile de se souvenir de ces détails pour une bonne raison. « ça ressemble beaucoup à ces récits de guerre, où les relations humaines sont déformées par le contexte. Vous fuyez, vous pouvez être arrêté, ils peuvent vous tuer. Il n’y a donc pas les limites habituelles de la vie normale », dit-elle.

Mme Topolansky en 2010, alors qu’elle était à la fois sénatrice et première dame, devant un écran diffusant une image de M. Mujica, alors président nouvellement assermenté. Photo Pablo Porciuncula/Agence France-Presse - Getty Images

Mais ce sont aussi ces conditions difficiles qui ont allumé leur feu. « Quand on vit dans la clandestinité, l’affection est très importante. On abandonne beaucoup. Alors quand une relation et l’amour se manifestent, on gagne beaucoup », avait-elle déclaré au cinéaste il y a plusieurs années.

Aujourd’hui, ils disent être entrés dans l’un de leurs moments les plus difficiles. En avril, on a diagnostiqué à M. Mujica une tumeur à l’œsophage. La radiothérapie l’a affaibli.

La semaine dernière, il s’est assis devant le poêle à bois de la maison qu’ils partagent depuis près de quarante ans, tandis que Mme Topolansky l’aidait à enfiler une couche supplémentaire au coucher du soleil. « L’amour a des âges. Quand on est jeune, c’est un feu de joie. Quand vous êtes un vieil homme, c’est une douce habitude », dit-il. « Je suis en vie grâce à elle ».

Le couple dit être entré dans l’un de ses moments les plus difficiles. En avril, on a diagnostiqué à M. Mujica une tumeur à l’œsophage.

 

25/08/2024

GIDEON LEVY/ALUF BENN
Las verdaderas motivaciones y objetivos de Netanyahu


Es la ideología lo que mueve a Netanyahu, no sólo el poder

Gideon Levy, Haaretz, 25/8/2024

Traducido por Fausto Giudice, Tlaxcala

Tal vez no hayamos denigrado suficientemente su estilo de vida; en cualquier caso, le ha sido bien bien a pesar de toda la denigración. Pero tenga en cuenta que sus numerosos detractores se abstienen de atacarle en una cuestión: su ideología. Para todos sus detractores, él no tiene ideología, sólo un profundo deseo de permanecer en el cargo, un ansia de poder que no conoce límites. Para ellos, los miembros de la brigada «cualquiera menos Bibi», es un oportunista vacío, carente de visión del mundo. Si alguna vez tuvo una, la vendió hace tiempo, sólo para mantenerse en el poder.

El redactor jefe de Haaretz, Aluf Benn, piensa lo contrario. Según él, [ver articulo debajo] Benjamin Netanyahu tiene un objetivo primordial, y no es necesariamente mantenerse en el poder. Netanyahu, dice Benn, lucha por un objetivo mucho mayor: la ocupación permanente de la Franja de Gaza.

 

Para alcanzarlo, el primer ministro está dispuesto a pagar un alto precio, incluido el abandono de los rehenes y el riesgo de una guerra regional, con tal de que Israel controle Gaza para siempre. Nadie ha nunca analizado así los motivos de Netanyahu. La cuestión de qué le motiva sigue siendo crucial.

La respuesta de Benn no disminuye la necesidad de combatir a Netanyahu, pero sí revela la pobreza intelectual de sus oponentes. No le atacan por su ideología, sólo por su obsceno estilo de vida, porque les resulta mucho más cómodo.

También es fácil atacar a Netanyahu por el fracaso del 7 de octubre debido a su suprema responsabilidad, pero este bando se abstiene de criticarle por su visión del mundo porque sabe perfectamente que no tiene verdaderas diferencias ideológicas con él ni un plan viable para sacar a Israel del nadir en el que se ha hundido.

De todos los posibles candidatos a sustituir a Netanyahu - Yoav Gallant, Benny Gantz, Gadi Eisenkot, Naftali Bennett, Avigdor Lieberman, Gideon Sa’ar, Yossi Cohen y Yair Golan - no hay ni uno solo que esté dispuesto a liberar a todos los prisioneros palestinos y a retirarse de toda la Franja de Gaza. En otras palabras, no hay nadie que esté realmente a favor de poner fin a la guerra y liberar a los rehenes. Tampoco hay nadie que pretenda retirarse jamás a las fronteras anteriores a 1967.

En esas condiciones, evitan criticar el plan de Netanyahu. Los crímenes y fracasos de su gobierno, que no sólo provocaron que Israel fuera acusado de genocidio, sino que lo convirtieron en un país tercermundista podrido, corrupto y disfuncional, son desalentadores. No menos desalentador es el hecho de que ninguno de sus clamorosos críticos proponga algo diferente.

La ideología de Netanyahu es mucho más peligrosa que su ostentoso estilo de vida y su corrupción. En contra de la opinión de sus críticos, se ha adherido a su ideología a lo largo de los años. Netanyahu nunca ha creído en los acuerdos con los palestinos. Es un devoto creyente en vivir siempre por la espada; nunca se ha retractado de ello.

Desde el truco transparente y casi admitido del «discurso de Bar-Ilan», Netanyahu ha actuado y prosperado: Retiró definitivamente de la mesa la posibilidad de establecer un Estado palestino e impidió todo compromiso con otras soluciones.

Nunca creyó en una solución diplomática, y se mantuvo fiel a su creencia. Lo siguiente es conquistar Gaza, y el hecho de convertir esto en una ocupación permanente añade otro conjunto de ladrillos a su plan de «resolver» la cuestión palestina únicamente mediante la guerra.

Netanyahu debería haber sido atacado sin piedad por esta visión del mundo, antes que por cualquier otra cosa, incluido su estilo de vida. Es lo que siembra las semillas de la destrucción del país, mucho antes que el avión Ala de Sión*, su hijo Yair, su esposa Sara y los juicios por corrupción.

La interminable renovación de la casa de Cesarea es aborrecible, al igual que el trato que reciben los empleados de la residencia del primer ministro, pero el plan de Netanyahu para perpetuar el apartheid es el mayor peligro que representa el primer ministro más vilipendiado/reverenciado de la historia de Israel.

Por esto, por la inmortalización del apartheid, ningún dirigente de un partido sionista puede atacar a Netanyahu: desde Itamar Ben-Gvir hasta Yair Golan, todos están de acuerdo con él. Y esa es la verdadera causa de la desesperación, es la mayor de todas las razones de desesperar.

NdT

* Se trata de un Boeing 767 reconfigurado y modernizado, con capacidad para 60 pasajeros, que realizó su primer vuelo el pasado julio con motivo de la visita de Netanyahu a Wasington. El «Ala de Sión» ha sido objeto de disputas políticas en Israel durante varios años. Netanyahu y sus partidarios afirman que es una medida de seguridad necesaria, mientras que sus críticos lo consideran un despilfarro del dinero de los contribuyentes y un símbolo de corrupción. Cada vuelo cuesta más de 200.000 dólares.

 

El objetivo de guerra de Netanyahu no es el retorno de los rehenes. Es la ocupación de Gaza

Aluf Benn, Haaretz, 21/8/2024

Traducido por Fausto Giudice, Tlaxcala

Aluf Benn, nacido Bomstein (Ramat HaSharon, 1965) es desde 2011 redactor jefe del diario israelí Haaretz, donde trabaja desde 1989. @alufbenn

 

57 años de ocupación israelí en Cisjordania nos enseñan que mañana no se levantará ninguna gran ciudad judía en Gaza; la «ocupación rampante» avanzará caravana tras caravana, puesto de avanzada tras puesto de avanzada

En su anuncio del martes 20 de agosto sobre el torpedeo de las negociaciones para un acuerdo de alto el fuego con Hamás, el primer ministro Benjamín Netanyahu habló de «nuestros activos de defensa y estratégicos» -el control de las rutas de Filadelfia y Netzarim- que Israel perdería si aceptara el acuerdo actualmente sobre la mesa.

El discurso público en Israel se centra en los rehenes y su destino, pero Netanyahu los considera una molestia mediática, un ariete de sus oponentes políticos y una distracción del objetivo: una ocupación prolongada de la Franja de Gaza, o -como ha declarado repetidamente desde el estallido de la guerra- «el control de la seguridad israelí.»

El control de la ruta de Filadelfia y del «corredor de seguridad» a lo largo de la frontera permite a Israel rodear las fronteras terrestres de Gaza y aislarla de Egipto. El control de la ruta de Netzarim divide en la práctica el norte de Gaza, donde quedan pocos palestinos con viviendas e infraestructuras destruidas, de la parte sur del enclave costero, rebosante de refugiados de toda la Franja.

En la práctica, se está elaborando un acuerdo a largo plazo para «el día después». Israel controlará el norte de la Franja de Gaza y expulsará a los 300.000 palestinos que aún permanecen allí. El general de división (reserva) Giora Eiland, ideólogo de la guerra, propone matarlos de hambre o exiliarlos como palanca para derrotar a Hamás. La derecha israelí prevé una colonización judía en la zona, con un enorme potencial inmobiliario de topografía conveniente, vistas al mar y proximidad al centro de Israel.

La experiencia de 57 años de ocupación de Cisjordania y Jerusalén indica que se trata de un proceso largo que requiere mucha paciencia y capacidad de maniobra diplomática. Mañana no se construirá ninguna gran ciudad judía en Gaza, pero se avanzará acre por acre, casa móvil por casa móvil, puesto de avanzada por puesto de avanzada, igual que en Hebrón, Elon Moreh y Gilad Farm.

El sur de la Franja de Gaza quedará en manos de Hamás, que tendrá que ocuparse de los indigentes residentes bajo el asedio israelí, incluso después de que la comunidad internacional pierda interés en la historia y pase a ocuparse de otras crisis. Netanyahu cree con certeza que, tras las elecciones usamericanas, la influencia de los manifestantes propalestinos en la política yanqui disminuirá, incluso si gana la vicepresidenta Kamala Harris.

Naturalmente, si Donald Trump trastorna el juego y vuelve a la Casa Blanca, Netanyahu espera de él mano libre en Gaza. En ambos escenarios, se supone que USA, con sus portaaviones, debe disuadir a Irán de una escalada general, o implicarse él mismo en una guerra para salvar a Israel.

No hay que confundirse: la ocupación es el objetivo por el que lucha Netanyahu, aun a costa de que mueran los rehenes restantes y con el riesgo de una guerra regional. Los andamios que sostienen su régimen, el ministro de Seguridad Nacional , Itamar Ben Gvir, y el ministro de Finanzas, Bezalel Smotrich, se mantendrán en su sitio mientras busque de palabra y obra una ocupación permanente y una anexión progresiva de Gaza.

En la reunión del gabinete de esta semana, Netanyahu reiteró su eslogan de 1996 contra los Acuerdos de Oslo: «Dar y tomar, no dar y ceder». En términos más sencillos: no se devolverá el territorio ocupado, ni siquiera bajo presión internacional e incluso ahora, ante las súplicas de los rehenes. Ese es el objetivo de su guerra.

 

Brandan Reynolds, Business Day, Sudáfrica